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HISTOIRE UNIVERSELLE DE DIODORE DE SICILE

traduite en français par Monsieur l'Abbé TERRASSON

LIVRE PREMIER.  SECTION PREMIÈRE. - SECTION DEUXLIVRE SECOND - LIVRE TROISIÈME

LIVRE QUATRIÈME - LIVRE CINQUIÈME - LIVRE SIXIÈME - LIVRE ONZIÈME - LIVRE DOUZIÈME

 

Tome quatrième

LIVRE TREIZIÈME.

texte français uniquement

texte grec uniquement

 

Paris 1744

 (1-27) (suite)

I. Avant propos.
II. Préparatifs immenses faits à Athènes, pour la guerre de Sicile, à laquelle on donne pour Chefs Alcibiade, Nicias et Lamachus. Mutilation faite pendant la nuit aux statues de Mercure, de laquelle Alcibiade est soupçonné sans preuve. Les Athéniens disposent d'avance des divers cantons de la Sicile. Départ de la flotte, et sa route.
III. Les différentes villes de la Sicile se partagent de sentiments sur cette guerre. Elles voudraient toutes se défendre: Mais quelques-unes qui craignent les Athéniens se disposent à demeurer neutres. L'accusation portée contre Alcibiade se réveille. On envoie un vaisseau pour le prendre, et le ramener. Il s'embarque dans un autre avec ses coaccusés, et se réfugie à Lacédémone, où il rend de mauvais offices aux Athéniens.
IV. Les Athéniens déjà reçus dans Catane, emploient la ruse pour se rendre maîtres de la Côte voisine du port de Syracuse. Quoiqu'ils fassent perdre quelques soldats à leurs ennemis, ils croient devoir revenir encore à Catane; et ils demandent de nouveaux secours à Athènes. Syracuse de son côté a recours à Lacédémone et à Corinthe, qui se prétend à leurs instances. Lacédémone en particulier leur envoie avec des troupes le commandant Gylippe; qui se distinguera dans la suite en plus d'un sens. Lamachus est tué dans un combat, et Nicias demeuré seul à la tête des Athéniens, demande non seulement de nouvelles forces, mais d'autres généraux pour l'aider.
V. Les Lacédémoniens conduits par leur roi Agis, et guidés par Alcibiade, s'emparent du port de Décélie dans l'Attique: ce qui n'empêche pas les Athéniens d'envoyer encore trente vaisseaux dans la Sicile. Tandis que les troupes Athéniennes s'y préparent à un combat naval, et que pour s'y rendre, elles abandonnent les postes qu'elles avaient déjà pris sur terre, les Syracusains s'y jettent, et y font un grand pillage. Cet incident dérange les deux partis; de sorte que les Syracusains ont l'avantage sur terre, et les Athéniens sur mer.
VI. Les Athéniens qui attendaient de leur république un nouveau secours de vaisseaux, sont engagés avant son arrivée, par les raillerie de leurs ennemis, à un combat naval où ils ont battus. Eurymedon et Démosthène arrivent enfin avec une flotte de trois cents dix vaisseaux, qui jettent la consternation dans l'âme des Syracusains. Les Athéniens pénètrent jusque dans la Citadelle de l'Epipole. On vient pourtant à bout de les en chasser avec une grande perte de leur part. L'humidité du lieu où ils campaient au dehors y produit même la peste, et dès lors ils proposent de s'en retourner. Nicias s'oppose d'abord à cet avis, et s'y rend bientôt après.
VII. Le départ des Athéniens est retardé par une éclipse de lune, sur l'avis des devins, auxquels Nicias déferait beaucoup. Ce délai donne lieu à un combat funeste pour les Athéniens: Ils y perdent leur commandant Eurymedon. Les vaisseaux syracusains forment dans leur rade une vaste chaîne qui enferme toute la flotte athénienne, et toutes les troupes qu'elle avait postées sur les rivages de la Sicile. Les Athéniens entreprennent de rompre cette chaîne dans un combat de terre et de mer, qui doit être la dernière ressource de leur salut. Description circonstanciée de cette entreprise, dans laquelle les Athéniens succombent.
VIII. Les Athéniens ne songeant plus qu'à leur retraite, prennent le parti de brûler le peu de vaisseaux qui leur restaient, pour se réfugier dans les villes de la Sicile qui leur étaient alliées. Un faux avis qu'on leur fait porter, les jette encore dans un délai qui leur est fatal. On a le temps de leur fermer toutes les issues, dans l'une desquelles on leur tue encore dix-huit mille hommes, et l'on en prend sept mille vivants; entre lesquels se trouvèrent les deux généraux Nicias et Démosthène. Le Syracusain Nicolaüs, quoiqu'il eut perdu ses deux fils pendant le siège, propose de traiter humainement les vaincus. Mais Gylippe de Lacédémone s'y oppose.
IX. Harangue de Nicolaus.
X. Harangue de Gylippe, en conséquence laquelle on fait mourir les deux généraux athéniens, et l'on envoie tout le reste aux carrières.
XI. La nouvelle de ce désastre fait donner le gouvernement dans Athènes à quatre cents hommes choisis. Syracuse renouvelle son alliance avec Lacédémone. Digression au sujet du législateur Dioclès.
XII. Après quelques mauvais succès des Athéniens dans la Grèce, suite de leur infortune en Sicile; Alcibiade entreprend de les relever, avant même que de rentrer dans sa patrie. Le fruit de ses soins fut une bataille gagnée sur les Spartiates entre Sestos et Abydos, et suivie bientôt après, d'un naufrage de cinquante vaisseaux dont il ne se sauva que douze Lacédémoniens au pied des rochers du mont Athos. Alcibiade enfin absous de toutes les accusations portées contre lui, sert la République par lui-même.
XIII. Les habitants de Segeste qui avaient attiré les Athéniens en Sicile, craignant qu'on ne voulut se venger sur eux du danger où ils avaient mis l'île entière, souffrent d'abord quelques injustices de la part des Selinuntins alliez de Syracuse, et recherchent ensuite la protection de Carthage. Ce fut là le commencement de la guerre des Carthaginois contre la Sicile. On en confia le soin à l'ancien Hannibal, petit fils de cet Hamilcar que Gélon avait fait poignarder dans son propre camp;
XIV. Il se donne entre Sestos, occupé par les Athéniens et Abydos où résidaient les Lacédémoniens, un second combat naval, dont l'arrivée d'Alcibiade détermine le succès en faveur d'Athènes. Le Satrape Pharnabaze continue de favoriser Lacédémone, et s'explique sur quelques sujets de défiance qu'il avait donnés.
XV. Les habitants de l'Eubée qui avaient abandonné le parti d'Athènes, et qui commençaient à la craindre, persuadent aux Béotiens de combler l'Euripe par une chaussée qui joignit l'Eubée à la Béotie. Les Béotiens agréent cette proposition, et l'on ne laisse à cette chaussée que le passage d'un seul vaisseau dans son milieu, recouvert par dessus d'un pont de bois. L'Athénien Théramène s'oppose en vain à ce travail, soutenu pendant sa durée par un grand nombre de soldats.
XVI. Dissensions funestes dans l'Île de Corcyre, au sujet de l'aristocratie et de la démocratie. L'expérience de leurs propres maux engage les deux partis à se réconcilier. Archelaüs Roi de Macédoine transporte à vingt stades loin de la mer, la ville de Pydne, qui s'était révoltée contre lui. Détail d'un grand combat de terre et de mer, où les Spartiates, quoique soutenus par Pharnabaze, perdent leur général Mindarus, et sont enfin absolument défaits par les commandants Athéniens, entre lesquels était Alcibiade. Ils envoient proposer la paix à Athènes par l'ambassadeur Endius, dont la harangue est ici rapportée. Les Athéniens lui refusent sa demande; et se jettent par là dans une longue suite de maux.
XVII. Hannibal entre dans la Sicile par le Promontoire de Lilybée. Description du siège, de la prise, et du sac de Sélinonte. Le vainqueur en considération d'un certain Empedion qui avait toujours invité ses concitoyens à ne point entrer en guerre avec les Carthaginois, rend à ceux qui restaient en vie toutes leurs richesses, et permet aux fugitifs de revenir dans la ville, et d'en cultiver les environs comme auparavant.
XVIII. Hannibal se dispose au siège d'Himère avec encore plus d'animosité qu'il n'avait fait celui de Sélinonte; parce que son aïeul Hamilcar avait été immolé autrefois par Gélon devant cette première ville. Description de ce second siège. Les Himériens se défendent mieux, et sont mêmes soutenus par quelques secours de Syracuse, sous la conduite de Dioclès, qui retourne dans cette capitale, avec une partie de ses troupes; de peur que l'ennemi n'aille l'attaquer pendant leur éloignement. Himère étant prise, Hannibal en fait immoler trois mille citoyens restés vivants, aux mânes de son aïeul.
XIX. Hermocrate, un des trois chefs, nommé ci-devant pour défendre Syracuse contre les Athéniens, ayant été exilé par une faction de sa ville, tente d'obtenir son retour par des exploits remarquables contre les villes carthaginoises de la Sicile. Pendant que les Athéniens font du côté de l'Asie quelques entreprises plus ou moins considérables, ou d'un succès plus ou moins heureux; les Lacédémoniens reprennent la citadelle de Pylos en Messénie, dont les Athéniens s'étaient rendus maîtres quinze ans auparavant. mouvements en différentes villes grecques, toujours favorisés par l'une ou par l'autre des deux Républiques principales.
XX. Alcibiade qui avait eu une grande part aux différents succès des Athéniens sur la mer Égée, ou sur les côtes de l'Asie, est reçu dans Athènes avec des acclamations extraordinaires, mais qui seront de peu de durée. Il repart pour l'île d'Andros, où il remporte encore une victoire. Les Spartiates de leur côté choisissent pour chef Lysandre le plus habile de leurs Capitaines. Celui-ci bat sur mer Antiochus, Lieutenant d'Alcibiade, qui malgré la défense de son général, avait voulu se signaler par quelque exploit en son absence. D'un autre côté Agis, roi de Lacédémone, s'avance jusqu'à Decelie dans l'Attique même, d'où il se retire, après avoir fait beaucoup de ravage.
XXI. Alcibiade, qui voulait enrichir sa flotte, fait une mauvaise querelle à la ville de Cumes, alliée des Athéniens. Les habitants portent leurs plaintes à Athènes contre ce général, qu'ils accusent même de s'entendre avec les Lacédémoniens et avec Pharnabaze. A cette accusation qui regardait le public, on en joint d'autres qui regardaient des particuliers. On lui substitue dix généraux, dont Conon, qui est le premier, va prendre le commandement de sa flotte; et Alcibiade se retire en Thrace. Les trois villes de l'île de Rhodes se réunissent en une seule, qui prend le nom de l'île même.
XXII. Hermocrate ramène de Sélinonte en pompe funèbre tous les corps des Syracusains qu'il avait pu trouver, et les fait recevoir dans Syracuse, en se tenant lui-même dehors, comme banni. Dioclès qui s'opposait à la sépulture de ces morts est banni lui-même, sans qu'on reçut encore Hermocrate: mais le reste de ses gens étant arrivé, il entra et fut tué dans la place publique, avec une partie de ses adhérents. Denys qu'on verra dans la suite tyran de Syracuse, et qui suivait Hermocrate échappa à ce tumulte.
XXIII. Les Lacédémoniens opposent à Conon, Callicratidès, qui passait pour le plus juste des Spartiates. Les deux généraux ennemis ont, par leur sage conduite, des avantages réciproques l'un sur l'autre. Callicratidès se saisit de trente vaisseaux athéniens, dont l'équipage avait eu le temps de se jeter sur le rivage de Mitylene dans l'Île de Lesbos, et Conon demeure maître de cette ville, malgré tous les efforts des Spartiates.
XXIV. Descente d'Hannibal et d'Imilcar en Sicile. Détail du siège d'Agrigente, jusqu'à sa prise. Ample description des richesses, de la magnificence, et même du luxe de cette ville, fameuse d'ailleurs par l'hospitalité de ses citoyens. Soupçons d'infidélité contre les officiers militaires de Syracuse, envoyez au secours d'Agrigente.
XXV. Denys profite de la frayeur que la prise d'Agrigente avait jetée dans toute la Sicile, et jusque dans Syracuse, pour arriver à la tyrannie en cette dernière ville, où il était né de parents obscurs, et où lui-même avait fait le métier de scribe. Ses harangues pleines de suppositions et de calomnies, font périr les plus puissants et les plus riches. Il parvient d'abord à se faire donner à lui seul toute l'autorité militaire, et par une garde de six cents hommes que lui accordent les troupes, l'autorité la plus absolue, et de la plus longue durée, dont l'histoire eut fourni l'exemple dans un tyran.
XXVI. Récit de la fameuse bataille navale des Arginuses, où l'on vit en mer trois cents vaisseaux, ou Athéniens, ou Spartiates. Les chefs de l'un et de l'autre parti sont avertis par des devins, ou par des songes, qu'ils y périront. Le spartiate Callicratidès y est tué en effet, ayant nommé d'avance Cléarque pour son successeur. On fait exécuter à Athènes, par une sentence cruelle et extravagante, cinq des généraux athéniens, pour n'avoir pas fait la recherche des morts qu'ils n'avaient omise que pour achever et assurer la victoire: mais ils avaient aussi eu le tort de vouloir rejeter cet oubli sur leurs deux premiers chefs, Thrasybule et Théramène.
XXVII. Les Athéniens après cette exécution de leurs Généraux, donnent le Commandement de leur flotte à Philoclès, pour agir de concert avec Conon, qu'il va joindre à Samos. Le spartiate Lysandre obtient de grosses sommes du jeune Cyrus, qui lui laisse même l'administration de ses provinces, en allant à la cour du roi Darius son père. Lysandre muni par là de grandes richesses attaque le long des côtes de l'Asie différentes villes alliées aux Athéniens, où il exerce, où favorise de grandes cruautés, et d'où il revient dans l'Attique. Alcibiade se présente aux généraux de la flotte d'Athènes, et leur offre ses services, qu'ils ne veulent pas recevoir. Lysandre met les Athéniens en déroute par mer et par terre, le long des côtes de l'Asie. Il fait égorger Philoclès à Lampsaque, et Conon se réfugie chez Evagoras en Chypre: le lacédémonien Gylippe qui a paru dans le siège de Syracuse, chargé par Lysandre, de porter à Lacédémone l'argent pris sur les ennemis, en soustrait une partie. Il est condamné à mort, et s'enfuit: la même chose était arrivée à son père. Les Athéniens pressés par la famine demandent humblement la paix aux Spartiates. Telle fut la fin de la guerre du Péloponnèse.
XXVIII. Imilcar forme le siège de Gela en Sicile, où les femmes et les enfants mêmes se défendent courageusement. Denys se résout à aller au secours de Gela; et il met en effet quelque désordre dans l'armée des assiégeants. Mais il reprend bientôt le chemin de Syracuse. La plupart de ses soldats indignés de cette retraite, le soupçonnent d'intelligence avec l'ennemi. Ils songent à secouer le joug; et se rendent avant lui à Syracuse, où ils pillent sa maison dans l'Acradine, et font à sa femme, les plus sanglants outrages. Mais Denys arrivé lui-même dissipe cette faction, par le secours de ses satellites et du reste de son armée qu'il ramenait. Il accepte de la part d'Imilcar un traité de paix, par lequel les conquêtes des Carthaginois leur demeureront; Gela sera rendue à ses citoyens, sans murailles; et Syracuse appartiendra toujours à Denys.

