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QUINTUS DE SMYRNE,

 

POSTHOMERICA

CHANT VI.

chant V - CHANT VII

 

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

GUERRE

DE TROIE,

DEPUIS LA MORT D'HECTOR

JUSQU'A

LA RUINE DE CETTE VILLE,

 

Poème en quatorze Chants,

par

Quintus de Smyrne,

 

faisant suite à l'Iliade,

et traduit pour la première fois

du Grec en Français,

par

R. TOURLET,

Médecin, et Membre de la Société

Académique des Sciences, séante au Louvre.

………..Non ego te meis
Chartus inornatum sil bo,
Tot ve tuos patiar labores
Impune, Quinti, carpere lividas
Obliviones…...……………….

Horat. Carm. Lib. IV. ad Lol. Od. X.

 

TOME PREMIER.

A PARIS,

Chez LESGUILLIEZ, frères, Imprimeurs, rue de la Harpe, N°. 151.

An IX —1800.

DE SMYRNE

GUERRE DE TROIE,

Depuis la mort d'Hector jusqu'à la ruine de cette ville.

 

ARGUMENT DU CHANT VI.

 

Ménélas feint de renoncer au siège de Troie. Diomède demande au contraire qu'on se prépare à une nouvelle attaque. Calchas inspiré par les Dieux, assure que Troie ne devant être prise qu'après dix ans de travaux, ce terme n'étant plus éloigné, la présence de Néoptolême amené de Scyros décidera la victoire en faveur des Grecs. Cet oracle est reçu avec applaudissement. Ulysse se charge avec Diomède d'aller chercher Néoptolême. Ménélas promet à celui-ci sa fille pour épouse. Ulysse et Diomède partent pour Scyros s pendant ce temps-là les Dieux propices aux Troyens, envoient à leurs secours Eurypile ; noblesse de son origine. Honneur qu'il reçoit de Pâris. Description de son bouclier représentant les travaux d'Hercule. Choix de ceux qui doivent commencer l’attaque. Les Grecs de leur côté, conduits par Agamemnon, marchent aussi à l'ennemi. L'action s'engage. Détail des succès variés de cette journée, et de la mort ou des blessures de divers guerriers. L'avantage est pour les Troyens, soutenus d'Eurypile ; la nuit termine le combat. On se retire ; Eurypile prend son poste à quelque distance de la flotte, et les Troyens font éclater leur joie, tandis que les. Argiens déplorent leurs pertes.

 

CHANT VI.

 

Déjà l'Aurore sortie du sein des ondes et des bras de Tithon, remontait vers les voûtes éthérées, d'où lançant les traits de sa lumière, elle ranimait la terre et les cieux; déjà les mortels se distribuaient les travaux qui occupent les rapides moments de leur vie incertaine. Les Achéens, par l'ordre de Ménélas, se rendent en foule au lieu de l'assemblée, où le prince les harangue de la sorte : « Nobles chefs, issus du sang des Dieux, écoutez-moi : permettez que j'épanche dans vos cœurs les peines que je ressens de la mort de tant de héros qui étaient venus pour moi affronter les périls de la guerre, ils ne reverront plus leurs toits, ni leurs familles; la parque a tranché le fil de leurs jours; que n'ai-je succombé moi-même sous les coups de cette déesse impitoyable, avant que j'eusse eu la pensée d'amener ici des soldats ! Sans doute que le Ciel inexorable a voulu que je fusse témoin de tous les malheurs qui nous affligent; mon âme sensible n'en peut soutenir la vue plus longtemps. Fuyez tous, fuyez avec vos vaisseaux, et que chacun retourne dans ses foyers. Après la perte d'Ajax et celle du vaillant Achille, n'espérez plus échapper aux ennemis de la Grèce; vous péririez de leurs mains en combattant pour moi et pour cette Hélène que je ne regrette plus; dès qu'elle met vos jours en dangers, qu'elle demeure avec son époux efféminé; en quittant mon lit et mon palais, elle a étouffé dans mon cœur les sentiments qui me la rendaient chère : c'est maintenant à Priam et à ses sujets à s'occuper de son sort. Pour vous, ne songez qu'à un prompt retour, et préfère» une fuite nécessaire à une mort inévitable ».

Ménélas ne parlait ainsi que pour découvrir la pensée des Grecs; mais dans son cœur jaloux, il jurait la mort des Troyens et la ruine entière de leur ville, il lui tardait de voir couler des ruisseaux de sang, et de compter Pâris parmi les victimes de sa colère ; la jalousie n'est-elle pas de toutes les passions la plus cruelle et la plus farouche?

