DÉMOSTHÈNE
II
DÉMOSTHÈNE CONTRE APHOBOS
I
Réplique
I. Contre Aphobos (Premier plaidoyer) | TOME I | III. Contre Aphobos (Défense du témoin Paphos) |
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II DËMOSTHÈNE CONTRE APHOBOS RÉPLIQUE ARGUMENT Le discours qu'on va lire est une réplique. Aphobos s'est défendu en disant que Gylon, aïeul maternel de Démosthène, avait été débiteur de l'État, et que, pour se soustraire aux conséquences de ce fait, le père de Démosthène avait dissimulé sa fortune, recommandant à ses amis de faire disparaître son testament. Démosthène répond qu'il s'agit de savoir, non si Gylon a été débiteur de l'État, mais si ses héritiers et descendants le sont encore, ce qui n'est établi par aucun témoignage, et se trouve même contredit par les faits. Démosthène fait relire les témoignages qui servent à établir le chiffre de sa réclamation, il raconte comment ses tuteurs ont indignement trahi la confiance de son père, quelles promesses ils lui avaient faites au lit de mort. Enfin il termine par une péroraison pathétique.
Démosthène gagna son procès
et Aphobos fut condamné. Mais de nouvelles difficultés s'élevèrent
lorsqu'il s'agit d'exécuter le jugement. Les plaidoyers qui suivent
sont un épisode PLAIDOYER [1] Aphobos a dit devant vous bien des mensonges et de grands. J'essayerai de le convaincre d'abord sur le point où son discours m'a le plus vivement indigné. Il a dit que mon grand-père était débiteur de l'État (01), et qu'à cause décela mon père n'avait pas voulu que ses biens fussent affermés, de peur de réveiller les poursuites (02). Voilà le prétexte dont il se couvre; mais que mon père fût encore débiteur au jour de son décès, c'est un fait sur lequel il ne produit aucun témoignage. Il a bien un témoignage d'où il résulte que mon grand-père a été débiteur, mais il a attendu jusqu'au dernier jour pour le joindre au procès, et encore il l'a mis en réserve pour la réplique, comptant sur ce moyen pour donner à l'affaire une mauvaise couleur. [2] S'il fait cette lecture, soyez attentifs. Il y est dit, vous le verrez, non que mon grand-père est débiteur, mais qu'il l'a été. J'essayerai donc de détruire ce moyen sur lequel il fonde ses plus grandes espérances ; même réduit à ces termes, nous nions le fait. Si nous avions pu le faire tout à l'heure, et si nous n'avions pas été pris par le temps, nous aurions produit des témoins pour prouver que la dette a été payée et que mon père a été rendu quitte de toutes ses obligations envers l'État. Je puis du moins vous montrer en ce moment par des présomptions très fortes que mon père ne devait rien, et que nous ne courions aucun danger en possédant ostensiblement notre fortune. [3] Et d'abord Démocharès, le mari de la sœur de ma mère, qui est fille de Gylon, n'a nullement dissimulé ses biens. Il est chorège, triérarque (03), s'acquitte des autres charges publiques, et ne redoute rien. En second lieu, mon père a lui-même révélé, outre le surplus de sa fortune, quatre talents et trois mille drachmes, que mes adversaires déclarent, en se chargeant l'un l'autre, avoir été portées sur le testament et reçues par eux. [4] Enfin Aphobos lui-même, avec ses cotuteurs, a révélé à l'État le chiffre des biens qui m'avaient été laissés, en me constituant chef de symmorie (04), et cela sur le pied, non d'un petit capital, mais d'une fortune assez considérable pour contribuer à raison de cinq cents drachmes par vingt-cinq mines. Et pourtant, si ce qu'il dit était vrai, il n'eût rien fait de tout cela et n'eût agi en toute circonstance qu'avec circonspection. Ainsi, vous le voyez, et Démocharès, et mon père, et eux-mêmes ont révélé les biens et n'ont redouté aucun des dangers dont on parle. [5] Ce qu'il y a