Tite-Live

59 ACN - 17 PCN

traduction française : (site UCL)

Tite-Live est né à Padoue (Italie du Nord) dans une famille de nobles locaux et est mort à Rome. Patriote ardent et croyant profondément en la grandeur de Rome, il exalta par ses œuvres le sentiment national ; il fallait notamment faire oublier les guerres civiles. Il mena toutefois une vie calme et studieuse (on pense qu’il n’occupa aucune charge politique, militaire ou administrative).  
Contemporain d'Auguste il consacra toute sa vie à la rédaction d'une œuvre immense, tant par la taille que par le talent, Ab urbe condita libri CXLII (142 livres depuis la formation de la ville = Histoire romaine) ; son œuvre s’étend de l’origine de la ville jusqu’à l’an 9 après J.-C, elle est incomplète (mais c’est l’œuvre conservée qui est la plus considérable), certainement interrompue par la mort de l’auteur. 
Des 142 livres que connaissait l’Antiquité, il ne nous en reste que 35. Les 142 livres étaient divisés en « décades », donc en groupe de 10 livres. Mais on peut penser que ces décades n’étaient qu’une sorte de division matérielle, lorsque les volumina (rouleaux) primitifs furent transcrits en codices (livres reliés), 5 ou 10 rouleaux formant alors un codex.  
Des résumés à usage scolaire (periochae) furent tirés de son œuvre.  
Toutefois l’œuvre de Tite-Live n’est pas exempte de défauts : chronologiques d’abord, de nombreux anachronismes apparaissent dans son Histoire de Rome, surtout en ce qui concerne la période archaïque.  

Sujet de ses écrits :

Dans un premier temps Tite-Live écrivit des lettres philosophiques (c'est Sénèque qui nous l’apprend dans la lettre 100 des Lettres à Lucilius) ; nous n’avons pas conservé ces écrits.  
L’histoire romaine, qu’il commence entre –29 et -25, relate l’arrivée d’Enée en Italie jusqu’au début du I siècle après J.-C.

Les 35 livres que nous avons conservés se constituent ainsi :

Livre 1 à 10               : des origines au début du III siècle  
Livre 21 à 30
            : la deuxième guerre punique (219-201)  
Livre 31 à 45
            : la conquête de la Méditerranée orientale ; guerre contre les rois de Macédoine et de Syrie.

L’on connaît toutefois le contenu des livres manquants grâce aux periochae (qui sont des tables des matières que l’on doit à un abréviateur anonyme du III ou IV siècle. A ne pas confondre avec les periochae que l’on utilisait comme manuel scolaire).  
D’abord le livre I et les livres II à V furent édités séparément, puis une seconde édition les vit être rassemblés. 

 Sources :

Tite-Live ne pouvait songer à consulter des archives ou des documents originaux, en effet en l’an -390 Rome avait été saccagée par les Gaulois et la plupart des documents remontant avant cette période avaient disparu. En ce qui concerne la période suivante la difficulté provenait du fait que les archives publiques étaient largement dispersées (ce n’est qu’en l’an –78 qu’elles seront rassemblées) et que les archives privées, que détenaient les grandes familles, pouvaient être soupçonnées de partialité, d’ailleurs même les documents officiels n’étaient pas exempts de tout reproche à ce niveau. 
Tite-Live va donc puiser dans les œuvres des historiens qui l’ont précédé ; ce sera par exemple l’historien grec Polybe ( qui a écrit des Histoires, partiellement conservées, qui racontent les événements du début de la deuxième guerre punique à la soumission complète de la Grèce, en 146 av.J.-C ). En ce qui concerne l’histoire romaine il utilise Valérius Antias, Fabius Pictor et Claudius Quadrigarius principalement ; Tite-Live affermira progressivement sa méthode.  
Dans le cas où ses sources lui fourniraient des renseignements contradictoires, Tite-Live utilise le critère de probabilité et de vraisemblance pour déterminer à quel avis il doit se conformer.  
Pour les temps les plus récents Tite-Live disposait des témoignages oraux et de ce qu’il avait lui-même vécu. Ainsi pour les Guerres Civiles, il utilise l’œuvre d’Asinius Pollion, il utilisa aussi la correspondance de Cicéron .
Comme la plupart des historiens anciens, Tite-Live est un annaliste. C’est-à-dire qu’il relate les faits année après année ; ce qui l’oblige à interrompre son récit au début de chaque livre pour parler des élections, de la répartition des provinces entre les magistrats, et d’autres faits mineurs. Mais Tite-Live fait preuve de talent et la narration de ces événements n’entame finalement pas le rythme de son œuvre. 
Tite-Live respecte la tradition historiographique antique en parsemant son récit de discours (soit fictifs soit recomposés), on en compte plus de 400 dans les livres qui nous sont conservés. Leur utilité réside dans le fait qu’ils mettent en quelque sorte en mouvement le récit, qu’ils font transparaître l’état d’esprit des protagonistes, bref ils rendent l’histoire plus proche du lecteur.  
Pour la mise en œuvre littéraire, Tite-Live s’inspire de Cicéron (alors que Salluste imitait la manière de Thucydide) c’est-à-dire qu’il compose ses récits à la manière d’une narratio qu’il voulait particulièrement claire.  
Tite-Live croyait fermement que ce sont les hommes qui font l’histoire, il nous donne par exemple un portrait remarquable d’Hannibal. Mais il se livre aussi à une fine analyse du peuple, du sénat…  
De nombreux auteurs vont puiser dans l’œuvre de Tite-Live, citons notamment : Valère Maxime, Lucain, Plutarque, Valère Maxime  