A ce discours de Ménélas, le brave Diomède se levant brusquement, répond par ces mots : « Quoi ! timide fils d'Atrée, est-ce la frayeur qui te fait tenir ce langage? En vain tu cherches à répandre parmi nous des craintes qui peuvent agiter l'âme faible des enfants ou des femmes. Les plus puissants des Achéens ne t'obéiront que lorsqu'il s'agira de renverser de fond en comble les murailles de Troie. Le courage fait la gloire des hommes, la fuite est pour eux un opprobre. Si quelqu'un écoute de lâches conseils, je veux que sa tête tombe sous ce fer, et que son corps soit la proie des vautours. C'est à vous, chefs, à ranimer l'ardeur des soldats ; parcourez leurs tentes, commandez qu'on aiguise les flèches, qu'on prépare les boucliers, que chacun prenne de la nourriture, et pourvoie aux besoins des chevaux destinés au combat ; c'est dans les champs de Mars qu'il faut déployer notre valeur ».

Alors Diomède reprenant sa place, Calchas s'avance au milieu de l'assemblée, et s'explique en ces termes : «Vous n'ignorez pas, dignes fils des valeureux Argiens, quelle expérience j'ai acquise dans la science des augures. J'avais prédit, qu'après dix ans écoulés la ville serait en notre pouvoir; ce terme fixé par les Immortels est déjà proche, et la victoire est sur vos pas. Qu'on équipe un vaisseau pour l'île de Scyros; qu'on dépêche Ulysse et Diomède vers le fils d'Achille pour l'engager à venir dans notre armée; dès qu'il paraîtra sur ces rives, sa présence sera le signal de notre salut, et le gage certain de nos triomphes ».

Le fils de Thestor eût à peine prononcé, que les peuples assurés du prochain accomplissement de l'oracle, firent retentir de longs applaudissements; Ulysse prenant ensuite la parole : « Amis, dit-il, après une aussi pénible journée, il est hors de propos de discourir; des troupes fatiguées ne goûtent ni les charmes de l'élocution, ni les grâces du chant et de l'harmonie qui réjouissent les déesses, filles du Piérius. Que la brièveté me tienne aujourd'hui lieu de tout ornement; puisque l'avis qu'on a proposé plaît à tous nos guerriers, ne balançons pas à le suivre. J'irai avec Diomède chercher le fils du grand Achille; nous l'arracherons s'il le faut, par nos sollicitations et nos instances, aux caresses et aux larmes d'une mère tendre qui ne doit plus espérer de retenir un fils en qui elle voit tout l'héroïsme du père ».

« O sage Ulysse, reprit alors l'artificieux Ménélas, sois encore aujourd'hui notre ressource; si par tes conseils le fils du puissant Achille vient dans notre armée, si, favorisé du Ciel, il nous fait vaincre et retourner heureux dans là Grèce, j'e promets de lui donner ma fille Hermione, et avec elle une riche fortune. Quel est le mortel qui ne doive rechercher mon alliance, et désirer une épouse aussi accomplie »?

Ces paroles sont reçues des Achéens avec de vives acclamations. Aussitôt on se sépare; chacun se retire sur ses vaisseaux pour y prendre quelque nourriture et réparer ses forces épuisées. Le repas est à peine fini qu'Ulysse et le fils de Tydée lancent à la mer un vaisseau, et le chargent de toutes les choses nécessaires pour le trajet. Ils font monter avec eux vingt matelots exercés à faire usage de la rame, lorsque les vents sont contraires, ou qu'un long calme enchaîne les eaux.

On lève l'encre, les nautoniers assis sur leurs bancs frappent et divisent les flots; l'onde agitée bouillonne, écume et blanchit sous les avirons; le navire fend avec vitesse la plaine liquide ; déjà l'eau découle du front des rameurs. Tels on voit des bœufs vigoureux haleter sous le faix énorme du chariot dont la roue tournant à peine crie sur l'essieu brûlant; la sueur coule de leurs flancs et de leurs fanons jusque sur la terre ; tels les matelots robustes agitent avec effort leurs rames pesantes. Dans un moment le vaisseau laissant loin derrière lui, et le port et la terre, se dérobe aux regards fatigués des Achéens, qui bientôt s'occupent à aiguiser leurs traits et leurs lances.

Cependant les Troyens renfermés dans leur ville se préparaient à de nouvelles attaques, et conjuraient le Ciel de les délivrer enfin d'une guerre qui leur avait déjà coûté tant de sang et de travaux. Les Immortels propices à leurs vœux envoyèrent à leur secours Eurypile sorti du sang d'Hercule. Ce roi traînait à sa suite les peuples nombreux et aguerris, dont les habitations bordent les rivages du Caïque. Dès qu'il parut, les habitants de Troie accourant sur ses pas, firent éclater leurs transports ; de même que les oies nourries dans un enclos écarté s'ébranlent aux approches de celui qui vient leur distribuer les grains; la troupe avide l'accueille par des battements d'ailes qui flattent ce pourvoyeur attentif; ainsi les sujets de Priam sont ravis de la présence d'Eurypile, qui les voit avec plaisir s'empresser autour de lui; les femmes Troyennes sortent de leurs maisons pour contempler ce héros qu'on distinguait dans la foule de ceux qui l'environnaient, comme sur les collines on distingue un lion parmi des Lynx.