de plus absurde, le voici : Ils disent que mon père avait défendu d'affermer les biens, et en même temps ils ne montrent pas ce testament, dans lequel ou pourrait voir ce qui en est. Loin de là, ils font disparaître un si puissant témoignage, et s'imaginent que vous êtes tenus de les croire sans preuve. Il fallait, au contraire , aussitôt après le décès de mon père, appeler force témoins et faire contre-sceller par eux le testament. Alors, s'il fût survenu quelque doute,, on aurait pu se reporter à l'écriture et trouver ainsi la vérité sur chaque point. [6] Au lieu de cela, ils ont jugé à propos de faire contre-sceller d'autres écrits, dans lesquels les valeurs de la succession ne se trouvaient pas complètement énumérées ; c'étaient de simples notes. Mais quant au testament lui-même, leur seul titre à la possession de ces écrits auxquels ils apposaient leurs sceaux, et de tous les autres biens, leur seule garantie pour le jour où on leur reprocherait de n'avoir pas affermé le patrimoine, ils ne l'ont pas scellé et ne l'ont jamais remis. Il faut apparemment les croire en tout ce qu'il leur plaît de dire à ce sujet. [7] Mais je ne comprends pas, moi, ce qu'ils veulent dire. Mon père, dit-on, aurait défendu d'affermer les biens et de les révéler. Mais de les révéler à qui ? à moi ou à l'État? C'est le contraire que vous avez fait, à ce qu'il semble. Vous avez révélé les biens à l'État, vous me les avez dissimulés, à moi, de toutes façons, vous ne me représentez même pas les biens dont vous avez déclaré la valeur pour fixer le chiffre des contributions. Montrez-la donc, cette fortune-là ; à combien se montait-elle? Où me l'avez-vous remise et devant quels témoins? [8] Vous avez pris, d'une part, les deux talents, d'autre pari, les quatre-vingts mines sur le total de quatre talents et trois mille drachmes. Vous n'avez donc pas compris ces dots, non plus que le reste, dans la déclaration que vous avez faite en mon nom à l'autorité publique. Aussi bien c'est à vous qu'elles appartenaient à ce moment-là (05). Mais, en vérité, on a beau réunir la maison, les quatorze esclaves et les trente mines que vous m'avez remises, tout cela est insuffisant pour fournir une contribution égale à celle que vous avez versée dans la symrnorie. [9] Il faut donc absolument que tous les biens de la succession , d'une valeur de beaucoup supérieure à cette somme, se trouvent entre vos mains. Vous vous sentez convaincus de les avoir mis ouvertement au pillage, et c'est pourquoi vous osez imaginer de pareilles fables. Tantôt vous vous rejetez la responsabilité de l'un sur l'autre, tantôt vous attestez, à la charge l'un de l'autre, ce que chacun de vous a reçu. Vous dites que vous avez reçu peu de chose, et vous portez en compte d'énormes dépenses. [10] Vous avez géré la tutelle tous en commun, et après cela vous manœuvrez chacun à part. Vous avez fait disparaître le testament qui pouvait faire connaître la vérité sur chaque point, et on ne vous trouve jamais d'accord entre vous quand vous parlez les uns des autres. Prends les témoignages et donnes-en lecture aux juges tout d'une suite. Il faut leur remettre en mémoire toutes les dépositions et tous les dires, pour les mettre en état d'en juger plus sûrement. TÉMOIGNAGES. [11] Voilà les déclarations que ces hommes ont faites en mon nom, me mettant au rang de ceux qui possèdent quinze talents (06). Or, la fortune qu'ils m'ont remise, entre eux trois, ne vaut pas même soixante et dix mines. Lis la suite. TÉMOIGNAGES. Mes tuteurs déclarent que la dot a été reçue par lui ; d'autres personnes, envers lesquelles il a reconnu avoir cette dot entre les mains, font la même déclaration. Eh bien, il n'a ni restitué la dot elle-même, ni fourni