28. Νικόλαος μὲν οὖν πρὸς τοὺς Συρακοσίους τοιούτοις χρησάμενος λόγοις κατέπαυσε τὴν δημηγορίαν, συμπαθεῖς ποιήσας τοὺς ἀκούοντας. Γύλιππος δ' ὁ Λάκων ἀπαραίτητον τὸ πρὸς ᾿Αθηναίους μῖσος διαφυλάττων, ἀναβὰς ἐπὶ τὸ βῆμα τῶν λόγων τὴν ἀρχὴν ἐντεῦθεν ἐποιήσατο. [2] Θαυμάζω μεγάλως, ἄνδρες Συρακόσιοι, θεωρῶν ὑμᾶς οὕτως ταχέως, περὶ ὧν ἔργῳ κακῶς πεπόνθατε, περὶ τούτων τῷ λόγῳ μεταδιδασκομένους. Εἰ γὰρ ὑμεῖς ὑπὲρ ἀναστάσεως κινδυνεύσαντες πρὸς τοὺς ἐπὶ κατασκαφῇ τῆς πατρίδος ὑμῶν παραγεγενημένους ἀνεῖσθε τοῖς θυμοῖς, τί χρὴ νῦν ἡμᾶς διατείνεσθαι τοὺς μηδὲν ἠδικημένους; [3] Δότε δέ μοι πρὸς θεῶν, ἄνδρες Συρακόσιοι, συγγνώμην τὴν συμβουλίαν ἐκτιθεμένῳ μετὰ παρρησίας· Σπαρτιάτης γὰρ ὢν καὶ τὸν λόγον ἔχω Σπαρτιάτην. Καὶ πρῶτον ἄν τις ἐπιζητήσειε, πῶς Νικόλαος ἐλεῆσαί φησι τοὺς ᾿Αθηναίους, οἳ τὸ γῆρας αὐτοῦ διὰ τὴν ἀπαιδίαν ἐλεεινὸν πεποιήκασι, καὶ παριὼν εἰς ἐκκλησίαν ἐν ἐσθῆτι πενθίμῃ δακρύει καὶ λέγει δεῖν οἰκτείρειν τοὺς φονεῖς τῶν ἰδίων τέκνων. [4] Oὐκέτι γὰρ ἐπιεικής ἐστιν ὁ τῶν συγγενεστάτων μετὰ τὴν τελευτὴν ἀμνημονῶν, τοὺς δὲ πολεμιωτάτους σῶσαι προαιρούμενος. πεὶ πόσοι τῶν ἐκκλησιαζόντων υἱοὺς ἀνῃρημένους κατὰ τὸν πόλεμον ἐπενθήσατε; Πολλοὶ [ον] τῶν καθημένων ἐθορύβησαν. [5] δ' ἐπιβαλών, ῾Ορᾷς, φησί, τοὺς τῷ θορύβῳ τὴν συμφορὰν ἐμφανίζοντας; Πόσοι δὲ ἀδελφοὺς ἢ συγγενεῖς ἢ φίλους ἀπολωλεκότες ἐπιζητεῖτε; [καὶ] πολλῷ πλείους ἐπεσημήναντο. [6] Καὶ ὁ Γύλιππος, θεωρεῖς, ἔφη, τὸ πλῆθος τῶν δι' ᾿Αθηναίους δυστυχούντων; Οὗτοι πάντες οὐδὲν εἰς ἐκείνους ἁμαρτάνοντες τῶν ἀναγκαιοτάτων σωμάτων ἐστερήθησαν, καὶ τοσοῦτο μισεῖν τοὺς ᾿Αθηναίους ὀφείλουσιν, ὅσον τοὺς ἰδίους ἠγαπήκασι. 
29. Πῶς οὖν οὐκ ἄτοπον, ἄνδρες Συρακόσιοι, τοὺς μὲν τετελευτηκότας ἑκούσιον ὑπὲρ ὑμῶν ἑλέσθαι θάνατον, ὑμᾶς δὲ ὑπὲρ ἐκείνων μηδὲ παρὰ τῶν πολεμιωτάτων λαβεῖν τιμωρίαν, καὶ ἐπαινεῖν μὲν τοὺς ὑπὲρ τῆς κοινῆς ἐλευθερίας τοὺς ἰδίους ἀναλώσαντας βίους, περὶ πλείονος δὲ τὴν τῶν φονέων ποιεῖσθαι σωτηρίαν τῆς ἐκείνων τιμῆς; [2] Κοσμεῖν ἐψηφίσασθε δημοσίᾳ τοὺς τάφους τῶν μετηλλαχότων· καὶ τίνα καλλίονα κόσμον εὑρήσετε τοῦ κολάσαι τοὺς ἐκείνων αὐτόχειρας; Εἰ μὴ νὴ Δία πολιτογραφήσαντες αὐτοὺς βούλεσθε καταλιπεῖν ἔμψυχα τρόπαια τῶν μετηλλαχότων. [3] λλὰ μεταβαλόντες τὴν τῶν πολεμίων προσηγορίαν γεγόνασιν ἱκέται· πόθεν αὐτοῖς ταύτης τῆς φιλανθρωπίας συγκεχωρημένης; Οἱ γὰρ ἀπ' ἀρχῆς τὰ περὶ τούτων νόμιμα διατάξαντες τοῖς μὲν δυστυχοῦσι τὸν ἔλεον, τοῖς δὲ διὰ πονηρίαν ἀδικοῦσιν ἔταξαν τιμωρίαν. [4] ν ποτέρᾳ δὴ τάξει θῶμεν τοὺς αἰχμαλώτους; ν τῇ τῶν ἠτυχηκότων; καὶ τίς αὐτοὺς τύχη μὴ προαδικηθέντας ἐβιάσατο πολεμεῖν Συρακοσίοις καὶ τὴν παρὰ πᾶσιν ἐπαινουμένην εἰρήνην ἀφέντας ἐπὶ κατασκαφῇ παρεῖναι τῆς ὑμετέρας πόλεως; [5] Διόπερ ἑκουσίως ἑλόμενοι πόλεμον ἄδικον εὐψύχως ὑπομενόντων τὰ τούτου δεινά, καὶ μή, κρατοῦντες μέν, ἀπαραίτητον ἐχόντων τὴν καθ' ὑμῶν ὠμότητα, σφαλέντες δέ, τοῖς τῆς ἱκεσίας φιλανθρώποις παραιτείσθων τὴν τιμωρίαν. [6] Εἰ δ' ἐλέγχονται διὰ πονηρίαν καὶ πλεονεξίαν τοιούτοις ἐλαττώμασι περιπεπτωκότες, μὴ καταμεμφέσθων τὴν τύχην, μηδ' ἐπικαλείσθων τὸ τῆς ἱκεσίας ὄνομα. Τοῦτο γὰρ παρ' ἀνθρώποις φυλάττεται τοῖς καθαρὰν μὲν τὴν ψυχήν, ἀγνώμονα δὲ τὴν τύχην ἐσχηκόσιν. [7] Οὗτοι δ' ἁπάντων τῶν ἀδικημάτων πλήρη τὸν βίον ἔχοντες οὐδένα τόπον αὐτοῖς βάσιμον εἰς ἔλεον καὶ καταφυγὴν ἀπολελοίπασι. 
30. Τί γὰρ τῶν αἰσχίστων οὐκ ἐβουλεύσαντο, τί δὲ τῶν δεινοτάτων οὐκ ἔπραξαν; Πλεονεξίας ἴδιόν ἐστι τὸ ταῖς ἰδίαις εὐτυχίαις οὐκ ἀρκούμενον τῶν πόρρω κειμένων καὶ μηδὲν προσηκόντων ἐπιθυμεῖν· οὗτοι ταῦτ' ἔπραξαν. εὐδαιμονέστατοι γὰρ ὄντες τῶν ῾Ελλήνων, τὴν εὐτυχίαν ὥσπερ βαρὺ φορτίον οὐ φέροντες, τὴν πελάγει τηλικούτῳ διειργομένην Σικελίαν ἐπεθύμησαν κατακληρουχῆσαι, τοὺς ἐνοικοῦντας ἐξανδραποδισάμενοι. [2] Δεινόν ἐστι μὴ προαδικηθέντας πόλεμον ἐπιφέρειν· καὶ τοῦτ' ἐνήργησαν. Φίλοι γὰρ ὄντες τὸν ἔμπροσθεν χρόνον, ἐξαίφνης ἀνελπίστως τηλικαύτῃ δυνάμει Συρακοσίους ἐπολιόρκησαν. [3] περηφάνων ἐστὶ τὸ τῶν μήπω κρατηθέντων προλαμβάνοντας τὴν τύχην καταψηφίζεσθαι τιμωρίαν· οὐδὲ τοῦτο παραλελοίπασι. πρὸ τοῦ γὰρ ἐπιβῆναι τῆς Σικελίας γνώμην ἐκύρωσαν Συρακοσίους μὲν καὶ Σελινουντίους ἐξανδραποδίσασθαι, τοὺς δὲ λοιποὺς διδόναι φόρους ἀναγκάζειν. ταν οὖν περὶ τοὺς αὐτοὺς ἀνθρώπους ὑπάρχῃ πλεονεξία, ἐπιβουλή, ὑπερηφανία, τίς ἂν νοῦν ἔχων αὐτοὺς ἐλεήσειεν; [4] πεί τοί γε ᾿Αθηναῖοι πῶς ἐχρήσαντο Μιτυληναίοις; Κρατήσαντες γὰρ αὐτῶν, ἀδικῆσαι μὲν οὐδὲν βουλομένων, ἐπιθυμούντων δὲ τῆς ἐλευθερίας, ἐψηφίσαντο τοὺς ἐν τῇ πόλει κατασφάξαι. [5] μόν τε καὶ βάρβαρον τὸ πεπραγμένον. Καὶ ταῦτα ἐξήμαρτον εἰς ῞Ελληνας, εἰς συμμάχους, εἰς εὐεργέτας πολλάκις γεγενημένους. Μὴ δὴ νῦν ἀγανακτούντων, εἰ τοιαῦτα πρὸς τοὺς ἄλλους πράξαντες αὐτοὶ παραπλησίας τεύξονται τιμωρίας· δικαιότατον γάρ ἐστιν, ὃν καθ' ἑτέρων νόμον τις ἔθηκε, τούτῳ χρώμενον μὴ ἀγανακτεῖν. [6] Καὶ τί λέγω Μηλίους, οὓς ἐκπολιορκήσαντες ἡβηδὸν ἀπέκτειναν, καὶ Σκιωναίους, οἳ συγγενεῖς ὄντες τῆς αὐτῆς Μηλίοις τύχης ἐκοινώνησαν; στε δύο δήμους πρὸς ᾿Αττικὴν ὀργὴν ἐπταικότας οὐδὲ τοὺς κηδεύσοντας ἔχειν τὰ τῶν τετελευτηκότων σώματα. [7] Οὐ Σκύθαι τοῦτ' ἔπραξαν, ἀλλ' ὁ προσποιούμενος φιλανθρωπίᾳ διαφέρειν δῆμος ψηφίσμασι τὰς πόλεις ἄρδην ἀνῄρηκεν. δη λογίζεσθε, τί ἂν ἔπραξαν, εἰ τὴν τῶν Συρακοσίων πόλιν ἐξεπόρθησαν· οἱ γὰρ τοῖς οἰκείοις οὕτως ὠμῶς χρησάμενοι τοῖς μηδὲν προσήκουσι βαρυτέραν ἂν ἐξεῦρον τιμωρίαν. 
31. Οὐκ ἔστιν οὖν τούτοις δίκαιος ἀποκείμενος ἔλεος· αὐτοὶ γὰρ αὐτὸν ἐπὶ τῶν ἰδίων ἀκληρημάτων ἀνῃρήκασι. ποῦ γὰρ ἄξιον τούτοις καταφυγεῖν; πρὸς θεούς, ὧν τὰς πατρίους τιμὰς ἀφελέσθαι προείλοντο; πρὸς ἀνθρώπους, οὓς δουλωσόμενοι παρεγένοντο; Δήμητρα καὶ Κόρην καὶ τὰ τούτων ἐπικαλοῦνται μυστήρια, τὴν ἱερὰν αὐτῶν νῆσον πεπορθηκότες; [2] Ναί, ἀλλ' οὐκ αἴτιον τὸ πλῆθος τῶν ᾿Αθηναίων, ἀλλ' ᾿Αλκιβιάδης ὁ ταῦτα συμβουλεύσας. λλ' εὑρήσομεν τοὺς συμβούλους κατὰ τὸ πλεῖστον στοχαζομένους τῆς τῶν ἀκουόντων βουλήσεως, ὥσθ' ὁ χειροτονῶν τῷ ῥήτορι λόγον οἰκεῖον ὑποβάλλει τῆς ἑαυτοῦ προαιρέσεως. οὐ γὰρ ὁ λέγων κύριος τοῦ πλήθους, ἀλλ' ὁ δῆμος ἐθίζει τὸν ῥήτορα τὰ βέλτιστα λέγειν χρηστὰ βουλευόμενος. [3] Εἰ δὲ τοῖς ἀδικοῦσιν ἀνήκεστα συγγνώμην δώσομεν, ἐὰν εἰς τοὺς συμβούλους τὴν αἰτίαν ἀναφέρωσιν, εὐχερῆ τοῖς πονηροῖς τὴν ἀπολογίαν παρεξόμεθα. πλῶς δὲ πάντων ἐστὶν ἀδικώτατον τῶν μὲν εὐεργεσιῶν μὴ τοὺς συμβούλους, ἀλλὰ τὸν δῆμον ἀπολαμβάνειν τὰς χάριτας παρὰ τῶν εὖ παθόντων, τῶν δ' ἀδικημάτων ἐπὶ τοὺς ῥήτορας μεταφέρειν τὴν τιμωρίαν. [4] Καὶ ἐπὶ τοσοῦτόν τινες ἐξεστήκασι τῶν λογισμῶν, ὥστ' ᾿Αλκιβιάδην, εἰς ὃν τὴν ἐξουσίαν οὐκ ἔχομεν, φασὶ δεῖν τιμωρεῖσθαι, τοὺς δ' αἰχμαλώτους ἀγομένους ἐπὶ τὴν προσήκουσαν τιμωρίαν ἀφεῖναι, καὶ πᾶσιν ἐνδείξασθαι, διότι τὴν δικαίαν μισοπονηρίαν οὐκ ἔσχηκεν ὁ δῆμος τῶν Συρακοσίων. [5] Εἰ δὲ καὶ κατ' ἀλήθειαν αἴτιοι γεγόνασιν οἱ σύμβουλοι τοῦ πολέμου, μεμφέσθω τὸ μὲν πλῆθος τοῖς ῥήτορσιν ὑπὲρ ὧν ἐξηπάτησαν, ὑμεῖς δὲ δικαίως μετελεύσεσθε τὸ πλῆθος ὑπὲρ ὧν ἠδίκησθε. καθόλου δ' εἰ μὲν ἐπιστάμενοι σαφῶς ἠδίκησαν, δι' αὐτὴν τὴν προαίρεσιν ἄξιοι τιμωρίας, εἰ δ' εἰκῇ βουλευσάμενοι τὸν πόλεμον ἐξήνεγκαν, οὐδ' ὣς αὐτοὺς ἀφετέον, ἵνα μὴ σχεδιάζειν ἐν τοῖς τῶν ἄλλων βίοις ἐθισθῶσιν. οὐ γὰρ δίκαιόν ἐστι τὴν ᾿Αθηναίων ἄγνοιαν Συρακοσίοις φέρειν ἀπώλειαν, οὐδ' ἐν οἷς τὸ πραχθὲν ἀνήκεστόν ἐστιν, ἐν τούτοις ἀπολογίαν ὑπολείπεσθαι τοῖς ἁμαρτάνουσι. 
32. Ν#8052; Δία, ἀλλὰ Νικίας ὑπὲρ Συρακοσίων ἐπολιτεύσατο καὶ μόνος συνεβούλευσε μὴ πολεμεῖν. τὸν μὲν ἐκεῖ γεγενημένον λόγον ἀκούομεν, τὰ δ' ἐνταῦθα πεπραγμένα τεθεωρήκαμεν. [2] γὰρ ἀντειπὼν ἐκεῖ περὶ τῆς στρατείας, ἐνταῦθα στρατηγὸς ἦν τῆς δυνάμεως· καὶ ὁ πολιτευόμενος ὑπὲρ Συρακοσίων, ἀπετείχισεν ὑμῶν τὴν πόλιν· καὶ ὁ φιλανθρώπως διακείμενος πρὸς ὑμᾶς, Δημοσθένους καὶ τῶν ἄλλων ἁπάντων βουλομένων λῦσαι τὴν πολιορκίαν, μόνος ἐβιάσατο μένειν καὶ πολεμεῖν. διόπερ ἔγωγε νομίζω μὴ δεῖν παρ' ὑμῖν πλέον ἰσχῦσαι τὸν μὲν λόγον τῶν ἔργων, τὴν δ' ἀπαγγελίαν τῆς πείρας, τὰ δ' ἀφανῆ τῶν ὑπὸ πάντων ἑωραμένων. [3] Νὴ Δί', ἀλλὰ καλὸν μὴ ποιεῖν τὴν ἔχθραν αἰώνιον. Οὐκοῦν μετὰ τὴν τῶν ἠδικηκότων κόλασιν, ἐὰν ὑμῖν δοκῇ, προσηκόντως διαλύσεσθε τὴν ἔχθραν. Οὐ γὰρ δίκαιον, ὅταν μὲν κρατῶσιν, ὡς δούλοις χρῆσθαι τοῖς ἡλωκόσιν, ὅταν δὲ κρατηθῶσιν, ὡς οὐδὲν ἠδικηκότας συγγνώμης τυγχάνειν. Καὶ τοῦ μὲν δοῦναι δίκην ὧν ἔπραξαν ἀφεθήσονται, λόγῳ δ' εὐσχήμονι καθ' ὃν ἂν χρόνον αὐτοῖς συμφέρῃ τῆς φιλίας μνημονεύσουσιν. [4] ῶ γὰρ ὅτι τοῦτο πράξαντες σὺν πολλοῖς ἄλλοις καὶ τοὺς Λακεδαιμονίους ἀδικήσετε, ὑμῶν χάριν κἀκεῖ τὸν πόλεμον ἐπανῃρημένους καὶ ἐνταῦθα συμμαχίαν ἀποστείλαντας· ἐξῆν γὰρ αὐτοῖς ἀγαπητῶς ἄγειν εἰρήνην καὶ περιορᾶν τὴν Σικελίαν πορθουμένην. [5] Διόπερ ἐὰν τοὺς αἰχμαλώτους ἀφέντες φιλίαν συνάπτησθε, προδόται φανήσεσθε τῶν συμμαχησάντων, καὶ τοὺς κοινοὺς ἐχθροὺς δυνάμενοι ταπεινῶσαι, τοσούτους στρατιώτας ἀποδόντες πάλιν ἰσχυροὺς κατασκευάσετε. Οὐ γὰρ ἄν ποτ' ἔγωγε πιστεύσαιμι, ὡς ᾿Αθηναῖοι τηλικαύτην ἔχθραν ἐπανῃρημένοι βεβαίαν φυλάξουσι τὴν φιλίαν, ἀλλ' ἀσθενεῖς μὲν ὄντες ὑποκριθήσονται τὴν εὔνοιαν, ἀναλαβόντες δ' αὑτοὺς τὴν ἀρχαίαν προαίρεσιν εἰς τέλος ἄξουσιν. [6] γὼ μὲν οὖν, ὦ Ζεῦ καὶ πάντες θεοί, μαρτύρομαι πάντας ὑμᾶς μὴ σώζειν τοὺς πολεμίους, μὴ ἐγκαταλιπεῖν τοὺς συμμάχους, μὴ πάλιν ἕτερον ἐπάγειν τῇ πατρίδι κίνδυνον. ὑμεῖς δέ, ὦ ἄνδρες Συρακόσιοι, τούτους ἀφέντες, ἐὰν ἀποβῇ τι δυσχερές, οὐδ' ἀπολογίαν ἑαυτοῖς εὐσχήμονα καταλείψετε.
33. Τοιαῦτα διαλεχθέντος τοῦ Λάκωνος μετέπεσε τὸ πλῆθος καὶ τὴν Διοκλέους γνώμην ἐκύρωσεν. Διόπερ οἱ μὲν στρατηγοὶ παραχρῆμα ἀνῃρέθησαν καὶ οἱ σύμμαχοι, οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι παρεδόθησαν εἰς τὰς λατομίας, ὧν ὕστερον οἱ μὲν ἐπὶ πλεῖον παιδείας μετεσχηκότες ὑπὸ τῶν νεωτέρων ἐξαρπαγέντες διεσώθησαν, οἱ δὲ λοιποὶ σχεδὸν ἅπαντες ἐν τῷ δεσμωτηρίῳ κακούμενοι τὸν βίον οἰκτρῶς κατέστρεψαν.
[2] Μετὰ δὲ τὴν κατάλυσιν τοῦ πολέμου Διοκλῆς τοὺς νόμους ἀνέγραψε τοῖς Συρακοσίοις, καὶ συνέβη παράδοξον περὶ τὸν ἄνδρα τοῦτον γενέσθαι περιπέτειαν. παραίτητος γὰρ ἐν τοῖς ἐπιτιμίοις γενόμενος καὶ σκληρῶς κολάζων τοὺς ἐξαμαρτάνοντας, ἔγραψεν ἐν τοῖς νόμοις, ἐάν τις ὅπλον ἔχων εἰς τὴν ἀγορὰν παραγένηται, θάνατον εἶναι πρόστιμον, οὔτε ἀγνοίᾳ δοὺς οὔτε ἄλλῃ τινὶ περιστάσει συγγνώμην. [3] Προσαγγελθέντων δὲ πολεμίων ἐπὶ τῆς χώρας ἐξεπορεύετο ξίφος ἔχων· αἰφνιδίου δὲ στάσεως καὶ ταραχῆς κατὰ τὴν ἀγορὰν γενομένης, ἀγνοήσας μετὰ τοῦ ξίφους παρῆν εἰς τὴν ἀγοράν. Τῶν δὲ ἰδιωτῶν τινος κατανοήσαντος καὶ εἰπόντος, ὅτι τοὺς ἰδίους αὐτὸς καταλύει νόμους, ἀνεβόησε, Μὰ Δία οὐ μὲν οὖν, ἀλλὰ καὶ κυρίους ποιήσω. Καὶ σπασάμενος τὸ ξίφος ἑαυτὸν ἀπέκτεινεν. ταῦτα μὲν οὖν ἐπράχθη κατὰ τοῦτον τὸν ἐνιαυτόν. 
34. π' ἄρχοντος δ' ᾿Αθήνησι Καλλίου ῾Ρωμαῖοι μὲν ἀντὶ τῶν ὑπάτων χιλιάρχους κατέστησαν τέτταρας, Πόπλιον Κορνήλιον καὶ Γάιον Φάβιον, λυμπιὰς δ' ἤχθη παρ' ᾿Ηλείοις δευτέρα πρὸς ταῖς ἐνενήκοντα, καθ' ἣν ἐνίκα στάδιον ᾿Εξαίνετος ᾿Ακραγαντῖνος. ἐπὶ δὲ τούτων ᾿Αθηναίων περὶ Σικελίαν ἐπταικότων συνέβη τὴν ἡγεμονίαν αὐτῶν καταφρονηθῆναι· [2] εὐθὺς γὰρ Χῖοι καὶ Σάμιοι καὶ Βυζάντιοι καὶ πολλοὶ τῶν συμμάχων ἀπέστησαν πρὸς τοὺς Λακεδαιμονίους. διόπερ ὁ δῆμος ἀθυμήσας ἐξεχώρησεν ἑκουσίως τῆς δημοκρατίας, ἑλόμενος δὲ ἄνδρας τετρακοσίους, τούτοις τὴν διοίκησιν ἐπέτρεψε τῶν κοινῶν. οἱ δὲ τῆς ὀλιγαρχίας προεστῶτες ναυπηγησάμενοι πλείους τριήρεις ἀπέστειλαν τεσσαράκοντα καὶ στρατηγούς. [3] Οὗτοι δὲ στασιάζοντες πρὸς ἀλλήλους εἰς ᾿Ωρωπὸν ἐξέπλευσαν· ἐκεῖ γὰρ ὥρμουν αἱ τῶν πολεμίων τριήρεις. Γενομένης οὖν ναυμαχίας ἐνίκων οἱ Λακεδαιμόνιοι, καὶ σκαφῶν εἴκοσι καὶ δυεῖν ἐκυρίευσαν.
[4] Συρακόσιοι δὲ καταλελυκότες τὸν πρὸς ᾿Αθηναίους πόλεμον, τοὺς μὲν Λακεδαιμονίους συμμαχήσαντας, ὧν ἦρχε Γύλιππος, ἐτίμησαν τοῖς ἐκ τοῦ πολέμου λαφύροις, συναπέστειλαν δ' αὐτοῖς εἰς Λακεδαίμονα συμμαχίαν εἰς τὸν πρὸς ᾿Αθηναίους πόλεμον τριάκοντα καὶ πέντε τριήρεις, ὧν ἦρχεν ῾Ερμοκράτης ὁ πρωτεύων τῶν πολιτῶν. [5] Αὐτοὶ δὲ τὰς ἐκ τοῦ πολέμου γενομένας ὠφελείας ἀθροίσαντες τοὺς μὲν ναοὺς ἀναθήμασι καὶ σκύλοις ἐκόσμησαν, τῶν δὲ στρατιωτῶν τοὺς ἀριστεύσαντας ταῖς προσηκούσαις δωρεαῖς ἐτίμησαν. [6] Μετὰ δὲ ταῦτα τῶν δημαγωγῶν ὁ πλεῖστον παρ' αὐτοῖς ἰσχύσας Διοκλῆς ἔπεισε τὸν δῆμον μεταστῆσαι τὴν πολιτείαν εἰς τὸ κλήρῳ τὰς ἀρχὰς διοικεῖσθαι, ἑλέσθαι δὲ καὶ νομοθέτας εἰς τὸ τὴν πολιτείαν διατάξαι καὶ νόμους καινοὺς ἰδίᾳ συγγράψαι.
