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HISTOIRE UNIVERSELLE DE DIODORE DE SICILE

traduite en français par Monsieur l'Abbé TERRASSON

LIVRE PREMIER.  SECTION PREMIÈRE. - SECTION DEUXLIVRE SECOND - LIVRE TROISIÈME

LIVRE QUATRIÈME - LIVRE CINQUIÈME - LIVRE SIXIÈME - LIVRE ONZIÈME - LIVRE DOUZIÈME

 

Tome quatrième

LIVRE TREIZIÈME.

texte français uniquement

texte grec uniquement

 

Paris 1744

 (1-27)  (28-53) (54-75) (76-96) (97-fin)


I. Avant propos.
II. Préparatifs immenses faits à Athènes, pour la guerre de Sicile, à laquelle on donne pour Chefs Alcibiade, Nicias et Lamachus. Mutilation faite pendant la nuit aux statues de Mercure, de laquelle Alcibiade est soupçonné sans preuve. Les Athéniens disposent d'avance des divers cantons de la Sicile. Départ de la flotte, et sa route.
III. Les différentes villes de la Sicile se partagent de sentiments sur cette guerre. Elles voudraient toutes se défendre: Mais quelques-unes qui craignent les Athéniens se disposent à demeurer neutres. L'accusation portée contre Alcibiade se réveille. On envoie un vaisseau pour le prendre, et le ramener. Il s'embarque dans un autre avec ses coaccusés, et se réfugie à Lacédémone, où il rend de mauvais offices aux Athéniens.
IV. Les Athéniens déjà reçus dans Catane, emploient la ruse pour se rendre maîtres de la Côte voisine du port de Syracuse. Quoiqu'ils fassent perdre quelques soldats à leurs ennemis, ils croient devoir revenir encore à Catane; et ils demandent de nouveaux secours à Athènes. Syracuse de son côté a recours à Lacédémone et à Corinthe, qui se prétend à leurs instances. Lacédémone en particulier leur envoie avec des troupes le commandant Gylippe; qui se distinguera dans la suite en plus d'un sens. Lamachus est tué dans un combat, et Nicias demeuré seul à la tête des Athéniens, demande non seulement de nouvelles forces, mais d'autres généraux pour l'aider.
V. Les Lacédémoniens conduits par leur roi Agis, et guidés par Alcibiade, s'emparent du port de Décélie dans l'Attique: ce qui n'empêche pas les Athéniens d'envoyer encore trente vaisseaux dans la Sicile. Tandis que les troupes Athéniennes s'y préparent à un combat naval, et que pour s'y rendre, elles abandonnent les postes qu'elles avaient déjà pris sur terre, les Syracusains s'y jettent, et y font un grand pillage. Cet incident dérange les deux partis; de sorte que les Syracusains ont l'avantage sur terre, et les Athéniens sur mer.
VI. Les Athéniens qui attendaient de leur république un nouveau secours de vaisseaux, sont engagés avant son arrivée, par les raillerie de leurs ennemis, à un combat naval où ils ont battus. Eurymedon et Démosthène arrivent enfin avec une flotte de trois cents dix vaisseaux, qui jettent la consternation dans l'âme des Syracusains. Les Athéniens pénètrent jusque dans la Citadelle de l'Epipole. On vient pourtant à bout de les en chasser avec une grande perte de leur part. L'humidité du lieu où ils campaient au dehors y produit même la peste, et dès lors ils proposent de s'en retourner. Nicias s'oppose d'abord à cet avis, et s'y rend bientôt après.
VII. Le départ des Athéniens est retardé par une éclipse de lune, sur l'avis des devins, auxquels Nicias déferait beaucoup. Ce délai donne lieu à un combat funeste pour les Athéniens: Ils y perdent leur commandant Eurymedon. Les vaisseaux syracusains forment dans leur rade une vaste chaîne qui enferme toute la flotte athénienne, et toutes les troupes qu'elle avait postées sur les rivages de la Sicile. Les Athéniens entreprennent de rompre cette chaîne dans un combat de terre et de mer, qui doit être la dernière ressource de leur salut. Description circonstanciée de cette entreprise, dans laquelle les Athéniens succombent.
VIII. Les Athéniens ne songeant plus qu'à leur retraite, prennent le parti de brûler le peu de vaisseaux qui leur restaient, pour se réfugier dans les villes de la Sicile qui leur étaient alliées. Un faux avis qu'on leur fait porter, les jette encore dans un délai qui leur est fatal. On a le temps de leur fermer toutes les issues, dans l'une desquelles on leur tue encore dix-huit mille hommes, et l'on en prend sept mille vivants; entre lesquels se trouvèrent les deux généraux Nicias et Démosthène. Le Syracusain Nicolaüs, quoiqu'il eut perdu ses deux fils pendant le siège, propose de traiter humainement les vaincus. Mais Gylippe de Lacédémone s'y oppose.
IX. Harangue de Nicolaus.
X. Harangue de Gylippe, en conséquence laquelle on fait mourir les deux généraux athéniens, et l'on envoie tout le reste aux carrières.
XI. La nouvelle de ce désastre fait donner le gouvernement dans Athènes à quatre cents hommes choisis. Syracuse renouvelle son alliance avec Lacédémone. Digression au sujet du législateur Dioclès.
XII. Après quelques mauvais succès des Athéniens dans la Grèce, suite de leur infortune en Sicile; Alcibiade entreprend de les relever, avant même que de rentrer dans sa patrie. Le fruit de ses soins fut une bataille gagnée sur les Spartiates entre Sestos et Abydos, et suivie bientôt après, d'un naufrage de cinquante vaisseaux dont il ne se sauva que douze Lacédémoniens au pied des rochers du mont Athos. Alcibiade enfin absous de toutes les accusations portées contre lui, sert la République par lui-même.
XIII. Les habitants de Segeste qui avaient attiré les Athéniens en Sicile, craignant qu'on ne voulut se venger sur eux du danger où ils avaient mis l'île entière, souffrent d'abord quelques injustices de la part des Selinuntins alliez de Syracuse, et recherchent ensuite la protection de Carthage. Ce fut là le commencement de la guerre des Carthaginois contre la Sicile. On en confia le soin à l'ancien Hannibal, petit fils de cet Hamilcar que Gélon avait fait poignarder dans son propre camp;
XIV. Il se donne entre Sestos, occupé par les Athéniens et Abydos où résidaient les Lacédémoniens, un second combat naval, dont l'arrivée d'Alcibiade détermine le succès en faveur d'Athènes. Le Satrape Pharnabaze continue de favoriser Lacédémone, et s'explique sur quelques sujets de défiance qu'il avait donnés.
XV. Les habitants de l'Eubée qui avaient abandonné le parti d'Athènes, et qui commençaient à la craindre, persuadent aux Béotiens de combler l'Euripe par une chaussée qui joignit l'Eubée à la Béotie. Les Béotiens agréent cette proposition, et l'on ne laisse à cette chaussée que le passage d'un seul vaisseau dans son milieu, recouvert par dessus d'un pont de bois. L'Athénien Théramène s'oppose en vain à ce travail, soutenu pendant sa durée par un grand nombre de soldats.
XVI. Dissensions funestes dans l'Île de Corcyre, au sujet de l'aristocratie et de la démocratie. L'expérience de leurs propres maux engage les deux partis à se réconcilier. Archelaüs Roi de Macédoine transporte à vingt stades loin de la mer, la ville de Pydne, qui s'était révoltée contre lui. Détail d'un grand combat de terre et de mer, où les Spartiates, quoique soutenus par Pharnabaze, perdent leur général Mindarus, et sont enfin absolument défaits par les commandants Athéniens, entre lesquels était Alcibiade. Ils envoient proposer la paix à Athènes par l'ambassadeur Endius, dont la harangue est ici rapportée. Les Athéniens lui refusent sa demande; et se jettent par là dans une longue suite de maux.
XVII. Hannibal entre dans la Sicile par le Promontoire de Lilybée. Description du siège, de la prise, et du sac de Sélinonte. Le vainqueur en considération d'un certain Empedion qui avait toujours invité ses concitoyens à ne point entrer en guerre avec les Carthaginois, rend à ceux qui restaient en vie toutes leurs richesses, et permet aux fugitifs de revenir dans la ville, et d'en cultiver les environs comme auparavant.
XVIII. Hannibal se dispose au siège d'Himère avec encore plus d'animosité qu'il n'avait fait celui de Sélinonte; parce que son aïeul Hamilcar avait été immolé autrefois par Gélon devant cette première ville. Description de ce second siège. Les Himériens se défendent mieux, et sont mêmes soutenus par quelques secours de Syracuse, sous la conduite de Dioclès, qui retourne dans cette capitale, avec une partie de ses troupes; de peur que l'ennemi n'aille l'attaquer pendant leur éloignement. Himère étant prise, Hannibal en fait immoler trois mille citoyens restés vivants, aux mânes de son aïeul.
XIX. Hermocrate, un des trois chefs, nommé ci-devant pour défendre Syracuse contre les Athéniens, ayant été exilé par une faction de sa ville, tente d'obtenir son retour par des exploits remarquables contre les villes carthaginoises de la Sicile. Pendant que les Athéniens font du côté de l'Asie quelques entreprises plus ou moins considérables, ou d'un succès plus ou moins heureux; les Lacédémoniens reprennent la citadelle de Pylos en Messénie, dont les Athéniens s'étaient rendus maîtres quinze ans auparavant. mouvements en différentes villes grecques, toujours favorisés par l'une ou par l'autre des deux Républiques principales.
XX. Alcibiade qui avait eu une grande part aux différents succès des Athéniens sur la mer Égée, ou sur les côtes de l'Asie, est reçu dans Athènes avec des acclamations extraordinaires, mais qui seront de peu de durée. Il repart pour l'île d'Andros, où il remporte encore une victoire. Les Spartiates de leur côté choisissent pour chef Lysandre le plus habile de leurs Capitaines. Celui-ci bat sur mer Antiochus, Lieutenant d'Alcibiade, qui malgré la défense de son général, avait voulu se signaler par quelque exploit en son absence. D'un autre côté Agis, roi de Lacédémone, s'avance jusqu'à Decelie dans l'Attique même, d'où il se retire, après avoir fait beaucoup de ravage.
XXI. Alcibiade, qui voulait enrichir sa flotte, fait une mauvaise querelle à la ville de Cumes, alliée des Athéniens. Les habitants portent leurs plaintes à Athènes contre ce général, qu'ils accusent même de s'entendre avec les Lacédémoniens et avec Pharnabaze. A cette accusation qui regardait le public, on en joint d'autres qui regardaient des particuliers. On lui substitue dix généraux, dont Conon, qui est le premier, va prendre le commandement de sa flotte; et Alcibiade se retire en Thrace. Les trois villes de l'île de Rhodes se réunissent en une seule, qui prend le nom de l'île même.
XXII. Hermocrate ramène de Sélinonte en pompe funèbre tous les corps des Syracusains qu'il avait pu trouver, et les fait recevoir dans Syracuse, en se tenant lui-même dehors, comme banni. Dioclès qui s'opposait à la sépulture de ces morts est banni lui-même, sans qu'on reçut encore Hermocrate: mais le reste de ses gens étant arrivé, il entra et fut tué dans la place publique, avec une partie de ses adhérents. Denys qu'on verra dans la suite tyran de Syracuse, et qui suivait Hermocrate échappa à ce tumulte.
XXIII. Les Lacédémoniens opposent à Conon, Callicratidès, qui passait pour le plus juste des Spartiates. Les deux généraux ennemis ont, par leur sage conduite, des avantages réciproques l'un sur l'autre. Callicratidès se saisit de trente vaisseaux athéniens, dont l'équipage avait eu le temps de se jeter sur le rivage de Mitylene dans l'Île de Lesbos, et Conon demeure maître de cette ville, malgré tous les efforts des Spartiates.
XXIV. Descente d'Hannibal et d'Imilcar en Sicile. Détail du siège d'Agrigente, jusqu'à sa prise. Ample description des richesses, de la magnificence, et même du luxe de cette ville, fameuse d'ailleurs par l'hospitalité de ses citoyens. Soupçons d'infidélité contre les officiers militaires de Syracuse, envoyez au secours d'Agrigente.
XXV. Denys profite de la frayeur que la prise d'Agrigente avait jetée dans toute la Sicile, et jusque dans Syracuse, pour arriver à la tyrannie en cette dernière ville, où il était né de parents obscurs, et où lui-même avait fait le métier de scribe. Ses harangues pleines de suppositions et de calomnies, font périr les plus puissants et les plus riches. Il parvient d'abord à se faire donner à lui seul toute l'autorité militaire, et par une garde de six cents hommes que lui accordent les troupes, l'autorité la plus absolue, et de la plus longue durée, dont l'histoire eut fourni l'exemple dans un tyran.
XXVI. Récit de la fameuse bataille navale des Arginuses, où l'on vit en mer trois cents vaisseaux, ou Athéniens, ou Spartiates. Les chefs de l'un et de l'autre parti sont avertis par des devins, ou par des songes, qu'ils y périront. Le spartiate Callicratidès y est tué en effet, ayant nommé d'avance Cléarque pour son successeur. On fait exécuter à Athènes, par une sentence cruelle et extravagante, cinq des généraux athéniens, pour n'avoir pas fait la recherche des morts qu'ils n'avaient omise que pour achever et assurer la victoire: mais ils avaient aussi eu le tort de vouloir rejeter cet oubli sur leurs deux premiers chefs, Thrasybule et Théramène.
XXVII. Les Athéniens après cette exécution de leurs Généraux, donnent le Commandement de leur flotte à Philoclès, pour agir de concert avec Conon, qu'il va joindre à Samos. Le spartiate Lysandre obtient de grosses sommes du jeune Cyrus, qui lui laisse même l'administration de ses provinces, en allant à la cour du roi Darius son père. Lysandre muni par là de grandes richesses attaque le long des côtes de l'Asie différentes villes alliées aux Athéniens, où il exerce, où favorise de grandes cruautés, et d'où il revient dans l'Attique. Alcibiade se présente aux généraux de la flotte d'Athènes, et leur offre ses services, qu'ils ne veulent pas recevoir. Lysandre met les Athéniens en déroute par mer et par terre, le long des côtes de l'Asie. Il fait égorger Philoclès à Lampsaque, et Conon se réfugie chez Evagoras en Chypre: le lacédémonien Gylippe qui a paru dans le siège de Syracuse, chargé par Lysandre, de porter à Lacédémone l'argent pris sur les ennemis, en soustrait une partie. Il est condamné à mort, et s'enfuit: la même chose était arrivée à son père. Les Athéniens pressés par la famine demandent humblement la paix aux Spartiates. Telle fut la fin de la guerre du Péloponnèse.
XXVIII. Imilcar forme le siège de Gela en Sicile, où les femmes et les enfants mêmes se défendent courageusement. Denys se résout à aller au secours de Gela; et il met en effet quelque désordre dans l'armée des assiégeants. Mais il reprend bientôt le chemin de Syracuse. La plupart de ses soldats indignés de cette retraite, le soupçonnent d'intelligence avec l'ennemi. Ils songent à secouer le joug; et se rendent avant lui à Syracuse, où ils pillent sa maison dans l'Acradine, et font à sa femme, les plus sanglants outrages. Mais Denys arrivé lui-même dissipe cette faction, par le secours de ses satellites et du reste de son armée qu'il ramenait. Il accepte de la part d'Imilcar un traité de paix, par lequel les conquêtes des Carthaginois leur demeureront; Gela sera rendue à ses citoyens, sans murailles; et Syracuse appartiendra toujours à Denys.

