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HISTOIRE UNIVERSELLE DE DIODORE DE SICILE

traduite en français par Monsieur l'Abbé TERRASSON

LIVRE PREMIER.  SECTION PREMIÈRE. - SECTION DEUXLIVRE SECOND - LIVRE TROISIÈME

LIVRE QUATRIÈME - LIVRE CINQUIÈME - LIVRE SIXIÈME - LIVRE ONZIÈME - LIVRE DOUZIÈME

texte français uniquement

texte grec uniquement

Tome troisième

LIVRE TREIZIÈME.

Paris 1744

 (1-23) (suite)

I. Avant propos.
II. Préparatifs immenses faits à Athènes, pour la guerre de Sicile, à laquelle on donne pour Chefs Alcibiade, Nicias et Lamachus. Mutilation faite pendant la nuit aux statues de Mercure, de laquelle Alcibiade est soupçonné sans preuve. Les Athéniens disposent d'avance des divers cantons de la Sicile. Départ de la flotte, et sa route.
III. Les différentes villes de la Sicile se partagent de sentiments sur cette guerre. Elles voudraient toutes se défendre: Mais quelques-unes qui craignent les Athéniens se disposent à demeurer neutres. L'accusation portée contre Alcibiade se réveille. On envoie un vaisseau pour le prendre, et le ramener. Il s'embarque dans un autre avec ses coaccusés, et se réfugie à Lacédémone, où il rend de mauvais offices aux Athéniens.
IV. Les Athéniens déjà reçus dans Catane, emploient la ruse pour se rendre maîtres de la Côte voisine du port de Syracuse. Quoiqu'ils fassent perdre quelques soldats à leurs ennemis, ils croient devoir revenir encore à Catane; et ils demandent de nouveaux secours à Athènes. Syracuse de son côté a recours à Lacédémone et à Corinthe, qui se prétend à leurs instances. Lacédémone en particulier leur envoie avec des troupes le commandant Gylippe; qui se distinguera dans la suite en plus d'un sens. Lamachus est tué dans un combat, et Nicias demeuré seul à la tête des Athéniens, demande non seulement de nouvelles forces, mais d'autres généraux pour l'aider.
V. Les Lacédémoniens conduits par leur roi Agis, et guidés par Alcibiade, s'emparent du port de Décélie dans l'Attique: ce qui n'empêche pas les Athéniens d'envoyer encore trente vaisseaux dans la Sicile. Tandis que les troupes Athéniennes s'y préparent à un combat naval, et que pour s'y rendre, elles abandonnent les postes qu'elles avaient déjà pris sur terre, les Syracusains s'y jettent, et y font un grand pillage. Cet incident dérange les deux partis; de sorte que les Syracusains ont l'avantage sur terre, et les Athéniens sur mer.
VI. Les Athéniens qui attendaient de leur république un nouveau secours de vaisseaux, sont engagés avant son arrivée, par les raillerie de leurs ennemis, à un combat naval où ils ont battus. Eurymedon et Démosthène arrivent enfin avec une flotte de trois cents dix vaisseaux, qui jettent la consternation dans l'âme des Syracusains. Les Athéniens pénètrent jusque dans la Citadelle de l'Epipole. On vient pourtant à bout de les en chasser avec une grande perte de leur part. L'humidité du lieu où ils campaient au dehors y produit même la peste, et dès lors ils proposent de s'en retourner. Nicias s'oppose d'abord à cet avis, et s'y rend bientôt après.
VII. Le départ des Athéniens est retardé par une éclipse de lune, sur l'avis des devins, auxquels Nicias déferait beaucoup. Ce délai donne lieu à un combat funeste pour les Athéniens: Ils y perdent leur commandant Eurymedon. Les vaisseaux syracusains forment dans leur rade une vaste chaîne qui enferme toute la flotte athénienne, et toutes les troupes qu'elle avait postées sur les rivages de la Sicile. Les Athéniens entreprennent de rompre cette chaîne dans un combat de terre et de mer, qui doit être la dernière ressource de leur salut. Description circonstanciée de cette entreprise, dans laquelle les Athéniens succombent.
VIII. Les Athéniens ne songeant plus qu'à leur retraite, prennent le parti de brûler le peu de vaisseaux qui leur restaient, pour se réfugier dans les villes de la Sicile qui leur étaient alliées. Un faux avis qu'on leur fait porter, les jette encore dans un délai qui leur est fatal. On a le temps de leur fermer toutes les issues, dans l'une desquelles on leur tue encore dix-huit mille hommes, et l'on en prend sept mille vivants; entre lesquels se trouvèrent les deux généraux Nicias et Démosthène. Le Syracusain Nicolaüs, quoiqu'il eut perdu ses deux fils pendant le siège, propose de traiter humainement les vaincus. Mais Gylippe de Lacédémone s'y oppose.
IX. Harangue de Nicolaus.
X. Harangue de Gylippe, en conséquence laquelle on fait mourir les deux généraux athéniens, et l'on envoie tout le reste aux carrières.
XI. La nouvelle de ce désastre fait donner le gouvernement dans Athènes à quatre cents hommes choisis. Syracuse renouvelle son alliance avec Lacédémone. Digression au sujet du législateur Dioclès.
XII. Après quelques mauvais succès des Athéniens dans la Grèce, suite de leur infortune en Sicile; Alcibiade entreprend de les relever, avant même que de rentrer dans sa patrie. Le fruit de ses soins fut une bataille gagnée sur les Spartiates entre Sestos et Abydos, et suivie bientôt après, d'un naufrage de cinquante vaisseaux dont il ne se sauva que douze Lacédémoniens au pied des rochers du mont Athos. Alcibiade enfin absous de toutes les accusations portées contre lui, sert la République par lui-même.
XIII. Les habitants de Segeste qui avaient attiré les Athéniens en Sicile, craignant qu'on ne voulut se venger sur eux du danger où ils avaient mis l'île entière, souffrent d'abord quelques injustices de la part des Selinuntins alliez de Syracuse, et recherchent ensuite la protection de Carthage. Ce fut là le commencement de la guerre des Carthaginois contre la Sicile. On en confia le soin à l'ancien Hannibal, petit fils de cet Hamilcar que Gélon avait fait poignarder dans son propre camp;
XIV. Il se donne entre Sestos, occupé par les Athéniens et Abydos où résidaient les Lacédémoniens, un second combat naval, dont l'arrivée d'Alcibiade détermine le succès en faveur d'Athènes. Le Satrape Pharnabase continue de favoriser Lacédémone, et s'explique sur quelques sujets de défiance qu'il avait donnés.
XV. Les habitants de l'Eubée qui avaient abandonné le parti d'Athènes, et qui commençaient à la craindre, persuadent aux Béotiens de combler l'Euripe par une chaussée qui joignit l'Eubée à la Béotie. Les Béotiens agréent cette proposition, et l'on ne laisse à cette chaussée que le passage d'un seul vaisseau dans son milieu, recouvert par dessus d'un pont de bois. L'Athénien Théramène s'oppose en vain à ce travail, soutenu pendant sa durée par un grand nombre de soldats.
XVI. Dissensions funestes dans l'Île de Corcyre, au sujet de l'aristocratie et de la démocratie. L'expérience de leurs propres maux engage les deux partis à se réconcilier. Archelaüs Roi de Macédoine transporte à vingt stades loin de la mer, la ville de Pydne, qui s'était révoltée contre lui. Détail d'un grand combat de terre et de mer, où les Spartiates, quoique soutenus par Pharnabase, perdent leur général Mindarus, et sont enfin absolument défaits par les commandants Athéniens, entre lesquels était Alcibiade. Ils envoient proposer la paix à Athènes par l'ambassadeur Endius, dont la harangue est ici rapportée. Les Athéniens lui refusent sa demande; et se jettent par là dans une longue suite de maux.
XVII. Hannibal entre dans la Sicile par le Promontoire de Lilybée. Description du siège, de la prise, et du sac de Selinunte. Le vainqueur en considération d'un certain Empedion qui avait toujours invité ses concitoyens à ne point entrer en guerre avec les Carthaginois, rend à ceux qui restaient en vie toutes leurs richesses, et permet aux fugitifs de revenir dans la ville, et d'en cultiver les environs comme auparavant.
XVIII. Hannibal se dispose au siège d'Himère avec encore plus d'animosité qu'il n'avait fait celui de Selinunte; parce que son aïeul Hamilcar avait été immolé autrefois par Gélon devant cette première ville. Description de ce second siège. Les Himériens se défendent mieux, et sont mêmes soutenus par quelques secours de Syracuse, sous la conduite de Dioclès, qui retourne dans cette capitale, avec une partie de ses troupes; de peur que l'ennemi n'aille l'attaquer pendant leur éloignement. Himère étant prise, Hannibal en fait immoler trois mille citoyens restés vivants, aux mânes de son aïeul.
XIX. Hermocrate, un des trois chefs, nommé ci-devant pour défendre Syracuse contre les Athéniens, ayant été exilé par une faction de sa ville, tente d'obtenir son retour par des exploits remarquables contre les villes carthaginoises de la Sicile. Pendant que les Athéniens font du côté de l'Asie quelques entreprises plus ou moins considérables, ou d'un succès plus ou moins heureux; les Lacédémoniens reprennent la citadelle de Pylos en Messénie, dont les Athéniens s'étaient rendus maîtres quinze ans auparavant. mouvements en différentes villes grecques, toujours favorisés par l'une ou par l'autre des deux Républiques principales.
XX. Alcibiade qui avait eu une grande part aux différents succès des Athéniens sur la mer Égée, ou sur les côtes de l'Asie, est reçu dans Athènes avec des acclamations extraordinaires, mais qui seront de peu de durée. Il repart pour l'île d'Andros, où il remporte encore une victoire. Les Spartiates de leur côté choisissent pour chef Lysander le plus habile de leurs Capitaines. Celui-ci bat sur mer Antiochus, Lieutenant d'Alcibiade, qui malgré la défense de son général, avait voulu se signaler par quelque exploit en son absence. D'un autre côté Agis, roi de Lacédémone, s'avance jusqu'à Decelie dans l'Attique même, d'où il se retire, après avoir fait beaucoup de ravage.
XXI. Alcibiade, qui voulait enrichir sa flotte, fait une mauvaise querelle à la ville de Cumes, alliée des Athéniens. Les habitants portent leurs plaintes à Athènes contre ce général, qu'ils accusent même de s'entendre avec les Lacédémoniens et avec Pharnabase. A cette accusation qui regardait le public, on en joint d'autres qui regardaient des particuliers. On lui substitue dix généraux, dont Conon, qui est le premier, va prendre le commandement de sa flotte; et Alcibiade se retire en Thrace. Les trois villes de l'île de Rhodes se réunissent en une seule, qui prend le nom de l'île même.
XXII. Hermocrate ramène de Selinunte en pompe funèbre tous les corps des Syracusains qu'il avait pu trouver, et les fait recevoir dans Syracuse, en se tenant lui-même dehors, comme banni. Dioclès qui s'opposait à la sépulture de ces morts est banni lui-même, sans qu'on reçut encore Hermocrate: mais le reste de ses gens étant arrivé, il entra et fut tué dans la place publique, avec une partie de ses adhérents. Denys qu'on verra dans la suite tyran de Syracuse, et qui suivait Hermocrate échappa à ce tumulte.
XXIII. Les Lacédémoniens opposent à Conon, Callicratidès, qui passait pour le plus juste des Spartiates. Les deux généraux ennemis ont, par leur sage conduite, des avantages réciproques l'un sur l'autre. Callicratidès se saisit de trente vaisseaux athéniens, dont l'équipage avait eu le temps de se jeter sur le rivage de Mitylene dans l'Île de Lesbos, et Conon demeure maître de cette ville, malgré tous les efforts des Spartiates.
XXIV. Descente d'Hannibal et d'Imilcar en Sicile. Détail du siège d'Agrigente, jusqu'à sa prise. Ample description des richesses, de la magnificence, et même du luxe de cette ville, fameuse d'ailleurs par l'hospitalité de ses citoyens. Soupçons d'infidélité contre les officiers militaires de Syracuse, envoyez au secours d'Agrigente.
XXV. Denys profite de la frayeur que la prise d'Agrigente avait jetée dans toute la Sicile, et jusque dans Syracuse, pour arriver à la tyrannie en cette dernière ville, où il était né de parents obscurs, et où lui-même avait fait le métier de scribe. Ses harangues pleines de suppositions et de calomnies, font périr les plus puissants et les plus riches. Il parvient d'abord à se faire donner à lui seul toute l'autorité militaire, et par une garde de six cents hommes que lui accordent les troupes, l'autorité la plus absolue, et de la plus longue durée, dont l'histoire eut fourni l'exemple dans un tyran.
XXVI. Récit de la fameuse bataille navale des Arginuses, où l'on vit en mer trois cents vaisseaux, ou Athéniens, ou Spartiates. Les chefs de l'un et de l'autre parti sont avertis par des devins, ou par des songes, qu'ils y périront. Le spartiate Callicratidès y est tué en effet, ayant nommé d'avance Cléarque pour son successeur. On fait exécuter à Athènes, par une sentence cruelle et extravagante, cinq des généraux athéniens, pour n'avoir pas fait la recherche des morts qu'ils n'avaient omise que pour achever et assurer la victoire: mais ils avaient aussi eu le tort de vouloir rejeter cet oubli sur leurs deux premiers chefs, Thrasybule et Théramène.
XXVII. Les Athéniens après cette exécution de leurs Généraux, donnent le Commandement de leur flotte à Philoclès, pour agir de concert avec Conon, qu'il va joindre à Samos. Le spartiate Lysander obtient de grosses sommes du jeune Cyrus, qui lui laisse même l'administration de ses provinces, en allant à la cour du roi Darius son père. Lysander muni par là de grandes richesses attaque le long des côtes de l'Asie différentes villes alliées aux Athéniens, où il exerce, où favorise de grandes cruautés, et d'où il revient dans l'Attique. Alcibiade se présente aux généraux de la flotte d'Athènes, et leur offre ses services, qu'ils ne veulent pas recevoir. Lysander met les Athéniens en déroute par mer et par terre, le long des côtes de l'Asie. Il fait égorger Philoclès à Lampsaque, et Conon se réfugie chez Evagoras en Chypre: le lacédémonien Gylippe qui a paru dans le siège de Syracuse, chargé par Lysander, de porter à Lacédémone l'argent pris sur les ennemis, en soustrait une partie. Il est condamné à mort, et s'enfuit: la même chose était arrivée à son père. Les Athéniens pressés par la famine demandent humblement la paix aux Spartiates. Telle fut la fin de la guerre du Péloponnèse.
XXVIII. Imilcar forme le siège de Gela en Sicile, où les femmes et les enfants mêmes se défendent courageusement. Denys se résout à aller au secours de Gela; et il met en effet quelque désordre dans l'armée des assiégeants. Mais il reprend bientôt le chemin de Syracuse. La plupart de ses soldats indignés de cette retraite, le soupçonnent d'intelligence avec l'ennemi. Ils songent à secouer le joug; et se rendent avant lui à Syracuse, où ils pillent sa maison dans l'Acradine, et font à sa femme, les plus sanglants outrages. Mais Denys arrivé lui-même dissipe cette faction, par le secours de ses satellites et du reste de son armée qu'il ramenait. Il accepte de la part d'Imilcar un traité de paix, par lequel les conquêtes des Carthaginois leur demeureront; Gela sera rendue à ses citoyens, sans murailles; et Syracuse appartiendra toujours à Denys.

1. Εἰ μὲν ὅμοια τοῖς ἄλλοις ἱστορίαν ἐπραγματευόμεθα, σχεδὸν ἦν ἐν τῷ προοιμίῳ περί τινων διαλεχθέντας ἐφ' ὅσον ἦν εὔκαιρον, οὕτως ἐπὶ τὰς συνεχεῖς πράξεις μεταβιβάζειν τὸν λόγον· ὀλίγον γὰρ χρόνον ἀπολαβόντες τῇ γραφῇ, τὴν ἀναστροφὴν ἂν εἴχομεν τὸν ἀπὸ τῶν προοιμίων καρπὸν προσλαμβάνεσθαι· [2] πεὶ δὲ ἐν ὀλίγαις βίβλοις ἐπηγγειλάμεθα μὴ μόνον τὰς πράξεις ἐφ' ὅσον ἂν δυνώμεθα γράψειν, ἀλλὰ καὶ περιλήψεσθαι χρόνον πλείονα τῶν χιλίων καὶ ἑκατὸν ἐτῶν, ἀναγκαῖόν ἐστι τὸν πολὺν λόγον τῶν προοιμίων παραπέμψαντας ἐπ' αὐτὰς ἔρχεσθαι τὰς πράξεις, τοῦτο μόνον προειπόντας, ὅτι κατὰ μὲν τὰς προηγουμένας ἓξ βίβλους ἀνεγράψαμεν τὰς ἀπὸ τῶν Τρωικῶν πράξεις ἕως εἰς τὸν ὑπὸ τῶν ᾿Αθηναίων ψηφισθέντα πόλεμον ἐπὶ Συρακοσίους, εἰς ὃν ἀπὸ Τροίας ἁλώσεως ἐστὶν ἔτη ἑπτακόσια ἑξήκοντα ὀκτώ· [3] ν ταύτῃ δὲ προσαναπληροῦντες τὸν συνεχῆ χρόνον, ἀρξόμεθα μὲν ἀπὸ τῆς ἐπὶ Συρακοσίους στρατείας, καταλήξομεν δ' ἐπὶ τὴν ἀρχὴν τοῦ δευτέρου πολέμου Καρχηδονίοις πρὸς Διονύσιον τὸν Συρακοσίων τύραννον. 
2. π' ἄρχοντος γὰρ ᾿Αθήνησι Χαβρίου ῾Ρωμαῖοι μὲν ἀντὶ τῶν ὑπάτων κατέστησαν χιλιάρχους τρεῖς, Λεύκιον Σέργιον, Μάρκον Παπίριον, Μάρκον Σερουίλιον. πὶ δὲ τούτων ᾿Αθηναῖοι ψηφισάμενοι τὸν πρὸς Συρακοσίους πόλεμον τάς τε ναῦς ἐπεσκεύασαν καὶ χρήματα συναγαγόντες μετὰ πολλῆς σπουδῆς ἅπαντα τὰ πρὸς τὴν στρατείαν παρεσκευάζοντο. ᾑρημένοι δὲ τρεῖς στρατηγούς, ᾿Αλκιβιάδην, Νικίαν, Λάμαχον, αὐτοκράτορας αὐτοὺς κατέστησαν ἁπάντων τῶν κατὰ τὸν πόλεμον. [2] Tῶν δὲ ἰδιωτῶν οἱ ταῖς οὐσίαις εὐποροῦντες τῇ προθυμίᾳ τοῦ δήμου χαρίζεσθαι βουλόμενοι τινὲς μὲν ἰδίας τριήρεις κατεσκεύασαν, τινὲς δὲ χρήματα δώσειν εἰς τὰς τροφὰς τῆς δυνάμεως ἐπηγγέλλοντο· πολλοὶ δὲ καὶ τῶν δημοτικῶν πολιτῶν καὶ ξένων, ἔτι δὲ συμμάχων, ἑκουσίως προσιόντες τοῖς στρατηγοῖς διεκελεύοντο καταγράφειν ἑαυτοὺς εἰς τοὺς στρατιώτας. οὕτως ἅπαντες μεμετεωρισμένοι ταῖς ἐλπίσιν ἐξ ἑτοίμου κατακληρουχεῖν ἤλπιζον τὴν Σικελίαν. [3] δη δὲ τοῦ στόλου παρεσκευασμένου, τοὺς ἑρμᾶς τοὺς κατὰ τὴν πόλιν παμπληθεῖς ὄντας συνέβη ἐν μιᾷ νυκτὶ περικοπῆναι. μὲν οὖν δῆμος, οὐχ ὑπὸ τῶν τυχόντων νομίσας γεγενῆσθαι τὴν πρᾶξιν, ἀλλ' ὑπὸ τῶν προεχόντων ταῖς δόξαις ἐπὶ τῇ καταλύσει τῆς δημοκρατίας, ἐμισοπονήρει καὶ τοὺς πράξαντας ἐζήτει μεγάλας δωρεὰς προθεὶς τῷ μηνύσαντι. [4] Προσελθὼν δέ τις τῇ βουλῇ τῶν ἰδιωτῶν ἔφησεν εἰς οἰκίαν μετοίκου τινὰς ἑωρακέναι τῇ νουμηνίᾳ περὶ μέσας νύκτας εἰσιόντας, ἐν οἷς καὶ τὸν ᾿Αλκιβιάδην. νακρινόμενος δ' ὑπὸ τῆς βουλῆς, πῶς νυκτὸς οὔσης ἐπεγίνωσκε τὰς ὄψεις, ἔφησε πρὸς τὸ τῆς σελήνης φῶς ἑωρακέναι. οὗτος μὲν οὖν αὑτὸν ἐξελέγξας κατεψευσμένος ἠπιστήθη, τῶν δ' ἄλλων οὐδ' ἴχνος οὐδεὶς τῆς πράξεως εὑρεῖν ἠδυνήθη.
[5] Τριήρων μὲν ἑκατὸν τεσσαράκοντα ἑτοιμασμένων, ὁλκάδων δὲ καὶ τῶν ἱππαγωγῶν, ἔτι δὲ τῶν τὸν σῖτον καὶ τὴν ἄλλην παρασκευὴν κομιζόντων πολύς τις ἀριθμὸς ἦν· ὁπλῖται δὲ καὶ σφενδονῆται, πρὸς δὲ τούτοις ἱππεῖς καὶ τῶν συμμάχων πλείους τῶν ἑπτακισχιλίων ἐκτὸς τῶν ἐν τοῖς πληρώμασι. [6] Τότε μὲν οὖν οἱ στρατηγοὶ μετὰ τῆς βουλῆς ἐν ἀπορρήτῳ συνεδρεύοντες ἐβουλεύοντο, πῶς χρὴ διοικῆσαι τὰ κατὰ τὴν Σικελίαν, ἐὰν τῆς νήσου κρατήσωσιν. ἔδοξεν οὖν αὐτοῖς Σελινουντίους μὲν καὶ Συρακοσίους ἀνδραποδίσασθαι, τοῖς δ' ἄλλοις ἁπλῶς τάξαι φόρους, οὓς κατ' ἐνιαυτὸν οἴσουσιν ᾿Αθηναίοις.