35. Διόπερ οἱ Συρακόσιοι τοὺς φρονήσει διαφέροντας τῶν πολιτῶν εἵλοντο νομοθέτας, ὧν ἦν ἐπιφανέστατος Διοκλῆς. Τοσοῦτο γὰρ τῶν ἄλλων διήνεγκε συνέσει καὶ δόξῃ, ὥστε τῆς νομοθεσίας ὑπὸ πάντων κοινῇ γραφείσης ὀνομασθῆναι τοὺς νόμους Διοκλέους. [2] Οὐ μόνον δὲ τὸν ἄνδρα τοῦτον ζῶντα ἐθαύμασαν οἱ Συρακόσιοι, ἀλλὰ καὶ τελευτήσαντα τιμαῖς ἡρωικαῖς ἐτίμησαν καὶ νεὼν ᾠκοδόμησαν δημοσίᾳ τὸν ὕστερον ὑπὸ Διονυσίου κατὰ τὴν τειχοποιίαν καθαιρεθέντα. θαυμάσθη δὲ ὁ ἀνὴρ οὗτος καὶ παρὰ τοῖς ἄλλοις Σικελιώταις· [3] πολλαὶ γοῦν τῶν κατὰ τὴν νῆσον πόλεων χρώμεναι διετέλεσαν τοῖς τούτου νόμοις, μέχρι ὅτου πάντες οἱ Σικελιῶται τῆς ῾Ρωμαίων πολιτείας ἠξιώθησαν. Οἱ δ' οὖν Συρακόσιοι κατὰ τοὺς νεωτέρους χρόνους κατὰ μὲν Τιμολέοντα νομοθετήσαντος αὐτοῖς Κεφάλου, κατὰ δὲ τὸν ῾Ιέρωνα τὸν βασιλέα Πολυδώρου, οὐδέτερον αὐτῶν ὠνόμασαν νομοθέτην, ἀλλ' ἢ ἐξηγητὴν τοῦ νομοθέτου, διὰ τὸ τοὺς νόμους γεγραμμένους ἀρχαίᾳ διαλέκτῳ δοκεῖν εἶναι δυσκατανοήτους. [4] Μεγάλης δὲ οὔσης κατὰ τὴν νομοθεσίαν ἀναθεωρήσεως, μισοπόνηρος μὲν φαίνεται διὰ τὸ πάντων τῶν νομοθετῶν πικρότατα πρόστιμα θεῖναι κατὰ πάντων τῶν ἀδικούντων, δίκαιος δ' ἐκ τοῦ περιττότερον τῶν πρὸ αὐτοῦ κατ' ἀξίαν ἑκάστῳ τὸ ἐπιτίμιον ὑπάρξαι, πραγματικὸς δὲ καὶ πολύπειρος ἐκ τοῦ πᾶν ἔγκλημα καὶ πρᾶγμα δημόσιόν τε καὶ ἰδιωτικὸν ἀμφισβητούμενον ὡρισμένης ἀξιῶσαι τιμωρίας· ἔστι δὲ καὶ κατὰ τὴν λέξιν σύντομος καὶ πολλὴν τοῖς ἀναγινώσκουσιν ἀπολείπων ἀναθεώρησιν. [5] μαρτύρησε δ' αὐτοῦ τὴν ἀρετὴν καὶ τὴν σκληρότητα τῆς ψυχῆς ἡ περὶ τὴν τελευτὴν περιπέτεια. Ταῦτα μὲν οὖν ἀκριβέστερον εἰπεῖν προήχθην διὰ τὸ τοὺς πλείους τῶν συγγραφέων ὀλιγωρότερον περὶ αὐτοῦ διειλέχθαι.
36. Οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι πυθόμενοι τὴν ἐν Σικελίᾳ δύναμιν ἄρδην ἀνῃρημένην, βαρέως ἔφερον τὸ πλῆθος τῆς συμφορᾶς. Οὐ μὴν ἔληγόν γε διὰ τοῦτο τῆς [Λακεδαιμονίων] φιλοτιμίας περὶ τῆς ἡγεμονίας, ἀλλὰ ναῦς τε κατεσκεύαζον πλείους καὶ χρήματα ἐπορίζοντο, ὅπως φιλονικῶσι μέχρι τῆς ἐσχάτης ἐλπίδος ὑπὲρ τῶν πρωτείων. [2] λόμενοι δὲ τετρακοσίους ἄνδρας, τούτοις ἔδωκαν τὴν ἐξουσίαν αὐτοκράτορα διοικεῖν τὰ κατὰ τὸν πόλεμον· ὑπελάμβανον γὰρ τὴν ὀλιγαρχίαν εὐθετωτέραν εἶναι τῆς δημοκρατίας ἐν ταῖς τοιαύταις περιστάσεσιν. [3] Οὐ μὴν  [καὶ] τὰ πράγματά γε κατὰ τὴν ἐκείνων ἠκολούθησε κρίσιν, ἀλλὰ πολὺ χεῖρον τὸν πόλεμον διῴκησαν. ποστείλαντες γὰρ τεσσαράκοντα ναῦς συνεξέπεμψαν τοὺς ἀφηγησομένους δύο στρατηγοὺς ἀλλοτρίως ἔχοντας πρὸς ἀλλήλους. Τῶν δὲ περὶ τοὺς ᾿Αθηναίους πραγμάτων τεταπεινωμένων ὁ μὲν καιρὸς προσεδεῖτο πολλῆς ὁμονοίας, οἱ δὲ στρατηγοὶ πρὸς ἀλλήλους ἐστασίαζον. [4] Καὶ τέλος ἐκπλεύσαντες εἰς ᾿Ωρωπὸν ἀπαράσκευοι πρὸς τοὺς Πελοποννησίους ἐναυμάχησαν· κακῶς δὲ καὶ τὴν μάχην ἐνστησάμενοι καὶ τὸν κίνδυνον ἀγεννῶς ὑπομείναντες, ἀπέβαλον ναῦς δύο πρὸς ταῖς εἴκοσι, τὰς δὲ λοιπὰς μόγις διέσωσαν εἰς ᾿Ερέτριαν. [5] Τούτων δὲ πραχθέντων οἱ σύμμαχοι τῶν ᾿Αθηναίων διά τε τὰς περὶ Σικελίαν ἀτυχίας καὶ διὰ τὰς τῶν ἡγεμόνων καχεξίας μεθίσταντο πρὸς Λακεδαιμονίους. συμμάχου δ' ὄντος τοῖς Λακεδαιμονίοις Δαρείου τοῦ Περσῶν βασιλέως, Φαρνάβαζος ὁ τῶν ἐπὶ θαλάττης τόπων ἔχων τὴν στρατηγίαν ἐχορήγει χρήματα τοῖς Λακεδαιμονίοις· μετεπέμψατο δὲ καὶ τὰς ἐκ Φοινίκης τριήρεις τριακοσίας, διαλογιζόμενος ἀποστεῖλαι τοῖς Λακεδαιμονίοις ἐπὶ τὴν βοήθειαν.
37. Τοιούτων δ' ἐλαττωμάτων τοῖς ᾿Αθηναίοις εἰς ἕνα καιρὸν συνδραμόντων ἅπαντες καταλελύσθαι τὸν πόλεμον διειλήφεισαν· οὐκέτι γὰρ τοὺς ᾿Αθηναίους οὐδὲ τὸν ἐλάχιστον χρόνον οὐδεὶς ἤλπιζε τοιαῦτα ὑποστήσεσθαι. Οὐ μὴν τὰ πράγματά γε τῇ τῶν πολλῶν ὑπολήψει τέλος ἔσχεν ἀκόλουθον, ἀλλ' εἰς τοὐναντίον πάντα διὰ τὰς τῶν διαπολεμούντων ὑπεροχὰς μεταπεσεῖν συνέβη διὰ τοιαύτας αἰτίας. [2] ᾿Αλκιβιάδης φυγὰς ὢν ἐξ ᾿Αθηνῶν συνεπολέμησε χρόνον τινὰ τοῖς Λακεδαιμονίοις, καὶ μεγάλας ἐν τῷ πολέμῳ χρείας παρέσχετο· ἦν γὰρ καὶ λόγῳ δυνατώτατος καὶ τόλμῃ πολὺ προέχων τῶν πολιτῶν, ἔτι δ' εὐγενείᾳ καὶ πλούτῳ πρῶτος ᾿Αθηναίων. [3] Οὗτος οὖν ἐπιθυμῶν τῆς εἰς τὴν πατρίδα τυχεῖν καθόδου, πάντα ἐμηχανᾶτο πρὸς τὸ τοῖς ᾿Αθηναίοις πρᾶξαί τι τῶν χρησίμων, καὶ μάλιστ' ἐν οἷς καιροῖς ἐδόκουν τοῖς ὅλοις ἐλαττοῦσθαι. [4] χων οὖν φιλίαν πρὸς Φαρνάβαζον τὸν Δαρείου σατράπην, καὶ θεωρῶν αὐτὸν μέλλοντα τριακοσίας ναῦς ἀποστέλλειν τοῖς Λακεδαιμονίοις εἰς συμμαχίαν, ἔπεισεν ἀποστῆναι τῆς πράξεως· ἐδίδασκε γὰρ ὡς οὐ συμφέρει τῷ βασιλεῖ τοὺς Λακεδαιμονίους ποιεῖν ἄγαν ἰσχυρούς· οὐ γὰρ συνοίσειν Πέρσαις· κρεῖττον οὖν εἶναι περιορᾶν τοὺς διαπολεμοῦντας ἴσους ὄντας, ὅπως πρὸς ἀλλήλους ὡς πλεῖστον χρόνον διαφέρωνται. [5] θεν ὁ Φαρνάβαζος διαλαβὼν εὖ λέγειν τὸν ᾿Αλκιβιάδην, πάλιν τὸν στόλον ἀπέστειλεν εἰς Φοινίκην. Τότε μὲν οὖν τηλικαύτην τῶν Λακεδαιμονίων συμμαχίαν παρείλατο· μετὰ δέ τινα χρόνον τυχὼν τῆς καθόδου, καὶ δυνάμεως ἡγησάμενος, πολλαῖς μὲν μάχαις ἐνίκησε Λακεδαιμονίους, καὶ τελέως τὰ τῶν ᾿Αθηναίων πράγματα πεσόντα πάλιν ἤγειρεν. [6] λλὰ περὶ μὲν τούτων ἐν τοῖς οἰκείοις χρόνοις ἀκριβέστερον ἐροῦμεν, ἵνα μὴ παρὰ φύσιν προλαμβάνωμεν τῇ γραφῇ τοὺς καιρούς.
38. Τοῦ γὰρ ἐνιαυσιαίου χρόνου διεληλυθότος ᾿Αθήνησι μὲν ἦρχε Θεόπομπος, ῾Ρωμαῖοι δ' ἀντὶ τῶν ὑπάτων τέτταρας χιλιάρχους κατέστησαν, Τιβέριον Ποστούμιον καὶ Γάιον Κορνήλιον, πρὸς δὲ τούτοις Γάιον Οὐαλέριον καὶ Καίσωνα Φάβιον. Περὶ δὲ τούτους τοὺς χρόνους ᾿Αθηναῖοι τὴν ἐκ τῶν τετρακοσίων ὀλιγαρχίαν κατέλυσαν καὶ τὸ σύστημα τῆς πολιτείας ἐκ τῶν πολιτῶν συνεστήσαντο. [2] Τούτων δὲ πάντων ἦν εἰσηγητὴς Θηραμένης, ἀνὴρ καὶ τῷ βίῳ κόσμιος καὶ φρονήσει δοκῶν διαφέρειν τῶν ἄλλων· καὶ γὰρ τὸν ᾿Αλκιβιάδην οὗτος μόνος συνεβούλευσε κατάγειν, δι' ὃν πάλιν ἑαυτοὺς ἀνέλαβον, καὶ πολλῶν ἄλλων εἰσηγητὴς γενόμενος ἐπ' ἀγαθῷ τῆς πατρίδος οὐ μετρίας ἀποδοχῆς ἐτύγχανεν. [3] λλὰ ταῦτα μὲν μικρὸν ὕστερον ἐγενήθη, εἰς δὲ τὸν πόλεμον ᾿Αθηναῖοι μὲν στρατηγοὺς κατέστησαν Θράσυλλον καὶ Θρασύβουλον, οἳ τὸν στόλον εἰς Σάμον ἀθροίσαντες ἐγύμναζον τοὺς στρατιώτας εἰς ναυμαχίαν καθ' ἡμέραν ἀναπείρας ποιούμενοι. [4] Μίνδαρος δ' ὁ τῶν Λακεδαιμονίων ναύαρχος χρόνον μέν τινα περὶ τὴν Μίλητον διέτριβε, προσδοκῶν τὴν παρὰ Φαρναβάζου βοήθειαν· τριακοσίας γὰρ τριήρεις ἀκούων ἐκ Φοινίκης καταπεπλευκέναι μετέωρος ἦν ταῖς ἐλπίσι, νομίζων τηλικούτῳ στόλῳ καταλύσειν τὴν ᾿Αθηναίων ἡγεμονίαν· [5] Μετ' ὀλίγον δὲ πυθόμενός τινων, ὅτι πεισθεὶς ᾿Αλκιβιάδῃ πάλιν ἀπέστειλε τὸν στόλον εἰς Φοινίκην, τὰς μὲν παρὰ Φαρναβάζου ἐλπίδας ἀπέγνω, αὐτὸς δὲ καταρτίσας τάς τ' ἐκ Πελοποννήσου ναῦς καὶ τὰς παρὰ τῶν ἔξωθεν συμμάχων, Δωριέα μὲν μετὰ τριῶν καὶ δέκα νεῶν ἀπέστειλεν εἰς ῾Ρόδον, πυνθανόμενος ἐπὶ νεωτερισμῷ τινας συνίστασθαι τῶν ῾Ροδίων· [6] Προσφάτως γὰρ τοῖς Λακεδαιμονίοις τινὲς τῶν ἀπὸ τῆς ᾿Ιταλίας ῾Ελλήνων ἀπεστάλκεισαν εἰς συμμαχίαν τὰς προειρημένας ναῦς· αὐτὸς δὲ τὰς ἄλλας πάσας ἀναλαβών, οὔσας ὀγδοήκοντα καὶ τρεῖς, ἀπῆρεν εἰς ῾Ελλήσποντον διὰ τὸ πυνθάνεσθαι τὸν τῶν ᾿Αθηναίων στόλον ἐν Σάμῳ διατρίβειν. [7] Καθ' ὃν δὴ χρόνον οἱ τῶν ᾿Αθηναίων στρατηγοὶ θεωροῦντες παραπλέοντας, ἀνήχθησαν ἐπ' αὐτοὺς μετὰ νεῶν ἑξήκοντα. τῶν δὲ Λακεδαιμονίων κατενεχθέντων εἰς Χίον ἔδοξε τοῖς τῶν ᾿Αθηναίων στρατηγοῖς προσπλεῦσαι τῇ Λέσβῳ, κἀκεῖ παρὰ τῶν συμμάχων ἀθροῖσαι τριήρεις, ὅπως μὴ συμβαίνῃ τοὺς πολεμίους ὑπερέχειν τῷ πλήθει τῶν νεῶν.
39. Οὗτοι μὲν οὖν περὶ ταῦτα διέτριβον. Μίνδαρος δ' ὁ τῶν Λακεδαιμονίων ναύαρχος νυκτὸς μετὰ τοῦ στόλου παντὸς ἐκπλεύσας εἰς ῾Ελλήσποντον ἐκομίζετο κατὰ σπουδήν, καὶ δευτεραῖος εἰς Σίγειον κατέπλευσεν. Οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι πυθόμενοι τὸν παράπλουν, οὐκ ἀνέμειναν ἁπάσας τὰς παρὰ τῶν συμμάχων τριήρεις, τριῶν δὲ μόνον προσγενομένων αὐτοῖς, ἐδίωκον τοὺς Λακεδαιμονίους. [2] πεὶ δ' ἦλθον εἰς Σίγειον, εὗρον τὸν μὲν στόλον ἐκπεπλευκότα, τρεῖς δὲ ναῦς ὑπολελειμμένας, ὧν εὐθέως ἐκυρίευσαν· καὶ μετὰ ταῦτ' εἰς ᾿Ελεοῦντα καταπλεύσαντες τὰ περὶ τὴν ναυμαχίαν παρεσκευάζοντο. [3] Λακεδαιμόνιοι δὲ θεωροῦντες τοὺς πολεμίους τὰ πρὸς τὴν μάχην ἑτοιμαζομένους, καὶ αὐτοὶ πένθ' ἡμέρας ἀναπείρας ποιούμενοι καὶ γυμνάσαντες τοὺς ἐρέτας, ἐξέταξαν τὸν στόλον εἰς ναυμαχίαν, ὄντα νεῶν δυεῖν ἐλάττω τῶν ἐνενήκοντα. οὗτοι μὲν οὖν ἐκ τοῦ πρὸς τὴν ᾿Ασίαν μέρους ἔστησαν τὰς ναῦς, οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι τὸ πρὸς τὴν Εὐρώπην ἔχοντες ἀντανήγοντο, τῷ μὲν πλήθει λειπόμενοι, ταῖς δ' ἐμπειρίαις ὑπερέχοντες. [4] Λακεδαιμόνιοι μὲν οὖν ἐπὶ τοῦ δεξιοῦ κέρατος ἔταξαν τοὺς Συρακοσίους, ὧν ῾Ερμοκράτης ἀφηγεῖτο, τὸ δ' εὐώνυμον αὐτοὶ συνεπλήρουν Πελοποννήσιοι, Μινδάρου τὴν ἡγεμονίαν ἔχοντος. Τῶν δ' ᾿Αθηναίων ἐπὶ μὲν τὸ δεξιὸν ἐτάχθη Θράσυλλος, ἐπὶ δὲ τὸ εὐώνυμον Θρασύβουλος. Καὶ τὸ μὲν πρῶτον ἔσπευδον ἀμφότεροι φιλοτιμούμενοι περὶ τοῦ τόπου, ὅπως μὴ τὸν ῥοῦν ἔχωσιν ἐναντίον. [5] Διὸ καὶ πολὺν χρόνον ἀλλήλους περιέπλεον, διακλείοντες τὰ στενὰ καὶ περὶ τῆς στάσεως τοπομαχοῦντες· μεταξὺ γὰρ ᾿Αβύδου καὶ Σηστοῦ τῆς ναυμαχίας γινομένης συνέβαινε τὸν ῥοῦν οὐ μετρίως ἐμποδίζειν ἐν στενοῖς τόποις. οὐ μὴν ἀλλ' οἱ τῶν ᾿Αθηναίων κυβερνῆται πολὺ ταῖς ἐμπειρίαις προέχοντες πολλὰ πρὸς τὴν νίκην συνεβάλοντο.
40. Τῶν γὰρ Πελοποννησίων ὑπερεχόντων τῷ πλήθει τῶν νεῶν καὶ ταῖς τῶν ἐπιβατῶν ἀρεταῖς, ἡ τέχνη τῶν κυβερνητῶν ἄχρηστον τὴν ὑπεροχὴν τῶν ἐναντίων ἐποίει. πότε γὰρ οἱ Πελοποννήσιοι κατὰ σπουδὴν ἀθρόαις ταῖς ναυσὶν εἰς ἐμβολὴν ἐπιφέροιντο, τὰς ἑαυτῶν οὕτως φιλοτέχνως καθίστανον, ὥστε τοῦ μὲν ἄλλου μέρους αὐτὰς μὴ δύνασθαι θιγεῖν, τοῖς δὲ στόμασι τῶν ἐμβόλων μόνοις ἀναγκάζεσθαι συμβάλλειν. [2] Διόπερ ὁ Μίνδαρος ὁρῶν ἄπρακτον οὖσαν τὴν ἐκ τῶν ἐμβολῶν βίαν, κατ' ὀλίγας καὶ κατὰ μίαν ἐκέλευσε συμπλέκεσθαι. Οὐ μὴν οὐδ' ἐνταῦθα τὴν τῶν κυβερνητῶν τέχνην ἄπρακτον εἶναι συνέβαινεν, ἀλλ' εὐφυῶς ἐκκλίνοντες τὰς τῶν νεῶν ἐπιφερομένας ἐμβολὰς πλαγίαις ἐνέσειον καὶ πολλὰς κατετίτρωσκον. [3] Φιλοτιμίας δ' ἐμπεσούσης εἰς ἀμφοτέρους, οὐ μόνον ταῖς ἐμβολαῖς διεκινδύνευον, ἀλλὰ συμπλεκόμενοι τοῖς ἐπιβάταις διηγωνίζοντο. Πολλὰ δ' ὑπὸ τῆς τοῦ ῥοῦ βίας διακωλυόμενοι πράττειν ἐφ' ἱκανὸν χρόνον διεκινδύνευον, οὐδετέρων δυναμένων τυχεῖν τῆς νίκης. [4] σορρόπου δὲ τῆς μάχης οὔσης, ἐπεφάνησαν ὑπέρ τινος ἄκρας ναῦς εἴκοσι πέντε παρὰ τῶν συμμάχων ἀπεσταλμέναι τοῖς ᾿Αθηναίοις. φοβηθέντες δὲ οἱ Πελοποννήσιοι πρὸς τὴν ῎Αβυδον ἔφυγον, ἐξαπτομένων τῶν ᾿Αθηναίων καὶ φιλοτιμότερον διωξάντων. [5] Τῆς δὲ ναυμαχίας τοιοῦτον τέλος λαβούσης, ᾿Αθηναῖοι ναῦς ἔλαβον ὀκτὼ μὲν Χίων, πέντε δὲ Κορινθίων, ᾿Αμβρακιωτῶν δὲ δύο, Συρακοσίων δὲ καὶ Πελληνέων καὶ Λευκαδίων μίαν ἐξ ἑκάστων· αὐτοὶ δὲ πέντε ναῦς ἀπέβαλον, ἃς πάσας βυθισθῆναι συνέβη. [6] Μετὰ δὲ ταῦθ' οἱ περὶ τὸν Θρασύβουλον ἔστησαν τρόπαιον ἐπὶ τῆς ἄκρας, οὗ τὸ τῆς ῾Εκάβης ἐστὶ μνημεῖον, καὶ τοὺς ἀπαγγελοῦντας τὴν νίκην εἰς ᾿Αθήνας ἔπεμψαν, αὐτοὶ δὲ μετὰ παντὸς τοῦ στόλου τὸν πλοῦν ἐπὶ Κύζικον ἐποιήσαντο· αὕτη γὰρ πρὸ τῆς ναυμαχίας ἦν ἀφεστηκυῖα πρὸς Φαρνάβαζον τὸν Δαρείου στρατηγὸν καὶ Κλέαρχον τὸν Λακεδαιμονίων ἡγεμόνα. εὑρόντες δ' αὐτὴν ἀτείχιστον ῥᾳδίως τῆς ἐπιβολῆς ἐκράτησαν, καὶ χρήματα πραξάμενοι τοὺς Κυζικηνοὺς ἀπέπλευσαν εἰς Σηστόν.
41. Μίνδαρος δ' ὁ τῶν Λακεδαιμονίων ναύαρχος ἀπὸ τῆς ἥττης φυγὼν εἰς ῎Αβυδον τάς τε πεπονηκυίας ναῦς ἐπεσκεύασε καὶ πρὸς τὰς ἐν Εὐβοίᾳ τριήρεις ἀπέστειλεν ᾿Επικλέα τὸν Σπαρτιάτην, προστάξας ἄγειν τὴν ταχίστην. [2] ς ἐπεὶ κατέπλευσεν εἰς Εὔβοιαν, ἀθροίσας τὰς ναῦς οὔσας πεντήκοντα κατὰ σπουδὴν ἀνήχθη· καὶ κατὰ τὸν ῎Αθω γενομένων τῶν τριήρων ἐπεγενήθη χειμὼν τηλικοῦτος ὥστε τὰς μὲν ναῦς ἁπάσας ἀπολέσθαι, τῶν δὲ ἀνδρῶν δώδεκα μόνον διασωθῆναι. [3] Δηλοῖ δὲ τὰ περὶ τούτων ἀνάθημα κείμενον ἐν τῷ περὶ Κορώνειαν νεῷ, καθάπερ φησὶν ῎Εφορος, τὴν ἐπιγραφὴν ἔχον ταύτην·
οἵδ' ἀπὸ πεντήκοντα νεῶν θάνατον προφυγόντες
πρὸς σκοπέλοισιν ῎Αθω σώματα γῇ πέλασαν
δώδεκα, τοὺς δ' ἄλλους ὄλεσεν μέγα λαῖτμα θαλάσσης,
νῆάς τε στυγεροῖς πνεύμασι χρησαμένας.
[4] Περὶ δὲ τὸν αὐτὸν καιρὸν ᾿Αλκιβιάδης ἔχων τρισκαίδεκα τριήρεις κατέπλευσε πρὸς τοὺς ἐν Σάμῳ διατρίβοντας, οἳ πάλαι προακηκοότες ἦσαν, ὅτι πεπεικὼς εἴη τὸν Φαρνάβαζον μηκέτι ταῖς τριακοσίαις ναυσὶ βοηθεῖν τοῖς Λακεδαιμονίοις. [5] Φιλοφρόνως δ' αὐτὸν ἀποδεξαμένων τῶν ἐν τῇ Σάμῳ, διελέγετο πρὸς αὐτοὺς περὶ τῆς καθόδου, πολλὰ κατεπαγγελλόμενος χρήσιμος ἔσεσθαι τῇ πατρίδι, ὁμοίως καὶ τὰ καθ' ἑαυτὸν ἀπολογησάμενος, καὶ πολλὰ τὴν ἑαυτοῦ δακρύσας τύχην, ὅτι τὴν ἰδίαν ἀρετὴν ὑπὸ τῶν ἐχθρῶν ἠνάγκασται κατὰ τῆς πατρίδος ἐνδείξασθαι.
42. Τῶν δὲ στρατιωτῶν ἀσμένως τοὺς λόγους προσδεξαμένων, καὶ περὶ τούτων διαπεμψαμένων εἰς ᾿Αθήνας, ἔδοξε τῷ δήμῳ τὸν ἄνδρα τῶν ἐγκλημάτων ἀπολῦσαι καὶ μεταδοῦναι τῆς στρατηγίας· θεωροῦντες γὰρ αὐτοῦ τὸ πρακτικὸν τῆς τόλμης καὶ τὴν παρὰ τοῖς ῞Ελλησι δόξαν, ὑπελάμβανον, ὅπερ ἦν εἰκός, οὐ μικρὰν ῥοπὴν ἔσεσθαι τοῖς σφετέροις πράγμασι τούτου προσγενομένου. [2] Καὶ γὰρ ὁ τῆς πολιτείας ἀφηγούμενος τότε Θηραμένης, ἀνὴρ εἰ καί τις ἄλλος εἶναι δόξας συνετός, τῷ δήμῳ συνεβούλευσε κατάγειν τὸν ᾿Αλκιβιάδην. τούτων δ' ἀπαγγελθέντων εἰς Σάμον, ᾿Αλκιβιάδης πρὸς αἷς εἶχεν ἰδίαις ναυσὶ τρισκαίδεκα ἐννέα προσέλαβε, καὶ μετὰ τούτων ἐκπλεύσας εἰς ῾VΑλικαρνασσὸν παρὰ τῆς πόλεως εἰσεπράξατο χρήματα. [3] Μετὰ δὲ ταῦτα τὴν Μεροπίδα πορθήσας μετὰ πολλῆς λείας ἀνέπλευσεν εἰς Σάμον. πολλῶν δὲ συναχθέντων λαφύρων, τοῖς τ' ἐν Σάμῳ στρατιώταις καὶ τοῖς μεθ' ἑαυτοῦ διελόμενος τὰς ὠφελείας ταχὺ τοὺς εὖ παθόντας εὔνους ἑαυτῷ κατεσκεύασεν. [4] Περὶ δὲ τὸν αὐτὸν χρόνον ᾿Αντάνδριοι, φρουρὰν ἔχοντες, μετεπέμψαντο παρὰ Λακεδαιμονίων στρατιώτας, μεθ' ὧν ἐκβαλόντες τὴν φυλακὴν ἐλευθέραν ᾤκουν τὴν πατρίδα· οἱ γὰρ Λακεδαιμόνιοι περὶ τῆς εἰς Φοινίκην ἀποστολῆς τῶν τριακοσίων νεῶν ἐγκαλοῦντες τῷ Φαρναβάζῳ τοῖς ῎Αντανδρον οἰκοῦσι συνεμάχησαν.
