Fantasmagories

 

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Les quatre âges du monde

OVIDE : Publius Ovidius Naso est né à Sulmone, dans une famille équestre. Il fit de brillantes études de rhétorique, mais se consacra à la poésie, tout en se répandant dans le monde. Il écrivit beaucoup de poésies amoureuses, les Amours, les Héroïdes (des héroïnes de la légende écrivent à ceux qu'elles aiment, l'art d'Aimer. Après ces oeuvres de jeunesse, il écrit Médée, une tragédie, les Métamorphoses et les Fastes, sorte de calendrier des fêtes et du culte. En 8 P.C.N., Ovide est exilé à Tomes, au bord de la Mer Noire pour une raison restée obscure. Il mourut en exil. Ce malheur lui a arraché des plaintes sincères qui s'expriment dans les Tristes et les Pontiques.

autres textes d'ovide

Un mythe éternel : celui de l'âge d'or

1° L'âge d'or

a) le bon sauvage

Aurea prima sata est aetas, quae vindice nullo,
Sponte sua, sine lege, fidem rectumque colebat.
Poena metusque aberant nec verba minantia fixo
Aere legebantur, nec supplex turba timebat
Iudicis ora sui, sed erant sine vindice tuti.

 b) des tribus paisible

Nondum caesa suis, peregrinum ut viseret orbem,
Montibus in liquidas pinus descenderat undas
Nullaque mortales praeter sua litora norant.
Nondum praecipites cingebant oppida fossae;
Non tuba directi, non aeris cornua flexi,
Non galea, non ensis erat; sine militis usu
Mollia securae peragebant otia gentes.

c) La Terre nourricière

Ipsa quoque immunis rastroque intacta nec ullis
Saucia vomeribus per se dabat omnia tellus;
Contentique cibis nullo cogente creatis
Arbuteos fetus montanaque fraga legebant
Cornaque et in duris haerentia mora rubetis
Et quae deciderant patula Iovis arbore glandes.
Ver erat aeternum placidique tepentibus auris
Mulcebant zephyri natos sine semine flores.
Mox etiam fruges tellus inarata ferebat
Nec renovatus ager gravidis canebat aristis;
Flumina iam lactis, iam flumina nectaris ibant
Flavaque de viridi stillabant ilice mella.

Ovide, Métamorphoses, I, 89 - 112

   vocabulaire

L'âge d'or

Il fut d'or, le premier âge à naître : sans vengeur, sans contrainte, sans lois, il respectait la bonne foi et la droiture. Point de châtiment ni de crainte; on ne lisait pas de mots menaçants sur des tables de bronze et la foule suppliante ne craignait pas le visage de son juge; sans protecteur, les gens étaient en sécurité.
Alors, le pin n'avait pas encore été abattu dans ses montagnes et n'était pas descendu sur les flots marins pour visiter un monde étranger; les mortels ne connaissaient de rivages que les leurs; des fossés pentus n'entouraient pas encore des places fortes; point de trompette droite, point de cor à l'airain courbé, pas de casque ni d'épée : sans l'aide du soldat, les tribus passaient sans risque de doux loisirs.
La terre aussi, dispensée de toute obligation, sans être touchée par le hoyau, ni blessée par des araires, donnait tout d'elle-même. Satisfait des aliments produits sans aucune contrainte, l'homme cueillait les fruits de l'arbousier, les fraises des montagnes, les cornouilles, les mûres attachées aux ronces épineuses et les glands tombés de la large frondaison de l'arbre de Jupiter. Un printemps éternel ! Les zéphyrs paisibles caressaient de leur souffle tiède les fleurs nées sans semis. Bien vite, même, la terre vierge portait des moissons et le champ en jachère blanchissait de lourds épis. Là, des fleuves de lait, là, des fleuves de nectar; des gouttes de miel blond tombaient de l'yeuse verdoyante.

Ovide, Métamorphoses, I, 89 - 112

 

Hésiode, Les travaux et les jours, 109 - 201.

L'âge d'or

Quand les hommes et les dieux furent nés ensemble, d’abord les célestes habitants de l'Olympe créèrent l'âge d'or (8) pour les mortels doués de la parole. Sous le règne de Saturne qui commandait dans le ciel, les mortels vivaient comme les dieux, ils étaient libres d'inquiétudes, de travaux et de souffrances ; la cruelle vieillesse ne les affligeait point ; leurs pieds et leurs mains conservaient sans cesse la même vigueur, et loin de tous les maux, ils se réjouissaient au milieu des festins, riches en fruits délicieux et chers aux bienheureux Immortels. Ils mouraient comme enchaînés par un doux sommeil. Tous les biens naissaient autour d'eux. La terre fertile produisait d'elle-même d'abondants trésors ; libres et paisibles, ils partageaient leurs richesses avec une foule de vertueux amis. Quand la terre eut renfermé dans son sein cette première génération, ces hommes, appelés les génies terrestres, devinrent les protecteurs et les gardiens tutélaires des mortels : ils observent leurs bonnes ou leurs mauvaises actions, et, enveloppés d'un nuage (9), parcourent toute la terre en répandant la richesse : telle est la royale prérogative qu'ils ont obtenue.

L'âge d'argent

Ensuite les habitants de l'Olympe produisirent une seconde race bien inférieure à la première, l'âge d'argent (10) qui ne ressemblait à l'âge d'or ni pour la force du corps ni pour l'intelligence. Nourri par les soins de sa mère, l'enfant, toujours inepte, croissait, durant cent ans, dans la maison natale. Parvenu au terme de la puberté et de l'adolescence, il ne vivait qu'un petit nombre d'années, accablé de ces douleurs, triste fruit de sa stupidité, car alors les hommes ne pouvaient s'abstenir de l'injustice ; ils ne voulaient pas adorer les dieux ni leur offrir des sacrifices sur leurs pieux autels, comme doivent le faire les mortels divisés par tribus. Bientôt Jupiter, fils de Saturne, les anéantit, courroucé de ce qu'ils refusaient leurs hommages aux dieux habitans de l'Olympe. Quand la terre eut dans son sein renfermé leurs dépouilles, on les nomma les mortels bienheureux ; ces génies terrestres n'occupent que le second rang, mais le respect accompagne aussi leur mémoire.

L'âge d'airain

Le père des dieux créa une troisième génération d'hommes doués de la parole, l'âge d'airain, qui ne ressemblait en rien à l’âge d'argent. 
Robustes comme le frêne, ces hommes, violents et terribles, ne se plaisaient qu'aux injures et aux sanglants travaux de Mars ; ils ne se nourrissaient pas des fruits de la terre, et leur coeur impitoyable avait la dureté de l'acier. Leur force était immense, indomptable, et des bras invincibles s'allongeaient de leurs épaules sur leurs membres nerveux. Ils portaient des armes d'airain ; l’airain composait leurs maisons ; ils ne travaillaient que l'airain, car le fer noir n'existait pas encore. Égorgés par leurs propres mains, ils descendirent dans la ténébreuse demeure du froid Pluton sans laisser un nom après eux. Malgré leur force redoutable, la sombre Mort les saisit et ils quittèrent la brillante lumière du soleil.

L'âge des Héros

Quand la terre eut aussi renfermé leur dépouille dans son sein, Jupiter, fils de Saturne, créa sur cette terre fertile une quatrième race plus juste et plus vertueuse (11), la céleste race de ces Héros que l'âge précédent nomma les demi-dieux dans l’immense univers. La guerre fatale et les combats meurtriers les moissonnèrent tous, les uns lorsque, devant Thèbes aux sept portes (12), sur la terre de Cadmus, ils se disputèrent les troupeaux d'Oedipe (13) ; les autres lorsque, franchissant sur leurs navires la vaste étendue de la mer, armés pour Hélène aux beaux cheveux, ils parvinrent jusqu'à Troie, où la mort les enveloppa de ses ombres. Le puissant fils de Saturne, leur donnant une nourriture et une demeure différentes de celles des autres hommes, les plaça aux confins de la terre. Ces Héros fortunés, exempts de toute inquiétude, habitent les îles des bienheureux (14) par delà l'océan aux gouffres profonds, et trois fois par an la terre féconde leur prodigue des fruits brillants et délicieux.