3. Τῇ δ' ὑστεραίᾳ κατέβαινον οἱ στρατηγοὶ μετὰ τῶν στρατιωτῶν εἰς τὸν Πειραιέα, καὶ συνηκολούθει πᾶς ὁ κατὰ τὴν πόλιν ὄχλος ἀναμὶξ ἀστῶν τε καὶ ξένων, ἑκάστου τοὺς ἰδίους συγγενεῖς τε καὶ φίλους προπέμποντος. [2] Αἱ μὲν οὖν τριήρεις παρ' ὅλον τὸν λιμένα παρώρμουν κεκοσμημέναι τοῖς ἐπὶ ταῖς πρῴραις ἐπισήμασι καὶ τῇ λαμπρότητι τῶν ὅπλων· ὁ δὲ κύκλος ἅπας τοῦ λιμένος ἔγεμε θυμιατηρίων καὶ κρατήρων ἀργυρῶν, ἐξ ὧν ἐκπώμασι χρυσοῖς ἔσπενδον οἱ τιμῶντες τὸ θεῖον καὶ προσευχόμενοι κατατυχεῖν τῆς στρατείας. [3] ναχθέντες οὖν ἐκ τοῦ Πειραιέως περιέπλευσαν τὴν Πελοπόννησον καὶ κατηνέχθησαν εἰς Κόρκυραν· ἐνταῦθα γὰρ παραμένειν παρήγγελτο καὶ προσαναλαμβάνειν τοὺς παροίκους τῶν συμμάχων. πεὶ δ' ἅπαντες ἠθροίσθησαν, διαπλεύσαντες τὸν ᾿Ιόνιον πόρον πρὸς ἄκραν ᾿Ιαπυγίαν κατηνέχθησαν, κἀκεῖθεν ἤδη παρελέγοντο τὴν ᾿Ιταλίαν. [4] πὸ μὲν οὖν Ταραντίνων οὐ προσεδέχθησαν, Μεταποντίνους δὲ καὶ ῾Ηρακλειώτας παρέπλευσαν· εἰς δὲ Θουρίους κατενεχθέντες πάντων ἔτυχον τῶν φιλανθρώπων. ἐκεῖθεν δὲ καταπλεύσαντες εἰς Κρότωνα, καὶ λαβόντες ἀγορὰν παρὰ τῶν Κροτωνιατῶν, τῆς τε Λακινίας ῞Ηρας τὸ ἱερὸν παρέπλευσαν καὶ τὴν Διοσκουριάδα καλουμένην ἄκραν ὑπερέθεντο. [5] Μετὰ δὲ ταῦτα τὸ καλούμενόν τε Σκυλήτιον καὶ Λοκροὺς παρήλλαξαν, καὶ τοῦ ῾Ρηγίου καθορμισθέντες ἐγγὺς ἔπειθον τοὺς ῾Ρηγίνους συμμαχεῖν· οἱ δὲ ἀπεκρίναντο βουλεύσεσθαι μετὰ τῶν ἄλλων ᾿Ιταλιωτῶν. 
4. Συρακόσιοι δ' ἀκούσαντες ἐπὶ τοῦ πορθμοῦ τὰς δυνάμεις εἶναι τῶν ᾿Αθηναίων, στρατηγοὺς κατέστησαν αὐτοκράτορας τρεῖς, ῾Ερμοκράτην, Σικανόν, ῾Ηρακλείδην, οἳ τοὺς στρατιώτας κατέγραφον καὶ πρέσβεις ἐπὶ τὰς κατὰ Σικελίαν πόλεις ἀπέστελλον, δεόμενοι τῆς κοινῆς σωτηρίας ἀντιλαμβάνεσθαι· τοὺς γὰρ ᾿Αθηναίους τῷ μὲν λόγῳ πρὸς Συρακοσίους ἐνίστασθαι τὸν πόλεμον, τῇ δ' ἀληθείᾳ καταστρέψασθαι βουλομένους ὅλην τὴν νῆσον. [2] ᾿Ακραγαντῖνοι μὲν οὖν καὶ Νάξιοι συμμαχήσειν ἔφησαν ᾿Αθηναίοις, Καμαριναῖοι δὲ καὶ Μεσσήνιοι τὴν μὲν εἰρήνην ἄξειν ὡμολόγησαν, τὰς δ' ὑπὲρ τῆς συμμαχίας ἀποκρίσεις ἀνεβάλοντο· ῾Ιμεραῖοι δὲ καὶ Σελινούντιοι, πρὸς δὲ τούτοις Γελῷοι καὶ Καταναῖοι, συναγωνιεῖσθαι τοῖς Συρακοσίοις ἐπηγγείλαντο. Αἱ δὲ τῶν Σικελῶν πόλεις τῇ μὲν εὐνοίᾳ πρὸς Συρακοσίους ἔρρεπον, ὅμως δ' ἐν ἡσυχίᾳ μένουσαι τὸ συμβησόμενον ἐκαραδόκουν. [3] Τῶν δ' Αἰγεσταίων οὐχ ὁμολογούντων δώσειν πλέον τῶν τριάκοντα ταλάντων, οἱ στρατηγοὶ τῶν ᾿Αθηναίων ἐγκαλέσαντες αὐτοῖς ἀνήχθησαν ἐκ ῾Ρηγίου μετὰ τῆς δυνάμεως, καὶ κατέπλευσαν τῆς Σικελίας εἰς Νάξον. Δεξαμένων δ' αὐτοὺς τῶν ἐν τῇ πόλει φιλοφρόνως, παρέπλευσαν ἐκεῖθεν εἰς Κατάνην. [4] Τῶν δὲ Καταναίων εἰς μὲν τὴν πόλιν οὐ δεχομένων τοὺς στρατιώτας, τοὺς δὲ στρατηγοὺς ἐασάντων εἰσελθεῖν καὶ παρασχομένων ἐκκλησίαν, οἱ στρατηγοὶ τῶν ᾿Αθηναίων περὶ συμμαχίας διελέγοντο. [5] Δημηγοροῦντος δὲ τοῦ ᾿Αλκιβιάδου τῶν στρατιωτῶν τινες διελόντες πυλίδα παρεισέπεσον εἰς τὴν πόλιν· δι' ἣν αἰτίαν ἠναγκάσθησαν οἱ Καταναῖοι κοινωνεῖν τοῦ κατὰ τῶν Συρακοσίων πολέμου. 
5. Τούτων δὲ πραττομένων οἱ κατὰ τὴν ἰδίαν ἔχθραν μισοῦντες τὸν ᾿Αλκιβιάδην ἐν ᾿Αθήναις, πρόφασιν ἔχοντες τὴν τῶν ἀγαλμάτων περικοπήν, διέβαλον αὐτὸν ἐν ταῖς δημηγορίαις ὡς συνωμοσίαν κατὰ τοῦ δήμου πεποιημένον. Συνελάβετο δ' αὐτῶν ταῖς διαβολαῖς τὸ πραχθὲν παρὰ τοῖς ᾿Αργείοις· οἱ γὰρ ἰδιόξενοι συνθέμενοι καταλῦσαι τὴν ἐν ῎Αργει δημοκρατίαν πάντες ὑπὸ τῶν πολιτῶν ἀνῃρέθησαν. [2] Πιστεύσας οὖν ὁ δῆμος ταῖς κατηγορίαις, καὶ δεινῶς ὑπὸ τῶν δημαγωγῶν παροξυνθείς, ἀπέστειλε τὴν Σαλαμινίαν ναῦν εἰς Σικελίαν, κελεύων τὴν ταχίστην ἥκειν ᾿Αλκιβιάδην ἐπὶ τὴν κρίσιν. παραγενομένης οὖν τῆς νεὼς εἰς τὴν Κατάνην, ᾿Αλκιβιάδης, ἀκούσας τῶν πρέσβεων τὰ δόξαντα τῷ δήμῳ,τοὺς συνδιαβεβλημένους ἀναλαβὼν εἰς τὴν ἰδίαν τριήρη μετὰ τῆς Σαλαμινίας ἐξέπλευσεν. [3] πεὶ δ' εἰς Θουρίους κατέπλευσεν, εἴτε καὶ συνειδὼς αὑτῷ τὴν ἀσέβειαν ὁ ᾿Αλκιβιάδης εἴτε καὶ φοβηθεὶς τὸ μέγεθος τοῦ κινδύνου, μετὰ τῶν συνδιαβεβλημένων διαδρὰς ἐκποδὼν ἐχωρίσθη. Οἱ δ' ἐν τῇ Σαλαμινίᾳ νηὶ παραγενόμενοι τὸ μὲν πρῶτον ἐζήτουν τοὺς περὶ τὸν ᾿Αλκιβιάδην· ὡς δ' οὐχ εὕρισκον, ἀποπλεύσαντες εἰς ᾿Αθήνας ἀπήγγειλαν τῷ δήμῳ τὰ πεπραγμένα. [4] Οἱ μὲν οὖν ᾿Αθηναῖοι παραδόντες δικαστηρίῳ τοῦ τε ᾿Αλκιβιάδου καὶ τῶν ἄλλων τῶν συμφυγόντων τὰ ὀνόματα δίκην ἐρήμην κατεδίκασαν θανάτου. δ' ᾿Αλκιβιάδης ἐκ τῆς ᾿Ιταλίας διαπλεύσας ἐπὶ Πελοπόννησον ἔφυγεν εἰς Σπάρτην, καὶ τοὺς Λακεδαιμονίους παρώξυνεν ἐπιθέσθαι τοῖς ᾿Αθηναίοις. 
6.  Οἱ δ' ἐν Σικελίᾳ στρατηγοὶ μετὰ τῆς τῶν ᾿Αθηναίων δυνάμεως παραπλεύσαντες εἰς Αἴγεσταν, ῞Υκκαρα μὲν Σικελικὸν πολισμάτιον ἑλόντες ἐκ τῶν λαφύρων συνήγαγον ἑκατὸν τάλαντα· κομισάμενοι δὲ καὶ τριάκοντα τάλαντα παρὰ τῶν Αἰγεσταίων κατέπλευσαν εἰς Κατάνην. [2] Βουλόμενοι δὲ τὸν πρὸς τῷ μεγάλῳ λιμένι τόπον Συρακοσίων ἀκινδύνως καταλαβέσθαι, πέμπουσιν ἄνδρα Καταναῖον, ἑαυτοῖς μὲν πιστόν, τοῖς δὲ Συρακοσίων στρατηγοῖς πιθανόν,διακελευσάμενοι λέγειν τοῖς ἡγεμόσι τῶν Συρακοσίων, ὅτι τινὲς Καταναίων συστάντες βούλονται συχνοὺς τῶν ᾿Αθηναίων αὐλιζομένους ἀπὸ τῶν ὅπλων ἐν τῇ πόλει νυκτὸς ἄφνω συλλαβόντες τὰς ἐν τῷ λιμένι ναῦς ἐμπρῆσαι· πρὸς δὲ τὴν τούτων συντέλειαν ἀξιοῦν τοὺς στρατηγοὺς ἐπιφανῆναι μετὰ δυνάμεως, μήποτε τῆς ἐπιβολῆς ἀποτύχωσιν. [3] λθόντος δὲ τοῦ Καταναίου πρὸς τοὺς ἡγεμόνας τῶν Συρακοσίων καὶ δηλώσαντος τὰ προειρημένα, πιστεύσαντες περὶ τούτων οἱ στρατηγοὶ συνετάξαντο νύκτα καθ' ἣν ἐξάξουσι τὴν δύναμιν, καὶ τὸν ἄνθρωπον ἐξαπέστειλαν εἰς τὴν Κατάνην. [4] Οἱ μὲν οὖν Συρακόσιοι κατὰ τὴν τεταγμένην νύκτα ἦγον τὸ στρατόπεδον ἐπὶ τὴν Κατάνην, οἱ δὲ ᾿Αθηναῖοι παραπλεύσαντες εἰς τὸν μέγαν λιμένα τῶν Συρακοσίων μετὰ πολλῆς ἡσυχίας τοῦ τε ᾿Ολυμπίου κύριοι κατέστησαν καὶ πάντα τὸν περικείμενον τόπον καταλαβόμενοι παρεμβολὴν ἐποιήσαντο. [5] Οἱ δὲ στρατηγοὶ τῶν Συρακοσίων ὡς ᾔσθοντο τὴν ἀπάτην, ταχέως ἀναστρέψαντες προσέβαλον τῇ παρεμβολῇ τῶν ᾿Αθηναίων. ἐπεξελθόντων οὖν τῶν πολεμίων συνέστη μάχη, καθ' ἣν οἱ ᾿Αθηναῖοι τετρακοσίους τῶν ἐναντίων ἀνελόντες φυγεῖν ἠνάγκασαν τοὺς Συρακοσίους. [6] Οἱ δὲ τῶν ᾿Αθηναίων στρατηγοὶ θεωροῦντες τοὺς πολεμίους ἱπποκρατοῦντας, καὶ βουλόμενοι βέλτιον τὰ πρὸς τὴν πολιορκίαν κατασκευάσασθαι, πάλιν ἀπέπλευσαν εἰς τὴν Κατάνην. πέμψαντες δ' εἰς ᾿Αθήνας τινὰς ἔγραψαν πρὸς τὸν δῆμον ἐπιστολάς, ἐν αἷς ἠξίουν ἱππεῖς ἀποστεῖλαι καὶ χρήματα· πολυχρόνιον γὰρ ἔσεσθαι τὴν πολιορκίαν ὑπελάμβανον. Οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι τριακόσια τάλαντα καὶ τῶν ἱππέων τινὰς ἐψηφίσαντο πέμπειν εἰς τὴν Σικελίαν. [7] Τούτων δὲ πραττομένων Διαγόρας ὁ κληθεὶς ἄθεος, διαβολῆς τυχὼν ἐπ' ἀσεβείᾳ καὶ φοβηθεὶς τὸν δῆμον, ἔφυγεν ἐκ τῆς ᾿Αττικῆς· οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι τῷ ἀνελόντι Διαγόραν ἀργυρίου τάλαντον ἐπεκήρυξαν.
[8] Κατὰ δὲ τὴν ᾿Ιταλίαν ῾Ρωμαῖοι πρὸς Αἴκους πόλεμον ἔχοντες Λαβικοὺς ἐξεπολιόρκησαν. ταῦτα μὲν οὖν ἐπράχθη κατὰ τοῦτον τὸν ἐνιαυτόν. 
7. π' ἄρχοντος δ' ᾿Αθήνησι Τισάνδρου ῾Ρωμαῖοι μὲν ἀντὶ τῶν ὑπάτων χιλιάρχους κατέστησαν τέτταρας, Πόπλιον Λοκρήτιον, Γάιον Σερουίλιον, ᾿Αγρίππαν Μενήνιον, Σπούριον Οὐετούριον. πὶ δὲ τούτων Συρακόσιοι πρέσβεις ἀποστείλαντες εἴς τε Κόρινθον καὶ Λακεδαίμονα παρεκάλουν βοηθῆσαι καὶ μὴ περιορᾶν αὐτοὺς περὶ τῶν ὅλων κινδυνεύοντας. [2] Συνηγορήσαντος δ' αὐτοῖς ᾿Αλκιβιάδου Λακεδαιμόνιοι μὲν ψηφισάμενοι βοηθεῖν τοῖς Συρακοσίοις στρατηγὸν εἵλοντο Γύλιππον, Κορίνθιοι δὲ πλείονας μὲν τριήρεις παρεσκευάζοντο πέμπειν, τότε δὲ μετὰ Γυλίππου Πύθην μετὰ δύο τριήρων προαπέστειλαν εἰς Σικελίαν. [3] ν δὲ τῇ Κατάνῃ Νικίας καὶ Λάμαχος οἱ τῶν ᾿Αθηναίων στρατηγοί, παραγενομένων αὐτοῖς ἐξ ᾿Αθηνῶν ἱππέων μὲν διακοσίων πεντήκοντα, ἀργυρίου δὲ ταλάντων τριακοσίων, ἀναλαβόντες τὴν δύναμιν ἔπλευσαν εἰς Συρακούσας. Καὶ προσενεχθέντες τῇ πόλει νυκτὸς ἔλαθον τοὺς Συρακοσίους καταλαβόμενοι τὰς ᾿Επιπολάς. αἰσθόμενοι δ' οἱ Συρακόσιοι κατὰ τάχος ἐβοήθουν, καὶ ἀποβαλόντες τῶν στρατιωτῶν τριακοσίους εἰς τὴν πόλιν συνεδιώχθησαν. [4] Μετὰ δὲ ταῦτα παραγενομένων τοῖς ᾿Αθηναίοις ἐξ Αἰγέστης τριακοσίων μὲν ἱππέων, παρὰ δὲ τῶν Σικελῶν ἱππέων διακοσίων πεντήκοντα, συνήγαγον ἱππεῖς τοὺς πάντας ὀκτακοσίους. κατασκευάσαντες δὲ περὶ τὸ Λάβδαλον ὀχύρωμα, τὴν πόλιν τῶν Συρακοσίων ἀπετείχιζον καὶ πολὺν φόβον τοῖς Συρακοσίοις ἐπέστησαν. [5] Διόπερ ἐπεξελθόντες ἐκ τῆς πόλεως ἐπεχείρησαν διακωλύειν τοὺς οἰκοδομοῦντας τὸ τεῖχος· γενομένης δ' ἱππομαχίας συχνοὺς ἀποβαλόντες ἐτράπησαν. Οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι τῷ μέρει τῆς δυνάμεως τὸν ὑπερκείμενον τοῦ λιμένος τόπον κατελάβοντο, καὶ τὴν καλουμένην Πολίχνην τειχίσαντες τό τε τοῦ Διὸς ἱερὸν περιεβάλοντο καὶ ἐξ ἀμφοτέρων τῶν μερῶν τὰς Συρακούσας ἐπολιόρκουν. [6] Τοιούτων δὲ ἐλαττωμάτων περὶ τοὺς Συρακοσίους γενομένων ἠθύμουν οἱ κατὰ τὴν πόλιν· ὡς δ' ἤκουσαν Γύλιππον εἰς ῾Ιμέραν καταπεπλευκέναι καὶ στρατιώτας ἀθροίζειν, πάλιν ἐθάρρησαν. [7] γὰρ Γύλιππος μετὰ τεττάρων τριήρων καταπλεύσας εἰς ῾Ιμέραν τὰς μὲν ναῦς ἐνεώλκησε, τοὺς δ' ῾Ιμεραίους πείσας συμμαχεῖν τοῖς Συρακοσίοις, παρά τε τούτων καὶ Γελῴων, ἔτι δὲ Σελινουντίων καὶ Σικανῶν ἤθροιζε στρατιώτας. Συναγαγὼν δὲ τοὺς ἅπαντας τρισχιλίους μὲν πεζούς, διακοσίους δ' ἱππεῖς, διὰ τῆς μεσογείου παρῆγεν εἰς Συρακούσας.
8. Καὶ μετ' ὀλίγας ἡμέρας μετὰ τῶν Συρακοσίων ἐξήγαγε τὴν δύναμιν ἐπὶ τοὺς ᾿Αθηναίους. γενομένης δὲ μάχης ἰσχυρᾶς Λάμαχος ὁ τῶν ᾿Αθηναίων στρατηγὸς μαχόμενος ἐτελεύτησε· πολλῶν δὲ παρ' ἀμφοτέρων ἀναιρεθέντων ἐνίκησαν ᾿Αθηναῖοι. [2] Μετὰ δὲ τὴν μάχην παραγενομένων τρισκαίδεκα τριήρων ἐκ Κορίνθου, τοὺς ἐκ τῶν πληρωμάτων ἀναλαβὼν ὁ Γύλιππος μετὰ τῶν Συρακοσίων προσέβαλε τῇ παρεμβολῇ τῶν πολεμίων, καὶ τὰς ᾿Επιπολὰς ἐπολιόρκει. ἐξελθόντων δὲ τῶν ᾿Αθηναίων συνῆψαν μάχην οἱ Συρακόσιοι, καὶ πολλοὺς τῶν ᾿Αθηναίων ἀποκτείναντες ἐνίκησαν, καὶ δι' ὅλης τῆς ᾿Επιπολῆς τὸ τεῖχος κατέσκαψαν· οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι καταλιπόντες τὸν πρὸς ταῖς ᾿Επιπολαῖς τόπον πᾶσαν τὴν δύναμιν εἰς τὴν ἄλλην παρεμβολὴν μετήγαγον. [3] Τούτων δὲ πραχθέντων οἱ Συρακόσιοι μὲν πρέσβεις ἀπέστειλαν εἰς Κόρινθον καὶ Λακεδαίμονα περὶ βοηθείας· οἷς ἀπέστειλαν Κορίνθιοι μετὰ Βοιωτῶν μὲν καὶ Σικυωνίων χιλίους, Σπαρτιᾶται δ' ἑξακοσίους· [4] Γύλιππος δὲ περιπορευόμενος τὰς κατὰ Σικελίαν πόλεις πολλοὺς προετρέπετο συμμαχεῖν, καὶ λαβὼν στρατιώτας παρά τε τῶν ῾Ιμεραίων καὶ Σικανῶν τρισχιλίους ἦγε διὰ τῆς μεσογείου. Πυθόμενοι δὲ οἱ ᾿Αθηναῖοι τὴν παρουσίαν αὐτῶν, ἐπιθέμενοι τοὺς ἡμίσεις ἀνεῖλον· οἱ δὲ περιλειφθέντες διεσώθησαν εἰς Συρακούσας. [5] λθόντων δὲ τῶν συμμάχων οἱ Συρακόσιοι βουλόμενοι καὶ τῶν κατὰ θάλατταν ἀγώνων ἀντιποιεῖσθαι, τάς τε προϋπαρχούσας ναῦς καθείλκυσαν καὶ ἄλλας προσκατασκευάσαντες. ν τῷ μικρῷ λιμένι τὰς ἀναπείρας ἐποιοῦντο. [6] Νικίας δὲ ὁ τῶν ᾿Αθηναίων στρατηγὸς ἀπέστειλεν εἰς ᾿Αθήνας ἐπιστολάς, ἐν αἷς ἐδήλου ὅτι πολλοὶ πάρεισι σύμμαχοι τοῖς Συρακοσίοις, καὶ διότι ναῦς οὐκ ὀλίγας πληρώσαντες ναυμαχεῖν διέγνωσαν· κατὰ τάχος οὖν ἠξίου τριήρεις τε πέμπειν καὶ χρήματα καὶ στρατηγοὺς τοὺς συνδιοικήσοντας τὸν πόλεμον· ᾿Αλκιβιάδου μὲν γὰρ πεφευγότος, Λαμάχου δὲ τετελευτηκότος αὐτὸν μόνον ἀπολελεῖφθαι, καὶ ταῦτ' ἀσθενῶς διακείμενον. [7] Οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι μετ' Εὐρυμέδοντος μὲν τοῦ στρατηγοῦ δέκα ναῦς ἀπέστειλαν εἰς Σικελίαν καὶ ἀργυρίου τάλαντα ἑκατὸν τεσσαράκοντα περὶ τὰς χειμερινὰς τροπάς· περὶ δὲ τὴν ἐαρινὴν ὥραν παρεσκευάζοντο μέγαν στόλον ἀποστέλλειν. Διόπερ στρατιώτας τε πανταχόθεν παρὰ τῶν συμμάχων κατέγραφον καὶ χρήματα συνήθροιζον. [8] Κατὰ δὲ τὴν Πελοπόννησον οἱ Λακεδαιμόνιοι παροξυνθέντες ὑπὸ ᾿Αλκιβιάδου τὰς σπονδὰς ἔλυσαν τὰς πρὸς ᾿Αθηναίους, καὶ ὁ πόλεμος οὗτος διέμεινεν ἔτη δώδεκα.  