[5] Τῶν δὲ συγγραφέων Θουκυδίδης μὲν τὴν ἱστορίαν κατέστροφε, περιλαβὼν χρόνον ἐτῶν εἴκοσι καὶ δυοῖν ἐν βύβλοις ὀκτώ· τινὲς δὲ διαιροῦσιν εἰς ἐννέα· Ξενοφῶν δὲ καὶ Θεόπομπος ἀφ' ὧν ἀπέλιπε Θουκυδίδης τὴν ἀρχὴν πεποίηνται, καὶ Ξενοφῶν μὲν περιέλαβε χρόνον ἐτῶν τεσσαράκοντα καὶ ὀκτώ, Θεόπομπος δὲ τὰς ῾Ελληνικὰς πράξεις διελθὼν ἐπ' ἔτη ἑπτακαίδεκα καταλήγει τὴν ἱστορίαν εἰς τὴν περὶ Κνίδον ναυμαχίαν ἐν βύβλοις δώδεκα.
[6] Τὰ μὲν οὖν κατὰ τὴν ῾Ελλάδα καὶ τὴν ᾿Ασίαν ἐν τούτοις ἦν. ῾Ρωμαῖοι δὲ πρὸς Αἴκους διαπολεμοῦντες ἐνέβαλον αὐτῶν εἰς τὴν χώραν μετὰ πολλῆς δυνάμεως· περιστρατοπεδεύσαντες δὲ πόλιν Βώλας ὀνομαζομένην ἐξεπολιόρκησαν.
43. Τῶν δὲ κατὰ τὸν ἐνιαυτὸν τοῦτον πράξεων τέλος ἐχουσῶν ᾿Αθήνησι μὲν ἦρχε Γλαύκιππος, ἐν δὲ τῇ ῾Ρώμῃ κατεστάθησαν ὕπατοι Μάρκος Κορνήλιος καὶ Λεύκιος Φούριος. περὶ δὲ τούτους τοὺς χρόνους Αἰγεσταῖοι κατὰ τὴν Σικελίαν σύμμαχοι γεγενημένοι τοῖς ᾿Αθηναίοις κατὰ Συρακοσίων, καταλυθέντος τοῦ πολέμου περιδεεῖς καθειστήκεισαν· ἤλπιζον γάρ, ὅπερ ἦν εἰκός, τιμωρίαν δώσειν τοῖς Σικελιώταις, ὑπὲρ ὧν εἰς αὐτοὺς ἐξήμαρτον. [2] Τῶν δὲ Σελινουντίων περὶ τῆς ἀμφισβητησίμου χώρας πολεμούντων αὐτούς, ἑκουσίως ἐξεχώρουν, εὐλαβούμενοι, μὴ διὰ ταύτην τὴν πρόφασιν οἱ Συρακόσιοι συνεπιλάβωνται τοῦ πολέμου τοῖς Σελινουντίοις, καὶ κινδυνεύσωσιν ἄρδην ἀπολέσαι τὴν πατρίδα. [3] πεὶ δ' οἱ Σελινούντιοι χωρὶς τῆς ἀμφισβητησίμου πολλὴν τῆς παρακειμένης ἀπετέμοντο, τηνικαῦθ' οἱ τὴν Αἴγεσταν οἰκοῦντες πρέσβεις ἀπέστειλαν εἰς Καρχηδόνα, δεόμενοι βοηθῆσαι καὶ τὴν πόλιν αὐτοῖς ἐγχειρίζοντες. [4] Καταπλευσάντων δὲ τῶν πεμφθέντων, καὶ τῇ γερουσίᾳ τὰς παρὰ τοῦ δήμου δεδομένας ἐντολὰς εἰπόντων, οὐ μετρίως διηπόρησαν οἱ Καρχηδόνιοι· ἅμα μὲν γὰρ ἐπεθύμουν παραλαβεῖν πόλιν εὔκαιρον, ἅμα δ' ἐφοβοῦντο τοὺς Συρακοσίους, ἑωρακότες προσφάτως καταπεπολεμημένας τὰς τῶν ᾿Αθηναίων δυνάμεις. [5] Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τοῦ παρ' αὐτοῖς πρωτεύοντος ... παραλαβεῖν τὴν πόλιν, τοῖς μὲν πρεσβευταῖς ἀπεκρίθησαν βοηθήσειν, εἰς δὲ τὴν τούτων διοίκησιν, ἂν ᾖ χρεία πολεμεῖν, στρατηγὸν κατέστησαν τὸν ᾿Αννίβαν, κατὰ νόμους τότε βασιλεύοντα. Οὗτος δὲ ἦν υἱωνὸς μὲν τοῦ πρὸς Γέλωνα πολεμήσαντος ᾿Αμίλκου καὶ πρὸς ῾Ιμέρᾳ τελευτήσαντος, υἱὸς δὲ Γέσκωνος, ὃς διὰ τὴν τοῦ πατρὸς ἧτταν ἐφυγαδεύθη καὶ κατεβίωσεν ἐν τῇ Σελινοῦντι. [6] δ' οὖν ᾿Αννίβας, ὢν μὲν καὶ φύσει μισέλλην, ὁμοῦ δὲ τὰς τῶν προγόνων ἀτιμίας διορθώσασθαι βουλόμενος, ἔσπευδε δι' ἑαυτοῦ τι κατασκευάσαι χρήσιμον τῇ πατρίδι. Θεωρῶν οὖν τοὺς Σελινουντίους οὐκ ἀρκουμένους τῇ παραχωρήσει τῆς ἀμφισβητησίμου χώρας, πρέσβεις ἀπέστειλε μετὰ τῶν Αἰγεσταίων πρὸς Συρακοσίους, ἐπιτρέπων αὐτοῖς τὴν κρίσιν τούτων, τῷ μὲν λόγῳ προσποιούμενος δικαιοπραγεῖν, τῇ δ' ἀληθείᾳ νομίζων ἐκ τοῦ μὴ βούλεσθαι τοὺς Σελινουντίους διακριθῆναι μὴ συμμαχήσειν αὐτοῖς τοὺς Συρακοσίους. [7] ποστειλάντων δὲ καὶ Σελινουντίων πρέσβεις, διακριθῆναι μὲν μὴ βουλομένων, πολλὰ δὲ πρὸς τοὺς παρὰ Καρχηδονίων καὶ τῶν Αἰγεσταίων πρέσβεις ἀντειπόντων, τέλος ἔδοξε τοῖς Συρακοσίοις ψηφίσασθαι τηρεῖν πρὸς μὲν Σελινουντίους τὴν συμμαχίαν, πρὸς δὲ Καρχηδονίους τὴν εἰρήνην.
44. Μετὰ δὲ τὴν ἐπάνοδον τῶν πρεσβευτῶν Καρχηδόνιοι μὲν τοῖς Αἰγεσταίοις ἀπέστειλαν Λίβυάς τε πεντακισχιλίους καὶ τῶν Καμπανῶν ὀκτακοσίους. [2] Οὗτοι δ' ἦσαν ὑπὸ τῶν Χαλκιδέων τοῖς ᾿Αθηναίοις εἰς τὸν πρὸς Συρακοσίους πόλεμον μεμισθωμένοι, καὶ μετὰ τὴν ἧτταν καταπεπλευκότες οὐκ εἶχον τοὺς μισθοδοτήσοντας· οἱ δὲ Καρχηδόνιοι πᾶσιν ἵππους ἀγοράσαντες καὶ μισθοὺς ἀξιολόγους δόντες εἰς τὴν Αἴγεσταν κατέστησαν. [3] Οἱ δὲ Σελινούντιοι κατ' ἐκείνους τοὺς χρόνους εὐδαιμονοῦντες, καὶ τῆς πόλεως αὐτοῖς πολυανδρούσης, κατεφρόνουν τῶν Αἰγεσταίων. Καὶ τὸ μὲν πρῶτον ἐν τάξει τὴν ὅμορον χώραν ἐπόρθουν, πολὺ προέχοντες ταῖς δυνάμεσι, μετὰ δὲ ταῦτα καταφρονήσαντες κατὰ πᾶσαν τὴν χώραν ἐσκεδάσθησαν. [4] Οἱ δὲ τῶν Αἰγεσταίων στρατηγοὶ παρατηρήσαντες αὐτοὺς ἐπέθεντο μετὰ τῶν Καρχηδονίων καὶ τῶν Καμπανῶν. προσδοκήτου δὲ τῆς ἐφόδου γενομένης ῥᾳδίως ἐτρέψαντο τοὺς Σελινουντίους, καὶ τῶν μὲν στρατιωτῶν ἀνεῖλον περὶ χιλίους, τῆς δὲ λείας πάσης ἐκυρίευσαν. μετὰ δὲ τὴν μάχην εὐθέως ἀπέστειλαν πρέσβεις, οἱ μὲν Σελινούντιοι πρὸς Συρακοσίους, οἱ δ' Αἰγεσταῖοι πρὸς Καρχηδονίους, περὶ βοηθείας. [5] κατέρων δ' ἐπαγγειλαμένων συμμαχήσειν, ὁ μὲν Καρχηδονιακὸς πόλεμος ταύτην ἔλαβεν ἀρχήν· οἱ δὲ Καρχηδόνιοι προορώμενοι τὸ μέγεθος τοῦ πολέμου, τὴν ἐπιτροπὴν ἔδωκαν ᾿Αννίβᾳ τῷ στρατηγῷ περὶ τοῦ μεγέθους τῆς δυνάμεως, καὶ πάντα προθύμως ὑπηρέτουν. [6] δὲ ᾿Αννίβας τό τε θέρος ἐκεῖνο καὶ τὸν συνάπτοντα χειμῶνα πολλοὺς μὲν ἐξ ᾿Ιβηρίας ἐξενολόγησεν, οὐκ ὀλίγους δὲ καὶ τῶν πολιτῶν κατέγραφεν· ἐπῄει δὲ καὶ τὴν Λιβύην ἐπιλεγόμενος ἐξ ἁπάσης πόλεως τοὺς κρατίστους, καὶ ναῦς παρεσκευάζετο, διανοούμενος τῆς ἐαρινῆς ὥρας ἐνισταμένης διαβιβάζειν τὰς δυνάμεις. Τὰ μὲν οὖν κατὰ τὴν Σικελίαν ἐν τούτοις ἦν.
45. Κατὰ δὲ τὴν ῾Ελλάδα Δωριεὺς ὁ ῾Ρόδιος, ναύαρχος ὢν τῶν ἐξ ᾿Ιταλίας τριήρων, ἐπειδὴ κατέστησε τὴν ἐν ῾Ρόδῳ ταραχήν, ἐξέπλευσεν ἐφ' ῾Ελλήσποντον, σπεύδων συμμῖξαι τῷ Μινδάρῳ· οὗτος γὰρ ἐν ᾿Αβύδῳ διατρίβων συνῆγε πανταχόθεν τὰς συμμαχούσας ναῦς τοῖς Πελοποννησίοις. [2] δη δὲ τοῦ Δωριέως ὄντος περὶ τὸ Σίγειον τῆς Τρῳάδος, οἱ περὶ Σηστὸν ὄντες ᾿Αθηναῖοι πυθόμενοι τὸν παράπλουν ἀνήχθησαν ἐπ' αὐτοὺς πάσαις ταῖς ναυσίν, οὔσαις ἑβδομήκοντα καὶ τέσσαρσιν. [3] δὲ Δωριεὺς μέχρι μέν τινος ἀγνοήσας τὸ γινόμενον ἔπλει μετέωρος· κατανοήσας δὲ τὸ μέγεθος τοῦ στόλου κατεπλάγη, καὶ σωτηρίαν ἄλλην οὐδεμίαν ὁρῶν κατέφυγεν εἰς Δάρδανον. [4] κβιβάσας δὲ τοὺς στρατιώτας καὶ τοὺς φρουροῦντας τὴν πόλιν προσλαβόμενος, βέλη τε παμπληθῆ ταχέως παρεκόμισε καὶ τῶν στρατιωτῶν οὓς μὲν ἐπὶ τὰς πρῴρας ἐπέστησεν, οὓς δ' ἐπὶ τῆς γῆς εὐκαίρως ἔταξεν. [5] Οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι κατὰ πολλὴν σπουδὴν καταπλεύσαντες ἐνεχείρησαν ἀποσπᾶν τὰς ναῦς, καὶ πανταχόθεν τῷ πλήθει περιχυθέντες κατεπόνουν τοὺς ἐναντίους. [6] δὴ πυθόμενος Μίνδαρος ὁ τῶν Πελοποννησίων ναύαρχος, εὐθέως ἐξ ᾿Αβύδου μετὰ παντὸς ἀνήχθη τοῦ στόλου, καὶ κατέπλει πρὸς τὸ Δαρδάνειον μετὰ νεῶν τεσσάρων πρὸς ταῖς ὀγδοήκοντα, βοηθήσων τοῖς μετὰ τοῦ Δωριέως· συμπαρῆν δὲ καὶ τὸ πεζὸν στράτευμα τοῦ Φαρναβάζου, βοηθοῦν τοῖς Λακεδαιμονίοις. [7] ς δ' ἐγγὺς ἀλλήλων ἐγενήθησαν οἱ στόλοι, διέταξαν ἀμφότεροι τὰς τριήρεις εἰς ναυμαχίαν· καὶ Μίνδαρος μὲν ἔχων ἑπτὰ πρὸς ταῖς ἐνενήκοντα ναυσὶν ἐπὶ μὲν τὸ λαιὸν κέρας ἔταξε Συρακοσίους, τοῦ δεξιοῦ δ' αὐτὸς εἶχε τὴν ἡγεμονίαν· τῶν δ' ᾿Αθηναίων τοῦ μὲν δεξιοῦ μέρους Θρασύβουλος ἡγεῖτο, τοῦ δ' ἑτέρου Θράσυλλος. [8] Τοῦτον δὲ τὸν τρόπον αὐτῶν ἐξηρτυμένων, οἱ μὲν ἡγεμόνες αὐτῶν ἦραν τὸ σύσσημον τῆς μάχης, οἱ σαλπικταὶ δὲ ἀφ' ἑνὸς παραγγέλματος ἤρξαντο σημαίνειν τὸ πολεμικόν· καὶ τῶν μὲν ἐρετῶν οὐθὲν ἐλλειπόντων προθυμίας, τῶν δὲ κυβερνητῶν ἐντέχνως τοῖς οἴαξι χρωμένων, καταπληκτικὸν συνέβαινε γίνεσθαι τὸν ἀγῶνα. [9] πότε γὰρ αἱ τριήρεις εἰς ἐμβολὴν ἐπιφέροιντο, τηνικαῦτα οἱ κυβερνῆται πρὸς αὐτὴν τὴν τοῦ καιροῦ ῥοπὴν ἐπέστρεφον τὰς ναῦς πραγματικῶς, ὥστε τὰς πληγὰς γίνεσθαι κατ' ἐμβολήν. [10] Οἱ μὲν οὖν ἐπιβάται θεωροῦντες πλαγίας τὰς ἑαυτῶν ναῦς συνεπιφερομένας ταῖς τῶν πολεμίων τριήρεσι, περιδεεῖς ἐγίνοντο, περὶ σφῶν ἀγωνιῶντες· ὁπότε δ' οἱ κυβερνῆται ταῖς ἐμπειρίαις ἐκκρούσειαν τὰς ἐπιφοράς, πάλιν ἐγίνοντο περιχαρεῖς καὶ μετέωροι ταῖς ἐλπίσιν.
46. Οὐ μὴν οὐδ' οἱ [ἐν] τοῖς καταστρώμασιν ἐπιβεβηκότες ἄπρακτον εἶχον τὴν φιλοτιμίαν, ἀλλ' οἱ μὲν ἐκ πολλοῦ διαστήματος ἐφεστηκότες ἐτόξευον κατὰ τὸ συνεχές, καὶ ταχὺ ὁ τόπος ἦν βελῶν πλήρης· οἱ δ' ἀεὶ προσιόντες ἐγγυτέρω τὰς λόγχας ἠκόντιζον, οἱ μὲν ἐπὶ τοὺς ἀμυνομένους ἐπιβάτας, οἱ δ' ἐπ' αὐτοὺς βαλεῖν φιλοτιμούμενοι τοὺς κυβερνήτας· ὁπότε δὲ συνερείσειαν αἱ ναῦς, τοῖς τε δόρασιν ἠγωνίζοντο καὶ κατὰ τὰς προσαγωγὰς εἰς τὰς τῶν πολεμίων τριήρεις μεθαλλόμενοι τοῖς ξίφεσιν ἀλλήλους ἠμύνοντο. [2] Κατὰ δὲ τὰς γινομένας ἐλαττώσεις τῶν νικώντων ἐπαλαλαζόντων καὶ τῶν ἄλλων μετὰ βοῆς παραβοηθούντων, κραυγὴ σύμμικτος ἐγίνετο παρ' ὅλον τὸν τῆς ναυμαχίας τόπον. πὶ πολὺν οὖν χρόνον ἰσόρροπος ἦν ἡ μάχη διὰ τὴν ὑπερβολὴν τῆς παρ' ἀμφοτέροις φιλοτιμίας· μετὰ δὲ ταῦτα ᾿Αλκιβιάδης ἐκ Σάμου παραδόξως ἐπεφάνη μετὰ νεῶν εἴκοσι, πλέων κατὰ τύχην εἰς ῾Ελλήσποντον. [3] Τούτων δὲ πόρρω μὲν οὐσῶν, ἑκάτεροι σφίσι βοήθειαν ἐλπίζοντες παραγενέσθαι, μετέωροι ταῖς ἐλπίσιν ἐγίνοντο καὶ πολὺ προθυμότερον ταῖς τόλμαις διεκινδύνευον· ἐπεὶ δ' ἤδη σύνεγγυς ἦν ὁ στόλος, καὶ τοῖς μὲν Λακεδαιμονίοις οὐδὲν ἐφαίνετο σύσσημον, τοῖς δ' ᾿Αθηναίοις ᾿Αλκιβιάδης μετέωρον ἐποίησεν ἐπίσημον φοινικοῦν ἀπὸ τῆς ἰδίας νεώς, ὅπερ ἦν σύσσημον αὐτοῖς διατεταγμένον, οἱ μὲν Λακεδαιμόνιοι καταπλαγέντες ἐτράπησαν, οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι τῷ προτερήματι μετεωρισθέντες μετὰ σπουδῆς ἐπεδίωκον τὰς ὑποφευγούσας. [4] Καὶ δέκα μὲν νεῶν εὐθὺς ἐκυρίευσαν, μετὰ δὲ ταῦτα χειμῶνος ἐπιγενομένου καὶ πνευμάτων μεγάλων πολλὰ περὶ τὸν διωγμὸν αὐτοὺς ἐμποδίζεσθαι συνέβαινε· διὰ γὰρ τὸ μέγεθος τῶν κυμάτων τὰ μὲν σκάφη τοῖς οἴαξιν ἠπείθει, τὰς δ' ἐμβολὰς ἀπράκτους συνέβαινε γίνεσθαι, τῶν τυπτομένων νεῶν ὑποχωρουσῶν. [5] Τέλος δ' οἱ μὲν Λακεδαιμόνιοι πρὸς τὴν γῆν κατενεχθέντες ἔφυγον πρὸς τὸ πεζὸν τοῦ Φαρναβάζου στρατόπεδον, οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι τὸ μὲν πρῶτον ἐπεχείρησαν ἀποσπᾶν τὰς ναῦς ἀπὸ τῆς γῆς καὶ παραβόλως διεκινδύνευον, ὑπὸ δὲ τοῦ Περσικοῦ στρατεύματος ἀνακοπέντες ἀπέπλευσαν εἰς Σηστόν. [6] γὰρ Φαρνάβαζος βουλόμενος τοῖς Λακεδαιμονίοις ὑπὲρ ὧν ἐνεκάλουν ἀπολογεῖσθαι, βιαιότερον διηγωνίζετο πρὸς τοὺς ᾿Αθηναίους· ἅμα δὲ καὶ περὶ τῶν εἰς Φοινίκην ἀποσταλεισῶν νεῶν τριακοσίων ἐδίδαξεν, ὡς τοῦτο ἔπραξε πυνθανόμενος τόν τε τῶν ᾿Αράβων βασιλέα καὶ τὸν τῶν Αἰγυπτίων ἐπιβουλεύειν τοῖς περὶ Φοινίκην πράγμασιν.
47. Τῆς δὲ ναυμαχίας τοιοῦτον τὸ τέλος λαβούσης ᾿Αθηναῖοι τότε μὲν εἰς Σηστὸν ἀπέπλευσαν ἤδη νυκτὸς οὔσης, ἅμα δ' ἡμέρᾳ τά τε ναυάγια συνήγαγον καὶ πρὸς τῷ προτέρῳ τροπαίῳ πάλιν ἕτερον ἔστησαν. [2] Μίνδαρος δὲ νυκτὸς περὶ πρώτην φυλακὴν εἰς ῎Αβυδον ἀναχθεὶς τάς τε πεπονηκυίας ναῦς ἐπεσκεύαζε καὶ πρὸς Λακεδαιμονίους διεπέμψατο περὶ βοηθείας πεζῆς τε καὶ ναυτικῆς· διενοεῖτο γὰρ ἐν ὅσῳ τὰ κατὰ τὸν στόλον ἕτοιμα ἐγίνετο, πεζῇ μετὰ Φαρναβάζου τὰς συμμαχούσας κατὰ τὴν ᾿Ασίαν πόλεις ᾿Αθηναίοις πολιορκήσειν. [3] Χαλκιδεῖς δὲ καὶ σχεδὸν οἱ λοιποὶ πάντες οἱ τὴν Εὔβοιαν κατοικοῦντες ἀφεστηκότες ἦσαν ᾿Αθηναίων, καὶ διὰ τοῦτο περιδεεῖς ἐγίνοντο, μήποτε νῆσον οἰκοῦντες ἐκπολιορκηθῶσιν ὑπ' ᾿Αθηναίων θαλασσοκρατούντων· ἠξίουν οὖν Βοιωτοὺς κοινῇ χῶσαι τὸν Εὔριπον, ὥστε συνάψαι τὴν Εὔβοιαν τῇ Βοιωτίᾳ. [4] Συγκαταθεμένων δὲ τῶν Βοιωτῶν διὰ τὸ κἀκείνοις συμφέρειν τὴν Εὔβοιαν εἶναι τοῖς μὲν ἄλλοις νῆσον, ἑαυτοῖς δ' ἤπειρον· διόπερ αἱ πόλεις ἅπασαι πρὸς τὴν διάχωσιν ἐπερρώσθησαν καὶ πρὸς ἀλλήλας ἡμιλλῶντο· οὐ γὰρ μόνον τοῖς πολίταις ἐξιέναι πανδημεὶ προσέταξαν, ἀλλὰ καὶ τοῖς παροικοῦσι ξένοις, ὥστε διὰ τὸ πλῆθος τῶν τοῖς ἔργοις προσιόντων τὴν πρόθεσιν ταχέως λαβεῖν συντέλειαν. [5] Τῆς μὲν οὖν Εὐβοίας κατεσκευάσθη τὸ χῶμα κατὰ τὴν Χαλκίδα, τῆς δὲ Βοιωτίας πλησίον Αὐλίδος· ἐνταῦθα γὰρ ὁ μεταξὺ τόπος ἦν στενώτατος. Συνέβαινε μὲν οὖν καὶ πρότερον ἀεὶ κατ' ἐκεῖνον τὸν τόπον εἶναι ῥοῦν καὶ πυκνὰς ποιεῖσθαι τροπὰς τὴν θάλατταν, τότε δὲ πολὺ μᾶλλον ἦν ἐπιτείνοντα τὰ κατὰ τὸν ῥοῦν, ὡς ἂν εἰς στενὸν ἄγαν συγκεκλεισμένης τῆς θαλάττης· ὁ γὰρ διέκπλους ἀπελείφθη μιᾷ νηί. ᾠκοδόμησαν δὲ καὶ πύργους ὑψηλοὺς ἐπ' ἀμφοτέρων τῶν ἄκρων, καὶ ξυλίνας τοῖς διάρροις ἐπέστησαν γεφύρας. [6] Θηραμένης δ' ὑπ' ᾿Αθηναίων ἀποσταλεὶς μετὰ νεῶν τριάκοντα τὸ μὲν πρῶτον ἐπεχείρησε κωλύειν τοὺς ἐπὶ τῶν ἔργων, πολλοῦ δὲ πλήθους στρατιωτῶν συμπαρόντος τοῖς κατασκευάζουσι τὰ χώματα ταύτης μὲν τῆς ἐπιβολῆς ἀπέστη, τὸν δὲ πλοῦν ἐπὶ [τῶν] νήσων ἐποιήσατο. [7] Βουλόμενος δὲ τούς τε πολίτας καὶ συμμάχους ἀναπαῦσαι τῶν εἰσφορῶν, τήν τε τῶν πολεμίων χώραν ἐπόρθησε καὶ πολλὰς ὠφελείας ἤθροισεν. πῄει δὲ καὶ τὰς συμμαχίδας πόλεις, καὶ τοὺς ἐν αὐταῖς νεωτερίζοντας εἰσεπράττετο χρήματα. [8] Καταπλεύσας δ' εἰς Πάρον καὶ καταλαβὼν ὀλιγαρχίαν ἐν τῇ πόλει, τῷ μὲν δήμῳ τὴν ἐλευθερίαν ἀποκατέστησε, παρὰ δὲ τῶν ἁψαμένων τῆς ὀλιγαρχίας χρημάτων πλῆθος εἰσεπράξατο.