 

 

97 Τούτων δὲ πραττομένων ᾿Αθηναῖοι μὲν κατὰ τὸ συνεχὲς ἐλαττώμασι περιπίπτοντες, ἐποιήσαντο πολίτας τοὺς μετοίκους καὶ τῶν ἄλλων ξένων τοὺς βουλομένους συναγωνίσασθαι· ταχὺ δὲ πολλοῦ πλήθους πολιτογραφηθέντος, οἱ στρατηγοὶ κατέγραφον τοὺς εὐθέτους εἰς τὴν στρατείαν. Παρεσκευάσαντο δὲ ναῦς ἑξήκοντα, καὶ ταύτας πολυτελῶς καταρτίσαντες ἐξέπλευσαν εἰς Σάμον, ἐν ᾗ κατέλαβον τοὺς ἄλλους στρατηγοὺς ἀπὸ τῶν ἄλλων νήσων ὀγδοήκοντα τριήρεις ἠθροικότας. [2] Δεηθέντες δὲ καὶ τῶν Σαμίων προσπληρῶσαι δέκα τριήρεις, ἀνήχθησαν ἁπάσαις ταῖς ναυσὶν οὔσαις ἑκατὸν πεντήκοντα, καὶ κατέπλευσαν εἰς τὰς ᾿Αργινούσας νήσους, σπεύδοντες λῦσαι τὴν Μιτυλήνης πολιορκίαν. [3] δὲ τῶν Λακεδαιμονίων ναύαρχος Καλλικρατίδας πυθόμενος τὸν κατάπλουν τῶν νεῶν, ἐπὶ μὲν τῆς πολιορκίας κατέλιπεν ᾿Ετεόνικον μετὰ τῆς πεζῆς δυνάμεως, αὐτὸς δὲ πληρώσας ναῦς ἑκατὸν τεσσαράκοντα κατὰ σπουδὴν ἀνήχθη τῶν ᾿Αργινουσῶν περὶ θάτερα μέρη· αἳ νῆσοι τότ' ἦσαν οἰκούμεναι καὶ πολισμάτιον Αἰολικὸν ἔχουσαι, κείμεναι μεταξὺ Μιτυλήνης καὶ Κύμης, ἀπέχουσαι τῆς ἠπείρου βραχὺ παντελῶς καὶ τῆς ἄκρας τῆς Κανίδος. [4] Οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι τὸν μὲν κατάπλουν τῶν πολεμίων εὐθέως ἔγνωσαν, οὐ μακρὰν ὁρμοῦντες, διὰ δὲ τὸ μέγεθος τῶν πνευμάτων τὸ μὲν ναυμαχεῖν ἀπέγνωσαν, εἰς δὲ τὴν ἐχομένην ἡμέραν ἡτοιμάζοντο τὰ πρὸς τὴν ναυμαχίαν, τὸ αὐτὸ ποιούντων καὶ τῶν Λακεδαιμονίων, καίπερ ἀμφοτέροις ἀπαγορευόντων τῶν μάντεων. [5] Τοῖς μὲν γὰρ Λακεδαιμονίοις ἡ τοῦ θύματος κεφαλὴ κειμένη παρὰ τὸν αἰγιαλὸν ἀφανὴς ἐγεγόνει, προσκλύζοντος τοῦ κύματος· διόπερ ὁ μάντις προύλεγε, διότι τελευτήσει ναυμαχῶν ὁ ναύαρχος· οὗ ῥηθέντος φασὶ τὸν Καλλικρατίδαν εἰπεῖν, ὅτι τελευτήσας κατὰ τὴν μάχην οὐδὲν ἀδοξοτέραν ποιήσει τὴν Σπάρτην. [6] Τῶν δ' ᾿Αθηναίων ὁ στρατηγὸς Θρασύβουλος, ὃς ἦν ἐπὶ τῆς ἡγεμονίας ἐκείνην τὴν ἡμέραν, εἶδε κατὰ τὴν νύκτα τοιαύτην ὄψιν· ἔδοξεν ᾿Αθήνησι τοῦ θεάτρου πλήθοντος αὐτός τε καὶ τῶν ἄλλων στρατηγῶν ἓξ ὑποκρίνεσθαι τραγῳδίαν Εὐριπίδου Φοινίσσας· τῶν δ' ἀντιπάλων ὑποκρινομένων τὰς ῾Ικέτιδας δόξαι τὴν Καδμείαν νίκην αὐτοῖς περιγενέσθαι, καὶ πάντας ἀποθανεῖν μιμουμένους τὰ πράγματα τῶν ἐπὶ τὰς Θήβας στρατευσάντων. [7] κούσας δ' ὁ μάντις ταῦτα διεσάφει τοὺς ἑπτὰ τῶν στρατηγῶν ἀναιρεθήσεσθαι. Τῶν δ' ἱερῶν φερόντων νίκην, οἱ στρατηγοὶ περὶ μὲν τῆς ἑαυτῶν ἀπωλείας ἐκώλυον ἑτέροις ἀπαγγέλλειν, περὶ δὲ τῆς ἐν τοῖς ἱεροῖς νίκης ἀνήγγειλαν καθ' ὅλην τὴν δύναμιν.
98 Καλλικρατίδας δ' ὁ ναύαρχος συναγαγὼν τὰ πλήθη καὶ παραθαρσύνας τοῖς οἰκείοις λόγοις, τὸ τελευταῖον εἶπεν· εἰς τὸν ὑπὲρ τῆς πατρίδος κίνδυνον οὕτως εἰμὶ πρόθυμος αὐτός, ὥστε τοῦ μάντεως λέγοντος διὰ τῶν ἱερείων ὑμῖν μὲν προσημαίνεσθαι νίκην, ἐμοὶ δὲ θάνατον, ὅμως ἕτοιμός εἰμι τελευτᾶν. Εἰδὼς οὖν μετὰ τὸν τῶν ἡγεμόνων θάνατον ἐν θορύβῳ τὰ στρατόπεδα γινόμενα, νῦν ἀναδεικνύω ναύαρχον, ἂν ἐγώ τι πάθω, τὸν διαδεξόμενον Κλέαρχον, ἄνδρα πεῖραν δεδωκότα τῶν κατὰ τὸν πόλεμον ἔργων. [2] μὲν οὖν Καλλικρατίδας ταῦτ' εἰπὼν οὐκ ὀλίγους ἐποίησε ζηλῶσαι τὴν ἀρετὴν αὐτοῦ καὶ προθυμοτέρους γενέσθαι πρὸς τὴν μάχην. Καὶ Λακεδαιμόνιοι μὲν παρακαλοῦντες ἀλλήλους ἀνέβαινον εἰς τὰς ναῦς· οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι, παρακληθέντες ὑπὸ τῶν στρατηγῶν εἰς τὸν ἀγῶνα, κατὰ σπουδὴν ἐπλήρουν τὰς τριήρεις καὶ πάντες εἰς τάξιν καθίσταντο. [3] Τοῦ μὲν οὖν δεξιοῦ κέρατος Θράσυλλος ἡγεῖτο καὶ Περικλῆς ὁ Περικλέους τοῦ προσαγορευθέντος κατὰ τὴν δύναμιν ᾿Ολυμπίου· συμπαρέλαβε δὲ καὶ Θηραμένην εἰς τὸ δεξιὸν κέρας, ἐφ' ἡγεμονίας τάξας· ὃς ἰδιώτης ὢν μὲν συνεστράτευε τότε, πρότερον δὲ πολλάκις ἦν ἀφηγημένος δυνάμεων· τοὺς δ' ἄλλους στρατηγοὺς παρ' ὅλην τὴν φάλαγγα διέταξε, καὶ τὰς καλουμένας ᾿Αργινούσας νήσους συμπεριέλαβε τῇ τάξει, σπεύδων ὅτι πλεῖστον παρεκτεῖναι τὰς ναῦς. [4] δὲ Καλλικρατίδας ἀνήχθη τὸ μὲν δεξιὸν μέρος αὐτὸς ἔχων, τὸ δ' εὐώνυμον παρέδωκε Βοιωτοῖς, ὧν Θρασώνδας ὁ Θηβαῖος τὴν ἡγεμονίαν ἔσχεν. Οὐ δυνάμενος δὲ τὴν τάξιν ἐξισῶσαι τοῖς πολεμίοις διὰ τὸ τὰς νήσους πολὺν ἐπέχειν τόπον, διείλατο τὴν δύναμιν, καὶ δύο ποιήσας στόλους πρὸς ἑκάτερον μέρος δίχα διηγωνίζετο. [5] Διὸ καὶ παρείχετο μεγάλην κατάπληξιν πολλαχῇ τοῖς θεωμένοις, ὡς ἂν τεττάρων μὲν στόλων ναυμαχούντων, τῶν δὲ νεῶν συνηθροισμένων εἰς ἕνα τόπον οὐ πολλαῖς ἐλάττω τῶν τριακοσίων· μεγίστη γὰρ αὕτη μνημονεύεται ναυμαχία γεγενημένη ῞Ελλησι πρὸς ῞Ελληνας.
99 μα δ' οἵ τε ναύαρχοι τοῖς σαλπιγκταῖς παρεκελεύοντο σημαίνειν καὶ τὸ παρ' ἑκατέροις πλῆθος ἐναλλὰξ ἐπαλαλάζον ἐξαίσιον ἐποίει βοήν· πάντες δὲ μετὰ σπουδῆς ἐλαύνοντες τὸ ῥόθιον ἐφιλοτιμοῦντο πρὸς ἀλλήλους, ἑκάστου σπεύδοντος πρώτου κατάρξασθαι τῆς μάχης. [2] μπειροί τε γὰρ ἦσαν τῶν κινδύνων οἱ πλεῖστοι διὰ τὸ μῆκος τοῦ πολέμου καὶ σπουδὴν ἀνυπέρβλητον εἰσεφέροντο διὰ τὸ τοὺς κρατίστους εἰς τὸν ὑπὲρ τῶν ὅλων ἀγῶνα συνηθροῖσθαι· πάντες γὰρ ὑπελάμβανον τοὺς ταύτῃ τῇ μάχῃ νικήσαντας πέρας ἐπιθήσειν τῷ πολέμῳ. [3] Οὐ μὴν ἀλλ' ὁ Καλλικρατίδας ἀκηκοὼς τοῦ μάντεως τὴν περὶ αὐτὸν ἐσομένην τελευτήν, ἔσπευδεν ἐπιφανέστατον ἑαυτῷ περιποιήσασθαι θάνατον. Διόπερ πρῶτος ἐπὶ τὴν Λυσίου τοῦ στρατηγοῦ ναῦν ἐπιπλεύσας, καὶ σὺν ταῖς ἅμα πλεούσαις τριήρεσιν ἐξ ἐφόδου τρώσας, κατέδυσε· τῶν δ' ἄλλων τὰς μὲν τοῖς ἐμβόλοις τύπτων ἄπλους ἐποίει, τῶν δὲ τοὺς ταρσοὺς παρασύρων ἀχρήστους ἀπετέλει πρὸς τὴν μάχην. [4] Τὸ δὲ τελευταῖον δοὺς ἐμβολὴν τῇ τοῦ Περικλέους τριήρει βιαιότερον, τῆς μὲν τριήρους ἐπὶ πολὺν ἀνέρρηξε τόπον, τοῦ δὲ στόματος ἐναρμοσθέντος εἰς τὴν λακίδα, καὶ μὴ δυναμένων αὐτῶν ἀνακρούσασθαι, Περικλῆς μὲν ἐπέβαλε τῇ τοῦ Καλλικρατίδα νηὶ σιδηρᾶν χεῖρα, προσαφθείσης δ' αὐτῆς οἱ μὲν ᾿Αθηναῖοι περιστάντες τὴν ναῦν εἰσήλλοντο, καὶ περιχυθέντες τοὺς ἐν αὐτῇ πάντας ἀπέσφαξαν. [5] Τότε δή φασι τὸν Καλλικρατίδαν λαμπρῶς ἀγωνισάμενον καὶ πολὺν ἀντισχόντα χρόνον, τὸ τελευταῖον ὑπὸ τοῦ πλήθους πανταχόθεν τιτρωσκόμενον καταπονηθῆναι. ὡς δὲ τὸ περὶ τὸν ναύαρχον ἐλάττωμα συμφανὲς ἐγένετο, συνέβη τοὺς Πελοποννησίους δείσαντας ἐγκλῖναι. [6] Τοῦ δὲ δεξιοῦ μέρους τῶν Πελοποννησίων φυγόντος, οἱ τὸ λαιὸν ἔχοντες Βοιωτοὶ χρόνον μέν τινα διεκαρτέρουν εὐρώστως ἀγωνιζόμενοι· εὐλαβοῦντο γὰρ αὐτοί τε καὶ οἱ συγκινδυνεύοντες Εὐβοεῖς καὶ πάντες οἱ τῶν ᾿Αθηναίων ἀφεστηκότες, μήποτε ᾿Αθηναῖοι τὴν ἀρχὴν ἀνακτησάμενοι τιμωρίαν παρ' αὐτῶν λάβωσιν ὑπὲρ τῆς ἀποστάσεως· ἐπειδὴ δὲ τὰς πλείστας ναῦς ἑώρων τετρωμένας καὶ τὸ πλῆθος τῶν νικώντων ἐπ' αὐτοὺς ἐπιστραφέν, ἠναγκάσθησαν φυγεῖν. Τῶν μὲν οὖν Πελοποννησίων οἱ μὲν εἰς Χίον, οἱ δ' εἰς Κύμην διεσώθησαν.
100 Οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι διώξαντες ἐφ' ἱκανὸν τοὺς ἡττημένους πάντα τὸν σύνεγγυς τόπον τῆς θαλάττης ἐπλήρωσαν νεκρῶν καὶ ναυαγίων. Μετὰ δὲ ταῦτα τῶν στρατηγῶν οἱ μὲν ᾤοντο δεῖν τοὺς τετελευτηκότας ἀναιρεῖσθαι διὰ τὸ χαλεπῶς διατίθεσθαι τοὺς ᾿Αθηναίους ἐπὶ τοῖς ἀτάφους περιορῶσι τοὺς τετελευτηκότας, οἱ δ' ἔφασαν δεῖν ἐπὶ τὴν Μιτυλήνην πλεῖν καὶ τὴν ταχίστην λῦσαι τὴν πολιορκίαν. [2] πεγενήθη δὲ καὶ χειμὼν μέγας, ὥστε σαλεύεσθαι τὰς τριήρεις, καὶ τοὺς στρατιώτας διά τε τὴν ἐκ τῆς μάχης κακοπάθειαν καὶ διὰ τὸ μέγεθος τῶν κυμάτων ἀντιλέγειν πρὸς τὴν ἀναίρεσιν τῶν νεκρῶν. [3] Τέλος δὲ τοῦ χειμῶνος ἐπιτείνοντος οὔτε ἐπὶ τὴν Μιτυλήνην ἔπλευσαν οὔτε τοὺς τετελευτηκότας ἀνείλαντο, βιασθέντες δὲ ὑπὸ τῶν πνευμάτων εἰς ᾿Αργινούσας κατέπλευσαν. πώλοντο δὲ ἐν τῇ ναυμαχίᾳ τῶν μὲν ᾿Αθηναίων ναῦς εἴκοσι πέντε καὶ τῶν ἐν αὐταῖς οἱ πλεῖστοι, τῶν δὲ Πελοποννησίων ἑπτὰ πρὸς ταῖς ἑβδομήκοντα· [4] διόπερ τοσούτων νεῶν καὶ τῶν ἐν αὐταῖς γεγενημένων ἀνδρῶν ἀπολωλότων ἐπλήσθη τῆς Κυμαίων καὶ Φωκαέων ἡ παραθαλάττιος χώρα νεκρῶν καὶ ναυαγίων. [5] δὲ τὴν Μιτυλήνην πολιορκῶν ᾿Ετεόνικος πυθόμενός τινος τὴν τῶν Πελοποννησίων ἧτταν, τὰς μὲν ναῦς εἰς Χίον ἔπεμψε, τὴν δὲ πεζὴν δύναμιν αὐτὸς ἔχων εἰς τὴν Πυρραίων πόλιν ἀπεχώρησεν,οὖσαν σύμμαχον· ἐδεδοίκει γάρ, μήποτε τῷ στόλῳ πλευσάντων τῶν ᾿Αθηναίων ἐπ' αὐτοὺς καὶ τῶν ἐκ τῆς πόλεως ἐπεξελθόντων κινδυνεύσῃ τὴν δύναμιν ἀποβαλεῖν ἅπασαν. [6] Οἱ δὲ τῶν ᾿Αθηναίων στρατηγοὶ πλεύσαντες εἰς Μιτυλήνην καὶ τὸν Κόνωνα μετὰ τῶν τεσσαράκοντα νεῶν παραλαβόντες εἰς Σάμον κατέπλευσαν, κἀκεῖθεν ὁρμώμενοι τὴν τῶν πολεμίων χώραν ἐπόρθουν. [7] Μετὰ δὲ ταῦτα οἱ περὶ τὴν Αἰολίδα καὶ τὴν ᾿Ιωνίαν καὶ τὰς νήσους τὰς συμμαχούσας Λακεδαιμονίοις συνῆλθον εἰς ῎Εφεσον, καὶ βουλευομένοις αὐτοῖς ἔδοξεν ἀποστέλλειν εἰς Σπάρτην καὶ Λύσανδρον αἰτεῖσθαι ναύαρχον· οὗτος γὰρ ἔν τε τῷ τῆς ναυαρχίας χρόνῳ κατωρθωκὼς ἦν πολλὰ καὶ ἐδόκει διαφέρειν στρατηγίᾳ τῶν ἄλλων. [8] Οἱ δὲ Λακεδαιμόνιοι νόμον ἔχοντες δὶς τὸν αὐτὸν μὴ πέμπειν, καὶ τὸ πάτριον ἔθος μὴ θέλοντες καταλύειν, ῎Αρακον μὲν εἵλοντο ναύαρχον, τὸν δὲ Λύσανδρον ἰδιώτην αὐτῷ συνεξέπεμψαν, προστάξαντες ἀκούειν ἅπαντα τούτου. οὗτοι μὲν ἐκπεμφθέντες ἐπὶ τὴν ἡγεμονίαν ἔκ τε τῆς Πελοποννήσου καὶ παρὰ τῶν συμμάχων τριήρεις ἤθροιζον ὅσας ἠδύναντο πλείστας.
