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SIDOINE APOLLINAIRE

POÉSIE 1

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

Étude sur Sidoine Apollinaire et sur la société gallo-romaine au cinquième siècle.

avant-propos

Notice sur Sidoine Apollinaire


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poésies 2

 

 

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Vers

 CARMEN PRIMUM.

PRÆFATIO IN PANEGYRICUM DICTUM ANTHEMIO AUGUSTO BIS CONSULI.

I.

PRÉFACE DU PANÉGYRIQUE PRONONCÉ EN L’HONNEUR D’ANTHEMIUS AUGUSTE DEUX FOIS CONSUL.






 

Cum juvenem super astra Jovem natura locaret,
Susciperetque novus regna vetusta deus,
Certavere suum venerari numina numen,
Disparibusque modis par cecinere sophos.

LORSQUE le destin plaçait le jeune Jupiter au-dessus des astres, et que le nouveau dieu prenait possession de son antique empire, les dieux s’empressèrent de porter leurs hommages à l’immortel souverain, et dirent un chant pareil sur des modes différents.

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Mars clangente tuba patris præconia dixit,
Laudavitque sono fulmina fulmineo.
Arcas, et arcitenens fidibus strepuere sonoris,
Doctior hic citharæ pulsibus, ille lyræ.
Castalidumque chorus vario modulamine plausit,
Carminibus, cannis, pollice, voce, pede.
 Sed post coelicolas etiam mediocria fertur
Cantica semideum sustinuisse deus.
Tunc faunis Dryades, Satyrisque Mimallones aptæ,
Fuderunt lapidum rustica turba melos.
Alta cicuticines liquerunt Mænala Panes,
Postque chelyn placuit fistula rauca Jovi.
Hos inter Chiron ad plectra sonantia saltans,
Flexit inepta sui membra facetus equi:
Semivir audiri meruit, meruitque placere,
Quamvis hinnitum dum canit ille daret.

Mars, avec la trompette retentissante, célébra la gloire de son père et loua ses foudres sur un ton mâle et fier. Arcas et le Sagittaire firent entendre des accords mélodieux, également renommés, l’un pour la harpe l’autre pour la lyre. Le chœur des Muses vint applaudir ensuite; elles mariaient à des accents divers leurs chalumeaux, leurs gestes, leurs voix et leurs danses. Mais l’on dit que, même après les concerts des habitants de l’Olympe, le dieu ne dédaigna pas les chants modestes des divinités inférieures. Les Dryades unies aux Faunes, les Bacchantes mêlées aux Satyres, laissèrent tomber, troupe rustique, de gracieuses mélodies. Le dieu Pan et ses frères descendirent des hauteurs du Ménale; même après les sons de la lyre, les aigres sons de la flûte furent agréables à Jupiter. Parmi eux, Chiron, dansant aux accords de l’archet sonore, ployait gauchement et d’une façon plaisante ses membres de cheval. Il se fit écouter, et mérita de plaire, quoique le hennissement se mêlât à sa voix.





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Ergo sacrum dives et pauper lingua litabat,
Summaque tunc voti victima cantus erat.
Sic nos, o Cæsar, nostri spes maxima sæcli,
Post magnos proceres parvula thura damus,
Audacter docto  coram Victore canentes,
Aut Phoebi, aut vestro qui solet ore loqui.
Qui licet æterna sit vobis quæstor in aula,
Æternum nobis ille magister erit.
Ergo colat variæ te, princeps, hostia linguæ:
Nam nova templa tibi pectora nostra facis.

Ainsi donc, toute langue riche ou pauvre payait un tribut de louanges, et la victime du sacrifice c’était un chant. De même, ô César, vous la plus haute espérance de notre siècle, je viens, après les grands de l’empire, vous apporter un faible encens. Je chante hardiment en présence du docte Victor, qui parle d’ordinaire ou par la bouche de Phébus, ou par la vôtre. Sa dignité de questeur en ce palais éternel, ne m’empêche pas de le regarder toujours comme mon maître. Que toute langue, ô Prince, vous offre donc un tribut d’hommages, car vous vous faites de nos cœurs des temples nouveaux.

 

 

 

NOTES SUR LES POESIES D’APOLLINARIS SIDONIUS.

CARMEN I.

L’ORDRE des panégyriques est renversé : celui d’Avitus devrait être le premier; celui de Majorien, le second; et celui d’Anthémius, le troisième. Nous aurions suivi cette disposition chronologique, si nous n’avions tenu à ne pas nous éloigner de la marche des précédentes éditions.

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Vers.

7. Arcas. — Mercure, né en Arcadie, sur le mont Cyllène. Voyez l’Enéide, VIII, v. 138; Martial, IX, 35.

7. — Arcitenens. — Apollon, Enéide, III, 75.

9. Castalidum. Castalius, ou Castalia était une fontaine célèbre qui avait sa source dans la Phocide au pied du Parnasse. Elle tirait son nom de la nymphe Castalie, qui fut métamorphosée en fontaine par Apollon. Le dieu donna à ses eaux la vertu d’inspirer le don de la poésie et de la divination, et la consacra aux Muses, qui portèrent le surnom de Castalides.

