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SIDOINE APOLLINAIRE

POÉSIE 6

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

Étude sur Sidoine Apollinaire et sur la société gallo-romaine au cinquième siècle.

avant-propos

Notice sur Sidoine Apollinaire


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CARMEN VI.

PRÆFATIO PANEGYRICI, QUEM DIXIT AVITO AUGUSTO SOCERO SUO, ROMÆ.

VI.

PRÉFACE DU PANÉGYRIQUE PRONONCÉ A ROME EN L’HONNEUR D’AVITUS AUGUSTE, SON BEAU-PERE.

Pallados armisonæ festum dum cantibus ortum
Personat Ismario Thracia vate chelys,
Et dum Mopsopium stipantur per Marathonem,
Qui steterant fluvii, quæque cucurrit humus:
Dulcisonum quatitur fidibus dum pectine murmur,
Has perhibent laudes laude probasse deam.

LORSQUE mariant sa voix aux sons d’une lyre harmonieuse, le poète du mont Ismare célébrait la naissance de Pallas qui préside à la guerre; lorsque, se rassemblant autour de lui dans les plaines de Marathon de l’Attique, les fleuves suspendaient leurs cours, les arbres accouraient pour entendre ses accords mélodieux, la déesse, dit-on, sourit aux louanges que lui adressait Orphée.

Diva, Gigantæi fudit quam tempore belli
Armatus partus vertice dividuo,
Quam neque Deliacis peperit Latona sub antris,
10 Fixura errantem Cyclada pignoribus.
Nec quæ Cadmeis pariens Alciden in oris,
Suspendit triplici nocte puerperium.
Nec cujus pluvio turris madefacta metallo est,
Cum matrem impleret filius aurigena.
Sed te, cum trepidum spectaret Phlegra Tonantem,
Impulit excussam vertice ruptus apex.
Cumque deos solæ traherent in prælia vires,
Confusum valde te sine robur erat.
Protulit ut mox te patrius, Sapientia, vertex,
20 Tum mage vicerunt, cum te habuere dei.
Te propter cessit manibus constructa tremendis,
Jam prope per rutilum machina tensa polum.
Pindus, Othrys, Pholœ, dextris cecidere Gigantum,
Decidit et Rhœti jam gravis Ossa manu.
Sternitur Ægæon Briareus, Ephialta, Mimasque,
Arctoas sueti lambere calce rotas.
Enceladus patri jacuit, fratrique Tiphœus,
Euboicam hic rupem sustinet, hic Siculam.

Illustre Déesse, qui, aux jours de la guerre des Géants, t’élanças tout armée de la tête de Jupiter; Latone, dans les antres de Délos, ne te donna pas le jour; ce ne fut point pour toi qu’elle fixa cette Cyclade errante; tu n’eus pas pour mère la femme qui enfanta le fier Alcide dans les contrées de Cadmus, et dont le pénible accouchement fut retardé durant trois nuits; tu ne vis pas la lumière dans la tour sur laquelle tomba Jupiter en pluie d’or. Mais, lorsque Phlégra voyait trembler le maître du tonnerre, Jupiter te lança hors de son cerveau entr’ouvert; lorsque la troupe céleste combattait, livrée à ses seules forces, sans toi elle était perdue. A peine, ô puissante Sagesse, tu sortais de la tête paternelle, que les dieux, forts de ton appui, triomphèrent enfin. Par toi s’écroulèrent ces masses énormes des rebelles qui menaçaient la voûte des cieux. Le Pinde, l’Othrys, le Pholoé tombèrent des mains des Géants; Rhcetus laissa même échapper le pesant Ossa. Tout à coup furent renversés sur la terre Ægéon, Briarée, Ephialte et Mimas, qui, de leurs pieds superbes, pressaient les roues du pôle. Encelade succomba sous les coups de Jupiter, Tiphée sous les coups de ton frère Bacchus; l’un soutient les rochers d’Eubée, l’autre les monts de Sicile.

Hinc sese ad totam genitricem transtulit Orpheus,
30 Et docuit chordas dicere Calliopem.
Assurrexerunt Musæ sub laude Sororis,
Et placuit divæ carmine plus pietas.

Le poète alors consacra ses chants à sa mère, et apprit à sa lyre à célébrer le nom de Calliope. Les Muses se levèrent en entendant les louanges, de leur sœur, et la piété d’Orphée leur fut plus agréable que les chants adressés à la déesse.

Quod si maternas laudes cantasse favori est,
Nec valeo priscas æquiparare fides:
Publicus hic pater est, vovi cui carmen, Avitus:
Materia est major, si mihi Musa minor.

On écouta favorablement l’éloge que le poète de Thrace faisait de sa mère; quoique les sons de ma lyre ne puissent égaler les accents d’Orphée, quand je chante Avitus, le père de la patrie, la matière est bien plus noble, si mes talents sont inférieurs.

 

NOTES DU CARMEN VI.

 

2. — Ismario. — L’Ismare est une montagne de la Thrace, sur laquelle, suivant les poètes, Orphée reçut le jour.

3. — Mopsonium Marathonem. — Mopsopius, épithète donnée à l’Attique, probablement à cause d’un certain Mopsus. Voyez Strabon.

15. — Phlegra. — Ville de la Macédoine: les poètes prétendent que ce fut dans cet endroit que les géants, fils de Titan et de la Terre, combattirent contre les dieux.

23. — Othrys, Pholœ. — Voyez les notes du Carmen V.

25-27. — Briareus, Mimas, ... Typhœus. — Voyez Carmen XV.