9. Τοῦ δὲ ἔτους τούτου διελθόντος Κλεόκριτος μὲν ἄρχων ᾿Αθηναίων ἦν, ἐν ῾Ρώμῃ δ' ἀντὶ τῶν ὑπάτων χιλίαρχοι τέτταρες ὑπῆρχον, Αὖλος Σεμπρώνιος καὶ Μάρκος Παπίριος, Κόιντος Φάβιος, Σπόριος Ναύτιος. [2] πὶ δὲ τούτων Λακεδαιμόνιοι μετὰ τῶν συμμάχων ἐνέβαλον εἰς τὴν ᾿Αττικήν, ῎Αγιδός ἡγουμένου καὶ ᾿Αλκιβιάδου τοῦ ᾿Αθηναίου. Καταλαβόμενοι δὲ χωρίον ὀχυρὸν Δεκέλειαν φρούριον ἐποίησαν κατὰ τῆς ᾿Αττικῆς· διὸ καὶ συνέβη τὸν πόλεμον τοῦτον Δεκελεικὸν προσαγορευθῆναι. ᾿Αθηναῖοι δὲ περὶ μὲν τὴν Λακωνικὴν τριάκοντα τριήρεις ἀπέστειλαν καὶ Χαρικλέα στρατηγόν, εἰς δὲ τὴν Σικελίαν ἐψηφίσαντο πέμπειν ὀγδοήκοντα μὲν τριήρεις, ὁπλίτας δὲ πεντακισχιλίους. [3] Οἱ δὲ Συρακόσιοι κρίναντες ναυμαχεῖν, καὶ πληρώσαντες ὀγδοήκοντα τριήρεις, ἐπέπλεον τοῖς πολεμίοις. Τῶν δὲ ᾿Αθηναίων ἑξήκοντα ναυσὶν ἀνταναχθέντων, καὶ τῆς ναυμαχίας ἐνεργοῦ γενομένης ἤδη, πάντες οἱ ἀπὸ τῶν φρουρίων ᾿Αθηναῖοι κατέβησαν ἐπὶ τὴν θάλατταν· οἱ μὲν γὰρ θεάσασθαι τὴν μάχην ἐπεθύμουν, οἱ δ', εἴ τι πταίσειαν ἐν τῇ ναυμαχίᾳ, βοηθήσειν τοῖς φεύγουσιν ἤλπιζον. [4] Οἱ δὲ τῶν Συρακοσίων στρατηγοὶ προϊδόμενοι τὸ γινόμενον ἀπεστάλκεισαν τοὺς κατὰ τὴν πόλιν ἐπὶ τὰ τῶν ᾿Αθηναίων ὀχυρώματα, χρημάτων καὶ ναυτικῶν σκευῶν, ἔτι δὲ τῆς ἄλλης παρασκευῆς ὑπάρχοντα πλήρη· ἃ δὴ καταλαβόντες οἱ Συρακόσιοι παντελῶς ὑπ' ὀλίγων τηρούμενα... καὶ τῶν ἀπὸ τῆς θαλάττης προσβοηθούντων πολλοὺς ἀπέκτειναν. [5] Κραυγῆς δὲ πολλῆς γενομένης περὶ τὰ φρούρια καὶ τὴν παρεμβολήν, οἱ ναυμαχοῦντες ᾿Αθηναῖοι καταπλαγέντες ἐτράπησαν καὶ πρὸς τὸ λειπόμενον τῶν φρουρίων ἔφυγον. Τῶν δὲ Συρακοσίων ἀτάκτως διωκόντων οἱ ᾿Αθηναῖοι πρὸς τὴν γῆν καταφεύγειν οὐ δυνάμενοι διὰ τὸ τοὺς Συρακοσίους δυεῖν φρουρίων κυριεύειν, ἠναγκάσθησαν ἐξ ὑποστροφῆς πάλιν ναυμαχῆσαι. [6] Τῶν δὲ Συρακοσίων λελυκότων τὰς τάξεις καὶ κατὰ τὸν διωγμὸν διερριμμένων, ἀθρόαις ταῖς ναυσὶν ἐπιπλεύσαντες ἕνδεκα μὲν κατέδυσαν, τὰς δὲ λοιπὰς ἕως τῆς Νήσου κατεδίωξαν. Διαλυθείσης δὲ τῆς μάχης ἑκάτεροι τρόπαιον ἔστησαν, οἱ μὲν ᾿Αθηναῖοι τῆς ναυμαχίας, οἱ δὲ Συρακόσιοι τῶν ἐπὶ τῆς γῆς κατωρθωμένων. 
10. Τῆς δὲ ναυμαχίας τοιοῦτο τέλος λαβούσης, οἱ μὲν ᾿Αθηναῖοι πυνθανόμενοι τὸν μετὰ Δημοσθένους στόλον ἐν ὀλίγαις ἡμέραις ἥξειν, ἔκριναν μηκέτι διακινδυνεύειν, ἕως ἂν ἡ δύναμις ἐκείνη παραγένηται, οἱ δὲ Συρακόσιοι τοὐναντίον βουλόμενοι πρὶν ἐλθεῖν τὴν μετὰ Δημοσθένους στρατιὰν περὶ τῶν ὅλων διακριθῆναι, καθ' ἡμέραν ἐπιπλέοντες ταῖς τῶν ᾿Αθηναίων ναυσὶν ἐξήπτοντο τῆς μάχης. [2] Συμβουλεύσαντος δ' αὐτοῖς ᾿Αρίστωνος τοῦ Κορινθίου κυβερνήτου τὰς πρῴρας τῶν νεῶν ποιῆσαι βραχυτέρας καὶ ταπεινοτέρας, πεισθέντες οἱ Συρακόσιοι πολλὰ διὰ ταύτην τὴν αἰτίαν ἐν τοῖς μετὰ ταῦτα κινδύνοις ἐπλεονέκτησαν. [3] Αἱ μὲν γὰρ ᾿Αττικαὶ τριήρεις ἦσαν ἀσθενεστέρας ἔχουσαι τὰς πρῴρας καὶ μετεώρους· διὸ συνέβαινεν αὐτῶν τὰς ἐμβολὰς τιτρώσκειν τοὺς ὑπερέχοντας τῆς θαλάττης τόπους, ὥστε τοὺς πολεμίους μὴ μεγάλοις ἐλαττώμασι περιπίπτειν· αἱ δὲ τῶν Συρακοσίων τὸν περὶ τὴν πρῴραν τόπον ἰσχυρὸν ἔχουσαι καὶ ταπεινόν, κατὰ τὰς τῶν ἐμβολῶν δόσεις μιᾷ πολλάκις πληγῇ κατέδυον τὰς τῶν ᾿Αθηναίων τριήρεις. [4] πὶ μὲν οὖν συχνὰς ἡμέρας οἱ Συρακόσιοι τῇ παρεμβολῇ τῶν πολεμίων καὶ κατὰ γῆν καὶ κατὰ θάλατταν προσβάλλοντες οὐδὲν ἤνυον, τῶν ᾿Αθηναίων ἀγόντων ἡσυχίαν· ἐπειδὴ δέ τινες τῶν τριηράρχων οὐκέτι δυνάμενοι καρτερεῖν τὴν τῶν Συρακοσίων καταφρόνησιν ἀντανήχθησαν τοῖς πολεμίοις ἐν τῷ μεγάλῳ λιμένι, [καὶ]  συνέστη πασῶν τῶν τριήρων ναυμαχία. [5] Οἱ μὲν οὖν ᾿Αθηναῖοι ταχυναυτούσας ἔχοντες τριήρεις, καὶ ταῖς κατὰ θάλατταν ἐμπειρίαις, ἔτι δὲ ταῖς τῶν κυβερνητῶν τέχναις προτεροῦντες, ἄπρακτον εἶχον τὴν ἐν τούτοις ὑπεροχήν, τῆς ναυμαχίας ἐν στενῷ τόπῳ γινομένης· οἱ δὲ Συρακόσιοι συμπλεκόμενοι καὶ τοῖς πολεμίοις οὐδεμίαν διδόντες ἀναστροφήν, τούς τε ἐπὶ τῶν καταστρωμάτων ἠκόντιζον καὶ λιθοβολοῦντες λιπεῖν ἠνάγκαζον τὰς πρῴρας, ἁπλῶς δὲ πολλαῖς τῶν ἐμπιπτουσῶν νεῶν ἐμβολὰς διδόντες καὶ εἰς τὰς τῶν ἐναντίων ναῦς εἰσαλλόμενοι πεζομαχίαν ἐν ταῖς ναυσὶ συνίσταντο. [6] Θλιβόμενοι δὲ πανταχόθεν οἱ ᾿Αθηναῖοι πρὸς φυγὴν ὥρμησαν· οἱ δὲ Συρακόσιοι διώξαντες ἑπτὰ μὲν τριήρεις κατέδυσαν, πολλὰς δὲ ἀχρήστους ἐποίησαν. 
11. Τῶν δὲ Συρακοσίων ἐπηρμένων ταῖς ἐλπίσι διὰ τὸ καὶ κατὰ γῆν καὶ κατὰ θάλατταν τοὺς πολεμίους νενικηκέναι, παρῆν Εὐρυμέδων καὶ Δημοσθένης, καταπεπλευκότες μὲν ἐξ ᾿Αθηνῶν μετὰ δυνάμεως πολλῆς, ἐν δὲ τῷ παράπλῳ παρὰ Θουρίων καὶ Μεσσαπίων προσειληφότες συμμαχίαν. [2] γον δὲ τριήρεις πλείους τῶν ὀγδοήκοντα, στρατιωτῶν δὲ χωρὶς τῶν ἐν τοῖς πληρώμασι πεντακισχιλίους· ὅπλα δὲ καὶ χρήματα, πρὸς δὲ τούτοις τὰ πρὸς πολιορκίαν ὄργανα καὶ τὴν ἄλλην παρασκευὴν ἐν στρογγύλοις πλοίοις ἐκόμιζον. Δι' ἣν αἰτίαν οἱ Συρακόσιοι πάλιν ἐταπεινοῦντο ταῖς ἐλπίσι, νομίζοντες μηκέτι ῥᾳδίως ἐξισωθῆναι τοῖς πολεμίοις δυνήσεσθαι. [3] Δημοσθένης δὲ πείσας τοὺς συνάρχοντας ἐπιθέσθαι ταῖς ᾿Επιπολαῖς -- ἄλλως γὰρ οὐ δυνατὸν ἦν ἀποτειχίσαι τὴν πόλιν --, ἀναλαβὼν μυρίους μὲν ὁπλίτας, ἄλλους δὲ τοσούτους ψιλούς, νυκτὸς ἐπέθετο τοῖς Συρακοσίοις. προσδοκήτου δὲ γενομένης τῆς ἐφόδου φρουρίων τέ τινων ἐκράτησαν καὶ παρεισπεσόντες ἐντὸς τοῦ τειχίσματος τῆς ᾿Επιπολῆς μέρος τι τοῦ τείχους κατέβαλον. [4] Τῶν δὲ Συρακοσίων πανταχόθεν συνδραμόντων ἐπὶ τὸν τόπον, ἔτι δὲ ῾Ερμοκράτους μετὰ τῶν ἐπιλέκτων ἐπιβοηθήσαντος, ἐξεώσθησαν οἱ ᾿Αθηναῖοι καὶ νυκτὸς οὔσης διὰ τὴν ἀπειρίαν τῶν τόπων ἄλλοι κατ' ἄλλους τόπους ἐσκεδάσθησαν. [5] Οἱ δὲ Συρακόσιοι μετὰ τῶν συμμάχων καταδιώξαντες, δισχιλίους μὲν καὶ πεντακοσίους τῶν πολεμίων ἀποκτείναντες, οὐκ ὀλίγους δὲ τραυματίας ποιήσαντες, πολλῶν ὅπλων ἐκυρίευσαν. [6] Μετὰ δὲ τὴν μάχην Συρακόσιοι μὲν Σικανὸν ἕνα τῶν στρατηγῶν μετὰ δώδεκα τριήρων ἀπέστειλαν εἰς τὰς ἄλλας πόλεις, τήν τε νίκην ἀπαγγελοῦντα τοῖς συμμάχοις καὶ βοηθεῖν ἀξιοῦντα.
12. ᾿Αθηναῖοι δέ, τῶν πραγμάτων αὐτοῖς ἐπὶ τὸ χεῖρον ἐκβάντων καὶ διὰ τὸ τὸν περικείμενον τόπον ὑπάρχειν ἑλώδη λοιμικῆς καταστάσεως εἰς τὸ στρατόπεδον ἐμπεσούσης, ἐβουλεύοντο, πῶς δεῖ χρῆσθαι τοῖς πράγμασιν. [2] Δημοσθένης μὲν οὖν ᾤετο δεῖν ἀποπλεῖν τὴν ταχίστην εἰς ᾿Αθήνας φάσκων αἱρετώτερον εἶναι πρὸς Λακεδαιμονίους ὑπὲρ τῆς πατρίδος κινδυνεύειν ἢ καθημένους εἰς Σικελίαν μηδὲν τῶν χρησίμων ἐπιτελεῖν· ὁ δὲ Νικίας οὐκ ἔφη δεῖν αἰσχρῶς οὕτως ἐγκαταλιπεῖν τὴν πολιορκίαν, καὶ τριήρων καὶ στρατιωτῶν, ἔτι δὲ χρημάτων εὐποροῦντας· πρὸς δὲ τούτοις, ἐὰν ἄνευ τῆς τοῦ δήμου γνώμης εἰρήνην ποιησάμενοι πρὸς τοὺς Συρακοσίους ἀποπλεύσωσιν εἰς τὴν πατρίδα, κίνδυνον αὐτοῖς ἐπακολουθήσειν ἀπὸ τῶν εἰωθότων τοὺς στρατηγοὺς συκοφαντεῖν. [3] Τῶν δὲ εἰς τὸ συμβούλιον παρειλημμένων οἱ μὲν τῷ Δημοσθένει συγκατέθεντο περὶ τῆς ἀναγωγῆς, οἱ δὲ τῷ Νικίᾳ τὴν αὐτὴν γνώμην ἀπεφαίνοντο· διόπερ οὐδὲν σαφὲς ἐπικρίναντες ἐφ' ἡσυχίας ἔμενον. [4] Τοῖς δὲ Συρακοσίοις παραγενομένης συμμαχίας παρά τε Σικελῶν καὶ Σελινουντίων, ἔτι δὲ Γελῴων, πρὸς δὲ τούτοις ῾Ιμεραίων καὶ Καμαριναίων, οἱ μὲν Συρακόσιοι μᾶλλον ἐθάρρουν, οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι περιδεεῖς ἐγίνοντο. τῆς δὲ νόσου μεγάλην ἐπίτασιν λαμβανούσης πολλοὶ τῶν στρατιωτῶν ἀπέθνησκον, καὶ πάντες μετεμέλοντο διὰ τὸ μὴ πάλαι τὸν ἀπόπλουν πεποιῆσθαι. [5] Διὸ καὶ τοῦ πλήθους θορυβοῦντος, καὶ τῶν ἄλλων πάντων ἐπὶ τὰς ναῦς ὁρμώντων, ὁ Νικίας ἠναγκάσθη συγχωρῆσαι περὶ τῆς εἰς οἶκον ἀναγωγῆς. μογνωμόνων δὲ ὄντων τῶν στρατηγῶν, οἱ στρατιῶται τὰ σκεύη ἐνετίθεντο καὶ τὰς τριήρεις πληρώσαντες ᾖρον τὰς κεραίας· καὶ παρήγγειλαν οἱ στρατηγοὶ τοῖς πλήθεσιν, ὅταν σημήνῃ, μηδένα τῶν κατὰ τὸ στρατόπεδον ὑστερεῖν, ὡς ἀπολειφθησόμενον τὸν βραδύνοντα. [6] Μελλόντων δ' αὐτῶν τῇ ὑστεραίᾳ πλεῖν, ἐξέλιπεν ἡ σελήνη τῆς ἐπιούσης νυκτός. Διόπερ ὁ Νικίας, καὶ φύσει δεισιδαίμων ὑπάρχων καὶ διὰ τὴν ἐν τῷ στρατοπέδῳ νόσον εὐλαβῶς διακείμενος, συνεκάλεσε τοὺς μάντεις. τούτων δ' ἀποφηναμένων ἀναγκαῖον εἶναι τὰς εἰθισμένας τρεῖς ἡμέρας ἀναβαλέσθαι τὸν ἔκπλουν, ἠναγκάσθησαν καὶ οἱ περὶ τὸν Δημοσθένην συγκαταθέσθαι διὰ τὴν πρὸς τὸ θεῖον εὐλάβειαν.
13. Οἱ δὲ Συρακόσιοι παρά τινων αὐτομόλων πυθόμενοι τὴν αἰτίαν τοῦ ὑπερτεθεῖσθαι τὸν ἀπόπλουν, τάς τε τριήρεις πάσας ἐπλήρωσαν, οὔσας ἑβδομήκοντα καὶ τέσσαρας, καὶ τὰς πεζὰς δυνάμεις ἐξαγαγόντες προσέβαλον τοῖς πολεμίοις καὶ κατὰ γῆν καὶ κατὰ θάλατταν. [2] Οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι τριήρεις πληρώσαντες ἓξ πρὸς ταῖς ὀγδοήκοντα, τὸ μὲν δεξιὸν κέρας παρέδωκαν Εὐρυμέδοντι τῷ στρατηγῷ, καθ' ὃ ἐτάχθη ὁ τῶν Συρακοσίων στρατηγὸς ᾿Αγάθαρχος· ἐπὶ δὲ θατέρου μέρους Εὐθύδημος ἐτέτακτο, καθ' ὃν ἀντετάξατο Σικανὸς τῶν Συρακοσίων ἡγούμενος· τῆς δὲ μέσης τάξεως εἶχε τὴν ἡγεμονίαν παρὰ μὲν τοῖς ᾿Αθηναίοις Μένανδρος, παρὰ δὲ τοῖς Συρακοσίοις Πύθης ὁ Κορίνθιος. [3] περτεινούσης δὲ τῆς τῶν ᾿Αθηναίων φάλαγγος διὰ τὸ πλείοσιν αὐτοὺς ἀγωνίζεσθαι τριήρεσιν, οὐχ ἥκιστα καθ' ὃ πλεονεκτεῖν ἐδόκουν κατὰ τοῦτο ἠλαττώθησαν. γὰρ Εὐρυμέδων ἐπιχειρήσας περιπλεῖν τὸ κέρας τῶν ἐναντίων, ὡς ἀπεσπάσθη τῆς τάξεως, ἐπιστρεψάντων ἐπ' αὐτὸν τῶν Συρακοσίων ἀπελήφθη πρὸς τὸν κόλπον τὸν Δάσκωνα μὲν καλούμενον, ὑπὸ δὲ τῶν Συρακοσίων κατεχόμενον. [4] Κατακλεισθεὶς δ' εἰς στενὸν τόπον καὶ βιασθεὶς εἰς τὴν γῆν ἐκπεσεῖν, αὐτὸς μὲν ὑπό τινος τρωθεὶς καιρίᾳ πληγῇ τὸν βίον μετήλλαξεν, ἑπτὰ δὲ ναῦς ἐν τούτῳ τῷ τόπῳ διεφθάρησαν. [5] Τῆς δὲ ναυμαχίας ἤδη γινομένης ὅλοις τοῖς στόλοις, ὡς διεδόθη λόγος τόν τε στρατηγὸν ἀνῃρῆσθαι καί τινας ναῦς ἀπολωλέναι, τὸ μὲν πρῶτον αἱ μάλιστα συνεγγίζουσαι ταῖς διεφθαρμέναις ναυσὶν ἐνέκλιναν, μετὰ δὲ ταῦτα τῶν Συρακοσίων ἐπικειμένων καὶ διὰ τὸ γεγονὸς εὐημέρημα θρασέως ἀγωνιζομένων, βιασθέντες οἱ ᾿Αθηναῖοι πάντες φυγεῖν ἠναγκάσθησαν. [6] Γενομένου δὲ τοῦ διωγμοῦ πρὸς τὸ τεναγῶδες μέρος τοῦ λιμένος, οὐκ ὀλίγαι τῶν τριήρων ἐν τοῖς βράχεσιν ἐπώκειλαν. ν συμβαινόντων Σικανὸς ὁ τῶν Συρακοσίων στρατηγὸς ταχέως ὁλκάδα κληματίδων καὶ δᾴδων, ἔτι δὲ πίττης πληρώσας, ἐνέπρησε τὰς ἐν τοῖς βράχεσι ναῦς κυλινδουμένας. [7] ν ἀναφθεισῶν οἱ μὲν ᾿Αθηναῖοι ταχέως τήν τε φλόγα κατέσβεσαν καὶ ἀπὸ τῶν νεῶν ἐρρωμένως ἠμύναντο τοὺς ἐπιφερομένους, ἄλλην οὐδεμίαν εὑρίσκοντες σωτηρίαν· τὰ δὲ πεζὰ στρατόπεδα παρεβοήθει παρὰ τὸν αἰγιαλόν, ἐφ' ὃν αἱ ναῦς ἐξεπεπτώκεισαν. [8] πάντων δὲ καρτερῶς ὑπομενόντων τὸν κίνδυνον, ἐπὶ μὲν τῆς γῆς ἐτράπησαν οἱ Συρακόσιοι, κατὰ θάλατταν δὲ προτερήσαντες ἀπέπλευσαν εἰς τὴν πόλιν. ἀπώλοντο δὲ τῶν μὲν Συρακοσίων ὀλίγοι, τῶν δ' ᾿Αθηναίων ἄνδρες μὲν οὐκ ἐλάττους δισχιλίων, τριήρεις δ' ὀκτωκαίδεκα.