L'âge de fer

Plût aux dieux que je ne vécusse pas au milieu de la cinquième génération ! Que ne suis-je mort avant ! que ne puis-je naître après ! C'est l'âge de fer (15) qui règne maintenant. Les hommes ne cesseront ni de travailler et de souffrir pendant le jour ni de se corrompre pendant la nuit ; les dieux leur enverront de terribles calamités. Toutefois quelques biens se mêleront à tant de maux. Jupiter détruira celte race d'hommes doués de la parole lorsque presque dès leur naissance leurs cheveux blanchiront. Le père ne sera plus uni à son fils, ni le fils à son père, ni l'hôte à son hôte, ni l'ami à son ami ; le frère, comme auparavant, ne sera plus chéri de son frère ; les enfants mépriseront la vieillesse de leurs parents. Les cruels ! ils les accableront d'injurieux reproches sans redouter la vengeance divine. Dans leur coupable brutalité, ils ne rendront pas à leurs pères les soins que leur enfance aura reçus : l'un ravagera la cité de l'autre ; on ne respectera ni la foi des serments, ni la justice, ni la vertu ; on honorera de préférence l'homme vicieux et insolent ; l'équité et la pudeur ne seront plus en usage ; le méchant outragera le mortel vertueux par des discours pleins d'astuce auxquels il joindra le parjure. L'Envie au visage odieux, ce monstre qui répand la calomnie et se réjouit du mal, poursuivra sans relâche les hommes infortunés. Alors, promptes à fuir la terre immense pour l'Olympe, la Pudeur et Némésis (16), enveloppant leurs corps gracieux de leurs robes blanches, s'envoleront vers les célestes tribus et abandonneront les humains ; il ne restera plus aux mortels que les chagrins dévorants, et leurs maux seront irrémédiables.

