Anthologie grecque
NOTICES BIOGRAPHIQUES ET LITTÉRAIRES SUR LES POÈTES DE L'ANTHOLOGIE.
pour lire le Grec, police Athenian
ABLABIUS illustris - ACÉRATUS - ADAEUS ou ADDÉE - ADMÈTE - AESCHRION - AGATHIAS - AGIS - ALCÈE - ALEXANDRE d'Étolie - ALPHÉE - AMMIEN - AMMONIDAS - AMMONIUS - ANACRÉON - ANASTASE - ANDRONIC - ANTAGORAS - ANTIGONE de Caryste, - ANTIMAQUE - ANTIOCHUS - ANTIPATER - ANTIPHANE - ANTIPHILE - ANTISTIUS - ANTONIUS - ANTONIUS THALLUS - ANYTÉ - APOLLINAIRE - APOLLONIDAS - APOLLONIUS grammaticus - ARABIUS scholasticus - ARATUS - ARCÉSILAS - ARCHÉLAUS - ARCHIAS - ARCHILOQUE - ARCHIMÈDE - ARCHIMÈLE - ARÉTHAS - ARGENTARIUS - ARISTIDE - ARISTOCLÈS - ARISTODICUS - ARISTON - ARISTOTE - ARTÉMIDORE - ARTÉMON - ASCLEPIADE - ASCLÉPIODOTE - ASINIUS QUADRATUS - ASTYDAMAS - ATHÉNÉE - AUTOMÉDON - BACCHYLIDE - BARBUCALLE - BASSUS - BÉSANTINUS - BIANOR - BOÉTHUS - CALLIAS - CALLICTER ou CILLACTOR - CALLIMAQUE - CAPITON - CARPHYLLIDE - CÉRÉALIUS - CHAERÉMON - CHOERILE - CHRISTODORE - CLAUDIEN - CLÉOBULE - CLÉOBULINE - COMÉTAS - CONSTANTIN DE RHODES - CONSTANTIN DE SICILE - COSMAS - CRATÈS le Grammairien - CRATÈS de Thèbes - CRINAGORAS - CYLLÉNIUS - CYRILLE - CYRUS - DAMAGÈTE - DAMASCIUS - DAMOCHARIS - DAMOSTRATE - DAPHITAS - DÉMÉTRIUS DE BITHYNIE - DÉMIURGE - DÉMOCRITE - DÉMODOCUS - DENYS - DIOCLÈS - DIODORE - DIODORE DE TARSE - DIODORE ZONAS - DIOGÈNE D'HÉRACLEE - DIOGÈNE LAERTE - DIOGÈNE L’ÉVÊQUE - DIOPHANE DE MYRINE - DIOPHANTE D'ALEXANDRIE - DIOSCORIDE - DIOTIME - DIPHILE - DORIÉE - DOSIADE DE RHODES - DURIS D'ÉLÉE
ABLABIUS
ILLUSTRIS, ᾿Αβλάβιος
᾿Ιλλούστριος
(1).
Ablabius
Illustris, d'abord professeur de rhétorique,
puis évêque des Novatiens à Nicée, était un poète du règne de Théodose
le Jeune, petit-fils du grand Théodose, qui régna de 408 à 460.
Les anthologies de Planude et de Céphalas ne nous ont conservé qu'une seule épigramme
de cet Ablabius (2). Elle est d'un tour
ingénieux et poétique, et curieuse en ce qu'elle atteste le goût, la passion
des anciens pour les objets d'art antique : il s'agit d'un plat de très
ancienne fabrique, ῞Ηφαιστος
μ' ἐτέλεσσε,
IX, 762.
Il y avait, à la même époque, un médecin du nom d'Ablabius, sur lequel Théosébie
a fait l'épigramme funéraire, VII, 759, où elle le compare à Gallien et à
Hippocrate. Il y a eu, de plus, un préfet du prétoire du même nom sous
Constance.
Il importe de ne pas confondre ces trois Ablabius.
(1)
Illustris était un titre de noblesse en usage à Rome sous les empereurs et
plus encore à Constantinople.
(2) Dans l'édition de Wechel et de
Henri Estienne, cette épigramme est attribuée à Asclépiade, ayant pour lemme
: ᾿Ασκληπιάδου
εἰς δίσκον.
ACÉRATUS, ᾿Ακήρατος.
Acératus
le grammairien ne nous est connu que par le tétrastique sur Hector que
l'Anthologie lui attribue, ῞Εκτορ
῾Ομηρείοισιν,
VII, 138. C'est une épigramme d'une facture ingénieuse.
ADAEUS
ou ADDÉE, ᾿Αδαῖος
ἢ ᾿Αδδαῖος
Il
nous reste un petit nombre d'épigrammes, onze au plus, d'Adaeus ou Addée de
Macédoine, qui florissait à l'époque où mourut Alexandre le Grand, 323 ans
avant notre ère.
Addée de Macédoine est très probablement le même qu'Addée de Mitylène, la
Macédoine ayant pu être le lieu de sa naissance, et Mitylène celui de sa plus
habituelle résidence.
ADMÈTE,
῎Αδμητος.
Admète
ne nous est connu que par le vers Γαῖα
λάβ' ᾿Αδμήτου
ἔλυτρον, βῆ δ'εἰς
θέον αὐτός,
que l'Anthologie palatine lui attribue, et par le passage de Lucien, Démonax,
44, où ce même vers est cité.
Admète, un mauvais poète, avait dit à Démonax qu'il avait composé sa propre
épitaphe en un seul vers, et qu'il avait ordonné dans son testament que ce
vers fût inscrit sur la colonne de son tombeau. Le voici :
La terre a ma dépouille, Admète est près des dieux.
"Ce vers est si beau, mon cher Admète, dit Démonax en souriant, que je
voudrais déjà qu'il fût inscrit."
Le philosophe Démonax vivait dans la première moitié du second siècle, et
Admète était son contemporain.
Quant à son vers, il ne semble pas si mauvais ; il y a de l'esprit et de la poésie
dans cette assimilation du corps à une dépouille, à une élytre, et de l'âme,
ψυχή
au papillon, ψύχη,
qui s'en échappe. Marc-Aurèle lui a, je crois, emprunté cette expression et
cette image, Τὰ
εἰς ἑαυτόν,
IX, III, quand il nous recommande d'attendre l'heure où le petit papillon ou l'âme
se dégagera de son élytre, τὴν
ὥραν ἐν ῇ τὸ
ψυχάριον τοῦ
ἐλύτρου
τούτου
ἐκπεσεῖται.
ADRIEN,
᾿Αδριανός,
Voy. HADRIEN.
AESCHRION, Αἰσχρίων.
Un
Aeschrion de Samos a écrit des iambes et des choliambes que citent Athénée
et Tzetzés. Or l'épigramme ᾿Εγὼ
Φιλαινί,
VII, 345, la seule que nous ayons sous ce nom d'auteur, est une petite pièce
choliambique. N'est-ce pas là une présomption qu'elle est de cet Aeschrion de
Samos ? II y a un autre Aeschrion, parent et disciple d'Aristote, dont nous
parle Suidas et qu'il qualifie de epopoios, poète épique Celui-ci était
un Lesbien de Mitylène. Mais comme l'épigramme en question est sous une forme
d'épitaphe la justification de l'infâme courtisane Philénis, il est peu
probable qu'on doive la lui attribuer. Du reste, nous ne savons rien de plus sui
l'un et l'autre de ces poètes.
AGATHIAS, ᾿Αγαθίας.
Agathias
est un des épigrammatistes les plus distingués du Bas-Empire, un des meilleurs
annalistes du siècle de Justinien, 527-565.
