HÉSIODE
FRAGMENTS D’HÉSIODE.
I.
Uranie mit au monde un fils aimable, ce Linus que tous les chantres et tous les musiciens parmi les hommes pleurent au milieu des festins et des choeurs de danse, invoquant Linus au commencement et à la fin. (Eustathe, ad Iliad., S. 570, p. 1163-1222; édit. rom.) (1).
II.
Il courait sur l'extrémité des épis et ne les brisait pas ; mais il effleurait de ses pieds leur pointes aiguës sans ravager leurs fruits. (Eustathe, ad Iliad., B., p. 323-245.)
III.
Ilée, que chérit le roi Apollon, fils de Jupiter, et à qui il donna ce nom, parce que ayant trouvé une nymphe favorable à ses désirs, il s'unit d'amour avec elle le jour où Neptune et Apollon bâtirent la haute muraille de la ville magnifique. (Etymol. Gud., p. 276 ; Tzetzès ad Iliad., p. 126.)
IV.
Ou telle que dans la béotienne Hyrie elle éleva sa fille. (Schol. Venet., Iliad., B., cat. 3.)
V.
Elle répandit sur leurs têtes une gale affreuse, car la dartre envahit toute leur peau ; les cheveux tombaient de leurs têtes, et ces belles têtes devenaient chauves. ( Eustathe, ad Odyss. N., p. 1746.)
VI.
A cause de leur honteux libertinage, elles perdirent la tendre fleur de leur beauté. (Suidas au mot Machlosuné. Eustathe, ad Iliad., O. 30, 1337.) (2).
VII.
Qui, venu de Lilée, épanche son onde superbe. (Eustathe, ad Iliad., B., v. 523, p. 275.) (3).
VIII.
A moins qu'il ne soit sauvé de la mort par Apollon ou par Péon lui-même, qui connaît les remèdes de tous les maux. (Eustathe, ad Odyss., D. 231.) (4).
IX.
Polycaste à la belle ceinture, la plus jeune des filles de Nestor, fils de Nélée, donna Persépolis à Télémaque après s'être unie avec lui, grâce à Vénus à la parure d'or. (Eustathe, ad Odyss., P., p. 1796-597.) (5).
X.
Argos était sans eau, Danaüs lui en donna. (Eustathe, ad Iliad., D., p 461-350.) (6).
XI.
Phylée, cher aux bienheureux Immortels. (Eustathe, ad Iliad., A., p. 125-94 )
XII.
En effet, peu de fils ressemblent à leurs pères ; la plupart les surpassent en méchanceté. (Eustathe, ad Iliad, E., p. 235.)
XIII.
Et la fille de cet Arabus qu'engendrèrent le bienfaisant Mercure et Thronie, fille du roi Bélus. (Strabon, lib. 1, c. 2) (7).
XIV.
Ils furent les enfants du divin Lycaon, que jadis engendra Pélasgus. (Strabon, lib. 5 c. 2 §. 4.)
XV.
Locrus en effet commandait au peuple de ces Lélèges, que jadis le fils de Saturne, Jupiter, doué d'une sagesse impérissable, choisit parmi les pierres de la terre et donna à Deucalion. (Strabon, lib. 7, c. 7.)
XVI.
Il habitait la roche Olénienne, sur les rives du fleuve Pirus aux eaux rapides. (Strabon, lib. 8 c. 3, § 11.) (8).
XVII.
Qui eurent pour enfants les divines Nymphes des montagnes, la race des méchants et méprisables Satyres, et les dieux Curètes, amis des jeux et de la danse. (Strabon, lib. 10, c. 3, § 19.) (9).
XVIII.
Mon esprit s'étonne de la quantité de figues que porte ce figuier sauvage, malgré sa petitesse. Pourrais-tu en dire le nombre ? - Leur nombre est de dix mille, mais un médimne est leur mesure. Il en reste une de plus que tu n'es point en état de comprendre. - Il dit et tous les deux connurent la véritable mesure. Alors le sommeil de la mort couvrit les yeux de Calchas. (Strabon, lib. 14, c. 1, § 27) (l0).
XIX.
Qui coule auprès de Panopis et de Glécon aux fortes murailles, et traverse Orchomène en roulant comme un serpent. (Strabon, lib. 9, c. 3, § 17.)
XX.
Dans le pays des Galactophages, à qui leurs chars servent de maisons. ( Strabon lib. 7, c. 3, § 9.)
XXI.
Les Éthiopiens, les Libyens et les Scythes, nourris du lait des cavales. (Strabon, lib. 7, c. 3, § 7.)
XXII.
Il se rendit à Dodone auprès du hêtre, demeure des Pélasges. (Strabon, lib. 7, c. 7, § 10.)
XXIII.
Ou telle, habitant les collines sacrées de Didyme, dans la plaine de Dotium, en face d'Amyros féconde en vignobles, la chaste vierge baigna ses pieds dans le lac Bébéis. (Strabon, lib. 9, c. 5, § 22. Idem., lib. 14, c. 1, § 40.)
XXIV.
Hyettus, ayant tué dans sa maison Molyre, ce fils chéri d'Arisbas, parce qu'il avait couché avec sa femme, quitta son pays, s'enfuit d'Argos, nourrice des coursiers, et se réfugia chez Orchomène, fils de Minyas; ce héros l'accueillit et lui donna une portion de ses biens, comme l'hospitalité l'exigeait. (Pausanias, Béotie, c. 36.) (11).
XXV.
Phylas épousa la fille de l'illustre Iolaüs, Lipéphile, qui, semblable par sa beauté aux déesses de l'Olympe, mit au jour, dans ses palais Hippotés et la belle Théro, brillante comme les rayons de la lune. Théro conçut entre les bras d'Apollon et enfanta le vigoureux Chiron, ce dompteur de coursiers. (Pausanias, Béotie, c. 40.)
XXVI.
. . . Afin que la ville le fasse : l'ancienne loi est la meilleure. (Porphyre, dans l'Antre des Nymphes.)
XXVII.
Et le superbe Périclymène, cet heureux mortel, comblé de tous les dons par Neptune, qui ébranle la terre. Tantôt il paraissait parmi les oiseaux sous la forme d'un aigle ; tantôt, ô prodige ! il rampait comme une fourmi ; quelquefois il se métamorphosait en un brillant essaim d'abeilles ou devenait un terrible et farouche serpent. Enfin il possédait mille dons, impossibles à décrire, mais qui dans la suite le perdirent d'après la volonté de Minerve. (Le Scholiaste d'Apollonius de Rhodes, lib. 1, v. 156.)
XXVIII.
Ayant demandé le fils de l'illustre Cléadéus... : (Le Scholiaste d'Apollonius de Rhodes, lib. 1, v. 824.)
XXIX.
Alors ils adressaient leurs voeux à Jupiter Énéien qui règne au haut des cieux. (Idem, lib. 2, v. 297.)
XXX.
Lui-même, dans le débordement du fleuve, issu de Jupiter (Idem, lib. 1, v. 757.)
XXXI.
De ses jolis pieds (Idem, 1, v. 456.)
XXXII.
Dans l'île d'Anthémoessa, où le fils de Saturne leur donna... (Idem, 4, v. 892.)
XXXIII.
D'Hellen, ce roi dispensateur de la justice, naquirent Dorus, Xuthus, Éole qui se plaisait à conduire les coursiers. Éole engendra des rois dispensateurs de la justice, Créthéus, Athamas, l'astucieux Sisyphe, l'inique Salmonée et l'orgueilleux Périérès. (Tzetzés, ad Lycophron, 284 ; et le Scholiaste de Pindare, Pyth. 4, v. 252.) (12).
XXXIV.
Un corbeau messager vint du festin sacré dans la divine Pytho et apprit des nouvelles ignorées à Phébus aux longs cheveux ; il lui dit que le fils d’Ilatus, Ischys, avait épousé Coronis, fille de Phlégyas, issu de Jupiter. (Le Scholiaste de Pindare, Pyht. 3, v. 14 et 48.)
XXXV.
L'Amaryncide Hippostrate, rejeton de Mars, glorieux enfant de Phyctée, chef des héros égéens. ( Le Scholiaste de Pindare, Olym. 10, v. 46.).
XXXVI.
Le parti que son esprit jugea le meilleur fut de le retenir et de cacher, contre son attente, le glaive superbe que lui avait fabriqué l'illustre Vulcain, afin qu'en cherchant seul cette arme sur le haut Pélion, il succombât, dompté par les Centaures, habitants des montagnes. (Le Scholiaste de Pindare, Ném. 4. v. 95.) (13).
XXXVII.
Éson, père de Jason, pasteur des peuples, que Chiron éleva sur le Pélion couvert de forêts. (Le Scholiaste de Pindare, Ném. 3, v. 92.) (14).
XXXVIII.
Médite dans ton esprit prudent chacun de ces conseils : D'abord quand tu arrives dans la maison, offre de magnifiques sacrifices aux dieux immortels. (Le Scholiaste de Pindare, Pyth. 6, v. 19.) (15).
XXXIX.
Alors, pour la première fois, à Délos, Homère et moi, mariant nos chants en des hymnes nouveaux, nous célébrions Apollon au glaive d'or, ce dieu que Latone enfanta. (Le Scholiaste de Pindare, Ném. 2, v. l.)