101 ᾿Αθηναῖοι δὲ πυθόμενοι τὴν ἐν ταῖς ᾿Αργινούσαις εὐημερίαν ἐπὶ μὲν τῇ νίκῃ τοὺς στρατηγοὺς ἐπῄνουν, ἐπὶ δὲ τῷ περιιδεῖν ἀτάφους τοὺς ὑπὲρ τῆς ἡγεμονίας τετελευτηκότας χαλεπῶς διετέθησαν. [2] Θηραμένους δὲ καὶ Θρασυβούλου προαπεληλυθότων εἰς ᾿Αθήνας, ὑπολαβόντες οἱ στρατηγοὶ τούτους εἶναι τοὺς διαβαλόντας πρὸς τὰ πλήθη περὶ τῶν τελευτησάντων, ἀπέστειλαν κατ' αὐτῶν ἐπιστολὰς πρὸς τὸν δῆμον, διασαφοῦντες ὅτι τούτοις ἐπέταξαν ἀνελέσθαι τοὺς τελευτήσαντας· ὅπερ μάλιστ' αὐτοῖς αἴτιον ἐγενήθη τῶν κακῶν. [3] Δυνάμενοι γὰρ ἔχειν συναγωνιστὰς εἰς τὴν κρίσιν τοὺς περὶ Θηραμένην, ἄνδρας καὶ λόγῳ δυνατοὺς καὶ φίλους πολλοὺς ἔχοντας, καὶ τὸ μέγιστον, συμπαραγεγονότας τοῖς εἰς τὴν ναυμαχίαν πράγμασιν, ἐκ τῶν ἐναντίων ἔσχον ἀντιδίκους καὶ πικροὺς κατηγόρους. [4] ναγνωσθεισῶν γὰρ ἐν τῷ δήμῳ τῶν ἐπιστολῶν εὐθὺς μὲν τοῖς περὶ Θηραμένην ὠργίζετο τὰ πλήθη, τούτων δὲ ἀπολογησαμένων συνέβη τὴν ὀργὴν πάλιν μεταπεσεῖν εἰς τοὺς στρατηγούς. [5] Διόπερ ὁ δῆμος προέθηκεν αὐτοῖς κρίσιν, καὶ Κόνωνα μὲν ἀπολύσας τῆς αἰτίας προσέταξε τούτῳ τὰς δυνάμεις παραδίδοσθαι, τοὺς δ' ἄλλους ἐψηφίσατο τὴν ταχίστην ἥκειν. ν ᾿Αριστογένης μὲν καὶ Πρωτόμαχος φοβηθέντες τὴν ὀργὴν τοῦ πλήθους ἔφυγον, Θράσυλλος δὲ καὶ Καλλιάδης, ἔτι δὲ Λυσίας καὶ Περικλῆς καὶ ᾿Αριστοκράτης μετὰ τῶν πλείστων νεῶν κατέπλευσαν εἰς τὰς ᾿Αθήνας, ἐλπίζοντες τοὺς ἐν ταῖς ναυσὶ πολλοὺς ὄντας βοηθοὺς ἕξειν ἐν τῇ κρίσει. [6] ς δ' εἰς τὴν ἐκκλησίαν τὰ πλήθη συνῆλθον, τῆς μὲν κατηγορίας καὶ τῶν πρὸς χάριν δημηγορούντων ἤκουον,τοὺς δ' ἀπολογουμένους συνθορυβοῦντες οὐκ ἠνείχοντο τῶν λόγων. Οὐκ ἐλάχιστα δ' αὐτοὺς ἔβλαψαν οἱ συγγενεῖς τῶν τετελευτηκότων, παρελθόντες μὲν εἰς τὴν ἐκκλησίαν ἐν πενθίμοις, δεόμενοι δὲ τοῦ δήμου τιμωρήσασθαι τοὺς περιεωρακότας ἀτάφους τοὺς ὑπὲρ τῆς πατρίδος προθύμως τετελευτηκότας. [7] Τέλος δ' οἵ τε τούτων φίλοι καὶ οἱ τοῖς περὶ Θηραμένην συναγωνιζόμενοι πολλοὶ καθεστῶτες ἐνίσχυσαν, καὶ συνέβη καταδικασθῆναι τοὺς στρατηγοὺς θανάτῳ καὶ δημεύσει τῶν οὐσιῶν.
102 Τούτων δὲ κυρωθέντων, καὶ μελλόντων αὐτῶν ὑπὸ τῶν δημοσίων ἐπὶ τὸν θάνατον ἄγεσθαι, Διομέδων εἷς τῶν στρατηγῶν παρῆλθεν εἰς τὸ μέσον, ἀνὴρ καὶ τὰ περὶ τὸν πόλεμον ἔμπρακτος καὶ δικαιοσύνῃ τε καὶ ταῖς ἄλλαις ἀρεταῖς δοκῶν διαφέρειν. [2] Σιωπησάντων δὲ πάντων εἶπεν· ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, τὰ μὲν περὶ ἡμῶν κυρωθέντα συνενέγκαι τῇ πόλει· τὰς δὲ ὑπὲρ τῆς νίκης εὐχὰς ἐπειδήπερ ἡ τύχη κεκώλυκεν ἡμᾶς ἀποδοῦναι, καλῶς ἔχον ὑμᾶς φροντίσαι, καὶ τῷ Διὶ τῷ σωτῆρι καὶ ᾿Απόλλωνι καὶ ταῖς σεμναῖς θεαῖς ἀπόδοτε· τούτοις γὰρ εὐξάμενοι τοὺς πολεμίους κατεναυμαχήσαμεν. [3] μὲν οὖν Διομέδων ταῦτα διαλεχθεὶς ἐπὶ τὸν κυρωθέντα θάνατον ἀπήγετο μετὰ τῶν ἄλλων στρατηγῶν, τοῖς ἀγαθοῖς τῶν πολιτῶν πολὺν οἶκτον παραστήσας καὶ δάκρυα· τὸν γὰρ ἀδίκως τελευτᾶν μέλλοντα τοῦ μὲν καθ' αὑτὸν πάθους μηδ' ἡντινοῦν ποιεῖσθαι μνείαν, ὑπὲρδὲ τῆς ἀδικούσης πόλεως ἀξιοῦν τὰς εὐχὰς ἀποδιδόναι τοῖς θεοῖς, ἐφαίνετ' ἀνδρὸς εὐσεβοῦς ἔργον καὶ μεγαλοψύχου καὶ τῆς περὶ αὐτὸν τύχης ἀναξίου. [4] Τούτους μὲν οὖν οἱ ταχθέντες ὑπὸ τῶν νόμων ἕνδεκα ἄρχοντες ἀπέκτειναν, οὐχ οἷον ἠδικηκότας τι τὴν πόλιν, ἀλλὰ ναυμαχίαν μεγίστην τῶν ῞Ελλησι πρὸς ῞Ελληνας γεγενημένων νενικηκότας καὶ ἐν ἄλλαις μάχαις λαμπρῶς ἠγωνισμένους, καὶ διὰ τὰς ἰδίας ἀρετὰς τρόπαια κατὰ τῶν πολεμίων ἑστακότας. [5] Οὕτως δ' ὁ δῆμος τότε παρεφρόνησε, καὶ παροξυνθεὶς ἀδίκως ὑπὸ τῶν δημαγωγῶν τὴν ὀργὴν ἀπέσκηψεν εἰς ἄνδρας οὐ τιμωρίας, ἀλλὰ πολλῶν ἐπαίνων καὶ στεφάνων ἀξίους.
103 Ταχὺ δὲ καὶ τοῖς πείσασι καὶ τοῖς πεισθεῖσι μετεμέλησεν, οἱονεὶ νεμεσήσαντος τοῦ δαιμονίου· οἱ μὲν γὰρ ἐξαπατηθέντες ἐπίχειρα τῆς ἀγνοίας ἔλαβον μετ' οὐ πολὺν χρόνον καταπολεμηθέντες οὐχ ὑφ' ἑνὸς δεσπότου μόνον, ἀλλὰ τριάκοντα· [2] δ' ἐξαπατήσας καὶ τὴν γνώμην εἰπὼν Καλλίξενος εὐθὺ τοῦ πλήθους μεταμεληθέντος εἰς αἰτίαν ἦλθεν ὡς τὸν δῆμον ἐξηπατηκώς· οὐκ ἀξιωθεὶς δ' ἀπολογίας ἐδέθη, καὶ καταβληθεὶς εἰς τὴν δημοσίαν φυλακὴν ἔλαθε μετά τινων διορύξας τὸ δεσμωτήριον καὶ διαδρὰς πρὸς τοὺς πολεμίους εἰς Δεκέλειαν, ὅπως διαφυγὼν τὸν θάνατον μὴ μόνον ᾿Αθήνησιν, ἀλλὰ καὶ παρὰ τοῖς ἄλλοις ῞Ελλησι δακτυλοδεικτουμένην ἔχῃ τὴν πονηρίαν παρ' ὅλον τὸν βίον.
[3] Τὰ μὲν οὖν κατὰ τοῦτον τὸν ἐνιαυτὸν πραχθέντα σχεδὸν ταῦτ' ἐστίν. Τῶν δὲ συγγραφέων Φίλιστος τὴν πρώτην σύνταξιν τῶν Σικελικῶν εἰς τοῦτον τὸν ἐνιαυτὸν κατέστροφεν, εἰς τὴν ᾿Ακράγαντος ἅλωσιν, ἐν βύβλοις ἑπτὰ διελθὼν χρόνον ἐτῶν πλείω τῶν ὀκτακοσίων, τῆς δὲ δευτέρας συντάξεως τὴν μὲν ἀρχὴν ἀπὸ τῆς τῆς προτέρας τελευτῆς πεποίηται, γέγραφε δὲ βύβλους τέσσαρας. [4] Περὶ δὲ τὸν αὐτὸν χρόνον ἐτελεύτησε Σοφοκλῆς ὁ Σοφίλου, ποιητὴς τραγῳδιῶν, ἔτη βιώσας ἐνενήκοντα, νίκας δ' ἔχων ὀκτωκαίδεκα. Φασὶ δὲ τὸν ἄνδρα τοῦτον τὴν ἐσχάτην τραγῳδίαν εἰσαγαγόντα καὶ νικήσαντα χαρᾷ περιπεσεῖν ἀνυπερβλήτῳ, δι' ἣν καὶ τελευτῆσαι. [5] ᾿Απολλόδωρος δ' ὁ τὴν χρονικὴν σύνταξιν πραγματευσάμενός φησι καὶ τὸν Εὐριπίδην κατὰ τὸν αὐτὸν ἐνιαυτὸν τελευτῆσαι· τινὲς δὲ λέγουσι παρ' ᾿Αρχελάῳ τῷ βασιλεῖ Μακεδόνων κατὰ τὴν χώραν ἐξελθόντα κυσὶ περιπεσεῖν καὶ διασπασθῆναι μικρῷ πρόσθεν τούτων τῶν χρόνων.
104 Τοῦ δ' ἔτους τούτου διελθόντος ᾿Αθήνησι μὲν ἦρχεν ᾿Αλεξίας, ἐν δὲ τῇ ῾Ρώμῃ ἀντὶ τῶν ὑπάτων τρεῖς χιλίαρχοι κατεστάθησαν, Γάιος ᾿Ιούλιος, Πούπλιος Κορνήλιος, Γάιος Σερουίλιος. Τούτων δὲ τὴν ἀρχὴν παραλαβόντων ᾿Αθηναῖοι μετὰ τὴν ἀναίρεσιν τῶν στρατηγῶν ἐπὶ τὴν ἡγεμονίαν ἔταξαν Φιλοκλέα, καὶ τὸ ναυτικὸν αὐτῷ παραδόντες ἐξέπεμψαν πρὸς Κόνωνα, προστάξαντες κοινῶς ἀφηγεῖσθαι τῶν δυνάμεων. [2] ς ἐπεὶ κατέπλευσε πρὸς Κόνωνα εἰς Σάμον, τὰς ναῦς ἁπάσας ἐπλήρωσεν, οὔσας τρεῖς πρὸς ταῖς ἑκατὸν ἑβδομήκοντα. Τούτων εἴκοσι μὲν ἔδοξεν αὐτοῦ καταλιπεῖν, ταῖς δ' ἄλλαις ἁπάσαις ἀνήχθησαν εἰς ῾Ελλήσποντον, ἡγουμένου Κόνωνος καὶ Φιλοκλέους. [3] Λύσανδρος δ' ὁ τῶν Λακεδαιμονίων ναύαρχος ἐκ Πελοποννήσου παρὰ τῶν ἐγγὺς συμμάχων τριάκοντα πέντε ναῦς ἀθροίσας κατέπλευσεν εἰς ῎Εφεσον. μεταπεμψάμενος δὲ καὶ τὸν ἐκ Χίου στόλον .... ἐξήρτυεν· ἀνέβη δὲ καὶ πρὸς Κῦρον τὸν Δαρείου τοῦ βασιλέως υἱόν, καὶ χρήματα πολλὰ παρέλαβε πρὸς τὰς τῶν στρατιωτῶν διατροφάς. [4] δὲ Κῦρος, μεταπεμπομένου τοῦ πατρὸς αὐτὸν εἰς Πέρσας, τῷ Λυσάνδρῳ τῶν ὑφ' αὑτὸν πόλεων τὴν ἐπιστασίαν παρέδωκε καὶ τοὺς φόρους τούτῳ τελεῖν συνέταξεν. δὲ Λύσανδρος πάντων τῶν εἰς πόλεμον εὐπορήσας εἰς ῎Εφεσον ἀνέστρεψεν. [5] Καθ' ὃν δὴ χρόνον ἐν τῇ Μιλήτῳ τινὲς ὀλιγαρχίας ὀρεγόμενοι κατέλυσαν τὸν δῆμον, συμπραξάντων αὐτοῖς Λακεδαιμονίων. Καὶ τὸ μὲν πρῶτον Διονυσίων ὄντων ἐν ταῖς οἰκίαις τοὺς μάλιστα ἀντιπράττοντας συνήρπασαν καὶ περὶ τεσσαράκοντα ὄντας ἀπέσφαξαν, μετὰ δέ, τῆς ἀγορᾶς πληθούσης,τριακοσίους ἐπιλέξαντες τοὺς εὐπορωτάτους ἀνεῖλον. [6] Οἱ δὲ χαριέστατοι τῶν τὰ τοῦ δήμου φρονούντων, ὄντες οὐκ ἐλάττους χιλίων, φοβηθέντες τὴν περίστασιν ἔφυγον πρὸς Φαρνάβαζον τὸν σατράπην· οὗτος δὲ φιλοφρόνως αὐτοὺς δεξάμενος, καὶ στατῆρα χρυσοῦν ἑκάστῳ δωρησάμενος, κατῴκισεν εἰς Βλαῦδα, φρούριόν τι τῆς Λυδίας. [7] Λύσανδρος δὲ μετὰ τῶν πλείστων νεῶν ἐπὶ ῎Ιασον τῆς Καρίας πλεύσας, κατὰ κράτος αὐτὴν εἷλεν ᾿Αθηναίοις συμμαχοῦσαν, καὶ τοὺς μὲν ἡβῶντας ὀκτακοσίους ὄντας ἀπέσφαξε, παῖδας δὲ καὶ γυναῖκας λαφυροπωλήσας κατέσκαψε τὴν πόλιν. [8] Μετὰ δὲ ταῦτ' ἐπὶ τὴν ᾿Αττικὴν καὶ πολλοὺς τόπους πλεύσας μέγα μὲν οὐδὲν οὐδ' ἄξιον μνήμης ἔπραξε· διὸ καὶ ταῦτα μὲν οὐκ ἀναγράφειν ἐσπουδάσαμεν· τὸ δὲ τελευταῖον Λάμψακον ἑλὼν τὴν μὲν ᾿Αθηναίων φρουρὰν ἀφῆκεν ὑπόσπονδον, τὰς δὲ κτήσεις ἁρπάσας τοῖς Λαμψακηνοῖς ἀπέδωκε τὴν πόλιν.
105 Οἱ δὲ τῶν ᾿Αθηναίων στρατηγοὶ πυθόμενοι τοὺς Λακεδαιμονίους πάσῃ τῇ δυνάμει πολιορκεῖν Λάμψακον, συνήγαγόν τε πανταχόθεν τριήρεις καὶ κατὰ σπουδὴν ἀνήχθησαν ἐπ' αὐτοὺς ναυσὶν ἑκατὸν ὀγδοήκοντα. [2] Εὑρόντες δὲ τὴν πόλιν ἡλωκυῖαν, τότε μὲν ἐν Αἰγὸς ποταμοῖς καθώρμισαν τὰς ναῦς, μετὰ δὲ ταῦτ' ἐπιπλέοντες τοῖς πολεμίοις καθ' ἡμέραν εἰς ναυμαχίαν προεκαλοῦντο. Οὐκ ἀνταναγομένων δὲ τῶν Πελοποννησίων, οἱ μὲν ᾿Αθηναῖοι διηπόρουν ὅ,τι χρήσωνται τοῖς πράγμασιν, οὐ δυνάμενοι τὸν πλείω χρόνον ἐκεῖ διατρέφειν τὰς δυνάμεις. [3] ᾿Αλκιβιάδου δὲ πρὸς αὐτοὺς ἐλθόντος καὶ λέγοντος, ὅτι Μήδοκος καὶ Σεύθης οἱ τῶν Θρᾳκῶν βασιλεῖς εἰσιν αὐτῷ φίλοι, καὶ δύναμιν πολλὴν ὡμολόγησαν δώσειν, ἐὰν βούληται διαπολεμεῖν τοῖς Λακεδαιμονίοις· διόπερ αὐτοὺς ἠξίου μεταδοῦναι τῆς ἡγεμονίας, ἐπαγγελλόμενος αὐτοῖς δυεῖν θάτερον, ἢ ναυμαχεῖν τοὺς πολεμίους ἀναγκάσειν ἢ πεζῇ μετὰ Θρᾳκῶν πρὸς αὐτοὺς διαγωνιεῖσθαι. [4] Ταῦτα δὲ ὁ ᾿Αλκιβιάδης ἔπραττεν ἐπιθυμῶν δι' ἑαυτοῦ τῇ πατρίδι μέγα τι κατεργάσασθαι καὶ διὰ τῶν εὐεργεσιῶν τὸν δῆμον ἀποκαταστῆσαι εἰς τὴν ἀρχαίαν εὔνοιαν. Οἱ δὲ τῶν ᾿Αθηναίων στρατηγοί, νομίσαντες τῶν μὲν ἐλαττωμάτων ἑαυτοῖς τὴν μέμψιν ἀκολουθήσειν, τὰ δ' ἐπιτεύγματα προσάψειν ἅπαντας ᾿Αλκιβιάδῃ, ταχέως αὐτὸν ἐκέλευσαν ἀπιέναι καὶ μηκέτι προσεγγίζειν τῷ στρατοπέδῳ.