Le murmure même de cette source sacrée pouvait inspirer l’esprit poétique. La Pythie de Delphes buvait de ses eaux, avant de s’asseoir sur le trépied.

13. Fauni. — Fauni, Faunes, dieux rustiques qui habitaient dans les campagnes et dans les forêts. Leur père et l’auteur de leur race était Faunus, fils de Picus, roi des Latins.

13. Dryades. — Les Dryades étaient ainsi nommées du mot grec δρυς; qui signifie chêne. On appelait Dryades les nymphes des bois; on donnait le nom d’Hamadryades aux nymphes dont l’existence était attachée à un arbre seulement: ἅμα, mot grec, veut dire avec, ensemble. Ces sortes de nymphes n’étaient point immortelles; on ne les appelait que semi-deœ, demi- déesses. Leur vie tenait à la durée des arbres qu’elles gardaient.

Les anciens imaginèrent sans doute les Dryades et les Hamadryades pour empêcher la destruction des forêts; il fallait, pour couper des arbres, que les prêtres du paganisme déclarassent que les nymphes les avaient abandonnés.

L’épisode de la forêt enchantée, dans la Gerusalemme liberata, est une imitation des fictions poétiques des anciens.

13. Satyris. —Satyres, demi-dieux champêtres, que les poètes font naître, les uns de Mercure et de la nymphe Yphtimé, les autres de Bacchus et de la naïade Nicée. Les Satyres des anciens étaient de petits hommes, couverts d’un poil long et épais, ayant des cornes, des oreilles, et des pieds de bouc ou de chèvre.

St. Jérôme raconte que St. Antoine étant allé visiter St. Paul ermite, rencontra un de ces Satyres, tels que les poètes et les peintres les représentent, et que l’ayant interrogé, il répondit qu’il était une ces créatures que l’aveugle paganisme appelait Faunes ou Satyres. In Vita Pauli eremitœ.

13. Mimallones. . Les Bacchantes, prêtresses de Bacchus. On leur donnait le non de Thyades, d’un mot grec qui veut dire être en agitation; de Ménades, ou furieuses; de Mimallonides, ou porteuses de cornes.

Il y a dans l’Asie Mineure une montagne appelée Mimas, sur laquelle les Bacchantes célébraient les fêtes de Bacchus; c’est de là peut-être que leur vient le nom de Mimallones. Natalis Com. Mytholog. V, 13. — Ovid. De Arte amandi, I, v. 541.

15. Mænala. — Ménale, montagne du Péloponnèse, dans l’Arcadie elle reçut son nom de Menalus, fis de Lycaon, roi de cette contrée: c’était la demeure du dieu Pan.

15. Cicuticines ... Panes. — Les frères de Pan. Le Pan des Grecs fut l’inventeur de la flûte à sept tuyaux, si connue des anciens, qui la nommaient Syrinx. Il avait remarqué peut-être que les roseaux rendaient des sons lorsqu’on soufflait dans leur tube, comme font encore nos bergers dans de simples chalumeaux. Il joignit ensemble, avec de la cire, sept roseaux qui, par leur inégalité, soit en longueur, soit en grosseur, formaient des sons différents; et, comme il coupa peut-être ces roseaux sur les bords du Ladon, les poètes feignirent que Syrinx était fille de ce fleuve ; ils ajoutèrent que l’amoureux Pan l’avait poursuivie, et que, pour la soustraire à sa violence, son père l’avait métamorphosé en roseau. Virgile nous fait connaître dans ses Bucoliques, l’origine de la flûte à sept tuyaux:

Pan primus calamus cera conjungere plures

Instituit.

Est mihi disparibus septem compacta cicutis

Fistula.

16. Fistula. — Les anciens appelaient fistula la flûte qui ressemblait à notre flageolet; tibia, une flûte faite avec de l’os de la jambe d’une grue, ou d’un autre animal ; avena, le chalumeau, qui fut fait d’abord d’un tuyau d’avoine. Ils avaient des flûtes courtes et longues, petites et moyennes, simples et doubles, gauches et droites, égales et inégales. Les flûtes des spectacles étaient d’argent, d’ivoire ou d’or; celles des sacrifices étaient de buis. On distinguait les flûtes sarranes ou tyriennes, les flûtes lydiennes, phrygiennes, etc.

Les plus célèbres joueurs de flûte, dans la mythologie, sont Apollon, Mercure, Pan, Marsyas, Euterpe, Olympus, les Sylvains, les Satyres, les Bacchantes et les suivants de Bacchus, qui jouaient de la flûte simple ou double, et quelquefois de la flûte traversière, appelée πλαγαυλον.

17. Chiron. — Fils de Saturne, qui s’était métamorphosé en cheval, et de Phillyre, fille de l’Océan. Ce fameux centaure, moitié homme et moitié cheval, avait sa grotte au pied du mont Pélicon, en Thessalie. Le centaure excellait à jouer de la harpe et à tirer de l’arc.