14. Οἱ δὲ Συρακόσιοι νομίζοντες μηκέτι τὸν κίνδυνον εἶναι περὶ τῆς πόλεως, ἀλλὰ πολὺ μᾶλλον ἐνεστηκέναι τὸν ἀγῶνα περὶ τοῦ λαβεῖν τὸ στρατόπεδον μετὰ τῶν πολεμίων αἰχμάλωτον, ἀπέφραττον τὸ στόμα τοῦ λιμένος ζεῦγμα κατασκευάζοντες. [2] κάτους τε γὰρ καὶ τριήρεις, ἔτι δὲ στρογγύλας ναῦς ἐπ' ἀγκυρῶν ὁρμίσαντες, καὶ σιδηραῖς ἁλύσεσι διαλαμβάνοντες, ἐπὶ τὰ σκάφη γεφύρας ἐκ σανίδων κατεσκεύασαν καὶ πέρας ἐν ἡμέραις τρισὶ τοῖς ἔργοις ἐπέθηκαν [συντέλειαν]. [3] Οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι θεωροῦντες αὑτοῖς πάντοθεν τὴν σωτηρίαν ἀποκεκλεισμένην, ἔκριναν ἁπάσας τὰς τριήρεις πληροῦν καὶ τῶν πεζῶν τοὺς κρατίστους ἐμβιβάσαι, τῷ τε πλήθει τῶν νεῶν καὶ τῇ τῶν ἀγωνιζομένων ὑπὲρ τῆς σωτηρίας ἀπονοίᾳ καταπλήξειν τοὺς Συρακοσίους. [4] Διόπερ τοὺς ἐπὶ ταῖς ἡγεμονίαις τεταγμένους καὶ τοὺς ἀρίστους ἐξ ὅλου τοῦ στρατεύματος ἐμβιβάσαντες τριήρεις μὲν ἐπλήρωσαν πέντε λειπούσας τῶν ἑκατὸν εἴκοσι, τοὺς δὲ λοιποὺς ἐπὶ τῆς γῆς ἔταξαν παρὰ τὸν αἰγιαλόν. Οἱ δὲ Συρακόσιοι τὸ μὲν πεζὸν στράτευμα πρὸ τῆς πόλεως ἔστησαν, τριήρεις δὲ συνεπλήρωσαν ἑβδομήκοντα τέσσαρας· συμπαρείποντό τε τὰς ὑπηρετικὰς ἔχοντες ναῦς παῖδες ἐλεύθεροι, τοῖς τε ἔτεσιν ὄντες ὑπὸ τὴν τῶν νεανίσκων ἡλικίαν καὶ συναγωνιζόμενοι μετὰ τῶν πατέρων. [5] Τὰ δὲ περὶ τὸν λιμένα τείχη καὶ πᾶς ὁ τῆς πόλεως ὑπερκείμενος τόπος ἔγεμε σωμάτων· γυναῖκές τε γὰρ καὶ παρθένοι καὶ οἱ ταῖς ἡλικίαις τὴν ἐν τῷ πολέμῳ χρείαν παρέχεσθαι μὴ δυνάμενοι, τοῦ παντὸς πολέμου τὴν κρίσιν λαμβάνοντος, μετὰ πολλῆς ἀγωνίας ἐπεθεώρουν τὴν μάχην. 
15. Καθ' ὃν δὴ χρόνον Νικίας ὁ τῶν ᾿Αθηναίων στρατηγὸς ἐπιβλέψας τὰς ναῦς καὶ τὸ μέγεθος τοῦ κινδύνου λογισάμενος, οὐκ ἐπέμεινεν ἐπὶ τῆς ἐν τῇ γῇ τάξεως, ἀλλὰ καταλιπὼν τοὺς πεζοὺς ἐπί τινα ναῦν ἀνέβη καὶ παρέπλει τὰς τριήρεις τῶν ᾿Αθηναίων. ἕκαστον δὲ τῶν τριηράρχων ἐξ ὀνόματος προσφωνῶν καὶ τὰς χεῖρας ἐκτείνων ἐδεῖτο πάντων, εἰ καὶ πρότερον, [ἢ] τὸ νῦν ἀντιλαβέσθαι τῆς μόνης καταλελειμμένης ἐλπίδος· ἐν γὰρ ταῖς τῶν ναυμαχεῖν μελλόντων ἀρεταῖς καὶ ἑαυτῶν ἁπάντων καὶ τῆς πατρίδος κεῖσθαι τὴν σωτηρίαν. [2] Καὶ τοὺς μὲν τέκνων ὄντας πατέρας τῶν υἱῶν ὑπομιμνήσκων, τοὺς δ' ἐνδόξων γεγονότας πατέρων παρακαλῶν τὰς τῶν προγόνων ἀρετὰς μὴ καταισχῦναι, τοὺς δ' ὑπὸ τοῦ δήμου τετιμημένους προτρεπόμενος ἀξίους φανῆναι τῶν στεφάνων, ἅπαντας δ' ἀναμνησθέντας τῶν ἐν Σαλαμῖνι τροπαίων ἠξίου μὴ καταρρῖψαι τῆς πατρίδος τὴν περιβόητον δόξαν, μηδὲ αὑτοὺς ἀνδραπόδων τρόπον παραδοῦναι τοῖς Συρακοσίοις. [3] μὲν οὖν Νικίας τοιούτοις χρησάμενος λόγοις πάλιν ἐπὶ τὴν ἰδίαν τάξιν ἐπανῆλθεν· οἱ δ' ἐν ταῖς ναυσὶ παιανίσαντες ἔπλεον, καὶ φθάσαντες τοὺς πολεμίους διέλυον τὸ ζεῦγμα. οἱ δὲ Συρακόσιοι ταχέως ἐπαναχθέντες συνετάττοντο ταῖς τριήρεσι, καὶ συμπλεκόμενοι τοῖς ἐναντίοις ἠνάγκασαν αὐτοὺς ἐπιστρέφειν ἀπὸ τοῦ ζεύγματος καὶ διαμάχεσθαι. [4] Ποιουμένων δὲ τὰς ἀνακρούσεις τῶν μὲν ἐπὶ τὸν αἰγιαλόν, τῶν δ' εἰς μέσον τὸν λιμένα, τινῶν δὲ πρὸς τὰ τείχη, ταχέως ἀπ' ἀλλήλων διεσπάσθησαν αἱ τριήρεις ἅπασαι, καὶ χωρισθέντων ἀπὸ τῶν κλείθρων πλήρης ἦν ὁ λιμὴν τῶν κατ' ὀλίγους ναυμαχούντων. [5] νθα δὴ παραβόλως ἀμφοτέρων περὶ τῆς νίκης ἀγωνιζομένων, οἱ μὲν ᾿Αθηναῖοι τῷ τε πλήθει τῶν νεῶν θαρροῦντες καὶ σωτηρίαν ἄλλην οὐχ ὁρῶντες θρασέως ἐκινδύνευον καὶ τὸν ἐν τῇ μάχῃ θάνατον εὐγενῶς ὑπέμενον· οἱ δὲ Συρακόσιοι θεατὰς τῶν ἀγώνων ἔχοντες γονεῖς καὶ παῖδας ἐφιλοτιμοῦντο πρὸς ἀλλήλους, ἑκάστου βουλομένου δι' ἑαυτοῦ τὴν νίκην περιγενέσθαι τῇ πατρίδι. 
16. Διὸ καὶ πολλοὶ ταῖς τῶν ἐναντίων πρῴραις ἐπιβάντες, τῆς οἰκείας νεὼς ὑφ' ἑτέρας τρωθείσης, ἐν μέσοις τοῖς πολεμίοις ἀπελαμβάνοντο. νιοι δὲ σιδηρᾶς χεῖρας ἐπιβάλλοντες ἠνάγκαζον τοὺς ἀντιταττομένους ἐπὶ τῶν νεῶν πεζομαχεῖν. [2] Πολλάκις δὲ τὰς ἰδίας ἔχοντες ναῦς συντετριμμένας, εἰς τὰς τῶν ἐναντίων μεθαλλόμενοι, καὶ τοὺς μὲν ἀποκτείνοντες, τοὺς δ' εἰς τὴν θάλατταν προωθοῦντες, ἐκυρίευον τῶν τριήρων. πλῶς δὲ καθ' ὅλον τὸν λιμένα τῶν τ' ἐμβολῶν ψόφος ἐγίνετο καὶ βοὴ τῶν ἀγωνιζομένων ἐναλλὰξ ἀπολλυμένων. [3] τε γὰρ ἀποληφθείη ναῦς ὑπὸ πλειόνων τριήρων, πανταχόθεν τυπτομένη τοῖς χαλκώμασι, τοῦ ῥεύματος εἰσπίπτοντος αὔτανδρος ὑπὸ τῆς θαλάττης κατεπίνετο. νιοι δὲ καταδυομένων τῶν νεῶν ἀποκολυμβῶντες τοῖς τε τόξοις κατετιτρώσκοντο καὶ τοῖς δόρασι τυπτόμενοι διεφθείροντο. [4] Οἱ δὲ κυβερνῆται θεωροῦντες τεταραγμένην τὴν μάχην, καὶ πάντα τόπον ὄντα πλήρη θορύβου, καὶ πολλάκις ἐπὶ μίαν ναῦν πλείους ἐπιφερομένας, οὔθ' ὅ,τι σημαίνοιεν εἶχον, μὴ τῶν αὐτῶν πρὸς ἅπαντα συμφερόντων, οὔτε πρὸς τοὺς κελεύοντας τοὺς ἐνεδέχετο βλέπειν διὰ τὸ πλῆθος τῶν βελῶν. [5] πλῶς δὲ τῶν παραγγελλομένων οὐδεὶς οὐδὲν ἤκουε, τῶν σκαφῶν θραυομένων καὶ παρασυρομένων τῶν ταρσῶν, ἅμα δὲ καὶ τῇ κραυγῇ τῶν ναυμαχούντων καὶ τῶν ἀπὸ τῆς γῆς συμφιλοτιμουμένων. [6] Τοῦ γὰρ αἰγιαλοῦ παντὸς τὸ μὲν ὑπὸ τῶν πεζῶν τῶν ᾿Αθηναίων κατείχετο, τὸ δ' ὑπὸ τῶν Συρακοσίων, ὥστ' ἐνίοτε τοὺς παρὰ τὴν γῆν ναυμαχοῦντας συμμάχους ἔχειν τοὺς ἐπὶ τῆς χέρσου στρατοπεδεύοντας. [7] Οἱ δ' ἐπὶ τῶν τειχῶν ὅτε μὲν ἴδοιεν τοὺς ἰδίους εὐημεροῦντας, ἐπαιάνιζον, ὅτε δ' ἐλαττουμένους, ἔστενον καὶ μετὰ δακρύων τοῖς θεοῖς προσηύχοντο. νίοτε γάρ, εἰ τύχοι, τῶν Συρακοσίων τριήρων παρὰ τὰ τείχη διαφθείρεσθαί τινας συνέβαινε, καὶ τοὺς ἰδίους ἐν ὀφθαλμοῖς τῶν συγγενῶν ἀναιρεῖσθαι, καὶ θεωρεῖν γονεῖς μὲν τέκνων ἀπώλειαν, ἀδελφὰς δὲ καὶ γυναῖκας ἀνδρῶν καὶ ἀδελφῶν οἰκτρὰν καταστροφήν. 
17. πὶ πολὺν δὲ χρόνον πολλῶν ἀπολλυμένων ἡ μάχη τέλος οὐκ ἐλάμβανεν· οὐδὲ γὰρ οἱ θλιβόμενοι πρὸς τὴν γῆν φεύγειν ἐτόλμων. Οἱ μὲν γὰρ ᾿Αθηναῖοι τοὺς ἀφισταμένους τῆς μάχης καὶ τῇ γῇ προσπλέοντας ἠρώτων, εἰ διὰ τῆς γῆς εἰς ᾿Αθήνας πλεῦσαι νομίζουσιν, οἱ δὲ πεζοὶ τῶν Συρακοσίων τοὺς προσπλέοντας ἀνέκρινον, διὰ τί βουλομένων αὐτῶν εἰς τὰς τριήρεις ἐμβαίνειν κωλύσαντες αὐτοὺς μάχεσθαι νῦν προδιδόασι τὴν πατρίδα, καὶ εἰ διὰ τοῦτο ἔφραξαν τὸ στόμα τοῦ λιμένος, ὅπως κωλύσαντες τοὺς πολεμίους αὐτοὶ φεύγωσιν ἐπὶ τὸν αἰγιαλόν, καὶ τοῦ τελευτᾶν ὀφειλομένου πᾶσιν ἀνθρώποις ποῖον ζητοῦσι καλλίω θάνατον ἢ τὸν ὑπὲρ τῆς πατρίδος, ἣν ἔχοντες μάρτυρα τῶν ἀγώνων αἰσχρῶς ἐγκαταλείπουσιν. [2] Τοιαῦτα δὲ τῶν ἀπὸ τῆς γῆς στρατιωτῶν ὀνειδιζόντων τοῖς προσπλέουσιν, οἱ πρὸς τοὺς αἰγιαλοὺς ἀποφεύγοντες πάλιν ἀνέστρεφον, καίπερ συντετριμμένας ἔχοντες τὰς ναῦς καὶ ὑπὸ τῶν τραυμάτων καταβαρούμενοι. [3] Τῶν δὲ παρὰ τὴν πόλιν κινδυνευόντων ᾿Αθηναίων ἐκβιασθέντων καὶ πρὸς φυγὴν ὁρμησάντων, οἱ προσεχεῖς ἀεὶ τῶν ᾿Αθηναίων ἐνέκλινον, καὶ κατ' ὀλίγον ἅπαντες ἐτράπησαν. [4] Οἱ μὲν οὖν Συρακόσιοι μετὰ πολλῆς κραυγῆς κατεδίωκον τὰς ναῦς ἐπὶ τὴν γῆν· τῶν δὲ ᾿Αθηναίων ὅσοι μὴ μετέωροι διεφθάρησαν, ἐπεὶ πρὸς τὰ βράχη προσηνέχθησαν, ἐκπηδῶντες ἐκ τῶν νεῶν εἰς τὸ πεζὸν στρατόπεδον ἔφευγον. [5] δὲ λιμὴν πλήρης ἦν ὅπλων τε καὶ ναυαγίων, ὡς ἂν ᾿Αττικῶν μὲν νεῶν ἀπολομένων ἑξήκοντα, παρὰ δὲ τῶν Συρακοσίων ὀκτὼ μὲν τελέως διεφθαρμένων, ἑκκαίδεκα δὲ συντετριμμένων. Οἱ δὲ Συρακόσιοι τῶν τε τριήρων ὅσας δυνατὸν ἦν εἷλκον ἐπὶ τὴν γῆν, καὶ τοὺς τετελευτηκότας πολίτας τε καὶ συμμάχους ἀνελόμενοι δημοσίας ταφῆς ἠξίωσαν.
18. Οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι συνδραμόντες ἐπὶ τὰς τῶν ἡγεμόνων σκηνὰς ἐδέοντο τῶν στρατηγῶν μὴ τῶν νεῶν, ἀλλὰ τῆς ἑαυτῶν φροντίζειν σωτηρίας. Δημοσθένης μὲν οὖν ἔφη δεῖν, λελυμένου τοῦ ζεύγματος, κατὰ τάχος πληροῦν τὰς τριήρεις, καὶ ἀπροσδοκήτως ἐπιθεμένους ἐπηγγέλλετο ῥᾳδίως κρατήσειν τῆς ἐπιβολῆς· [2] Νικίας δὲ συνεβούλευε καταλιπόντας τὰς ναῦς διὰ τῆς μεσογείου [χώρας] πρὸς τὰς συμμαχίδας πόλεις ἀναχωρεῖν. πάντες ὁμογνώμονες γενόμενοι τῶν νεῶν τινας ἐνέπρησαν καὶ τὰ πρὸς τὴν ἀπαλλαγὴν παρεσκευάζοντο. [3] Φανεροῦ δ' ὄντος ὅτι τῆς νυκτὸς ἀναζεύξουσιν, ῾Ερμοκράτης συνεβούλευε τοῖς Συρακοσίοις ἐξάγειν τῆς νυκτὸς ἅπαν τὸ στρατόπεδον καὶ τὰς ὁδοὺς ἁπάσας προκαταλαβέσθαι. [4] Οὐ πειθομένων δὲ τῶν στρατηγῶν διὰ τὸ πολλοὺς μὲν τραυματίας εἶναι τῶν στρατιωτῶν, πάντας δ' ὑπὸ τῆς μάχης κατακόπους ὑπάρχειν τοῖς σώμασιν, ἀπέστειλέ τινας τῶν ἱππέων ἐπὶ τὴν παρεμβολὴν τῶν ᾿Αθηναίων τοὺς ἐροῦντας, ὅτι προαπεστάλκασιν οἱ Συρακόσιοι τοὺς τὰς ὁδοὺς καὶ τοὺς ἐπικαιροτάτους τόπους προκαταληψομένους. [5] Ποιησάντων δὲ τῶν ἱππέων τὸ προσταχθὲν ἤδη νυκτὸς οὔσης, οἱ μὲν ᾿Αθηναῖοι νομίσαντες τῶν Λεοντίνων τινὰς εἶναι τοὺς δι' εὔνοιαν ἀπηγγελκότας, διεταράχθησαν οὐ μικρῶς καὶ τὴν ἀπαλλαγὴν ὑπερέθεντο· ᾧπερ εἰ μὴ παρεκρούσθησαν, ἀσφαλῶς ἂν ἐχωρίσθησαν. [6] Οἱ μὲν οὖν Συρακόσιοι τῆς ἡμέρας ὑποφωσκούσης ἀπέστειλαν τοὺς προκαταληψομένους τὰ στενόπορα τῶν ὁδῶν· οἱ δὲ τῶν ᾿Αθηναίων στρατηγοὶ διελόμενοι τοὺς στρατιώτας εἰς δύο μέρη, καὶ τὰ μὲν σκευοφόρα καὶ τοὺς ἀρρώστους εἰς μέσον λαβόντες, τοὺς δὲ δυναμένους μάχεσθαι προηγεῖσθαι καὶ οὐραγεῖν τάξαντες, προῄεσαν ἐπὶ Κατάνης, ὧν μὲν Δημοσθένους, ὧν δὲ Νικίου καθηγουμένων. 
19. Οἱ δὲ Συρακόσιοι πεντήκοντα μὲν τὰς καταλειφθείσας ναῦς ἀναψάμενοι κατήγαγον εἰς τὴν πόλιν, ἐκβιβάσαντες δ' ἐκ τῶν τριήρων ἅπαντας καὶ καθοπλίσαντες, μετὰ πάσης τῆς δυνάμεως ἠκολούθουν τοῖς ᾿Αθηναίοις, ἐξαπτόμενοι καὶ βαδίζειν εἰς τοὔμπροσθεν διακωλύοντες. [2] πὶ τρεῖς δ' ἡμέρας ἐπακολουθοῦντες καὶ πανταχόθεν περιλαμβάνοντες ἀπεῖργον εὐθυπορεῖν πρὸστὴν σύμμαχον Κατάνην, παλινοδίαν δὲ καταναγκάσαντες ποιήσασθαι διὰ τοῦ ᾿Ελωρίου πεδίου, πρὸς τῷ ᾿Ασινάρῳ ποταμῷ περικυκλώσαντες ἀπέκτειναν μὲν μυρίους ὀκτακισχιλίους, ἐζώγρησαν δὲ ἑπτακισχιλίους, ἐν οἷς καὶ τοὺς στρατηγοὺς Δημοσθένην καὶ Νικίαν· οἱ δὲ λοιποὶ διηρπάσθησαν ὑπὸ τῶν στρατιωτῶν. [3] Οἱ γὰρ ᾿Αθηναῖοι πάντοθεν ἀποκλειομένης τῆς σωτηρίας ἠναγκάσθησαν τὰ ὅπλα καὶ ἑαυτοὺς παραδοῦναι τοῖς πολεμίοις. Τούτων δὲ πραχθέντων οἱ Συρακόσιοι στήσαντες δύο τρόπαια, καὶ τὰ τῶν στρατηγῶν ὅπλα πρὸς ἑκάτερον προσηλώσαντες, ἀνέστρεψαν εἰς τὴν πόλιν.
[4] Τότε μὲν οὖν τοῖς θεοῖς ἔθυσαν πανδημεί, τῇ δ' ὑστεραίᾳ συναχθείσης ἐκκλησίας ἐβουλεύοντο, πῶς χρήσονται τοῖς αἰχμαλώτοις. Διοκλῆς δέ τις, τῶν δημαγωγῶν ἐνδοξότατος ὤν, ἀπεφήνατο γνώμην ὡς δέοι τοὺς μὲν στρατηγοὺς τῶν ᾿Αθηναίων μετ' αἰκίας ἀνελεῖν, τοὺς δ' ἄλλους αἰχμαλώτους ἐν μὲν τῷ παρόντι τεθῆναι πάντας εἰς τὰς λατομίας, μετὰ δὲ ταῦτα τοὺς μὲν συμμαχήσαντας τοῖς ᾿Αθηναίοις λαφυροπωλῆσαι, τοὺς δ' ᾿Αθηναίους ἐργαζομένους ἐν τῷ δεσμωτηρίῳ λαμβάνειν ἀλφίτων δύο κοτύλας. [5] ναγνωσθέντος δὲ τοῦ ψηφίσματος ῾Ερμοκράτης παρελθὼν εἰς τὴν ἐκκλησίαν ἐνεχείρει λέγειν, ὡς κάλλιόν ἐστι τοῦ νικᾶν τὸ τὴν νίκην ἐνεγκεῖν ἀνθρωπίνως. [6] Θορυβοῦντος δὲ τοῦ δήμου καὶ τὴν δημηγορίαν οὐχ ὑπομένοντος, Νικόλαός τις,ἐστερημένος ἐν τῷ πολέμῳ δυεῖν υἱῶν, ἀνέβαινεν ἐπὶ τὸ βῆμα κατεχόμενος ὑπὸ τῶν οἰκετῶν διὰ τὸ γῆρας· ὃν ὡς εἶδεν ὁ δῆμος, ἔληξε τοῦ θορύβου, νομίζων κατηγορήσειν τῶν αἰχμαλώτων. Γενομένης οὖν σιωπῆς ὁ πρεσβύτερος ἐντεῦθεν ἤρξατο τῶν λόγων. 