Pour conclure nous pouvons affirmer que malgré de nombreuses critiques (qui dataient notamment du XVIIIème) Tite-Live nous apparaît aujourd’hui comme relativement fiable.

 

Thème Titre Référence Résumé
LE TEMPS DES GRACQUES
LA GENS SEMPRONIA
Rivalité entre la gens Sempronia et la gens Cornelia

XXXVIII, LVII, 2-7.

Tibérius et Caius Gracchus appartenaient à une des plus grandes famille de Rome. La gens Sempronia. Leur grand père avait été consul, leur père Tiberius Sempronius Gracchus avait fait une carrière militaire remarquable dans l'orbite des Scipions : il avait épousé Cornelia, la seconde fille de Scipion l'Africain. Les Gracques étaient donc apparentés aux plus grandes familles de Rome. Leur sœur Sempronia épousera Scipion-Emilien, fils de Paul-Emile.
VIVRE EN VILLE
LE CHOIX D'UN SITE
Un endroit plein de promesses

V, LIV, 4

Ce n'est pas sans raison que les dieux et les hommes ont choisi cet endroit pour fonder une ville
VIVRE EN VILLE
UN CHAOS A ORGANISER... ET A EMBELLIR
La ville du désordre

V, LV

Rome a été détruite par les Gaulois. Camille, le sauveur de Rome parvient à persuader les Romains de ne pas abandonner le site de leur ville (ce qu'ils avaient envisagé de faire) et de la rebâtir. Certes, Tite-Live évoque ici un épisode de l'histoire ancienne de Rome (390 ACN), mais il devait avoir à l'esprit la ville qu'il connaissait (fin de la République).
L'AFFAIRE DES BACCHANALES Bacchanales

XXXIX, 8 et sequentes

Les fêtes d’automne, consacrées à Bacchus, étaient appelées Bacchanales ; elles duraient depuis le 23 jusqu’au 29 octobre. On y voyait à peu près toutes les cérémonies pratiquées par les Grecs dans leurs Dionysiaques.
ORIGINE DE LA GUERRE SOCIALE droit de vote

XXXVIII, 36, 5-7

DANS LA PREMIÈRE ÉPOQUE RÉPUBLICAINE la citoyenneté va être donnée: aux habitants de Rome, aux habitants des colonies romaines, à plusieurs "cités amies", aux habitants des MUNICIPIA (cum suffragiosine suffragio)
ORIGINE DE LA GUERRE SOCIALE entourloupes !

XLI, VIII, 6-12.

Comment obtenir le droit de cité en contournant la loi.
ORIGINE DE LA GUERRE SOCIALE arrogance romaine!

XLII, I, 6-12.

Avant de quitter Rome, il avait envoyé une lettre à Praeneste pour demander aux magistrats de venir à sa rencontre, de lui préparer un endroit, aux frais de la ville, afin d’y recevoir et de lui fournir des bêtes pour son retour.
LE BARREAU 
LE PROCES DE VIRGINIE (445 A.C.N.)