106 πεὶ δ' οἱ μὲν πολέμιοι ναυμαχεῖν οὐκ ἤθελον, τὸ δὲ στρατόπεδον σιτοδεία κατεῖχε, Φιλοκλῆς ἐκείνην τὴν ἡμέραν ἀφηγούμενος τοῖς μὲν ἄλλοις τριηράρχοις προσέταξε πληρώσαντας τὰς τριήρεις ἀκολουθεῖν, αὐτὸς δ' ἑτοίμας ἔχων ναῦς τριάκοντα τάχιον ἐξέπλευσεν. [2] δὲ Λύσανδρος παρά τινων αὐτομόλων ταῦτ' ἀκούσας, μετὰ πασῶν τῶν νεῶν ἀναχθεὶς καὶ τὸν Φιλοκλέα τρεψάμενος πρὸς τὰς ἄλλας ναῦς κατεδίωξεν. [3] Οὔπω δὲ τῶν τριήρων τοῖς ᾿Αθηναίοις πεπληρωμένων θόρυβος κατεῖχεν ἅπαντας διὰ τὴν ἀπροσδόκητον ἐπιφάνειαν τῶν πολεμίων. [4] ὁ δὲ Λύσανδρος συνιδὼν τὴν τῶν ἐναντίων ταραχήν, ᾿Ετεόνικον μὲν μετὰ τῶν εἰωθότων πεζῇ μάχεσθαι ταχέως ἀπεβίβασεν· ὁ δὲ ὀξέως τῇ τοῦ καιροῦ ῥοπῇ χρησάμενος μέρος κατελάβετο τῆς παρεμβολῆς· αὐτὸς δ' ὁ Λύσανδρος ἁπάσαις ταῖς τριήρεσιν ἐξηρτυμέναις ἐπιπλεύσας, καὶ σιδηρᾶς ἐπιβαλὼν χεῖρας, ἀπέσπα τὰς ὁρμούσας ἐπὶ τῇ γῇ ναῦς. [5] ᾿Αθηναῖοι δὲ τὸ παράδοξον ἐκπεπληγμένοι, καὶ μήτ' ἀναχθῆναι ταῖς ναυσὶν ἀναστροφὴν ἔχοντες μήτε πεζῇ διαγωνίζεσθαι δυνάμενοι, βραχὺν ἀντισχόντες χρόνον ἐτράπησαν, εὐθὺ δ' οἱ μὲν τὰς ναῦς, οἱ δὲ τὴν παρεμβολὴν ἐκλιπόντες ἔφυγον, ὅπου ποθ' ἕκαστος ἤλπιζε σωθήσεσθαι. [6] Τῶν μὲν οὖν τριήρων δέκα μόνον διεξέπεσον, ὧν μίαν ἔχων Κόνων ὁ στρατηγὸς τὴν μὲν εἰς ᾿Αθήνας ἐπάνοδον ἀπέγνω φοβηθεὶς τὴν ὀργὴν τοῦ δήμου, πρὸς Εὐαγόραν δὲ τὸν ἀφηγούμενον τῆς Κύπρου κατέφυγεν, ἔχων πρὸς αὐτὸν φιλίαν· τῶν δὲ στρατιωτῶν οἱ πλεῖστοι μὲν κατὰ γῆν φυγόντες εἰς Σηστὸν διεσώθησαν. [7] Λύσανδρος δὲ τὰς λοιπὰς ναῦς παραλαβὼν αἰχμαλώτους, καὶ ζωγρήσας Φιλοκλέα τὸν στρατηγόν, ἀπαγαγὼν εἰς Λάμψακον ἀπέσφαξεν. Μετὰ δὲ ταῦτ' εἰς Λακεδαίμονα τοὺς τὴν νίκην ἀπαγγελοῦντας ἀπέστειλεν ἐπὶ τῆς κρατίστης τριήρους, κοσμήσας τοῖς πολυτελεστάτοις τὴν ναῦν ὅπλοις καὶ λαφύροις. [8] πὶ δὲ τοὺς εἰς Σηστὸν καταφυγόντας ᾿Αθηναίους στρατεύσας τὴν μὲν πόλιν εἷλε, τοὺς δ' ᾿Αθηναίους ὑποσπόνδους ἀφῆκεν. Εὐθὺς δὲ τῇ δυνάμει πλεύσας ἐπὶ Σάμον αὐτὸς μὲν ταύτην ἐπολιόρκει, Γύλιππον δὲ τὸν εἰς Σικελίαν τοῖς Συρακοσίοις τῷ ναυτικῷ συμπολεμήσαντα ἀπέστειλεν εἰς Σπάρτην τά τε λάφυρα κομίζοντα καὶ μετὰ τούτων ἀργυρίου τάλαντα χίλια καὶ πεντακόσια. [9] ντος δὲ τοῦ χρήματος ἐν σακίοις, καὶ ταῦτ' ἔχοντος ἑκάστου σκυτάλην ἔχουσαν τὴν ἐπιγραφὴν τὸ πλῆθος τοῦ χρήματος δηλοῦσαν, ταύτην ἀγνοήσας ὁ Γύλιππος τὰ μὲν σακία παρέλυσεν, ἐξελόμενος δὲ τάλαντα τριακόσια, καὶ διὰ τῆς ἐπιγραφῆς γνωσθεὶς ὑπὸ τῶν ἐφόρων, ἔφυγε καὶ κατεδικάσθη θανάτῳ. [10] Παραπλησίως δὲ καὶ τὸν πατέρα τοῦ Γυλίππου Κλέαρχον συνέβη φυγεῖν ἐν τοῖς ἔμπροσθεν χρόνοις, ὅτι δόξας παρὰ Περικλέους λαβεῖν χρήματα περὶ τοῦ τὴν εἰσβολὴν εἰς τὴν ᾿Αττικὴν μὴ ποιήσασθαι κατεδικάσθη θανάτῳ, καὶ φυγὼν ἐν Θουρίοις τῆς ᾿Ιταλίας διέτριβεν. Οὗτοι μὲν οὖν, ἄνδρες ἱκανοὶ τἄλλα δόξαντες εἶναι, ταῦτα πράξαντες τὸν ἄλλον βίον αὐτῶν κατῄσχυναν.
107 ᾿Αθηναῖοι δὲ τὴν τῶν δυνάμεων φθορὰν ἀκούσαντες τοῦ μὲν ἀντέχεσθαι τῆς θαλάττης ἀπέστησαν, περὶ δὲ τὴν τῶν τειχῶν κατασκευὴν ἐγίνοντο καὶ τοὺς λιμένας ἀπεχώννυον, ἐλπίζοντες, ὅπερ ἦν εἰκός, εἰς πολιορκίαν καταστήσεσθαι. [2] Εὐθὺ γὰρ οἱ μὲν τῶν Λακεδαιμονίων βασιλεῖς ῏Αγις καὶ Παυσανίας μετὰ πολλῆς δυνάμεως ἐμβαλόντες εἰς τὴν ᾿Αττικὴν πρὸς τοῖς τείχεσιν ἐστρατοπέδευον, Λύσανδρος δὲ πλέον ἢ διακοσίαις τριήρεσιν εἰς τὸν Πειραιέα κατέπλευσεν. Οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι τηλικούτοις περιεχόμενοι κακοῖς ὅμως ἀντεῖχον, καὶ ῥᾳδίως τὴν πόλιν παρεφύλαττον ἐπί τινα χρόνον. [3] Τοῖς δὲ Πελοποννησίοις ἔδοξεν, ἐπείπερ δυσχερὴς ἦν ἡ πολιορκία, τὰς μὲν δυνάμεις ἀπαγαγεῖν ἐκ τῆς ᾿Αττικῆς, ταῖς δὲ ναυσὶ μακρὰν ἐφεδρεύειν, ὅπως αὐτοῖς μὴ παρακομισθῇ σῖτος. [4] Οὗ συντελεσθέντος, οἱ μὲν ᾿Αθηναῖοι εἰς δεινὴν σπάνιν ἐνέπεσον ἁπάντων μέν, μάλιστα δὲ τροφῆς διὰ τὸ ταύτην ἀεὶ κατὰ θάλατταν αὐτοῖς κομίζεσθαι. πιτείνοντος δὲ τοῦ δεινοῦ καθ' ἡμέραν, ἡ μὲν πόλις ἔγεμε νεκρῶν, οἱ δὲ λοιποὶ διαπρεσβευσάμενοι πρὸς Λακεδαιμονίους συνέθεντο τὴν εἰρήνην, ὥστε τὰ μακρὰ σκέλη καὶ τὰ τείχη τοῦ Πειραιέως περιελεῖν, καὶ μακρὰς ναῦς μὴ πλεῖον ἔχειν δέκα, τῶν δὲ πόλεων πασῶν ἐκχωρῆσαι καὶ Λακεδαιμονίοις ἡγεμόσι χρῆσθαι. [5] μὲν οὖν Πελοποννησιακὸς πόλεμος, μακρότατος γενόμενος ὧν ἴσμεν, τοιοῦτον ἔσχε τὸ τέλος, ἔτη διαμείνας ἑπτὰ πρὸς τοῖς εἴκοσι.
108 Μικρὸν δὲ τῆς εἰρήνης ὕστερον ἐτελεύτησε Δαρεῖος ὁ τῆς ᾿Ασίας βασιλεύς, ἄρξας ἔτη ἐννεακαίδεκα, τὴν δ' ἡγεμονίαν διεδέξατο τῶν υἱῶν ὁ πρεσβύτατος ᾿Αρταξέρξης καὶ ἦρξεν ἔτη τρία πρὸς τοῖς τεσσαράκοντα. καθ' ὃν δὴ χρόνον καὶ ᾿Αντίμαχον τὸν ποιητὴν ᾿Απολλόδωρος ὁ ᾿Αθηναῖός φησιν ἠνθηκέναι.
[2] Κατὰ δὲ τὴν Σικελίαν ᾿Ιμίλκων ὁ τῶν Καρχηδονίων ἀφηγούμενος ἀρχομένου τοῦ θέρους τὴν μὲν τῶν ᾿Ακραγαντίνων πόλιν κατέσκαψε, τῶν δ' ἱερῶν, ὅσα μηδ' ἱκανῶς ὑπὸ τοῦ πυρὸς ἐδόκει διεφθάρθαι, τὰς γλυφὰς καὶ τὰ περιττοτέρως εἰργασμένα περιέκοψεν· αὐτόθε δ' ἀναλαβὼν ἅπασαν τὴν δύναμιν ἐνέβαλεν εἰς τὴν τῶν Γελῴων χώραν. [3] πελθὼν δὲ ταύτην πᾶσαν καὶ τὴν Καμαριναίαν, πλῆρες ἐποίησε τὸ στράτευμα παντοίας ὠφελείας. Μετὰ δὲ ταῦτα ἐπὶ Γέλαν πορευθεὶς παρὰ τὸν ὁμώνυμον ποταμὸν τῇ πόλει κατεστρατοπέδευσεν. [4] χόντων δὲ τῶν Γελῴων ἐκτὸς τῆς πόλεως ᾿Απόλλωνος ἀνδριάντα χαλκοῦν σφόδρα μέγαν, συλήσαντες αὐτὸν ἀπέστειλαν εἰς τὴν Τύρον. Τοῦτον μὲν οἱ Γελῷοι κατὰ τὸν τοῦ θεοῦ χρησμὸν ἀνέθηκαν, οἱ δὲ Τύριοι καθ' ὃν καιρὸν ὕστερον ὑπ' ᾿Αλεξάνδρου τοῦ Μακεδόνος ἐπολιορκοῦντο, καθύβριζον ὡς συναγωνιζόμενον τοῖς πολεμίοις· ᾿Αλεξάνδρου δ' ἑλόντος τὴν πόλιν,ὡς Τίμαιός φησι, κατὰ τὴν ὁμώνυμον ἡμέραν καὶ τὴν αὐτὴν ὥραν ἐν ᾗ Καρχηδόνιοι τὸν ᾿Απόλλωνα περὶ Γέλαν ἐσύλησαν, συνέβη τιμηθῆναι θυσίαις καὶ προσόδοις ταῖς μεγίσταις ὑπὸ τῶν ῾Ελλήνων, ὡς αἴτιον γεγενημένον τῆς ἁλώσεως. [5] Ταῦτα μὲν οὖν, καίπερ ἐν ἄλλοις πραχθέντα χρόνοις, οὐκ ἀνεπιτήδειον ἡγησάμεθα παρ' ἄλληλα θεῖναι διὰ τὸ παράδοξον. Οἱ δ' οὖν Καρχηδόνιοι δενδροτομοῦντες τὴν χώραν τάφρον περιεβάλοντο τῇ στρατοπεδείᾳ· προσεδέχοντο γὰρ τὸν Διονύσιον ἥξειν μετὰ δυνάμεως πολλῆς βοηθήσοντα τοῖς κινδυνεύουσιν. [6] Οἱ δὲ Γελῷοι τὸ μὲν πρῶτον ἐψηφίσαντο τέκνα καὶ γυναῖκας εἰς Συρακούσας ὑπεκθέσθαι διὰ τὸ μέγεθος τοῦ προσδοκωμένου κινδύνου· τῶν δὲ γυναικῶν ἐπὶ τοὺς κατὰ τὴν ἀγορὰν βωμοὺς καταφυγουσῶν καὶ δεομένων τῆς αὐτῆς τοῖς ἀνδράσι τύχης κοινωνῆσαι, συνεχώρησαν. [7] Μετὰ δὲ ταῦτα τάξεις ποιησάμενοι πλείστας, κατὰ μέρος τοὺς στρατιώτας ἀπέστελλον ἐπὶ τὴν χώραν· οὗτοι δ' ἐμπειρίαν ἔχοντες ἐπετίθεντο τοῖς πλανωμένοις τῶν πολεμίων, καὶ πολλοὺς μὲν αὐτῶν καθ' ἡμέραν ἀνῆγον ζῶντας, οὐκ ὀλίγους δὲ ἀνῄρουν. [8] Τῶν δὲ Καρχηδονίων ἀπὸ μέρους προσβαλλόντων τῇ πόλει καὶ τοῖς κριοῖς καταβαλλόντων τὰ τείχη γενναίως ἠμύνοντο· τά τε γὰρ ἐφ' ἡμέρας πίπτοντα τῶν τειχῶν νυκτὸς ἀνῳκοδόμουν, συνυπηρετουσῶν τῶν γυναικῶν καὶ παίδων· οἱ μὲν γὰρ ἀκμάζοντες ταῖς ἡλικίαις ἐν τοῖς ὅπλοις ὄντες διετέλουν μαχόμενοι, τὸ δ' ἄλλο πλῆθος τοῖς ἔργοις καὶ ταῖς ἄλλαις παρασκευαῖς προσήδρευε μετὰ πάσης προθυμίας· [9] τὸ δὲ σύνολον οὕτως ἐδέξαντο τὴν ἔφοδον τῶν Καρχηδονίων εὐρώστως, ὥστε καὶ πόλιν ἀνώχυρον ἔχοντες καὶ συμμάχων ὄντες ἔρημοι, πρὸς δὲ τούτοις τὰ τείχη θεωροῦντες πίπτοντα κατὰ πλείονας τόπους, οὐ κατεπλάγησαν τὸν περιεστῶτα κίνδυνον.
109 Διονύσιος δ' ὁ τῶν Συρακοσίων τύραννος μεταπεμψάμενος παρὰ τῶν ἐξ ᾿Ιταλίας ῾Ελλήνων βοήθειαν ἐξῆγε καὶ παρὰ τῶν ἄλλων συμμάχων δύναμιν· ἐπέλεξε δὲ καὶ τῶν Συρακοσίων τοὺς πλείστους τῶν ἐν ἡλικίᾳ καὶ τοὺς μισθοφόρους κατέλεξεν εἰς τὸ στρατόπεδον. [2] Εἶχε δὲ τοὺς ἅπαντας, ὡς μέν τινες, πεντακισμυρίους, ὡς δὲ Τίμαιος ἀνέγραψε, πεζοὺς μὲν τρισμυρίους, ἱππεῖς δὲ χιλίους, ναῦς δὲ καταφράκτους πεντήκοντα. Μετὰ δὲ τοσαύτης δυνάμεως ἐξορμήσας ἐπὶ τὴν βοήθειαν τοῖς Γελῴοις, ὡς ἤγγισε τῆς πόλεως, κατεστρατοπέδευσε παρὰ τὴν θάλατταν. [3] σπευδε γὰρ μὴ διασπᾶν τὴν στρατιάν, ἀλλ' ἐκ τοῦ αὐτοῦ τόπου τὴν ὁρμὴν ποιούμενος κατὰ γῆν ἅμα καὶ κατὰ θάλατταν ἀγωνίζεσθαι· τοῖς μὲν γὰρ ψιλοῖς ἠγωνίζετο καὶ τὴν χώραν οὐκ εἴα προνομεύεσθαι, τοῖς δ' ἱππεῦσι καὶ ταῖς ναυσὶν ἐπειρᾶτο τὰς ἀγορὰς ἀφαιρεῖσθαι τὰς κομιζομένας τοῖς Καρχηδονίοις ἐκ τῆς ἰδίας ἐπικρατείας. [4] φ' ἡμέρας μὲν οὖν εἴκοσι διέτριβον οὐδὲν ἄξιον λόγου πράττοντες· μετὰ δὲ ταῦτα Διονύσιος τοὺς πεζοὺς εἰς τρία μέρη διεῖλεν, ἓν μὲν τάγμα ποιήσας τῶν Σικελιωτῶν, οἷς προσέταξεν ἐν ἀριστερᾷ τὴν πόλιν ἔχοντας ἐπὶ τὸν χάρακα τῶν ἐναντίων πορεύεσθαι· τὸ δ' ἕτερον τάγμα συμμάχων καταστήσας ἐκέλευσεν ἐν δεξιᾷ τὴν πόλιν ἔχοντας ἐπείγεσθαι παρ' αὐτὸν τὸν αἰγιαλόν· αὐτὸς δ' ἔχων τὸ τῶν μισθοφόρων σύνταγμα διὰ τῆς πόλεως ὥρμησεν ἐπὶ τὸν τόπον, οὗ τὰ μηχανήματα τῶν Καρχηδονίων ἦν. [5] Καὶ τοῖς μὲν ἱππεῦσι παρήγγειλεν, ἐπειδὰν ἴδωσι τοὺς πεζοὺς ὡρμημένους, διαβῆναι τὸν ποταμὸν καὶ τὸ πεδίον καθιππάζεσθαι, κἂν μὲν ὁρῶσι τοὺς ἰδίους προτεροῦντας, συνεπιλαμβάνεσθαι τῆς μάχης, ἂν δ' ἐλαττωμένους, δέχεσθαι τοὺς θλιβομένους· τοῖς δ' ἐν ταῖς ναυσὶ παρήγγειλε πρὸς τὴν τῶν ᾿Ιταλιωτῶν ἔφοδον τῇ παρεμβολῇ τῶν πολεμίων ἐπιπλεῦσαι.
