QUINTUS DE SMYRNE POSTHOMERICA Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer GUERRE DE TROIE, DEPUIS LA MORT D'HECTOR JUSQU'A LA RUINE DE CETTE VILLE,
Poème en quatorze Chants, par Quintus de Smyrne,
faisant suite à l'Iliade, et traduit pour la première fois du Grec en Français, par R. TOURLET, Médecin, et Membre de la Société Académique des Sciences, séante au Louvre.
………..Non ego te meis Horat. Carm. Lib. IV. ad Lol. Od. X.
TOME PREMIER. A PARIS, Chez LESGUILLIEZ, frères, Imprimeurs, rue de la Harpe, N°. 151. An IX —1800.
Après les devoirs funèbres rendus à Hector, les Troyens se renferment dans leur ville. Penthésilée, fille de Mars, suivie d'autres femmes guerrières, vient à leurs secours ; les Troyens, ravis de sa beauté, sont ranimés par sa présence. Priam l'accueille avec joie, parce quelle promet de triompher d'Achille. A ce sujet Andromaque l'accuse de témérité. Cependant le lendemain Penthésilée, affermie dans ses desseins par un songe trompeur, va au combat. Priam implore pour elle, mais inutilement, la protection de Jupiter. Les Grecs, surpris de voir leurs ennemis s'avancer, s'ébranlent et s'approchent. Les compagnes de l'Amazone périssent avec une foule de guerriers des deux partis. Mars inspire une nouvelle fureur aux combattants. Sa fille fait un horrible carnage des Grecs. Les femmes Troyennes, à l'exemple de l'héroïne, veulent prendre part à l'action. Ajax et Achille, avertis du danger des Grecs, courent au champ de bataille. Penthésilée va les chercher, les défie et les attaque tour-à-tour. Achille, resté seul contre elle, la perce de sa lance. Les Troyens s'enfuient: Le vainqueur, touché de la beauté de Penthésilée, est fâché de lui avoir ôté la vie. Mars, irrité et descendu de l'Olympe pour venger la mort de sa fille, est arrêté dans ses desseins par la foudre de Jupiter. Tandis qu’Achille regrette Penthésilée ... Les Grecs félicitent Achille de la victoire du jour précédent ; Thymète dans l'assemblée des Troyens, ne sait s'il faut résister à l'ennemi ou s'enfuir de Troie. Priam rassure le peuple, en promettant les secours de Memnon et de l'Éthiopie. Polydamas, pour mettre fin à la guerre, propose de rendre Hélène à Ménélas. Arrivée de Memnon. Les Troyens conduits par Memnon vont à l'ennemi & de leur côté les Grecs ont Achille à leur tête. Horrible carnage que font les deux héros; ils en viennent aux mains et se blessent l'un et l’autre. Deux génies, l'un sinistre, se joint à Memnon; l'autre propice, accompagne Achille qui tue enfin son rival. Déroute des Troyens. Affliction de l'Aurore; les zéphirs, par son ordre, emportent le corps de Memnon; les gouttes du sang de ce guerrier sont recueillies par les immortels qui en forment un fleuve, dont les eaux se rougissent tous les ans au jour de la mort de Memnon. Les Ethiopiens portés sur un nuage, suivent leur roi jusqu'au lieu où les zéphirs le déposent. L'aurore y vient pour le pleurer. Les Ethiopiens inhument leur roi, et sont changés en oiseaux qui combattent tous les ans sur le tombeau de celui qu'ils avaient pour chef avant leur métamorphose. L'Aurore à la persuasion des Heures remonte au Ciel avec les Pléiades qui la devancent.Le fils de Nestor est inhumé par les Pyliens, sur les bords de l'Hellespont. Achille brûle de venger sa mort; on combat avec furie. Apollon veut arrêter par des menaces, le fils de Pelée, qui lui répond par d'autres ; ce Dieu indigné s'enveloppant d'un nuage, l'atteint d'un trait meurtrier. Le guerrier tombe; mais il éclate en injures contre Apollon ; arrache le trait de sa blessure, et le jette loin de lui; ce trait est recueilli par les zéphirs qui le rendent à Apollon. Aussitôt que ce Dieu est remonté au Ciel, Junon l'accable de reproches. Cependant, Achille furieux se relève et recommence le carnage; mais ses forces épuisées l'abandonnent, il expire en menaçant les Troyens que sa vue épouvante. Pâris les engage à s'emparer du corps d'Achille. Leurs efforts donnent lieu à une action très sanglante, dans laquelle Ajax fait des prodiges de valeur avec Ulysse qui est blessé au genou. Pâris est renversé d'un coup de pierre par, Ajax. Les Troyens l'emportent et s'enfuient dans leurs murs. Le corps d'Achille est alors enlevé du champ de bataille et déposé sous une tente. Regrets d’Ajax, de Phœnix, et d'Agamemnon, interrompus par Nestor qui demande que les honneurs de la sépulture ne soient pas différés. Désespoir de Briséis et des autres captives. Gémissements des Néréides et des Muses. Calliope entreprend de consoler Thétis, mère de ce héros ; on dresse le bûcher. Jupiter fait: demander à Éole par Mercure le ministère des vents pour animer la flamme; les cendres d'Achille sont déposées dans un monument. Les coursiers du héros, affligés d'avoir perdu leur maître, veulent errer sur les mers loin des Grecs ; mais les Dieux les arrêtent jusqu'à ce que le fils d'Achille arrive de Scyros: Neptune rappelle Thétis et promet le séjour de l'empirée à son fils à qui il destine une île pour être consacrée à son culte. Toutes les divinités se retirent. Les Troyens placent sur un bûcher Glaucus, fils d’Hippoloque ; mais avant que les flammes l'aient atteint, les vents par ordre d'Apollon, le transportent en Lycie où il est changé en fleuve. Les Dieux protecteurs des Grecs s'affligent de les voir privés d'Achille ; les autres s'en réjouissent. Junon demande à Jupiter de ne point épargner Troie ; mais le dieu sans rien répondre laisse entrevoir que les Grecs ne triompheront qu'après des travaux infinis. La nuit survient ; au lever de l’Aurore, les Grecs animés par Diomède se disposent à attaquer l'ennemi; Ajax les arrête et les avertit que Thétis va faire célébrer des jeux en l'honneur de son fils. Bientôt la déesse parait et ordonne qu'on se rassemble. Nestor fait l'éloge de Thétis et d'Achille. Après son discours, la déesse lui fait présent des chevaux de Télèphe. On passe aux différents exercices de la course, de la lutte, du pugilat, de l'arbalète, du disque, du saut, de l’équitation. Récit des circonstances qui accompagnent ces exercices. Noms des concurrents, et détail des présents divers dont Thétis récompense les vainqueurs.Pour terminer les jeux funèbres, Thétis fait placer au milieu des Grecs les armes d'Achille. Description de son bouclier, de son casque, et de sa cuirasse; la déesse veut que ces armes soient la récompense de celui qui a empêché que les Troyens ne s'emparassent du corps d'Achille. Ajax et Ulysse prétendent à cette récompense. Les princes Grecs, conseillés par Nestor, refusent de prononcer sur le mérite des prétendons. Cette décision est remise à des prisonniers Troyens. Discours d'Ajax: Réponse d'Ulysse, offensé des reproches d'Ajax. Jugement des prisonniers Troyens en faveur d'Ulysse. Désespoir d'Ajax. Minerve le fait tomber en démence. Il exerce sa rage sur des brebis qu'il prend pour les Grecs. Revenu de sa frénésie, il se tue. Douleur de son frère et de son épouse, qu'Agamemnon console. Réflexions d'Ulysse sur cette mort. Nestor conseille aux Grecs de ne point se laisser abattre par la tristesse, mais de s'occuper de la pompe funèbre d'Ajax. On lui dresse un bâcher; ses cendres sont renfermées dans un vase d'or. Les Grecs se retirent pendant la nuit sur leurs vaisseaux.Ménélas feint de renoncer au siège de Troie. Diomède demande au contraire qu'on se prépare à une nouvelle attaque. Calchas inspiré par les Dieux, assure que Troie ne devant être prise qu'après dix ans de travaux, ce terme n'étant plus éloigné, la présence de Néoptolême amené de Scyros décidera la victoire en faveur des Grecs. Cet oracle est reçu avec applaudissement. Ulysse se charge avec Diomède d'aller chercher Néoptolême. Ménélas promet à celui-ci sa fille pour épouse. Ulysse et Diomède partent pour Scyros s pendant ce temps-là les Dieux propices aux Troyens, envoient à leurs secours Eurypile ; noblesse de son origine. Honneur qu'il reçoit de Pâris. Description de son bouclier représentant les travaux d'Hercule. Choix de ceux qui doivent commencer l’attaque. Les Grecs de leur côté, conduits par Agamemnon, marchent aussi à l'ennemi. L'action s'engage. Détail des succès variés de cette journée, et de la mort ou des blessures de divers guerriers. L'avantage est pour les Troyens, soutenus d'Eurypile ; la nuit termine le combat. On se retire ; Eurypile prend son poste à quelque distance de la flotte, et les Troyens font éclater leur joie, tandis que les. Argiens déplorent leurs pertes.
