MARTIAL
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M. VAL. MARTIAL
ÉPIGRAMMES ATTRIBUÉES A M. V. MARTIAL
ÉPIGRAMMES ATTRIBUÉES A M. V. MARTIAL I. - SUR LA MÉDIOCRITÉ. Je ne veux point que la fortune me place au premier ni au dernier rang : je veux qu'elle me laisse vivre dans un juste milieu. Les grands sont en proie à l'envie, les petits aux outrages. Heureux cent fois celui qui vit à l'abri de ces deux fléaux. II. - A SCÉVOLA. Scévola, tu soupes chez tout le monde, et personne ne soupe chez toi ; tu vides les coupes d'autrui, et personne ne vide les tiennes. Ou invite à ton tour, ou cesse de chercher des invitations ; il est honteux de toujours prendre, et de ne jamais rendre. III. A AUCTUS. Tu exiges de nous l'amitié que tu n'as pour personne ; la foi que tu ne donnes à personne, Auctus, tu l'exiges de nous. Tu exiges de nous l'honneur que tu ne mérites, pas ; il est inconcevable que tu veuilles recevoir ce que tu ne donnes pas toi-même. IV. - SUR FILUS. Filus porte des manteaux; à ses doigts brillent des anneaux d'or ; Filus n'en est pas moins plus pauvre que le dernier des pauvres. Filus a des robes bordées de pourpre, il a des meubles nombreux, des clients : mais il n'en est pas moins plus pauvre que le dernier des pauvres. Filus a des palais ornés avec une magnificence royale ; mais il n'en est pas moins plus pauvre que le dernier des pauvres. Il a soif, il a faim au milieu de ses coupes d'or et de ses pierres précieuses, vêtu d'une cyclade, il a faim, il a soif. Son teint et sa maigreur disent qu'il a faim, sa bulle d'or dit le contraire. Le malheureux ! il vendrait ses services comme esclave pour avoir du pain ; mais sa bulle d'or s'oppose à ce qu'il soit esclave. S'il adresse à quelqu'un une prière suppliante, ses vêtements de soie font qu'on est sourd à sa prière. Si donc il ne veut pas mourir, de riche qu'il devienne pauvre ; car ce n'est qu'en devenant pauvre, qu'il peut être plus riche. V. - A AULUS. Ni ta naissance, Aulus, ni ta beauté, ni tes revenus, ni la gravité de tes moeurs, ne peuvent te servir de rien. Tu seras toujours pauvre, parce que tu es pauvre : et tu es le dernier des derniers. VI. - A RÉGULUS. Hermagoras proclame qu'il ne faut point plaire à tout le monde : choisis entre tous, Régulus, celui à qui tu, prétends plaire. VII. - A AULICUS. Tu me donnes beaucoup, je crains que tu ne me demandes beaucoup ; ne me donne rien, Aulus, si tu dois me demander quelque chose. VIII. - A GERMANICUS. Si tu cries si haut en justice, Germanicus, c'est pour que les emportements de ta voix soient à l'unisson de ton âme. IX. - A BASSUS. Tout ami aime ; mais tout ce qui aime n'est pas ami. Toi, Bassus, sois donc enfin ami de ceux que tu aimes. X. - CONTRE TURGIDUS.
Soit que tu
dînes ou que tu soupes, Turgidus, toujours la nuit te trouve à table : et le
jour, et la nuit, tu nages dans le vin. XI. - CONTRE CHLOÉ. Tu brûles pour un lascif Ganymède ; te possède qui veut ; les Hippolytes eux-mêmes se laissent prendre à tes appas. De nombreux adultères te ménagent l'entrée de leur logis ; tu te livres au premier venu : que tu es populaire ! Je voudrais t'appeler Démophile, si ta mère ne voulait que tu fusses Chloé : et en cela elle a tort et raison. XII. - CONTRE LAIS. Laïs, des femmes la plus belle, quand je te demande le prix d'une nuit passée dans tes bras, tu exiges bien vite un grand talent : Laïs ,je n'achète pas si cher un repentir. XIII. - CONTRE MACRINUS. Tu disais, Macrinus, que les champignons ne sauraient donner la mort : des champignons ont causé la tienne.
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