20. Τῶν κατὰ τὸν πόλεμον ἀτυχημάτων, ἄνδρες Συρακόσιοι, μέρος οὐκ ἐλάχιστον ἐγὼ μετέσχηκα· δυεῖν γὰρ υἱῶν γενόμενος πατὴρ ἐξέπεμψα μὲν αὐτοὺς εἰς τὸν ὑπὲρ τῆς πατρίδος κίνδυνον, ὑπεδεξάμην δ' ἀντ' αὐτῶν ἀγγελίαν, ἣ τὸν ἐκείνων θάνατον ἐμήνυεν. [2] Διὸ καὶ καθ' ἡμέραν ἐπιζητῶν τὴν συμβίωσιν, καὶ τὴν τελευτὴν ἀναλογιζόμενος, ἐκείνους μὲν μακαρίζω, τὸν ἐμαυτοῦ δὲ βίον ἐλεῶ, πάντων ἡγούμενος εἶναι δυστυχέστατος. [3] κεῖνοι μὲν γὰρ τὸν ὀφειλόμενον τῇ φύσει θάνατον εἰς πατρίδος σωτηρίαν ἀναλώσαντες ἀθάνατον ἑαυτῶν δόξαν καταλελοίπασιν, ἐγὼ δ' ἐπὶ τῆς ἐσχάτης ἡλικίας ἔρημος ὢν τῶν θεραπευσόντων τὸ γῆρας διπλοῦν ἔχω τὸ πένθος, τὴν συγγένειαν ἅμα καὶ ἀρετὴν ἐπιζητῶν· [4] ὅσῳ γὰρ εὐγενέστερον ἐτελεύτησαν, τοσούτῳ ποθεινοτέραν τὴν ὑπὲρ αὐτῶν μνήμην καταλελοίπασιν. Εἰκότως οὖν μισῶ τοὺς ᾿Αθηναίους, δι' ἐκείνους οὐχ ὑπὸ τῶν τέκνων, ἀλλ' ὑπὸ οἰκετῶν, ὡς ὁρᾶτε, χειραγωγούμενος. [5] Εἰ μὲν οὖν ἑώρων, ὦ ἄνδρες Συρακόσιοι, τὴν παροῦσαν ἐνεστηκέναι βουλὴν ὑπὲρ ᾿Αθηναίων, εἰκότως ἂν καὶ διὰ τὰς κοινὰς τῆς πατρίδος συμφορὰς καὶ διὰ τὰς ἰδίας ἀτυχίας πικρῶς ἂν αὐτοῖς προσηνέχθην· ἐπεὶ δ' ἅμα τῷ πρὸς τοὺς ἠτυχηκότας ἐλέῳ κρίνεται τό τε κοινῇ συμφέρον καὶ ἡ πρὸς ἅπαντας ἀνθρώπους ὑπὲρ τοῦ δήμου τῶν Συρακοσίων ἐξενεχθησομένη δόξα, ἀκέραιον ποιήσομαι τὴν τοῦ συμφέροντος συμβουλίαν. 
21. μὲν οὖν δῆμος τῶν ᾿Αθηναίων τῆς ἰδίας ἀνοίας ἀξίαν κεκόμισται τιμωρίαν, πρῶτον μὲν παρὰ θεῶν, μετὰ δὲ ταῦτα παρ' ἡμῶν τῶν ἀδικηθέντων. [2] γαθὸν γάρ ἐστι τὸ θεῖον τοὺς ἀδίκου πολέμου καταρχομένους καὶ τὴν αὑτῶν ὑπεροχὴν οὐκ ἐνεγκόντας ἀνθρωπίνως ἀνελπίστοις περιβαλεῖν συμφοραῖς. [3] Τίς γὰρ ἂν ἤλπισεν ᾿Αθηναίους, μύρια μὲν εἰληφότας ἐκ Δήλου τάλαντα, τριήρεις δὲ διακοσίας εἰς Σικελίαν ἀπεσταλκότας καὶ τοὺς ἀγωνισομένους ἄνδρας πλείους τῶν τετρακισμυρίων, οὕτως μεγάλαις συμφοραῖς περιπεσεῖσθαι; πὸ γὰρ τῆς τηλικαύτης παρασκευῆς οὔτε ναῦς οὔτ' ἀνὴρ οὐθεὶς ἐπανῆλθεν, ὥστε μηδὲ τὸν ἀγγελοῦντα αὐτοῖς τὴν συμφορὰν περιλειφθῆναι. [4] Εἰδότες οὖν, ἄνδρες Συρακόσιοι, τοὺς ὑπερηφανοῦντας [καὶ] παρὰ θεοῖς καὶ παρ' ἀνθρώποις μισουμένους, προσκυνοῦντες τὴν τύχην μηθὲν ὑπὲρ ἄνθρωπον πράξητε. Τί γὰρ σεμνὸν φονεῦσαι τὸν ὑποπεπτωκότα; Τί δ' ἔνδοξον τιμωρίᾳ περιβαλεῖν; γὰρ ἀμετάθετον ἔχων τὴν περὶ τῶν ἀτυχημάτων ὠμότητα συναδικεῖ τὴν κοινὴν ἀνθρώπων ἀσθένειαν. [5] Οὐθεὶς γάρ ἐστιν οὕτω φρόνιμος, ὥστε μεῖζον ἰσχῦσαι τῆς τύχης, ἣ φύσει ταῖς ἀνθρωπίναις ἡδομένη συμφοραῖς ὀξείας τῆς εὐδαιμονίας ποιεῖ τὰς μεταβολάς. ροῦσί τινες ἴσως, ἠδίκησαν, καὶ τῆς κατ' αὐτῶν τιμωρίας ἔχομεν τὴν ἐξουσίαν. [6] Οὐκοῦν παρὰ μὲν τοῦ δήμου πολλαπλασίαν εἰλήφατε τιμωρίαν, παρὰ δὲ τῶν αἰχμαλώτων ἱκανὴν ἔχετε κόλασιν; Παρέδωκαν γὰρ ἑαυτοὺς μετὰ τῶν ὅπλων πιστεύσαντες τῇ τῶν κρατούντων εὐγνωμοσύνῃ· διόπερ οὐκ ἄξιον αὐτοὺς τῆς ἡμετέρας ψευσθῆναι φιλανθρωπίας. [7] Οἱ μὲν οὖν ἀμετάθετον τὴν ἔχθραν φυλάττοντες μαχόμενοι τετελευτήκασιν, οἱ δ' ἑαυτοὺς ἡμῖν ἐγχειρίσαντες ἀντὶ πολεμίων γεγόνασιν ἱκέται. Οἱ γὰρ ἐν ταῖς μάχαις τοῖς ἐναντίοις τὰ σώματα ἐγχειρίζοντες, ἐπ' ἐλπίδι σωτηρίας τοῦτο πράττουσιν· εἰ δὲ πιστεύσαντες τιμωρίας τεύξονται τηλικαύτης, οἱ μὲν παθόντες ἀναδέξονται τὴν συμφοράν, οἱ δὲ πράξαντες ἀγνώμονες ἂν κληθεῖεν. [8] Δεῖ δὲ τοὺς τῆς ἡγεμονίας ἀντιποιουμένους, ὦ ἄνδρες Συρακόσιοι, μὴ οὕτως τοῖς ὅπλοις ἑαυτοὺς ἰσχυροὺς κατασκευάζειν, ὡς τοῖς τρόποις ἐπιεικεῖς παρέχεσθαι. 
22. Οἱ γὰρ ὑποτεταγμένοι τοὺς μὲν φόβῳ κατισχύοντας καιροτηρήσαντες ἀμύνονται διὰ τὸ μῖσος, τοὺς δὲ φιλανθρώπως ἀφηγουμένους βεβαίως ἀγαπῶντες ἀεὶ συναύξουσι τὴν ἡγεμονίαν. Τί καθεῖλε τὴν Μήδων ἀρχήν; πρὸς τοὺς ταπεινοτέρους ὠμότης. [2] ποστάντων γὰρ Περσῶν καὶ τὰ πλεῖστα τῶν ἐθνῶν συνεπέθετο. Πῶς γὰρ Κῦρος ἐξ ἰδιώτου τῆς ᾿Ασίας ὅλης ἐβασίλευσε; Τῇ πρὸς τοὺς κρατηθέντας εὐγνωμοσύνῃ. Κροῖσον γὰρ τὸν βασιλέα λαβὼν αἰχμάλωτον οὐχ ὅπως ἠδίκησεν, ἀλλὰ καὶ προσευηργέτησεν· παραπλησίως δὲ καὶ τοῖς ἄλλοις βασιλεῦσί τε καὶ δήμοις προσηνέχθη. [3] Τοιγαροῦν διαδοθείσης εἰς πάντα τόπον τῆς ἡμερότητος ἅπαντες οἱ κατὰ τὴν ᾿Ασίαν ἀλλήλους φθάνοντες εἰς τὴν τοῦ βασιλέως συμμαχίαν παρεγίνοντο. [4] Τί λέγω τὰ μακρὰν καὶ τόποις καὶ χρόνοις ἀφεστηκότα; Κατὰ γὰρ τὴν ἡμετέραν πόλιν οὐ πάλαι Γέλων ἐξ ἰδιώτου τῆς Σικελίας ὅλης ἡγεμὼν ἐγένετο, τῶν πόλεων ἑκουσίως εἰς τὴν ἐξουσίαν ἐκείνου παραγενομένων· προσεκαλεῖτο γὰρ ἡ τἀνδρὸς ἐπιείκεια πάντας ἀνθρώπους, τὴν εἰς τοὺς ἠτυχηκότας συγγνώμην προσλαβοῦσα. [5] π' ἐκείνων οὖν τῶν χρόνων τῆς κατὰ Σικελίαν ἡγεμονίας ἀντιποιουμένης τῆς πόλεως, μὴ καταρρίψωμεν τὸν ὑπὲρ τῶν προγόνων ἔπαινον, μηδ' ἑαυτοὺς θηριώδεις καὶ ἀπαραιτήτους πρὸς ἀνθρωπίνην ἀτυχίαν παράσχωμεν. Οὐ γὰρ προσήκει δοῦναι τῷ φθόνῳ καθ' ἡμῶν ἀφορμὴν εἰπεῖν, ὡς ἀναξίως εὐτυχοῦμεν· καλὸν γὰρ καὶ τὸ τῆς τύχης ἀντιπραττούσης ἔχειν τοὺς συναλγήσοντας καὶ πάλιν ἐν τοῖς κατορθώμασι τοὺς ἡδομένους. [6] Τὰ μὲν οὖν ἐν τοῖς ὅπλοις πλεονεκτήματα τύχῃ καὶ καιρῷ κρίνεται πολλάκις, ἡ δ' ἐν ταῖς εὐπραξίαις ἡμερότης ἴδιόν ἐστι σημεῖον τῆς τῶν εὐτυχούντων ἀρετῆς. Διὸ μὴ φθονήσητε τῇ πατρίδι περιβόητον γενέσθαι παρὰ πᾶσιν ἀνθρώποις, ὅτι τοὺς ᾿Αθηναίους ἐνίκησεν οὐ μόνον τοῖς ὅπλοις, ἀλλὰ καὶ τῇ φιλανθρωπίᾳ. [7] Φανήσονται γὰρ οἱ τῶν ἄλλων ὑπερέχειν ἡμερότητι σεμνυνόμενοι τῇ παρ' ἡμῶν εὐγνωμοσύνῃ πολυωρούμενοι, καὶ οἱ πρῶτοι βωμὸν ἐλέου καθιδρυσάμενοι τοῦτον ἐν τῇ πόλει τῶν Συρακοσίων εὑρήσουσιν. [8] ξ ὧν πᾶσιν ἔσται φανερόν, ὡς ἐκεῖνοι μὲν δικαίως ἐσφάλησαν, ἡμεῖς δ' ἀξίως ηὐτυχήσαμεν, εἴπερ οἱ μὲν τοιούτους ἀδικεῖν ἐπεχείρησαν οἳ καὶ πρὸς τοὺς ἐχθροὺς εὐγνωμόνησαν, ἡμεῖς δὲ τοιούτους ἐνικήσαμεν οἳ καὶ τοῖς πολεμιωτάτοις μερίζουσι τὸν ἔλεον ἐτόλμησαν ἐπιβουλεῦσαι· ὥστε μὴ μόνον ὑπὸ τῶν ἄλλων κατηγορίας τυγχάνειν τοὺς ᾿Αθηναίους, ἀλλὰ καὶ αὐτοὺς ἑαυτῶν καταγινώσκειν, εἰ τοιούτους ἄνδρας ἀδικεῖν ἐνεχείρησαν. 
23. Καλόν, ὦ ἄνδρες Συρακόσιοι, κατάρξασθαι φιλίας, καὶ τῷ τῶν ἠτυχηκότων ἐλέῳ σπείσασθαι τὴν διαφοράν. Δεῖ γὰρ τὴν μὲν πρὸς τοὺς φίλους εὔνοιαν ἀθάνατον φυλάττειν, τὴν δὲ πρὸς τοὺς ἐναντίους ἔχθραν θνητήν· οὕτω γὰρ συμβήσεται τοὺς μὲν συμμάχους γίνεσθαι πλείους, τοὺς δὲ πολεμίους ἐλάττους. [2] Τὴν δὲ διαφορὰν αἰώνιον διαφυλάττοντας παραδιδόναι παισὶ παίδων οὔτ' εὔγνωμον οὔτε ἀσφαλές· ἐνίοτε γὰρ οἱ δοκοῦντες ὑπερέχειν ἐν ῥοπῇ καιροῦ τῶν πρότερον ὑποπεπτωκότων ἀσθενέστεροι γίνονται. [3] Μαρτυρεῖ δ' ὁ νῦν γενόμενος πόλεμος· οἱ γὰρ ἐπὶ πολιορκίᾳ παραγενόμενοι καὶ διὰ τὴν ὑπεροχὴν ἀποτειχίσαντες τὴν πόλιν ἐκ μεταβολῆς αἰχμάλωτοι γεγόνασιν, ὡς ὁρᾶτε. καλὸν οὖν ἐν ταῖς τῶν ἄλλων ἀτυχίαις ἡμέρους φανέντας ἕτοιμον ἔχειν τὸν παρὰ πάντων ἔλεον, ἐάν τι συμβαίνῃ τῶν ἀνθρωπίνων. Πολλὰ γὰρ ὁ βίος ἔχει παράδοξα, στάσεις πολιτικάς, λῃστείας, πολέμους, ἐν οἷς οὐ ῥᾴδιον διαφεύγειν τὸν κίνδυνον ἄνθρωπον ὄντα. [4] Διόπερ εἰ τὸν πρὸς τοὺς ὑποπεπτωκότας ἔλεον ἀποκόψομεν, πικρὸν καθ' ἑαυτῶν νόμον θήσομεν εἰς ἅπαντα τὸν αἰῶνα. Οὐ γὰρ δυνατὸν τοὺς ἄλλοις ἀνημέρως χρησαμένους αὐτοὺς παρ' ἑτέρων τυχεῖν ποτε φιλανθρωπίας, ἄλλους τε πράξαντας δεινὰ παθεῖν εὐγνώμονα, καὶ παρὰ τοὺς τῶν ῾Ελλήνων ἐθισμοὺς τοσούτους ἄνδρας φονεύσαντας ἐν ταῖς τοῦ βίου μεταβολαῖς ἐπιβοᾶσθαι τὰ κοινὰ πάντων νόμιμα. [5] Τίς γὰρ ῾Ελλήνων τοὺς παραδόντας ἑαυτοὺς καὶ τῇ τῶν κρατούντων εὐγνωμοσύνῃ πιστεύσαντας ἀπαραιτήτου τιμωρίας ἠξίωκεν, ἢ τίς ἧττον τοῦ μὲν ὠμοῦ τὸν ἔλεον, τῆς δὲ προπετείας τὴν εὐλάβειαν ἔσχηκεν; 
24. Πάντες δὲ ἀνατείνονται μὲν πρὸς τοὺς ἀντιταττομένους, εἴκουσι δὲ τοῖς ὑποπεπτωκόσιν, ὧν μὲν τὴν τόλμαν καταπονοῦντες, ὧν δὲ τὴν ἀτυχίαν οἰκτείροντες. Θραύεται γὰρ ἡμῶν ὁ θυμός, ὅταν ὁ πρότερον ἐχθρὸς ὢν ἐκ μεταβολῆς ἱκέτης γενόμενος ὑπομένῃ παθεῖν ὅ,τι ἂν δοκῇ τοῖς κρατοῦσιν. [2] λίσκονται δ', οἶμαι, τῶν ἡμέρων ἀνδρῶν αἱ ψυχαὶ μάλιστά πως ἐλέῳ διὰ τὴν κοινὴν τῆς φύσεως ὁμοπάθειαν. ᾿Αθηναῖοι γὰρ κατὰ τὸν Πελοποννησιακὸν πόλεμον εἰς τὴν Σφακτηρίαν νῆσον πολλοὺς τῶν Λακεδαιμονίων κατακλείσαντες καὶ λαβόντες αἰχμαλώτους ἀπελύτρωσαν τοῖς Σπαρτιάταις. [3] Πάλιν Λακεδαιμόνιοι πολλοὺς τῶν ᾿Αθηναίων καὶ τῶν συμμάχων αἰχμαλωτισάμενοι παραπλησίως ἐχρήσαντο. Καὶ καλῶς ἀμφότεροι ταῦτ' ἔπραξαν. Δεῖ γὰρ τοῖς ῞Ελλησι τὴν ἔχθραν εἶναι μέχρι τῆς νίκης, καὶ κολάζειν μέχρι τοῦ κρατῆσαι τῶν ἐναντίων. [4] δὲ περαιτέρω τὸν ὑποπεσόντα καὶ πρὸς τὴν τοῦ κρατοῦντος εὐγνωμοσύνην προσφεύγοντα τιμωρούμενος οὐκέτι τὸν ἐχθρὸν κολάζει, πολὺ δὲ μᾶλλον ἀδικεῖ τὴν ἀνθρωπίνην ἀσθένειαν. [5] Εἴποι γὰρ ἄν τις πρὸς τὴν τοῦ τοιούτου σκληρότητα τὰς τῶν πάλαι σοφῶν ἀποφάσεις, ἄνθρωπε, μὴ μέγα φρόνει, γνῶθι σαυτόν, ἰδὲ τὴν τύχην ἁπάντων οὖσαν κυρίαν. Τίνος γὰρ χάριν οἱ πρόγονοι πάντων τῶν ῾Ελλήνων ἐν ταῖς κατὰ πόλεμον νίκαις κατέδειξαν οὐ διὰ λίθων, διὰ δὲ τῶν τυχόντων ξύλων ἱστάναι τὰ τρόπαια; [6] ρ' οὐχ ὅπως ὀλίγον χρόνον διαμένοντα ταχέως ἀφανίζηται τὰ τῆς ἔχθρας ὑπομνήματα; Καθόλου δ' εἰ μὲν αἰώνιον ἵστασθαι τὴν διαφορὰν βούλεσθε, μάθετε τὴν ἀνθρωπίνην ἀσθένειαν ὑπερφρονοῦντες· εἷς γὰρ καιρὸς καὶ βραχεῖα ῥοπὴ τύχης ταπεινοῖ πολλάκις τοὺς ὑπερηφάνους. 
25. Εἰ δ', ὅπερ εἰκός ἐστι, παύσεσθε πολεμοῦντες, τίνα καλλίω καιρὸν εὑρήσετε τοῦ νῦν ὑπάρχοντος, ἐν ᾧ τὴν πρὸς τοὺς ἐπταικότας φιλανθρωπίαν ἀφορμὴν τῆς φιλίας ποιήσεσθε; Μὴ γὰρ οἴεσθε τὸν τῶν ᾿Αθηναίων δῆμον τελέως ἐξησθενηκέναι διὰ τὴν ἐν Σικελίᾳ συμφοράν, ὃς κρατεῖ σχεδὸν τῶν τε κατὰ τὴν ῾Ελλάδα νήσων ἁπασῶν, καὶ τῆς παραλίου τῆς τε κατὰ τὴν Εὐρώπην καὶ τὴν ᾿Ασίαν ἔχει τὴν ἡγεμονίαν. [2] Καὶ γὰρ πρότερον περὶ τὴν Αἴγυπτον τριακοσίας τριήρεις αὐτάνδρους ἀπολέσας τὸν δοκοῦντα κρατεῖν βασιλέα συνθήκας ἀσχήμονας ποιεῖν ἠνάγκασε, καὶ πάλιν ὑπὸ Ξέρξου τῆς πόλεως κατασκαφείσης μετ' ὀλίγον κἀκεῖνον ἐνίκησε καὶ τῆς ῾Ελλάδος τὴν ἡγεμονίαν ἐκτήσατο. [3] γαθὴ γὰρ ἡ πόλις ἐν τοῖς μεγίστοις ἀτυχήμασι μεγίστην ἐπίδοσιν λαβεῖν καὶ μηδέποτε ταπεινὸν μηδὲν βουλεύεσθαι. Καλὸν οὖν ἀντὶ τοῦ τὴν ἔχθραν ἐπαύξειν συμμάχους αὐτοὺς ἔχειν φεισαμένους τῶν αἰχμαλώτων. [4] νελόντες μὲν γὰρ αὐτοὺς τῷ θυμῷ μόνον χαριούμεθα, τὴν ἄκαρπον ἐπιθυμίαν ἐκπληροῦντες, φυλάξαντες δὲ παρὰ μὲν τῶν εὖ παθόντων τὴν χάριν ἕξομεν, παρὰ δὲ τῶν ἄλλων ἁπάντων τὴν εὐδοξίαν. 