Les Grecs à leur réveil retournent au combat, laissant peu de monde sur leurs vaisseaux, pour rendre les honneurs funèbres à Nérée et à Machaon. Podalyre pleurant sur la tombe de son frère Machaon, est à peine consolé par Nestor. Eurypile repousse les Grecs jusqu'auprès de leurs flottes. Minerve les ranime; le combat continue même pendant la Nuit. Enfin Eurypile accorde aux députés Argiens une suspension d'armes pour deux jours, qui seront employés à la sépulture des morts. Arrivée d'Ulysse et de Diomède à Scyros ; ils décident Néoptolême à les accompagner; douleur de Déidamie, sa mère, à son départ. Pyrrhus arrive, favorisé par les divinités de la mer, sur les bords Phrygiens, au moment où Eurypile était prêt de forcer les retranchements des Grecs. Diomède à la vue du danger, s'élance à terre le premier ; tous prennent des armes à la hâte dans la tente d'Ulysse. Pyrrhus saisit celles d'Achille. Sa présence relève le courage des Grecs. Eurypile redouble ses efforts, mais en vain ! la nuit termine le combat. La sagesse des réponses de Néoptolême excite l'admiration d'Agamemnon et des autres Grecs qui le félicitent de sa bravoure et le comblent de présents. Il se retire dans la tente de son père. Vive douleur qu'il éprouve à la vue des objets qui lui rappellent la perte qu'il a faite. Les Troyens se réjouissent d'avoir Eurypile pour chef. De part et d'autre on se livre au sommeil. Le fils d'Achille exhorte les troupes et marche à leur tête contre les Troyens; l'action s'engage. Divers guerriers sont tués par Pyrrhus, par Enée, par Diomède, par Agamemnon, par Eurypile. Celui-ci rencontrant enfin Pyrrhus en vient aux mains avec lui. Menaces que se font les deux guerriers. Description de leur combat. Eurypile est tué. Le fils d'Achille fond de nouveau sur les Troyens. Mars vient à leur secours à l'insu des autres Immortels. Le devin Hélénus reconnaissant la voix du Dieu, engage les Troyens à ne plus craindre et à se montrer digne d'un tel défenseur. Ils retournent au combat avec furie. Mars intimide les Grecs, Pyrrhus seul fait une ferme résistance. Le Dieu veut l’attaquer ; mais Pallas armée descend de l'Olympe pour attaquer elle-même le Dieu de la guerre. Jupiter les arrête tous deux par la crainte de la foudre. Les Troyens privés d'Eurypile, rentrent dans leurs murs, où ils sont attaqués par les Grecs. Ganymède demande à Jupiter la conservation de sa patrie; il est exaucé. La ville est tout à coup enveloppée de sombres nuages qui la dérobent à la vue des assaillants. Nestor représente aux princes Grecs qu'ils doivent se retirer. Les chefs dociles à ce conseil font donner la sépulture aux morts, et retournent à leurs vaisseaux. Prière d'Anténor à Jupiter, au nom des Troyens: il seconde sa valeur. Priam fait demander à Agamemnon une suspension d'hostilités pour un jour. Les deux armées s'occupent à brûler les corps morts et Pyrrhus accompagné de Phœnix va visiter le tombeau de son père. Le lendemain les Grecs se rassemblent devant les murs de Troie. Déiphobe relève le courage des habitants et se met à leur tête. Tous le suivent hors de la ville. L'attaque commence, les vieillards et les femmes du haut des remparts, sont témoins de l'action, et adressent des vœux aux Immortels. Déiphobe fait plier les Grecs. Le fils d'Achille ne fait pas moins de ravage parmi les Troyens. Apollon soustrait Déiphobe à sa fureur. Neptune soutient les Grecs. Apollon irrité de l’acharnement des Grecs se propose de tuer le fils d'Achille. Neptune s'y oppose. Cependant les Grecs abandonnent le champ de bataille, sur l'avis de Calchas, qui leur assure que Troie ne peut être prise qu'après l'arrivée de Philoctète laissé à Lemnos. Ulysse et Diomède vont le chercher. Leur arrivée à Lemnos. Description de l'antre où s'est retiré Philoctète et de l'affreux état où il est réduit. Discours de Diomède pour l'engager à se rendre au camp des Grecs, où il est guéri par Podalyre. On le conduit à la tente d'Agamemnon, qui le traite magnifiquement. Discours de ce roi; réponse de Philoctète. Polydamas conseille aux Troyens de se tenir renfermés dans la ville; son avis est contredit par Enée, qui fait décider l'attaque. Le nom, l'origine et la patrie de divers guerriers tués par Enée, par le fils d'Achille, par Teucer, par Mégès et autres chefs. Merveille de l’antre où Diane descendit autrefois pour voir Endymion. Fin malheureuse du compagnon de