Né à Myrine, ville éolienne de l'Asie, il vint à Constantinople où il
s'attacha à la profession du barreau, ce qui lui valut le titre de scholasticus
(1). On lui doit la continuation da
l'histoire de Procope de Césarée depuis l'an 532 jusqu'à l'an 559. Dans sa
jeunesse, il publia un recueil de poésies amoureuses, intitulé Δαφνιακά.
Comme historien, comme poète, sa réputation fut si grande que ses compatriotes
lui érigèrent une statue. Sa poésie et surtout ses épigrammes valent bien
mieux que sa prose.
Pour faire suite aux Anthologies précédentes de Méléagre et de Philippe, il
composa une troisième collection du même genre et l'intitula Cercle, Κύκλος.
Ce recueil, qui contenait un choix fait dans les poètes des cinq ou six
premiers siècles de notre ère, avec les poésies d'Agathias et des autres poètes
de son temps, est perdu, comme les Anthologies de Philippe et de Méléagre.
Bien que ce recueil fût inférieur en mérite aux deux collections de Méléagre
et de Philippe qui renfermaient les morceaux de la plus belle antiquité, tel
fut le mauvais goût du siècle et des siècles suivants que l'on donna la préférence
aux pièces recueillies dans le Κύκλος
d'Agathias sur celles des deux collections
plus anciennes. Celles-ci tombèrent peu à peu dans l'oubli ; beaucoup de pièces
se perdirent et s'il nous en reste encore quelque chose, nous le devons peut-être
uniquement à l'idée heureuse de Constantin Céphalas, littérateur,
d'ailleurs, presque inconnu, qui, dans les dernières années du neuvième siècle
ou plutôt du dixième, a rédigé une quatrième Anthologie, en faisant un
choix dans les trois premiers recueils et parmi les poètes postérieurs à
Agathias. Il nous reste de ce poète plus de cent épigrammes de genres très
divers, ne manquant ni d'esprit ni d'élégance, mais manquant de cette sobriété,
de cette précision qui caractérisent les oeuvres d'art de l'antiquité
classique.
(1)
Boissonade, Notae in Theophylactum, p. 166 : dicitur et σχολαστικός,
seu causarum patronus.
AGIS, ῎Αγις (1)
Dans
l'Anthologie, il se trouve une épigramme dédicatoire d'Agis, Καὶ
στάλικας, VI, 152. Est-elle
d'Agis d'Argos, l'un des flatteurs d'Alexandre, lequel, d'après Quinte Curce,
aurait été le plus mauvais faiseur de vers après Choerilus, Agis quidam
Argivus, pessimus carminum post Choerilum conditor, VIII, 52 ; ou bien
est-elle d'un autre Agis, auteur de traités culinaires, suivant Athénée (2)
? L'épigramme paraît digne d'une meilleure attribution.
(1)
C'est par erreur que Planude, et d'après lui sans doute Fabricius, appellent ce
poète Aegis, Αἴγις.
(2) Banquet des savants, XII, p.
516.
ALCÈE, ᾿Αλκαῖος.
Il
est fort douteux qu'on puisse attribuer avec quelque certitude au poète éolien
Alcée de Mitylène, qui florissait vers l'an 604 avant notre ère, une seule
des vingt-deux épigrammes qu'on trouve dans l'Anthologie grecque sous le nom
d'Alcée. Elles sont toutes très probablement de l'Alcée de Messénie qui,
moins poète que son devancier, et aussi moins patriote, poursuivit de sa haine
et de ses vers Philippe, fils de Démétrius, l'avant dernier roi de Macédoine,
le vaincu de Cynocéphales.
Ce poète ne peut être le même que l'épicurien Alcée, qui fut chassé de
Rome par un sénatus-consulte de l'an 580, sous le consulat de Lucius Postumius.
Mais il n'est pas nécessaire de reconnaître un troisième Alcée dans l'auteur
de l'épigramme où il est question de Pylade, parce qu'il ne s'agit pas du
pantomime de l'empereur Auguste, comme l'a cru Brunck, mais d'un citharède qui
vivait sous Philippe et dont parle Plutarque (1).
(1). Vie de Philopémen, XI. Cette bataille de Cynocéphales, en Thessalie, gagnée par le consul Flamininus, l'an 197 avant notre ère, livra la Grèce aux Romains.
ALEXANDRE d'Étolie, ᾿Αλέξανδρος Αἰτωλός.
Le
nom d'Alexandre d'Étolie brille dans la pléiade tragique, parmi ces poètes οἵπερ
ἐπερλήθησαν ἡ
Πλειάς (1).
Cette pléiade se compose de sept poètes qui ont vécu sous le règne des
premiers Ptolémées : Alexandre l'Étolien, Philiscus de Corcyre, Sosithée,
Homère le jeune, Aeantide, Sosiphane et Lycophron. La pléiade tragique diffère
de la pléiade poétique. Celle-ci comprend sept poètes de différents genres,
savoir : Aeantide, Apollonius de Rhodes, Aratus, Homère le jeune, Lycandre,
Lycophron et Théocrite.
Alexandre l'Étolien était natif de Pleuron, en Etolie, et a vécu sous le
second Ptolémée, 285-247, avant l'ère chrétienne. Parthénius de Nicée,
dans ses ᾿Ερωτικὰ
παθήματα,
nous a conservé des passages de ses élegies dans lesquels il règne une
certaine grâce et une facilité agréable. Le même mérite se retrouve dans
les épigrammes en trop petit nombre qui portent son nom. Macrobe qualifia avec
raison Alexandre d'Étolie de Poeta egregius (2).
L'épigramme qui est attribuée à Alexandre Magnète ou de Magnésie, Πίγρης
ὀρνίθων, VI, 182, est d'un poéte
dont nous ne savons absolument rien.
(1)
Suidas, t. 1, p. 105.
(2)
Saturnalia, V, 22.
ALPHÉE, ᾿Αλφειός.
Nous avons douze épigrammes d'Alphée de Mitylène, et l'on y voit qu'elles ont été composées à une époque où Rome était arrivée a l'apogée de sa puissance, où la ville de Troie, son berceau, renaissait de ses ruines. Or Strabon nous apprend (1) que Jules César et Auguste avaient rendu aux Troyens leur territoire et la liberté avec des immunités et des priviléges. II est donc très vraisemblable que ce poète florissait sous le règne de l'empereur Auguste. Mais alors le Macrin dont il parle ne sera plus l'empereur du troisième siècle, le meurtrier de Caracalla, comme le conjecturent Reiske et Fabricius sans nécessité aucune ; et quant à l'épigramme Τοῦδ' ἀρετά (2), sur la statue de Philopémen, qui a dû être composée en même temps que la statue et non différée de deux siècles, on peut avec Schneider l'attribuer à Alcée de Messénie, ou mieux la regarder comme anonyme, ἀδέσποτον.
(1)
Geograph. XIII, p. 889.
(2)
Brunck, Analecta, ll, 130, X ; Jacobs, Appendix, 358.
AMMIEN, ᾿Αμμιανός.
Ammien ou Ammianus vécut sous Trajan et Hadrien. Il nous reste vingt-trois épigrammes de ce poète, dont Planude altère sans doute le nom en l'appelant Abbianus. C'est sous ce nom qu'il lui attribue les six épigrammes que peut revendiquer Ammien. Toutes les épigrammes d Ammien sont du genre comique et railleur, et figurent parmi les σκωπτικά.
AMMONIDAS, ᾿Αμμωνίδας.