26. Ναί, ἀλλά τινες τῶν ῾Ελλήνων ἀπέσφαξαν τοὺς αἰχμαλώτους. Τί οὖν; Εἰ μὲν αὐτοῖς ἐκ ταύτης τῆς πράξεως ἔπαινοι τυγχάνουσι, μιμησώμεθα τοὺς τῆς δόξης πεφροντικότας· εἰ δὲ παρὰ πρώτων ἡμῶν τυγχάνουσι κατηγορίας, μηδὲ αὐτοὶ πράξωμεν τὰ αὐτὰ τοῖς ὁμολογουμένως ἡμαρτηκόσι. [2] Μέχρι μὲν γὰρ τοῦ μηδὲν ἀνήκεστον πεπονθέναι τοὺς εἰς τὴν ἡμετέραν πίστιν ἑαυτοὺς παραδόντας, ἅπαντες καταμέμψονται δικαίως τὸν ᾿Αθηναίων δῆμον· ἐὰν δὲ ἀκούσωσι παρὰ τὰ κοινὰ νόμιμα τοὺς αἰχμαλώτους παρεσπονδημένους, ἐφ' ἡμᾶς μετοίσουσι τὴν κατηγορίαν. Καὶ γὰρ εἴ τινων ἄλλων, ᾿Αθηναίων ἄξιόν ἐστιν ἐντραπῆναι μὲν τὸ τῆς πόλεως ἀξίωμα, χάριν δ' αὐτοῖς ἀπομερίσαι τῶν εἰς ἄνθρωπον εὐεργετημάτων. [3] Οὗτοι γάρ εἰσιν οἱ πρῶτοι τροφῆς ἡμέρου τοῖς ῞Ελλησι μεταδόντες, ἣν ἰδίᾳ παρὰ θεῶν λαβόντες τῇ χρείᾳ κοινὴν ἐποίησαν· οὗτοι νόμους εὗρον, δι' οὓς ὁ κοινὸς βίος ἐκ τῆς ἀγρίας καὶ ἀδίκου ζωῆς εἰς ἥμερον καὶ δικαίαν ἐλήλυθε συμβίωσιν· οὗτοι πρῶτοι τοὺς καταφυγόντας διασώσαντες τοὺς περὶ τῶν ἱκετῶν νόμους παρὰ πᾶσιν ἀνθρώποις ἰσχῦσαι παρεσκεύασαν· ὧν ἀρχηγοὺς γενομένους οὐκ ἄξιον αὐτοὺς ἀποστερῆσαι. καὶ ταῦτα μὲν πρὸς ἅπαντας· ἰδίᾳ δ' ἐνίους ὑπομνήσω τῶν φιλανθρώπων. 
27. σοι μὲν γὰρ λόγου καὶ παιδείας ἐν τῇ πόλει μετεσχήκατε, δότε τὸν ἔλεον τοῖς τὴν πατρίδα κοινὸν παιδευτήριον παρεχομένοις πᾶσιν ἀνθρώποις· ὅσοι δὲ τῶν ἁγνοτάτων μυστηρίων μετειλήφατε, σώσατε τοὺς μυήσαντας, οἱ μὲν ἤδη μετεσχηκότες τῶν φιλανθρωπιῶν τὴν χάριν διδόντες τῆς εὐεργεσίας, οἱ δὲ μέλλοντες μεταλήψεσθαι μὴ παραιρούμενοι τῷ θυμῷ τὴν ἐλπίδα. [2] Ποῖος γὰρ τόπος τοῖς ξένοις βάσιμος εἰς παιδείαν ἐλευθέριον τῆς ᾿Αθηναίων πόλεως ἀνῃρημένης; Βραχὺ τὸ διὰ τὴν ἁμαρτίαν μῖσος, μεγάλα δὲ καὶ πολλὰ τὰ πρὸς εὔνοιαν αὐτοῖς εἰργασμένα. Χωρὶς δὲ τῆς περὶ τὴν πόλιν ἐντροπῆς καὶ κατ' ἰδίαν ἄν τις τοὺς αἰχμαλώτους ἐξετάζων εὕροι δικαίως ἐλέου τυγχάνοντας. Οἱ μὲν γὰρ σύμμαχοι τῇ τῶν κρατούντων ὑπεροχῇ βιασθέντες ἠναγκάσθησαν συστρατεύειν. [3] Διόπερ εἰ τοὺς ἐξ ἐπιβολῆς ἀδικήσαντας δίκαιόν ἐστι τιμωρεῖσθαι, τοὺς ἀκουσίως ἐξαμαρτάνοντας προσῆκον ἂν εἴη συγγνώμης ἀξιοῦν. Τί λέγω Νικίαν, ὃς ἀπ' ἀρχῆς τὴν πολιτείαν ὑπὲρ Συρακοσίων ἐνστησάμενος μόνος ἀντεῖπεν ὑπὲρ τῆς εἰς Σικελίαν στρατείας, ἀεὶ δὲ τῶν παρεπιδημούντων Συρακοσίων φροντίζων καὶ πρόξενος ὢν διατετέλεκεν; [4] τοπον οὖν Νικίαν κολάζεσθαι τὸν ὑπὲρ ἡμῶν ᾿Αθήνησι πεπολιτευμένον, καὶ διὰ μὲν τὴν εἰς ἡμᾶς εὔνοιαν μὴ τυχεῖν φιλανθρωπίας, διὰ δὲ τὴν ἐν τοῖς κοινοῖς ὑπηρεσίαν ἀπαραιτήτῳ περιπεσεῖν τιμωρίᾳ, καὶ τὸν μὲν ἐπαγαγόντα τὸν πόλεμον ἐπὶ Συρακοσίους ᾿Αλκιβιάδην ἅμα καὶ παρ' ἡμῶν καὶ παρ' ᾿Αθηναίων ἐκφυγεῖν τὴν τιμωρίαν, τὸν δ' ὁμολογουμένως φιλανθρωπότατον ᾿Αθηναίων γεγενημένον μηδὲ τοῦ κοινοῦ τυχεῖν ἐλέου. [5] Διόπερ ἔγωγε τὴν τοῦ βίου μεταβολὴν θεωρῶν ἐλεῶ τὴν τύχην. Πρότερον μὲν γὰρ ἐν τοῖς ἐπισημοτάτοις τῶν ῾Ελλήνων ὑπάρχων καὶ διὰ τὴν καλοκἀγαθίαν ἐπαινούμενος μακαριστὸς ἦν καὶ περίβλεπτος κατὰ πᾶσαν πόλιν· [6] νυνὶ δ' ἐξηγκωνισμένος καὶ ἐν ἀσχήμονί χιτῶνι προσόψει τῶν τῆς αἰχμαλωσίας οἰκτρῶν πεπείραται, καθαπερεὶ τῆς τύχης ἐν τῷ τούτου βίῳ τὴν ἑαυτῆς δύναμιν ἐπιδείξασθαι βουλομένης. ς τὴν εὐημερίαν ἀνθρωπίνως ἡμᾶς ὑπενεγκεῖν προσήκει καὶ μὴ βάρβαρον ὠμότητα πρὸς ὁμοεθνεῖς ἀνθρώπους ἐνδείξασθαι.

1 I. Si notre objet dans cette histoire était aussi borné que celui de la plupart des autres historiens, nous aurions le temps de nous étendre dans des préambules qui pourraient avoir leur agrément et leur utilité ; et nous reprendrions ensuite le fil de notre matière. [2] Mais comme nous nous sommes engagés à renfermer en chaque livre les faits de différentes nations et en peu de livres, un espace de plus de onze cents ans, nous nous voyons obligés de supprimer toute digression et de suivre fidèlement notre sujet. Nous nous contenterons de dire que les six livres qui précédent celui-ci, contiennent ce qui s'en passa depuis la prise de Troie, jusqu'à la guerre portée par les Athéniens en Sicile, ce qui comprend un intervalle de sept cens soixante ans ; et commençant ce nouveau livre, avec le commencement de cette guerre, nous le finirons à l'entrée de la seconde guerre des Carthaginois contre Denys tyran de Syracuse.
II
Olymp. 91, an 2. 415 avant l'ère chrét.
2 CHABRIAS étant archonte d'Athènes, les romains créèrent encore trois tribuns militaires, L. Sergius, M. Papirius et M. Servilius. Les Athéniens ayant déclaré la guerre la ville de Syracuse, préparèrent leur flotte et après l'avoir pourvue de soldats et de tout l'argent nécessaire pour cette expédition, ils nommèrent pour la commander Alcibiade, Nicias et Lamachus, avec un plein pouvoir d'ordonner tout ce qu'ils jugeraient à propos dans le cours de cette entreprise. [2] Entre les particuliers mêmes de la République, ceux qui étaient plus riches que le commun des citoyens et qui voulaient gagner les bonnes grâces du peuple, équipèrent, à leur frais, chacun trois vaisseaux, et les autres promirent de contribuer aux vivres de l'armée. Les habitants moins distingués, et même plusieurs étrangers, surtout ceux qui venaient des villes des alliés, se présentaient d'eux-mêmes aux capitaines et les pressaient de les enrôler : tant on s'était enivré, d'espérance au sujet de la Sicile, dont il leur semblait déjà qu'ils allaient partager les terres entre eux. [3] Lorsqu'on fût près de mettre la voiles, toutes les statues de Mercure, qui étaient en grand nombre dans la ville, se trouvèrent mutilées en une nuit. Les citoyens qui ne crurent point que cette insolence eut pour auteurs des gens du bas peuple, en soupçonnèrent au contraire les plus puissants de la ville, dans la pensée qu'ils leur prêtèrent d'avoir voulu ébranler, par la vue de ce désordre, le gouvernement populaire. Là-dessus ils entrèrent dans une grande indignation, ils recherchèrent très soigneusement les coupables et promirent de grandes récompenses à ceux qui les découvriraient. [4] Enfin un particulier se présenta au sénat et dit qu'au temps de la nouvelle lune, il avait vu, environ l'heure de minuit, quelques gens au nombre desquels était Alcibiade, entrer dans une maison où logeait un étranger. Là-dessus on lui demanda comment il avait pu discerner un homme à minuit, il répondit qu'il l'avait vu au clair de la lune. Ainsi ce témoin s'étant coupé par cette circonstance contradictoire à la date qu'il avoir alléguée, fut rejeté et l'on ne put trouver depuis aucun indice de l'auteur du fait.
[5] La flotte composée de 140 voiles, sans y comprendre les vaisseaux chargé de toutes sortes de provisions de guerre et de bouche, et de ceux où l'on avait embarqué les chevaux, montait à un nombre prodigieux de bâtiments. Les soldats armés de pied en cap et ceux qui portaient des frondes, les troupes qui devaient combattre à cheval, plus de sept mille hommes des villes alliées, et tout l'équipage de service formait une multitude innombrable. [6]. Mais avant que de partir, les généraux enfermés avec les sénateurs tinrent conseil sur la manière dont ils gouverneraient la Sicile, au cas qu'ils s'en rendissent les maîtres. Ils conclurent qu'il fallait réduire à la captivité ceux de Selinunte et de Syracuse, et se contenter d'exiger des autres villes un tribut qu'elles apporteraient tous les ans à Athènes.
3 Le lendemain les généraux, à la tête de leur armée, se rendirent au port du Pirée : toute la ville tant citoyens qu'étrangers les y accompagnèrent en foule, pour dire adieu chacun en particulier à ses parents et à ses amis. [2] Les vaisseaux couverts sur les proues d'armes posées en ornements et en trophées, remplissaient toute l'étendue du port et ses bords étaient chargés partout d'encensoirs et d'autres vases d'or et d'argent, où l'on prenait des libations qu'on offrait aux dieux pour leur demander l'heureux succès de cette entreprise. [3] Cet armement sorti du port doubla le Péloponnèse et vint prendre terre à Corcyre : il avait ordre d'attendre là les alliés des côtes voisines qui devaient se joindre à lui. Dès qu'ils furent tous rassemblés on remit à la voile et traversant la mer Ionienne, on vint surgir au promontoire d'Iapyge. [4] De là ils suivirent les côtes méridionales de l'Italie et les Tarentins n'ayant pas voulu leur ouvrir leur port, ils passèrent encore au-delà des Métapontins et des Héracléotes et abordèrent enfin chez les Thuriens, qui les reçurent avec toute sorte de bienveillance. De là ils arrivèrent ensuite à Crotone, où ils se pourvurent de rafraîchissements. En continuant leur route, ils reconnurent le temple de Junon Lacinienne et le Promontoire Dioscoride. [5] Laissant ensuite derrière eux Tescylete et Locres, ils abordèrent à Rhege, où ils invitèrent les habitants de se joindre à eux : on leur répondit qu'on en délibérerait avec les autres Villes d'Italie.
4  III. Cependant les Syracusains sentant approcher cette puissance formidable nommèrent trois généraux, auxquels ils donnèrent un pouvoir absolu, Hermocrate, Sicanus et Héraclide. Ceux-ci commencèrent par lever des soldats : après quoi ils envoyèrent des députés dans toutes les villes de la Sicile pour les engager à s'intéresser au salut commun. On leur représenta de leur part, que quoique les Athéniens fissent semblant de ne porter la guerre qu'a Syracuse, leur ambition s'étendait sur l’île entière. [2] Ceux d'Agrigente et de Naxus répondirent les premiers, que leur dessein était de persister dans leur alliance avec Athènes. Les Villes de Camarine et de Messine protestèrent qu'elles voulaient se tenir en paix et rejetèrent toute société de guerre. Les citoyens d'Himère, de Selinunte, de Gela et de Catane, déclarèrent qu'elles demeureraient attachées au parti de Syracuse. Tout le reste de la Sicile penchait au fond pour les Syracusains, mais se tenait en repos et voulait voir quel cours prendraient les choses. [3] Ceux d'Egeste avaient fait dire aux Athéniens qu'ils ne pouvaient contribuer plus de trente talents, les Athéniens très mécontents de cette offre de la part de gens qui les avaient appelés, levèrent l'ancre du port de Rhege et vinrent à Naxus de Sicile, où on les reçut avec joie, et de là ils partirent à Catane. [4] La ville ne voulut pas laisser entrer une armée navale dans son port : mais on admit les généraux qui, étant introduits dans l'assemblée du peuple, exaltaient déjà beaucoup l'avantage de leur alliance. [5] Dans le temps qu'Alcibiade parlait, quelques soldats grecs enfoncèrent une des petites portes de Catane et se répandirent dans la ville. Leur aspect obligea les Catanois à s'engager dans la guerre contre Syracuse. 
5 Pendant que ces choses se passaient, les ennemis personnels qu'Alcibiade avait à Athènes, réveillèrent l'affaire des statues mutilées et sur le soupçon qu'on en avait déjà jeté sur lui, ils l'accusèrent dans les assemblées publiques d'avoir voulu ébranler par là le gouvernement démocratique. Ces conjectures téméraires prirent une nouvelle force de l'exemple qu'on venait de voir à Argos, où quelques particuliers qui s'attachaient beaucoup à des étrangers et qui avaient voulu détruire l'autorité populaire, avaient été égorgés par les citoyens. [2] Le peuple d'Athènes échauffé par toutes ces circonstances et bien plus encore par les déclamations de ses harangueurs, envoya un vaisseau de Salamine en Sicile, avec ordre de ramener incessamment Alcibiade, pour venir répondre aux accusations portées contre lui. À l'arrivée de ce vaisseau à Catane, Alcibiade apprenant par les députés l'ordre du peuple s'embarqua avec quelques autres qu'on disait être ses complices, dans un vaisseau qui était à lui, et fit route à côté du vaisseau de Salamine. [3] Dès qu'ils furent au port de Thurium, Alcibiade, soit qu'il se sentit coupable, soit qu'il craignit la prévention de ses juges, s'échappa avec ses coaccusés : de sorte que les députés du vaisseau de Salamine l'ayant beaucoup cherché sans le trouver, revinrent seuls à Athènes et y rendirent compte de ce qui leur était arrivé. [4] Ainsi les Athéniens réduits à faire le procès à des noms, prononcèrent contre tous les accusés une vaine sentence de mort. Cependant Alcibiade passant des côtes d'Italie dans le Péloponnèse, vint se réfugier à Sparte, où il aigrit beaucoup les Lacédémoniens contre Athènes.
6  IV. LES deux généraux demeurés en Sicile avec toutes les forces de la République, se rembarquèrent pour Aegeste et prirent dans leur route la petite Ville d'Hiccara, dont le pillage monta à cent talents et ayant reçu les trente que les Segestains leurs avaient offerts, ils revinrent à Catane. [2] Comme ils avaient dessein de se rendre maître, sans coup-férir, du rivage voisin du grand port de Syracuse, ils y envoyèrent un Catanois qui leur était affidé et qui avait la confiance des généraux syracusains. Il avait ordre de leur dire qu'un certain nombre de ses concitoyens avait comploté de surprendre pendant la nuit, les Athéniens qui étaient en foule et sans armes dans leur ville, et après les avoir égorgés, d'aller mettre le feu à leur flotte dans le port où elle était actuellement. Que là-dessus les conjurés les invitaient de s'avancer avec leurs troupes pour soutenir cette entreprise et pour en assurer le succès. [3] Le Catanois s'acquitta de sa commission et les généraux de Syracuse ajoutant foi à ses paroles, convinrent en sa présence de la nuit où ils feraient marcher leurs troupes et le renvoyèrent à Catane. [4] Les généraux ne manquèrent pas de se mettre en marche dès le commencement de la nuit marquée ; et les Athéniens de leur côté s'avancèrent en silence vers le grand port de Syracuse et se saisirent d'abord du porte de l'Olympie. S'établissant ensuite dans tous les environs, ils formèrent l'enceinte de la ville. [5] Les généraux de Syracuse, qui s'aperçurent bientôt du piège qu'on leur avait dressé, revinrent incessamment sur leurs pas et tombèrent sur le camp des Athéniens. Les deux armées furent bientôt en ordre de bataille et il se donna un combat réglé, où les Athéniens tuèrent quatre cents de leurs adversaires et mirent le reste en fuite. [6] Mais s'étant aperçus que les ennemis étaient forts en cavalerie et voulant d'ailleurs se fournir de tout ce qui était nécessaire pour un grand siège, ils revinrent à Catane: ils envoyèrent en même temps à Athènes quelques-uns des leurs chargés de lettres adressées au peuple ; par lesquelles ils lui demandaient une recrue de cavaliers et de l'argent ; parce qu'ils prévoyaient que le siège qu'ils allaient entreprendre serait long. Le peuple décida qu'on leur enverrait trois cents talents et quelque cavalerie. [7] Ce fut en ce temps-là que Diagoras, surnommé l'Athée, étant appelé en jugement sur l'accusation d'impiété portée contre lui et craignant le jugement du peuple, s'enfuit hors de l'Attique. Les Athéniens promirent un talent d'argent à celui qui le tuerait. En Italie les Romains, qui étaient en guerre contre les Èques, prirent sur eux Lavinium.- Ce sont là les principaux faits de cette année.
Olymp. 91. an 3. 414 avant l'ère chrét.
7 Pisandre étant archonte d'Athènes, les Romains, au lieu de consuls créèrent quatre tribuns militaires, P. Lucretius, C. Servilius, Agrippa Menenius et Sp. Veturius. Les Syracusains envoyèrent des ambassadeurs à Corinthe et à Lacédémone, pour leur demander du secours et les prier de ne pas les abandonner dans le péril extrême où ils se trouvaient. [2] Alcibiade appuya leur demande, de sorte que les Lacédémoniens élurent Gylippe pour commandant des troupes qu'on résolut de leur fournir. Ceux de Corinthe qui leur préparaient une plus grande flotte se contentèrent pour lors de faire partir Pythès avec deux vaisseaux, en la compagnie du général de Lacédémone. [3] Nicias et Lamachus commandants de la flotte athénienne, ayant reçu à Catane deux cent cinquante hommes de cavalerie et 300 talents d'argent, se mirent en mer avec toutes leurs forces, pour aller former le siège de Syracuse. Comme ils y arrivèrent de nuit, ils se saisirent du poste de l'Epipole, avant qu'on s'en aperçut dans la ville. Dès qu'on en eut la nouvelle, on courut à sa défense; mais les Syracusains furent repoussés eux-mêmes dans leurs murailles, avec une perte de trois cents des leurs. [4] Les Athéniens qui avaient reçu trois cens chevaux de l'île d'Égine et deux cent cinquante de leurs alliés de Sicile, se trouvèrent en tout une cavalerie de huit cents hommes. Ils firent une enceinte autour de Labdale et entreprirent d'environner toute la ville d'une muraille ; ce qui jeta les citoyens dans une grande crainte. [5] C'est pourquoi ils firent une vigoureuse sortie pour interrompre la construction de cette muraille. Mais les Athéniens employant leur cavalerie, renversèrent un grand nombre des assiégés et firent bientôt rentrer le reste. Ils portèrent ensuite une grande partie de leurs troupes sur la hauteur qui domine sur le port et élevant un mur autour de l'endroit appelé Polycna ou Fanal, ils y enfermèrent aussi le temple de Jupiter ; de sorte qu'ils étaient en état de battre la ville par les deux cotés. [6] Les assiégés commençaient véritablement alors à se défier de leur fortune. Mais dès qu'ils eurent appris que Gylippe abordé à Himere y levait des soldats, leurs espérances se ranimèrent : [7] en effet, Gylippe, qui avait conduit quatre vaisseaux à Himère y avait jette l’ancre et avait engagé cette ville à prendre le parti de Syracuse. Là même il avait attiré des soldats de Géla, de Selinunte et de tous les bords du fleuve Sicanus : de sorte qu'il avait rassemblé trois mille hommes d'infanterie et deux cents chevaux, avec lesquels il se rendit par terre à Syracuse. 