XL.
Ou telle que dans Phtie, dotée de ses attraits par la main des Grâces, la belle Cyrène habitait auprès des ondes du Pénée. (Le Scholiaste de Pindare, Pyth. 9, v. 6 )
XLI.
Ou telle que dans Hyrie, la prudente Mécionice donna Euphémus à Neptune qui ébranle la terre, après s'être unie d'amour avec lui, grâce à Vénus à la parure d'or. (Idem, Pyth. 4, v. 35.)
XLII.
Devenue enceinte, elle enfanta Éacus, qui aimait à conduire les coursiers. Lorsqu'il eut atteint le terme de l'aimable adolescence, il s'affligeait d'être seul. Le père des mortels et des dieux métamorphosa toutes les fourmis qui se trouvaient dans cette île charmante en hommes et en femmes à la large ceinture. Ces peuples d'abord fabriquèrent des vaisseaux à deux rangs de rameurs ; les premiers ils y placèrent les voiles, ces ailes du navire qui traverse les mers (Tzetzès, ad Lycophron, 176 ; et le scholiaste de Pindare, Olym. 8, v. 27.)
XLIII.
Il eut pour fils généreux Sérus et Alazygus. (Le scholiaste de Pindare, Olymp. 10, 83.) (16).
XLIV.
Il existe une contrée nommée l'Ellopia, riche en moissons et en pâturages, abondante en brebis et en boeufs aux pieds flexibles. Là habitent des hommes qui possèdent beaucoup de boeufs et d'agneaux, et dont la foule innombrable forme une des tribus de la race mortelle. A l'extrémité de ce pays s'élève une ville appelée Dodone : Jupiter, qui la chérit, a voulu y placer son oracle révéré des humains dans le creux d'un hêtre. C'est de là que les habitants de la terre emportent toutes les prédictions. L'homme qui désire interroger le dieu immortel doit venir avec des présents et d'heureux présages tirés du vol des oiseaux. (Le scholiaste de Sophocle ad Trachin., 174.) (17)
XLV.
Qui donna Hermione au belliqueux Ménélas et enfanta pour dernier fils Nicostrate, rejeton de Mars. (Le ccholiaste de Sophocle, Électre, 533.) (18)
XLVI.
Stratonice à la belle ceinture, étant devenue enceinte, mit au monde dans son palais Eurytus, le plus cher de ses fils. Les enfants d'Eurytus furent Déion, Clytius, Toxéus, égal aux dieux, et Iphytus, rejeton de Mars. Après ces héros, la puissante Antiope, fille de Pylon, fils de Naubole, lui donna pour dernier enfant la blonde Iolée. (Le scholiaste de Sophocle, Trach., v. 264.)
XLVII.
Marès, messager rapide, traversant le palais, courut auprès de lui ; portant une coupe d'argent remplie de vin, il la présenta au roi. (Athénée, lib. 11.)
XLVIII.
Et alors le devin saisit dans ses mains la courroie du boeuf ; Iphiclus se penchait sur ses épaules, et derrière lui, portant la coupe d'une main et de l'autre élevant le sceptre, Phylacus se tenait debout et disait au milieu des esclaves ..... (Athénée, lib. 11.)
XLIX.
Bacchus a donné aux hommes la joie et la douleur. Celui qui boit sans mesure trouve la folie dans son ivresse. Le vin enchaîne à la fois ses mains, ses pieds, sa langue et son esprit par des liens invincibles, et le doux sommeil aime à fermer ses paupières. (Athénée, lib. 10.)
L.
Que les mortels appellent les Pléiades. (Athénée, lib. 11.)
LI.
Les Pléiades d'hiver se couchent. (Idem.)
LII.
Alors se cachent les Pléiades. (Idem.)
LIII.
Il est doux, au milieu d'un festin abondant, de se livrer à d'agréables discours, lorsque les convives sont rassasiés. (Idem.)
LIV.
Là est mon vase, ô chef des peuples ! (Idem.)
LV.
II tua onze fils généreux du patient Hélée. Le douzième, l'écuyer Nestor, se trouvait. comme hôte chez les Géréniens, ces dompteurs de coursiers. (Étienne de Byzance, v. Gérênia.)
LVI.
Nestor seul fut sauvé dans Gérénia émaillée de fleurs. (Idem.)
LVII.
Dans l'île divine d'Abantis, que les dieux immortels appelaient ainsi auparavant, et qu'alors Jupiter nomma l’'Eubée, du nom d'un boeuf. (Etienne de Byzance, v. Abantis,) (19).
LVIII.
Eurygyès, encore enfant de la sainte Athènes. (Hésychius in Ep' Eurugué agôn.) (20).
LIX.
Mourir dans l'âge le plus tendre. (Ammonius in Orthrus.)
LX.
En effet, le roi de l'Olympe donna la force aux Écides, la prudence aux Amythaonides et la richesse aux Atrides. (Nicolas de Damas, p. 239, Coray.)
LXI.
Les Éacides, qui se réjouissent à la guerre comme dans les festins. (Polybe, V. 2.)
LXII.
La corneille babillarde vit neuf générations d'hommes florissants de jeunesse; le cerf vit quatre fois plus que la corneille; le corbeau vieillit pendant trois âges de cerf ; le phénix vit neuf âges du corbeau et nous vivons dix âges du phénix, nous, Nymphes aux beaux cheveux, filles de Jupiter, armé de l'égide. (Plutarque, Mor., de oraculorum defectu, t. 2, p. 415 ; et Tzetzès ad Iliad., p. 149.)
LXIII.
Car il était épris d'un violent amour pour Églé, fille de Panope. (Plutarque, Vie de Thésée, 20.) (21).
LXIV.
Il n'y a point, parmi les hommes enfants de la terre, un devin qui connaisse la volonté de Jupiter, armé de l'égide. (Clément d'Alexandrie, Stromates, V. p. 610.) (22).
LXV.
Car il est le roi et le maître de tous les Immortels ; nul autre ne saurait rivaliser de pouvoir avec, lui. (Idem, v. p. 603.) (23).
LXVI.
Des Muses, qui rendent un homme prudent divin, célèbre. (Idem, 1, p. 287.)
LXVII.
Il est agréable de savoir ce que les Immortels ont donné aux humains comme un signe manifeste des biens et des maux. (Idem, 6, p. 628.)
LXVIII.
O Jupiter, ô père des mortels ! plût aux cieux que tu m'eusses donné une vie moins longue et une sagesse égale à celle des autres humains ! Mais tu ne m'as pas accordé le moindre honneur et tu m'as condamné à parcourir une longue carrière, à vivre sept générations d'hommes doués de la parole. (Tzetzès, ad Lycophron, 682, et ad Iliad, p. 149.)
LXIX.
L'homme n'obtient qu'une seule des dix parties de la jouissance ; mais la femme les éprouve toutes les dix et le plaisir charme son coeur. (Tzetzès, ad Lycophron, 682, et Apollodore, lib. 3, c. 6, § 7) (24).
LXX.
Trois fois heureux Éacide et quatre fois heureux Pélée, qui, dans ton palais, montes sur une couche sacrée ! (Tzetzès, Proleg, in Lycophron, p. 261.)
LXXI.
Le père des dieux et des hommes s'irrita et, du haut de l'Olympe lançant sa foudre ardente, il tua le petit-fils de Latone, excitant lui-même son âme à la colère. (Athénagoras in legatione pro christianis, p. 134.)
LXXII.
Les Nymphes semblables aux Grâces, Phésyle, Coronis, Cléia à la belle ceinture, la gracieuse Phéo et Eudore au long voile, ces Nymphes que sur la terre les tribus des hommes appellent les Hyades. (Le scholiaste d'Aratus, Phoenic., v. 172.)
LXXIII.
Tous sont appelés Trichaïces, parce que, loin de leur patrie, ils se partagèrent trois contrées. (Le grand étymologiste, v. Tricaïces.)
LXXIV.
Tous les objets qu'il prenait dans ses mains, il les rendait invisibles. (Idem, v. Aeïdélon.)
LXXV.
Combien il est insensé l'homme qui, laissant ce qui est prêt, recherche ce qui ne l'est pas ! (Le scholiaste de Théocrite, XI, 75.)
LXXVI.
Il faut que tu sois un mouton pour ton père. (Le scholiaste de Nicandre ; Th., 452 ; Ed. Ald., 1523, p. 244.)
LXXVII.
Elle lui envoya pour gardien le grand et vigoureux Argus, qui, armé de quatre yeux, regardait de tous côtés. La déesse lui avait communiqué une force indomptable ; le sommeil ne s'appesantissait pas sur ses paupières et il faisait une garde assidue. (Le scholiaste d'Euripide, Phoen., 1116.)
LXXVIII.
Vénus, amante des plaisirs, s'irrita en les regardant et répandit contre elles une mauvaise renommée. (Le Scholiaste d'Euripide, Oreste, 239.)
LXXIX.
Les actions appartiennent à la jeunesse, les conseils à l'âge mûr et les prières aux vieillards. (Harpocration in Erga.) (25).
LXXX.
Il était lui-même l'arbitre de sa mort, lorsqu'il voudrait mourir. (Apollonius Dyscolus, de Pronominibus, p. 366.) (26).