Paris lui rendit des honneurs tels qu'il les devait à un proche parent d'Hector. En effet, Eurypile était le fruit de l'union d'Astyoché, fille de la mère de Priam avec ce même Télèphe, que la belle Augé, à l'insu de son père, eut de ses amours avec Hercule, et qu'une biche allaita comme son propre faon ; Jupiter voulut conserver par elle le précieux rejeton du fils d'Alcmène.

Le prince Troyen entre dans la ville, accompagné du fils de Télèphe; il le conduit dans son propre palais, vis-à-vis de celui d'Hector, près du tombeau d'Assaracus, non loin du temple auguste de Minerve et d'un autel consacré à Jupiter protecteur. Durant la marche, il fait à son nouvel hôte sur les parents et les alliés de son illustre famille plusieurs questions auxquelles celui-ci satisfait avec complaisance. Ils arrivent ensemble à l'appartement et vaste magnifique où était assise Hélène, dont la beauté semblait égaler celle des grâces. Quatre filles étaient autour d'elle pour la servir; d'autres, à quelque distance de son lit de repos, s'occupaient d'ouvrages convenables à leur sexe. Elle voit avec étonnement Eurypile, et celui-ci jette sur elle des regards pleins d'admiration. Après un court entretien, on entre dans une salle parfumée, où des suivantes placent deux sièges auprès de la princesse. Alexandre prend le sien, et près de lui Eurypile s'assied sur un autre.

Cependant les Danaëns sont campés devant Troie, vis-à-vis d'un poste défendu par des guerriers choisis; là, se déchargeant de leurs armes, ils font reposer les chevaux, et leur distribuent une nourriture abondante. La nuit enveloppait de son voile obscur la terre et les plaines célestes; les Troyens et leurs nouveaux alliés prirent ensemble le repas du soir, où éclata la joie des convives; des feux nombreux éclairaient leurs tentes placées sur les remparts; le son aigu des fifres et des hautbois se mariait avec les sons plus doux des cornemuses et des chalumeaux : l'instrument d'Orphée, charmait surtout, par ses accords ravissants.

De leur camp les Grecs entendirent le hennissement des chevaux, la voix et les chants des convives, les accents harmonieux de la lyre, les tendres pipeaux, et les touchantes modulations de la flûte et du flageolet qui égayent les festins et font les délices des bergers. Toutefois craignant que leurs ennemis n'eussent dessein de quitter les plaisirs de la table pour venir surprendre et incendier leur flotte, ils placèrent auprès des vaisseaux, de nombreuses sentinelles qui devaient se relever mutuellement jusqu'à l'aurore.

Tandis que dans le palais d'Alexandre le fils de Télèphe soupait au milieu des princes, le roi Priam et tous ceux qui l'environnaient étaient remplis du projet d'attaquer avec vigueur les ennemis de Troie. L'étranger promit d'employer, pour y réussir, et ses forces et son courage. Après le repas chacun s'étant retiré, on conduisit Eurypile dans un appartement voisin et magnifiquement orné, qu'avaient coutume d'occuper Pâris et son épouse. Ce fut en ce lieu que l'hôte illustre jouit de la tranquillité de la nuit ; les autres chefs prirent ailleurs le doux repos du sommeil.

Dès l'aube du jour, Eurypile accompagné des principaux Troyens, sort, et les soldats impatiens d'en venir aux mains, se rangent promptement autour de lui ; il couvre ses membres vigoureux, d'armes aussi brillantes que l'éclair ; les travaux du fils d'Alcmène étaient représentés sur son large bouclier.

On y voyait ces deux dragons monstrueux dont les langues semblaient s'allonger par l'effort des sifflements ; ils, s'élançaient en formant des replis tortueux autour du demi-Dieu encore au berceau, qui d'un air intrépide en étouffait un de chaque main. Ses forces étaient dès lors comparables à celles de Jupiter. La puissance nait avec le dieu dans les flancs heureux qui le portent.

On y remarquait encore ce lion de la forêt de Némée terrassé par le héros; on eut dit qu'il rugissait encore, et de sa gueule enflammée découlait une écume mêlée de sang. Tout à côté, l'hydre épouvantable dardait ses langues vénéneuses. Du sang de ses têtes éparses sur le sol renaissaient d'autres têtes; Hercule se fatiguait à les abattre de son glaive recourbé, et le fort Iolaüs se hâtait de les brûler avec un fer ardent. Le monstre succombait enfin.

Près de là était dépeint au naturel le sanglier furieux que le robuste Alcide apporta tout vivant à Eurysthée, ensuite paraissait cette biche agile entourée dès moissons qu'elle avait dévastées. Le héros saisissait sa corne d'or, malgré les longs traits de feu qu'elle, vomissait de sa bouche.