des aliments (07). Prends les autres témoignages et lis. TÉMOIGNAGES. [12] Ayant géré l'atelier pendant deux ans, il a payé à Thérippide le loyer des esclaves de ce dernier. A moi, au contraire, après avoir perçu les fruits de deux ans, soit trente mines, il n'a rendu ni cette somme ni les objets fabriqués. Prends le témoignage suivant et lis. TÉMOIGNAGE. Après avoir pris ces esclaves chez lui, ainsi que les autres objets qui vous avaient été remis en gage avec les esclaves, il a porté en dépense tant pour frais d'entretien, mais rien en recette, et il a fait disparaître les hommes, qui rapportaient chaque année douze mines de produit net. Lis le témoignage suivant. TÉMOIGNAGE. [13] Il a vendu cet ivoire et ce fer, et il soutient que ces objets ne se trouvaient pas dans la succession. Il m'en retient le prix, qui s'élève bien à un talent. Lis ces témoignages. TÉMOIGNAGES. Voilà encore une somme de trois talents et mille drachmes dont il est détenteur. Tout cela fait cinq talents en capital (08). Avec les intérêts, calculés seulement à la drachme, il a entré les mains plus de dix talents. Lis les témoignages qui suivent. TÉMOIGNAGES. [14] Voilà ce qui est écrit dans le testament et ce qu'ils ont reçu, d'après les dépositions qu'ils font eux-mêmes, en se chargeant les uns les autres. Aphobos ajoute ceci : Mon père l'avait envoyé chercher, il vint donc à la maison, mais ne put entrer auprès de celui qui le demandait, ni convenir de rien avec lui au sujet de la succession ; il entendit seulement Démophon lire un écrit, et Thérippide affirmer que c'était là le testament de mon père. Voilà ce qu'il dit; or il était entré avant les autres, et il était convenu de tout avec mon père au sujet des dispositions prises par ce dernier pour le règlement de sa succession. [15] En effet, juges, quand mon père se sentit malade à n'en pas revenir, il appela ces hommes, tous les trois ensemble, et ayant fait aussi asseoir à côté de lui son frère Démon, il nous remit entre leurs mains, à titre de dépôt. Ma sœur fut donnée à Démophon, avec deux talents de dot payables sur-le-champ, et lui fut fiancée comme future épouse. Pour moi, je fus confié à tous les trois conjointement, comme les biens. Mon père leur recommanda d'affermer le patrimoine et de veiller ensemble à la conservation de cette fortune. En même temps, [16] il donna à Thérippide les soixante et dix mines, fiança ma mère à Aphobos avec une dot de quatre-vingts mines, et voulut qu'il me prît sur ses genoux (09). Mais lui, le plus impie de tous les hommes, ne tint aucun compte de ces prières, quoique devenu maître de mon bien à ces conditions. Après m'avoir dépouillé de tout, de concert avec ses cotuteurs, il va tout à l'heure réclamer votre indulgence, quand il m'a rendu, lui troisième, à peine soixante et dix mines ; encore a-t-il ourdi un complot pour les reprendre. [17] Au moment où j'allais introduire ces actions contre mes adversaires, ils me jetèrent à la traverse une réquisition d'échange (10). Si je l'acceptais, je ne pouvais plus plaider contre eux, car ces actions appartenaient désormais à l'autre échangiste. Si je n'en faisais rien, je me ruinais sans ressource, en supportant les liturgies avec une fortune insuffisante. Ce service leur fut rendu par Thrasyloque d'Anagyronte (11). Sans me douter de rien, je fis l'échange avec lui, mais en me réservant mes actions, et sauf à plaider sur la validité de cette réserve (12), mais je ne pus engager l'instance. Cependant le temps pressait, je ne voulais pas perdre mes actions, je payai donc la liturgie (13), après avoir engagé ma maison et tous mes biens, car je tenais à ce que mes actions contre ces hommes arrivassent devant vous.
[18]
Ainsi, n'est-il pas vrai?