LXXXI.
Grande perte pour eux-mêmes... (Idem, p. 385.) (27).
LXXXII.
Alors les repas étaient communs, les assemblées étaient communes entre les dieux immortels et les humains. (Origène, contre Celse, 4, p. 216.) (28).
LXXXIII.
S'il éprouvait ce qu'il fit aux autres, ce serait l'effet d'une droite justice. (Aristot., Éthicâ Nicomakeia, v. c. 5.) (29).
LXXXIV.
Atalante aux pieds légers. (Les Scholies de Venise, lliad., B, cat. 271.) (30).
LXXXV.
Le héraut, écuyer voyant (Les Scholies de Venise, Iliad., XI, 119.)
LXXXVI.
Démodocé, qu'un grand nombre d'hommes, enfants de la terre, recherchaient en mariage, et à qui des rois vaillants prodiguaient des présents magnifiques à cause de sa merveilleuse beauté. (Idem, XI, 200.) (31).
LXXXVII.
Amenant son onde pure dans le courant de l'Océan. (Apollonius, Lexic. in Phoibos.) (32).
LXXXVIII.
Les présents persuadent les dieux, les présents persuadent les rois vénérables. (Suidas in Dôra.)
LXXXIX.
Étant devenue enceinte, elle donna à Jupiter, qui se plaît à lancer la foudre, deux fils : Magnès et Macédon, qui aime à conduire les coursiers ; ces héros habitaient aux environs de la Piérie et des demeures de l'Olympe. (Constantin Porphyrogénète, Péri Thémâtôn, liv. 2, p. 22.) (33).
XC.
Elle enfanta dans Mélibée, Phellus, habile à manier la lance. (Herodianus Dindymus, p. 11.) (34).
XCI.
Qui cachaient leur premier éclat. (Herodianus Dindymus, p. 18.) (35).
XCII.
Un vain bruit s'élevait sous ses pieds. (Idem, p. 42.) (36).
XCIII.
Par suite de cette dispute, elle enfanta, sans le secours de Jupiter, armé de l'égide, un fils illustre, Vulcain, qui, parmi tous les habitants du ciel, brillait par ses talents et par son habileté. Jupiter, à l'insu de Junon aux belles joues, s'unit avec Métis, fille de l'Océan et de Téthys à la belle chevelure, et la trompa malgré toute sa science. Après avoir pris Métis entre ses mains, il l'engloutit dans ses flancs, tremblant qu'elle n'enfantât quelque chose de plus puissant que la foudre. Dans cette crainte, le fils de Saturne, qui siège sur un trône élevé et habite dans les airs, s'empressa de la dévorer. Aussitôt elle conçut Minerve, que le père des dieux et des hommes fit sortir de sa tête sur les bords du fleuve Triton. Métis restait cachée dans les entrailles de Jupiter, Métis, mère de Minerve et la plus instruite parmi les justes dieux et les hommes mortels. Alors la déesse Thémis partagea la couche de Jupiter, Thémis, douée de talents entre tous les immortels habitants de l'Olympe. Métis, dans le corps de Jupiter, fabriqua pour Minerve une égide destinée à épouvanter les armées et engendra Minerve chargée de cette égide et couverte d'une belliqueuse armure. (Galion, Péri tôn Ippocratous kai Platônos dogmatôn, lib. 3, p. 273.) (37.)
XCIV.
O mon fils ! ton père Jupiter engendra en toi le héros le plus infortuné et le plus généreux. (Aspasius, ad Aristotelem, Êthica nicomakeia, III, p. 43.) (38).
XCV.
Mon fils ! les Parques t'ont rendu le plus infortuné et le plus généreux des hommes. (Idem, ibid.)
XCVI.
..... Agrius et Latinus. La jeune Pandore dans les palais de l'illustre Deucalion, unie d'amour avec Jupiter, souverain de tous les dieux, enfanta le belliqueux Graecus. (Lydus, de Mensibus, p. 5.) (39).
FIN DES OEUVRES D’HÉSIODE
(1) Hésiode est l'auteur le plus ancien qui parle de
Linus,
de ce vieux chantre qui, avec Eumolpe, Orphée
et Musée, fonda la secte de ces poètes
sacerdotaux dont les chants civilisèrent la Grèce encore sauvage. Ici la
poésie sert, comme dans tous les poèmes primitifs, à confirmer les récits de
l'histoire. Diodore de Sicile (Bibliothèque
historique, liv. 3, c. 67) raconte que Linus
fut l'inventeur de la poésie grecque, qu'il transporta le premier dans sa
langue les lettres phéniciennes, célébra les exploits du premier Bacchus
et d'autres faits mythologiques, eut pour disciples Hercule, Thamyris et Orphée,
et fut tué d'un coup de lyre par Hercule, qu'il
avait frappé pour le punir de sa lenteur à apprendre la musique. Selon Clément
d'Alexandrie (Stromates, 1, p. 330), Hésiode,
après avoir dit que ce Linus possédait tous les talents, ajoute qu'il était aussi habile dans l'art de la navigation. Apollodore
(Bibliothèque, I. 1, c. 3, § 2) prétend que Linus
naquit, comme Orphée, de Calliope
et d'OEagre, mais qu'il passait comme lui pour fils
d'Apollon : il s'accorde avec Diodore
de Sicile sur la manière dont il périt (Bibliothèque, 1. 2, c.
4, § 9). Pausanias (Béotie, c. 29)
rapporte qu'il y eut deux Linus, l'un né d'Uranie
et d'Amphimarus, fils de Neptune,
et tué par Apollon, parce qu'il avait osé se
comparer à ce dieu pour le chant, et le second nommé le fils d'Isménius
et tué par Hercule enfant, à qui il enseignait la
musique.
Le même auteur dit que les Grecs avaient une chanson sur les malheurs de Linus,
ce qui est conforme au fragment d'Hésiode, qu'après sa mort le deuil se répandit même parmi les nations barbares, et
qu'il existait chez les Égyptiens une chanson de Linus
à laquelle ils donnaient dans leur langue le nom de Mnuéros. Hérodote (Euterpe, c. 79) parle aussi du
cantique de Linus qui se chantait en Égypte comme
en Phénicie, à Cypre et en d'autres pays ; il ajoute que ce cantique porte
différents titres suivant la différence des contrées, mais qu'il s'accorde
toujours avec celui que les Grecs connaissent sous le nom de Linus ; enfin il ne
peut s'expliquer d'où les Égyptiens ont pris ce nom. J.
Leclerc cherche à démontrer la cause de cette étymologie. En
remarquant que dans la langue phénicienne lin signifie gémissement,
surnom donné à Linus à cause de la douleur que
sa perte excita parmi ses disciples et parce qu'il avait vécu à une époque
où les lettres phéniciennes venaient de s'introduire en Grèce, il prétend
que cet hymne funèbre portait en Égypte le même nom que dans la Phénicie et
dans la Grèce, ces trois contrées ayant entre elles beaucoup de rapports de
langage et de moeurs.
Ce fragment sur Linus prouve encore l'existence
d'une civilisation grecque antérieure au siècle d'Homère. À cette première époque, la poésie est un présent céleste ; son inventeur
est fils d'Uranie, de l'une de ces Muses,
filles de Jupiter et de Mnémosyne
; son nom est sacré parmi les hommes, et longtemps après sa mort sa mémoire
obtint un culte dans les cérémonies de la religion comme dans les pompes des
festins. Le contraste de cet hymne de deuil qui précède et accompagne les
banquets et les danses, n'a-t-il pas quelque chose d'auguste et d'attendrissant ?
La poésie était toute l'occupation, toute la pensée, toute la vie de ces
Grecs, peuple jeune et enthousiaste ; elle présidait à leurs travaux et à
leurs plaisirs : avant de commencer leurs repas, les convives trouvaient dans
leur voix des notes graves et tristes pour pleurer le plus ancien de tous leurs poètes. Rien n'est tout à la fois plus instructif et plus poétique que cette
image de la mort associée aux joies de la vie. retour
(2) Le grand étymologiste (p.
523, 1. 3) loue, sans nommer Hésiode, une partie
de ce beau fragment. C'est à tort, suivant la remarque de Ruhnkenius,
qu'Heinsius a changé knuoe
(la gale) en kruos (le froid) ; mais il a eu
raison de transformer, pour la mesure du vers, kaleschen
en kaleschethen. Cette maladie, qui était
probablement une espèce de lèpre, fut une vengeance divine qui tomba sur les
filles de Prétus, appelées, suivant Apollodore
(I. 2, c. 2, § 2) Lysippe, Iphinoé
et Iphianasse, suivant Élien
(Histoires diverses. I. 3, c. 42), Élegé
et Célèné, et suivant Servius
(ad Virg., Eglog. 6, v. 48), Lysippe, Hipponoé et Cyrianasse. Apollodore (loco cit) dit que, parvenues à
l'âge de puberté, elles devinrent folles, selon Hésiode,
pour avoir méprisé les mystères de Bacchus, ou
selon Acusilas, pour avoir outragé une statue de Junon. Apollodore s'est peut-être trompé
involontairement en admettant pour cause de leur folie le courroux de Bacchus,
une telle tradition ayant pu se glisser dans l'un de ces nombreux poèmes
composés et répandus sous le nom d'Hésiode.