Un autre côté du bouclier représentait les oiseaux du marais de Stymphale, dont les uns percés de flèches palpitaient encore sur la vase ; les autres s'échappaient en précipitant leur vol dans les airs, et le guerrier lançait sur eux traits sur traits. On reconnaissait non loin de là le puissant Augias, pour qui l'infatigable fils d'Alcmène, au grand étonnement des nymphes, détournait par des canaux les eaux profondes de l'Alphée.

Ailleurs était le taureau soufflant la flamme de ses narines et poussant d'horribles mugissements; ses cornes cédant sous la main du héros, dont tous les muscles paraissaient tendus forçaient de fléchir le corps entier du féroce animal. A quelque distance, on voyait Hippolyte, égale aux déesses par sa beauté. Le vainqueur, saisissant ses cheveux, la renversait de son coursier et lui arrachait un baudrier magnifique; La frayeur était peinte sur le visage des autres Amazones.

Dans un paysage de la Thrace étaient les cavales anthropophages de Diomède, qu'Hercule assomma dans leurs sombres écuries avec leur détestable maître, là, se voyait étendu le cadavre du puissant Géryon, égorgé près de ses bœufs : Ses têtes ensanglantées et couvertes de poussière portaient l'empreinte de la massue terrible. A côté de lui était renversé le plus cruel de ses chiens, Orthrus, aussi fort que Cerbère, et de même origine que lui. Au même lieu le berger Eurytion nageait dans son sang. Plus loin brillaient les pommes d'or dans le beau jardin des Hespérides. Les déesses troublées envisageaient avec effroi le fils de Jupiter, vainqueur du dragon, qui gardait ces fruits précieux.

Sous un antre ténébreux, près de l'empire de la nuit, aux portes fatales du palais de Pluton, se présentait Cerbère, production monstrueuse de Typhoë et d'Échidna, Cerbère, la terreur des Immortels mêmes, retenant dans le noir cachot la foule immense des pâles ombres. Le redoutable fils d'Alcmène, après l'avoir étourdi par la violence de ses coups, le traînait hors des bords escarpés du Styx, et dans les plaines que jusqu'alors il n'avait point connues.

La chaîne des montagnes du Caucase offrait un objet aussi frappant, Hercule y brisait les fers du malheureux Prométhée, le roc même où il était attaché, et perçait d'un trait mortel l'aigle vorace qui tourmentait ce Titan (1).

Un tableau non moins admirable était la défaite des Centaures que la discorde et les fumées du vin animèrent autrefois contre le fils de Jupiter. Les uns tombaient avec les masses énormes de bois qu'ils avaient en main pour se défendre ; les autres armés de longs pieux disputaient encore la victoire avec acharnement. Tous paraissaient la tête couverte de blessures ; le sang se mêlait avec le vin; les mets, les coupes et les tables étaient renversés en désordre.

A l'écart et sur une des rives du fleuve Evène était Nessus, réchappé de ce massacre. Hercule, du bord opposé, décochait un trait fatal sur le Centaure, qui lui ravissait une épouse chérie.

On n'avait pas omis sa lutte fameuse avec le formidable Antée. Le demi-Dieu, soulevant de terre ce géant, l'étouffait entre ses bras. Enfin sur le rivage de l'Hellespont paraissait ce monstre marin prêt à dévorer Hésionne. Le héros le tuait d'une de ses flèches et délivrait de ses chaînes la victime innocente.

Ces Faits et plusieurs autres exploits héroïques du fameux Hercule étaient gravés avec un art inimitable sur le bouclier du fils de Télèphe : dès qu'il se montre à la tête de l'armée, les Troyens admirant et sa taille et son armure, croient voir le Dieu des combats. Pâris, pour exciter sa valeur guerrière, lui parle en ces termes: « Illustre héros qui dans les deux armées ne trouverais pas un égal, puis-je douter du succès de ton entreprise? Pars, extermine jusqu'au dernier des Argiens. Au nom du grand et courageux Alcide, dont les traits de ton visage et la force de ton corps nous retracent la mémoire, sauve-nous; relève par tes exploits, le courage abattu de nos citoyens. Soutiens une ville déjà sur le penchant de sa ruine ».

« Généreux fils de Priam, répond Eurypile, prince comparable aux Immortels; nos succès et nos jours sont au pouvoir des Dieux : mais il dépend de nous de, combattre avec courage ; je promets d'appuyer votre cause de toute ma puissance : je jure de ne chercher que la victoire ou la mort ».

Ces paroles prononcées avec assurance, répandirent la joie parmi les sujets de Priam. On choisit pour commencer l'attaque, Alexandre, le vaillant Enée, Polydamas habile à manier la lance ; Avec eux le brave Pammon, le courageux Déiphobe, Ethicus enfin, guerrier distingué entre les Paphlagoniens par sa valeur et par son expérience dans l'art de la guerre.

