LIVRE QUATRIÈME, chapitre 14
ANTIQUITÉS ROMAINES DE DENYS DHALICARNASSE
LIVRE QUATRIÈME.
ANTIQUITÉS ROMAINES DE DENYS DHALICARNASSE LIVRE QUATRIÈME. |
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CHAPITRE QUATORZIEME. I. Une femme présente à Tarquin neuf livres d'oracles ; elle en brûle six. II. Tarquin achète les trois livres qui restaient. III. Ces livres étaient gardés soigneusement IV. On les consultait dans les temps difficiles. V. En quel endroit ils étaient en dépôt. VI. Ils sont consumés par le feu ; on en apporte d'autres de différents endroits. VII. Tarquin fait bâtir les villes de Signée et de Circée. |
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I. [4,62] Λέγεται δέ τι καὶ ἕτερον ἐπὶ τῆς Ταρκυνίου δυναστείας πάνυ θαυμαστὸν εὐτύχημα τῇ Ῥωμαίων ὑπάρξαι πόλει εἴτε θεῶν τινος εἴτε δαιμόνων εὐνοίᾳ δωρηθέν· ὅπερ οὐ πρὸς ὀλίγον καιρόν, ἀλλ´ εἰς ἅπαντα τὸν βίον πολλάκις αὐτὴν ἔσωσεν ἐκ μεγάλων κακῶν. Γυνή τις ἀφίκετο πρὸς τὸν τύραννον οὐκ ἐπιχωρία βύβλους ἐννέα μεστὰς Σιβυλλείων χρησμῶν ἀπεμπολῆσαι θέλουσα. Οὐκ ἀξιοῦντος δὲ τοῦ Ταρκυνίου τῆς αἰτηθείσης τιμῆς πρίασθαι τὰς βύβλους ἀπελθοῦσα τρεῖς ἐξ αὐτῶν κατέκαυσε· καὶ μετ´ οὐ πολὺν χρόνον τὰς λοιπὰς ἓξ ἐνέγκασα τῆς αὐτῆς ἐπώλει τιμῆς. Δόξασα δ´ ἄφρων τις εἶναι καὶ γελασθεῖσα ἐπὶ τῷ τὴν αὐτὴν τιμὴν αἰτεῖν περὶ τῶν ἐλαττόνων, ἣν οὐδὲ περὶ τῶν πλειόνων ἐδυνήθη λαβεῖν, ἀπελθοῦσα πάλιν τὰς ἡμισείας τῶν ἀπολειπομένων κατέκαυσε καὶ τὰς λοιπὰς τρεῖς ἐνέγκασα τὸ ἴσον ᾔτει χρυσίον. ΙΙ. Θαυμάσας δὴ τὸ βούλημα τῆς γυναικὸς ὁ Ταρκύνιος τοὺς οἰωνοσκόπους μετεπέμψατο καὶ διηγησάμενος αὐτοῖς τὸ πρᾶγμα, τί χρὴ πράττειν, ἤρετο. Κἀκεῖνοι διὰ σημείων τινῶν μαθόντες, ὅτι θεόπεμπτον ἀγαθὸν ἀπεστράφη, καὶ μεγάλην συμφορὰν ἀποφαίνοντες τὸ μὴ πάσας αὐτὸν τὰς βύβλους πρίασθαι, ἐκέλευσαν ἀπαριθμῆσαι τῇ γυναικὶ τὸ χρυσίον, ὅσον ᾔτει καὶ τοὺς περιόντας τῶν χρησμῶν λαβεῖν. Ἡ μὲν οὖν γυνὴ τὰς βύβλους δοῦσα καὶ φράσασα τηρεῖν ἐπιμελῶς ἐξ ἀνθρώπων ἠφανίσθη, III. Ταρκύνιος δὲ τῶν ἀστῶν ἄνδρας ἐπιφανεῖς δύο προχειρισάμενος καὶ δημοσίους αὐτοῖς θεράποντας δύο παραζεύξας ἐκείνοις ἀπέδωκε τὴν τῶν βιβλίων φυλακήν, ὧν τὸν ἕτερον Μάρκον Ἀτίλιον ἀδικεῖν τι δόξαντα περὶ τὴν πύστιν καταμηνυθέντα ὑφ´ ἑνὸς τῶν δημοσίων, ὡς πατροκτόνον εἰς ἀσκὸν ἐνράψας βόειον ἔρριψεν εἰς τὸ πέλαγος. Μετὰ δὲ τὴν ἐκβολὴν τῶν βασιλέων ἡ πόλις ἀναλαβοῦσα τὴν τῶν χρησμῶν προστασίαν ἄνδρας τε τοὺς ἐπιφανεστάτους ἀποδείκνυσιν αὐτῶν φύλακας, οἳ διὰ βίου ταύτην ἔχουσι τὴν ἐπιμέλειαν στρατειῶν ἀφειμένοι καὶ τῶν ἄλλων τῶν κατὰ πόλιν πραγματειῶν, καὶ δημοσίους αὐτοῖς παρακαθίστησιν, ὧν χωρὶς οὐκ ἐπιτρέπει τὰς ἐπισκέψεις τῶν χρησμῶν τοῖς ἀνδράσι ποιεῖσθαι. Συνελόντι δ´ εἰπεῖν οὐδὲν οὕτω Ῥωμαῖοι φυλάττουσιν οὔθ´ ὅσιον κτῆμα οὔθ´ ἱερὸν ὡς τὰ Σιβύλλεια θέσφατα. IV. Χρῶνται δ´ αὐτοῖς, ὅταν ἡ βουλὴ ψηφίσηται, στάσεως καταλαβούσης τὴν πόλιν ἢ δυστυχίας τινὸς μεγάλης συμπεσούσης κατὰ πόλεμον ἢ τεράτων τινῶν καὶ φαντασμάτων μεγάλων καὶ δυσευρέτων αὐτοῖς φανέντων, οἷα πολλάκις συνέβη. V. Οὗτοι διέμειναν οἱ χρησμοὶ μέχρι τοῦ Μαρσικοῦ κληθέντος πολέμου κείμενοι κατὰ γῆς ἐν τῷ ναῷ τοῦ Καπιτωλίνου Διὸς ἐν λιθίνῃ λάρνακι, ὑπ´ ἀνδρῶν δέκα