Glaucus à son retour dans sa patrie. Une foule incroyable de Troyens périt sous les coups de Philoctète. Description de son baudrier et de son carquois. Pâris s'opposant aux efforts de ce guerrier, reçoit une blessure qui, suivant l'ordre du destin ne pouvait être guérie que par Œnone, son épouse, qu'il avait abandonnée pour Hélène. Repoussé par elle; il se traîne sur le mont Ida, où il expire. Deuil des Nymphes et des Bergers de l'Ida; ceux-ci allument un bûcher dans lequel Œnone se précipite. Monument érigé à leur mémoire. Combat des Grecs et des Troyens aux portes d'Ilion; Apollon vient au secours de ces derniers, et renouvelle le courage et les forces d'Enée et d'Eurymaque, auxquels il se présente sous les traits de Polymestor, l'un de ses prêtres. Après leur avoir reproché de trembler devant les Grecs, il disparait: aussitôt les deux héros fondent sur l'ennemi avec une nouvelle fureur. Les Grecs prennent la fuite, le fils d'Achille les arrête, et rétablit le combat. Le vent élève d'affreux nuages de poussière. On ne se reconnaît plus; l'action devient plus meurtrière. Jupiter apaise les vents; mais bientôt Pallas se déclare contre Troie. Vénus enveloppe Enée d'un nuage pour le dérober à la mort. Les soldats de Priam après quelques résistances, sont mis en fuite et massacrés, ceux qui peuvent s'échapper rentrent dans Troie. Le lendemain, les Grecs se partagent, les uns pour veiller à la sûreté de la flotte, les autres, pour donner un assaut à la ville, mais Enée animé d'une force divine, écrase ou met en fuite les assaillants ; à quelque distance de là Alcimédon soutenu d'Ajax, escalade les murailles. Il est renversé par le fils d'Anchise, contre qui Philoctète décoche une flèche. Le coup détourné par Cypris, porte sur Menon, dont Enée venge la mort en tuant un des compagnons de Philoctète.
CHANT XII
Après avoir introduit le cheval dans leur ville, les Troyens consacrent la nuit aux danses, aux festins. Pendant leur ivresse et leur sommeil, Sinon ayant élevé le flambeau qui devait rappeler les Grecs de Ténédos, avertit Ulysse et ses compagnons de sortir de leur embuscade. Désordre de la ville surprise. Troyens tués par différents chefs des Grecs. Priam égorgé par Néoptolême. Andromaque emmenée captive ; ses plaintes. Anténor est épargné pour avoir reçu autrefois chez lui Ulysse et Ménélas. Enée, après des efforts inutiles pour défendre sa patrie, charge son vieux père Anchise sur ses épaules et s'enfuit avec son fils Ascagne, au travers des flammes et des traits. Calchas invite les Grecs à respecter les jours de ce prince, qui suivant l'Oracle, doit un jour fonder une ville puissante. Ménélas parvenu au palais de Priam, surprend Déiphobe endormi auprès d'Hélène; il lui adresse de vifs reproches et le tue. Hélène épouvantée s'enfuit, et se cache dans des appartements éloignés, où son mari offensé la trouve bientôt; il veut la percer. Vénus lui arrête le bras, et le porte à rendre son cœur à l'infidèle. Après avoir hésité un moment, il se reproche sa faiblesse; mais la compassion pour Hélène émeut tous les cœurs : Agamemnon lui-même, engage son frère à pardonner une faute qui ne doit être imputée qu'à Pâris. Dans l'Olympe, les Dieux affligés de la ruine de Troie, s'enveloppent de nuages. Junon seule paraît satisfaite. Minerve quoique ennemie des Troyens, s'irrite de ce que son temple est profané par le fils d'Oïlée, qui déshonore Cassandre, au pied de l'autel. L'incendie se propage. Destruction entière de la ville. La clarté que produit la flamme, se portant sur l'Ida, y attire les peuples voisins qui viennent déplorer les malheurs de Priam. Ethra, épouse d'Égée et mère de Thésée, avait été prise et conduite à Lacédémone par Castor et Pollux. Devenue esclave d'Hélène qu'elle suivit à Troie, et errant au hasard dans les rues, elle rencontre ses deux petits fils, Acamas et Démophoon qui la reconnaissent pour leur aïeule, et la transportent sur leurs vaisseaux, pour retourner avec eux dans leur patrie. Laodice, fille de Priam, sur le point d'être emmenée captive d'Acamas, demande aux Dieux que la terre l'engloutisse, et sur le champ elle est exaucée. Électre, l'une des Pléiades, et mère de Dardanus, voyant la ville de son fils détruite, se sépare de ses sœurs, et se condamne, dans sa tristesse, à une éternelle obscurité.Traduction d'E.A. Berthault (1884)
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