Tous ces chefs placés au premier rang se hâtent de sortir de la ville. Une foule de combattants vole sur leurs pas, comme au printemps de nombreux essaims d'abeilles, précédées de leur roi, se répandent en bourdonnant hors de leurs ruches. Déjà s'annonce le tumulte des armes ; la marche bruyante des hommes et des chevaux éclate dans les airs. Sous les pieds des guerriers la plaine s'ébranle et frémit ainsi que les côtes escarpées de la mer, lorsqu'agitée par les vents, elle ouvre son sein, et vomit sur ses rivages l'algue avec les flots.

D'un autre côté les Argiens réunis autour d'Agamemnon, s'avancent vers les murailles. Tous s'animent mutuellement au carnage. Tous s'excitent à repousser avec vigueur ceux d'entre les ennemis qui oseront approcher des navires ; ils courent au-devant des Troyens avec une ardeur nouvelle. Tels de jeunes taureaux s'élancent sur les génisses, au retour du pâturage, dans un bosquet embelli des faveurs du printemps, lorsque les campagnes se couvrent de fleurs et de verdure, et que le laitage abondant des vaches et des brebis, remplit les vaisseaux du berger ravi de voir ses troupeaux rassasiés, bondir dans la plaine.

Les deux armées s'ébranlent, les cris partant des deux côtés à la fois, s'élèvent dans les airs; l'action s'engage, on se mêle, les casques et les boucliers se heurtent, le fer étincelle ; on entend l'effrayant cliquetis des lances et des épées qui se croisent ; le sang des guerriers coule sur la poussière avec celui des chevaux percés de longues piques et culbutés sous les chars. La discorde farouche s'empare des combattants, chacun d'eux se sert de ses armes pour attaquer ou pour se défendre. Les uns lancent de grosses pierres, les autres des traits affilés et des flèches. Ceux-ci font usage de l'épieu, ceux-là de cognées et de haches.

D'abord les Grecs forcent les phalanges Troyennes de reculer; mais bientôt ceux-ci retournant avec fureur sur l'ennemi, font couler des flots de sang. A leur tête Eurypile, que Jupiter en cette journée veut faire connaître comme un digne descendant d'Hercule, fond avec l'impétuosité de la foudre sur l'armée des Danaëns et en fait un horrible carnage. Entre autres guerriers, il frappe, d'une longue javeline dans l'estomac, Nérée, qui en combattant pour les Troyens, est renversé de ce coup fatal. Le sang rougit son armure éclatante, ses beaux cheveux et son visage ; il reste sans vie sur le champ de bataille. Tel l'heureux rejeton de l'olivier nourri sur le bord d'un fleuve est tout-à-coup déraciné, lorsqu'une vague furieuse fait écrouler le sol qui lui sert d'aliment et d'appui, et ses fleurs penchées se flétrissent : tel on voit étendu dans les champs de Mars le corps du brillant Nérée.

Eurypile s'applaudissant de sa mort : « Laisse, lui dit-il, laisse dans la poussière d'inutiles attraits, qui n'ont pu te dérober à ma vengeance. Malheureux, d'avoir osé te mesurer avec moi, comme si la beauté pouvait se comparer à la force ».

Après cette invective et pendant qu'il s'élance pour s'emparer des armes du vaincu, il est fortement atteint à l'épaule droite d'un trait parti de la main de Machaon, que la vue de Nérée expirant à ses côtés avait enflammé de colère ; mais la blessure quoique profonde n'arrête pas le héros. Semblable au lion ou au sanglier qu'on vient de percer, il se jette sur Machaon et lui porte sur la cuisse droite un terrible coup de lance. Celui-ci, loin de reculer, malgré le sang qu'il perd, lève une pierre énorme et en frappe à la tête le belliqueux fils de Télèphe, qui ne dut son salut qu'à l'épaisseur de son casque. Eurypile devenu plus furieux, plonge son glaive dans la poitrine de Machaon; la pointe perce jusqu'aux reins, il tombe comme le taureau, sous la dent cruelle du lion affamé, et ses membres s'agitant dans sa chute précipitée font retentir au loin son armure.

Le vainqueur retirant le fer du corps de son ennemi : « Misérable, lui dit-il, étais-tu donc assez dépourvu de sens, pour acheter aux dépens de ta vie l'honneur d'attaquer un guerrier plus puissant que toi. Ton imprudence sera-t-elle assez punie, lorsque les oiseaux voraces se rassasieront de tes chairs? Sans doute, tu croyais échapper à mon bras, où tu te confiais aux secrets de ton art ; mais quand ton père descendrait lui-même de l'Olympe, quand il prodiguerait pour toi le nectar et l'ambroisie, il ne pourrait te rappeler du trépas ».

A cette insulte, Machaon expirant, répond d'une voix éteinte : « ne compte pas toi-même sur de longs jours, tu touches au moment fatal où tu dois expier par ta mort, les ravages que tu causes dans les champs Phrygiens ».