après m'avoir fait un grand tort depuis le commencement, ils me font
encore aujourd'hui subir un grand dommage parce que je tâche de me
faire rendre justice. Qui de vous ne serait pas justement irrité
contre cet homme et pris de pitié pour nous, en le voyant ajouter
aux biens à lui donnés mes biens personnels valant plus de dix
talents, et en nous voyant, nous, non seulement privés des biens
paternels, mais encore dépouillés, par la méchanceté de ces hommes,
des biens mêmes qu'ils nous ont remis? Où trouverions-nous des
ressources si vous en décidiez autrement ? Est-ce dans les biens qui
servent de gage à nos emprunts? Mais ils appartiennent aux
créanciers hypothécaires. Est-ce dans l'excédant de valeur de ces
biens? Mais cet excédant revient à Aphobos si nous sommes condamnés
à l'épobélie. [19]
Gardez-vous bien, juges, de devenir pour nous la cause de si grands
malheurs. Ne soyez point indifférents au traitement indigne que nous
subissons, ma mère, ma sœur et moi. Bien différent était l'avenir
que nous réservait mon père. Ma sœur était donnée pour épouse à
Démophon, avec nue dot de deux talents ; ma mère, avec une dot de
quatre-vingts mines, à cet homme, méchant entre tous ; et moi, je
devais prendre sa place pour vous fournir des liturgies. [20]
Venez-nous donc en aide, faites cela pour le droit, pour vous-mêmes,
comme pour nous et pour mon père mort. Sauvez-nous, ayez pitié de
nous, puisque ces hommes, qui sont nos parents, ont été
impitoyables. C'est en vous qu'est notre refuge. Je vous supplie et
je vous conjure, par vos enfants, par vos femmes, par tous les biens
que vous possédez, — que les dieux vous les conservent ! — ne me
regardez pas d'un œil indifférent. Ne permettez pas que ma mère soit
privée à jamais même de ce qui lui reste à espérer, et subisse un
traitement indigne d'elle. [21]
En ce moment, elle se dit que j'ai sûrement fait triompher mon bon
droit devant vous, elle s'apprête à me recevoir dans ses bras et à
marier ma sœur. Si vous décidez autrement, — puisse cette douleur
m'être épargnée ! — quelle émotion n'éprouvera-t-elle pas,
dites-le-moi, lorsqu'elle me verra, non seulement dépouillé de mon
patrimoine, mais encore frappé d'atimie, lorsque pour ma sœur elle
ne pourra même plus espérer un établissement convenable, dans le
dénuement où elle sera plongée. [22]
Nous n'avons mérité ni l'un ni l'autre, juges, moi de ne pas trouver
justice devant vous, lui de conserver injustement la possession
d'une si grande fortune. Pour ce qui est de moi, si vous ne savez
pas encore par expérience quels services je pourrais vous rendre,
vous pouvez du moins espérer que je ne serai pas au-dessous de mon
père. Mais pour cet homme, vous l'avez vu à l'œuvre ; vous savez
très bien que, possesseur d'une grande fortune, bien loin de la
mettre généreusement à votre service, il a été convaincu de s'être
emparé du bien d'autrui. [23]
Ayez donc cela devant les yeux, rappelez-vous les autres raisons et
votez en faveur du bon droit. Vous avez des preuves suffisantes.
Elles résultent de témoignages, de présomptions, d'inductions, de
l'aveu même de ces hommes, qui reconnaissent avoir reçu tous mes
biens. Ils disent qu'ils les ont dépensés, non, ils ne les ont pas
dépensés, ils les détiennent tous. [24]
Songez à toutes ces choses, et en même temps demandez-vous par
avance ce que fera chacun de nous. Vous le savez bien. Si j'obtiens
de vous la restitution de ma fortune, je serai toujours prêt, comme
de raison, à supporter toutes les liturgies. Mais lui, si vous le
rendez maître de mes biens, il ne fera rien de semblable. Ne croyez
pas, en effet, que ces biens qu'il nie avoir reçus, il veuille
jamais les employer à votre service. Il les cachera bien plutôt pour
faire croire que sa cause était bonne et que vous avez bien fait de
repousser mon action contre lui. |