110 Εὐκαίρως δ' αὐτῶν ποιησάντων τὸ παραγγελθέν, οἱ μὲν Καρχηδόνιοι πρὸς ἐκεῖνο τὸ μέρος παρεβοήθουν, ἀνείργοντες τοὺς ἐκ τῶν νεῶν ἀποβαίνοντας· καὶ γὰρ οὐδ' ὠχυρωμένον τὸ μέρος εἶχον, ἅπαν τὸ παρὰ τὸν αἰγιαλὸν· [2] οἱ δ' ᾿Ιταλιῶται κατὰ τοῦτον τὸν καιρὸν παρὰ τὴν θάλατταν τὸ πᾶν διανύσαντες ἐπέθεντο τῇ παρεμβολῇ τῶν Καρχηδονίων, τοὺς πλείστους εὑρόντες παραβεβοηθηκότας ἐπὶ τὰς ναῦς· τοὺς δ' ἐπὶ τούτου τοῦ μέρους ὑπολελειμμένους τρεψάμενοι παρεισέπεσον εἰς τὴν στρατοπεδείαν. [3] Οὗ γενηθέντος οἱ Καρχηδόνιοι τῷ πλείστῳ μέρει τῆς δυνάμεως ἐπιστρέψαντες καὶ πολὺν διαγωνισάμενοι χρόνον μόγις ἐξέωσαν τοὺς ἐντὸς τῆς τάφρου βιασαμένους. Οἱ δὲ ᾿Ιταλιῶται τῷ πλήθει τῶν βαρβάρων καταπονούμενοι κατὰ τὴν ἀναχώρησιν εἰς τὸ τοῦ χάρακος ἀπωξυμμένον ἐνέπιπτον, οὐκ ἔχοντες βοήθειαν· [4] οἵ τε γὰρ Σικελιῶται διὰ τοῦ πεδίου πορευόμενοι καθυστέρουν τῶν καιρῶν, οἵ τε μετὰ Διονυσίου μισθοφόροι μόγις διεπορεύοντο τὰς κατὰ τὴν πόλιν ὁδούς, οὐ δυνάμενοι κατὰ τὴν ἰδίαν προαίρεσιν ἐπισπεῦσαι. Οἱ δὲ Γελῷοι μέχρι τινὸς ἐπεξιόντες ἐπεβοήθουν κατὰ βραχὺν τόπον τοῖς ᾿Ιταλιώταις, εὐλαβούμενοι λιπεῖν τὴν τῶν τειχῶν φυλακήν· διόπερ ὑστέρουν τῆς βοηθείας. [5] Οἱ δὲ ῎Ιβηρες καὶ Καμπανοὶ μετὰ τῶν Καρχηδονίων στρατευόμενοι, καὶ βαρεῖς ἐπικείμενοι τοῖς ἀπὸ τῆς ᾿Ιταλίας ῞Ελλησι, κατέβαλον αὐτῶν πλείους τῶν χιλίων. Τῶν δ' ἐν ταῖς ναυσὶν ἀνειργόντων τοξεύμασι τοὺς διώκοντας, οἱ λοιποὶ μετ' ἀσφαλείας διεσώθησαν πρὸς τὴν πόλιν. [6] κ δὲ θατέρου μέρους οἱ Σικελιῶται πρὸς τοὺς ἀπαντήσαντας Λίβυας διαγωνισάμενοι συχνοὺς μὲν αὐτῶν ἀνεῖλον, τοὺς δ' ἄλλους εἰς τὴν στρατοπεδείαν συνεδίωξαν· τῶν δὲ ᾿Ιβήρων καὶ Καμπανῶν, ἔτι δὲ Καρχηδονίων, παραβοηθησάντων τοῖς Λίβυσι, περὶ ἑξακοσίους ἀποβαλόντες πρὸς τὴν πόλιν ἀπεχώρησαν. [7] Οἱ δ' ἱππεῖς ὡς εἶδον τοὺς ἰδίους ἡττημένους, καὶ αὐτοὶ πρὸς τὴν πόλιν ἀπῆλθον, ἐπικειμένων αὐτοῖς τῶν πολεμίων. Διονύσιος δὲ μόγις διελθὼν τὴν πόλιν, ὡς κατέλαβε τὸ στρατόπεδον ἠλαττωμένον, τότε μὲν ἐντὸς τῶν τειχῶν ἀνεχώρησεν.
111 Μετὰ δὲ ταῦτα τῶν φίλων συναγαγὼν συνέδριον ἐβουλεύετο περὶ τοῦ πολέμου. Πάντων δὲ λεγόντων ἀνεπιτήδειον εἶναι τὸν τόπον περὶ τῶν ὅλων διακρίνεσθαι τοῖς πολεμίοις, πρὸς τὴν ἑσπέραν ἀπέστειλε κήρυκα περὶ τῆς εἰς αὔριον ἀναιρέσεως τῶν νεκρῶν, καὶ τὸν μὲν ἐκ τῆς πόλεως ὄχλον περὶ πρώτην φυλακὴν τῆς νυκτὸς ἐξαπέστειλεν, αὐτὸς δὲ περὶ μέσας νύκτας ἀφώρμησε, καταλιπὼν τῶν ψιλῶν περὶ δισχιλίους. [2] Τούτοις δ' ἦν παρηγγελμένον πυρὰ καίειν δι' ὅλης τῆς νυκτὸς καὶ θορυβοποιεῖν πρὸς τὸ δόξαν ἐμποιῆσαι τοῖς Καρχηδονίοις ὡς μένοντος ἐν τῇ πόλει. Οὗτοι μὲν οὖν ἤδη τῆς ἡμέρας ὑποφωσκούσης ἀφώρμησαν πρὸς τοὺς περὶ τὸν Διονύσιον, οἱ δὲ Καρχηδόνιοι διαισθόμενοι τὸ γεγονὸς μετεστρατοπέδευσαν εἰς τὴν πόλιν καὶ τὰ περιλειφθέντα κατὰ τὰς οἰκίας διήρπασαν. [3] Διονύσιος δὲ παραγενόμενος εἰς τὴν Καμάριναν, ἠνάγκασε καὶ τοὺς ἐκεῖ μετὰ τέκνων καὶ γυναικῶν εἰς Συρακούσας ἀπιέναι. τοῦ φόβου δ' οὐδεμίαν ἀναβολὴν διδόντος τινὲς μὲν ἀργύριον καὶ χρυσίον καὶ τὰ ῥᾳδίως φέρεσθαι δυνάμενα συνεσκευάζοντο, τινὲς δὲ γονεῖς καὶ τέκνα τὰ νήπια λαβόντες ἔφευγον, οὐδεμίαν ἐπιστροφὴν χρημάτων ποιούμενοι· ἔνιοι δὲ γεγηρακότες ἢ νόσῳ βαρυνόμενοι δι' ἐρημίαν συγγενῶν ἢ φίλων ὑπελείποντο, προσδοκωμένων ὅσον οὔπω παρέσεσθαι τῶν Καρχηδονίων· [4] ἡ γὰρ περὶ Σελινοῦντα καὶ ῾Ιμέραν, ἔτι δὲ ᾿Ακράγαντα, γενομένη συμφορὰ τοὺς ἀνθρώπους ἐξέπληττε, πάντων καθάπερ ὑπὸ τὴν ὅρασιν λαμβανόντων τὴν τῶν Καρχηδονίων δεινότητα. Οὐδεμία γὰρ ἦν παρ' αὐτοῖς φειδὼ τῶν ἁλισκομένων, ἀλλ' ἀσυμπαθῶς τῶν ἠτυχηκότων οὓς μὲν ἀνεσταύρουν, οἷς δ' ἀφορήτους ἐπῆγον ὕβρεις. [5] Οὐ μὴν ἀλλὰ δυεῖν πόλεων ἐξοριζομένων ἔγεμεν ἡ χώρα γυναικῶν καὶ παίδων καὶ τῶν ἄλλων ὄχλων· ἃ θεωροῦντες οἱ στρατιῶται δι' ὀργῆς μὲν εἶχον τὸν Διονύσιον, ἠλέουν δὲ τὰς τῶν ἀκληρούντων τύχας· [6] ἑώρων γὰρ παῖδας ἐλευθέρους καὶ παρθένους ἐπιγάμους ἀναξίως τῆς ἡλικίας ὡς ἔτυχε κατὰ τὴν ὁδὸν ὡρμημένας, ἐπειδὴ τὴν σεμνότητα καὶ τὴν πρὸς τοὺς ἀλλοτρίους ἐντροπὴν ὁ καιρὸς ἀφῃρεῖτο. Παραπλησίως δὲ καὶ τοῖς πρεσβυτέροις συνήλγουν, βλέποντες παρὰ φύσιν ἀναγκαζομένους ἅμα τοῖς ἀκμάζουσιν ἐπισπεύδειν.
112 φ' οἷς ἐξεκάετο τὸ κατὰ τοῦ Διονυσίου μῖσος· καὶ γὰρ ὑπελάμβανον αὐτὸν ἐκ συνθέσεως τοῦτο πεποιηκέναι πρὸς τὸ τῷ Καρχηδονίων φόβῳ τῶν ἄλλων πόλεων ἀσφαλῶς δυναστεύειν. [2] νελογίζοντο γὰρ τὴν βραδυτῆτα τῆς βοηθείας, τὸ μηδένα πεπτωκέναι τῶν μισθοφόρων, τὸ μηδενὸς ἁδροῦ πταίσματος γεγενημένου φυγεῖν ἀλόγως, τὸ δὲ μέγιστον, τὸ μηδένα τῶν πολεμίων ἐπηκολουθηκέναι· ὥστε τοῖς πρότερον ἐπιθυμοῦσι καιρὸν λαβεῖν τῆς ἀποστάσεως καθάπερ θεῶν προνοίᾳ πάντα ὑπουργεῖν πρὸς τὴν κατάλυσιν τῆς δυναστείας. [3] Οἱ μὲν οὖν ᾿Ιταλιῶται καταλιπόντες αὐτὸν ἐπ' οἴκου διὰ τῆς μεσογείου τὴν πορείαν ἐποιήσαντο, οἱ δὲ τῶν Συρακοσίων ἱππεῖς τὸ μὲν πρῶτον ἐπετήρουν, εἰ δύναιντο κατὰ τὴν ὁδὸν ἀνελεῖν τὸν τύραννον· ὡς δὲ ἑώρων οὐκ ἀπολείποντας αὐτὸν τοὺς μισθοφόρους, ὁμοθυμαδὸν ἀφίππευσαν εἰς τὰς Συρακούσας. [4] Καταλαβόντες δὲ τοὺς ἐν τοῖς νεωρίοις ἀγνοοῦντας τὰ περὶ τὴν Γέλαν, εἰσῆλθον οὐδενὸς κωλύσαντος, καὶ τὴν μὲν οἰκίαν τοῦ Διονυσίου διήρπασαν γέμουσαν ἀργύρου τε καὶ χρυσοῦ καὶ τῆς ἄλλης πολυτελείας ἁπάσης, τὴν δὲ γυναῖκα συλλαβόντες οὕτω διέθεσαν κακῶς, ὥστε καὶ τὸν τύραννον βαρέως ἐνέχειν τὴν ὀργήν, νομίζοντες τὴν ταύτης τιμωρίαν μεγίστην εἶναι πίστιν τῆς πρὸς ἀλλήλους κοινωνίας κατὰ τὴν ἐπίθεσιν. [5] δὲ Διονύσιος κατὰ τὴν ὁδοιπορίαν τὸ γεγονὸς καταστοχαζόμενος, ἐπέλεξε τῶν ἱππέων καὶ τῶν πεζῶν τοὺς πιστοτάτους, μεθ' ὧν ἠπείγετο πρὸς τὴν πόλιν σπουδῆς οὐδὲν ἐλλείπων· ἐλογίζετο γὰρ οὐκ ἂν ἄλλως δυνατὸν ἐπικρατῆσαι τῶν ἱππέων, εἰ μὴ σπεύδοι· ὅπερ ἐποίησεν. Εἰ γὰρ παραδοξότερον ἐκείνων ποιήσαιτο τὴν ἄφιξιν, ἤλπιζε ῥᾳδίως κρατήσειν τῆς ἐπιβολῆς· ὅπερ καὶ συνέπεσεν. [6] Οἱ γὰρ ἱππεῖς οὔτ' ἂν ἔτ' ἀπελθεῖν οὔτε μεῖναι κατὰ τὸ στρατόπεδον τὸν Διονύσιον ὑπελάμβανον· διόπερ κεκρατηκέναι τῆς ἐπιβολῆς νομίσαντες, ἔφασαν αὐτὸν ἐκ μὲν Γέλας προσποιηθῆναι τοὺς Φοίνικας ἀποδιδράσκειν, νυνὶ δὲ ὡς ἀληθῶς ἀποδεδρακέναι τοὺς Συρακοσίους.
113 Διονύσιος δὲ διανύσας σταδίους περὶ τετρακοσίους παρῆν περὶ μέσας νύκτας πρὸς τὴν πύλην τῆς ᾿Αχραδινῆς μεθ' ἱππέων ἑκατὸν καὶ πεζῶν ἑξακοσίων· ἣν καταλαβὼν κεκλεισμένην, προσέθηκεν αὐτῇ τὸν κατακεκομισμένον ἐκ τῶν ἑλῶν κάλαμον, ᾧ χρῆσθαι νομίζουσιν οἱ Συρακόσιοι πρὸς τὴν τῆς κονίας σύνδεσιν. ἐν ὅσῳ δὲ συνέβαινε τὰς πύλας κατακαίεσθαι, προσανελάμβανε τοὺς ἀφυστεροῦντας. [2] πειδὴ δὲ τὸ πῦρ κατέφθειρε τὰς πύλας, οὗτος μὲν μετὰ τῶν ἠκολουθηκότων εἰσήλαυνε διὰ τῆς ᾿Αχραδινῆς, τῶν δ' ἱππέων οἱ δυνατώτατοι τὸ γεγονὸς ἀκούσαντες, τὸ μὲν πλῆθος οὐκ ἀνέμενον, εὐθὺς δ' ἐξεβοήθουν ὄντες ὀλίγοι παντελῶς - ἦσαν δὲ περὶ τὴν ἀγοράν - καὶ κυκλωθέντες ὑπὸ τῶν μισθοφόρων ἅπαντες κατηκοντίσθησαν. [3] δὲ Διονύσιος ἐπελθὼν τὴν πόλιν τούς τε σποράδην ἐκβοηθοῦντας ἀνεῖλε, καὶ τῶν ἀλλοτρίως διακειμένων ἐπῄει τὰς οἰκίας, ὧν τοὺς μὲν ἀπέκτεινε, τοὺς δ' ἐκ τῆς πόλεως ἐξέβαλε. Τὸ δὲ λοιπὸν πλῆθος τῶν ἱππέων ἐκπεσὸν ἐκ τῆς πόλεως κατελάβετο τὴν νῦν καλουμένην Αἴτνην. [4] μα δ' ἡμέρᾳ τὸ μὲν πλῆθος τῶν μισθοφόρων καὶ τὸ στράτευμα τῶν Σικελιωτῶν κατήντησεν εἰς τὰς Συρακούσας, Γελῷοι δὲ καὶ Καμαριναῖοι τῷ Διονυσίῳ διαφόρως ἔχοντες εἰς Λεοντίνους ἀπηλλάγησαν.
114 ... Διόπερ ὑπὸ τῶν πραγμάτων ἀναγκαζόμενος ᾿Ιμίλκας ἔπεμψεν εἰς Συρακούσας κήρυκα, παρακαλῶν τοὺς ἡττημένους διαλύσασθαι. σμένως δ' ὑπακούσαντος τοῦ Διονυσίου τὴν εἰρήνην ἐπὶ τοῖσδε ἔθεντο· Καρχηδονίων εἶναι μετὰ τῶν ἐξ ἀρχῆς ἀποίκων ᾿Ελύμους καὶ Σικανούς· Σελινουντίους δὲ καὶ ᾿Ακραγαντίνους, ἔτι δ' ῾Ιμεραίους, πρὸς δὲ τούτοις Γελῴους καὶ Καμαριναίους οἰκεῖν μὲν ἐν ἀτειχίστοις ταῖς πόλεσι, φόρον δὲ τελεῖν τοῖς Καρχηδονίοις· Λεοντίνους δὲ καὶ Μεσσηνίους καὶ Σικελοὺς ἅπαντας αὐτονόμους εἶναι, καὶ Συρακοσίους μὲν ὑπὸ Διονύσιον τετάχθαι, τὰ δὲ αἰχμάλωτα καὶ τὰς ναῦς ἀποδοῦναι τοὺς ἔχοντας τοῖς ἀποβαλοῦσι. [2] Τῶν συνθηκῶν δὲ γενομένων Καρχηδόνιοι μὲν εἰς Λιβύην ἐξέπλευσαν, πλεῖον ἢ τὸ ἥμισυ μέρος τῶν στρατιωτῶν ἀποβαλόντες ὑπὸ τῆς νόσου· οὐδὲν δ' ἧττον καὶ κατὰ Λιβύην διαμείναντος τοῦ λοιμοῦ, παμπληθεῖς αὐτῶν τε τῶν Καρχηδονίων, ἔτι δὲ τῶν συμμάχων διεφθάρησαν.
[3] μεῖς δὲ παραγενηθέντες ἐπὶ τὴν κατάλυσιν τῶν πολέμων, κατὰ μὲν τὴν ῾Ελλάδα τοῦ Πελοποννησιακοῦ, κατὰ δὲ τὴν Σικελίαν τοῦ Καρχηδονίοις πρὸς Διονύσιον πρώτου συστάντος, ἡγούμεθα δεῖν ἐπιτετελεσμένης τῆς προθέσεως τὰς ἑξῆς πράξεις εἰς τὴν ἐχομένην βίβλον καταχωρίσαι.