Comme il ne nous est parvenu aucun fragment d'Hésiode
qui la confirme ou qui la fasse soupçonner, nous sommes autorisés à la
rejeter avec d'autant plus de raison que la cause de leur maladie est
spécifiée dans le vers d'Hésiode que Suidas cite comme relatif aux filles de
Prétus : " A cause de leur honteux libertinage,
elles perdirent la tendre fleur de leur beauté."
Celle opinion semble encore justifiée par le passage où Élien
(Histoires diverses, 3, 42) dit que la reine de
Cypre les rendit impudiques. Hésiode, dans le Catalogue
des Héroïnes, dit que Junon punit leur
libertinage effréné en souillant par une maladie impure la beauté de leur tête. On peut donc croire que les
dérèglements où les entraîna Vénus
excitèrent la colère et la vengeance de Junon.
Les vers dans lesquels Hésiode décrit leur mal,
sont pleins d'une âpre énergie. Leur sombre et forte couleur rappelle les plus
beaux passages de la Théogonie. retour
(3) Dans l'endroit de l'Iliade à propos duquel Eustathe cite ce vers, il s'agit du Céphise dont les sources se trouvent auprès de la ville de Lilée en Phocide. Le scholiaste de Venise (Il., 2; Catal., 29) l'attribue comme Eusthate à Hésiode. Runkhenius observe qu'il fait partie de l'hymne homérique à Apollon (v. 241) ; mais on peut croire qu'Hésiode s'en est servi également. Strabon en effet (lib. 9, c. 3, § 17 ) dit que ce poète avait décrit longuement le cours du Céphise. On doit songer d'ailleurs qu'à une époque où la poésie était chantée et non pas écrite, les poètes devaient s'emprunter mutuellement une grande quantité de vers. Homère, qui a été tant de fois copié par ses successeurs, n'a-t-il pas lui-même copié quelques-uns de ses devanciers ? Tous les vers qui servaient non pas à exprimer le langage de la passion ou un sentiment individuel, mais à caractériser les dieux, les Héros et les pays, étaient en quelque sorte entrés dans le domaine public. Un poète ne passait donc point pour un plagiaire lorsqu'il ne faisait qu'user de la propriété commune. De là le retour des mêmes épithètes et des mêmes formes, et cette identité de couleur que revêtait la poésie d'une même époque. retour
(4) On ne peut connaître ni même conjecturer de quel héros Hésiode veut parler. Comme il s'agit de Péon qui possède le secret de guérir tous les maux, sans doute il est ici question d'un homme blessé dans les combats et près de mourir si Apollon ou Péon ne vient à son secours. Ce fragment est peut-être tiré du poème de l'Héroogonie ; malgré sa brièveté, on y retrouve le caractère de la poésie épique. retour
(5) D'après Homère, les plus célèbres enfants de Nestor sont Antiloque et Thrasymède; les autres étaient (Odyssée, 3, v. 413) Echéphron, Stratius, Persée, Arétus et Pisistrate. Nestor les avait eus d'Eurydice, l'aînée des filles de Clymène, suivant le témoignage d'Homère (Odyss., 3. 452). Eustathe (ad Il., 2., 299, 25) raconte qu'après la mort d'Eurydice, Nestor épousa Anaxibie, soeur d'Agamemnon ; cependant on voit dans Pausanias (11, 29) et dans le scholiaste d'Euripide (Oreste, 794) que cette Anaxibie fut l'épouse de Strophius et la mère de Pylade. Apollodore (Bibl. 1, c. 9, § 9) prétend que Nestor épousa Anaxibie, fille de Cratiéus, et qu'il en eut sept fils et deux filles, Pisidice et Polycaste. Il ne fait pas mention de l'Eurydice de l'Odyssée. En donnant à Nestor Polycaste pour fille, il aura probablement suivi Hésiode, car Homère n'en parle point. Quant à Télémaque, qui n'est pas marié dans l’Odyssée, si Hésiode lui donne Polycaste pour femme, on voit, d'après Eustathe (Od., 16, p. 17, 96, v. 507), qu'Aristote, dans son ouvrage sur le Gouvernement des Ithaciens, et Hellanicus disaient qu'il avait épousé Nausicaa, fille d'Alcinoüs. Ces récits contradictoires prouvent combien plus une époque est antique, plus les traditions s'accumulent les unes sur les autres. Chaque âge ajoute aux faits que lui a transmis l’âge précédent. Placés comme nous le sommes à une si longue distance, il nous est bien difficile de reconnaître ce qui appartient à chaque siècle en particulier. Nous ne pouvons nous former de ces temps reculés qu'une idée générale. retour
(6) Voici la traduction de la
note d'Eustathe. "Il (Homère
) appelle Argos poludipsion (brûlante de
soif), ou comme étant très regrettée par les Grecs, parce qu'on raconte
qu'elle était alors privée d'eau. On dit qu'elle en fut pourvue dans la suite,
soit parce que Neptune ouvrit les fontaines de
Lerne à cause de son amour pour Amymone, de
laquelle provinrent dans Argos les eaux amymoniennes, soit parce que les Danaïdes
venues d'Égypte enseignèrent aux habitants l'art de creuser des puits. Ainsi Hésiode
: Argos, anudron eon Danaai poiessen enudron.
Strabon (I. 8, c. 6) cite ce même vers, mais sans en nommer l’auteur
et avec quelques changements : Argos anudrou eon Danaai
thesan Argos enudron.
La ville d'Argos, bâtie dans un lieu privé d'eau, renfermait beaucoup de puits
dont l'invention était due aux Danaïdes ; quatre
de ces puits étaient consacrés et honorés d'une manière spéciale. Strabon
parle de la fontaine Amymone qu'on montrait aux environs de Lerne, marais
situé entre Argos et Mycènes. Apollodore (Bibl.,
2,c. 1, § 4) raconte ainsi la fable relative à cette fontaine : "Le pays
étant dépourvu d'eau parce que Neptune avait tari toutes les fontaines, dans
sa colère contre Inachus qui avait attesté que la
contrée appartenait à Minerve, Danaé
envoya ses filles puiser ailleurs de l'eau; l'une d'elles (Amymone),
cherchant une source, lança un trait contre un cerf et atteignit un satyre
endormi. Ce satyre s'éveilla et désira s'unir avec elle, mais il s'enfuit à
l'aspect de Neptune. Amymone
se livra à ce dieu, et Neptune lui découvrit les
fontaines de Lerne." Dans Euripide (Phéniciennes,
p. 195) la fontaine jaillit de terre sous un coup du trident de Neptune.
Quelle que soit l'origine d'une semblable fable, le vers d'Hésiode
est. un débris de poésie précieux pour l'histoire; en nous montrant Danaé
procurant de l'eau à une ville qui en manquait, il nous donne une idée de la
civilisation égyptienne, qui, fertilisant les contrées arides, transporte le
bienfait des arts sur le sol de la Grèce. retour
(7) Ce fragment, tiré du Catalogue et conforme au récit de Stésichore, comme nous l'apprend Strabon, fait conjecturer à ce géographe que c'est d'Arabus que l'Arabie a pris son nom. Quel était cet Arabus ? Sans doute un puissant Héros, puisqu'il devait la naissance à un dieu et à la fille d'un roi, à Mercure et à Thronie. L'épithète de bienfaisant appliquée à Mercure peut étonner les lecteurs habitués à le regarder comme le dieu tutélaire des marchands et des voleurs. Qu'ils songent que ces attributs de bonté ou de méchanceté que la mythologie grecque donna à ses dieux et à ses déesses furent presque tons des inventions postérieures aux premiers temps du polythéisme. Dans les siècles d'Homère et d'Hésiode, les divinités ne se cachaient pas encore sous ce voile de symboles et d'allégories dont les tragiques et les autres mythographes les surchargèrent : Mercure n'était pas plus le dieu de l'éloquence ou le protecteur du vol que Vénus ou Diane n'étaient l'emblème de l'amour ou de la chasteté. On appelait donc Mercure bienfaisant parce que, étant supérieur aux hommes, il pouvait, comme toutes les divinités, les secourir et les protéger. retour
(8) Homère est le premier auteur qui parle de la roche d'Olène (Il., lib. 2, v.617) ; il la place dans le voisinage d'Élis. Pausanias (Élide, c. 20) dit qu'il existait en Élide une roche olénienne ainsi nommée d'un habitant du pays savant dans l'art de l’équitation. II rapporte aussi (Achaie, c. 18) qu'à 40 stades de Dyme, on trouve l'endroit où le fleuve Pirus se jette dans la mer, et qu'il y avait autrefois près de ce fleuve une ville appelée Olène. Suivant Strabon (lib. 8, c. 3, § 10), on conjecturait que la roche olénienne était la montagne que de son temps on appelait Scollis, montagne pierreuse, voisine de Dyme et d'Élis. Le fragment d'Hésiode doit avoir de l'autorité même dans une question géographique. On peut donc supposer, d'après le voisinage du fleuve Pirus et de la roche olénienne mentionnée dans ce vers, que cette roche était située dans l’Élide. retour
(9) Suivant
Strabon,
qui, dans sa description de la Crète, nous a conservé ce fragment, Hésiode
dit que Hécateus et une fille de Phoronéé
eurent cinq filles d'où naquirent les nymphes Oréades,
les Satyres et les Curètes.