48. Συνέβη δὲ περὶ τοῦτον τὸν χρόνον ἐν τῇ Κορκύρᾳ γενέσθαι μεγάλην στάσιν καὶ σφαγήν, ἣν δι' ἑτέρας μὲν αἰτίας λέγεται γενέσθαι, μάλιστα δὲ διὰ τὴν ὑπάρχουσαν αὐτοῖς πρὸς ἀλλήλους ἔχθραν. [2] ν οὐδεμιᾷ γάρ ποτε πόλει τοιοῦτοι πολιτῶν φόνοι συνετελέσθησαν οὐδὲ μείζων ἔρις καὶ φιλονεικία πρὸς ὄλεθρον ἀνήκουσα. Δοκοῦσι γὰρ οἱ μὲν ἀναιρεθέντες ὑπ' ἀλλήλων πρὸ ταύτης τῆς στάσεως γεγονέναι περὶ χιλίους καὶ πεντακοσίους, καὶ πάντες οὗτοι πρωτεύοντες τῶν πολιτῶν. [3] Τούτων δ' ἐπιγεγενημένων τῶν ἀτυχημάτων ἑτέραν αὐτοῖς συμφορὰν ἐπέστησεν ἡ τύχη, τὴν πρὸς ἀλλήλους πάλιν αὐξήσασα διαφοράν. Οἱ μὲν γὰρ προέχοντες τοῖς ἀξιώμασι τῶν Κορκυραίων ὀρεγόμενοι τῆς ὀλιγαρχίας ἐφρόνουν τὰ Λακεδαιμονίων, ὁ δὲ δημοτικὸς ὄχλος ἔσπευδε τοῖς ᾿Αθηναίοις συμμαχεῖν. [4] Καὶ γὰρ διαφερούσας τὰς σπουδὰς εἶχον οἱ περὶ τῆς ἡγεμονίας διαγωνιζόμενοι δῆμοι· Λακεδαιμόνιοι γὰρ τοὺς πρωτεύοντας ἐν ταῖς συμμαχίσι πόλεσιν ἐποίουν ἐπὶ τῆς διοικήσεως τῶν κοινῶν, ᾿Αθηναῖοι δὲ δημοκρατίας ἐν ταῖς πόλεσι καθίστανον. [5] Οἱ δ' οὖν Κορκυραῖοι θεωροῦντες τοὺς δυνατωτάτους τῶν πολιτῶν ὄντας πρὸς τῷ τὴν πόλιν ἐγχειρίζειν Λακεδαιμονίοις, μετεπέμψαντο παρ' ᾿Αθηναίων δύναμιν τὴν παραφυλάξουσαν τὴν πόλιν. [6] Κόνων δ' ὁ στρατηγὸς τῶν ᾿Αθηναίων πλεύσας εἰς Κόρκυραν, ἑξακοσίους μὲν τῶν ἐκ Ναυπάκτου Μεσσηνίων κατέλιπεν ἐν τῇ πόλει, αὐτὸς δὲ μετὰ τῶν νεῶν παρέπλευσε, καὶ καθωρμίσθη πρὸς τῷ τῆς ῞Ηρας τεμένει. [7] Οἱ δὲ ἑξακόσιοι μετὰ τῶν δημοτικῶν ὁρμήσαντες ἐπὶ τοὺς τὰ Λακεδαιμονίων φρονοῦντας ἐξαίφνης ἀγορᾶς πληθούσης οὓς μὲν συνελάμβανον, οὓς δ' ἐφόνευον, πλείους δὲ τῶν χιλίων ἐφυγάδευσαν· ἐποιήσαντο δὲ τοὺς μὲν δούλους ἐλευθέρους, τοὺς δὲ ξένους πολίτας, εὐλαβούμενοι τό τε πλῆθος καὶ τὴν δύναμιν τῶν φυγάδων. [8] Οἱ μὲν οὖν ἐκπεσόντες ἐκ τῆς πατρίδος εἰς τὴν καταντίον ἤπειρον ἔφυγον· μετὰ δέ τινας ἡμέρας τῶν ἐν τῇ πόλει τινες φρονοῦντες τὰ τῶν φυγάδων κατελάβοντο τὴν ἀγοράν, καὶ μεταπεμψάμενοι τοὺς φυγάδας περὶ τῶν ὅλων διηγωνίζοντο. Τέλος δὲ νυκτὸς καταλαβούσης εἰς ὁμολογίας ἦλθον πρὸς ἀλλήλους, καὶ τῆς φιλονεικίας παυσάμενοι κοινῶς ᾤκουν τὴν πατρίδα. μὲν οὖν ἐν Κορκύρᾳ σφαγὴ τοιοῦτον ἔσχε τὸ τέλος.
49. ᾿Αρχέλαος δ' ὁ τῶν Μακεδόνων βασιλεύς, τῶν Πυδναίων ἀπειθούντων, πολλῇ δυνάμει τὴν πόλιν περιεστρατοπέδευσεν. Παρεβοήθησε δ' αὐτῷ καὶ Θηραμένης ἔχων στόλον· ὃς χρονιζούσης τῆς πολιορκίας ἀπέπλευσεν εἰς Θρᾴκην πρὸς Θρασύβουλον τὸν ἀφηγούμενον τοῦ στόλου παντός. [2] μὲν οὖν ᾿Αρχέλαος φιλοτιμότερον πολιορκήσας τὴν Πύδναν καὶ κρατήσας μετῴκισεν αὐτὴν ἀπὸ θαλάττης ὡς εἴκοσι στάδια. δὲ Μίνδαρος, ἤδη τοῦ χειμῶνος λήγοντος, συνήγαγε τὰς πανταχόθεν τριήρεις· ἔκ τε γὰρ τῆς Πελοποννήσου πολλαὶ παρεγενήθησαν καὶ παρὰ τῶν ἄλλων συμμάχων ὁμοίως. Οἱ δ' ἐν Σηστῷ τῶν ᾿Αθηναίων στρατηγοί, πυνθανόμενοι τὸ μέγεθος τοῦ συναγομένου τοῖς πολεμίοις στόλου, περιδεεῖς ἦσαν, μήποτε πάσαις ταῖς τριήρεσιν ἐπιπλεύσαντες οἱ πολέμιοι κυριεύσωσι τῶν νεῶν. [3] θεν αὐτοὶ μὲν καθελκύσαντες τὰς οὔσας ἐν Σηστῷ ναῦς περιέπλευσαν τὴν Χερρόνησον καὶ καθωρμίσθησαν εἰς Καρδίαν· εἰς δὲ Θρᾴκην πρὸς Θρασύβουλον καὶ Θηραμένην ἔπεμψαν τριήρεις, παρακαλοῦντες μετὰ τοῦ στόλου τὴν ταχίστην ἥκειν· μετεπέμψαντο δὲ καὶ τὸν ᾿Αλκιβιάδην ἐκ Λέσβου μεθ' ὧν εἶχε νεῶν, καὶ συνήχθη πᾶς ὁ στόλος εἰς ἕνα τόπον, σπευδόντων τῶν στρατηγῶν περὶ τῶν ὅλων διακινδυνεῦσαι. [4] Μίνδαρος δ' ὁ τῶν Λακεδαιμονίων ναύαρχος πλεύσας εἰς Κύζικον πᾶσαν τὴν δύναμιν ἐξεβίβασε καὶ τὴν πόλιν περιεστρατοπέδευσεν. παρεγενήθη δὲ καὶ Φαρνάβαζος μετὰ πολλῆς στρατιᾶς, μεθ' οὗ πολιορκήσας Μίνδαρος εἷλε τὴν Κύζικον κατὰ κράτος. [5] Οἱ δὲ [μετὰ] τῶν ᾿Αθηναίων στρατηγοὶ κρίναντες ἐπὶ Κύζικον πλεῖν, ἀνήχθησαν μετὰ πασῶν τῶν νεῶν καὶ τὴν Χερρόνησον περιέπλεον. Καὶ πρῶτον μὲν εἰς ᾿Ελεοῦντα παρεγένοντο· μετὰ δὲ ταῦτα ἐφιλοτιμήθησαν νυκτὸς τὴν τῶν ᾿Αβυδηνῶν πόλιν παραπλεῦσαι πρὸς τὸ μὴ κατανοηθῆναι τὸ πλῆθος τῶν νεῶν ὑπὸ τῶν πολεμίων. [6] πεὶ δ' ἦλθον εἰς Προικόννησον, τὴν μὲν νύκτα κατηυλίσθησαν ἐν ταύτῃ, τῇ δ' ὑστεραίᾳ τοὺς μὲν ἐπιβεβηκότας στρατιώτας διεβίβασαν εἰς τὴν τῶν Κυζικηνῶν χώραν, καὶ τῷ στρατηγοῦντι τούτων Χαιρέᾳ προσέταξαν ἄγειν τὸ στρατόπεδον ἐπὶ τὴν πόλιν.
50. Αὐτοὶ δ' εἰς τρία μέρη διείλαντο τὸ ναυτικόν, καὶ τοῦ μὲν ἦρχεν ᾿Αλκιβιάδης, τοῦ δὲ Θηραμένης, τοῦ δὲ τρίτου Θρασύβουλος. ᾿Αλκιβιάδης μὲν οὖν μετὰ τοῦ καθ' αὑτὸν μέρους πολὺ προέπλευσε τῶν ἄλλων, βουλόμενος προκαλέσασθαι τοὺς Λακεδαιμονίους εἰς ναυμαχίαν· Θηραμένης δὲ καὶ Θρασύβουλος ἐφιλοτέχνουν εἰς τὸ κυκλώσασθαι καὶ τῆς εἰς τὴν πόλιν ἐπανόδου τοὺς ἐκπλεύσαντας εἶρξαι. [2] Μίνδαρος δὲ τὰς μὲν ᾿Αλκιβιάδου ναῦς [καὶ] μόνας ὁρῶν προσφερομένας, τὰς δ' ἄλλας ἀγνοῶν, κατεφρόνησε, καὶ ναυσὶν ὀγδοήκοντα θρασέως ἐκ τῆς πόλεως τὸν ἐπίπλουν ἐποιήσατο. ς δὲ πλησίον ἐγένετο τῶν περὶ τὸν ᾿Αλκιβιάδην, οἱ μὲν ᾿Αθηναῖοι, καθάπερ ἦν αὐτοῖς παρηγγελμένον, προσεποιοῦντο φεύγειν, οἱ δὲ Πελοποννήσιοι περιχαρεῖς ὄντες ἠκολούθουν κατὰ σπουδὴν ὡς νικῶντες. [3] δὲ ᾿Αλκιβιάδης ἐπειδὴ τῆς πόλεως αὐτοὺς ἀπέσπασε πορρωτέρω, τὸ σύσσημον ἦρεν· οὗ γενηθέντος αἱ μετ' ᾿Αλκιβιάδου τριήρεις ἐξαίφνης πρὸς ἕνα καιρὸν ἐπέστρεψαν ἀντίπρῳροι τοῖς πολεμίοις, Θηραμένης δὲ καὶ Θρασύβουλος ἔπλεον ἐπὶ τὴν πόλιν καὶ τὸν ἀπόπλουν τῶν Λακεδαιμονίων ὑπετέμοντο. [4] Οἱ δὲ μετὰ τοῦ Μινδάρου καθορῶντες ἤδη τὸ πλῆθος τῶν πολεμίων νεῶν, καὶ μαθόντες ἑαυτοὺς κατεστρατηγημένους, περίφοβοι καθειστήκεισαν. Τέλος δὲ τῶν ᾿Αθηναίων πανταχόθεν ἐπιφαινομένων καὶ τῆς εἰς τὴν πόλιν ἐφόδου τοὺς Πελοποννησίους ἀποκλεισάντων, ὁ Μίνδαρος ἠναγκάσθη καταφυγεῖν τῆς χώρας πρὸς τοὺς καλουμένους Κλήρους, ὅπου καὶ Φαρνάβαζος εἶχε τὴν δύναμιν. [5] ᾿Αλκιβιάδης δὲ κατὰ σπουδὴν διώκων ἃς μὲν κατέδυεν, ἃς δὲ κατατιτρώσκων ὑποχειρίους ἐλάμβανε, τὰς δὲ πλείστας πρὸς αὐτῇ τῇ γῇ καθωρμισμένας καταλαβὼν ἐπέβαλλε σιδηρᾶς χεῖρας, καὶ ταύταις ἀποσπᾶν ἀπὸ τῆς γῆς ἐπειρᾶτο. [6] Παραβοηθούντων δὲ τῶν πεζῶν ἀπὸ τῆς γῆς τοῖς Πελοποννησίοις πολὺς ἐγένετο φόνος, ὡς ἂν τῶν μὲν ᾿Αθηναίων διὰ τὸ προτέρημα θρασύτερον ἢ συμφορώτερον ἀγωνιζομένων, τῶν δὲ Πελοποννησίων πολὺ τοῖς πλήθεσιν ὑπεραγόντων· καὶ γὰρ τὸ τοῦ Φαρναβάζου στρατόπεδον παρεβοήθει τοῖς Λακεδαιμονίοις, καὶ τὴν μάχην ἐκ τῆς γῆς ποιούμενον τὴν στάσιν εἶχεν ἀσφαλεστέραν. [7] Θρασύβουλος δὲ θεωρῶν τοὺς πεζοὺς τοῖς πολεμίοις βοηθοῦντας, καὶ τοὺς λοιποὺς τῶν ἐπιβατῶν ἀπεβίβασεν εἰς τὴν γῆν, σπεύδων βοηθῆσαι τοῖς περὶ τὸν ᾿Αλκιβιάδην· τῷ δὲ Θηραμένει παρεκελεύσατο τοῖς περὶ Χαιρέαν πεζοῖς συνάψαντα τὴν ταχίστην ἥκειν, ὅπως πεζῇ διαγωνίσωνται.
51. Τῶν δὲ ᾿Αθηναίων περὶ ταῦτα γινομένων Μίνδαρος ὁ τῶν Λακεδαιμονίων ἀφηγούμενος αὐτὸς μὲν πρὸς ᾿Αλκιβιάδην ὑπὲρ τῶν ἀφελκομένων νεῶν διηγωνίζετο, Κλέαρχον δὲ τὸν Σπαρτιάτην μετὰ μέρους τῶν Πελοποννησίων ἀπέστειλε πρὸς τοὺς περὶ Θρασύβουλον· συναπέστειλε δ' αὐτῷ καὶ τοὺς παρὰ Φαρναβάζῳ στρατευομένους μισθοφόρους. [2] δὲ Θρασύβουλος μετὰ τῶν ἐπιβατῶν καὶ τῶν τοξοτῶν τὸ μὲν πρῶτον εὐρώστως ὑπέστη τοὺς πολεμίους, καὶ πολλοὺς μὲν ἀνεῖλεν, οὐκ ὀλίγους δὲ καὶ τῶν ἰδίων ἑώρα πίπτοντας· τῶν δὲ μετὰ τοῦ Φαρναβάζου μισθοφόρων κυκλούντων τοὺς ᾿Αθηναίους καὶ τῷ πλήθει πανταχόθεν περιχεομένων, ἐπεφάνη Θηραμένης τούς τε ἰδίους καὶ τοὺς μετὰ Χαιρέου ἄγων πεζούς. [3] Οἱ δὲ μετὰ τοῦ Θρασυβούλου καταπεπονημένοι καὶ τὰς τῆς σωτηρίας ἐλπίδας ἀπεγνωκότες πάλιν ἐξαίφνης ταῖς ψυχαῖς διηγείροντο τηλικαύτης βοηθείας παραγεγενημένης. [4] πὶ πολὺν δὲ χρόνον καρτερᾶς μάχης γενομένης, τὸ μὲν πρῶτον οἱ τοῦ Φαρναβάζου μισθοφόροι φεύγειν ἤρξαντο, καὶ τὸ συνεχὲς ἀεὶ τῆς τάξεως παρερρήγνυτο· τέλος δὲ οἱ Πελοποννήσιοι μετὰ Κλεάρχου καταλειφθέντες καὶ πολλὰ δράσαντες καὶ παθόντες ἐξεώσθησαν. [5] Tούτων δὲ καταπεπονημένων οἱ περὶ τὸν Θηραμένην ὥρμησαν τοῖς μετ' ᾿Αλκιβιάδου κινδυνεύσασι βοηθῆσαι. συνδραμουσῶν δὲ τῶν δυνάμεων εἰς ἕνα τόπον, ὁ μὲν Μίνδαρος οὐ κατεπλάγη τὴν ἔφοδον τῶν περὶ Θηραμένην, ἀλλὰ διελόμενος τοὺς Πελοποννησίους τοῖς μὲν ἡμίσεσιν ἀπήντα τοῖς ἐπιοῦσι, τοὺς δ' ἡμίσεις αὐτὸς ἔχων, καὶ δεόμενος ἑκάστου μὴ καταισχῦναι τὸ τῆς Σπάρτης ἀξίωμα, καὶ ταῦτα πεζομαχοῦντας, ἀντετάχθησαν τοῖς περὶ τὸν ᾿Αλκιβιάδην. [6] Περὶ δὲ τῶν νεῶν ἡρωικὴν συστησάμενος μάχην, καὶ πρὸ πάντων αὐτὸς κινδυνεύων, πολλοὺς μὲν ἀνεῖλε τῶν ἀντιτεταγμένων, τὸ δὲ τελευταῖον ἀξίως τῆς πατρίδος ἀγωνισάμενος ὑπὸ τῶν περὶ τὸν ᾿Αλκιβιάδην ἀνῃρέθη. Tούτου δὲ πεπτωκότος οἵ τε Πελοποννήσιοι καὶ πάντες οἱ σύμμαχοι συνέδραμον καὶ καταπλαγέντες εἰς φυγὴν ὥρμησαν. [7] Οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι μέχρι μέν τινος ἐπεδίωξαν τοὺς πολεμίους, πυνθανόμενοι δὲ τὸν Φαρνάβαζον μετὰ πολλῆς ἵππου κατὰ σπουδὴν ἐπειγόμενον, ἀνέκαμψαν ἐπὶ τὰς ναῦς, καὶ τὴν μὲν πόλιν παρέλαβον, δύο δὲ τρόπαια κατέστησαν ἀφ' ἑκατέρας νίκης, τὸ μὲν τῆς ναυμαχίας ἐν τῇ νήσῳ τῇ Πολυδώρου καλουμένῃ, τὸ δὲ τῆς πεζομαχίας οὗ τὴν τροπὴν ἐποιήσαντο τὴν πρώτην. [8] Οἱ μὲν οὖν ἐν τῇ πόλει Πελοποννήσιοι καὶ πάντες οἱ διαφυγόντες ἐκ τῆς μάχης ἔφυγον ἐπὶ τὸ τοῦ Φαρναβάζου στρατόπεδον· οἱ δὲ τῶν ᾿Αθηναίων στρατηγοὶ τῶν τε νεῶν ἁπασῶν ἐγκρατεῖς ἐγενήθησαν καὶ πολλοὺς μὲν αἰχμαλώτους, ἀναρίθμητον δὲ πλῆθος λαφύρων ἤθροισαν, ὡς ἂν δύο δυνάμεις ἅμα τηλικαύτας νενικηκότες.
52. πενεχθείσης δὲ τῆς νίκης εἰς ᾿Αθήνας, ὁ μὲν δῆμος ἐκ τῶν προτέρων συμφορῶν ἀνελπίστους εὐτυχίας ὁρῶν τῇ πόλει προσγεγενημένας μετέωρος ἦν ἐπὶ τοῖς εὐημερήμασι, καὶ τοῖς μὲν θεοῖς πανδημεὶ θυσίας καὶ πανηγύρεις ἐποιήσατο, εἰς δὲ τὸν πόλεμον ἐπέλεξε χιλίους τῶν ὁπλιτῶν τοὺς κρατίστους, ἱππεῖς δ' ἑκατόν, πρὸς δὲ τούτοις τριάκοντα τριήρεις ἀπέστειλε τοῖς περὶ τὸν ᾿Αλκιβιάδην, ὅπως τὰς περὶ Λακεδαιμονίους πόλεις ἀδεῶς πορθῶσι κρατοῦντες τῆς θαλάττης. [2] Οἱ δὲ Λακεδαιμόνιοι ὡς ἤκουσαν τὴν περὶ Κύζικον αὐτοῖς γενομένην συμφοράν, πρέσβεις ἐξέπεμψαν εἰς ᾿Αθήνας ὑπὲρ εἰρήνης, ὧν ἦν ἀρχιπρεσβευτὴς ῎Ενδιος. ξουσίας δ' αὐτῷ δοθείσης παρελθὼν συντόμως καὶ λακωνικῶς διελέχθη· διόπερ ἔκρινα μὴ παραλιπεῖν τοὺς ῥηθέντας λόγους. [3] Βουλόμεθα πρὸς ὑμᾶς ἄγειν εἰρήνην, ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, καὶ τὰς μὲν πόλεις ἔχειν ἃς ἑκάτεροι κρατοῦμεν, τὰ δὲ φρούρια τὰ παρ' ἀλλήλοις καταλῦσαι, τῶν δ' αἰχμαλώτων λυτροῦντες ἀνθ' ἑνὸς ᾿Αθηναίου λαβεῖν ἕνα Λάκωνα. Οὐ γὰρ ἀγνοοῦμεν τὸν πόλεμον ἀμφοτέροις μὲν βλαβερόν, πολὺ δὲ μᾶλλον ὑμῖν. [4] Παραπέμψαντες δὲ τὸν ἐμὸν λόγον ἐκ τῶν πραγμάτων μάθετε. μεῖς μὲν ἅπασαν τὴν Πελοπόννησον γεωργοῦμεν, ὑμεῖς δὲ βραχὺ μέρος τῆς ᾿Αττικῆς· καὶ Λάκωσι μὲν ὁ πόλεμος πολλοὺς συνέθηκε συμμάχους, ᾿Αθηναίων δὲ τοσούτους ἀφείλατο ὅσους τοῖς πολεμίοις ἔδωκε· καὶ ἡμῖν μὲν ὁ πλουσιώτατος τῶν κατὰ τὴν οἰκουμένην βασιλέων χορηγός ἐστι τοῦ πολέμου, ὑμῖν δὲ οἱ πενιχρότατοι τῶν κατὰ τὴν οἰκουμένην· [5] διόπερ οἱ μὲν ἡμέτεροι κατὰ τὸ μέγεθος τῶν μισθῶν προθύμως στρατεύονται, οἱ δὲ ὑμέτεροι, τὰς εἰσφορὰς ἀπὸ τῶν ἰδίων διδόντες οὐσιῶν, ἅμα καὶ τὰς κακοπαθείας φεύγουσι καὶ τὰς δαπάνας. [6] πειθ' ἡμεῖς μὲν κατὰ θάλατταν πολεμοῦντες σκάφεσι πολιτικοῖς μόνον κινδυνεύομεν, ὑμεῖς δὲ πολίτας ἔχετε τοὺς πλείστους ἐν ταῖς ναυσίν. Τὸ δὲ μέγιστον, ἡμεῖς μὲν κἂν κρατηθῶμεν ἐν τοῖς κατὰ θάλατταν πράγμασι, τήν γε κατὰ γῆν ἡγεμονίαν ὁμολογουμένως ἔχομεν· οὐδὲ γὰρ οἶδε τὸ φυγεῖν πεζὸς Σπαρτιάτης· ὑμεῖς δὲ τῆς θαλάττης ... οὐχ ὑπὲρ ἡγεμονίας πεζῆς, ἀλλ' ὑπὲρ ἀναστάσεως ἀγωνιᾶτε. [7] Καταλείπεταί μοι διδάξαι, πῶς τοσαῦτα καὶ τηλικαῦτα πλεονεκτοῦντες ἐν τῷ πολεμεῖν εἰρήνην ἄγειν παρακαλοῦμεν. γὼ δ' ὠφελεῖσθαι μὲν ἐκ τοῦ πολεμεῖν οὔ φημι τὴν Σπάρτην, βλάπτεσθαι μέντοι γε ἔλαττον τῶν ᾿Αθηναίων. ἀποπλήκτων δὲ εὐδοκεῖν συνατυχοῦντας τοῖς πολεμίοις, παρὸν μηδ' ὅλως ἀτυχίας λαβεῖν πεῖραν· οὐ τοσαύτην γὰρ ἡ τῶν πολεμίων ἀπώλεια φέρει χαράν, ἡλίκην ἔχει λύπην ἡ τῶν ἰδίων ταλαιπωρία. [8] Οὐ μόνον δὲ τούτων ἕνεκα διαλυθῆναι σπεύδομεν,ἀλλὰ καὶ τὸ πάτριον ἔθος τηροῦντες· θεωροῦντες γὰρ τὰς ἐν τῷ πολέμῳ φιλονεικίας πολλὰ καὶ δεινὰ πάθη ποιούσας, οἰόμεθα δεῖν φανερὸν ποιῆσαι πᾶσι καὶ θεοῖς καὶ ἀνθρώποις, ὅτι τούτων ἥκιστα πάντων ἐσμὲν αἴτιοι.
53. Τοιαῦτα δὲ καὶ τούτοις παραπλήσια τοῦ Λάκωνος διαλεχθέντος, οἱ μὲν ἐπιεικέστατοι τῶν ᾿Αθηναίων ἔρρεπον ταῖς γνώμαις πρὸς τὴν εἰρήνην, οἱ δὲ πολεμοποιεῖν εἰωθότες καὶ τὰς δημοσίας ταραχὰς ἰδίας ποιούμενοι προσόδους ᾑροῦντο τὸν πόλεμον. [2] Συνεπελάβετο δὲ τῆς γνώμης ταύτης καὶ Κλεοφῶν, μέγιστος ὢν τότε δημαγωγός. ς παρελθὼν καὶ πολλὰ πρὸς τὴν ὑπόθεσιν οἰκείως διαλεχθεὶς ἐμετεώρισε τὸν δῆμον, τὸ μέγεθος τῶν εὐημερημάτων προφερόμενος, ὥσπερ τῆς τύχης οὐκ ἐναλλὰξ εἰθισμένης βραβεύειν τὰ κατὰ πόλεμον προτερήματα. [3] ᾿Αθηναῖοι μὲν οὖν κακῶς βουλευσάμενοι μετενόησαν ὅτε οὐδὲν ὄφελος, καὶ λόγοις πρὸς ἀρέσκειαν εἰρημένοις ἐξαπατηθέντες οὕτως ἔπταισαν τοῖς ὅλοις, ὥστε μηκέτι δύνασθαι πώποτε αὑτοὺς γνησίως ἀναλαβεῖν. [4] λλὰ ταῦτα μὲν ὕστερον πραχθέντα τεύξεται λόγου κατὰ τοὺς ἰδίους χρόνους· τότε δὲ οἱ ᾿Αθηναῖοι τοῖς τε εὐημερήμασιν ἐπαρθέντες καὶ πολλὰς καὶ μεγάλας ἐλπίδας ἔχοντες ἐν τῷ τὸν ᾿Αλκιβιάδην ἀφηγεῖσθαι τῶν ἰδίων δυνάμεων, ταχέως ᾤοντο τὴν ἡγεμονίαν ἀνακτήσασθαι.