Telles furent ses dernières paroles ; et son âme descendit parmi les ombres qui peuplent l'empire souterrain.

« Je te vois étendu, reprend Eurypile, peu m'importe que ce moment ou un autre soit le terme de ma vie ; nous ne naissons point immortels, aucun n'est exempt des lois rigoureuses du sort ». En finissant ces mots, il outrage le corps de son ennemi par de nouvelles blessures.

Teucer, à la chute de son ami, jette des cris de douleur : il était alors au fort de la mêlée où chacun avait en tête un adversaire formidable. Sensible à la perte de Nérée, plus affligé encore de celle du divin Machaon : « Accourez ici braves d'Argos, dit-il, ne souffrez pas qu'à notre honte les Troyens emportent dans leur ville les corps de Nérée et de Machaon; signalons notre intrépidité, retirons ces illustres morts, ou mourons nous - mêmes autour d'eux ; c'est une loi de défendre des citoyens et un opprobre de les abandonner; la gloire ne peut être que le prix de nos travaux ». Ainsi parle le fils de Télamon ; à sa voix les soldats d'abord consternés redoublent leurs efforts, et bientôt le champ de bataille est inondé du sang des combattants.

Pendant que la valeur se soutient de part et d'autre avec un égal avantage, Podalyre occupé à panser les blessures des guerriers, apprend le malheur qui lui enlève un frère; pour le venger, il prend aussitôt les armes; le sang bout dans ses veines, il sent croître ses forces, et la lance à la main, il fond sur l'ennemi. La première victime de sa colère fût le brave Clytus, fils d'Egamestor et d'une nymphe du fleuve Parthénius, qui par des canaux profonds décharge dans le pont Euxin ses eaux pures coulant ainsi que l'huile lentement et sans bruit (2) il immole aussi autour du corps de son frère, le guerrier Lassus, que Pronoé mit au monde sur les bords du Nymphée, près d'un antre spacieux qu'on dit être la retraite des nymphes qui peuplent les collines de Paphlagonie et les vignobles d'Héraclée. Cet antre est digne par ses merveilles des divinités qui l'habitent.

Il est formé dans un vaste rocher, d'où sort une eau fraîche et plus transparente que le cristal. Le fond de la grotte est orné de bassins creusés par la nature avec des proportions si justes, qu'ils semblent avoir été taillés de la main des hommes ; tout autour sont des égipans (3) et des nymphes ravissantes, et auprès d'elles les fuseaux, les quenouilles, tous les instruments analogues aux genres de travaux usités parmi les femmes. Ces objets et mille autres frappent à la fois les yeux et commandent l'admiration. On y remarque deux ouvertures; la première reçoit au matin le souffle de Borée ; la seconde, répond à l'Auster humide et orageux; par celle-ci les humains peuvent pénétrer dans l'antre des déesses; l'autre, accessible aux seuls mortels, est au-dessus d'un gouffre affreux qui conduit jusqu'aux sombres demeures de Pluton.

On se disputa longtemps les dépouilles de Machaon et du fils d'Aglaé ; enfin les Grecs après un combat sanglant en étant restés seuls maîtres, les emportèrent à travers mille dangers. Jusques là, ils avaient ignoré leurs pertes; et la nécessité de sauver les corps de leurs illustres compagnons avait soutenu leur courage; mais dès qu’ils virent la foule des guerriers que le destin et le fer ennemi leur avaient enlevés, ils cherchèrent leur salut dans la fuite, et retournèrent à leurs vaisseaux.

La fureur d'Eurypile pressait les flots de cette multitude de fuyards; il ne demeura autour d'Ajax et des fils d’Atrée, que peu de combattants, qui obligés de faire face de tous côtés, semblaient devoir être accablés par le nombre; mais la bravoure des chefs était à l'épreuve des plus grands périls. D'abord le fils d'Oïlée perce de sa lance au-dessous de l'épaule le guerrier Polydamas; le sang qui coula de sa blessure le força de se retirer de la mêlée. D'un autre côté, Ménélas blesse Déiphobe près de la mamelle droite, et le met hors de combat. Le roi Agamemnon éloigne par une grêle de traits Ethicus, l'un des principaux Troyens, et massacre ou dissipe toute sa troupe.

Eurypile voyant reculer ses soldats, abandonne les ennemis qu'il poursuivait, et revient sur les deux Atrides, et sur Ajax qui disputait à ceux-ci le prix de la valeur avec autant d'avantage qu'il avait disputé à Teucer le prix de la course. A Eurypile se joignent Alexandre et le fils d'Anchise. Ce dernier frappe le casque et la tête d'Ajax, d'un si rude coup de pierre, qu'il le renverse sur le champ de bataille, d'où ses compagnons l'enlèvent aussitôt ; mais ce guerrier ne touchait pas au dernier moment de sa vie : un destin plus rigoureux l'attendait à son passage, au milieu des écueils de Capharée.