Origine et évolution de la profession d'avocat

III, XLIV, 9-12

Un des décemvirs, Appius Claudius, s'éprend d'une jeune plébéienne, fille du centurion Lucius Verginius. Virginie est fiancée à Icilius, ancien tribun de la plèbe. Appius entreprend de la séduire mais sans succès ; il décide alors de recourir à une ruse : il charge son client Marcus Claudius de réclamer la jeune fille comme esclave et de s'opposer à toute demande de liberté provisoire ; l'absence du père lui semble laisser le champ libre à l'injustice
L'ENLEVEMENT DES SABINES
Analyse philologique et linguistique

 

I, XIII

Site de l'Université Catholique de Louvain
L'enlèvement des Sabines (Tite-Live I, 13) : Analyse philologique et linguistique par Jules Wankenne Professeur à l'Université de Louvain [Étude reprise, avec l'aimable autorisation de l'éditeur, de Les Études Classiques, t. 43, 1975, p. 350-366
LES GAULOIS VUS PAR CAMILLE
Site Collatinus

 

V, XLIV

Nous sommes en 390 avant J.-C., et les Gaulois, après avoir pillé Rome, assiègent le Capitole. Camille, exilé malgré ses victoires, veut libérer sa patrie et recrute une armée. Voici comment il présente les Gaulois à ses soldats.
Histoire de Sophonisbe
Site GELAHN

 

XXX, XII-XVII

G.E.L.A.H.N.
Groupe d’Enseignants de Langues Anciennes de Haute-Normandie
Vocabulaire, texte et traduction des six chapitres
LE PREMIER LECTISTERNE
Site Collatinus

 

V, XIII

Voici un passage où Tite Live, après avoir racontée l'arrivée à Rome des Livres Sibyllins, mentionne leur consultation, à l'occasion de l'apparition d'un autre rite, le lectisterne.
LE TEMPLE DE MATER MATUTA SAUVE PAR UN PRODIGE
Site Collatinus

 

VI, XXXIIII

377 avant J.C. Les Romains ne sont qu'un petit peuple de l'Italie, qui lutte contre ses voisins les Latins.
UN PRODIGE QUI RENFORCE LE POUVOIR DES AUGURES
Site Collatinus

 

I, XXXVI

Romulus, sur le point de partir en guerre, décide de créer de nouvelles centuries ; l'augure Attus Navius s'y oppose.
NAISSANCE DE REMUS ET DE ROMULUS Site Collatinus

 

I, III et IV

Traduction française par l'UCL
LA CONTINENCE DE SCIPION Académie de Versailles

 

XXVI, L

Le général romain Scipion L'Africain, après le siège de Carthagène (Carthago Nova en Espagne) enlevée aux Carthaginois, libère les otages celtibères. Il en garde une partie, et ses soldats lui réservent une jeune fille particulièrement belle. Scipion refuse l'offre et restitue la jeune fille à sa famille.
LE CAPITOLE SAUVE D'UNE SURPRISE Académie de Rouen

 

V, LXVII

Le récit de l'invasion de l'Italie par les Gaulois occupe une bonne partie du Livre V des Histoires de Tite-Live.
Voici comment Tite-Live présente l'affaire :
" Sous le règne de Tarquin l'Ancien, les Celtes qui forment le tiers de la Gaule, étaient soumis à l'autorité des Bituriges. Ambigat qui régnait alors devait sa puissance à son mérite, à sa fortune personnelle, et surtout à la prospérité de ses peuples: car, sous son règne la Gaule regorgeait de blé et d'hommes, si bien que sa population surabondante semblait difficile à gouverner."
ABREGE D'HISTOIRE ROMAINE Noctes Gallicanae

 

 

un résumé sommaire de l'histoire de Rome, illustré par des citations d'historiens anciens.
Les textes des auteurs latins sont accompagnés d'une traduction française. Par contre, la saisie du grec demande énormément de temps et les textes grecs ne sont parfois cités qu'en traduction.
Certaines époques sont mieux traitées que d'autres: c'est que ce petit résumé rassemble des notes que j'ai prises en fonction des besoins de tel ou tel travail, en fonction de mes lectures ou de mes lubies.
Peu à peu il devrait s'étoffer et s'équilibrer.
Alain Canu
LA MORT DES FILS DE BRUTUS Louvre : tableau de David

 

II

Explication du tableau de David : on y trouve le texte latin de Tite-Live et sa traduction dans La mort sublimée dans l'Antiquité gréco-romaine