LIVRE QUATRIÈME, chapitre 13
ANTIQUITÉS ROMAINES DE DENYS DHALICARNASSE
LIVRE QUATRIÈME.
ANTIQUITÉS ROMAINES DE DENYS DHALICARNASSE LIVRE QUATRIÈME. |
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CHAPITRE TREIZIEME. I Tarquin fait faire les fondements du temple de Jupiter Capitolin. II. En creusant les fondements on trouve une tète d'homme encore toute saignante. III. Tarquin envoie consulter sur ce prodige un devin de Tyrrhénie. IV. Les envoyés rencontrent le fils du devin ; il leur apprend de quelle manière ils doivent l'interroger. V. Le devin tâche de les tromper. VI. Il leur explique enfin le prodige. VII. Tarquin ne put achever le temple de Jupiter Capitolin. VIII. Dimensions de ce temple. |
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I. [4,59] Ταρκύνιος δὲ μετὰ τοῦτο
τὸ ἔργον ἀναπαύσας
τὸν λεὼν τῶν στρατειῶν καὶ πολέμων περὶ
τὴν κατασκευὴν τῶν ἱερῶν ἐγίνετο τὰς τοῦ πάππου
προθυμούμενος εὐχὰς ἐπιτελέσαι. Ἐκεῖνος γὰρ ἐν τῷ
τελευταίῳ πολέμῳ μαχόμενος πρὸς Σαβίνους εὔξατο
τῷ Διὶ καὶ τῇ Ἥρᾳ καὶ τῇ Ἀθηνᾷ, ἐὰν κρατήσῃ τῇ
μάχῃ, ναοὺς αὐτοῖς κατασκευάσειν· καὶ τὸν μὲν σκόπελον,
ἔνθα ἱδρύσεσθαι τοὺς θεοὺς ἔμελλεν, ἀναλήμμασί
τε καὶ χώμασι μεγάλοις ἐξειργάσατο, καθάπερ II. Ἔνθα δὴ λέγεται τέρας τι θαυμαστὸν ὑπόγειον ὀρυττομένων τε τῶν θεμελίων καὶ τῆς ὀρυγῆς εἰς πολὺ βάθος ἤδη προϊούσης, εὑρῆσθαι κεφαλὴ νεοσφαγοῦς ἀνθρώπου τό τε πρόσωπον ἔχουσα τοῖς ἐμψύχοις ὅμοιον καὶ τὸ καταφερόμενον ἐκ τῆς ἀποτομῆς αἷμα θερμὸν ἔτι καὶ νεαρόν. III. Τοῦτο τὸ τέρας ἰδὼν ὁ Ταρκύνιος τοῦ μὲν ὀρύγματος ἐπισχεῖν ἐκέλευσε τοὺς ἐργαζομένους· συγκαλέσας δὲ τοὺς ἐπιχωρίους μάντεις ἐπυνθάνετο παρ´ αὐτῶν, τί βούλεται σημαίνειν τὸ τέρας. Οὐδὲν δ´ αὐτῶν ἀποφαινομένων, ἀλλὰ Τυρρηνοῖς ἀποδιδόντων τὴν περὶ τῶν τοιούτων ἐπιστήμην ἐξετάσας παρ´ αὐτῶν καὶ μαθὼν τὸν ἐπιφανέστατον τῶν ἐν Τυρρηνοῖς τερατοσκόπων, ὅστις ἦν, πέμπει τῶν ἀστῶν τοὺς δοκιμωτάτους πρέσβεις πρὸς αὐτόν. IV. [4,60] Τούτοις τοῖς ἀνδράσιν ἀφικομένοις εἰς τὴν οἰκίαν τοῦ τερατοσκόπου περιτυγχάνει τι μειράκιον ἐξιόν, ᾧ φράσαντες, ὅτι Ῥωμαίων εἰσὶ πρέσβεις τῷ μάντει βουλόμενοι συντυχεῖν, παρεκάλουν ἀπαγγεῖλαι πρὸς αὐτόν. Καὶ ὁ νεανίας, Πατὴρ ἐμός ἐστιν, ἔφησεν, ᾧ χρῄζετε συντυχεῖν· ἀσχολεῖται δὲ κατὰ τὸ παρόν· ἔσται δ´ ὑμῖν ὀλίγου χρόνου παρελθεῖν πρὸς αὐτόν. Ἐν ᾧ δ´ ἐκεῖνον ἐκδέχεσθε, πρὸς ἐμὲ δηλώσατε, περὶ τίνος ἥκετε. Περιέσται γὰρ ὑμῖν, εἴ τι μέλλετε διὰ τὴν ἀπειρίαν σφάλλεσθαι κατὰ τὴν ἐρώτησιν, ὑπ´ ἐμοῦ διδαχθεῖσι μηδὲν ἐξαμαρτεῖν· μοῖρα δ´ οὐκ ἐλαχίστη τῶν ἐν μαντικῇ θεωρημάτων ἐρώτησις ὀρθή.