Ce poète est tout à fait inconnu ; on croit que c'est le même qu'Ammonius. Il n'y a de lui qu'une seule épigramme, ᾿Αντιπάτραν γυμνήν, XI, 201, parmi les σκωπτικά ; elle porte le nom d'Ammonius dans Planude.
AMMONIUS, ᾿Αμμώνιος.
Nous avons deus épigrammes d'Ammonius. Il y a eu plusieurs écrivains de ce nom. Socrate (1) parle d'un Ammonius qui en 438, récita devant Théodose le jeune un poème sur la révolte de Gaïnas, qu'on admira beaucoup. Rien n'empêche d'admettre l'identité de ces deux Ammonius.
(1) Hist. eccles., VI, p. 6.
ANACRÉON, ᾿Ανακρέων.
Anacréon, de Téos en Ionie, naquit vers 560 et comme il vécut, au témoignage de Lucien, quatre-vingt-cinq ans, il mourut quinze ans après la bataille de Marathon, vers 475. Ce n'était pas seulement un poète lyrique, il composa aussi des élégies, des ïambes, ἔγραψεν ἐλεγεῖα καὶ ἰάμβους ἰάδι πάντα διαλέκτῳ (1) Ses poésies brillent par l'enjouement, la délicatesse, la grâce. Celles que nous devons à une heureuse découverte de Henri Estienne, et qu'il publia le premier à Paris en 1554, ne sont pas suffisamment authentiques. Il n'y a vraiment d'Anacréon que les fragments d'Anacréon épars dans les auteurs de l'antiquité et publiés à la suite des odes, et aussi peut-être les seize épigrammes que l'Anthologie a sauvées de l'oubli. Cela donne une valeur toute particulière à ces épigrammes qui sont simples et charmantes : summam antiquae aetatis simplicitatem redolent, dit Jacobs.
(1) Suidas, au mot ᾿Ανακρέων.
ANASTASE, ᾿Αναστάσιος.
Il y a eu beaucoup d'Anastase à l'époque byzantine. Celui que désigne le surnom de le Bègue, ὁ Τραυλός était, à ce qu'on croit, un prêtre chrétien ou un moine : c'est très vraisemblable d'après l'épigramme qui lui est attribuée, εἰς Στραύρωσιν, XV, 28, sur le Crucifiement.
ANDRONIC, ᾿Ανδρόνικος.
Il n'y a de lui qu'une épigramme, Οἰκτρὰ δή, VII, 181. S'il est le même que le poète mentionné par Ammien Marcellin (1), ut virum a studiis liberalibus et claritudine carminum notum, et par Libanius, Lettres, 75, comme jouissant d'une réputation qui s'étend jusqu'au bout du monde, μέχρις Αἰθιόπων, il vivait vers la fin du quatrième siècle. Combien il est regrettable que nous n'ayons pas un plus grand nombre d'épigrammes d'un poète ainsi loué !
(1) XIX, 12.
ANTAGORAS, ᾿Ανταγόρας.
Antagoras
de Rhodes, vers l'an 275 avant notre ère, vivait à la cour d'Antigone Gonatas,
où il se fit la réputation d'un gourmand, ὀψοφάγος
(1).
Ce poète est une des fleurs de la Couronne de Méléagre ; il y est symbolisé
par la fleur ὄμμα
βοός qui est le Βούφθαλμος,
espèce de balsamine ou de camomille. La justesse de l'emblème ne saurait plus
être appréciée, attendu que nous n'avons de ce poète qu'une seule épigramme
; et encore Planude l'attribue-t-il à Simonide, méprise qui en signale le mérite.
Cette épigramme, ὦ
ἴτε Δήμητρος,
IX, 147, au sujet d'un pont qui servait de passage pour aller aux mystères d'Éleusis
ou à un autre temple de Cérès, nous apprend le nom d'un ingénieur des ponts
et chaussées de l'antiquité, Xénoclès de Linde, compatriote d'Antagoras de
Rhodes.
Linde, Camire et Ialise étaient trois villes de l'île de Rhodes que Pindare
appelle τρίπολιν
νῆσον (2).
Cette île fut la patrie de Diognète, habile ingénieur et architecte ; de
Panaetius philosophe stoïcien ; d'Andronic qui, au temps de Pompée, fit connaître
à Rome les écrits d'Aristote, et de Polydore, Agésandre et Athénodore, trois
sculpteurs, qui taillèrent d'un seul bloc de marbre le groupe de Laocoon ;
enfin de ce Xénoclès dont je n'ai pu trouver le nom ailleurs, sinon dans
Plutarque, qui parle d'un Xénoclès (3),
architecte et contemporain de Périclès, Le poète Simonide, dans tous les cas,
ne pouvait en parler, et l'attribution de Planude est erronée.
(1)
Athénée, Deipnos, Vlll, p. 340.
(2) Olymp., VI, 35.
(3) Vie de Périclès, XIII.
ANTIGONE de Caryste, ᾿Αντίγονος Καρύστιος.
L'Anthologie
nous a conservé une épigramme d'Antigone de Caryste, qui a vécu vers la fin
de la période alexandrine sous Ptolémée Philadelphe. Il nous est de plus
connu comme ayant écrit une vie ou un éloge en vers d'Antipater, un des généraux
d'Alexandre; Athénée en cite quelques vers, dans son Banquet des savants (1).
Son épigramme ᾿Αργυρέη
κρήνη, IX, 406, sur
une grenouille tombée dans un cratère où il y avait de l'eau et du vin préparés,
a été, par erreur sans doute, publiée dans le recueil de Planude, sous le nom
de Épigone de Thessalie. Souvent imitée, elle a donné l'idée de petits poèmes,
notamment de l'élégie de la Musca in lacte naufraga des Lusus
allegorici du P. Sautel, et de l'ode anglaise, le Chat noyé dans un bocal,
du célèbre Gray (1).
(1)
Liv. III, p. 83.
(2)
On the death of a favourite cat drowned in a tub of gold fishes.
ANTIMAQUE, ᾿Αντίμαχος.
Antimaque, de Claros, suivant Ovide et Cicéron, et de Colophon, suivant d'autres, florissait de 450 à 470 avant notre ère. Parmi ses ouvrages, on cita souvent une élégie érotique, intitulée Lydé, que les anciens vantent comme un chef-d'oeuvre, mais dont il ne nous reste que cinq ou six vers tous mutilés, et une Thébaïde dont nous avons, en fragments épars, une soixantaine de vers, reste précieux d'un poëme qu'on mettait en comparaison avec l'Iliade. L'empereur Hadrien lui donnait même la préférence sur ce chef d'oeuvre des épopées ; mais il est déjà bien assez honorable, le jugement de Quintilien (1), qui assigne à Antimaque le premier rang après Homère. Céphalas et Planude nous ont conservé de ce poéte une épigramme d'un tour vif et gracieux, qu'il composa à l'occasion d'une statue de Vénus armée : Τίπτε μάθων ἄτλητος, IX, 321. C'est une des plus jolies de leurs Anthologies.
(1)
Instit, orat. X, I, 63; In Antimacho vis et gravitas et minime vulgare
eloquendi genus ....
ANTIOCHUS, ᾿Αντίοχος.
Antiochus
est l'auteur de deux épigrammes, du genre sceptique ou railleur, Βήσας
εἰ φρένας, XI, 422, et Ψυχὴν
μὲν γράψας,
XI, 412.
Fabricius soupçonne que l'épigrammatiste est le même qu'Antiochus d'Aeges, le
Sophiste, dont Philostrate a esquissé la vie (1).
(1) Vie des sophistes, II, 4.