Nous ne répéterons pas ici tout ce qui a été dit sur la lubricité et sur
l'intempérance des Satyres ou sur les danses
sacrées de ces Curètes, qui ont été confondus
avec les Corybantes et avec les Dactyles
de l’Ida et dont les mythes ont été aussi mêlés aux fables phrygiennes et
crétoises. Nous remarquerons seulement due l'origine de ces traditions
remontait à la plus haute antiquité, puisqu'elles ont été célébrées par Hésiode.
Le nom de dieu que ce poète donne aux Curètes
s'accorde avec la qualité de devins que leur attribuèrent les mythologues
postérieurs.
Il y a dans ce fragment quelque chose qui indique une époque de religion
primitive et une importation du culte oriental. Leclerc
pense que le mot saturoi vient du phénicien
schatar qui chez les Arabes signifie molester,
parce que les Satyres ne jouissaient des Nymphes
ou des femmes qu'après les avoir lassées de leur poursuite. II croit aussi que
l'épithète orchestères (danseurs)
appliquée aux Curètes a sa racine dans le mot
phénicien charar (danser). retour
(10)
Strabon
(lib. 14, c. 1, § 27) raconte que Calchas
à son retour de Troie visita l'oracle d'Apollon Clarien, et qu'y ayant
rencontré Mopsus, fils de Manto,
fille de Tirésias, il lui proposa l'énigme du
figuier, et périt de chagrin après avoir entendu sa réponse. Suivant Strabon,
Phérécyde rapporte que Calchas
demanda à Mopsus combien de cochons portait une
truie pleine, que Mopsus répondit qu'elle en
portait trois, dont l'un était une femelle, et que le nombre s'étant trouvé
juste, Calchas en mourut de dépit. D'après le
même auteur, Sophocle, dans sa pièce intitulée Helenàs
apaitesis (la Réclamation d'Hélène), disait qu'il était dans la
destinée de Calchas de mourir lorsqu'il aurait
trouvé un devin plus savant que lui, et il transportait dans la Cilicie le
théâtre de sa dispute et de sa mort.
La singularité de l'énigme rapportée par Hésiode,
et dont il est difficile de saisir le sens, attesterait seule, quand bien même
nous manquerions d'autres preuves, la disparité de l'âge d'Homère
et de celui d'Hésiode. En effet, l'obscurité de
la pensée, la tendance de la poésie vers la recherche et l'ambiguïté, cette
lutte d'esprit établie entre deux devins, ce Calchas
qui meurt de chagrin parce qu'il a rencontré un rival plus habile, tout cela
n'indique-t-il pas une époque où les Muses ont
moins pour but d'émouvoir les nations, en célébrant les grands événermnts
guerriers et populaires, que de piquer la curiosité d'un peuple oisif par des
inventions futiles et bizarres ? Dans l'Iliade, Calchas
interroge le vol des oiseaux, prophétise en plein air, conduit la flotte des
Grecs et demeure dans leur camp où il n'est pas moins guerrier que devin. Ici Mopsus
et Calchas se rencontrent à l'oracle d'Apollon,
probablement dans l'enceinte d'un temple. Ils ne viennent pas consulter le dieu
sur le sort des peuples: ils s'amusent à se porter un défi, et le vaincu
périt de honte et de douleur, tant la superstition lui faisait attacher de prix
à la gloire de son art ! Dans le siècle d'Homère,
les caractères, les passions, le culte, tout est extérieur. Dans celui d'Hésiode,
la civilisation a depuis longtemps introduit la dissimulation et la ruse.
Les
croyances sont moins vives, les formes de la religion deviennent plus
compliquées, plus minutieuses, la divination acquiert plus d'importance.
On
sent déjà que la puissance des prêtres ne tardera point à s'établir . Enfin
la superstition commence à succéder à la foi, la recherche à la simplicité,
une poésie spirituelle et réfléchie à ces chants naïfs et spontanés qui,
en sortant de la bouche d'un seul homme, semblaient s'échapper du coeur de tout
un peuple. retour
(11)
Pausanias,
en rapportant ce fragment, dit qu'il appartient à l'auteur du poème que les
Grecs nomment Mégalai éoiai. Quoiqu'il
puisse sembler singulier qu'il ne nomme pas Hésiode,
ce n'est qu'à ce poète que ces vers peuvent être attribués. Cet Orchomène,
qu'il ne faut pas confondre avec un autre Orchomène
fils de Lycaon (Apollodore,
lib. 3, c. 8, § 1), était, suivant Pausanias (Béotie,
ch. 36), fils de Minyas et donna son nom à sa
ville. Ce fut sous son règne qu'Hyettus, exilé
d'Argos pour un meurtre, vint se réfugier auprès de lui. Orchomène
lui céda le canton où furent depuis le bourg d'Hyette et le territoire
adjacent.
Pausanias en disant que cet Hyettus,
meurtrier de Molyre, qui avait séduit sa femme,
est le premier homme connu qui ait tiré vengeance d'un adultère, ajoute que
dans la suite Dracon, législateur des Athéniens,
plaça cette sorte de vengeance au nombre des actions qui ne devaient pas être
punies. Cette loi de Dracon atteste que de son
temps le sentiment moral avait fait des progrès dans l'esprit des Grecs et que
la société, plus civilisée, quoique plus corrompue, regardait comme un crime
digne du dernier châtiment l'injure faite à la sainteté du mariage. Dans les
temps primitifs, la violation de la loi conjugale n'était pas considérée
comme un délit plus grave que tous les autres ; le meurtrier de l'homme qui
l'avait outragé par un adultère n'inspirait pas plus de pitié, ne méritait
pas plus d'excuses que le meurtrier d'un homme innocent. Comme un coupable, il
était obligé de fuir sa patrie. Convenons cependant qu'à une époque où les
femmes ne jouaient qu'un rôle subalterne et vivaient renfermées dans le cercle
de leurs devoirs et de leur existence domestiques, ce genre de délit ne devait
pas être fréquent, ou du moins l'honneur des époux n'y attachait pas une
grande importance, puisque cet Hyettus était,
selon Pausanias, le premier mari qui eût tué le
séducteur de sa femme. C'est dans la maturité ou la vieillesse des sociétés
que les délicatesses de l'amour-propre s'augmentent avec la violence des
passions et avec la corruption des moeurs. retour
(12) Les deux premiers vers de
ce fragment sont cités par Tzetzès et les trois
derniers par le scholiaste de Pindare (Pyth.
4, 252). Ce passage faisait partie du poème de
la Généalogie des héros.
Dans l'édition de Leclerc et dans plusieurs
autres, on lit ainsi le premier vers : "Hellênes
d'égenonto themistopoloi basilêes." Leclerc
conjecturait cependant qu'il fallait lire Hellênos.
S'il avait consulté le texte du scholiaste, il aurait eu la satisfaction de
voir cette hypothèse confirmée. Il est étonnant que Robinson
et Gaisford aient écrit themistopoloi
basilêes, lorsqu'il y a dans Tzetzès themistopolou
basileou. Ces deux mots se rapportent à Hellen.
Au second vers, Heinsius avait mis Choros. Leclerc propose avec raison d'écrire Doros.
Tel est effectivement le nom qu'Apollodore donne à
l'un des fils d'Hellen ( lib. 1, c. 7, § 9 ) ; il
appelle les deux autres Xuthus et Éole,
comme dans Hésiode. Quant à Hellen,
il rapporte qu'il eut ces trois fils de la nymphe Orséis
et qu'il fut le premier enfant de Deucalion et de Pyrrha;
il ajoute que quelques-uns le disaient fils de Jupiter.
Robinson a changé les deux derniers mots de
cet hémistiche : Kai huperthumos péri kéri,
en un seul mot, Périêrês. C'est le nom de
ces Périères qui, d'après Apollodore
(lib. 1, c. 7, § 3), étaenit avec Créthéus, Athamas, Sisyphe et Salmonée
au nombre des enfants qu'Éole eut d'Énarètè,
fille de Déimaque. Apollodore
eu nomme deux autres dont Hésiode ne parle pas, Déïon
et Magnès.
L'épithète de thémistopolos (dispensateur
des lois) et celle de adikos (inique),
également appliquées à Salmonée, peuvent
sembler une contradiction du poète, mais on doit songer que les Grecs
donnaient ordinairement aux rois les mêmes qualités, comme celle de thémistopoloi
ou de diotrophoi, (nourrissons de Jupiter) ;
par là ils voulaient désigner un des attributs généraux de la royauté, ce
qui ne les empêchait point d'appeler un monarque dêmobros
(dévoreur de peuple), comme dans Homère (Il.,
c. 1, v. 231 ), ou dôrophagos (mangeur de présents), comme dans Hésiode (les Travaux et
les Jours, v. 39 ) : autre chose en effet était le caractère du souverain,
autre chose la conduite particulière de l’homme. N'oublions pas d'ailleurs
que l'habitude de chanter les vers favorisait le retour des mêmes épithètes
appliquées aux mêmes personnages. Une poésie chantée rend agréables et
presque nécessaires des répétitions qui ne seraient que fatigantes et
inutiles dans une poésie écrite. retour
(13) Ce fragment est
vraisemblablement la source première où Pindare a
puisé sa fable sur Pélée et sur Acaste,
fils de Pélias et roi d'Iolchos. Le poète ne
rapporte pas le motif de la vengeance que ce roi exerça contre Pélée.