φυλαττόμενοι. VI. Μετὰ δὲ τὴν τρίτην ἐπὶ ταῖς ἑβδομήκοντα καὶ ἑκατὸν ὀλυμπιάσιν ἐμπρησθέντος τοῦ ναοῦ, εἴτ´ ἐξ ἐπιβουλῆς, ὡς οἴονταί τινες, εἴτ´ ἀπὸ ταὐτομάτου, σὺν τοῖς ἄλλοις ἀναθήμασι τοῦ θεοῦ καὶ οὗτοι διεφθάρησαν ὑπὸ τοῦ πυρός. Οἱ δὲ νῦν ὄντες ἐκ πολλῶν εἰσι συμφορητοὶ τόπων, οἱ μὲν ἐκ τῶν ἐν Ἰταλίᾳ πόλεων κομισθέντες, οἱ δ´ ἐξ Ἐρυθρῶν τῶν ἐν Ἀσίᾳ, κατὰ δόγμα βουλῆς τριῶν ἀποσταλέντων πρεσβευτῶν ἐπὶ τὴν ἀντιγραφήν· οἱ δ´ ἐξ ἄλλων πόλεων καὶ παρ´ ἀνδρῶν ἰδιωτῶν μεταγραφέντες· ἐν οἷς εὑρίσκονταί τινες ἐμπεποιημένοι τοῖς Σιβυλλείοις, ἐλέγχονται δὲ ταῖς καλουμέναις ἀκροστιχίσι· λέγω δ´ ἃ Τερέντιος Οὐάρρων ἱστόρηκεν ἐν τῇ θεολογικῇ πραγματείᾳ. VII. [4,63] Ταῦτα διαπραξάμενος ὁ Ταρκύνιος ἐν εἰρήνῃ τε καὶ κατὰ πολέμους καὶ δύο πόλεις ἀποικίσας τὴν μὲν καλουμένην Σιγνίαν οὐ κατὰ προαίρεσεν, ἀλλ´ ἐκ ταὐτομάτου, χειμασάντων ἐν τῷ χωρίῳ τῶν στρατιωτῶν καὶ κατασκευασαμένων τὸ στρατόπεδον ὡς μηδὲν διαφέρειν πόλεως· Κιρκαίαν δὲ κατὰ λογισμόν, ὅτι τοῦ Πωμεντίνου πεδίου μεγίστου τῶν περὶ τῇ Λατίνῃ καὶ τῆς συναπτούσης αὐτῷ θαλάττης ἔκειτο ἐν καλῷ· ἔστι δὲ χερσονησοειδὴς σκόπελος ὑψηλὸς ἐπιεικῶς ἐπὶ τοῦ Τυρρηνικοῦ πελάγους κείμενος, ἔνθα λόγος ἔχει Κίρκην τὴν Ἡλίου θυγατέρα κατοικῆσαι· καὶ τὰς ἀποικίας ἀμφοτέρας δυσὶ τῶν παίδων οἰκισταῖς ἀναθείς, Κιρκαίαν μὲν Ἄρροντι, Σιγνίαν δὲ Τίτῳ, |
I. ON dit que du règne de Tarquin, soit par la providence des dieux, soit par la protection de quelque génie, la république Romaine eut encore un autre bonheur fort extraordinaire, qui ne fut cas seulement passager, mais qui a plusieurs fois délivré la ville des plus grands maux et des périls les plus évidents. Une certaine femme a qui n'était pas du pays, vint trouver le tyran pour lui vendre neuf livres des oracles des Sibylles. Sur le refus que fit Tarquin de lui en donner le prix qu'elle demandait, elle s'en alla et en brûla trois. Peu de temps après elle lui rapporta les six autres, qu'elle voulait encore vendre le même prix. On la prit pour une folle, et on se moqua d'elle, parce qu'elle demandait pour ces six livres la même somme qu'on n'avait pas voulu lui donner pour les neuf. Là dessus elle se retira, une seconde fois et en brûla encore la moitié. Ensuite elle rapporta, les trois qui restaient, et en demanda le même prix qu'auparavant. II. TARQUIN surpris du procédé de cette femme, fit venir les augures,. leur raconta ce qui s'était passé et voulut savoir d'eux ce qu'il falloir faire. Ceux-ci qui connurent par certains signes que Tarquin avait négligé un présent que les dieux lui envoyaient, dirent que c'était une grande perte de n'avoir pas acheté tous les neuf livres, que le roi devait prendre les trois volumes d'oracles qui restaient, et qu'il fallait compter à cette femme la somme qu'elle demandait. Elle donna donc ces trois livres, et après avoir averti qu'on en eut un grand soin, elle disparut et jamais on ne la vît depuis. III. POUR conserver ce précieux trésor, le roi choisît deux des plus illustres citoyens auxquels il joignit deux ministres publics, et leur donna la garde des trois livres. L'un des deux qu'on appelait Marcus