XXVI.
97 LES Athéniens abattus par les désavantages de la dernière guerre qu'ils avaient faite, donnèrent le droit de bourgeoisie aux étrangers de toute condition qui se trouvèrent dans leur ville et qui voulurent prendre les armes pour leur service. D'un nombre prodigieux de gens qui se présentèrent à l'enrôlement, les officiers choisirent ceux qu'ils jugèrent les plus propres pour la guerre. Ils mirent aussi soixante vaisseaux en état de servir, et les ayant parfaitement bien équipés, ils firent voile vers Samos. Ils trouvèrent là d'autres capitaines qui avaient tiré de diverses îles quatre-vingt galères [2] et ayant prié ceux de Samos de leur en fournir encore dix, ils se virent une flotte de cent cinquante voiles qu'ils menèrent aux îles Arginuses, dans le dessein de faire lever incessamment le siège de Mitylène. [3] Callicratidès, chef des Lacédémoniens, apprenant l'arrivée de cette flotte, laissa Etéonicus devant la place avec les forces nécessaires pour en continuer le siège et vint lui-même avec cent-quarante vaisseaux se saisir de l'autre côté des Arginuses. Ces îles étaient alors habitées et enfermaient une petite ville peuplée d'Éoliens. Elles sont situées entre Mitylène et Cume, et peu distantes de la terre ferme de l'Asie et du promontoire Catanide. [4] Les Athéniens s'aperçurent bientôt de l'arrivée des ennemis dont ils n'étaient pas loin : mais comme le vent était fort, ils ne jugèrent pas à propos d'aller à leur rencontre et renvoyèrent au lendemain le combat, auquel ils se préparaient d'ailleurs. Les Lacédémoniens prirent les mêmes mesures : les devins des deux partis ne trouvaient pas les augures favorables pour une bataille. [5] Du côté des Lacédémoniens, la tête d'une victime posée sur le rivage fut emportée par le flot ; d'où l'Haruspice conclut qu'on perdrait le général en cette rencontre. Callicratidès répondit à cela que la perte du général ne pouvait faire aucun tort à la gloire de Sparte. [6] Du côté des Athéniens, Thrasybule auquel le commandement du jour de la bataille devait tomber, vit en songe, la nuit précédente, le théâtre d'Athènes rempli d'une foule prodigieuse de peuple, devant laquelle il jouait, avec les six autres commandants, la tragédie d Euripide, intitulée les Phéniciennes, pendant que les ennemis représentaient sur le même théâtre les Suppliantes du même poète. Il lui sembla que son parti avait remporté sur eux une victoire à la Cadméenne et que tous les commandants, ses associés, étaient morts à l'exemple des sept Chefs devant Thébes. [7] Sur ce récit, le devin prononça que les sept commandants athéniens seraient tués dans la bataille. Cependant comme l'inspection des victimes annonçait la victoire à leur nation, ces officiers firent savoir d'avance leur mort particulière à leurs amis, mais ils firent publier dans toute la flotte la promesse de la victoire générale. 98 Le Spartiate Callicratidès ayant fait assembler ses troupes autour de lui, les exhorta à combattre courageusement ; et il finit en leur disant qu'il était si plein de zèle pour la gloire de sa patrie, que bien que le devin lui eut annoncé la mort à lui-même, cependant, comme on leur promettait la victoire, il était impatient de la leur faire remporter aux dépens de sa propre vie. Mais comme je sais, continua-t'il, que la perte d'un général met souvent le trouble dans une armée, je nomme dès à présent pour prendre ma place au moment que je serai tué, Cléarque, homme connu de tout le monde, pour très expérimenté dans la guerre. [2] Callicratidès, par ces paroles, fit naître l'émulation dans tous les cœurs et les rendit impatients de combattre, de sorte qu'ils s'exhortaient les uns les autres à la victoire en rentrant dans leurs vaisseaux. Les Athéniens animés de même par leurs chefs, se hâtaient d'aller prendre chacun leur place dans la flotte et de commencer le combat. [3] Thrasybule commandait l'aile droite, avec Périclès fils de l'ancien Périclès, à qui son éloquence avait fait donner le surnom d'Olympien. Il se fit soutenir du même côté par Théramène, qui était d'abord entré dans les troupes comme simple soldat et qui depuis avait commandé plusieurs corps. Il plaça ensuite tous les autres officiers dans les endroits convenables et il donna à sa flotte une si grande étende qu'elle environnait toutes les Arginuses. [4] Callicratidès, au contraire, qui tenait la haut mer, commandait lui-même son aile droite et laissa la gauche aux Béotiens, dont Thrasondas était le chef. Mais ne pouvant pas se faire un front égal à celui des ennemis parce que les îles que ceux-ci bordaient, présentaient une grande face, il sépara sa flotte et en fit deux qu'il opposa aux deux côtés de ces îles. [5] Cette distribution présenta un spectacle étonnant : car il semblait qu'il y eut en mer quatre flottes qui allaient combattre deux contre deux ; et à dire le vrai, étant réunies, elles n'auraient pas fait ensemble moins de trois cents vaisseaux. Aussi était-ce là, de part et d'autre, la plus forte bataille navale, de Grecs contre Grecs, dont l'histoire eut encore fourni l'exemple. 99 Les Commandants firent sonner la charge par les trompettes et tous les soldats répondirent des deux côtés à ce signal avec des cris qui en égalaient l'éclat. En même temps les deux flottes firent force de rames et chaque vaisseau sembla disputer à tous les autres l'avantage d'aborder le premier les ennemis et de commencer l'attaque. [2] La plus grande partie des deux armées était extrêmement aguerrie par le long temps que la guerre durait entre les deux nations et leur ardeur réciproque s'augmentait encore par la pensée où étaient les plus braves soldats, qu'on les avait amenés là, pour terminer à jamais la querelle par la destruction du parti contraire. On ne pouvait du moins s'empêcher de croire qu'une bataille si nombreuse déciderait pour toujours de la supériorité entre les deux nations. [3] Cependant Callicratidès qui s'attendait à la destinée qui lui avait été prédite par le devin, faisait les plus grands efforts pour rendre sa fin plus glorieuse. Ainsi se lançant le premier contre le vaisseau du commandant athénien Nausias, il le fit couler à fond avec six autres galères qui étaient venues au secours de ce vaisseau. Allant ensuite contre les autres avec la même impétuosité, il enlevait le gouvernail à quelques-uns et tout un rang de rames à d'autres. [4] Enfin, donnant un coup violent à celui de Périclès, il en fit sauter quelques ais, mais comme la proue était affermie par de puissantes barres de fer qui formaient une pointe, il ne put lés ébranler et Périclès lança de là une main de fer sur le vaisseau de Callicratidès qu'il accrocha au lien. Les Athéniens profitèrent de cette circonstance pour se jeter eux-mêmes dans le vaisseau du Spartiate, où ils tuèrent jusqu'au dernier de ceux qui le montaient. [5] On dit que Callicratidès se défendit longtemps avec un courage indomptable, mais il fut accablé par le nombre et tomba dans l'eau percé de coups. Dès qu'on sut la mort du général, les Lacédémoniens plièrent de toutes parts. [6] Toute l'aile droite prit la fuite. Mais les Béotiens qui avaient la gauche se défendaient encore vaillamment. Car ceux de l'Eubée et quelques autres peuples qui se trouvaient avec eux et qui avaient abandonné le parti des Athéniens, craignaient extrêmement que ces derniers, s'ils reprenaient le dessus, ne tirassent vengeance de leur désertion. Voyant néanmoins la plus grande partie de leurs vaisseaux. considérablement endommagée et les vainqueurs délivrés de leurs autres adversaires et prêts à tomber sur eux, ils se déterminèrent à la fuite et pour les Péloponnésiens ils se retirèrent, les uns en l'île de Chio et les autres à Cume ; 100 la poursuite des Athéniens qui fut longue couvrit de corps morts et de débris de vaisseaux tous les rivages des environs. Quelques-uns d'entre leurs chefs jugeaient à propos de s'occuper à recueillir leurs morts : parce qu'on se faisait à Athènes un point de religion de ne pas laisser sans sépulture ceux qui avaient été tués au service de la patrie. D'autres soutenaient, au contraire, que le plus pressé était d'aller au secours de Mitylène et d'en faire lever le siège. [2] Sur ces entrefaites, il s'éleva une tempête horrible, qui donna de violentes secousses à tous les vaisseaux et qui incommoda beaucoup tous les soldats déjà très fatigués du combat dont ils sortaient, de sorte qu'ils s'opposèrent tous à la recherche de leurs morts. [3] Quand la tempête fut cessée, on ne songea ni à Mitylène, ni aux corps morts, et le vent même poussa la flotte du côté des Arginuses. Les Athéniens avaient perdu dans cette bataille vingt-cinq vaisseaux, avec la plus grande partie de leur équipage. Mais il en était péri soixante et dix-sept du côté des Péloponnésiens. [4] Aussi tous les environs de Cume et tous les rivages de la Phocée portaient-ils les indices de cette furieuse bataille, que les flots y avaient jetés. [5] Cependant Eteonicus qui assiégeait Mitylène apprenant cette sanglante défaite des Péloponnésiens, envoya ses vaisseaux à Chio et se retira lui même avec son infanterie dans la Ville des Tyrræens alliée de Lacédémone, pour éviter que la flotte victorieuse venant l'enfermer d'un côté, pendant que les assiégés feraient une sortie de l'autre, ne le missent en danger de perdre toute son armée. [6] Cependant les Athéniens passant à la vue de Mitylène et prenant là Conon avec quarante vaisseaux, ils vinrent tous ensemble à Samos. C'est de là qu'ils partaient pour aller ravager les terres de tous les peuples des environs, qui ne leur étaient pas attachés. [7] D'un autre côté tous les Lacédémoniens répandus dans l'Éolide, dans l'Ionie, et dans les îles qui leur étaient alliées, s'assemblèrent à Éphèse. Ils y conclurent qu'il fallait envoyer à Sparte demander Lysandre pour général. Il avait parfaitement réussi dans le temps qu'il commandait la flotte et il leur paraissait être supérieur à tous les autres commandants. [8] Les Spartiates avaient une loi par laquelle il était défendu de donner deux fois à un même homme la même fonction publique. Ils ne voulurent pas la violer : ainsi ils nommèrent Aratus pour général de la flotte. Mais ils joignirent à lui Lysandre sans aucun titre et ordonnèrent au premier de prendre les avis de celui-ci en toute occasion. Ainsi partant tous deux de Lacédémone, ils tirèrent du Péloponnèse et de toutes les îles où ils avaient quelques autorité, autant de vaisseaux qu'il leur fut possible. 101 Les Athéniens apprenant le grand succès qu'ils avaient eu aux Arginuses donnèrent à leurs généraux de grande éloges sur cette victoire, mais ils ne jugèrent pas de même de la négligence qu'ils avaient marquée pour la sépulture des morts et ils se rendirent très sévères sur cet article. [2] Comme Thrasybule et Théramène étaient arrivés les premiers à Athènes, les autres chefs crurent que c'étaient ces deux-là qui les avaient accusés devant le peuple d'être la cause de cette négligence. Dans cette pensée, ils écrivirent des lettres au peuple, par lesquelles ils lui représentaient que ces deux premiers avaient été chargés nommément de faire ensevelir les morts. [3] Cette précaution téméraire fut la source de leur perte : car au lieu qu'ils auraient pu avoir pour défenseurs Thrasybule et Théramène, qui avaient beaucoup d'amis, dont plusieurs étaient accrédités par leur éloquence et qui de plus avaient été présents à tout ce qui s'était passé dans le combat naval, ils se firent d'eux, au contraire, des ennemis irréconciliables. [4] En effet, à la première lecture de ces lettres, on inclinait d'abord à rejeter cette faute sur les deux principaux chefs, mais ils furent justifiés de telle sorte que toute la colère du peuple passa sur les autres officiers qu'on appela en jugement. [5] On commença par absoudre Conon, auquel même on donna toutes les troupes, après quoi on cita les chefs absents avec injonction de se rendre incessamment dans la ville. Aristogène et Protomachus jugèrent à propos de prendre la suite. Mais Thrasyllus, Calliade, Lysias, Periclès et Aristocrate, vinrent à Athènes avec un grand nombre de vaisseaux, espérant que tous les soldats qu'ils amenaient prendraient leur parti dans cette affaire. [6] Dès que l'on fut assemblé pour le jugement, on admit les accusations et l'on goûta même beaucoup l'éloquence de ceux qui aggravèrent le reproche. Mais on ne reçut les défenses qu'avec beaucoup de bruit et de tumulte, et elles ne purent se faire entendre. Les parents des morts ne contribuèrent pas peu à cette disgrâce. Ils se présentèrent en deuil au milieu de l'assemblée, en conjurant le peuple de punir des hommes coupables d'avoir omis les derniers devoirs à l'égard de ceux qui avaient été tués pour le service de la patrie. [7] Enfin, le parti de Théramène et des morts l'emporta : et les commandants furent condamnés aux supplice et à la publication de leurs biens. 102 Pendant qu'on se préparait l'exécutions, Diomédon, l'un des condamnés, s'avança au milieu de l'assemblée. C'était un homme expert dans la guerre et distingué par son équité et par toutes sortes de vertus. [2] Quand on eut fait silence, il dit : Athéniens, je souhaite que l'arrêt que vous avez prononcé contre nous, tourne à votre avantage. Mais puisque la fortune nous empêche de rendre nous-mêmes aux dieux les actions de grâces que nous leur devons pour la victoire que nous avons remportée, il est juste que vous vous en chargiez. Ainsi ne manquez pas de vous acquitter de ce devoir envers Jupiter Sauveur, le dieu Apollon et les augustes Déesses. Car c'est un voeu auquel nous nous sommes engagés avant la bataille. [3] Diamédon ayant ainsi parlé, fut conduit avec les autres chefs au lieu du supplice, laissant à tous les honnêtes gens de la ville, un grand sujet de regrets et de larmes, sur ce qu'allant subir une mort injuste, il n'avait fait aucune mention de ses propres intérêts. C'était sans doute la marque d'une grande âme et d'un homme véritablement religieux et très supérieur son infortune, qu'étant la victime de la fougue d'un peuple insensé, il l'avertissait encore de ce qu'il devait aux Dieux. [4] Les onze magistrats créés par les lois pour connaître des matières criminelles, firent mourir ainsi des hommes, qui, au lieu d'être coupables envers leur patrie, venaient de remporter la plus grande victoire navale entre des Grecs, dont on ait jamais parlé ; qui s'étaient comporté en braves gens en plusieurs autres rencontres et qui avaient dressé plusieurs trophées à l'honneur de la République. [5] Mais ce malheureux peuple était alors dans un accès de frénésie, allumé par ses harangueurs, et qui lui fit exercer sa vengeance contre des hommes auxquels il ne devait que des éloges et des couronnes. 103 Cependant les harangueurs et les harangués, comme poursuivis par la justice divine, eurent bientôt lieu de se repentir de leur extravagance barbare et ils en furent châtiés, non par un tyran, mais par trente : [2] celui qui avait proposé l'avis de la mort, nommé Callixène, fut le premier objet du prompt repentir du peuple et fut appelé en jugement, comme ayant trompé ses auditeurs ; et sans qu'on daignât entendre sa justification, il fut saisi et conduit en la prison publique : mais il trouva moyen, avec le secours de quelques autres prisonniers, de percer le mur et ils se réfugièrent chez les ennemis qui étaient à Décélie d'où il arriva qu'en évitant une mort présente, il eut le temps, pendant le reste de sa vie, de se faire connaître à toute la Grèce, où il devint, aussi bien que dans sa patrie, un exemple célèbre de méchanceté. [3] Ce sont là les principales choses qui se passèrent dans le cours de cette année. Philistus termine ici la première partie de son Histoire de la Sicile qui remonte en sept livres à plus de huit cens ants avant la prise d'Agrigente. La seconde partie qui commence à la fin de cette même année, contient encore quatre livres. [4] C'est en ce même temps que mourut Sophocle poète tragique, à l'âge de quatre-vingt-dix ans, dans le cours desquels il avait remporté le pris dix-huit fois. On dit que le dernier qu'il remporta à sa dernière tragédie, le fit mourir de joie. [5] Apollodore en sa chronique place dans cette même année la mort d'Euripide, mais d'autres auteurs rapportent qu'Euripide, retiré chez Archelaüs, roi de Macédoine, étant allé se promener à la campagne, fut rencontré par des chiens qui le mirent en pièces, un peu avant ce temps-ci.