Suivant Apollodore ( lib. 3, c. 13, § 3), Astynamie,
femme d'Acaste, devenue amoureuse de Pélée,
et honteuse d'un refus, l'accusa d'avoir tenté de la séduire. Acaste
furieux le conduisit à la chasse sur le Pélion où il le laissa endormi après
avoir caché son épée. Pélée, s'étant
réveillé, chercha son arme et tomba entre les mains des Centaures;
mais il fut sauvé par Chiron. Le
scholiaste d'Apollonius de Rhodes rapporte cette fable à peu près de la
même manière (lib. 1, v. 224); seulement il diffère sur le nom de la femme d'Acaste,
qu'il dit s'être nommée Crithéis, ou Hippolyte, comme l’appelle Pindare (Ném. 4, v. 93 ). II raconte que Mercure
ou, selon d'autres, Chiron, voyant Pélée
désarmé sur la montagne où Acaste l'avait
abandonné pour qu'il servît de pâture aux bêtes féroces, lui donna une
épée magnifique avec laquelle le héros, rentré dans la ville, égorgea Acaste
et son épouse.
On doit remarquer la ressemblance qui existe entre l'aventure de la femme d'Acaste
et de Pélée et celle de Bellérophon
(Iliade, c. 6, v. 160), qui fut aussi aimé d'Antée,
femme de Prétus, et accusé par elle auprès de
son mari d'avoir voulu profaner sa couche. Le type de ces deux histoires est
peut-être l'histoire de Joseph et de la femme de Putiphar.
L'Égypte et la Grèce eurent des points de contact nombreux. En parcourant la
route de l’Antiquité, on trouve souvent les mêmes jalons dispersés loin les
uns des autres. retour
(14) Comme Hésiode, Pindare (Ném. 3, v. 93 ) dit que Chiron éleva Jason. Chez les poètes, presque tous les héros les plus fameux ont le Centaure pour maître. retour
(15) Ce fragment était, suivant le scholiaste, le début du poème sur les préceptes de Chiron pour l'éducation d'Achille. Pausanias (Béotie, c. 3 1) met ce poème au nombre des ouvrages attribués à Hésiode. Comme il appartient au genre didactique, on doit le regarder comme le produit et l’expression d'un siècle où la poésie antique s'éloignait de son but primitif, qui était d'émouvoir plutôt que d'instruire, de célébrer les événements historiques et non de tracer des préceptes de morale. retour
(16) Le scholiaste nous apprend que le père des deux héros dont parle Hésiode était Halirrhothius, fils de Périéiès et d'Alcyone. Apollodore (lib. 3, c. 14, § 2) fait mention d'un autre Halirrhothius, fils de Neptune et de la nymphe Euryte qui, voulant violer Alcippe, fille de Mars et d'Agraule, fut surpris et tué par Mars. retour
(17) Ce fragment, suivant
le scholiaste de Sophocle,
appartenait au poème des Mégalai ëoiai.
Suivant lui, on croyait que le pays de Dodone était le même que l'Hellopie. Strabon,
qui cite le premier et le cinquième vers (lib. 7, c. 7, § 10), dit que Philochore
rapporte la même chose. Le nom d'Hellopie venait peut-être des Selles (Selloi
ou Elloi), qui avaient rendu célèbre cette contrée, car, selon Hésychius, ella
était le siège de Jupiter à Dodone,
c'est-à-dire l'escabeau où se plaçaient les ministres de ce dieu, lorsqu'ils
révélaient l'avenir. Runkhenius propose de lire
ainsi le sixième vers : Tên de zeus édélêsen eon
chrêstêrion einai, et de mettre au septième vers naiein
au lieu de naion, suivant la leçon de Valckener.
Ces changements nous semblent heureux. Il n'en est pas de même de celui que Runkhenius
propose pour le huitième vers, qu'il écrit ainsi : Enthên
êpichtoniois manteia pana phérontai.
Ces remarques sont peu importantes. Ce qui mérite d'être observé,
c'est la conformité du sens des deux derniers vers avec ce passage tiré de
l'hymne homérique à Mercure, 540 :
"Si quelque mortel (c'est Apollon que parle) vient à
moi, guidé par le chant ou par le vol des oiseaux choisis, mes ordres lui
seront propices et je ne le tromperai point ; mais si l'un d'eux, se confiant à
des oiseaux trompeurs, veut interroger mon oracle malgré ma volonté et désire
en savoir plus que les dieux immortels, je lui prédis que son voyage sera
inutile, et pourtant je recevrai ses dons."
Ce passage prouve à la fois que les hymnes attribués à Homère
portent une date moins antique et qu'ils n'ont précédé que de peu de temps
les poèmes d'Hésiode. Dans l'hymne à Mercure
et dans le fragment d'Hésiode, Apollon
et Jupiter sont encore avides de présents, comme
dans l'Iliade; mais ils attachent plus d'importance aux augures
favorables tirés du vol des oiseaux : la divination est devenue un art plus
sacré. Hésiode surtout nous révèle un
changement dans l'essence et dans les formes du culte. C'est dans le creux d'un
hêtre que repose l'oracle ou plutôt l'image de Jupiter.
Tous les mortels se font un devoir de le consulter. La divinité s'entoure d'un
mystère plus profond pour inspirer un respect plus religieux. retour
(18) Apollodore (livre 3, c. 11, § 1) s'est conformé à la tradition d'Hésiode en disant que Ménélas eut d'Hélène Hermione et Nicostrate. Pausanias (Corinthie, c. 13) prétend que c'est d'une esclave que Ménélas avait eu ce Nicostrate et un autre fils nommé Mégapenthès, le même dont parle Homère (Od., 4, 10). On lit dans les scholies de Venise (Il., 3, v. f 75) qu'Hélène avait donné à Ménélas un fils, appelé Morraphius selon Diéthus, ou Nicostrate d'après Cinéthon. Homère (Odyssée, ch. 4, v, 12, et Iliade, ch. 3, 175) dit qu'Hélène n'avait pas eu d'autre enfant qu'Hermione : Hésiode lui en donne deux ; d'autres poètes en ont encore augmenté le nombre. Ainsi les vieilles traditions tantôt s'accroissent, tantôt diminuent, et presque toujours s'altèrent avec le temps. retour
(19) Probablement, comme le dit
Étienne
de Byzance, ce fragment est extrait du second livre d'Égimius, poème
très ancien que les plus habiles critiques ont attribué à Hésiode
ou à l'un de ses rivaux nommé Cercops de Milet.
Ce poème était consacré à Égimius, roi des
Doriens, dont les enfants contribuèrent au retour des Héraclides
dans le Péloponnèse pour reconnaître les services rendus à leur père par Hercule,
car nous voyons dans Apollodore (liv. 2, c. 7, §
7) qu'Égimius, étant en guerre avec les Lapithes
et se trouvant assiégé, fut secouru et sauvé par Hercule,
qui tua leur chef Coronus. Le récit de Diodore
de Sicile (liv. 4, c. 37) s'accorde avec celui d'Apollodore.
Suivant le scholiaste d'Apollonius (liv. 1, v. 77),
les Eubéens s'appelaient Abantes, du nom d'un héros appelé Abas,
qui avait probablement régné sur eux. Strabon
(liv. 10, c. 1, § 3) rapporte que l'Eubée fut anciennement appelée Macris et
Abantis : "Aristote, dit-il, prétend que les Thraces, venus d'Abas en
Phocide, fondèrent une colonie dans l’île et nommèrent Abantes ceux qui
l'occupaient ; d'autres font dériver ce nom d'un héros, comme l'Eubée dut sa
dénomination à une héroïne. De même que le nom de boos
aulê (la retraite des boeufs) est resté à un antre situé sur le
rivage qui est tourné vers la mer Égée et où l'on dit que Io
accoucha d'Épaphus, c'est peut-être une cause
semblable qui a valu ce nom à l'Eubée. Un autre de ses noms fut celui d'Oché,
nom que porte la plus grande des montagnes de celte île." Si nous nous
bornons à examiner le fragment d'Hésiode, nous y
trouverons un indice presque certain que cette dénomination de l'Eubée est
venue de la fable de Io, car il était question de
cette fable dans le poème d'Égimius, comme le prouvent l'assertion d'Étienne
de Byzance et les quatre vers sur Argus, qui
nous ont été conservés par le scholiaste d'Euripide et
qui se rattachent au même poème. La métamorphose de Io
en vache, l'allégorie de ce personnage d'Argus, à
qui Hésiode donne quatre yeux et qui ne dormait
jamais, la singularité de l'origine du nom de l'Eubée, tout cela nous paraît
entièrement conforme à l'esprit d'un siècle ami des fictions et du
merveilleux.
Hésiode donne à l'Eubée l'épithète de
divine parce que cette île était consacrée à Junon.