8 Peu de jours après, il conduisit toutes ses troupes contre les Athéniens. Le succès d'une bataille qui se donna à cette occasion, fut que le général Lamachus y perdit la vie, et qu'après bien du carnage de part et d'autre, la victoire demeura aux Athéniens. [2] On était à peine séparé, qu'il arriva de Corinthe treize vaisseaux : Gylippe en prit tous les soldats, qu'il joignit aux troupes de Syracuse et il alla assiéger les Athéniens dans l'Epipole, où ils s'étaient logés. Ceux-ci sortirent de leur poste pour repousser les ennemis et l'on en vint à un combat, où les Athéniens perdirent beaucoup des leurs et furent vaincus; de sorte que la muraille qu'ils avaient, construite autour de l'Epipole fut abattue sans aucun obstacle. Chassés de ce poste, ils transportèrent toutes leurs forces d'un autre côté. [3] Cependant les Syracusains envoyèrent faire une nouvelle instance aux villes de Corinthe et de Lacédémone, pour leur demander encore du secours. La première de ces villes, conjointement avec les Béotiens et les Sicyoniens, leur envoya mille hommes et la seconde six cents. [4] D'un autre côté Gylippe parcourant toutes les villes de la Sicile, en attira plusieurs à l'alliance de Syracuse et ayant fait trois mille soldats et deux cents cavaliers, à Himere ou chez leurs voisins, il les amenait par terre ; lorsque les Athéniens, qui les attendaient sur leur passage, lui en tuèrent une moitié : l'autre, plus heureuse, arriva dans Syracuse. [5] Ces nouveaux secours firent naître aux Syracusains la pensée d'essayer aussi des combats de mer. Ils visitèrent ce qu'ils avaient de vaisseaux en bon état, ils radoubèrent ceux qui étaient hors de service et en ayant fait construire de nouveaux, ils firent l'essai des uns et des autres dans le petit port. [6] Alors le général Nicias écrivit à Athènes que Syracuse s'était acquis un grand nombre d’alliés et qu'ils avaient de quoi remplir une flotte dont ils s'étaient avisés de faire usage qu'ainsi il priait ses concitoyens de lui envoyer incessamment des fonds, des vaisseaux et même des commandants, qui lui aidassent à soutenir cette guerre ; parce qu'Alcibiade s'étant sauvé et Lamachus ayant été tué, il se trouvait avec une santé faible, chargé seul d'une entreprise confiée à trois personnes. [7] Les Athéniens firent donc partir vers le solstice d'Été, sous le commandement d'Eurymédon, vaisseaux qui portaient à Nicias cent quarante talents d'argent, en lui préparant pour le printemps de l'année suivante un secours encore plus considérable. C'est dans ce dessein qu'ils amassèrent de grosses sommes qu'ils firent chez tous leurs alliés de grandes levées de soldats. [8] Dans le Péloponnèse, les Lacédémoniens animés par Alcibiade, rompirent ouvertement la trêve qu'ils avaient faite avec Athènes et commencèrent une guerre qui dura 12 ans.
V
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Olympiade. 91 an 4. 413 ans avant l'ère chrétienne.
9 L'ANNÉE suivante Cléocrite fut archonte d'Athènes et l'on fit à Rome, au lieu de consuls, quatre tribuns militaires A. Sempronius, M. Papirius, Q. Fabius et Sp. Nautius. [2] Alors les Lacédémoniens avec leurs alliés se jetèrent dans l'Attique, ayant à leur tête leur roi Agis et l'Athénien Alcibiade : s'étant saisis là du fort de Décélie, qu'ils fortifièrent encore, ils s'en firent comme une porte dans le pays ennemi ; et cette guerre même prit de là le nom de guerre Décelienne. D'autre part les Athéniens envoyèrent trente vaisseaux autour du Péloponnèse sous le commandement de Chariclés et firent partir en même temps pour la Sicile quatre-vingts autres chargés de cinq mille hommes. [3] Les Syracusains, qui s'étaient préparés à un combat naval, leur opposèrent le même nombre de vaisseaux fournis d'un équipage convenable de soldats. Soixante vaisseaux de la flotte athénienne s'étant avancés, le combat devint sérieux : tout ce qu'il y avait d'Athéniens établis ou postés dans les environs, s'étaient rendus sur les bords de la mer ; les uns pour voir le combat et les autres pour recevoir ceux des leurs qui, en cas de mauvais succès, voudraient gagner le rivage. [4] Les généraux syracusains qui s'aperçurent de ce mouvement, envoyèrent aussitôt des soldats de la ville dans tous les postes des Athéniens qui étaient remplis d'argent et de toutes sortes de provisions, pour une guerre qui devait se faire par terre et par mer. Les Syracusains qui trouvèrent alors ces postes gardés par peu de gens, les enlevèrent sans beaucoup de peine, tuèrent un grand nombre de ceux qui accouraient du rivage à leur défense.  [5] Les cris qui s'élevèrent autour de ces postes et dans le camp que les Athéniens avaient auprès de la ville, étant parvenus jusqu'aux vaisseaux, y jetèrent l'alarme, et ils cherchèrent à se sauver sous un fort qui leur restait. Les vaisseaux de Syracuse les poursuivirent sans ordre ; et les Athéniens repoussés par terre du pied de deux postes dont on venait de s'emparer, furent contraints de revenir au combat naval. [6] Mais profitant aussi de l'écart où les vaisseaux syracusains s'étaient mis un peu auparavant pour les poursuivre, ils les heurtèrent, joints ensemble comme ils l'étaient, avec tant de vigueur, qu'ils en coulèrent onze à fond l'un après l'autre et poussèrent le reste jusqu'au terrain de l’île. Le combat fini, les uns et les autres dressèrent un trophée. Les Athéniens pour la victoire gagnée sur mer et les Syracusains pour les avantages remportés sur terre.
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VI. Après cet événement les Athéniens qui apprirent que Démosthène leur amenait une nouvelle flotte, qui devait arriver en peu de jours, résolurent de ne rien entreprendre jusqu'à ce temps-là. Les Syracusains au contraire, qui souhaitaient d'en venir à une bataille décisive avant l'arrivée de ce secours, harcelaient continuellement les vaisseaux ennemis. [2] Ariston, capitaine d'un vaisseau de Corinthe, leur conseilla de rendre les proues des leurs plus étroites et plus basses qu'elles n'étaient. Et cet avis qu'ils mirent en pratique, leur procura de grands avantages dans les combats, qu'ils eurent à donner dans la suite : [3] car les vaisseaux Athéniens, qui avaient des pointes fort élevées et très faibles, ne pouvaient rencontrer dans les vaisseaux ennemis que des parties éloignées de l'eau, auxquelles d'ailleurs elles ne causaient jamais beaucoup de dommage ; au lieu que dans l'abordage les vaisseaux de Syracuse étaient en état de porter des coups violents aux endroits les plus voisins de l'eau et de faire entre-ouvrir et couler à fond, du premier choc, les bâtiments de leurs adversaires. [4] Dans cette disposition des choses, les Syracusains insultaient continuellement sur mer et sur terre les retranchements de leurs ennemis, mais toujours en vain et ils ne pouvaient les tirer de l'inaction où les tenait leur attente. Enfin pourtant quelques-uns des capitaines de vaisseaux ne pouvant plus soutenir les railleries et les injures de leurs adversaires s'avancèrent sur eux et engagèrent un combat général dans le grand port. [5] Les Athéniens, dont les vaisseaux étaient bons voiliers, qui avaient une grande expérience de la mer et dont les officiers étaient extrêmement habiles, ne purent profiter d'aucun de ces avantages dans un lieu resserré. Les Syracusains qui les investirent, ne leur permettaient de reculer d'aucun côté. Ils les accablaient de traits de dessus leurs ponts et les obligeaient à coups de pierre de descendre des leurs. Accrochant ensuite les vaisseaux qui s'approchaient d'eux, ils se jetaient dedans et changeaient un combat naval en un combat d'infanterie. [6] Enfin, les Athéniens pressés de tous côtés, prirent la fuite. Les Syracusains qui les poursuivirent leur coulèrent encore à fonds sept vaisseaux et émirent plusieurs autres hors de service. 
11 Les succès que Syracuse avait eus sur mer et sur terre, l'animaient d'une grande espérance, lorsque Eurymédon et Démosthène arrivèrent. Ils étaient partis d'Athènes avec une puissante flotte et ils l'avaient encore fortifiée, par des troupes qu'ils avaient prises à Thurium et à Messapie villes d'Italie, qui leur étaient alliées. [2] Ils amenaient trois cent dix vaisseaux partant cinq mille soldats, sans y comprendre l'équipage de service. Ils étaient suivis de plusieurs vaisseaux de charge, qui contenaient l'argent, les armes et un grand nombre de ma chines de guerre propres à un siège. À cette vue les Syracusains retombèrent dans leur première consternation pensant bien qu'il serait difficile de résister à tant de forces. [3] Démosthène ayant persuadé aux commandants ses collègues de se saisir de l'Epipole, sans laquelle on ne pouvait faire un mur de circonvallation autour de la ville, se mit à la tête de dix mille hommes armés de toutes pièces et de dix mille autres armés à la légère, avec lesquels il attaqua de nuit les Syracusains. Comme ceux-ci ne s'attendaient point à cette attaque, les Athéniens se rendirent maîtres de quelques logements, et pénétrant jusque dans l'Epipole, ils y renversèrent une partie du mur qui la défendait. [4] Les habitants y coururent aussitôt de tous côtés, et Hermocrate, le premier de leurs trois commandants, ayant mené avec lui des soldats d'élite, repoussa les Athéniens, qui se trouvant au milieu de la nuit dans un lieu qu'ils ne connaissaient pas, s'enfuyaient les uns d'un côté les autres de l'autre. [5] Les Syracusains soutenus de leurs alliés les poursuivirent. Ils tuèrent deux mille cinq cents hommes et en blessèrent autant, ce qui fit tomber entre leurs mains une grande provision d'armes. [6] Dès le lendemain de cet événement ils envoyèrent Sicanus, un autre de leurs commandants, avec douze vaisseaux pour annoncer cette victoire aux villes alliées et les inviter à achever leur délivrance par de nouveaux secours. 
12 Les Athéniens dont les affaires allaient mal de tous côtés, se trouvaient campés dans un lieu humide et marécageux, circonstance qui commençait à mettre la perte parmi leurs soldats et qui leur fit tenir un conseil très grave sur leur situation. [2] Démosthène opina qu'il fallait s'en retourner incessamment à Athènes et qu'il serait bien plus avantageux d'aller défendre leur patrie attaquée par les Spartiates, que de demeurer en Sicile pour n'y rien faire : Nicias répliqua qu'il serait honteux d'abandonner le siège qu'ils avaient entrepris, surtout ayant sur leurs ennemis la supériorité des richesses, des vaisseaux et des troupes. Il ajouta que si ayant donné ainsi la paix à Syracuse sans le consentement du peuple, ils s'en retournaient dans leur pays, ils s'exposeraient eux-mêmes à un grand péril de la part de ceux qui sont toujours prêts à accuser les généraux. [3] Ceux qui assistaient à ce conseil se partagèrent également entre l'avis de Démosthène et celui de Nicias, de sorte que par cette incertitude on demeura dans l'inaction. [4] Il arriva cependant à Syracuse un renfort considérable d'alliés de Sicile, tant de Selinunte que de Gela, d'Himère et de Camarine ; ce qui augmenta beaucoup encore la confiance des assiégés et le découragement des assiégeants. D'un autre côté la maladie faisait de grands progrès ; plusieurs en moururent et tous se repentaient de n'avoir pas repris dans les premiers jours le chemin de leur patrie. [5] Ainsi, comme le murmure se répandait dans les troupes et que le plus grand nombre même se jetait dans les vaisseaux, Nicias se vit obligé d'accorder son suffrage pour le retour.
VII. Dès que l'ordre, en fut annoncé de la part des généraux, tous les soldats firent leur bagage ; les vaisseaux furent bientôt remplis et tournaient leur proue du côté de la mer. Les généraux firent publier que personne ne demeurât en arrière, parce qu'au dernier signal on laisserait les paresseux sur le rivage. [6] Il y eut une éclipse de lune pendant la nuit, qui précéda le jour marqué pour le départ. Là-dessus Nicias, superstitieux de son naturel et qui liait ce phénomène à la perte qui avait affligé son armée, jugea à propos de consulter ses devins. Ceux-ci répondirent qu'il convenait de suspendre le départ pour trois jours. Démosthène fut obligé de consentir à ce délai, pour ne point blesser la prévention publique. 
13 Les Syracusains instruits par des transfuges de ce retardement et de sa cause, remplirent d'hommes armés toutes leurs galères, qui étaient au nombre de soixante et quatorze et les faisant soutenir par d'autres troupes posées sur le rivage, ils attaquèrent les ennemis par mer et par terre. [2] Les Athéniens, dont la flotte montait à quatre-vingt-six voiles, donnèrent l'aile droite à Eurymédon, qui se trouva opposé à Agatarchus et l'Athénien Euthydème, qui commandait l'aile gauche avait devant lui le Sicilien Sicanus. Le centre était occupé du côté des Athéniens, par Ménandre et du côté des Syracusains par Pithès de Corinthe. [3] Or, quoique chaque escadre des Athéniens fut plus étendue, comme étant composée d'un plus grand nombre de vaisseaux, cet avantage apparent fut la cause de leur défaite. Car Eurymédon ayant entrepris d'envelopper l'aile des ennemis qui lui était opposée, les Syracusains qui le virent hors de sa ligne et séparé du gros de sa flotte, le poussèrent dans le détroit ou port appelé Dascon, qui était gardé par les Syracusains. [4] Là contraint de heurter la terre et de sortir de son vaisseau, il reçut un coup mortel, dont il périt. Sept vaisseaux furent coulés à fond dans ce port. [5] Le combat naval se soutenait encore un peu plus loin. Mais lorsqu'on y apprit que le général athénien était tué et qu'on avait perdu sept vaisseaux, la partie de la flotte athénienne la plus proche de ce détroit et qui apprit la première cette nouvelle, commença à reculer ; et les vaisseaux syracusains encouragés par ce succès les poursuivant avec vigueur, toute la flore d'Athènes prit le parti de la fuite. [6] Mais comme on la poursuivit le long de ce bassin, dont les dehors étaient dangereux, plusieurs vaisseaux furent arrêtés contre les rochers ou s'enfoncèrent dans la vase. Le général Sicanus envoya sur eux un brûlot plein de sarment, de poix et de mèches, auxquelles on mit le feu et qui le communiquèrent à tous les vaisseaux ennemis, malheureusement tombés dans cet écueil. [7] Les Athéniens l'éteignaient avec toute la diligence dont ils étaient capables et n'avaient point d'autre ressource que de repousser, autant qu'ils pouvaient, ceux qui cherchaient à entretenir cet incendie. Les troupes qu'ils avaient laissées à terre avant le combat, se rassemblèrent aussi de leur côté sur le rivage, où quelques vaisseaux brûlants venaient aborder. Ils tâchaient aussi d'éteindre le feu et donnaient à leurs camarades tous les secours dont ils pouvaient s'aviser. [8] Les Syracusains qui voulurent les en empêcher s'en trouvèrent mal; et ayant à faire à des hommes que le péril même encourageait, ils furent battus sur terre, pendant que leur flore victorieuse rentrait dans son port. Le combat naval coûta peu de soldats à Syracuse, au lieu que les Athéniens y perdirent au moins deux mille hommes et jusqu'à dix-huit vaisseaux. 
14 Les Syracusains jugeant qu'il n'y avait plus rien à craindre pour la ville et qu'il ne leur manquait que d'envelopper l'armée ennemie et d'y faire autant de prisonniers, qu'elle comptait de soldats, fermèrent toute l'enceinte de leur port ou de leur rade, par une chaîne de barques. [2] Ils rassemblèrent à ce dessein tout ce qu'ils avaient de galères, de vaisseaux marchands et de vaisseaux de charge et les liant les uns aux autres par des chaînes de fer, ils les assujettirent encore par des planches qu'ils clouèrent sur les bords de l'un à l'autre et qui leur servaient de pont. Ils eurent achevé tout cet ouvrage en trois jours de temps. [3] Les Athéniens voyant qu'on leur ôtait toute ressource de salut, convinrent entre eux de remplir leurs vaisseaux d'hommes et de repartir dans les uns et dans les autres ce qu'ils avaient de meilleurs soldats, afin d'épouvanter les ennemis par le nombre et surtout par la disposition où ils verraient une multitude de braves gens réduits au désespoir. [4] Ils suivirent ce projet et ayant fait monter avec ordre et avec choix dans les cent quinze vaisseaux qui leur restaient, ce qu'il fallait de troupe pour les armer et pour les défendre, ils postèrent tout le reste de leurs gens sur le rivage. Les Syracusains de leur côté, placèrent leur armée de terre devant leurs murailles et mirent en armes leurs soixante et quatorze galères. Elles étaient suivies de barques plus petites, où l'on avait placé les jeunes gens de famille libre sortis de l'enfance et qui devaient combattre sous les yeux de leurs pères. [5] Les murs qui environnaient le port et tous les lieux un peu élevés paraissaient garnis de spectateurs. Les femmes, les jeunes filles, les enfants et tous ceux qui n'étaient pas en état de porter les armes, s'intéressaient personnellement au succès de cette journée et l'agitation de leur esprit égalait le travail des combattants. 
15 Alors Nicias qui commandait les troupes de terre, jetant les yeux sur la flotte, sentit toute l'importance et tout le péril d'une semblable conjoncture. C'est pourquoi quittant son poste et se lançant dans la première barque qu'il rencontra, il se fit conduire autour de tous les vaisseaux. Il appelait chacun des capitaines par son nom, et lui tendant les bras, il l'invitait à se signaler par dessus les autres et à ne pas laisser perdre la dernière ressource, que la fortune offrait à sa patrie. Il lui représentait que le salut de ses concitoyens et le sien propre dépendait du courage qu'il ferait voir en cette occasion. [2] Il faisait souvenir les pères, des enfants qu'ils avaient laissés à Athènes. Il invitait ceux qui descendaient de parents illustres à ne pas déchoir de la réputation de leurs aïeux. Il exhortait ceux qui avaient reçu des honneurs publics à montrer qu'ils en étaient dignes. Il les conjurait tous de ne pas livrer à Syracuse la gloire immense que leurs ancêtres s'étaient acquise à Salamine et de ne pas changer en des fers honteux tant de trophées. [3] Après ces discours, Nicias revint à fa fonction sur le rivage et l'on entendit sur la flotte le chant ou le cri qui servait de signal. Elle se porta tout d'un coup vers la chaîne de barques et elle entreprit de la rompre avant que les ennemis y fussent arrivés pour la défendre. Mais ceux-ci se mirent bientôt en mouvement et faisant glisser leurs vaisseaux entre ceux d'Athènes, ils les séparèrent les uns des autres et les obligèrent d'abandonner leur ouvrage pour en venir à un combat. [4] Cependant comme les vaisseaux athéniens étaient poussés les uns sur le rivage, les autres vers le milieu du bassin et d'autres contre les murs de la ville, il ne s'agissait plus de rompre la chaîne ; et il se donnait dans toute l'étendue du port plusieurs petits combats séparés. [5] Les deux partis étaient également animés et avaient le même intérêt à la victoire. Les Athéniens comptaient même sur l'avantage du nombre ; et d'ailleurs se voyant arrivés à la décision finale de leur salut ou de leur perte, le péril ne les effrayait pas et la vie n'était rien pour eux. Les Syracusains qui avaient pour témoins leurs pères, leurs femmes et leurs enfants, entraient en émulation les uns à l'égard des autres et chacun d'eux voulait que la victoire lui fut due plus qu'à tout autre. 
16 Dans cette ardeur, plusieurs s'apercevant que leurs vaisseaux prenait eau par le choc du vaisseau ennemi, sautaient dans celui-ci et continuaient de combattre comme dans le leur propre. D'autres, avec des crocs, tiraient à eux le vaisseau opposé et forçaient ceux qui étaient dessus de venir se battre corps à corps. [2] D'autres enfin, se jetant plusieurs ensemble dans le vaisseau attaqué, y tuaient jusqu'au dernier de ceux qui l'occupaient et le défendaient ensuite comme étant devenu le leur. On entendait partout un bruit affreux d'ais qui se heurtaient et qui se brisaient et des cris d'hommes qui tuaient ou qui étaient tués ; [3] mais surtout de ceux qui se trouvant dans un vaisseau heurté de plusieurs côtés à la fois, périssaient tous ensemble par l'ouverture totale de leur bâtiment. On n'épargnait pas ceux mêmes, qui après cet accident, se sauvaient à la nage. On leur portait encore des coups de lance, où ils servaient de but à des traits qu'on leur tirait. [4] Les chefs qui voyaient toutes les lignes rompues et toute leur flotte séparée n'avaient plus d'ordre à donner. Les mêmes signaux ne pouvaient plus suffire à un si grand nombre de vaisseaux épars et qui se trouvaient dans des circonstances toutes différentes les uns des autres ; un seul vaisseau entouré souvent de plusieurs qui l'attaquaient tous ensemble n'aurait pu même apercevoir ces signaux ; et la seule multitude des traits qui couvraient l'air, les aurait cachés à tout le monde. [5] En un mot, le choc des vaisseaux, le seul bruit des armes et surtout les cris de ceux qui exhortaient leurs camarades de dessus le rivage, faisaient qu'on ne pouvait plus rien entendre. [6] En effet, tous les bords du bassin, qui formait le port, étaient tellement couverts ou d'Athéniens, en certains endroits, ou de Syracusains en d'autres, et les vaisseaux côtoyaient la terre de si près, que les soldats du rivage se trouvaient souvent à portée de soutenir ceux des vaisseaux. [7] Pour les spectateurs qui bordaient le haut des murailles de la ville, ou qui s'étaient placés sur des lieux plus élevés, ils ne pouvaient faire autre chose que de chanter des hymnes de réjouissance, quand les leurs avaient l'avantage ou de pousser des cris lamentables et d'implorer l'assistance du ciel, quand ils les voyaient succomber. Car si quelquefois il arrivait que les vaisseaux de Syracuse heurtassent contre le pied des murailles, les vieillards, les femmes, les sœurs, avaient sous leurs yeux leurs fils, leurs maris, leurs frères expirants, sans pouvoir les secourir. 