28 Nicolaus termina ici son discours et laissa tous ses auditeurs dans une disposition favorable à leurs prisonniers.
X
MAIS Gylippe de Lacédémone, qui conservait une haine implacable contre les Athéniens, monta dans la tribune et commença ainsi sa harangue. [2] Je m'étonne beaucoup, citoyens de Syracuse, que des paroles vous fassent oublier en un moment les maux terribles dont vous sortez. Et au fond si le sort de votre ville, à peine échappée à sa destruction totale, vous laisse tranquilles, un Spartiate, dont la patrie n'avait point d'intérêt à ce danger, a tort de s'en émouvoir. [3] Ainsi, Messieurs, je devrais préparer, par des excuses, la liberté que je vais prendre de vous déclarer ma pensée ; mais Lacédémonien que je suis, je prétends conserver le caractère de ma nation. Je m'étonne d'abord que Nicolaus parle en faveur des Athéniens, qui ont rendu sa vieillesse malheureuse. Il se présente dans l'assemblée en habit de deuil et en larmes, et il implore votre compassion pour les meurtriers de ses enfants. [4] Il est sans doute extraordinaire de voir un homme, qui se mettant au dessus de la mort de ses proches, vient demander la vie pour ceux qui la leur ont ôtée. Combien d'entre vous, continua l'orateur, ont aussi perdu leurs enfants dans cette guerre. Cette interrogation excita bien des gémissements dans l'assemblée. [5] J'en vois plusieurs, dit Gylippe, qui déclarent leur infortune. Combien d'autres, poursuivit-il, ont perdu leurs frères, leurs parents, leurs amis ? Le murmure fut encore plus étendu. [6] Vous voyez, continua-t-il, en combien de vos familles les Athéniens ont jeté la désolation, sans avoir à se plaindre d'aucun tort de votre part. Peut-on vous empêcher de les haïr, autant que vous aimiez vos proches?
29 Est-il juste, Syracusains, d'exiger de vous qu'acceptant de bonne grâce des pertes si sensibles, vous ne tiriez aucune satisfaction de ceux qui en sont les auteurs et que vous bornant à louer ceux qui se sont immolés au salut de la patrie, vous ayez moins de zèle pour leur vengeance, que pour le salut de leurs ennemis ? [2] Vous avez ordonné qu'on leur fit des funérailles publiques : en est-il de plus convenables que d'immoler ceux qui leur ont ôté la vie ? Faites mieux : recevez-les au nombre de vos citoyens et qu'ils soient eux-mêmes des trophées vivants à la gloire de ceux qu'ils ont tués. [3] Direz-vous qu'ils ont renoncé au nom d'ennemis et se sont rendus suppliants : mais par où ce titre peut-il les favoriser ? ceux qui en ont institué le privilège en faveur des infortunés, sont les mêmes qui ont ordonné la punition des criminels. [4] Dans lequel des deux cas mettrons-nous les Athéniens en cette occasion ? Quelle infortune les a forcés à venir attaquer les Syracusains, qui ne leur avaient fait aucun mal? Pourquoi violant une paix, dont tout le monde était content, ont-ils tenté de renverser votre ville de fond en comble ? [5] Puisqu'ils ont commencé la guerre sans aucune raison, c'était à eux à prendre leurs mesures pour la bien conduire et c'est à eux à en subir l'événement. Ils auraient été les maîtres d'exercer sur vous leur cruauté, s'ils avaient été vainqueurs ; il ne leur convient pas d'attester les privilèges des suppliants, puisqu'ils font vaincus. [6] S'ils sont tombés dans le malheur, qu'ils s'en prennent à leur méchanceté et à leur avarice et non à la fortune. Ce n'est point là, encore une fois, le cas des suppliants, qui ne comprend que ceux qui sont tombés dans le malheur par le sort et non par le crime. [7] Or quel reproche n'a-t-on pas à faire ici aux Athéniens et quelle ressource de miséricorde se sont-ils laissée ?
30 Quelle injustice dans le projet, quelle méchanceté dans l'entreprise ! Il n'appartient qu'à la cupidité la plus outrée de n'être pas contents des richesses considérables dont elle jouit et d'aller chercher au loin des possessions, qui même ne lui conviennent pas. En effet, quel trait de folie a porté les Athéniens, les plus riches et les plus heureux de tous les Grecs, à venir comme des hommes las de leur propre félicité, à travers un si grand espace de mers, dans la Sicile, pour en partager les terres entre eux, et en rendre les habitants esclaves ? [2] Il est contre le droit des gens de faire la guerre à un peuple dont on n'a reçu aucune offense ; et les Athéniens, vos amis de tous les temps, se sont présentés tout d'un coup, et contre toute attente, devant Syracuse pour en former le siège. [3] C'est la marque d'un orgueil insensé de disposer de la fortune d'un peuple qu'on n'a pas vaincu encore, et de régler d'avance le châtiment d'une défense trop opiniâtre. Les Athéniens n'ont pas manqué ce trait de folie. Avant que de partir, ils ont formé le décret public de réduire à l'esclavage les citoyens de Syracuse et de Sélinonte, en se contentant d'imposer un tribut sur tout le telle de la Sicile. Qui voudra donc avoir pitié de ces hommes, dans lesquels on ne voit que cupidité, que perfidie et que présomption ? Et ce n'est pas ici la première preuve de méchanceté qu'ils aient donnée. [4] Comment ont-ils traité ceux de Mitylene, ce peuple qui n'avait formé aucune entreprise injuste et qui ne cherchait qu'a maintenir sa liberté ? Ils ordonnèrent par délibération publique, de le faire égorger tout entier : [5] exemple affreux de cruauté et de barbarie contre des Grecs et des alliés, qui leurs avaient rendu service plus d'une fois. Qu'ils ne se plaignent donc pas, s'ils éprouvent aujourd'hui le sort qu'ils ont fait subir à d'autres. Tout homme doit se soumettre au traitement dont sa propre conduite en de pareilles circonstances a fait une loi contre lui. [6] Mais que dis-je ; quand ils subjuguèrent l'île de Mélos, ils égorgèrent non seulement toute la jeunesse de cette île, mais encore toute celle des Scioniens alliés de ces insulaires de sorte que la fureur athénienne fit périr deux peuples entiers si universellement, qu'il n'y resta personne pour ensevelir les morts. [7] Ce ne sont pas des Scythes qui nous ont fourni ces traits affreux d'inhumanité. C'est ce peuple qu'on nous donne pour le plus parfait modèle de la politesse des mœurs, qui après une délibération tranquille a prononcé un pareil arrêt. Juges maintenant de ce qu'ils auraient fait s'ils avaient emporté Syracuse : des hommes si cruels à l'égard de leurs voisins et de leurs alliés auraient-ils traités plus favorablement une nation qui a eu peu de liaison avec eux.
31 Ce n'est point ici le cas de la pitié ; ils s'en sont rendus indignes par leurs propres exemples. Il ne leur sied point de recourir ni aux dieux dont ils auraient aboli l'ancien culte, ni aux hommes dont ils voulaient faire des esclaves. Des initiés partis pour détruire l’île sacrée de la Sicile, osent-ils seulement prononcer les noms de Cérès, de Proserpine et des mystères de l'une et de l'autre déesse ? [2] Mais, dira-t-on, le projet de cette guerre ne vient point du peuple d'Athènes, et Alcibiade en est seul auteur. Eh, Messieurs, ne savons nous pas que les orateurs accommodent le plus souvent leurs discours aux intentions de la multitude. Ceux qui doivent donner leurs suffrages les font parler selon leurs vues. Ce n'est point l'orateur qui dirige une république. Ce sont au contraire les citoyens éclairés qui mettent l'orateur sur la voie des propositions les plus convenables à leurs vues. [3] Mais en général, si l'on recevait l'excuse de tous ceux qui allégueraient pour leur défense les mauvais conseils qu'on leur a donnés, on ne trouverait plus de malfaiteurs à punir. Enfin, la chose du monde la plus injuste, est de rapporter toute sa reconnaissance pour un bienfait qu'on a reçu d'un peuple, à ce peuple même et non à ses orateurs et de n'accuser au contraire que les orateurs et non le peuple même, des maux qu'il nous a faits, ou qu'il a voulu nous faire. [4] Quelques-uns, cependant, ont assez mal raisonné, pour dire qu'il fallait punir Alcibiade qui n'est point entre nos mains et relâcher vos captifs actuellement livrés à leur punition ; comme s'il s'agissait de prouver que le peuple de Syracuse n'a pas pour le crime la haine qu'il devrait avoir. [5] Quand même il serait vrai que les orateurs d'Athènes fussent la cause de cette guerre, c'est aux Athéniens à tirer vengeance de ceux qui les ont trompés et à vous à faire justice de ceux qui vous ont offensés. S'ils ont eu une pleine connaissance de leur tort dans cette entreprise, ils en font d'autant plus dignes de châtiment ; et s'il y est entré plus d'imprudence que de méchanceté, il faut les châtier encore, afin de leur apprendre à ne pas porter témérairement le fléau de la guerre dans un pays qui ne leur appartient pas. Est-il juste que Syracuse ait été à la veille de sa destruction, parce qu'Athènes était mal conseillée et devons nous excuser des ennemis qui venaient nous plonger dans des malheurs irrémédiables.
32 Nicias, a-t-on ajouté, avait parlé dans Athènes en faveur de Syracuse ; et lui seul avait opiné contre cette guerre. Je veux bien qu'on écoute ce qu'il avait dit là, pourvu qu'ensuite on examine ce qu'il a fait ici. [2] Cet homme si opposé à l'entreprise de Syracuse, s'est trouvé ici à la tête de l'armée Athénienne et a fait environner notre ville d'une muraille. Cet ami de la société humaine et le nôtre en particulier, s'est opposé seul à l'avis de tous les autres chefs qui voulaient abandonner le siège et il l'a fait continuer. Je demande donc que ses paroles n'aient pas plus de poids que ses actions, son avis que les efforts, ce que nous savons peu, que ce que nous avons vus. [3] Enfin a-t-on conclu, la haine ne doit point être éternelle. Non, après la punition des coupables. Je consens que toute inimitié cesse entre vous et les Athéniens, avec le châtiment qui leur est dû. Il n'est pas juste que les vaincus obtiennent l'affranchissement de toutes peines, de la part de ces mêmes vainqueurs qui étaient sûrs d'être mis aux fers, si le sort des armes leur avait été contraire. S'ils ne sont pas punis des maux qu'ils nous préparaient, il leur coûtera peu, sans doute, de se dire nos amis, quand ce titre conviendra à leurs intérêts ou à leurs prétentions. [4] Il y a plus, en accordant cette rémission aux Athéniens, vous manquez à la satisfaction que vous devez à vos alliés, et surtout aux Lacédémoniens qui ont envoyé jusqu'ici leurs troupes. Il ne tenait qu'à eux de demeurer en paix avec Athènes et d'abandonner la Sicile à sa fortune. [5] Si donc en relâchant vos captifs vous rentrez par cette grâce en société avec les Athéniens, c'est une trahison que vous faites à vos alliés et vous laissez volontairement des forces à vos ennemis communs qu'il ne tenait qu'à vous d'affaiblir. Je ne me persuaderai point que les Athéniens, qui ont fait éclater de si terribles desseins contre vous, gardent longtemps la reconnaissance qu'ils devront à votre mollesse ; et s'ils en font quelque semblant jusqu'à ce qu'ils aient revu leurs troupes, ils reprendront leur premier dessein dès que vous leur aurez rendu les forces nécessaires pour l'exécuter. [6] Je vous prends à témoins, ô Jupiter et tous les dieux, que j'avertis ceux qui m'écoutent, de ne point sauver des ennemis, de ne point abandonner des alliés, de ne point exposer leur patrie au péril dont elle sort. Et vous, peuple de Syracuse, souvenez-vous bien que s'il vous arrive quelque malheur pour avoir relâché vos captifs, vous ne pourrez en accuser que vous-mêmes.
33 Le Spartiate ayant ainsi parlé toute l'assemblée revint de la compassion dont elle avait d'abord été touchée et passa à l'avis de Dioclès. Les deux généraux et tous les soldats alliés furent égorgés. Les Athéniens furent envoyés aux Carrières, d'où quelques-uns néanmoins, qui avaient plus d'éducation et plus de lettres que les autres, furent tirés par la faveur des jeunes gens de la ville. Mais tout le reste mal entretenu et maltraité dans les fers et dans les travaux, y périt misérablement. 