Quand il rapporte que les dieux l'appelaient autrefois Abantis, il semble
rappeler, que les noms les plus anciens étaient toujours attribués aux dieux,
comme Homère nous le fait entendre souvent dans l'Iliade
en établissant une distinction entre la langue des dieux et celle des hommes.
Lorsqu'il nous dit que Jupiter donna à cette île
le nom de l'Eubée, il nous montre l'époque où une nouvelle religion,
victorieuse de l'ancien culte, introduisit ses changements dans l'Olympe comme
sur la terre. C'est sous le règne de Jupiter que
le polythéisme grec trouva enfin le point d'appui qui le fixa d'une manière
certaine et durable. retour
(20)
Eurygyès
est le même héros qu'Androgée, fils de Minos. Apollodore raconte (1. 3, c. 15, § 7) qu'il
vainquit tous ses rivaux dans les Panathénées, mais qu'Égée
l'envoya contre le taureau de Marathon, qui le fil périr, ou que, d'après une
autre tradition, étant allé à Thèbes aux jeux funèbres de Laïus,
il fut tué dans une embuscade par ceux qui devaient lui disputer le prix. Properce
(liv. 2, 1, 63 ) suppose qu'il fut ressuscité par Esculape. Pausanias dit (Attique, c. 28) que
Minos
vengea sa mort sur les Athéniens ; il parle (Attique, c. 1) d'un autel
nommé l'autel des héros que les Athéniens dédièrent à Androgée.
Suivant Hésychius, Mélésagoras
disait qu'on célébrait dans le Céramique des jeux funèbres en son honneur.
Rien n'est plus touchant qu'un tel hommage rendu à ce héros, mort dans la
fleur de son âge. Hésiode l'appelle l'enfant
de la sainte Athènes, comme si la ville tout entière adoptait sa gloire et
pleurait son souvenir avec la tendresse et la douleur d'une mère.
Runkhonius conjecture avec raison qu'il faut rapporter à Androgée
ce fragment où le poète semble déplorer une mort prématurée. retour
(21)
Plutarque
cite ce vers à propos de Thésée, qui abandonna Ariane
dans l'île de Naxos, parce qu'il s'était épris d'amour pour Églé.
Suivant lui, Héréas de Mégare prétendait que Pisistrate
avait fait retrancher ce vers du poème d'Hésiode,
de même que pour faire plaisir aux Athéniens il avait intercalé le vers
suivant dans le onzième chant de l'Odyssée (630) : "Thésée
et Périthoüs, glorieux enfants des dieux."
On voit par là que les poèmes recueillis par l'ordre de Pisistrate
n'ont souvent qu'une authenticité problématique, puisque ce roi, jaloux de
flatter l'orgueil des Athéniens, tantôt en ôtait les passages injurieux à la
mémoire de leurs ancêtres et tantôt en ajoutait d'autres qui pouvaient
augmenter encore la gloire de leurs anciens héros.
Un passage d'Athénée (13, p. 557) confirme ce que
dit Plutarque. Le voici : "Hésiode
rapporte que Thésée épousa légitimement Hippé et Eglé en faveur de
laquelle il viola les serments qu'il avait faits à Ariane, comme le dit Cercops."
retour
(22) Ces vers, où il est question de l'art de la divination, étaient peut-être compris dans la Mélampodie. retour
(23) Ces deux vers semblent se rattacher au passage précédent, car ils ne peuvent s'appliquer qu'à Jupiter. Quel que fût du temps d'Hésiode le respect qu'inspiraient les devins, leur puissance n'était pas comparable à celle du roi de tous les dieux, de ce Jupiter dont ils ne pouvaient pénétrer les desseins ni suspendre la volonté. Nous avons préféré la leçon to, approuvée par Gaisford, à celle de séo, qu'adopte M. Boissonade. Il nous a semblé plus naturel de rapporter la première à Jupiter que d'appliquer la seconde soit à un devin soit à un autre homme à qui le poète s'adresserait retour
(24) Ce bizarre fragment, qui a
été imité par Callimaque et qui a inspiré Ovide,
est extrait de la Mélampodie. Voici ce qu'Apollodore
(lib. 3, c. 6, v. 7 ) dit à ce sujet : "Hésiode
rapporte que Térésias, ayant trouvé à Cyllène deux serpents accouplés et
les ayant blessés, devint femme d'homme qu'il était. Mais ayant retrouvé ces
mêmes serpents encore accouplés, il redevint homme. Aussi Jupiter et Junon, se
disputant pour savoir qui, de l’homme ou de la femme, jouissait de plus de
plaisir en amour, le choisirent pour arbitre. Il répondit que des dix-neuf
parties qui composaient la jouissance, l'homme en éprouvait neuf et la femme
dix. Junon, à cause de cette réponse, le priva de la vue, mais Jupiter lui
donna le talent de la divination." Apollodore
cite, à l'appui de cette fable, les deux vers d'Hésiode. Heyne propose de corriger le commencement du
dernier, en mettant Ennea d' au lieu de tas
deka, attendu, dit-il, que de dix parties, quand on en ôte une, il
en reste neuf. Il se fonde principalement sur ce que Phlégon
(de Mirabil, c. 4 ) dit que Térésias
répliqua que des dix parties qui composent la jouissance, l'homme en goûte une
seule et la femme en éprouve neuf. La leçon proposée par Heyne
offre sans doute quelque vraisemblance. Nous croyons cependant qu'on doit
conserver le texte ancien, dont le sens paraît le plus véritable. Hésiode,
en effet, a voulu dire que l’homme n'obtenait qu'une partie de la jouissance,
mais que la femme la savourait tout entière. Or cette jouissance n'aurait pu
être complète si elle n'eût été composée que de neuf parties : il fallait
que la femme les éprouvât toutes les dix. D'ailleurs le mot dont se sert le poète, empiplêsi, exprime l’action
d'accomplir une chose dans son entier.
Ce fragment est curieux en ce qu'il porte encore l'empreinte d'une époque où
le plaisir des sens avait tant de charmes et de puissance que Jupiter
et Junon même se disputaient pour savoir quel sexe
en éprouvait davantage. Dans ces temps à demi civilisés, les hommes ne
recherchaient dans l'amour que la jouissance physique. Si un rival ou un
vainqueur leur enlevait leurs esclaves, ce n'était pas leur coeur qui
gémissait d'une telle perte, c'était leur orgueil qui souffrait et s'indignait
de se voir arracher la récompense de leur valeur. L'habitude d'une vie
guerrière ou politique les avait rendus indifférents à ces égards et à ces
soins qu'exige la compagnie assidue des femmes. Le siècle d'Hésiode
nous montre bien, il est vrai, les femmes liées davantage au sort des hommes et
troublant déjà la société par les désordres de leur mauvaise conduite, mais
il ne faut pas en conclure que les plaisirs matériels ne conservassent pas tout
leur empire. Les passions avaient gardé quelque chose de violent et de brutal
qui rappelait une époque voisine de la barbarie. Rien n'annonçait encore ces
temps où, sous Périclès, les femmes exercèrent tant d'influence sur la vie
privée et sur la destinée de l'état. retour
(25)
Harpocration
attribue ce vers à Hésiode, d'après le
témoignage d'Hypéride, qui prétend qu'il se
trouvait dans le poème sur Autoclès. Il est cité
par Aristophane le grammairien. L'idée
philosophique qu'il renferme est pleine de sagesse et de vérité. Le mérite de
sa concision, qualité nécessaire au genre didactique, le range parmi le petit
nombre de ces vers qui résument quelquefois tout un siècle. Il n'a pu être
composé qu'à une époque où la poésie, commençant à s'allier avec la
morale, s'attachait moins aux faits qu'à la pensée.
Le poème d'Autoclès, d'où il est extrait, était
probablement un poème d'une nature semblable à celle du poème des Travaux
et des Jours. Hésiode devait s'adresser à Autoclès
pour lui donner des conseils de morale, comme il s'adresse à Persès
pour l'exhorter au travail. retour
(26)
Appllonius
Dyscolus, dans son Traité sur les Pronoms nous apprend que la
particule tin, en perdant quelquefois le tau,
conserve la même valeur.
Hésychius dit que l’usage de cette particule est très rare et que in
autô signifie la même chose que autos
autô. Ces sortes de pléonasmes sont dans le génie des langues
grecque et latine.
Apollonios Dyscolus ne cite que les cinq premiers mots de ce vers sans
désigner le héros auquel ils se rapportent. D'après le
scholiaste d'Apollonius de Rhodes ( lib. 4, v. 57 ), il s'agit d'Endymion,
né d'Aéthlius, fils de Jupiter
et de Calyscé, qui avait reçu de Jupiter
le privilège de fixer lui-même le moment où il voudrait mourir. Les idées
sur le pouvoir du Destin s'étaient déjà
modifiées depuis Homère jusqu'à Hésiode. Jupiter, dans l'Iliade, cherche quelquefois
à dominer le Destin, mais le Destin
finit toujours par l’emporter, parce qu'il est la marche nécessaire des
événements, l’inévitable enchaînement des causes et des effets qui
réagissent les uns sur les autres. Ici nous voyons un héros qui reçoit la
faculté de décider lui-même l’heure de sa mort : la destinée elle-même
cède à l'ascendant du pouvoir que les dieux confèrent aux hommes. retour
(27) Schoefer pense que cet hémistiche n'est qu'une variante du vers 56 des Travaux et des Jours; mais Apollonius Dyscolus rapportant qu'il est tiré du troisième chant d'un poème d'Hésiode, M. Boissonade a cru devoir le comprendre parmi les fragments. retour
(28) Nous trouvons ici une
nouvelle preuve de l'idée répandue dans l’Antiquité sur la commune origine
des hommes et des dieux et consignée dans les poèmes d'Hésiode.