NOTES (01) L'aïeul materne! de Démosthène s'appelait Gylon, du dème des Kéramées de la tribu Akamantide. Vers la lin de la guerre du Péloponnèse il commandait pour les Athéniens, à Nymphaeon, sur la côte de Crimée, et remit cette place au roi du Bosphore. Quoique la chute d'Athènes expliquât suffisamment cet abandon, Gylon fut accusé de trahison, mais il s'exila avant la condamnation, et se rendit au Bosphore, où le roi lui confia le gouvernement d'une ville appelée les Jardins (Κῆποιi). Il y épousa une femme du pays, très riche, et en eut deux filles qu'il envoya à Athènes. L'une épousa Démocharès de Leuconoé, dème de la tribu Léontide; l'autre Démosthène de Pœania, père de l'orateur. Gylon paraît être revenu lui-même à Athènes et avoir payé le montant de l'amende qu'il avait encourue. Quant à ses filles, pour qu'elles aient pu contracter mariage légitime avec des Athéniens il fallait que leur mère fût Athénienne, ou qu'elle eût obtenu l'ἐπιγαμία, ou qu'elles-mêmes fussent nées avant l'archontat d'Euclide, en 403. En effet, c'est seulement à partir de cette époque que la qualité d'Athénien fut exigée du côté du père comme du côté de la mère, pour la légitimité des enfants. (V. Eschine, Discours contre Ctésiphon, A. Schœfer, t.1er, p. 235, et Grote, t. XI, p. 369.) (02) Les biens de mineurs étaient affermés par adjudication publique, devant l'archonte. Si la dette de Gylon n'avait pas été éteinte, il eût été dangereux de procéder à cette adjudication, et on comprendrait que le père de Démosthène l'eût interdite. (03) Les principales liturgies , c'est-à-dire les principaux services dus à l'État par les citoyens riches, étaient les chorégies et les triérarchies. Le chorège instruisait à ses frais les chœurs qui devaient figurer dans les fêtes publiques. Le triérarque fournissait une galère et la commandait. On peut se faire une idée des charges qu'imposait la triérarchie en lisant le Discours sur la couronne navale et le Plaidoyer d'Apollodore contre Polyclès. (04) V. le plaidoyer précédent, note 3. (05) Lorsque la dot consistait en argent, ou en choses fongibles, le mari en devenait propriétaire pendant le mariage, et le droit de la femme se convertissait en une créance. (V. Caillemer, De la restitution de la dot, à Athènes.) (06) V. le plaidoyer précédent, note 3. (07) Après la dissolution du mariage, la femme avait l'option, ou de retourner chez son κύριος, en emportant sa dot,ou de rester dans la maison de son défunt mari, et alors le détenteur de la dot devait lui fournir des aliments, σῖτος. (08) Nous suivons dans cette phrase et dans la précédente la leçon de Reiske et de Bremi. Dindorf et Vœmel lisent ici trois talents, et plus haut un talent et deux mille drachmes. (09) Il y a ici une sorte de cérémonie symbolique qui était étrangère à la loi, mais prescrite par les mœurs et sans doute aussi par les idées religieuses. (10) Lorsqu'un citoyen était requis pour une liturgie, il pouvait s'en décharger en dénoncent un autre citoyen non inscrit sur la liste des contribuables, quoique plus riche que lui ; il offrait l'échange, ἀντίδοσις, c'est-à-dire qu'il prenait le patrimoine du citoyen dénoncé et remettait à ce dernier son patrimoine avec la charge de la liturgie. (V. le discours contre Phénippe, Boeckh, liv. IV, ch. XVI et Caillemer, au mot Antidose, dans le Dictionnaire de Daremberg et Saglio.) (11) Anagyronte, Ἀναγυροῦς, dème de la tribu Érechthéide. Thrasyloque était le frère de Midias, contre lequel Démosthène plaida plus tard. Dans le plaidoyer contre Midias Démosthène revient sur ces circonstances et fait ressortir la violence des procédés employés contre lui. Thrasyloque et Midias étaient entrés dans sa maison, pour faire leur réquisition, en présence de sa mère et de sa sœur. (12) Nous suivons ici l'explication de Bœckh , t. 1er, pp. 753 et suiv. Vollbrecht, De antidosi, Clausthal, 1846, en donne une autre. Le sens serait celui-ci : « J'acceptai l'échange sous réserve de faire juger la question de savoir qui devait la liturgie, mais je ne pus faire juger la question , et d'autre part le temps pressait pour l'exécution de la liturgie; je me soumis donc, pour ne pas perdre mes actions. » Bœckh a très bien réfuté Vollbrecht. (V. aussi Caillemer, au mot Antidose.) Il paraît certain que Démosthène éleva la prétention de se réserver son action, tout en faisant l'échange, mais cette prétention était-elle fondée? C'est une tout autre question, que nous serions disposé à résoudre négativement, contrairement à l'opinion de Caillemer. (13) La somme était de vingt mines. (V. le plaidoyer contre Midias.)
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