[2] Après la fin de la guerre Dioclès écrivit des lois pour les Syracusains. Il fut l'objet de l'admiration de ses concitoyens pendant sa vie qu'il termina par une mort encore plus extraordinaire. Il avait prescrit une rigueur inflexible à l'égard des prévaricateurs et les peines qu'il imposait étaient graves. [3] Une de ses lois, par exemple, portait qu'il fallait punir de mort celui qui viendrait dans l'assemblée publique avec une épée, ou une autre arme, quand même il alléguerait l'ignorance de la loi ou quelque autre prétexte que ce put être. [3] Or, un jour il s'éleva un bruit que les ennemis paraissaient auprès de la ville : il sortit aussitôt de sa maison avec son épée. Mais le même bruit ayant excité du tumulte dans la grande place ; il y entra en passant et sans songer à son épée. Un particulier qui s'en aperçut lui dit qu'il détruisait sa propre loi. Au contraire, répondit-il, je prétend l'affermir davantage. Et aussitôt, il se plongea lui-même son épée dans le cœur. Ce sont là les événements de cette année.
XI
. Olympiade 92, an 1. 412 avant l’ère chrétienne.
34 CALLIAS étant archonte d'Athènes, les Romains, au lieu de consuls, créèrent quatre tribuns militaires, P. Cornelius, C. Valerius Potitus, Quintius Cincinnatus et Fabius Vibulanus. L'Élide célébrait alors l'Olympiade 92 dans laquelle Exaenete d’Agrigente, fut vainqueur à la course. Après la déroute des Athéniens, en Sicile, leur République commença à tomber dans le mépris. [2] Les insulaires de Chio et de Samos, les habitants de Byzance et plusieurs autres de leurs alliés, cherchèrent à s'attacher à Lacédémone. Le peuple même découragé renonça à la démocratie et confia l'autorité publique à quatre cents hommes choisis. Ce gouvernement oligarchique fit construire plusieurs galères et équipa une flotte de quarante vaisseaux, à laquelle on donna des commandants, qui ne s'accordaient pas beaucoup entre eux. [3] La flotte arriva cependant au port d'Orope où les vaisseaux lacédémoniens étaient à l'ancre. Il se donna là un combat où ces derniers furent vainqueurs et prirent vingt-deux bâtiments d'Athènes. [4] Outre cela, les Syracusains ayant mis fin à la guerre que les Athéniens leur avaient portée, marquèrent leur reconnaissance pour le secours qu'ils avaient reçu des Lacédémoniens, sous la conduite de Gylippe, en leur envoyant leur part des dépouilles qu'ils avaient faites sur les ennemis. Ils les firent même accompagner d'une flotte de trente-cinq vaisseaux, en témoignage de l'alliance qu'ils contractaient ou qu'ils confirmaient avec eux contre les Athéniens. Cette flotte était commandée par Hérmocrate, l'homme le plus considérable de leur ville. [5] Ramassant ensuite tout le butin qui leur restait, ils ornèrent leurs temples d'armes et d'autres dons faits aux dieux et distribuèrent bien des richesses à ceux des leurs qui s'étaient distingués dans cette guerre. [6] Ce fut alors que Dioclès, le plus accrédité de leurs citoyens, leur conseilla de tirer au sort les noms de ceux qu'ils devaient avoir pour magistrats ; et outre cela, de choisir des gens capables de former des lois judicieuses, qu'ils composeraient chacun en leur particulier. 
35 Sur cet avis, ils nommèrent ceux d'entre eux qui passaient pour les plus sages et les chargèrent de cette fonction. Dioclès se distingua bientôt entre tous les autres par sa capacité en cette matière : de telle sorte que le corps de ces lois auxquelles ses associés ne laissaient pas d'avoir eu part, n'a jamais néanmoins porté d'autre nom que celui de Dioclès. [2] Il fut l'objet de l'admiration de ses concitoyens pendant sa vie qu'il termina par une mort encore plus extraordinaire. Les Syracusains lui décernèrent après sa mort les honneurs héroïques et ils lui bâtirent aux dépens du public un temple qui fut détruit dans la suite par Denys, à l'occasion d'une forteresse qu'il faisait construire.  Dioclès ne fut pas moins estimé de tous les autres habitants de la Sicile, [3] et plusieurs villes adoptèrent ces mêmes lois et les conservèrent jusqu'au temps où ces villes furent admises au rang et aux droits des villes romaines. Et quoique dans la suite Céphalus sous le gouvernement de Timoléon, et Polydore sous le règne d'Hiéron, aient écrit des lois, les Syracusains, au lieu de leur donner le titre de législateurs, ne les ont nommés qu'interprètes du législateur parce qu'en effet ces lois nouvelles en apparence, n'étaient qu'une version ou un commentaire de celles de Dioclès, qui par le changement arrivé dans le langage ne s'entendaient plus que difficilement. [4] On aperçoit dans leur auteur une grande haine pour le vice, en ce qu'aucun législateur n'a établi de plus graves peines contre l'injustice ; et en même temps une grande équité par les récompenses inusitées avant lui et qu'il assigne avec une juste proportion aux différentes actions de vertus. Il paraît homme d'intelligence et d'expérience par le jugement qu'il porte en détail de tout fait public ou particulier digne de louange ou de blâme, de récompense ou de châtiment. Il est concis dans ses termes et en plusieurs endroits le lecteur a besoin de pénétration pour prendre son sens : mais il laisse beaucoup penser. [5] Enfin, la manière dont il est mort est un témoignage de la fermeté de son âme. J'ai crû devoir un peu m'étendre sur son sujet parce que ceux qui ont parlé de lui avant moi, n'en n'avaient pas assez dit. 
36 Les Athéniens instruits du désastre de leur armée dans la Sicile, sentirent tout le poids de leur infortune. Mais ils ne rabattirent rien pour cela de la jalousie ou de l'émulation qui leur faisait disputer la supériorité aux Lacédémoniens. Ils rassemblèrent au contraire plus de vaisseaux qu'auparavant et fournirent plus d'argent à ceux de leurs officiers de guerre qui se prêtaient le plus à leur ambition au sujet de la primauté et qui en abandonnaient moins l'espérance. [2] Ainsi après avoir choisi leurs quatre cents chefs, ils leur donnèrent un plein pouvoir sur tout ce qui concernait la guerre ; et ils se flattaient que l'oligarchie serait plus avantageuse que la démocratie pour l'exécution de leurs projets. [3] Le succès ne répondit pourtant pas à leur attente et leurs entreprises militaires tournèrent encore plus mal qu'auparavant ; surtout parce que leurs quarante vaisseaux étaient commandés par deux généraux qui ne s'accordaient pas, dans un temps où Athènes déchue de sa première réputation, ne pouvait se rétablir que par l'unanimité la plus parfaite. [4] En effet, à peine furent-ils arrivés devant Orope, qu'ayant mal pris leurs rangs ils furent battus par les Lacédémoniens. Là, comme nous l'avons déjà dit, ils perdirent vingt-deux vaisseaux et ce ne fut qu'avec beaucoup de peine qu'ils conduisirent le reste au port d'Erétrie. [5] Cette nouvelle déroute, jointe à la dissension de leurs généraux, leur fit perdre le peu d’alliés qui leur restaient. En ce même temps, comme Darius, roi de Perse, favorisait les Lacédémoniens, Pharnabaze qui était son lieutenant sur toutes les côtes de son empire, leur fournissait des secours d'argent. Il fit même venir trois cents vaisseaux de la Phénicie, dans le dessein de les faire aborder en Béotie pour le service des Lacédémoniens. 
37 Il n'y avait personne, qui voyant les Athéniens menacés de tant de côtés, en même temps ne crut que la guerre allait finir par leur ruine ; on ne pensait pas même qu'ils pussent faire une résistance de quelque durée. Cependant les choses n'arrivèrent pas comme on l'avait présumé, et la grandeur d'âme de quelques-uns d'entre-eux fit prendre à leur fortune une face toute contraire; comme on le va voir.
XII
. [2] ALCIBIADE, fugitif d'Athènes combattit pendant quelque temps avec les Lacédémoniens, et leur fut même d'un grand secours par son éloquence et par ses lumières, deux qualités qui le mettaient fort au-dessus de ses nouveaux concitoyens. [3] Mais comme il était le premier homme d'Athènes par sa naissance et par ses richesses. il ne perdait point sa patrie de vue et il cherchait continuellement dans son esprit le moyen de lui rendre quelque service considérable, dans un temps surtout où elle paraissait être à la veille de sa chute. [4] Comme il avait une liaison secrète d'amitié avec Pharnabaze, dès qu'il sut qu'il faisait venir trois cents vaisseaux pour le service des Lacédémoniens, il entreprit de lui faire changer de projet. Il lui représenta qu'il ne convenait point aux intérêts de Darius ni des Perses, que les Spartiates devinssent si puissants, et que la politique demandait au contraire que l'on tint le plus qu'on le peut la balance égale entre ses ennemis, pour être en repos dans tout le temps qu'ils disputent ensemble. [5] Pharnabaze qui goûta cet avis contremanda aussitôt la flotte qu'il faisait venir de Phénicie et la fit rentrer dans ses ports. Alcibiade ne se contenta pas d'avoir privé les Lacédémoniens d'un secours de cette importance, mais ayant obtenu ensuite son retour dans sa patrie et le commandement de l'armée, il les battit en plusieurs rencontres et releva la gloire d'Athènes : [6] nous verrons les circonstances de ce rétablissement, à mesure que l'ordre des temps les amènera.
Olympique 92, an 2. 411 avant l'ère chrétienne.
38 L'année suivante Théopompe étant archonte d'Athènes, les Romains au lieu de consuls créèrent encore quatre tribuns militaires. Tib. Posthumius, C. Cornelius, C. Valerius et Caeso Fabius. Les Athéniens renonçant au gouvernement des quatre cents, rétablirent l'autorité populaire et démocratique; [2] l'auteur de ce changement fut Théramène, homme sage dans sa conduite particulière et qui passait pour très éclairé dans les affaires publiques. C'était lui qui avait conseillé de rappeler Alcibiade, avec lequel ses concitoyens rappelèrent leur propre salut. En un mot Théramène ayant proposé différentes choses très avantageuses à sa patrie, se fit un grand nom ; [3] mais tout cela n'arriva que dans la suite. En l'année que nous commençons les Athéniens avaient choisi pour généraux Thrasylle et Thrasibule, qui ayant conduit la flotte à Samos, la tenaient dans des exercices continuels, pour la disposer aux combats de mer. [4] Pendant ce temps-là Mindarus, commandant des vaisseaux de Lacédémone, attendait à Milet le secours promis par Pharnabaze. Il n'espérait pas moins que d'anéantir la république d'Athènes avec les trois cents voiles de la Phénicie, [5] lorsqu'il apprit que Pharnabaze, gagné par Alcibiade, manquerait à sa parole. Ainsi renonçant à cette espérance, il fit venir lui-même des vaisseaux du Péloponnèse et des colonies étrangères. [6] Les Grecs d'Italie, par exemple, qui favorisaient ouvertement Lacédémone lui en fournirent treize, que Mindarus fit partir pour Rhodes sous la conduite de Dorieus, parce qu'il avait appris qu'il se formait dans cette île quelque mouvement désavantageux. Lui-même avec tout le reste de sa flotte, qui montait encore à quatre-vingt-trois vaisseaux, tourna vers l'Hellespont, pendant que la flotte d'Athènes était à Samos. [7] Les généraux athéniens les voyant passer allèrent à leur rencontre avec soixante vaisseaux. Les Spartiates poursuivirent leur route vers Chio et les Athéniens jugèrent à propos de prendre les devants sur eux en s'avançant jusqu'à Lesbos, pour joindre à leur flotte quelques galères des alliés, afin de la rendre égale en nombre à celle de leurs ennemis. 
39 Mindarus laissa pas d'aller en avant et passa de nuit avec toute sa flotte, il arriva à l'entrée de l'Hellespont et le lendemain il débarqua à Sigée. Les Athéniens le sachant là n'attendirent pas toutes les galères qu'ils devaient recevoir de leurs alliés et quoi qu'il ne leur en fut encore venu que trois, ils cinglèrent vers Sigée. [2] En arrivant ils aperçurent que la flotte ennemie avoir déjà levé l'ancre et qu'il n'en restait plus que trois vaisseaux, dont ils se saisirent. De là venant à Eleum ils se disposèrent à un combat naval. [3] Les Lacédémoniens voyant ces préparatifs, en firent de semblables de leur côté pendant cinq jours et ayant bien exercé leurs rameurs, ils mirent en ordre de bataille quatre-vingt-huit vaisseaux. Ils étaient du côté de l'Asie et les Athéniens qui leur faisaient face se trouvaient du côté de l'Europe : ceux-ci n'égalaient pas leurs adversaires en nombre, mais ils les surpassaient en expérience. [4] La flotte lacédémonienne était composée des vaisseaux de Syracuse, commandés par Hermocrate sur la droite et de ceux du Péloponnèse commandés par Mindarus sur la gauche. Du côté des Athéniens c'était Thrasylle qui commandait la droite et Thrasybule qui commandait la gauche. Chacune des deux flottes fit d'abord divers mouvements, pour n'avoir pas de son côté le courant contraire. [5] Elles se croisèrent plus d'une fois, pour se disputer réciproquement l'avantage du poste et les endroits les plus favorables du détroit. Car comme la bataille se devait donner entre Sestos et Abydos, il était difficile d'y gouverner les vaisseaux. Cependant enfin les Athéniens, bien plus habiles dans cet art, que leurs adversaires, surent préparer la victoire par cette première manœuvre. 
40 Car malgré le nombre des vaisseaux du Péloponnèse et la violence de leur choc, les pilotes athéniens savaient rendre inutiles l'un et l'autre ; ils s'arrangeaient de manière qu'ils dérobaient toujours leurs flancs à l'impétuosité des attaques et ne leur présentaient jamais que leurs pointes. [2] C'est pourquoi Mindarus voyant que cette réunion d'efforts ne servait de rien, il employa peu de vaisseaux, au même un seul des siens, contre un seul vaisseau ennemi et changea en quelque sorte un combat général en plusieurs combats particuliers. Cet expédient ne le garantit pas de l'adresse des pilotes athéniens, qui évitant toujours la pointe des vaisseaux ennemis, leur portaient eux-mêmes dans les flancs des coups terribles et en faisaient ouvrir plusieurs. [3] L'émulation s'empara alors des uns et des autres de sorte qu'on passa bientôt du choc des vaisseaux à l'abordage et au combat d'homme à homme. Le courant du détroit qui nuisait alternativement aux uns et aux autres suspendit assez longtemps la victoire; [4] et dans cet intervalle on aperçut de dessus une hauteur 25 vaisseaux envoyés aux Athéniens par leurs alliés. Les Spartiates alarmés de ce secours se sauvèrent du côté dAbydos, où les Athéniens les poursuivaient de près et vivement. [5] Mais enfin le combat fini, les vainqueurs se trouvèrent maîtres de huit vaisseaux de Chio, de cinq de Corinthe et de deux d'Ambracie, outre un vaisseau de Syracuse, un autre de Pallene et un troisième de Leucade. Pour eux ils en avaient perdu cinq, qui furent absolument coulés à fond. [6] Thrasybule dressa un trophée sur le promontoire où on a élevé un tombeau sous le nom d'Hécube, et il envoya porter incessamment la nouvelle de cette victoire à Athènes : après quoi il passa avec toute fa flotte à Cyzique, parce que cette ville, un peu avant le combat naval, avait changé de parti et s'était donnée à Pharnabaze, lieutenant de Darius et à Cléarque, officier de guerre des Lacédémoniens. Comme ils la trouvèrent sans murailles, ils s'en mirent aisément en possession et après en avoir tiré une grosse somme d'argent, ils revinrent à Sestos. 
41 Mindarus général des Lacédémoniens, réfugié dans Abydos, y fit radouber ses vaisseaux endommagés et envoya Epiclès le spartiate dans l'Eubée pour en ramener incessamment des galères qui y étaient en réserve. [2] Celui-ci s'étant acquitté de sa commission avec diligence, conduisait cinquante galères. Lorsque passant au pied du mont Athos, il s'éleva une tempête si violente, qu'il les perdit toutes sans exception et ne sauva avec lui que douze hommes seulement. [3] C'est ce que marque l'inscription conservée dans un temple des environs de Coronée qui, suivant le rapport d'Ephore, était conçue en ces termes.
Le Mont Athos prêta ses rochers pour rivage
A douze hommes sortant des eaux,
Seul reste du débris de cinquante vaisseaux
Dont Sparte en une nuit essuya le naufrage.