Ἐδόκει τοῖς ἀνδράσιν οὕτω ποιεῖν, καὶ
λέγουσιν αὐτῷ τὸ τέρας.
Ἀκούσατ´,
ἔφησεν, ἄνδρες Ῥωμαῖοι· τὸ μὲν τέρας ὑμῖν ὁ πατὴρ V. [4,61] Ταῦτα μαθόντες οἱ πρέσβεις, ἐπειδὴ σχολὴν ὁ πρεσβύτης ἔσχε καὶ προῆλθέ τις αὐτοὺς μετιών, εἰσελθόντες φράζουσι τῷ μάντει τὸ τέρας. Σοφιζομένου δ´ αὐτοῦ καὶ διαγράφοντος ἐπὶ τῆς γῆς περιφερεῖς τε γραμμὰς καὶ ἑτέρας αὖθις εὐθείας καὶ καθ´ ἓν ἕκαστον χωρίον ποιουμένου τὰς ὑπὲρ τῆς εὑρέσεως ἐρωτήσεις οὐδὲν ἐπιταραττόμενοι τὴν γνώμην οἱ πρέσβεις τὴν αὐτὴν ἐφύλαττον ἀπόκρισιν, ὥσπερ αὐτοῖς ὁ τοῦ μάντεως ὑπέθετο υἱός, τὴν Ῥώμην καὶ τὸν Ταρπήιον ὀνομάζοντες ἀεὶ λόφον καὶ τὸν ἐξηγητὴν ἀξιοῦντες μὴ σφετερίζεσθαι τὸ σημεῖον, ἀλλ´ ἀπὸ τοῦ κρατίστου καὶ τοῦ δικαιοτάτου λέγειν. VI. Οὐ δυνηθεὶς δὲ παρακρούσασθαι τοὺς ἄνδρας ὁ μάντις οὐδὲ σφετερίσασθαι τὸν οἰωνὸν λέγει πρὸς αὐτούς, Ἄνδρες Ῥωμαῖοι, λέγετε πρὸς τοὺς ἑαυτῶν πολίτας, ὅτι κεφαλὴν εἵμαρται γενέσθαι συμπάσης Ἰταλίας τὸν τόπον τοῦτον, ἐν ᾧ τὴν κεφαλὴν εὕρετε. Ἐξ ἐκείνου καλεῖται τοῦ χρόνου Καπιτωλῖνος ὁ λόφος ἐπὶ τῆς εὑρεθείσης ἐν αὐτῷ κεφαλῆς· κάπιτα γὰρ οἱ Ῥωμαῖοι καλοῦσι τὰς κεφαλάς. VI. Ταῦτα παρὰ τῶν πρεσβευσάντων ἀκούσας ὁ Ταρκύνιος ἐπέστησε τοῖς ἔργοις τοὺς τεχνίτας· καὶ τὰ μὲν πολλὰ ἐξειργάσατο τοῦ ναοῦ, τελειῶσαι δ´ οὐκ ἔφθασεν ἅπαν τὸ ἔργον ἐκπεσὼν τάχιον ἐκ τῆς δυναστείας, ἀλλ´ ἐπὶ τῆς τρίτης ὑπατείας ἡ Ῥωμαίων πόλις αὐτὸν εἰς συντέλειαν ἐξειργάσατο. Ἐποιήθη δ´ ἐπὶ κρηπῖδος ὑψηλῆς βεβηκὼς ὀκτάπλεθρος τὴν περίοδον, διακοσίων ποδῶν ἔγγιστα τὴν πλευρὰν ἔχων ἑκάστην· ὀλίγον δέ τι τὸ διαλλάττον εὕροι τις ἂν τῆς ὑπεροχῆς τοῦ μήκους παρὰ τὸ πλάτος οὐδ´ ὅλων πεντεκαίδεκα ποδῶν. Ἐπὶ γὰρ τοῖς αὐτοῖς θεμελίοις ὁ μετὰ τὴν ἔμπρησιν οἰκοδομηθεὶς κατὰ τοὺς πατέρας ἡμῶν εὑρέθη τῇ πολυτελείᾳ τῆς ὕλης μόνον διαλλάττων τοῦ ἀρχαίου, ἐκ μὲν τοῦ κατὰ πρόσωπον μέρους τοῦ πρὸς μεσημβρίαν βλέποντος τριπλῷ περιλαμβανόμενος στοίχῳ κιόνων, ἐκ δὲ τῶν πλαγίων ἁπλῷ· ἐν δ´ αὐτῷ τρεῖς ἔνεισι σηκοὶ παράλληλοι κοινὰς ἔχοντες πλευράς, μέσος μὲν ὁ τοῦ Διός, παρ´ ἑκάτερον δὲ τὸ μέρος ὅ τε τῆς Ἥρας καὶ ὁ τῆς Ἀθηνᾶς ὑφ´ ἑνὸς ἀετοῦ καὶ μιᾶς στέγης καλυπτόμενοι. |
I. TOUTES ces choses ainsi terminées, Tarquin donna au peuple le temps de se reposer des fatigues d'une si longue guerre. Pour lui il ne songea plus qu'à faire bâtir des temples pour acquitter les vœux de son aïeul. En effet, dans sa dernière expédition contre les Sabins, celui-ci avait promis d'ériger des temples à Jupiter, à Junon, à Minerve, s'il s'en retournait vainqueur, et, comme j'ai déjà dit dans le livre précèdent, il. avait dépensé des sommes immenses à faire des terrasses autour de la montagne qui n'était pas moins escarpée qu'un rocher, et à aplanir le terrain où il devait bâtir. Mais la mort l'avait enlevé avant que tous ces ouvrages fussent achevés. Tarquin, qui