ANTIPATER DE MACÉDOINE, ANTIPATER DE SIDON, ANTIPATER DE THESSALONIQUE.
Dans
l'Anthologie de Planude (édit. de Wechel, 1600), il y a quatre-vingt-dix-huit
épigrammes au nom des Antipater : deux sont attribuées à Antipater de Macédoine,
᾿Αντίπατρος
Μακεδών,
quatorze à Antipater de Sidon, ᾿Αντίπατρος
Σιδώνιος,
neuf à Antipater de Thessalonique, ᾿Αντίπατρος
Θεσσαλονικεύς
et il s'en trouve soixante-treize au compte d'Antipater sans autre désignation.
Dans l'Anthologie palatine le contingent d'épigrammes des Antipater est
beaucoup plus considérable ; il est de cent soixante-neuf épigrammes ainsi réparties:
quarante-quatre pour Antipater de Sidon, trente-six pour Antipater de
Thessalonique, et quatre-vingt-neuf pour Antipater sans plus de désignation.
Celui-ci représente-t-il l'épigrammatiste macédonien, et dans quelle mesure ?
C'est ce qu'on ne saurait dire. Les collectionneurs et les copistes n'ont pas
avec assez de soin distingué les trois poètes du même nom ; et il en est résulté
d'évidentes confusions dans le classement et les suscriptions de leurs petits
poèmes.
Ce qui est certain, c'est qu'Antipater de Macédoine est le plus ancien des
trois Antipater. Il vécut au siècle de Philippe, soit le père d'Alexandre le
Grand, soit l'avant-dernier roi de Macédoine, père de Persée.
Antipater de Sidon lui est postérieur de plus d'un siècle et demi.
Contemporain de Méléagre, il est une des fleurs de sa Couronne où il étale
les couleurs d'un jeune troëne de Phénicie, φοίνισσάν
τε νέαν κύπρον(v.
42). Dans le de Oratore, IlI, 50 et le de Fato, 2, Cicéron en
parle comme d'un remarquable improvisateur, poeta qui poterat versus
hexametros aliosque variis modis fundere ex tempore ; mais il manquait
d'originalité et d'invention, se bornant à jouer en quelque sorte des
variations sur des thèmes connus, et Jacobs a parfaitement raison de le
qualifier de perpetuus Leonidae imitator. Pline, dans son Histoire
naturelle (1), rapporte que tous les
ans la fièvre le prenait le jour anniversaire de sa naissance, et que, sans
avoir éprouvé d'autre maladie, il parvint à un âge fort avancé.
Ce même Antipater est nommé parmi les stoïciens ; mais nous ne le connaissons
pour tel que par l'admiration qu'une de ses épigrammes exprime pour Zénon. Ce
philosophe n'a pas, dit-il. transporté le Pélion sur l'Ossa. il n'a pas
accompli les travaux d'Hercule ; mais il a trouvé la route de la vertu qui mène
aux astres. Il eût été plus vrai d'en faire, un épicurien, car une pièce
authentique, son épitaphe par Méléagre, ῾Α
στάλα σύνθημα,
VII, 428, nous apprend qu'il était adonné au vin et qu'il périt des suites
d'une chute occasionnée par l'ivresse.
L'érudit Boivin (2) dit que les épigrammes
de ce poète sont en dialecte dorique ; ce n'est pas entièrement exact : il y
en a qui sont dans le dialecte ionien.
Antipater de Thessalonique, a succédé de près à son homonyme Antipater de
Sidon : il vivait à la fin du dernier siècle avant l'ère chrétienne, ainsi
que le prouvent les sujets mêmes qu'il traite : par exemple, ses épigrammes en
l'honneur de Pison, L. Calpurnius Pison qui fit la guerre aux Besses et aux
Thraces, l'an de Rome 743, les mentions de Nicopolis, ville fondée par Auguste
après la bataille d'Actium, de l'expédition de cet empereur en Asie qui amena
la soumission des Parthes, de l'athlète de Pergame Glycon dont parle Horace (3),
du pantomime Pylade (4).
Reiske croit qu'il vécut. jusque sous l'empereur Caligula, que c'est lui qu'il
désigne par ῾Ρώμας
πάτρας ἔρυμα
dans l'épigramme Τέσσαρες
αἰωροῦσι,
IX, 59, et que le Cotys qu'il célèbre dans l'épigramme Ζηνὶ
καὶ ᾿Απόλλονι,
Anth. Plan., 75, est celui-là même que Caligula fit gouverneur d'Arménie.
On cite de lui notamment deux belles épigrammes sur Délos, Εἴθε
με
IX, 405, et Κλεινὴν
οὐκ,
IX, 550, et une autre non moins belle, Τάσδε
θεογλώσσους, IX,
26, sur les neuf poétesses lyriques de la Grèce.
(1)
Hist, nat. VIII, 51.
(2) Mém. de l'''Acad. des
Inscrip et Belles Lettres, t. III.
(3)
Epist. I, 23, invicti rnembra Glyconis.
(4) Suétone, Augustus,
45.
ANTIPHANE, ᾿Αντιφάνης.
Antiphane
de Macédoine est représenté dans l'Anthologie par onze épigrammes, sans
qu'aucune nous mette sur la trace de sa famille ou de son époque. Sa patrie
seule nous est révélée par l'ethnique Μακεδώνaccolé
à son nom. Seulement nous savons qu'il vivait avant Philippe de Thessalonique,
puisque celui-ci a mêlé à sa Couronne la fleur de ses poésies, et après Méléagre,
qui s'en serait aussi fait honneur s'il avait pu les connaitre. Or nous savons
que Philippe fut presque contemporain d'Auguste et que Méléagre lui est antérieur
de près d'un siècle. C'est donc entre Méléagre et Philippe que se place la
vie d'Antiphane.
Quoique la plus grande partie de ses épigrammes soit du genre sentencieux, il
sait y mettre de la grâce ; à plus forte raison, là ou le genre le comporte
mieux, comme dans l'épigramme à sa maîtresse Ino, Αὐτή
σοι Κυθέρεια,
VI, 88.
ANTIPHILE, ᾿Αντίφιλος.
Antiphile
de Byzance est un des épigrammatistes les plus féconds et les plus élégants.
Il occupait une place d'honneur dans le recueil de Philippe, son contemporain,
et il compte ainsi parmi les poètes du siècle d'Auguste. Nous avons encore
cinquante de ses épigrammes. Quelques-unes ayant paru, faute d'avoir été bien
comprises, s'appliquer à des faits et à des personnes d'une époque postérieure
à l'Anthologie de Philippe, certains critiques, Reiske notamment, ont supposé
qu'il y a eu plusieurs Antiphile.
L'un aurait vécu sous Auguste et Tibère, celui qui parle de la jetée
construite par Agrippa dans le golfe de Pouzzoles (1).
L'autre aurait vécu sous Néron et Domitien, et serait l'auteur de l'épigramme
῾Ως
πάρος ᾿Αελίου,
IX, 178, où sont mentionnés les bienfaits de Néron envers l'île de Rhodes
cruellement éprouvée par des tremblements de terre.
Le troisième aurait vécu sous Marcellus ou sous Gallien.
Quelle latitude ! mais il faut bien se la donner si l'on veut que l'Athénée de
l'épigramme Σῆμα
δυωδεκάμοιρον,
VII, 641, sur une horloge d'eau, ait été l'ingénieur qui construisait
les machines de guerre de Marcellus au siège de Syracuse, ou s'il est celui que
l'empereur Gallien employait à la restauration des villes de l'empire. Mais
est-il nécessaire que l'Athénée qui fit placer l'horloge en ait été
l'inventeur ? et d'ailleurs Athénée n'est pas un nom particulièrement rare.