absum, es, esse, afui : être absent
aes, aeris, n. : le bronze, l'argent.(aes alienum : la dette)
aetas, atis, f. : 1. le temps de la vie, la vie 2. l'âge 3. la jeunesse 4. te temps, l'époque (in aetatem : pendant longtemps)
aeternus, a, um : éternel
ager, agri, m. : la terre, le territoire, le champ
arbor, oris, f. : l'arbre
arbuteus, a, um : d'arbousier
arista, ae, f. : la barbe, la pointe d'épi, l'épi
aura, ae, f. : le souffle, la brise, le vent, l'air
aureus, a, um : d'or
caedo, is, ere, cecidi, caesum : abattre, tuer
caneo, es, ere, ui, - : être blanc
cibus, i, m. : la nourriture, le repas, la sève
cingo, is, ere, cinxi, cinctum : ceindre, entourer
cogo, is, ere, egi, actum : 1. assembler, réunir, rassembler, 2. concentrer, condenser 3. pousser de force, forcer
colo, is, ere, colui, cultum : honorer, cultiver, habiter
contineo, es, ere, tinui, tentum : contenir, maintenir
cornu, us, n. : la corne, l'aile d'une ligne de bataille, le cor
cornum, i, n. : la cornouille (fruit du cornouiller)
creo, as, are : 1. créer, engendrer, produire 2. nommer un magistrat
de, prép. + abl. : au sujet de, du haut de, de
decido, is, ere, cidi, cisum : tomber
descendo, is, ere, di, sum : descendre
dirigo, is, ere, direxi, directum : mettre en ligne droite, aligner, ranger, diriger (directus, a, um : droit)
do, das, dare, dedi, datum : donner
durus, a, um : dur
ensis, is, m. : l'épée, le glaive
eo, is, ire, ivi, itum : aller
et, conj. : et. adv. aussi
etiam, adv. : encore, en plus, aussi, même, bien plus
fero, fers, ferre, tuli, latum : porter, supporter, rapporter
fetus, us : m. : l'enfantement, la couche, la portée (des animaux), les petits
fides, ei, f. : 1. la foi, la confiance 2. le crédit 3. la loyauté 4. la promesse, la parole donnée 5. la protection
figo, is, ere, fixi, fixum : planter, transpercer, arrêter, fixer (fixus, a, um : fixé, enfoncé)
flavus, a, um : jaune, blond
flecto, is, ere, flexi, flexum : courber (flexum mare : une crique)
flos, oris, m. : la fleur
flumen, inis, n. : le cours d'eau, le fleuve, la rivière
fossa, ae, f. : le fossé
fragum, i, n. : la fraise (surtout au pluriel)
fruges, um, f. : les récoltes
galea, ae, f. : le casque
gens, gentis, f. : la tribu, la famille, le peuple
glans, glandis, f. : le gland (fruit du chêne)
gravidus, a, um : alourdi, gonflé ; gravida,ae : la femme enceinte
haereo, es, ere, haesi, haesum : être attaché
iam, adv. : déjà, à l'instant
ilex, ilicis, f. : l'yeuse (sorte de chêne)
immunis, e : libre (de tout impôt)
in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
inaratus, a, um : non labouré
intactus, a, um : non touché, intact
ipse, a, um : (moi, toi, lui,...) même
iudex, icis, m. : le juge
Iuppiter, Iovis, m. : Jupiter
lac, lactis, n. : le lait
lego, is, ere, legi, lectum : cueillir, choisir, lire (lectus, a, um : choisi, d'élite)
lex, legis, f. : la loi, la (les) condition(s) d'un traité
liquidus, a, um : liquide, fluide, coulant, clair, limpide
litus, oris, n. : le rivage
mel, mellis, n. : 1. le miel 2. la douceur
metus, us, m. : la peur, la crainte
miles, itis, m. : le soldat
minor, aris, ari : menacer
mollis, e : mou, fluide, souple, flexible
mons, montis, m. : le mont, la montagne
montanus, a, um : relatif à la montagne, de montagne
mortalis, e : mortel
morum, i, n. : la mûre
mox, adv. : bientôt
mulceo, es, ere, mulsi, mulsum : caresser
natus, a, um : formé par la naissance, né pour, âgé de (natus, i, m. : le fils)
nec, adv. : et...ne...pas
nectar, aris, n. : le nectar
non, neg. : ne...pas
nondum, adv. : pas encore
nosco, is, ere, novi, notum : apprendre ; pf. savoir
nullus, a, um : aucun
omnis, e : tout
oppidum, i, n. : l'oppidum, la ville fortifiée
orbis, is, m. : le cercle, le globe. - terrarum : le monde
os, oris, n. : le visage, la bouche, l'entrée, l'ouverture
otium, ii, n. : le loisir, le calme, le repos
patulus, a, um : large
per, prép. : + Acc. : à travers, par
perago, is, ere, egi, actum : accomplir, achever
peregrinus, a, um, adj. et n. : étranger
pinus, i, f. : le pin
placidus, a, um : doux, calme, paisible
poena, ae, f. : le châtiment (dare poenas : subir un châtiment)
praeceps, cipitis : la tête en avant, précipité, penché, en déclivité, emporté(praeceps, ipitis, n. : l'abîme, le précipice - praeceps adv. au fond, dans l'abîme)
praeter, adv. : sauf, si ce n'est prép. : devant, le long de, au-delà de, excepté
primus, a, um : premier
quae, 4 possibilités : 1. N.F.S. N.F.PL. N.N.PL., ACC. N. PL. du relatif = qui, que (ce que, ce qui) 2. idem de l'interrogatif : quel? qui? que? 3. faux relatif = et ea - et eae 4. après si, nisi, ne, num = aliquae
quoque, adv. : aussi
raster, ri, m. : le hoyau, la bêche
rectus, a, um : droit, correct
renovo, as, are : renouveler, rafraîchir, régénérer
rubetum, i, n. : le buisson de ronces
saucius, a, um : ensanglanté
se, pron. réfl. : se, soi
securus, a, um : tranquille, sûr
sed, conj. : mais
semen, inis, n. : la graine, la semence
sero, is, ere, sevi, satum : semer, engendrer; is, ere, ui, sertum : unir, attacher
sine, prép. : + Abl. : sans
sponte, inv. : d'après la volonté de quelqu'un (mea, tua, sua -)
stillo, as, are : tomber goutte à goutte
sum, es, esse, fui : être
supplex, plicis : suppliant
suus, a, um : adj. : son; pronom : le sien, le leur
tellus, uris, f. : la terre, sol, terrain, pays
tepeo, es, ere : être tiède
timeo, es, ere, timui : craindre
tuba, ae, f. : la trompette
turba, ae, f. : la foule, le désordre, le trouble, l'émoi
tutus, a, um : en sécurité, sûr
ullus, a, um : un seul ; remplace nullus dans une tournure négative
unda, ae, f. : l'onde, l'eau, le flot
usus, us, m. : l'usage, l'utilité
ut, conj. : + ind. : quand, depuis que; + subj; : pour que, que, de (but ou verbe de volonté), de sorte que (conséquence) adv. : comme, ainsi que
ver, eris, n. : le printemps
verbum, i, n. 1. le mot, le terme, l'expression 2. la parole 3. les mots, la forme
vindex, icis, m. : le défenseur, le justicier
viridis, e : vert
viso, is, ere, visi, visum : voir, visiter
vomer, eris, m. le soc de la charrue
Zephyrus, i, m. : le zéphyr (vent d'ouest)
texte
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