XXVII.
Olymp. 93, an 4. 405 ans avant l'ère chrét.


104 Au commencement de l'année suivante, Alexias fut archonte d'Athènes et l'on fit à Rome au lieu de consuls trois tribuns militaires, C. Julius, P. Cornelius et C. Servilius. Les Athéniens après l'exécution qu'ils avaient fait faire de leurs généraux, donnèrent le commandement à Philoclès et en lui confiant leur flotte, l'envoyèrent joindre Conon, avec ordre de s'entendre avec lui pour l'usage qu'ils feraient l'un et l'autre de leurs forces. [2] Philoclès s'étant donc rendu à Samos auprès de Conon, garnit de soldats tous ses vaisseaux, qui étaient au nombre de soixante et treize. Ils jugèrent à propos d'en laisser vingt à Samos et les deux chefs conduisirent tout le reste dans l'Hellespont. [3] D'autre part Lysandre, général des Lacédémoniens empruntant trente-cinq vaisseaux des alliés de Sparte vint à Éphèse. Il envoya de là prendre à Chio la flotte d'Eteonicus, qui s'y était réfugiée, et qu'il fit radouber. Il se transporta lui-même auprès de Cyrus, fils de Darius, et il obtint de lui de grosses sommes d'argent, pour l'entretien de ses troupes. [4] Il arriva même que Cyrus, rappelé par son père à la cour de Perse, laissa à Lysandre l'intendance des provinces et des villes du gouvernement qu'il quittait, et lui remit le droit d'en recueillir les impositions et les tributs. Lysandre s'étant fourni par ce moyen de tout l'argent dont il avait besoin pour la guerre, revint à Éphèse. [5] Dans cet intervalle de temps, quelques habitants de Milet, qui aspiraient à l'oligarchie, anéantirent le pouvoir du peuple, soutenus qu'ils étaient dans cette entreprise par les Lacédémoniens. Ces novateurs prirent l'occasion des fêtes de Bacchus que l'on célébrait dans leur ville, pour piller les maisons des principaux d'entre les particuliers qui s'opposaient à leur ambition, et ils en égorgèrent même environ quarante. Ce carnage fut suivi d'un plus grand encore à la première assemblée du peuple, où ils firent périr trois cents des plus riches. [6] À la vue de ce désordre quelques-uns des partisans les plus considérables du gouvernement populaire, au nombre de mille, craignant les suites funestes d'une émotion si sanglante, se réfugièrent auprès du satrape Pharnabase. Celui-ci les reçut à bras ouverts : il leur donna à chacun une pièce d'or et leur accorda pour retraite la citadelle de Claude,dans la Claudie : [7] cependant Lysandre à la tête de plusieurs vaisseaux, alla attaquer Thasas, ville de la Carie, attachée aux Athéniens ; il l'emporta de force et y fit égorger jusqu'à huit cents jeunes hommes ; après quoi il fit vendre à l'encan les femmes et les enfants, et finit par raser la ville. [8] Revenant de là dans l'Attique, il parcourut différents lieux, où il ne fit rien de remarquable, ni qui mérite d'entrer dans cette Histoire. Il assiégea enfin Lampsaque, dont il renvoya la garnison sous certaines conditions et sur son serment, et après avoir pillé la ville, il la rendit aux citoyens. 105 Du moment que les Athéniens avaient appris le siège de cette place et les grandes forces que Lysandre y avait conduites, ils avaient rassemblé, avec toute la diligence possible, jusqu'à cent-quatre-vingt vaisseaux pour courir à sa défense : [2] mais la trouvant prise, ils jetèrent l'ancre aux embouchures de ces fleuves qu'on appelle Ægées. Ensuite voguant sans cesse autour des ennemis, ils faisaient toutes sortes de tentatives pour les attirer au combat ; mais comme les Spartiates ne répondaient point, les Athéniens pensèrent qu'ils perdaient là leur temps, d'autant plus que leurs provisions ne leur permettaient pas de s'arrêter davantage le long de ces côtes. [3] Sur ces entrefaites Alcibiade se présenta à eux et leur dit que Medocus et Seuthès rois de Thrace étaient leurs amis et s'engageraient à leur fournir de très grands secours s'ils voulaient faire la guerre aux Lacédémoniens. Là-dessus il les invita à lui faire part du commandement, leur promettant de deux choses l'une, ou qu'il obligerait les ennemis d'en venir à un combat naval, ou que lui-même, à la tête d'une armée de Thraces, les amènerait à un combat sur terre. [4] Le dessein d'Alcibiade en cette rencontre était de faire pour sa patrie quelque action assez éclatante pour engager le peuple à lui rendre cette ancienne affection dont on lui avait donné autrefois tant de marques. Mais les généraux athéniens faisant réflexion que s'il arrivait quelque malheur de la liaison et de l'entreprise qu'on leur proposait, on en rejetterait toute la faute sur eux et que les bons succès au contraire tourneraient tous à l'avantage et à la gloire d'Alcibiade, l'avertirent pour toute réponse de se retirer au plus vite et de n'approcher jamais de leur flotte ni de leur camp. 106 Or comme les ennemis persistaient à éviter le combat et que la flotte commençait à manquer de vivres, Philoclès, qui était de jour, ordonna à tous les capitaines de vaisseaux de mettre tout leur équipage en ordre et de le suivre incessamment ; et prenant avec lui trente vaisseaux déjà prêts, il partit à l'instant même. [2] Lysandre ayant appris ce mouvement par des transfuges s'avança avec toute sa flotte ; il mit Philoclès en fuite et le repoussa sur ses autres vaisseaux qui n'étaient pas encore partis et qui furent extrêmement étonnés de voir l'ennemi si près d'eux. [4] Lysandre qui s'aperçut de leur frayeur et de leur désordre, commanda au même instant à Eteonicus d'aller faire débarquer tout ce qu'il y avait de soldats accoutumés aux combats de terre. Celui-ci profitant de l'embarras où étaient tes ennemis à la vue de Lysandre, alla se saisir par derrière d'une grande partie de leur camp. Pendant ce temps-là Lysandre s'approchait toujours avec une flotte en bon ordre; et dès qu'il fut à portée des vaisseaux ennemis, placés le long du rivage, il employa les mains de fer pour les attirer à lui. [5] Les Athéniens furent alors véritablement consternés, ne pouvant jouir de leurs vaisseaux et n'ayant pas le temps de se ranger en bataille sur terre. Ainsi après s'être défendus peu de temps, ils se mirent en fuite ; ceux des vaisseaux vers le camp et ceux du camp vers les vaisseaux ; chacun espérant se sauver dans le lieu où il n'était pas : [6] à peine échappa-t-il dix vaisseaux de toute la flotte. Le Général Conon en prit un ; mais ce n'était pas pour retourner à Athènes, où il craignait la fureur du peuple : il se retira chez Evagoras, prince de Chypre, dont il était ami. La plupart des soldats firent leur retraite par terre et se réfugièrent à Sestos. Lysandre emmena les autres vaisseaux et leur équipage en captivité ; et ayant pris Philoclés vivant, il le conduisit à Lampsaque, où il le fit égorger. Après quoi il choisit le plus beau vaisseau de la prise qu'il avait faite et l'ayant orné des plus belles armes et autres dépouilles qu'il y avait trouvées, il l'envoya à Lacédémone, pour y porter la nouvelle de sa victoire. Aussitôt après il alla attaquer dans Sestos ceux que la fuite y avait conduits, il prit la ville et renvoya les Athéniens sous leur serment. [8] Il passa de là à Samos avec toutes ses forces : il se rendit maître de l'île, d'où il envoya à Lacédémone ce même Gylippe, qui avait rendu à Syracuse tant de services en combattant pour elle sur mer. Celui-ci pontait à Sparte, en cette occasion, les dépouilles de la dernière bataille gagnée et dont quinze cens talents d'argent faisaient partie. [9] Cet argent était enfermé dans des sacs, en chacun desquels était une étiquette de cuir ou de parchemin, qui indiquait la somme contenue dans chaque sac. Gylippe qui n'en savait rien ouvrit les sacs et en tira trois cents talents : ce qui ayant été reconnu par les éphores à l'indice de l'étiquette, il s'enfuit et l'on prononça contre lui une sentence de mort. [10] Son père Clearque avait été autrefois obligé de s'enfuir de même, parce qu'il fut accusé d'avoir reçu de l'argent de Periclès, pour ne pas entrer à la tête des Lacédémoniens dans l'Attique : il avait été aussi condamné à mort et il se retira à Thurium en Italie. Ainsi ces deux hommes, capables d'ailleurs de grandes choses, ont terni leur vie et déshonoré leur mémoire par cette bassesse. 107 Dès que les Athéniens eurent appris le désastre de leur flotte à Lampsaque, ils abandonnèrent la mer et ne songèrent plus qu'à fortifier leurs ports et leurs propres murailles qu'ils jugeaient menacées d'un siège prochain. [2] En effet, Agis et Pausanias, rois de Sparte, suivis d'une forte armée, se jetèrent incessamment dans l'Attique et posèrent leur camp devant Athènes. Lysandre avec plus de deux cent vaisseaux, se présenta au port du Pirée. Les Athéniens voyant fondre sur eux un orage si terrible ne se découragèrent pourtant pas ; ils résistèrent vigoureusement aux premiers assauts et se défendirent même quelque temps avec avantage. [3] Ce furent les ennemis mêmes, qui prévoyant qu'un siège en forme serait difficile, prirent le parti de retirer leurs troupes et leurs vaisseaux, et se bornèrent à croiser sur les mers des environs, pour empêcher les vivres d'arriver dans l'Attique. [4] Ce projet leur réussit ; et comme les provisions de bouche venaient principalement par mer dans Athènes, les citoyens tombèrent bientôt dans une grande famine. Comme ce fléau allait tous les jours en augmentant, la ville se remplit de morts : de sorte que les survivants firent une députation aux Lacédémoniens pour leur demander la paix, aux conditions d'abattre les deux grands môle et les murailles du Pirée et de leur abandonner toutes leurs villes, de se soumettre eux-mêmes à eux et de ne combattre que sous leurs généraux. [5] C'est ainsi que se termina la guerre du Péloponnèse, la plus longue que nous connaissions, et qui avait duré vingt-sept ans. 108 Peu de temps après sa conclusion, arriva la mort de Darius, roi de l'Asie après un règne de dix-neuf ans. Son fils aîné Artaxerxès lui succéda et régna 43 ans. Ce fut sous le règne de celui-ci qu'Apollodore d'Athènes dit qu'a fleuri le poète Antimaque.
XXVIII
[2] À l'égard de la Sicile, Imilcar général des Carthaginois, acheva de démolir et de raser ce qui restait encore de la ville d'Agrigente et il détruisit avec le marteau les statues et les sculptures que le feu n'avoir qu'endommagées et défigurées. [3] Partant de là avec toutes ses troupes, il se jeta sur le territoire de Gela et de Camarine, et parcourant tout ce pays, il y trouva de quoi procurer à ses soldats bien des richesses. Après quoi, se fixant à la ville de Gela, il posa son camp au pied des murailles, le long du fleuve de même nom. [4] Les habitants avaient hors de leurs murs une statue qui était un Apollon, d'une hauteur prodigieuse, qu'un oracle leur avait ordonné de consacrer à ce dieu. Les Carthaginois l'envoyèrent à Tyr. Mais dans le temps que les Tyriens furent assiégés par Alexandre, ils profanèrent cette statue, comme étant favorable à leurs ennemis. Timée raconte à ce sujet, qu'après la prise de Tyr les Grecs vainqueurs rendirent de grands honneurs et firent de grands sacrifices à cette même statue, à laquelle ils attribuaient leurs succès et que cette cérémonie tomba précisément au même jour et à la même heure que les Carthaginois, bien des années auparavant, avaient insulté le dieu devant Géla. [5] Ainsi nous ne plaçons ici cet événement d'avance, qu'à cause de la singularité des conjonctures. Les Carthaginois ayant abattu des bois qui étaient autour de Géla, fermèrent leur camp et l'environnèrent d'une tranchée ; car ils s'attendaient que Denys amènerait incessamment un secours considérable à cette ville. [6] Les assiégés avaient d'abord résolu d'envoyer leurs femmes et leur enfants à Syracuse pour les délivrer du péril dont ils se sentaient menacés. Mais toutes les femmes ayant embrassé les autels dressés dans la place publique, en protestant qu'elles voulaient partager les travaux du siège avec leurs maris, on fut obligé de leur céder. [7] Les Citoyens s'étant donc distribués en plusieurs corps, on en envoya quelques-uns hors de la ville. Comme ils connaissaient parfaitement la situation des lieux, ils surprirent aisément ceux des ennemis qui se trouvèrent écartés du gros de leur armée ; ils en amenèrent plusieurs de vivants et en tuèrent beaucoup d'autres. [8] Cependant un côté des murailles fut attaqué par des béliers et défendu vaillamment : car avec le secours des femmes et même des enfants, on rétablissait la nuit ce qui avait été abattu le jour. Les jeunes gens de leur côté, et tous ceux qui étaient en âge de porter les armes, se relevaient exactement et avec un zèle égal pour les combats ou pour les travaux. [9] En un mot, ils soutenaient les assauts des Carthaginois avec tant de vigueur, que bien que leur ville fut peu fortifiée, qu'ils n'eussent actuellement aucuns secours étrangers et qu'une partie de leurs murailles fut abattue, il ne semblait seulement pas qu'ils se crussent encore en péril. 