Dans l'autre épigramme on peut voir au lieu de Néron l'empereur, Drusus Néron,
le fils de Livie adopté par Auguste, et qui, lui aussi, fut un bienfaiteur des
Rhodiens.
Ce qui est certain, c'est qu'il est plus facile de trouver un poète élégant
et distingué comme Antiphile que d'en rencontrer trois.
(1) Voir l'épigramme Εἰπὲ Δικαιάρχεια, VII, 379.
ANTISTIUS, ᾿Αντίστιος.
Antistius, dont l'Anthologie nous a conservé trois épigrammes, est peut-être cet Antistius Sosianus qui, exilé par Néron pour les vers qu'il avait composés contre lui, rentra en grâce auprès de ce prince par une infâme délation (1). Ses vers valent mieux que sa conduite, et le poète, quoique médiocre, l'emporte de beaucoup sur le citoyen.
(1). Tacite, Ann., XVI, 14.
ANTONIUS, ᾿Αντώνιος.
Cet
Antonius ne nous est connu que par une seule épigramme, sur les ruines de Mycènes,
῾Η
πρὶν ἐγώ,, IX, 102, trés belle
sans doute, mais imitée de celle d'Alphée ῎Αργος,
ὁμηρικὲ μῦθε,
IX, 104.
L'épithète d'Argien, ᾿Αργεῖος,
qu'on lui donne le distingue de son hemonyme Antonius Thallus, et encore est-on
assez disposé à les confondre.
ANTONIUS THALLUS, ᾿Αντώνιος Θάλλος
Antonius Thallus ne nous est pas connu plus que le précédent ; nous n'avons également de lui qu'une seule épigramme; mais du moins elle est originale et touchante. Qui ne serait ému du sort de la jeune Cléonasse frappée de mort subite le jour même de ses noces, Δύδαιμον Κλέονασσα, VII, 188. Il y a là le sentiment qu'on trouve dans ces vers si sympathiques d'Ovide, Epist. VI, 41 :
Non ego sum furto tibi cognita; pronuba Juno
Adfuit, et sertis tempora vinctus Hymen.
At mihi nec Juno, nec Hymen, sed tristis Erinnys
Praetulit infaustas sanguinolenta f'aces.
ANYTÉ, ᾿Ανύτη.
Anyté
de Tégée, une des poètesses lyriques dont s'honore l'ancienne Grèce, vivait
300 ans avant notre ère. Une légende (1)
nous apprend qu'elle exerçait à Épidaure le ministère de χρησμοποίος,
c'est-à-dire qu'elle versifiait les oracles d'Esculape. Nous n'avons qu'un très
petit nombre de fragments des poésies de cette femme célèbre, et une
vingtaine d'épigrammes qui se distinguent par une grande simplicité. Telle était
l'estime ou plutôt l'admiration que son talent inspirait aux Grecs, qu'il lui
fut élevé une statue, oeuvre d'Euthycrate et de Céphisodote (2).
Ce qui nous reste de ses poésies suffit pour expliquer le symbole du lis sous
lequel elle est figurée dans la Couronne de Méléagre, ᾿Ανύτης
κρῖνα ; ce n'est pas assez pour justifier le
bel éloge d'Antipater dans son épigramme Τάσδε
θεογλώσσους, IX,
26, où elle est appelée un Homère; féminin, ᾿Ανύτης
στόμα, θῆλυν
῞Ομηρου.
Il y a cependant quelque chose d'homérique, parce que la force y est unie à la
grâce, dans l'épigramme sur la mort volontaire des trois jeunes Milésiennes
outragées par des Galates, ᾿Ωχόμεθ'
ὦ Μίλετε, VII, 492. En voici la
belle traduction de Grotius:
Ah ! morimur, morimur, Miilete, nec impia probra
Gallorum volumus, patria cara, pati.
Injicit hunc nobis ardorem barbaricus Mars,
Virginibus ternis, civibus, alma, tuis.
Non expectamus thalamum prolemque nefandam,
Assertor casti corporis orcus erit.
(1)
Voy. Pausanias, Φωνίκα
, 38.
(2) Voy. Tatien, Orat. ad Graecos,
52, et Pline, Hist. nat., XXXIV, 8. 19.
APOLLINAIRE, ᾿Απολλινάριος.
Nous
avons deux ou trois épigrammes d'Apollinaire de Laodicée, probablement l'ami
de Libanius et son correspondant.
L'Anthologie de Planude en a trois : la première contre un mauvais grammairien,
Glycon, Γραμματικός
ποτ' ὄνῳ XI, 399 ; la seconde contre ce
rhéteur dont les panégyriques étaient plus fâcheux que les diatribes (1),
῎Αν
μὲν ἀπόντα, IX, 421, et
la troisième contre un banqueroutier ou mauvais payeur, Μέχρι
τίνος
πολύκαρπε,
XI, 346.
Dans l'Anthologie de Céphalas, les deux premières seulement appartiennent à
ce poète. La troisième, mechri tinos, est attribuée à Automédon.
(1) Peut-étre n'est-il question que d'un de ces hommes décriés dont les éloges sont un blâme, et dont le blâme est un éloge.
APOLLONIDAS, ᾿Απολλωνίδας
Apollonidas de Smyrne, dont nous avons trente-deus épigrammes, a vécu sous les empereurs Auguste et Tibère, ainsi que le témoignent plusieurs de ses petits poèmes, notamment l'épigramme sur l'aigle qu'on aperçut dans le palais de Tibère à Rhodes, ῾Ο πρὶν ἐγὼ ῾Ροδίοισιν, IX, 287. Il est peut-être le même qui le critique qui, au récit de Diogène Laërte, IX, 109, dédia à Tibère un commentaire sur les silles de Timon. Il est vrai que cet historien lui donne Nicée pour patrie; mais Nicée et Smyrne ont pu, par leur voisinage se confondre; et quel meilleur commentateur du sillographe Timon qu'un poète ?
APOLLONIUS GRAMMATICUS, ᾿Απολλώνιος γραμματικός.
Cet Apollonius le grammairien est certainement le même I'Apollonius de Rhodes. Ce poète naquit selon les uns à Alexandrie, selon les autres à Naucratis vers l'année 230 avant notre ère. Se voyant poursuivi dans sa patrie par la jalousie des autres savants, il se rendit à Rhodes où il enseigna la rhétorique avec tant d'éclat et s'acquit un tel renom par ses écrits, que les Rhodiens lui accordèrent le droit de cité. Il vint à Alexandrie pour succéder à Ératosthène dans la direction de la bibliothèque de cette ville. Nous n'avons de ses nombreux travaux que ses Argonautiques, poème épique en quatre chiants, si remarquable par l'épisode des amours de Médée et de Jason, quelques scolies sur les poèmes d'Homère, et l'épigramme contre Callimaque, Καλλίμαχος τὸ κάθαρμα, XI, 275. Cette boutade violente et grossière contre un rival dont on dit qu'il était l'ennemi déclaré, l'épithète de γραμματικόςqui lui est généralement donnée par les anciens et qui le désigne dans des scolies, tout établit une identité évidente entre les deux Apollonius. Ce qui est moins douteux encore, c'est que l'épigramme est bien peu digne du poète, des Argonautiques.
ARABIUS SCHOLASTICUS, ᾿Αράβιος σχολαστικός.