Atillius, soupçonné d'infidélité et accusé de parricide par un des deux ministres publics, .fut condamné par le roi à être cousu dans une peau de bœuf et précipité dans la mer. Après que les rois eurent été chassés, la république prit soin elle-même de ces oracles, et en commit la garde aux personnes du premier ordre. Ceux-ci avaient cette éminente dignité toute leur vie; ils étaient exempts de porter les armes et de toutes les autres charges civiles. On leur donnait pour adjoints, des ministres publics sans lesquels il ne leur était pas permis de regarder ces livres mystérieux, et, pour le dire en un mot, les Romains n'avaient rien de si sacré ni rien qu'ils gardaient avec autant de soin que les oracles des Sibylles. IV. ON les consultait par l'ordre du sénat quand la ville était agitée de séditions, que l'état avait reçu quelque grand échec dans la guerre, ou qu'il paraissait des prodiges surprenants et que les présages étaient difficiles à expliquer, comme c'est arrivé plusieurs fois. V. CES livres ont subsisté jusqu'au temps de la guerre des Marses. Ils étaient dans un caveau du temple de Jupiter Capitolin, enfermés dans un coffre de pierre, et dix hommes qu'on appelait Décemvirs en avaient la garde. VI. MAIS après la cent soixante-treizième olympiade le temple ayant été brûlé, ou par hasard, ou exprès par des gens mal intentionnés, comme le croient quelques historiens, ces précieux livres furent consumés par le feu avec les autres offrandes consacrées au dieu Jupiter. Les livres des oracles qu'on a aujourd'hui, ont été apportés de différents endroits, les uns des villes d'Italie, les autres d'Erythre qui est en Asie, par des personnes que le sénat avait envoyés exprès pour les transcrire, il y en a aussi qui ont été apportés d'autres villes par des particuliers qui en ont tiré copie. Il est vrai que parmi ces vers des Sibylles il y en a quelques-uns qui sont supposés : mais on distingue facilement ceux-ci d'avec les autres par les lettres initiales qui forment ce que nous appelons Acrostiches. Au reste, je ne fais ici que rapporter ce qu'en a écrit Terentius Varron dans ses livres théologiques. Et voila ce que fit Tarquin pendant la paix et pendant la guerre. VII. Il planta aussi des colonies dans deux villes dont il fut le fondateur. L'une s'appelle Signée et l'autre Circée. La première fut bâtie moins à dessein que par occasion, parce que ses troupes s'étant arrêtées en quartier d'hiver dans la plaine y formèrent un camp et le fortifièrent si bien qu'il était peu diffèrent d'une ville. La seconde fut bâtie de dessein prémédité. Tarquin charmé de la beauté des campagnes des Pometiens qui sont les plus vastes du pays Latin, choisît pour cet effet une situation également avantageuse et agréable, tout proche de la mer. C'est un rocher moyennement élevé, en forme de péninsule, qui domine sur la mer Tyrrhénienne ; c'est là, dit on, qu'était autrefois la demeure de Circé fille du soleil. Il en donna le gouvernement à deux de ses fils en qualité de fondateurs de ces deux villes, celui de Circée à Aruns. et celui de Signée à Titus. |