Cependant les Atrides se trouvaient seuls exposés aux pierres et aux traits de toute espèce. On leur décochait des flèches ; on lançait contre eux des javelots, on les pressait de l'épée ; ils se défendaient, ainsi que des lions ou des sangliers, resserrés dans une étroite enceinte, (4) lorsque les rois rassemblent contre eux tous leurs colons. Les animaux féroces renfermés alors dans un espace trop limité, déchirent et mettent en pièces les premiers qui osent approcher d'eux; tels les deux héros assaillis de toutes parts, combattent avec la fureur du désespoir.

Bientôt arrivent à leur secours Teucer, le vaillant Idoménée, Mérione, Thoas et l'incomparable Thrasymède; la crainte que leur inspirait le fils de Télèphe les avait d'abord entraînés vers la flotte avec le plus grand nombre des Argiens; mais ils reviennent promptement et réunissent leurs efforts pour soutenir les deux princes. Teucer perce de sa lance le bouclier d'Enée qu'il force de quitter le combat. Mérione attaque le fils de Péon, Laophon, que la belle Clèomède avait mis au monde sur les bords de l'Axius; (5) il était venu à la suite d'Astéroppée au secours des Troyens ; le Grec lui fait avec son fer une large ouverture par laquelle s'échappent tous les viscères, et son âme descend dans le noir séjour des ombres.

En même tems Alcimède, compagnon d'armes du courageux Ajax, fond sur l'armée de Priam ; en adressant au ciel ses vœux, il fait voler de sa fronde un caillou avec tant de vitesse, que le seul sifflement glace d'effroi l'armée ennemie. Le coup frappe Hippaside, habile cocher de Pammon; le guerrier blessé à la tempe, est renversé sur la place et, traîné loin de là derrière son char, qu'emportent les coursiers épouvantés. La cruelle mort éteignit ainsi le flambeau de ses jours, et les rênes tombèrent de ses mains défaillantes. Pammon privé de son guide fidèle, croit toucher à sa dernière heure; mais un Troyen traversant la mêlée, saisit à propos les rênes flottantes, et sauve le prince déjà investi d'une foule de Grecs.

Acamas blessé à la cuisse par le brave fils de Nestor, est contraint de céder à la douleur et d'abandonner à ses compagnons la défense du champ de bataille. Là un guerrier de la suite d'Eurypile, atteint dans la poitrine Echémon, ami de Thoas. Le fer pénètre jusqu'au cœur et en fait jaillir le sang : une sueur froide se répand aussitôt sur ses membres; en vain fait-il un pas en arrière pour s'échapper, Eurypile d'un coup furieux lui coupe les jarrets : ses pieds restent immobiles au lieu où il vient d'être frappé, et son âme s'exhalant avec le dernier, soupir, fuit le séjour de la lumière.

Ailleurs Thoas perce d'une javeline la cuisse droite de Pâris au moment où il retournait chercher ses flèches qu'il avait laissées derrière lui. Enfin Idoménée armé de la plus forte pierre qu'il peut lever, frappe rudement au bras, Eurypile, et fait tomber sa longue pique. Celui-ci se retire aussitôt pour en aller reprendre une autre, et dans cet intervalle les Atrides prennent quelques moments de repos; mais des serviteurs actifs eurent bientôt pourvu leur maître d'une autre lance dont il se servit pour terrasser une multitude de guerriers.

Armé de ce fer homicide, il s'élance dans les rangs, il égorge tout ce qu'il rencontre ; ni les Atrides eux-mêmes, ni aucuns d'entre les Argiens ne peuvent lui résister. Tous sont saisis de frayeur à son aspect ; il porte sur ses pas le désordre et le carnage; par sa voix et par son exemple il enflamme ses soldats et ceux de Priam : « Amis, leur dit-il, montrez aujourd'hui votre bravoure, massacrez ces lâches et perfides Grecs qui, semblables à des troupeaux timides s'enfuient vers leurs navires. Déployez contre eux vos bras exercés dès les plus tendres années au métier de la guerre ».

A ces mots ils fondent tous ensemble sur les Argiens, les mettent en déroute et les poursuivent avec la même ardeur que les chiens vigoureux courent de jeunes faons dans les défilés des montagnes; ils étendent sur la poussière une foule de victimes qui tâchent inutilement d'échapper au tranchant du glaive.

Eurypile tue de sa main Nésus et Bucolion, habitants de l'heureuse Mycènes, Chromius et Antiphe, originaires de Lacédémone et distingués par leur valeur. Qui pourrait nombrer la multitude des guerriers qu'il immola dans cette action sanglante? et quand j'aurais une poitrine aussi forte, une voix aussi retentissante que l'airain, pourrais-je célébrer dans mes chants le nom et les malheurs des soldats ou des héros que moissonna le fer du redoutable fils de Télèphe?