Arabius le scolastique, dont nous avons sept épigrammes, est un poéte, très peu connu d'ailleurs, du règne de Justinien, 537-567 après J. C.; deux de ces épigrammes sont en l'honneur de Longin qui fut préfet de Constantinople et préfet excellent ; les cinq autres sont relatives à des oeuvres d'art, et à ce titre elles ont une réelle importance.
ARATUS, ῎Αρατος.
Aratus, de Soles en Cilicie, vécut à la cour de Ptolomée Philadelphe, 285-247 avant notre ère, et dans la constante intimiité d'Antigone Gonatas, le fils de Démétrius Poliorcète. Ce fut sur l'invitation du roi de Macédoine qu'il mit en vers les Phénomènes, ouvrage astronomique d'Eudoxe. Ce poème était estimé des anciens; il l'est encore des modernes. Quintilien accorde au poète de n'être pas resté au-dessous de son sujet: suffecit operi. Ovide lui assure une durée égale à celle des grands objets qu'il avait chantés : Cum sole et luna sernper paratus erit. Théocrite, son contemporain, le mentionne honorablement dans une de ses idylles (1). Cette mention, ces éloges il ne les eût pas obtenus, s'il n'avait fait que des épigrammes comme les deux que nous a conservées l'Anthologie, XI, 473 et XII, 129.
(1) ῎Αρατος δ' ὁ τὰ πάντα φιλαίτατος... Idyl., VI, 98.
ARCÉSILAS, ᾿Αρκεσίλαος.
Arcésilas, philosophe grec, naquit à Pitane en Éolide, 316 ans avant notre ère. Il se rendit dans sa jeunesse aux écoles d'Athènes, où de disciple de l'Académie il en devint le chef, en succédant à Sosicrate. Il professa avec beaucoup de succès jusqu'à sa mort en l'année 241. Pour la vie pratique il se faisait une règle fondamentale d'admettre ce que la raison enseignait comme le plus probable ; et recommandant le scepticisme pour les vérités spéculatives, il fut regardé, à cause da ce double principe, comme le fondateur d'une nouvelle Académie, dite moyenne Académie. On n'a rien de ses écrits philosophiques ; mais ses doctrines qui ont pour base la vraisemblance et le doute, nous sont assez bien exposées par Diogène Laërte qui a été son biographe (1), par Cicéron, qui leur a consacré de belles pages (2), par Sextus Empiricus (3). Nous avons d'Arcésilas deux épigrammes, d'après lesquelles on peut affirmer, contrairement à sa doctrine, qu'il était un poète assez médiocre.
(1)
Vie des Philosophes, IV, 6.
(2) Orat.. III, 18 ; Acad., I, 12 et II, 24.
(3) Pyrohn, instit, I, p. 232.
ARCHÉLAUS, ᾿Αρχέλαος.
Nous
avons d'Archélaüs quatre épigrammes, l'une pour la statue d'Alexandre le
Grand par Lysippe, Τολμὰν
᾿Αλεξάνδρου,
Anth. plan., 120, qu'a recueillie Planude, les trois autres sur les
merveilles d'histoire naturelle conservées par Antigone de Caryste et qui sont
passées de son recueil d'histoires merveilleuses dans l'appendice de
l'Anthologie, numéros 12,13 et 14. Ces épigrammes sont curieuses en ce
qu'elles nous font connaître les idées des anciens sur les générations
particulières des scorpions, des guêpes, etc.
Cet Archélaüs, qui vivait sous Alexandre et le premier Ptolomée, est
quelquefois qualifié d'Égyptien, uniquement parce qu'il vivait en Égypte; car
il était Grec comme les Callimaque, les Apollonius. Il est le même que l'Archélaüs
des Déipnosophistes qu'Athénée (1)
appelle ὁ
Χερρονισίτης,
d'une ville d'Égypte, et auquel il attribue les ldiophyes τὰ
᾿Ιδιοφυῆ, ou les générations
particulières, τὰ
᾿Ιδιοφυῆ
ποίησας, dit-il. C'est de là que,
sans doute, proviennent les épigrammes relatives à ces faits d'histoire
naturelle que Virgile lui-même a accrédités (1).
(1)
Banquet des savants, IX, 409.
(2) Géorgiques, IV, épisode
d'Aristée.
ARCHIAS, ᾿Αρχίας.
Cicéron,
dans son discours pro Archia, nous a transmis les principales
circonstances de la vie de ce poète. A peine Archias était sorti de l'enfance,
qu'il s'essaya dans l'art d'écrire. Antioche vit ses premiers succès. Né dans
cette ville de Syrie, 119 ans avant notre ère, il éclipsa de bonne heure ses
rivaux par l'éclat de ses talents. Bientôt les autres contrées de l'Asie et
de la Grèce se disputèrent l'honneur de le posséder et de l'entendre. Alors
florissaient dans toute l'Italie les sciences et les arts de la Grèce. Aussi
Tarente, Rhége, Naples, s'empressèrent d'accorder à Archias, avec le droit de
cité, tous les privilèges qui en dépendent. Âgé de moins de dix-sept ans,
mais précédé de la plus brillante réputation, il vint à Rome sous le quatrième
consulat de Marius (1). La maison des
Lucullus l'y accueillit ; et ce qui fait l'éloge de son caractère et de ses
vertus, c'est au sein de cette même famille qu'il parvint à la vieillesse,
honoré de l'amitié des plus illustres personnages de la république. A
vingt-sept ans, Archias suivit en Sicile Lucius Licinius Lucullus, et en revint
avec lui par Héraclée. Comme cette ville tenait le premier rang parmi les
villes fédérées, il désira d'y être inscrit au nombre des citoyens. Ce fut
sans peine qu'il obtint cette faveur. C'est alors sans doute que, par
reconnaissance pour son illustre patron, il prit le nom de Licinius, et se fit
appeler Aulus-Licinius Archias. Trois ans après, il fut porté une loi qui
accordait le titre et les droits de citoyen romain à tous ceux qui, inscrits
sur les registres civiques d'une des villes fédérées, auraient leur domicile
en Italie, et feraient, dans le délai de soixante jours, leur déclaration au
préteur. Archias fit sa déclaration et devint citoyen romain. Il partit l'année
suivante pour l'Asie avec le même Lucullus, nommé questeur, et y resta sept
ans. Il l'accompagna encore dans la guerre contre Mithridate (2).
Depuis vingt-huit ans il jouissait du droit de cité romaine, lorsqu'un de ses
ennemis lui contesta son titre. L'affaire fut portée devant le prêteur Q. Cicéron,
frère du grand orateur; celui-ci défendit Archias son maître et son ami, et
il est probable qu'il gagna la cause. On ignore la suite de la vie de ce poète,
mais on sait qu'il paya la généreuse adoption de Rome en célébrant ses
grands hommes et ses victoires. La guerre Cimbrique, la guerre de Mithridate, l'éloge
de Roscius, le consulat de Cicéron sont ses principaux ouvrages ; mais le temps
ne nous en a rien laissé que les titres. Ce serait une perte peu regrettable
s'il en fallait luger par les trente-cinq épigrammes recueillies et conservées
dans les Anthologies de Planude et de Céphalas. Les seules vraiment saillantes
sont : sur un sanglier de Calydon en bronze (3)
; sur une statue de Priape élevée près du Bosphore de Thrace (4),
sur une hirondelle qui avait fait son nid dans un tableau de Médée (5);
sur Diogène le Cynique, voulant passer l'Achéron (6).