17 Après tant d'efforts et tant de pertes, la bataille n'était pas encore finie. Car les vaincus n'osaient plus aborder sur le rivage. Les Athéniens demandaient à ceux des leurs qui y cherchaient leur salut, s'ils croyaient aborder au port d'Athènes et les soldats de Syracuse disaient à ceux qui venaient se réfugier à terre, que puisqu'ils avaient voulu prendre leur place dans les vaisseaux où ils souhaitaient eux-mêmes de monter, c'était à ceux qui leur avaient enlevé cet honneur, à ne pas abandonner le salut de la patrie, dont ils s'étaient chargés. Ils ajoutaient ensuite qu'on n'avait pas ôté aux ennemis, par la chaîne qu'ils avaient faite, la ressource de la fuite, pour la leur laisser à eux-mêmes sur leurs propres rivages et que tous les hommes étant destinés à la mort, ils manquaient honteusement, et à la vue de tous leurs concitoyens, la plus belle qui püt jamais se présenter à eux. [2] Ces reproches obligèrent ceux qui se croyaient sauvés à remonter dans leurs vaisseaux tous brisés qu'ils étaient, et couverts eux-mêmes de blessures. [3] Enfin, les Athéniens les plus proches des murailles plièrent les premiers et leur découragement s'étant communiqué de proche en proche, toute leur flotte céda enfin et revira de bord. [4] Les Syracusains jetant de grands cris de dessus leurs vaisseaux, poussèrent avec violence leurs adversaires contre terre : les soldats athéniens, qui n'avaient pas péri en mer, s'élançaient de leurs vaisseaux brisés sur la rive la plus prochaine pour se joindre à leur camp. [5] Et toute la surface du bassin du port était couverte de planches rompues et de lances ou de flèches qui flottaient sur l'eau. La perte d'Athènes monta à soixante vaisseaux mis en pièces ; et Syracuse en eut huit coulés à fond, et seize considérablement endommagés. Les Syracusains en amenèrent au bord le plus qu'il leur fut possible pour les réparer ; et cependant ils rendirent par un décret public les honneurs funèbres à ceux des citoyens ou des alliés qui étaient morts dans le combat. 
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VIII. MAIS ceux des Athéniens qui purent arriver dans la tente de leurs généraux, les prièrent de songer, non à leurs vaisseaux, mais à leurs soldats et à eux-mêmes. Démosthène répondit qu'il fallait donc remonter incessamment sur les bâtiments qui leur restaient et aller rompre la barrière qui subsistait toujours. Il ajouta que la chose devenait faisable, en profitant de la distraction de leurs ennemis, qui dans la situation présente ne s'attendaient à rien de pareil. [2] Nicias ne fut pas de cet avis et il jugea que renonçant à la marine, il fallait se réfugier par terre dans les Villes de la Sicile qui leur étaient alliées. Tout le conseil passa à cette opinion. Ainsi on brûla le peu de vaisseaux qu'on avait encore et l'on se prépara au départ. On se douta bien à Syracuse que les Athéniens pendraient le temps de la nuit pour décamper. [3] C'est pourquoi le commandant Hermocrate conseilla aux Syracusains de tenir leurs troupes sur pied dès la nuit prochaine et de fermer exactement tous les passages. [4] Mais les autres chefs s'opposèrent à cette proposition, en représentant que la plupart de leurs soldats étaient blessés et qu'ils étaient tous accablés de fatigue, au point de ne pouvoir rien exiger d'eux. Là-dessus Hermocrate s'avisa d'envoyer quelques cavaliers autour du camp des Athéniens, pour leur dire, par-dessus les retranchements, que les Syracusains s'étaient saisis de tous les postes avantageux qui dominaient sur les chemins et sur les passages. [5] Les cavaliers qui exécutèrent cet ordre en pleine nuit, donnèrent lieu aux Athéniens de croire que c'étaient les Léontins leurs alliés qui leur faisaient porter cet avis à bonne intention : de sorte qu'ils furent étrangement consternés et suspendirent leur départ qui n'aurait trouvé alors aucun obstacle. [6] Mais le lendemain les Syracusains allèrent dès la pointe du jour se poster sur ces mêmes routes, dont ils fermèrent toutes les issues. Les généraux athéniens partagèrent leurs troupes en deux files, au milieu desquelles ils mirent leur bagage et leurs malades : leurs soldats étaient, les uns à la tête, et les autres à la queue de cette marche ; les premiers sous le commandement de Démosthène, et les seconds, sous celui de Nicias. 
Dans cet arrangement, ils prirent le chemin de Catane. 
19 De leur côté les Syracusains tirèrent de cinquante de leurs vaisseaux, qu'ils amenèrent au pied des murs de leur ville, tous les soldats qui les montaient, et les armant comme les troupes de terre, ils se mirent avec toutes ces forces, à la suite des Athéniens. Ils les atteignirent aisément et suspendirent bientôt leur retraite. [2] Ils employèrent néanmoins trois jours, non à les poursuivre seulement, mais à les envelopper de toutes parts : de sorte qu'ils les détournèrent d'abord du chemin de Catane, qui était leur objet et les obligeant de revenir dans les champs d'Elore, ils les enfermèrent entre eux et le fleuve Asinare. Là ils leur tuèrent dix-huit mille hommes et en prirent sept mille vivants, du nombre desquels furent les deux généraux Démosthène et Nicias. Ils abandonnèrent le reste à la discrétion de leurs soldats, [3] auxquels les Athéniens furent obligés de livrer leurs armes et leurs personnes mêmes pour sauver leur vie. D'abord après cette victoire, les Syracusains dressèrent sur le lieu même deux trophées, à chacun desquels ils attachèrent les armes des deux généraux pris vivants et s'en revinrent à la ville [4] où ils firent aux dieux un sacrifice au nom de tout le peuple. Le lendemain on convoqua l'assemblée générale pour savoir ce que l'on ferait des prisonniers de guerre. Dioclès, le plus accrédité de leurs orateurs, proposa de faire mourir ignominieusement les deux commandants athéniens et d'envoyer actuellement aux Carrières tout ce qui venait de l'Attique même en leur donnant une mesure de blé par tête pour leur nourriture : et qu'à l'égard des troupes alliées, on les vendrait à l'encan. [5] Quand on eut lu cet avis, Hermocrate s'avança dans l'assemblée et entreprit de lui persuader, qu'un usage modéré de la victoire était bien plus glorieux que la victoire même. [6] Le peuple fit un grand murmure à cette proposition et la rejetait au loin lorsqu'un particulier, nommé Nicolaus, qui avait perdu deux fils dans cette guerre monta sur la tribune, soutenu par deux domestiques, à cause de son grand âge. Le peuple se tut dès qu'il le vit et se flattant qu'il allait parler contre les captifs, il lui prêta un grand silence. Le vieillard commença ainsi son discours. 
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IX. CITOYENS de Syracuse : Je suis moi-même un des plus grands exemples des calamités de la guerre. J'étais père de deux fils, que j'ai exposés tous deux aux plus grands périls pour le salut de la patrie et j'ai bientôt reçu la nouvelle qu'ils ont tous deux été tués. [2] N'ayant plus de société dans la vie et ne cherchant plus que la mort, je les félicite l'un et l'autre, et je ne trouve à plaindre que moi. [3] Ils ont immolé à leur devoir une vie qu'ils auraient perdue tôt du tard et leur gloire devient immortelle ; mais pour moi qui demeure privé des soutiens de ma vieillesse, je souffre la double privation, et de leur compagnie, et de leur secours : [4] la vertu même, dont ils ont donné une preuve si évidente, me rend leur perte plus sensible. J'ai sans doute une grand sujet de haïr les Athéniens qui m'ont réduit à être soutenu par des serviteurs, au lieu de l'être par mes enfants : [5] si donc, il ne s'agissait aujourd'hui que de ce qui concerne cette nation téméraire, les maux de ma patrie et les miens propres, dont elle est la cause, m'aigriraient vivement contre elle. Mais comme l'affaire présente nous offre la question plus générale de la compassion due aux malheureux, et l'objet plus étendu de la réputation de Syracuse dans le monde entier, je dirai librement ce que je pense au sujet de vos captifs. 
21 Le peuple d'Athènes vient de recevoir, et de la part des dieux, et par nos mains mêmes, le châtiment exemplaire de la guerre insensée qu'il est venu nous apporter. [2] Il est avantageux pour l'instruction du genre humain, que ceux qui se laissent conduire par l'injustice, soient conduits par l'injustice à l'infortune. [3] Qui aurait jamais pu croire que les Athéniens, qui avaient tiré du trésor de Délos dix mille talents, équipé une flotte de deux cents voiles et levé une armée de plus de quarante mille hommes, fussent arrivés par de si grands préparatifs à une déroute telle que n'ayant plus ni vaisseaux, ni soldats, il ne leur reste pas même un courrier, par lequel ils puissent faire porter à leurs compatriotes la nouvelle de leur ruine. [4] Vous donc, ô Syracusains, qui voyez les orgueilleux haïs des dieux et des hommes, respectez la fortune et la providence qui la gouverne et n'oubliez en aucune de vos actions que vous n'êtes que des hommes. Quel honneur retirerez vous de tuer des ennemis étendus par terre et quelle gloire peut accompagner la pure vengeance ? Celui dont la cruauté demeure implacable à l'aspect du dernier malheur de son adversaire, insulte à l'état de faiblesse où tous les hommes peuvent tomber. [5] Car enfin, il n'est aucune prudence humaine qui puisse parer tous les coups de la fortune, qui semble quelquefois se plaire à changer tout d'un coup les délices de la prospérité en la misère la plus accablante. Quelqu'un dira peut-être : ils ont à notre égard un tort visible et nous avons droit de les en punir.  [6] Mais n'avez vous pas déjà châtié la nation entière ; et ces captifs mêmes ne vous ont-ils pas fait satisfaction en livrant leurs personnes avec leurs armes, et n'ayant recours qu'à votre miséricorde. Ne leur donnez pas un démenti sur la bonne opinion qu'ils ont eue de vous. [7] Ceux qui ont poussé jusqu'au bout leur attaque injuste sont morts dans le combat; mais ces derniers, de vos ennemi qu'ils étaient, sont devenus vos suppliants. Quiconque rend les armes à son vainqueur, ne le fait que dans l'espérance de sauver sa vie. Si donc il y trouve sa perte, il est malheureux; mais celui qui la lui fait trouver est un barbare. [8] Or, Messieurs, ceux qui aspirent à gouverner d'autres hommes, ne doivent pas tant se livrer à l'esprit de la guerre, qu'ils ne songent encore davantage à se donner des principes d'équité et d'humanité 22 car leurs sujets mêmes qui leur obéissent par crainte, prennent quelquefois le moment favorable pour se venger de leurs emportements et de leurs violences. Au lieu que les souverains qui se font aimer affermissent et étendent de plus en plus leur domination. [2] Qu'est-ce qui a fait tomber l'empire des Mèdes ? C'est la cruauté des rois envers leurs sujets : la défection des Perses entraîna même celle de bien d'autres peuples. Comment est-ce que Cyrus, de particulier qu'il était, devint maître de toute l'Asie ? C'est par la douceur dont il usait envers tous ceux qu'il avait soumis. Non seulement il ne maltraita point Crésus, roi de Lydie, mais il l'accabla de bienfaits. Il en usa de même à l'égard de tous les rois et de toutes les nations dont il s'était rendu le maître. [3] Aussi la réputation de sa clémence s'étant répandue par toute la terre, les peuples de l'Asie se prévenaient les uns les autres pour entrer dans son alliance. [4] Mais pourquoi vais-je chercher des exemples dans des temps et dans des lieux éloignés de nous. Dans notre ville même Gélon, de simple citoyen qu'il était, devint le chef et le commandant de toute la Sicile, par le concours de tous les peuples, qui vinrent se soumettre volontairement à sa conduite. Sa bonté qui s'exerçait particulièrement à l'égard des malheureux, semblait appeler tous les hommes auprès de lui. [5] Ainsi, nous qui avons succédé à son autorité dans cette île, ne dégénérons pas de la vertu qu'on a louée dans nos ancêtres. Ne nous montrons pas farouches et implacables à l'égard de ceux que le fort de la guerre a fait tomber entre nos mains et ne donnons pas lieu à l'envie de publier que nous sommes indignes des faveurs de la fortune. Heureux ceux qui se conduisent de telle sorte, qu'on se réjouisse de leurs succès et qu'on s'attriste de leurs peines. [6] Les avantages de la guerre ne sont dus ordinairement qu'au hasard des circonstances. Mais la modération dans la victoire est un indice non équivoque du mérite personnel des vainqueurs. N'enviez donc point à votre nation la gloire de faire dire à toute la terre qu'elle s'est rendue supérieure aux Athéniens, non seulement par la valeur, mais encore par la clémence. [7] On verra que ceux qui se vantaient de surpasser tous les autres hommes en humanité auront éprouvé de notre part les effets de cette vertu dans leur propre besoin. Et ce peuple qui se glorifiait d'avoir dressé le premier un autel à la miséricorde dans sa ville, se souviendra d'avoir trouvé lui-même un pareil asile dans la nôtre. [8] L'injustice de leur attaque devenant par là plus odieuse, on applaudira encore davantage à notre victoire. Les Athéniens, dira-t'on, qui sont venus faire la guerre à des hommes prêts à pardonner à leurs ennemis, n'avaient-ils pas bien mérité leur propre défaite ? Ils porteront en secret le même jugement contre eux-mêmes et souscrivant au fond de leur âme à leur propre condamnation, ils sentiront toute l'équité de leur châtiment. 
23 Il est beau, Messieurs, de donner les premiers l'exemple de la compassion et de terminer la guerre en faisant du bien aux vaincus. Car enfin, la bienveillance envers les amis doit être immortelle ; mais la discorde entre les nations ne doit pas toujours durer. Par cette maxime vous augmenterez le nombre de vos alliés et vous diminuerez celui de vos ennemis. [2] Il n'est ni raisonnable ni avantageux de faire passer les inimitiés d'âge en âge. Il arrive souvent que ceux qui étaient les plus forts au commencement, deviennent ensuite les plus faibles. [3] Et la guerre présente sans aller plus loin, en est une preuve. Ces mêmes hommes qui avaient fait autour de votre ville une enceinte formidable, attendent actuellement leur arrêt dans vos fers. Il est donc important de nous assurer la compassion des autres hommes, pour le cas où nous éprouverions nous-mêmes quelque disgrâce de la fortune. La vie présente fournit assez d'événements qu'on n'aurait jamais prévus ; des séditions populaires, des courses de pirates, des guerres enfin, que toute la prudence humaine ne saurait parer. [4] En un mot, si nous manquons cette occasion d'exercer la clémence envers les vaincus, nous allons établir pour toujours une loi cruelle contre nous-mêmes. Il ne faut pas espérer de la part des autres des égards auxquels on aura manqué soi-même. L'inhumanité ne doit pas s'attendre à la miséricorde. Nous implorerons en vain dans les infortunes où nous pourrons nous trouver, les lois et les mœurs de la Grèce si dans la circonstance présente nous immolons nous mêmes un si grand nombre de Grecs. [5] Ils n'ont point été jusqu'à présent inexorables pour ceux qui leur ont rendu les armes et qui leur ont livré leur vie. Ils ont tous préféré la miséricorde à l'inhumanité et l'accueil favorable à l'arrogance : 24 c'est par la même noblesse de sentiments qu'ils résistent à ceux qui les attaquent et qu'ils cèdent à ceux qui les implorent, qu'ils s'animent contre l'orgueil des uns et qu'ils se laissent toucher par l'humiliation des autres. C'est un étrange changement que celui d'un homme, qui de notre agresseur devient notre suppliant et qui nous soumet sa destinée ; [2] et je ne m'étonne pas que des hommes qui ont quelque idée de la condition humaine se laissent vaincre par la pitié. Dans la guerre du Péloponnèse, encore récente, les Athéniens ont bien voulu recevoir la rançon des Spartiates qu'ils avaient pris et qu'ils tenaient enfermes dans l'île de Sphacterie ; [3] et les Spartiates à leur tour en ont agi de même à l'égard des Athéniens et de leurs alliés, lorsqu'ils les détenaient dans leurs chaînes. Les uns et les autres ont suivi en ce point la loi naturelle qui veut que l'inimitié ne subsiste que jusqu'à la victoire et que le châtiment se borne à réduire les vaincus sous son pouvoir. [4] Celui qui le porte plus loin et qui immole le captif qui a recours à la clémence, ne punit pas son ennemi, mais il insulte la nature humaine. [5] Quiconque aura quelque connaissance des maximes des sages, lui dira : ô homme ne présumez pas de vous-même et connaissez votre condition : sachez que le sort dispose de tout. Pourquoi les premiers Grecs nos ancêtres ont ils voulu qu'on ne dressât point les trophées en pierre et qu'on n'employât à cet usage que les premiers arbres qu'on rencontrerait. [6] C'est afin que ces trophées ne pouvant subsister que peu de jours, le temps abolit bientôt ces monuments d'une haine réciproque. Et si vous avez dessein de la rendre durable, vous comptez trop sur l'avenir. Un revers qui vous attend abaissera bientôt votre orgueil ; 
25 au lieu qu'en terminant vous-mêmes la guerre et traitant favorablement les vaincus, vous acquerrez l'amitié d'un peuple dont vous pourrez avoir besoin. Car enfin, ne pensez pas que la puissance d'Athènes soit détruite par le mauvais succès de son entreprise sur la Sicile. Leur République est encore maîtresse de toutes les îles de la Grèce et elle est toujours à la tête de tous les Grecs établis sur les côtes de l'Europe et de l'Asie. [2]  Il n'y a pas bien des années qu'ayant perdu en Égypte trois cens vaisseaux, avec tous les hommes qui les montaient, elle contraignit le roi de Perse, qui semblait avoir pris le dessus en ce pays là, à un traité peu honorable pour lui. Et si nous remontons à Xerxès, qui avait déjà fait raser les murailles et toutes les maisons d'Athènes, nous nous souviendrons que les Athéniens le vainquirent bientôt après. Et que c'est même par cette victoire qu'ils acquirent la supériorité qu'ils ont aujourd'hui sur toute la Grèce. [3] Il semble en effet que cette ville prenne de nouveaux accroissements par ses défaites. La raison en est que dans les situations les plus malheureuses, elle ne suit jamais de lâches conseils. Il est donc important pour nous de nous assurer leur alliance pour l'avenir, en épargnant ceux des leurs qui sont tombés entre nos mains ; [4] au lieu de nous faire de cette république, une ennemie irréconciliable, pour donner à notre colère présente une satisfaction passagère, honteuse et sans aucun fruit. Notre générosité nous attirera la reconnaissance des captifs et l'estime de tous les hommes. 26 Quelques-uns des Grecs, me dira-t'on, ont bien fait mourir leurs prisonniers de guerre. Si par là ils se sont attiré l'approbation publique je consens que vous les imitiez : mais si nous avons été nous-mêmes les premiers à les condamner, est-ce là l'exemple que vous voulez suivre ? [2] Jusqu'à ce que nous ayons trompé la confiance de ceux qui se sont livrés entre nos mains, tout le monde donnera le tort aux Athéniens dans cette guerre ; au lieu que si l'on apprend que nous ayons exercé contre les vaincus quelque rigueur contraire au droit des gens, c'est sur nous, au contraire, que tombera la condamnation publique. S'il y a quelque ville du monde dont il faille respecter le nom, c'est sans contredit la ville d'Athènes ; et elle mérite de la reconnaissance pour les biens qu'elle a communiqués aux autres nations. [3] Ce sont les Athéniens qui ont fait passer dans toute la Grèce les lois et les mœurs civiles qu'ils avaient reçues immédiatement des dieux. C'est leur exemple qui a tiré les hommes de la vie sauvage et féroce qu'ils menaient auparavant et qui a introduit parmi eux l'humanité et la justice. Ils sont les premiers qui ont donné asile ceux qui fuyaient l'épée de leurs ennemis : et il serait contre l'équité naturelle de les priver eux-mêmes du droit des suppliants, dont on leur doit l'institution dans les villes grecques. Ces obligations nous regardent tous : Quelques-uns d'entre vous, Messieurs, leur en ont de particulières : ce sont ceux qui ont acquis à Athènes de l'éloquence et des connaissances. 
27 Quels égards ne doivent-ils point à une ville qui s'est rendue l'école publique de tous les peuples. Les initiés qui m'entendent égorgeront-ils ceux dont-ils ont reçu l'initiation. Rendez-leur grâce dans cette occasion, des avantages que vous avez trouvez parmi eux et ne vous en interdisez pas l'espérance pour l'avenir. [2] Quel lieu serait favorable à l'instruction des étrangers, si Athènes ne subsistait plus. Ils ont racheté d'avance par un grand nombre de bienfaits, la faute grave, mais unique qu'ils viennent de commettre contre nous. Mais ce n'est pas seulement en général, que nos captifs me paraissent dignes de pardon ; nous trouverons encore des motifs de miséricorde en les considérant en particulier. Les alliés, par exemple, que nous voyons parmi eux ont été forcés par une autorité supérieure, à prendre les armes. [3] C'est pourquoi il faudrait d'abord distinguer dans la vengeance que nous voulons tirer, ceux qui nous ont offensés volontairement de ceux qui ne l'ont fait que par contrainte. Que dirai-je de Nicias, qui ayant défendu dès les commencements nos intérêts s'est toujours opposé seul à l'entreprise d'Athènes contre Syracuse et qui ayant toujours accueilli favorablement nos citoyens, s'est déclaré jusqu'au bout notre ami et notre hôte ? [4] Qu'avons nous à punir dans Nicias qui a toujours parlé en notre faveur dans Athènes et qui n'a enfin servi contre nous, que par soumission aux ordres formels de sa République. Alcibiade lui-même, auteur de la guerre, et qui a conduit ici l'armée athénienne, Alcibiade qui fuit également la colère des Athéniens et la nôtre ; cet homme que la voix publique nommait le plus galant homme de la Grèce, devrait trouver ici son salut avec tous les autres. [5] J'avoue que je ne puis contempler sa situation présente sans être ému de compassion. Cet homme le plus célèbre de son siècle, par la douceur et l'élégance de ses mœurs, reçu partout avec autant de considération que de joie, [6] souffre aujourd'hui dans l'abaissement et dans l'indigence une espèce de captivité ; de sorte qu'il semble que la fortune ait voulu donner en sa personne un exemple de ses plus grands revers. C'est donc à nous à recevoir ses faveurs avec une modération convenable et à ne point agir comme des Barbares avec des hommes de la même nation que nous. Nicolaus termina ici son discours et laissa tous ses auditeurs dans une disposition favorable à leurs prisonniers.