Encouragés par ce prince, Enée renverse Pherétés et Antimaque, venus de Crète sous la conduite du roi Idoménée ; et le vaillant Agénor ôte la vie au guerrier Molus, que Sthénélus avait amené d'Argos. Agénor l'atteint dans sa fuite, d'un trait acéré, qui lui déchire les nerfs et lui perce la jambe droite ; l'os froissé, crie sous le fer, et l'infortuné Molus expire dans les plus vives douleurs.

Alexandre vainquit les deux frères Monysus et Phorcys qui s'étaient embarqués à Salamine, sur la flotte d'Ajax. Ils perdirent avec la vie, le doux espoir de retourner au lieu de leur naissance.

Il perça aussi d'un trait à la mamelle gauche, Cléolas, homme d'armes de Mégès ; le fer plongé dans son sein, en était repoussé par le cœur encore palpitant ; une nuit éternelle obscurcit ses paupières, et son âme indignée s'enfuit dans le noir empire. Enfin le héros décocha une de ses flèches contre le courageux Eétion ; le trait pénétra dans sa bouche, il mourut en poussant de profonds soupirs, et ses larmes se mêlèrent avec son sang.

Chacun des chefs de l'armée de Priam, rougit ses mains du sang des Grecs, la terre gémit sous le poids des cadavres entassés. Les Troyens victorieux allaient mettre le feu aux vaisseaux; mais le jour s'effaçait et la nuit s'empressait de couvrir de son ombre le rivage ensanglanté et les vastes plaines de l'Océan.

Le fils de Télèphe se retirant alors avec toutes ses troupes se choisit un poste sur la rive du Simoïs, à quelque distance des navires; son camp .retentit de cris de joie ; mais les Argiens au désespoir, gémissent dans leurs tentes, se couvrent de sable, et pleurent le soft de tant de guerriers qu'ils ont perdus dans cette journée funeste.


 

NOTES DU CHANT VI.

 

(1) Titan. Après Quintus, je ne connais que Juvénal qui ait donné à Prométhée le surnom de Titan.

E meliore luto finxit præcordia Titan. Sat. 14, v. 35.

(2) Ainsi que l’huile. Le texte d'Alde Manuce porte ἠυτ' ἐλασος qui ne signifie rien du tout, car ce mot ἐλασος n'est point grec. On l'a remplacé par le mot ἑλαῖον, qui signifie huile. Je yeux bien suivre cette leçon ; mais je n'en garantis point l'authenticité. Je ne crois pas même que cette comparaison soit du style de Quintus ; je ne la trouve point dans les auteurs anciens.

(3) Egipans. Les Grecs n'ont connu ni Sylvains, ni Faunes. Je n'ai donc pu rendre que par Egipans le mot Panes, dans le texte de notre auteur, corrigé par Rhodoman ; vu qu'en Français nous n'admettons pas plusieurs Pans 1 Théocrite est peut-être le seul d'entre les Grecs qui ait parlé de Pans en nombra pluriel comme Quintus.

Τό τοί γένος σατυρσκοις
᾿Ἐ
γγθεν Πάνεσσι κακοκνμοισίν ἐρίσδεὶ.

(A la lettre) «Ton espèce est rivale de celle des Satyres ou des Pans aux jambes défectueuses » ; on en trouve plus d'exemples parmi les poètes latins.

Sic Faveant satyri montanaque numina Panes. Ovid. in episl. Phedræ.

Cornipedes calamo Panas hiante canent, Propert. etc. etc.

(4) Dans une étroite enceinte. Ερκος septum signifie une enceinte, un lieu étroit et resserré, le texte porte mot à mot que les rois rassemblent leurs hommes, et les pressent de poursuivre les bêtes qui se préparent à leur donner la mort ; car renfermées dans cet espace trop limité elles déchirent, etc. J'ai évité cette répétition ; j'ai remarqué dans la préface que cette enceinte n'était point un cirque ; que ces combats de gladiateurs n'eurent lieu que vers le temps des empereurs romains, et que Quintus vivait avant les empereurs. Tacite dit que le grand Pompée fit le premier, à Rome, construire en pierre un amphithéâtre destiné à ces sortes de combats. On sait que les animaux qui figuraient dans ces combats étaient des lions, des ours, des tigres, des éléphants. Je n'ai vu nulle part, au moins je ne peux me rappeler, qu'on y ait introduit des sangliers. Notre auteur parle donc des lions et des sangliers cernés par des chasseurs ; et non de lions ou de sangliers exposés dans un cirque ou dans un amphithéâtre.

(5) Axius, fleuve des Paphlagoniens, qui traverse la Mygdonie, Hérodote Lib. VI. Il faut mettre au rang des fables, ce que Pline Lib. IV. c. 10, et Lib. XXXI. c. 2, raconte des eaux de ce fleuve, qu'elles ont la propriété de rendre noirs les troupeaux qui en sont abreuvés.

 

Fin du sixième Chant.