Le reste est faible d'idée, de style, et sans originalité. Archias pourtant
jouissait à Rome d'une réputation immense comme poète ; c'est que sans doute
il y était regardé comme le panégyriste de la gloire nationale. Cicéron
lui-même, chanté par Archias, a pu s'abandonner aux illusions de la
reconnaissance et de la vanité. Assurément sans le plaidoyer prononcé pour sa
défense, et qui renferme la plus belle apologie de la poésie et des lettres,
la mémoire du poète d'Antioche serait presque oubliée, et chose assez remarquable,
c'est à Cicéron qui lui-même fondait sur les vers d'Archias ses espérances
d'immortalité, que ce poète doit toute sa gloire.
De l'introduction au discours pro Archia par M. Victor Leclerc, nous
extrayons un passage où se révèlent le goût, le talent du spirituel et
savant traducteur de Cicéron, où surtout Archias est apprécié à sa juste
valeur.
Archias se montre de temps en temps le digne successeur de Léonidas,
d'Antipater et de Méléagre. Il a peu d'invention, et il copie ses devanciers;
mais on lui accorde l'élégance et la pureté du style. Ce n'est pas une chose
aisée de donner une idée de ces petites compositions ; presque toutes, formées
d'idées communes, et ne valant que par le choix et l'arrangement des mots, échappent
au traducteur dont la langue ne peut pas toujours rendre ce luxe d'harmonie et
ce calcul de syllabes. J'essayerai cependant quelques imitations.
Hercule
vainqueur du lion, Μηκέτι
ταυροβόροιο,
Planude, 94.
Habitants de Némée, enfin des jours plus doux
Dans le calme et la paix vont s'écouler pour vous.
Le lion, qui longtemps désola ce rivage,
Exhale aux pieds d'Alcide une impuissante rage.
Allez, pasteurs; rendez à la voix des échos
Le bruit de vos chansons, les bonds de vos troupeaux.
Et toi, dont les mortels bénissent la victoire,
Que Junon te contemple et pardonne à ta gloire.
Ces
souvenirs mythologiques, trop commodes pour une imagination paresseuse, font
quelquefois place, dans les épigrammes d'Archias, à des idées morales énergiquement
exprimées.
῞Εκτορι
μὲν Τροίη,
VIII, 139.
Hector tomba ; Pergame oublia la victoire.
Alexandre n'est plus ; Pella pleure sa gloire.
Un héros de son peuple est l'honneur et l'appui ;
Le héros disparaît et son peuple avec lui.
Ailleurs,
c'est une petite scène philosophique déjà saisie par d'autres poètes ; mais
dans le texte l'imitateur a peut-être surpassé ses modèles.
῎Αιδος
ὦ νεκυηγέ,
VIII, 68.
Nocher des morts, toi que charment les pleurs,
Toi qui nous fais passer le fleuve des douleurs,
Quoique ta barque semble pleine,
Diogène t'attend ; prends aussi Diogène.
Tiens, voici mon bâton, mon manteau, ma besace;
J'ai même une obole pour toi ;
Mais c'était tout mon bien, et chez l'humaine race
Je ne laisse rien après moi.
"Combien
de fois, dit Cicéron en parlant d'Archias, l'ai-je vu exprimer les mêmes
choses en changeant les mots et les phrases ! " C'est là un bien petit mérite.
Il nous reste un exemple de cette facilité.
Offrandes
à Pan, Τρίζυγες
οὐφεσίοικε, VI, 16,
179, 180, 181.
Trois frères, trois chasseurs, que l'amitié rassemble
Sont venus, ô dieu Pan, te consacrer ensemble
Les instruments de leurs travaux :
Pigrès, les lacs trompeurs où tombent les oiseaux ;
Damis, ses toiles redoutables ;
Et Clitor, les filets qu'il lança sur les eaux.
Daigne, ô dieu Pan, leur rendre favorable
L'air, la terre et les flots.
Croirait-on que le poète a la patience de rendre cette même idée de quatre manières différentes, dans quatre épigrammes consécutives, où il abuse des synonymes de la plus riche des langues pour rebattre ces frivolités ? Telle était donc alors cette nation qui avait produit Homère et Alexandre ! Virgile naissait. Cicéron disputait à Athènes la palme de l'éloquence, César songeait à l'empire du monde, et le Grec oisif cherchait des paroles pour ne rien dire.
(1)
103 ans av. J. C.
(2) 75 ans av. J. C.
(3)
Anth.plan. 94.
(4)
Anth. palat, X, 7.
(5) IX, 346.
(6) Vlll, 68.
ARCHILOQUE, ᾿Αρχίλοχος.
Archiloque,
de Paros, poète ionien, vivait au septième siècle avant notre ère. Il figure
dans la Couronne de Méléagre sous l'emblème de l'euphorbe épineuse, εὐφόρβης
σκολιότριχος
ἄνθος ἀκανθές,
image de son caractère âpre et méchant. Malheur à qui lui déplaisait ! Sa
passion pour la satire allait si loin, que lorsqu'il était las de décrier ses
ennemis et même ses amis, il se décriait lui-même. C'est ainsi qu'il divulgua
par une épigramme sa lâcheté dans les combats, et ailleurs la bassesse de sa
naissance. Aussi fut-il réduit à s'expatrier, à changer souvent de pays, délaissé
de tout le monde et réduit à la misère. Un prix de musique et de poésie
qu'il remporta aux jeux olympiques le réconcilia avec ses compatriotes fiers de
sa gloire. Il revint dans sa patrie, mais il ne tarda pas à s'y créer de
nouvelles inimitiés. On répondit à ses sarcasmes par un coup de poignard.
Quand on n'eut plus à le craindre, on rendit justice à ses oeuvres ; elles
furent glorifiées, et l'on mit Archiloque au niveau d'Homère. Combien il est
à regretter que nous n'ayons de ses nombreuses poésies (1)
que des fragments et deux épigrammes !.
(1)
Si nombreuses que Méléagre les compare à l'océan, μικρὰς
στράγγας ἀπ'
ὠκεανοῦ.
ARCHIMÈDE, ᾿Αρχιμήδος.
L'Anthologie
(codex vaticanus ) attribue à un poète entièrement inconnu, nommé Archimède,
une épigramme assez belle en l'honneur d'Euripide, τὴν
Εὐριπίδεω,
VII, 50. Brunck et Jacobs l'ont mise sous le nom d'Archimèle.
M. Schoell, dans son Histoire de la littérature grecque (1)
classe cet Archimède parmi ceux qui écrivirent sous le quatrième et le cinquième
Ptolémée, 201-190 avant notre ère.
(1) Tome III, p. 132.
ARCHIMÈLE, ᾿Αρχίμηλος.
Athénée, après nous avoir donné (1) une description détaillée (2) de la galère magnifique que fit construire le roi Hiéron II, et sur laquelle il envoya en Égypte soixante mille médimnes de froment, dix mille barriques de viande salée, vingt mille talents pesant de laines et autant d'autres marchandises, rapporte l'épigramme (3) que le poète Archimèle fit sur ce bâtiment. Hiéron récompensa le poète par un présent de mille médimnes de grain. C'est tout ce que nous savons d'Archimèle.
(1)
Dans le Banquet des savants, V , p. 209.
(2) Voy. Maxime de Tyr, Dissert.
1, 3.
(3) Τίς
τόδε σέλμα,
Appendix, 15.
ARÉTHAS, ᾿Αρέθας.
Nous n'avons que trois épigrammes d'Aréthas, XV, 32, 33, 34, qualifié de διάκονος, diacre. On dit cependant qu'il fut archevêque de Césarée en Cappadoce, vers l'an 920. Du reste, sa vie et ses services nous sont inconnus.
ARGENTARIUS, ᾿Αργεντάριος.