On dirait que cette communauté de repas et d'assemblées dont parle ce fragment
fait supposer une époque antérieure à l'âge d'or, l'époque où les habitants
de la terre et du ciel vivaient confondus. retour
(29) On trouve ce vers dans Aristote et dans le scholiaste d'Eschyle (les Suppliantes, 444), qui le cite sans nom d'auteur. Dans Suidas (in aiké pothoi), Apollon le prononce en prophétisant sur Aurélien. Les vers de ce genre, que la justesse de leur morale et leur brièveté popularisent comme des proverbes, courent risque d'être attribués à d'autres qu'à leur véritable auteur et appliqués à d'autres sujets qu'à ceux auxquels ils se rapportaient primitivement. retour
(30) Apollodore ( lib. 3, c. 9, § 2) dit que, suivant Hésiode et quelques autres, Arasante n'était pas fille d'Iasus, mais de Schenée. L'épithète qu'Hésiode lui donne, podokès, s'accorde avec ce que la fable raconte de sa vitesse à la course. Cet hémistiche est probablement extrait du poème des Megalai éoai. retour
(31) On voit dans les scholies de Venise que ces vers, tirés du Catalogue des Héroïnes, se rapportent à la fille d'Agénor. Heyne (Il. t. s, p. 564) pense que Dérnodocé est la même que Démonice, fille d'Agénor et d'Épicaste, dont Apollodore parle ( liv. 1, c. 7, § 7). retour
(32) Apollonius, en disant que l'on emploie le mot phoibon dans le sens de katharon (pur), cite ce vers, qu'il attribue à Héliodore. Villoison a substitué le nom d'Hésiode à celui d'Héliodore, et ce changement est confirmé par le témoignage du grand étymologiste (p.796) et d'autres grammairiens. Il est impossible de deviner de quel fleuve il est ici question. La marche du vers est assez embarrassée à cause de la place qu'occupe le mot kéras (bras de rivière). En voici la traduction littérale en latin : Puram undam adducens cornu Oceani fluentis. retour
(33) Constantin Porphyrogénète, en citant ce passage, dit que la Macédoine a reçu son nom de Macédon, fils de Jupiter et de Thyia, fille de Deucalion. Suivant Hellanicus, ce héros était fils d'Éole. Apollodore et Pausanias ne disent rien de lui. retour
(34)
M.
Boissonade prend té Méliboia pour
le nom d'une femme, de Mélibée, qui fut, d'après Apollodore (1. 3, c. 8, § 1), la fille de l'Océan
et l’épouse de Pélasge. II est permis
d'élever quelques doutes sur cette opinion. Dans une telle hypothèse, Mélibée
aurait enfanté Phellus, et aucun poète ou
mythologue ancien ne lui donne un fils de ce nom. Ne serait-il pas plus naturel
de croire qu'il s'agit de la ville de Mélibée dont Apollonius
de Rhodes fait mention (lib.1i, 592 ) et qui, suivant le scholiaste (ibid),
était située dans la Thessalie ? La construction de la phrase nous semble
favoriser cette interprétation : Phellon eummelien
téké té Meliboia.
L'expression de téké enfanta ne
peut se rapporter qu'à une femme, et ce verbe ne peut être gouverné par un
substantif dont le cas est le datif ou l'ablatif. On doit donc, selon nous,
traduire ainsi: "Elle enfanta dans Mélibée Phellus,
habile à manier la lance." Quelle était cette femme, mère de Phellus
? c'est ce qu'on ne saurait deviner. Un vers isolé ne peut rien nous apprendre.
retour
(35) Ce fragment, dont il est impossible d'expliquer le sens, se trouvait, selon Hérodianus Dindymus, dans le deuxième livre d'Hésiode, en deuterô. Peut-être, comme le conjecture M. Boissonade, désigne-t-il ainsi le second chant du Catalogue des Héroïnes. retour
(36) Hérodianus Dindymus dit que cet hémistiche est tiré du troisième livre, en tritô. Il s'agit peut-être encore dlu troisième chant du Catalogue des Héroïnes. L'obscurité de ce fragment ne saurait pas plus s'éclaircir que celle du précédent. Nous avons donné à nouthos la valeur du mot nothos, qui signifie faux, illégitime, vain. Les grammairiens disent nothos logismos (un faux raisonnement). Suidas prend le mot de nothos dans le sens de xénos (étranger). retour
(37) Ce fragment, que Galien nous a conservé comme étant rapporté par Chrysippe, peut servir de variante et de développement aux passages de la Théogonie qui concernent le mariage de Jupiter avec Métis (v. 886) et l'enfantement de Vulcain par Junon (v. 927). Plusieurs vers de la Théogonie reparaissent dans ce fragment, dont le texte est trés corrompu et le sens quelquefois très obscur. Runkbenius en a corrigé heureusement beaucoup de parties (Epist. crit., p. 100), mais il avoue avec franchise qu'il n'a su comment le corriger tout entier. M. Boissonade a ajouté quelques corrections. Son texte est celui que nous avons préféré. Cependant nous avons suivi pour la dernière phrase une ponctuation différente, qui consiste à placer un point à la fin du dix-septième vers et seulement une virgule à la fin du dix-huitième ; en cela nous avons adopté le sens proposé déjà par Runkhenius : ce n'est pas Thémis, mais Métis qui, dans le corps de Jupiter, fabriqua une égide pour Minerve, qui s'élança tout armée du cerveau de son père, comme l'atteste l'hymne homérique (v. 5) consacré à celle déesse. Cette fable de Métis renfermée dans le corps de Jupiter est consignée dans l’hymne orphique qui nous a été conservé par Stobée (Éclog., liv. 1, p. 40, Heeren) et qui se termine ainsi ; "Il est une force, un dieu, grand principe du tout, un seul corps excellent qui embrasse tous ces êtres, le feu, l'eau, la terre et l’éther, la nuit et le jour, et Métis la créatrice première et l'Amour plein de charmes. Tous ces êtres sont contenus dans le corps immense de Jupiter." retour
(38) Aspasius, dans ses Commentaires sur Aristote, dit que le mot ponêros s'emploie dans le sens de épiponos (laborieux), et de dustuchês (malheureux), et il cite comme un exemple ce fragment des Mégalai éoiai où Alcmène, s'adressant à Hercule, l'appelle le plus infortuné et le plus généreux de tous les hommes. L'existence de ce fragment est un nouveau motif de croire que le poème du Bouclier d'Hercule n'est pas complet, qu'il règne une lacune considérable entre le récit de la naissance d'Hercule et celui de son combat avec Cycnus. Les vers conservés par Aristote se rattachaient vraisemblablement à cette partie du poème qui ne nous est point parvenue et qui devait célébrer les travaux et les exploits du fils d'Alcmène. retour
(39)
Clavier,
qui rapporte ces vers dans les notes de son Histoire des premiers temps de la
Grèce (tome 3, p. 18), observe avec raison que la tradition contenue dans
ce passage diffère de celle que nous offrent les autres poèmes d'Hésiode.
En effet, suivant la Théogonie (v. 576) et les Travaux et les Jours
(v. 60), Pandore avait épousé Épiméthée Il n'est point question de son union avec Jupiter,
ni de son fils Graecus Elle fut mère de Pyrrha,
femme de Deucalion. Il ne serait pas cependant
impossible qu'Hésiode eût voulu parler ici d'une
autre Pandore que de celle qui fut formée par
l'ordre de Jupiter. Clavier
observe encore que, dans la Théogonie (v. 1012), Agrius
et Latinus sont fils d'Ulysse
et de Circé, et non pas de Pandore
et de Jupiter. Mais le fragment dont il s'agit ne
dit pas, comme il le prétend, que Jupiter ait eu
de Pandore Agrius et Latinus. Clavier aurait dû s'apercevoir qu'il fallait
placer un point après ces deux noms. Agrion êde
Latinon, lesquels se rattachent probablement à une phrase
précédente qui finit là, et non pas à celle qui concerne Pandore
et qui commence ainsi : et Kourê d'en, etc.
Sa première observation suffit donc pour faire soupçonner l'authenticité des
vers cités par Lydus. Comme on ne les trouve dans
aucun écrivain plus ancien que cet auteur, Clavier
pense qu'ils ont été forgés même depuis la translation de l'empire à
Constantinople. Malgré ces justes soupçons sur leur légitimité, nous avons
cru devoir les rétablir; ils ne sont pas compris dans les éditions de Gaisford
et de M. Boissonade. En voici le texte :
Agrion êde Latinon.
Kouré d'en méyaroisi agauou Deukalionos
Pandoré Dii patri théon semantori panton
Michteis en philoteti teké Graikon ménécharmen. retour