109 De côté, le tyran Denys ayant emprunté des troupes des Grecs d'Italie et d'autres alliés, prit encore avec lui la plus grande partie de la jeunesse de Syracuse, jointe à des étrangers soudoyés, et se fit une armée de cinquante mille hommes, selon quelques Historiens. [2] Mais Timée compte trente mille hommes de pied, mille chevaux et cinquante vaisseaux couverts de ponts. [3] Il s'avança avec ses forces du côté de Géla et posa son camp entre la ville et la mer : car son dessein n'était pas de séparer ses troupes, et il voulait combattre les ennemis en même temps par mer et par terre. C'est pourquoi ne les attaquant d'abord qu'avec des soldats armés à la légère, il se contenta de leur interdire le fourrage autour de leur camp et il destinait sa cavalerie et ses vaisseaux à arrêter les munitions qui pourraient leur venir de Carthage. [4] Vingt jours se passèrent ainsi à faire peu de chose de part et d'autre. Mais ensuite Denys partagea son infanterie en trois corps. Le premier qui n'était composé que de Siciliens, eut ordre de se présenter sur le fossé des ennemis qui était au côté gauche de la ville. Il ordonna au second corps, qui était celui des alliés, de s'étendre du côté droit, jusqu'à la mer : et lui-même se mettant à la tête des soudoyés, traversa la ville pour arriver par une autre porte, jusqu'au lieu où les machines des ennemis étaient dressées. [5] Dès qu'on en serait aux mains, sa cavalerie, en traversant même le fleuve à la nage, devait faire tout le tour de la bataille pour soutenir ceux qui auraient l'avantage, ou pour recevoir ceux qui auraient plié. Enfin, les soldats qui étaient dans les vaisseaux devaient venir appuyer l'attaque des Italiens et des alliés autour du camp des ennemis. 110 Dès que les Soldats des vaisseaux se mirent en devoir d'exécuter ce qui leur avait été ordonné, les Carthaginois coururent tous de ce côté-là, pour les empêcher de mettre pied à terre ; parce que c'était l'endroit le plus faible de leur camp et qu'ils n'avaient pas eu le temps ou la facilité de se fortifier le long de la mer. [2] Pendant que les Carthaginois couraient ainsi au rivage, les Italiens pressèrent le camp même, presqu'abandonné de ses défenseurs et s'en emparèrent facilement : [3] de sorte que les Carthaginois revenant sur leurs pas avec toutes leurs forces, combattirent très longtemps avant que de pouvoir reprendre leur propre camp défendu par la tranchée qu'ils avaient faite eux-mêmes. Ils en vinrent pourtant à bout, et les Italiens surmontés enfin par le nombre, furent réduits, en cherchant à faire retraite, à s'acculer dans un coin de ce camp, en attendant un secours qui ne venait point. [4] Car d'un côté les Siciliens étaient trop répandus dans la campagne pour se réunir sitôt, et d'un autre côté les soudoyés de Denys embarrassés dans les rues de la ville par où ils avaient passé ne pouvaient arriver de longtemps à un endroit si éloigné, quoiqu'ils en eurent l'intention. Les habitants de Géla leur prêtèrent bien aussi quelque secours par une sortie, mais craignant de laisser leurs murailles sans défense, ils ne voulurent pas s'en éloigner ; et leur secours ne fut ainsi qu'une légère diversion. [5] Pendant ce délai et ces incertitudes, les Espagnols et les Campaniens qui servaient sous les Carthaginois, tombèrent en grand nombre sur les Grecs d'Italie et en tuèrent plus de mille. Mais comme ceux qui étaient demeurés dans les vaisseaux accablaient de traits les Carthaginois, que la chaleur de leur attaque avaient amenés à leur portée, le reste des Siciliens eut le temps de se sauver dans la ville. [6] D'un autre côté le corps des Siciliens commandé pour le côté gauche de Géla, avait eu l'avantage sur les Carthaginois, en avait mis par terre un grand, nombre et avait repoussé les autres jusques dans leur camp. Mais les Espagnols et les Campaniens, étant venus à leur secours, les Siciliens en cette dernière rencontre perdirent près de six cents hommes, et se réfugièrent dans Géla. [7] La cavalerie qui avait eu ordre de les soutenir les voyant défaits, chercha aussi la même retraite et arriva aux portes toujours harcelée par les ennemis qu'elle avait en queue. Denys, lui-même, qui n'était parvenu jusque-là qu'avec beaucoup de peine, voyant toute son armée battue, se renferma avec elle 111 et faisant assembler le conseil de guerre, on y délibéra sur la situation présente des choses. L'avis unanime fut que le lieu n'était pas favorable pour consulter sur ce qu'on avait à faire dans toute la suite de cette guerre. Ainsi l'on se contenta d'envoyer dès le soir même un héraut aux ennemis, pour leur demander la permission d'enlever leurs morts le lendemain. Aussitôt Denys, fit sortir de la ville toutes ses troupes, et lui-même partit à minuit en laissant là deux mille hommes légèrement armés. [2] Il avait chargé ces derniers de tenir des feux allumés toute la nuit et de faire assez de bruit pour donner lieu aux ennemis de croire que lui-même était encore dans Géla. Mais dès la pointe du jour, ils en sortirent eux-mêmes et allèrent joindre Denys. Les Carthaginois bientôt instruits de cette manoeuvre, se jetèrent bientôt dans la ville, où ils pillèrent toutes les maisons. [3] En même temps Denys arrivant à Camarine, obligea tous les habitants, jusqu'aux enfants et jusqu'aux femmes à le suivre à Syracuse : et comme la crainte les avait saisis tous également, les uns emportaient avec eux leur or et leur argent et quelques autres hardes dont ils pouvaient se charger ; et les autres ne songeant qu'à sauver leurs femmes et leurs enfants, avaient abandonné tout le reste. Un grand nombre de vieillards et de malades fut laissé à la discrétion des Carthaginois, que chacun croyait déjà voir devant soi. [4] L'exemple récent de Selinunte, d'Himère et d'Agrigente frappait tous les esprits et il leur semblait déjà qu'ils allaient essuyer toutes les cruautés des Carthaginois. En effet ces barbares n'avaient aucune compassion de leurs captifs, ils mettaient en croix les uns et accablaient les autres des outrages les plus sanglants. [5] Les soldats mêmes de Denys voyant les femmes, les enfants et tout le peuple de Géla et de Camarine, errant ainsi misérablement dans la campagne, avaient compassion de leur sort. [6] Ils étaient touchés de voir des enfants de famille et surtout des jeunes filles, en âge d'être mariées, conduites ou marchant au hasard dans les grands chemins ou à travers les champs, privées par la rigueur ou par la crainte d'un sort affreux, de la déférence qui leur était due ou de la bienséance, qu'elles devaient elles-mêmes à leur âge, à leur sexe et à leur condition. Ils n'avaient pas moins de compassion pour les vieillards, obligés malgré leur faiblesse et leurs infirmités de marcher du même pas que les jeunes gens. 112 Ce spectacle les enflammait de colère et d'indignation contre leur chef, et ils soupçonnaient Denys d'avoir laissé venir tout exprès les choses à cette extrémité et de vouloir profiter de la terreur qu'imprimaient les Carthaginois, pour se rendre maître sans aucun effort de sa part, de toutes les villes de la Sicile. [2] Ils remarquaient combien l'assistance qu'il avait fait semblant d'apporter aux habitants de Géla avait été faible et imparfaite, avec qu'elle attention il avait épargné ses soudoyés, et de quel léger désavantage il avait fait le prétexte d'une retraite prématurée. Ils faisaient même observer que les Carthaginois ne s'étaient point mis en peine de le poursuivre : indice de son intelligence avec eux. En un mot, ils donnaient à entendre, que les dieux semblaient avoir préparé à ceux qui songeaient depuis longtemps à secouer le joug de la tyrannie, le moment le plus favorable pour l'exécution de leur dessein. [3] Les Italiens l'abandonnèrent les premiers en se retirant à travers les terres de la Sicile, dans leur patrie. La cavalerie de Syracuse chercha d'abord si elle ne pourrait point venir à bout d'égorger le tyran. Mais voyant que ses soudoyés ne s'écartaient jamais de sa personne, ils se hâtèrent d'arriver avant lui à Syracuse, [4] où les sentinelles de la marine ne sachant point encore ce qui s'était passé à Géla, les reçurent sans aucune difficulté ; les cavaliers allèrent de ce pas à la maison de Denys, qui était pleine d'or et d'argent, et de beaucoup d'autres richesses, dont ils ne laissèrent rien. Mais de plus s'étant saisis de sa femme, ils lui firent de si sanglants outrages que Denys extraordinairement indigné, jugea que la vengeance qu'on avait prise sur elle était le signe d'une conspiration générale faite contre son gouvernement et contre lui. [5] Denys était encore en chemin quand il apprit ces fâcheuses nouvelles ; aussitôt il choisit ce qu'il avait de plus fidèle entre ses gens de pied ou de cheval et se hâta d'arriver à Syracuse, persuadé qu'il ne viendrait à bout de son dessein que par une extrême diligence, et qu'il ne pourrait opprimer les cavaliers révoltés, qu'en tombant tout d'un coup sur eux. C'est ce qui arriva en effet. [6] Ceux-ci pensaient bien que Denys ne demeurerait point dans un camp, mais ils ne s'imaginaient pas non plus qu'il put être si tôt à Syracuse. S'assurant ainsi du succès de leur entreprise, ils publièrent qu'il avait paru sortir de Géla par la crainte qu'il avait des Carthaginois, mais qu'au fond il craignait encore plus les habitants de Syracuse. 113 Cependant Denys ayant fait d'une seule traite plus de huit lieues, arriva à minuit devant la porte de l'Acradine avec cent cavaliers et six cents hommes de pied. La trouvant fermée, il fit apporter des marais voisins une quantité prodigieuse de ces roseaux, dont on se sert à Syracuse pour faire la chaux. [2] Pendant que la porte brûlait ceux de ses gens qui étaient demeurés derrière les autres eurent le temps d'arriver : dès qu'elle eut été consumée, il entra de vive force avec tout son monde dans l'Acradine. À cette nouvelle, les plus vigoureux des cavaliers n'attendirent pas qu'ils fussent soutenus par la multitude, et en quelque petit nombre qu'ils se trouvassent, ils se mirent en devoir de repousser l'ennemi commun. Mais comme ils s'étaient rendus tous ensemble dans la place publique, les soudoyés du tyran les environnèrent et les percèrent tous de leurs lances. [3] Aussitôt Denys conduisant ses exécuteurs dans les différentes rues de Syracuse, ils tuèrent indifféremment tous ceux qui venaient à leur rencontre. Il entra ensuite dans les maisons des citoyens qu'il savait lui être contraires ; il en fit égorger les uns, et fit mettre les autres hors de la ville. Il employait cependant la plus forte partie de sa cavalerie à assiéger cette forteresse placée hors des murailles, que nous appellons aujourd'hui l'Acradine. [4] Au lever du soleil, le reste des soudoyés du tyran et tout le corps des Siciliens arriva Syracuse. Mais pour les habitants de Géla et de Camarine qui haïssaient Denys, ils s'étaient retirés chez les Leontins. 114 Alors Hamilcar qui crut que la paix convenait à la situation de ses affaires, envoya un héraut à Syracuse pour la proposer aux vaincus. Denys fut charmé de cette avance et l'on traita à ces conditions : savoir, qu'outre le pays qui appartenait déjà aux Carthaginois dans la Sicile, ils auraient encore à eux tout le territoire des Sicaniens, Selinunte, Agrigente et Himère ; qu'à l'égard de Géla et de Camarine, les habitants de l'une et de l'autre pouvaient habiter dans leurs villes, pourvu qu'elles fussent sans murailles et qu'elles payassent tribut aux Carthaginois. Que les citoyens de Leontium, de Messine et de toutes les autres villes de la Sicile se gouverneraient elles-mêmes, à l'exception de Syracuse, qui demeurerait sous la domination de Denys. Enfin, que l'on rendrait de part et d'autre les prisonniers et les navires. [2] Ce traité ayant été signé, les Carthaginois s'en retournèrent chez eux, après avoir perdu plus de la moitié de leur armée par les maladies. Et la peste continuant dans l'Afrique après leur retour, emporta encore un très grand nombre, tant dans leurs propres soldats que de ceux de leurs alliés. [3] Pour nous étant arrivés à la fin des deux guerres, l'une des Grecs dans le Péloponnèse et l'autre des Carthaginois dans la Sicile, nous avons rempli le sujet que nous nous étions proposé dans ce Livre et nous renvoyons les faits qui les suivirent au livre suivant.

Fin du XIIIe livre et du tome III