[4] Environ ce même temps Alcibiade à la tête de treize galères, débarqua chez les habitants de Samos, qui avaient déjà ouï-dire qu'il avoir dissuadé Pharnabaze de prêter trois cens vaisseaux aux Lacédémoniens. [5] Ces insulaires lui ayant fait beaucoup d'accueil, il entra en conversation avec eux sur son retour à Athènes et leur fit comprendre qu'il serait d'un grand secours à ses concitoyens. Venant ensuite à sa justification, il déplora l'infortune où l'avaient réduit ses ennemis, d'employer ses talents contre sa patrie. 
42 Tout ce qu'il y avait de gens de guerre à Samos l'écoutaient avidement et firent bientôt passer ces discours jusque à Athènes ; de sorte que la république jugea à propos de l'absoudre et de lui donner part au gouvernement militaire. Persuadée qu'elle était de son expérience et de son courage, instruite surtout de la haute estime qu'on avoir pour lui, dans toute la Grèce, elle jugeait très sagement que sa réconciliation avec elle ferait prendre un cours favorable à la fortune. [2] Théramène, l'homme le plus sensé de la Ville et dont l'avis entraînait toujours celui des autres, leur avait conseillé le premier de rappeler Alcibiade. Dès que celui-ci eut appris ces nouvelles à Samos, il joignit neuf vaisseaux aux treize qu'il avait amenés, et cingla du côté de la Ville d'Halicarnasse, dont il tira beaucoup d'argent; [3] il passa ensuite à Méropide et après l'avoir pillée, il revint à Samos. Là il distribua aux soldats de Samos, et à tous ceux qui l'avaient suivi, les dépouilles considérables qu'il avait apportées et s'attira par cette libéralité la bienveillance de tout le monde. [4] Alors les habitants d'Antandros, dont la ville était gardée par les Perses, demandèrent aux Lacédémoniens des troupes, par le moyen desquelles ils chassèrent cette garnison étrangère et se mirent en liberté. Car les Lacédémoniens, qui savaient le contre ordre que Pharnabaze avait donné au sujet des trois cents vaisseaux de Phénicie, furent bien aises de se venger de cette infidélité, par le secours qu'ils donnèrent à Antandros. 
[5] Thucydide termine ici son histoire, qui comprend l'espace de vingt-deux ans en huit livres, que quelques-uns partagent en neuf. Xénophon et Théopompe, commencent la leur au point où Thucydide en est demeuré, mais Xénophon donne à la sienne l'étendue de 48 ans et celle de Théopompe n'en comprend que 17 en douze livres, finissant à la bataille gagnée par Conon et par les Perses sur les Lacédémoniens devant Cnide. [6] Pendant qu'on en était dans la Grèce et dans la Perse au point que nous avons marqué, les Romains en guerre contre les Èques, s'était jetés dans leur territoire avec une grosse armée et ils prirent la ville de villes qu'ils avaient assiégés.
XIII. Olympiade 92, an 3. 410 ans avant l’ère chrét.
43 GLAUCIPPE étant archonte d'Athènes, les Romains firent consuls M. Cornelius et L. Furius. Les Egestans, anciens alliés des Athéniens contre Syracuse, commencèrent à entrer en crainte que la guerre étant finie, on ne prit sur eux une vengeance assez légitime de tous les maux qu'avaient faits à la Sicile les ennemis qu'ils y avaient attirés. [2] C'est pourquoi les Selinuntins ayant renouvelé les prétentions qu'ils avaient sur une partie du territoire de Ségeste, les habitants de cette dernière ville, dès les premières hostilités, cédèrent volontairement la portion qu'on leur demandait, de peur que Syracuse, prenant le parti de Sélinonte, ne profitât de cette occasion pour les chasser absolument de leur patrie. [3] Mais les Selinuntins ayant abusé de cette cession volontaire, pour envahir encore bien des terres autour de Segeste, les habitants résolurent d'envoyer une ambassade aux Carthaginois, pour les inviter à prendre la défense d'une ville qui se mettait sous leur protection. [4] Les ambassadeurs étant arrivés et ayant exposé leur commission devant le Sénat, on demeura très embarrassé sur la réponse qu'on avait à leur faire : car d'un côté ils avaient grande envie d'accepter l'offre qu'on leur faisait d'une ville très convenable pour eux et de l'autre ils craignaient extrêmement les Syracusains, dont la valeur venait de repousser avec tant d'éclat toutes les forces d'Athènes. [5] L'acquisition dont ils étaient flattés l'emporta néanmoins sur l'autre considération : on promit donc du secours aux ambassadeurs. Et comme on prévit qu'il en faudrait venir à une guerre, on en donna l'administration à Hannibal, qui, selon les lois établies exerçait alors la souveraine autorité. Il était petit-fils de cet Hamilcar, qui étant venu faire la guerre à Gélon, mourut à Himère, et le fils de Gescon, qui, ayant été exilé à cause de la défaite de son père, passa le reste de ses jours à Sélinonte. [6] Hannibal, qui haïssait naturellement les Grecs et qui d'ailleurs voulait réparer le tort ou le malheur de ses ancêtres, conçut un désir ardent de se rendre utile à sa patrie. Voyant donc que les Selinuntins ne se contentaient pas du territoire qu'on leur avait cédé, il envoya conjointement avec les Egestains des ambassadeurs à Syracuse, pour remettre à cette ville la décision de ce différent. Ce procédé, qui à l'extérieur n'avait rien que d'équitable, partait du dessein secret de détacher Syracuse du parti des Selinuntins, si ces derniers refusaient les arbitres qui leur étaient proposés. [7] Cependant les Selinuntins envoyèrent aussi des ambassadeurs à Syracuse, qui disputèrent beaucoup avec ceux de Segeste et de Carthage, et qui soutenaient toujours qu'ils n'étaient obligés de se soumettre au jugement de personne. La conclusion de cette dispute fut que les Syracusains déclarèrent qu'ils voulaient conserver leur alliance avec les Selinuntins et la paix avec les Carthaginois. 
44 Après le retour des ambassadeurs à Carthage, cette ville envoya au secours de Segeste cinq mille Africains et huit cents hommes de la Campanie. [2] Les habitants de Chalcis en Macédoine avaient levé à leurs dépens ces italiens, pour le service d'Athènes dans la guerre contre Syracuse ; de sorte qu étant demeurés inutiles après la déroute des Athéniens, ils ne savaient à qui se donner. Les Carthaginois les mirent tous à cheval, avec une forte paye et leur confièrent la garde de Segeste. [3] Les Selinuntins, peuple nombreux et opulent, et qui jusque là avaient eu l'avantage, méprisaient beaucoup ceux de Segeste ; ils s'avancèrent d'abord en ordre dans le pays des Egestains et y firent beaucoup de ravage, parce que se tenant réunis, ils étaient encore les plus forts. Mais se laissant emporter ensuite à une confiance téméraire, ils se répandirent de tous côtés dans la campagne. [4] Les commandants des Egestains qui les observaient, s'attroupèrent en divers corps toujours mêlés de Carthaginois et de Campaniens, et attaquant leurs ennemis en même temps dans des passages où on ne les attendait pas, ils les mirent bientôt en pièces : il en coûta la vie à près de mille Selinuntins, sur lesquels on reprit tout le pillage qu'ils avaient fait. D'abord après cette rencontre les Selinuntins envoyèrent demander du secours à Syracuse, et les Egestains à Carthage, [5] et comme on en promit de part et d'autre, c'est ici que commence la guerre de Carthage contre Syracuse. Les Carthaginois qui sentaient l'importance de cette entreprise, en confièrent la conduite à Hannibal, avec un plein pouvoir d'assembler toutes les forces dont il aurait besoin et ils lui en fournirent eux-mêmes les facilités. [6] Hannibal employa l'été où l'on était alors et l'hiver suivant à faire des levées considérables dans l'Espagne, et il enrôla même un grand nombre de ses citoyens. Parcourant outre cela toute l'Afrique, il choisit par tout les hommes les plus grands et les plus forts ; et s'étant pourvu aussi des vaisseaux qui lui seraient nécessaires, il n'attendait plus que le printemps pour faire faire le trajet à son armée. Voilà pour cette année ce qui regarde la Sicile. 
45 XIV. DANS la Grèce, Dorieus de Rhodes, commandant des galères envoyées d'Italie, ayant apaisé, suivant la commission de Mindarus, là sédition qui se formait en cette île, en faveur des Athéniens, fit voile côté de l'Hellespont pour se rejoindre son général : car celui-ci, toujours retiré dans Abydos, rassemblait là tous les vaisseaux qu'il pouvait tirer des alliés du Péloponnèse. [2] Dorieus étant arrivé à la hauteur de Sigée dans la Troade, les Athéniens qui résidaient à Sestos furent avertis de son passage; ils s'avancèrent sur lui avec toute leur flotte composée de 74 vaisseaux. [3] Dorieus qui fut quelque temps sans les apercevoir, suivait toujours sa route. Mais dès qu'il eut découvert cette flotte prodigieuse en comparaison de la sienne, il en fut épouvanté et crut n'avoir point d'autre ressource que de se réfugier dans le port de Dardanus : [4] il y mit ses soldats à terre et ayant fait ramasser tout ce qu'il y avait d'armes et de traits dans la place, il joignit la garnison à ses troupes et plaçant les uns ou les autres ou sur le rivage ou sur les proues de ses vaisseaux, il se prépara à la défense. [5] Les Athéniens qui se rendirent là à toutes voiles, l'environnèrent aussitôt et tâchaient de séparer et de tirer à eux les vaisseaux ennemis pour les battre plus aisément; enfin ils les tourmentaient beaucoup par leur grand nombre. [6] Le général Mindarus apprenant cette nouvelle, partit sur le champ d'Abydos avec toute sa flotte, et arrivant bientôt au port de Dardanus il fournit à Dorieus un secours de quatre-vingts-quatre vaisseaux. Pharnabaze se trouva aussi dans ce voisinage avec une armée de terre, qui favorisait les Lacédémoniens. [7] Les deux flottes se voyant en présence l'une de l'autre se mirent en ordre de bataille. Mindarus qui avait en tout quatre-vingt-dix-sept vaisseaux donna la gauche aux Syracusains et prit lui-même la droite. Du côté des Athéniens Thrasybule commandait la droite et Thrasille commandait la gauche. [8] Dans cette disposition les généraux donnèrent le signal, et les trompette se faisant entendre de part et d'autre en même temps, semblèrent ne former qu'un son. [9] Les rameurs se mirent en action avec une ardeur merveilleuse, et les pilotes, gouvernant le timon avec un grand art, rendirent le combat long et terrible; car ils ne présentaient jamais que la pointe ou la proue au choc violent et mutuel qu'ils se donnaient incessamment les uns aux autres. [10] Les soldats qui étaient sur les ponts ne pouvaient s'empêcher de trembler à l'aspect d'un vaisseau, qui semblait toujours de loin les venir prendre en flanc et les briser : mais ils étaient bientôt rassurés par l'adresse de leurs pilotes qui attendaient toujours le dernier moment pour se retourner à propos. 
46 Cette espèce de délivrance subite leur donnait un nouveau courage. Pendant qu'on tirait des traits sur les vaisseaux les plus éloignés, jusqu'à en couvrir toute la surface des ponts on se battait dans l'abordage à coups de lance et l'on tâchait de frapper non seulement les soldats mais le pilote. Dès que l'on s'était accroché, on employait les armes plus courtes ; et lorsqu'on pouvait sauter dans le vaisseau ennemi, on s'y battait à l'épée. [2] Les cris de joie que poussaient ceux qui avaient l'avantage et les secours que les plus faibles appelaient de toutes leurs forces remplissaient l'air d'un bruit épouvantable dans une grande étendue de mer. Le combat s'était soutenu longtemps par l'émulation des deux partis dans l'incertitude du succès, lorsqu'Alcibiade qui, sans rien savoir de cette bataille, passait alors dans l'Hellespont, fit paraître tout d'un coup une flotte de vingt vaisseaux. [3] À cet aspect les deux partis s'animèrent d'espérance et prirent de nouvelles forces, dans la pensée commune de part et d'autre que ce secours les regardait. Mais cette petite flotte s'avançant toujours ne donnait aucun signal que les Lacédémoniens puissent reconnaître ; au lieu qu'Alcibiade fit élever sur son propre vaisseau un étendard couleur de pourpre, indice dont il était déjà convenu avec les Athéniens. Aussitôt les Lacédémoniens, qui comprirent de quoi il s'agissait, se mirent en fuite et les Athéniens, profitant de ce découragement et de leur nouvel avantage, les poursuivirent avec vigueur [4] et leur prirent dix vaisseaux dans cette poursuite. Mais elle fut arrêtée par une grande tempête qui s'éleva subitement ; car la hauteur et l'impétuosité des flots leur ôta tout usage du gouvernail, et non seulement les empêcha de joindre aucun des vaisseaux qui fuyaient, mais les sépara même de ceux qu'ils avaient déjà accrochés. [5] Enfin tout l'équipage de la flotte lacédémonienne jeté sur le rivage se joignit à l'armée de terre de Pharnabaze. Les Athéniens ayant tenté ensuite de se saisir de ces vaisseaux vides, furent repoussés dans cette entreprise plus périlleuse qu'ils ne croyaient, par l'année des Perses, et se retirèrent à Sestos. [6] Pharnabaze avait agi vigoureusement en cette occasion, pour se laver des soupçons que les Spartiates avaient pris à son sujet, surtout depuis l'affaire des trois cents vaisseaux de Phénicie ; et il se justifia sur cet article en disant qu'il avait appris que les rois de l'Arabie et de l'Égypte avaient dessein d'attaquer la Phénicie, dès qu'ils la verraient dégarnie de cette défense. 
XV. 47 LA bataille navale ayant eu l'issue que nous venons de marquer, les Athéniens qui n'avalent passé qu'une nuit à Sestos, allèrent chercher dès le lendemain les débris de la flotte Lacédémonienne et après les avoir recueillis, ils joignirent un second trophée à celui qu'ils avaient dressé au sortir dut combat. [2] Mindarus qui ne s'était reposé dans Abydos que la première veille de la nuit, travailla t rassembler les vaisseaux endommagés et envoya demander incessamment à Lacédémone des secours de terre et de mer, parce qu'il voulait employer le temps que l'on mettait au radoub des vaisseaux, à assiéger avec Pharnabaze les villes d'Asie, alliées aux Athéniens. [3] Les habitants de Chalcis et presque tous les insulaires de l'Eubée, avaient abandonné leur parti : c'est pourquoi ils craignaient beaucoup que les Athéniens, redevenus maîtres de la mer, ne vinssent ravager leur île. Dans cette appréhension ils proposèrent aux Béotiens de combler l'Euripe, et de ne faire qu'un continent de la Béotie avec l'Eubée. [4] Les Béotiens agréèrent cette proposition et il leur parut avantageux d'entrer par terre dans un pays qui demeurerait île pour les autres peuples. Ainsi toutes les villes des environs travaillèrent à l'envi et de concert à cet ouvrage et non seulement elles y obligèrent leurs citoyens mais elles exigèrent encore des étrangers qui se trouvaient dans le voisinage d'y prêter leurs mains de forte que la vigilance des ingénieurs et la multitude des ouvriers conduisit bientôt à fin cette entreprise. [5] La chaussée commençait auprès d'Aulis du côté de la Béotie et aboutissait à Calchis dans l'Eubée, parce c'était là le trajet le plus court de tout le détroit. Or, il y avait eu de tout temps en cet endroit même un courant, au plutôt un flux et reflux de la mer très violent et très fréquent. L'ouvrage auquel on travaillait augmenta encore l'impétuosité des eaux, car on ne leur avait laissé de libre que la largeur nécessaire pour le passage d'un vaisseau et l'on avait bâti une haute tour sur chacune des deux extrémités de cette ouverture, recouverte par dessus d'un pont de bois. [6] Théramène, envoyé par les Athéniens avec trente vaisseaux, entreprit d'abord de s'opposer à cet ouvrage de communication : mais les travailleurs étant soutenus par un grand nombre de soldats, il abandonna son projet et passa dans les îles voisines. [7] Là, pour soulager les alliés d'Athènes des contributions qu'on était obligé de lever sur eux, il pilla les villes ennemies et en rapporta de riches dépouilles. Dans les villes mêmes qui étaient de son parti il condamna à de grosses amendes ceux qui avaient essayé d'y introduire des nouveautés. [8] Passant de là à Paros et y trouvant l'autorité publique entre les mains d'un petit nombre de citoyens, il y rétablit le gouvernement populaire ett exigea de grosses contributions de ceux qui avaient fait recevoir l'oligarchie. 
48 XVI. IL s'était élevé depuis peu dans Corcyre une sédition qui avait été suivie d'un grand carnage. La principale cause de ce désordre avait été la haine invétérée que le habitants se portaient les uns aux autres. [2] Il n'y a jamais eu dans aucune ville tant d'inimitiés, tant de querelles et tant de meurtres. On fait monter à quinze cents hommes et tous des principaux de la ville le nombre des citoyens qui périrent en cette occasion. [3] À ce malheur, la fortune en ajouta un autre qui augmenta encore leur aversion mutuelle. Car les plus considérables d'entre eux qui aspiraient à l'oligarchie, prenaient le parti des Lacédémoniens ; au lieu que le peuple et la multitude favorisait les Athéniens et voulait combattre pour eux. [4] En effet, ces deux nations principales de la Grèce avaient une politique différente à l'égard de leurs alliés. Lacédémone donnait toujours dans les villes de sa dépendance l'autorité aux plus puissants et y établissait l'aristocratie ; et Athènes au contraire maintenait partout l'autorité populaire ou démocratique. [5] Ainsi les Corcyréens voyant que leurs citoyens les plus considérables penchaient pour Lacédémone, envoyèrent demander à Athènes une garnison pour leur ville. [6] En conséquence de cette proposition, Conon général des Athéniens fit voile vers Corcyre où il laissa pour garder la ville six cents Messéniens pris à Naupacte; après quoi, il se remit en mer et vint jeter l'ancre au temple de Junon. [7] Dès qu'il fut parti cette garnison étrangère se joignant au peuple, se jeta à l'occasion et dans le temps d'une assemblée publique sur ceux qui tenaient pour les Lacédémoniens et là ils se saisirent des uns, ils en engorgèrent d'autres et en mirent en fuite plus de mille. Ils donnèrent ensuite la liberté aux esclaves et le droit de bourgeoisie aux étrangers, pour se défendre contre les exilés dont ils craignaient le crédit et le nombre. [8] Ces derniers cependant, exclus ainsi de leur patrie, se réfugièrent dans le continent le plus voisin de leur île. Quelques jours après, les amis des exilés se rendirent maîtres de la place publique, y conclurent leur rappel et y décidèrent des intérêts communs de nation. Les bannis étant revenus dès la nuit suivante, tous les habitants de Corcyre entrèrent en conférence les uns. avec les autres. Ils convinrent tous ensemble d'apaiser leurs dissensions funestes et ils vécurent tranquillement dans la suite. Voilà qu'elle sut la fin de ce bannissement et de la guerre intestine de Corcyre. 
49 Archelaus, roi de Macédoine, ayant appris que les habitants de Pydne s'étaient révoltés mena contre cette ville une grande armée. Théramène se joignit à lui avec ses troupes ; mais voyant que le siège traînait en longueur, il abandonna le roi et vint se joindre à Thrasybule, commandant général des Athéniens. [2] Archelaus s'animant encore davantage par cette retraite, serra Pydne de plus près et dès qu'il l'eût prise, il en transporta les habitations à vingt stades ou environ des bords de la mer, où elle était auparavant. Dès la fin de l'hiver le Spartiate Mindarus rassembla des vaisseaux de tous côtés; il en tira plusieurs du Péloponnèse et le reste des autres alliés. La flotte Athénienne qui apprit à Sestos ce grand appareil, commença, à craindre qu'on ne vînt l'enlever dans son port. [3] C'est pourquoi sortant de là elle doubla la Chersonèse et vint se retirer à Cardie. Elle fit partir aussitôt des brigantins pour inviter les généraux Thrasybule et Théramène de venir avec toute leur armée à la défense de la flotte. On fit porter le même avis à Alcibiade qui se trouvait à Lesbos ; de sorte que les uns et les autres, ayant amené leurs vaisseaux, attendaient avec impatience la décision d'un combat général. [4] Du côté des Lacédémoniens, Mindarus assembla toute sa flotte autour de l’île de Cyzique dans la Propontide et commença par le siège de la ville. Pharnabaze s'était joint à lui avec un secours considérable, et ils emportèrent la ville de force. [5] À cette nouvelle ses capitaines athéniens jugèrent à propos de s'avancer du côté de Cyzique, et ayant côtoyé la Chersonèse, ils se trouvèrent à la vue d'Eleum. Ils choisirent le temps de la nuit pour passer devant Abydos, dans le dessein de cacher leur nombre aux ennemis. [6] Arrivés enfin à Proconnese, ils se tinrent à l'ancre pendant une nuit. Dès le lendemain, ils firent transporter leur infanterie dans le territoire de Cyzique sous le commandement de Charès, auquel ils donnèrent ordre d'invertir cette ville. 
50 Eux cependant partagèrent leur flotte en trois escadres, dont les trois chefs furent Alcibiade, Théramène et Thrasybule. Alcibiade s'avança le premier, et bien au delà des autres, dans le dessein de provoquer les ennemis au combat. Théramène et Thrasybule épiaient l'occasion de les envelopper pour leur fermer toute retraite du côté de la terre. [2] Mindarus lui ne voyait que l'escadre d'Alcibiade, sans pouvoir découvrir les autres, n'en fit pas un grand cas et alla sur elle avec quatre-vingt voiles. Dès qu'il en fût proche, les vaisseaux Athéniens, comme on en était convenu, firent semblant de prendre la fuite. Ceux du Péloponnèse transportés de joie et se croyant déjà vainqueurs, ne manquèrent pas de les poursuivre. [3] Mais dès qu'Alcibiade les vit loin de leur rivage, il éleva le signal qui devait avertir les siens, et lui-même tourna aussitôt sa proue contre les ennemis. À ce signal Théramène et Thrasybule cinglèrent du côté de la ville et se rangèrent de façon à en interdire l'abord aux ennemis. [4] Mindarus découvrant alors le grand nombre de vaisseaux athéniens et sentant qu'il avait donné dans le piège, fut extrêmement découragé. Enfin, toute la flotte d'Athènes s'étant montrée, Mindarus qui vit que le retour dans la ville était absolument fermé aux vaisseaux du Péloponnèse, fut contraint de fuir vers une côte qu'on nommait les Héritages, sur laquelle Pharnabaze avait des troupes. [5] Alcibiade le poursuivit en diligence et coula à fond une partie de ses vaisseaux ; il en prit d'autres qu'il avait mis hors de combat ; et jetant des mains de fers sur ceux qui avaient déjà touché la terre, il les forçait de revenir en mer. [6] Cependant comme les soldats posés sur le bord défendaient le gros de la flotte, il y eut là un grand carnage. Les Athéniens vainqueurs jusque là se battaient avec plus d'ardeur que de succès contre des ennemis qui les surpassaient alors en nombre. Car l'armée de Pharnabaze qui était à terre et qui combattait de pied-ferme, soutenait vigoureusement les Lacédémoniens. [7] Dès que Thrasybule fut à portée de voir le secours que les ennemis tiraient de l'infanterie des Perses, il fit débarquer tous ses soldats pour fournir un pareil secours à Alcibiade. Il envoya en même temps avertir Théramène de faire la même chose et de joindre les soldats de sa flotte aux troupes de terre de Charès, pour combattre ensemble. 
51 Pendant que les Athéniens faisaient tous ces mouvements le général de, Lacédémoniens Mindarus continuait de défendre les vaisseaux harcelés par Alcibiade et il ne laissa pas d'envoyer Cléarque le Spartiate à la tête d'un détachement de soldats du Péloponnèse pour s'opposer à Thrasybule. Il y joignit même les troupes étrangères qui étaient à la solde de Pharnabaze. [2] Thrasybule, à la tête des soldats de sa flotte et de ses archers, soutint d'abord avec beaucoup de fermeté l'effort des ennemis, il en renversa beaucoup par terre et perdit aussi beaucoup des siens. Cependant il commençait à être enveloppé par les troupes soudoyés de Pharnabaze et à céder au grand nombre lorsqu'il aperçut de loin Théramène à la tête de son infanterie et de celle de Charès. [3] Ses soldats épuisés de forces et déjà hors d'espérance, se ranimèrent à la vue du secours qui venait à eux. [4] IIs se trouvèrent capables de nouveaux efforts dans un combat qui fut encore long et opiniâtre. Les soudoyés de Pharnabaze plièrent les premiers et rompirent les rangs par leur fuite de sorte que les soldats du Péloponnèse et les troupes de Cléarque, malgré tout leur courage et toute leur résistance, furent ébranlées et transportées, pour ainsi dire, hors de leur place. [5] Dès que Théramène fut débarrassé de cette partie des ennemis, il songea à porter du secours à Alcibiade qui était encore en danger. Mindarus ne s'effraya point de voir toutes les forces d'Athènes qui cherchaient à se rejoindre. Mais séparant lui-même ses troupes, il en opposa la moitié à ce corps d'armée qui s'avançait et garda l'autre auprès de lui en exhortant les uns et les autres à soutenir l'ancienne gloire de Sparte surtout quand il s'agissait d'un combat, où ils attaquaient de la terre ferme des gens qui étaient en mer. [6] Aussitôt il se tourna vis-à-vis des vaisseaux d'Alcibiade et commença l'attaque avec une valeur héroïque, en s'exposant le premier à tous les périls. Il tua aussi un grand nombre de ceux qu'on lui opposait sur les ponts, jusqu'à ce qu'enfin il fut tué lui-même d'une manière digne de sa patrie, et laissa la victoire à Alcibiade. Au seul aspect de la chute de Mindarus, toute l'armée du Péloponnèse et de ses alliés s'enfuit, saisie de douleur et d'épouvante. [7] Les Athéniens les poursuivirent quelque temps. Mais apprenant que Pharnabaze s'avançait en diligence avec une grande cavalerie, ils revinrent à leur flotte et s'étant rendus maîtres de la ville, ils dressèrent deux trophées, l'un dans l'île qui porte le nom de Polydore, pour le gain de la bataille navale et l'autre dans l'endroit où ils avaient remporté auparavant l'avantage sur terre. [8] Ceux qui gardaient la ville de Cyzique pour les Lacédémoniens et tous ceux qui étaient échappés du dernier combat se rendirent dans l'armée de Pharnabaze. Les Athéniens par cette double victoire demeurèrent possesseurs d'un grand nombre de vaisseaux, d'une foule de prisonniers et d'un amas prodigieux de dépouilles. 
52 Dès que la nouvelle en fut arrivée dans Athènes, tout le peuple à qui les malheurs précédents rendaient incroyables de si grands succès, se laissait transporter à une joie incompréhensible. On faisait partout des sacrifices aux dieux et des assemblées de fêtes. Après quoi l'on choisit pour la guerre mille des plus braves citoyens et cent cavaliers. On fortifia la flotte d'Alcibiade de trente vaisseaux de plus afin qu'étant maîtresse de la mer, elle attaquât sans crainte routes les villes maritimes dépendantes de Lacédémone. [2] Les Lacédémoniens au contraire abattus dé la défaite qu'ils avaient essuyée à Cyzique, envoyèrent proposer la paix à Athènes par une Ambassade à la tête de laquelle était Endius. Le jour de son audience lui ayant été marqué, il prononça un discours concis et laconique, qui par cette raison même m'a paru devoir trouver ici sa place.
[3] Notre intention et nos désirs, ô Athéniens, sont de vivre en paix avec vous : à condition que nous demeurions maîtres de part et d'autre des villes que nous possédions auparavant, que nous tirions de part et d'autre les garnisons de celles que nous avons conquises réciproquement dans cette guerre et que nous rendions nos prisonniers au pair et en même nombre des deux côtés. Nous savons que la guerre est fâcheuse pour les uns et pour les autres, mais elle vous fait plus de tort qu'à nous. [4] Sans vous en rapporter à mes paroles, examinez les choses mêmes. Nous cultivons toutes les terres du Péloponnèse et vous ne possédez que le petit territoire de l'Attique. La guerre a procuré un grand nombre d’alliés aux Lacédémoniens et elle a fait passer à vos ennemis plusieurs des vôtres. Le plus puissant roi du monde nous avance les frais de la guerre, et vous ne les tirez que de quelques peuples très pauvres, [5] C'est pour cela que nos alliés, que nous attachons à nos intérêts par une forte paie, nous servent avec plaisir au lieu que les vôtres craignent vos entreprises, où ils ne voient, outre le service de leurs personnes, que des contributions à payer. [6] Notre marine est presque toute composée de vaisseaux étrangers au lieu que ce sont vos propres citoyens qui montent les vôtres. Une considération plus importante encore est, que si nous sommes battus sur mer, nous ne perdons pas pour cela la supériorité sur terre, où l'on n'a jamais vu fuir un Spartiate, tandis que vous qui n'affectez point la supériorité sur terre, vous risquez dans les combats de mer et votre fortune et votre gloire. [7] Je m'engage par ces réflexions à vous expliquer pourquoi la guerre nous étant moins désavantageuse qu'à vous c'est nous pourtant qui sommes les premiers à parler de paix. Ma proposition n'est point que la guerre nous soit utile, et je me borne à dire que c'est vous qui y courez le plus de risque. Il y aurait de l'extravagance à se féliciter d'être moins malheureux que ses adversaires, quand il se présente un moyen de ne l'être point du tout. La perte de nos ennemis ne saurait jamais nous donner autant de satisfaction que la perte de nos proches nous cause de peine : [8] mais ce n'est pas là le motif principal qui nous fait agir. Nous suivons en ceci la pratique de nos pères ; et voyant les maux terribles et innombrables que causent aux peuples les dissensions et les guerres, nous venons prendre à témoins les dieux et les hommes que nous n'en sommes plus responsables.
53 Le Spartiate ayant parlé à peu près dans les termes que nous venons de rapporter, les plus modérés et les plus sages des Athéniens penchaient pour la paix, mais ceux dont les armes étaient le métier le plus ordinaire ou qui trouvaient leur compte dans les temps de troubles et de tumultes opinaient pour la guerre. [2] Ce fut le parti que prit entre-autres Cléophon, l'homme de ce temps-là qui avait le plus de crédit sur le peuple. Celui-ci se présentant dans l'assemblée tint d'abord quelques discours généreux sur la situation présente des choses. Après quoi, il flatta l'orgueil et la confiance du peuple, en exagérant les avantages consécutifs qu'il venait de remporter ; comme si la fortune de la guerre ne devait plus varier dans le choix de ceux auxquels elle accordait ses faveurs. [3] Ainsi les Athéniens mal conseillés et séduits par des discours où l'on ne cherchait qu'à leur plaire, ne s'en aperçurent que quand il n'était plus temps et préparèrent dès lors cette chute dont ils ne se sont jamais bien relevés. [4] Nous en verrons les degrés dans la suite et selon l'ordre des temps. Dans la circonstance présente, ils s'enivrèrent de leurs succès et beaucoup plus encore des hautes espérances qu'ils avaient conçues sur le nom seul d'Alcibiade qu'ils avaient mis à la tête de leurs armées et ils ne doutèrent pas que sa valeur et sa fortune ne leur rendit bientôt l'empire qu'ils avaient eu sur toute la Grèce.