avait résolu de mettre la dernière main à ces superbes édifices, y destina la dîme du butin qu'il avait remporté de la ville de Suesse et fit travailler tous les artisans et autres ouvriers à cette grande entreprise. II. ON dit qu'il parut alors un prodige surprenant. Comme on travaillait aux fondations de l'édifice, lorsqu'on eut creusé fort avant on trouva sous terre la tête d'un homme qui paraissait nouvellement tué, et le sang qui en découlait était encore tout chaud et tout vermeil. III. TARQUIN étonné de cette aventure, ordonne qu'on cesse les travaux. Il fait venir les devins du pays, et leur de mande ce que pouvait signifier le prodige. Mais ceux-ci ne pouvant en donner l'explication, lui avouent de bonne foi que les Tyrrhéniens sont plus entendus qu'eux dans l'art de deviner. Le roi pousse plus loin sa curiosité : il leur demande quel est le plus habile de tous les Tyrrhéniens dans la science des prodiges ; ceux-ci le lui indiquent, et aussitôt Tarquin lui envoie une ambassade composée des plus illustres de Rome. IV. LES Ambassadeurs arrivent à la maison du devin, et trouvant un jeune homme qui en sortait, ils s'adressent à lui, ils lui disent qu'ils sont envoyés par les Romains pour consulter l'interprète des prodiges, et le prient de les conduire chez lui. « C'est mon père que vous cherchez, répondit le jeune homme ; il est maintenant occupé, mais dans un moment vous pourrez le voir. En attendant dites-moi le sujet qui vous amène, et si par hasard vous étiez en danger de vous tromper dans vos interrogations faute d'expérience, je vous dirai comment il faut l'interroger afin que vous ne vous y trompiez pas, car en fait de divination, c'est le principal que de bien faire les demandes et les réponses». Les envoyés furent d'avis de faire comme il leur disait. Ils lui exposent le prodige, Le jeune homme écoute attentivement, et après un moment de silence: « Ecoutez, Romains, leur dit-il, mon père vous expliquera le prodige. Ne craignez point qu'il vous trompe, il n'est pas permis à un devin d'en imposer à ceux qui le consultent. Mais afin que vous ne vous trompiez pas vous-mêmes dans vos interrogations et dans vos réponses, recevez les instructions que je vais vous donner, elles sont importantes pour vous. Quand vous lui aurez raconté le prodige, il vous dira qu'il n'entend pas bien ce que vous dites, et traçant avec son bâton certaines lignes sur le sable : C'est ici, ajouterait-il, le mont Tarpéien, en voici la partie orientale, et voila l'occidentale ; c'est ici le côté du Septentrion, et là celui du midi. Après vous avoir montré ces quatre parties avec son bâton, il vous demandera dans laquelle des quatre on a trouvé la tête. Que faut-il donc que vous répondiez ? Gardez-vous surtout de lui accorder que le prodige ait paru dans aucune des quatre parties qu'il vous désignera avec sa baguette, contentez-vous de lui répéter qu'on a vu ce prodige chez vous, à Rome, sur le mont Tarpéien. Si vous êtes bien attentifs à lui répondre de cette manière, et à ne vous point laisser tromper par ses interrogations, quand il verra qu'il ne peut changer l'ordre des destins, il vous expliquera ce le prodige sans vous rien cacher. » V. LES envoyés ainsi instruits, dès que le vieillard eut le temps de leur donner audience quelqu'un vint les avertir pour les introduire. Ils entrent et lui racontent le prodige. D'abord il cherche des détours et veut les surprendre. Il trace sur le fable des lignes circulaires et des lignes droites, et à chaque ligne qu'il décrit il leur demande dans quel quartier on a trouvé cette tête. Les envoyés ne se troublent point; ils persistent toujours à lui répondre suivant les instructions de son fils, que c'est à Rome sur le mont Tarpéien, et en même temps ils le conjurent de ne point s'approprier le prodige, mais de leur en donner nettement l'explication sans aucune supercherie.
VI. ALORS le devin voyant qu'il ne pouvait détourner
le présage ni se l'approprier, leur parla en ces termesne-height: 150%; margin-left: 10px; margin-right: 10px">
Depuis ce temps-là le mont
Tarpéien se nomme Capitolin, à cause de la tête qu'on y
trouva, car pour signifier des têtes les Romains se servent VII TARQUIN instruit de cette réponse par ses envoyés, fit aussitôt travailler les ouvriers à la construction du temple. Il en fit la plus grande partie pendant son règne, mais il fut détrôné bientôt après, et ce fut ce qui l'empêcha d'achever tout l'ouvrage. Le temple ne reçut sa dernière perfection que sous le troisième consulat après l'expulsion des rois VIII. ON le bâtit au haut de la montagne et l'on en jeta les fondements sur une terrasse fort élevée. Il avait huit plèthres en arpents de circuit, près de deux cents pied de longueur de chaque côté, sur presque autant de largeur, au moins il est certain qu'on ne trouverait pas quinze pieds de différence entre la longueur et la largeur de ce temple. On en peut juger par celui qui fut bâti du temps de nos pères après l'embrasement du premier, il est sur les mêmes fondations et ne diffère de l'ancien que par la beauté des matériaux et par la magnificence de ses riches ornements. La partie de sa façade qui regarde le midi, présente trois rangs de colonnes, aux cotés il y en a deux. Le dedans comprend trois temples parallèles qui ont des côtés communs : celui de Jupiter est au milieu, celui de Junon d'un côté, et celui de Minerve de l'autre, tous les trois sous un même toit et sous un même faîte. |