L'Anthologie a recueilli de Marcus Argentarius trente-sept épigrammes, dont plusieurs sont du genre érotique, et décèlent un esprit élégant et fin. Dans quelques-unes il joue assez plaisamment sur des mots, par exemple dans les épigrammes, Ποιεῖς πάντα, V, 32 ; ᾿Αντιγόνη Σικέλη πάρος, V, 63 ; ᾿Αντιγόνην ἔστεργες, XII 320 ; ῾Ησιόδου ποτέ , IX, 161 ; Κωμάζω, IX, 270; ᾿Εθραύσθης, IX, 246. Dans aucune des épigrammes de ce poète il n'y a d'indice qui nous fasse entrevoir son pays, son époque, sa famille. Reiske cependant se hasarde à croire qu'il est ou l'Argentarius que mentionne plusieurs fois Sénèque dans ses Suasoria, ou le Marcus de Byzance qui, d'après Philostrate, Vie des Sophistes, florissait sous l'empereur Hadrien.
ARISTIDE, ᾿Αριστείδης.
Aelius Aristide, de Mysie, célèbre par de longs voyages et par son éloquence, a vécu sous l'empereur Hadrien et sous les Antonins. Il a imité les grands modèles des temps anciens, et dans son argumentation il y a de la richesse, de la force et de la clarté. On a de cet habile et fécond rhéteur un discours contre Leptine, cinquante-quatre déclamations et une théorie de l'éloquence. Lui-même nous apprend qu'il était aussi poète, et l'épigramme σέλμα Ποιητὴς, ἄθλων τε βραβεύς, Appendice, 301, ne le dément pas.
ARISTOCLÈS, ᾿Αριστοκλῆς.
Nous n'avons d'Aristoclès qu'une seule épigramme, Δάματερ πολύκαρπε, Appendice, 8, que nous a conservé Élien (1). Cet Aristoclès est-il le grammairien qui a vécu sous Auguste ? Est-il le rhéteur qui florissait sous Trajan et Hadrien, et dont Philostrate (2) a écrit la vie, ou bien l'écrivain d'Alexandrie, auteur d'un livre Περὶ χορῶν, que loue Athénée, etc.? Nous n'en savons rien. Nous ne savons pas davantage quel est le traducteur qui a mis cette épigramme en assez bons vers latins.
O
faecunda Ceres, siculas veneranda per oras,
Cecropiosque agros ! hoc ego praecipue
Miror, in Hermione quod magno robore taurum,
Quemque viri possent vix domuisse decem,
E grege deductum sola aure adducit ad aram
Sancta tibi mulier; qui puer ut sequitur.
Haec tua vis, Ceres, est ; tu nobis esto benigna,
Per teque Hermione laeta beata fuat.
(1)
Hist des animaux, XI, 4.
(2) Vie des sophistes, II,
3.
ARISTODICUS, ᾿Αριστόδικος.
Aristodicus a dans l'Anthologie deus épigrammes, VII, 189 et 478. L'une est sous le nom d'Aristodicus de Rhodes. Ce poète n'a pas laissé d'autres souvenirs que ces deux épigrammes et son nom.
ARISTON, ᾿Αρίστων.
Sous le IVe et le Ve Ptolémée, 222-181 avant notre ère, vivait Ariston de Céos, le philosophe Péripatéticien, qui est probablement l'auteur des trois épigrammes qui se trouvent dans l'Anthologie sous le nom d'Ariston, sans désignation particulière. Ces épigrammes, VI, 303 et 306 ; VII, 457, agréablement versifiées, mais sans originalité, semblent des réminiscences de Philippe et de Léonidas et peu dignes d'un philosophe. Aussi doit-on douter de l'attribution.
ARISTOTE, ᾿Αριστοτέλης.
Aristote,
né à Stagire en Macédoine, l'an 284 avant notre ère, disciple de Platon et
chef de l'école péripatéticienne, qui jouit d'une si glorieuse célébrité
comme philosophe, est à peine connu comme poète.
Pour apprécier le philosophe, pour se faire une juste idée de l'immensité de
son génie. de son admirable méthode, de sa science presque universelle ce sont
ses oeuvres mêmes qu'il faut lire et étudier. A défaut de cette étude et
peut-être aussi pour la mieux faire, il est bon de lire la vie d'Aristote
dans Diogène Laërte, digne à peine d'être son biographe ; l'article Aristote
dans la Biographie universelle, par Georges Cuvier, son légitime
historien ; celui du savant M. Guigniaut dans l'Encyclopédie des gens du
monde, et l'article du Dictionnaire des Sciences philosophiques
{Paris, Hachette, 1844) (1).
Comme poète, Aristote a droit aussi à notre admiration, mais à un beaucoup
moindre degré que comme philosophe et moraliste. Le temps qui a détruit
plusieurs de ses traités a été plus impitoyable encore pour ses poésies ; il
ne nous reste de lui qu'un hymne à la Vertu (2),
une épigramme sur le meurtre d'Hermias (3),
et le Péplos (4).
On y trouve, le Péplos excepté, ce qui constitue le poète, une imagination
brillante, un cœur passionné, un style qui a de l'éclat et de la grandeur.
Ce n'est pas sans de bonnes raisons que le Péplos a été attribué par des
critiques à un autre Aristote que le Stagirite.
(1)
Voir aussi un excellent article de M. Boissonade sur Aristote, considéré
surtout comme poète, dans le recueil récemment publié sous le titre de Critique
littéraire, tome I, p. 67.
(2) ᾿Αρετὰ
πολύμοχθε,
p. 520 des Poetae lyrici de Bergk ; p. 26 de Lyrici graeci de
Boissonade.
(3) Τόνδε
ποτ' οὐχ ὁσιώς,
Appendix, 8.
(4) Τόνδ'
ἐπὶ Κηφίσῳ,
Appendix, 9.
ARTÉMIDORE, ᾿Αρτειμίδωρος.
Nous
avons d'Artémidore le grammairien deux épigrammes, dont l'une est quelquefois
mise sous le nom de Théocrite, ῎Αλλος
ὁ Χῖος, IX, 434 ; ce qui est assez honorable,
et nous fait regretter qu'on n'ait pas recueilli plus de ses poésies. C'eût été
justice de faire pour lui ce qu'il a fait pour le poéte de Syracuse, dont il a
réuni les idylles éparses dans un recueil, comme on rassemble des brebis dans
un seul bercail, ainsi qu'il l'a dit élégamment, IX, 205, Βουκολικαὶ
Μοῦσαι
σποράδες.
Ce grammairien ayant été un des plus remarquables disciples d'Aristophane,
l'illustre grammairien d'Alexandrie, est quelquefois qualifié d'Aristophanéen,
᾿Αριστοφάνειος
(1).
(1) Athénée, V, p, 182, et IX, p. 387.
ARTÉMON, ᾿Αρτέμων.
D'Artémon il nous reste deus épigrammes qui se trouvent dans la Muse de Straton, 55 et 124, l'une et l'autre sur Échédème. Il y a dans la bibliothèque grecque de Fabricius (1) onze Artémon. Reiske croit que l'épigrammatiste est ᾿Αρτέμων ὁ μελοποίος contemporain d'Aristophane et que mentionne le poète (2) ; d'autres croient qu'il est l'Artémon de Cassandrée, postérieur à la cent seizième olympiade (315 avant J. C.), époque où Cassandrée (3) fut le nom substitué à Potidée de la Chalcidique.
(1)
P. 112 du t. II, édit. Harles.
(2) Dans les Acharniens, v. 850.
(3) Voy. Diodore de Sicile, XIX, 52, et
Tite Live, XLIV, 11.
ASCLEPIADE, ᾿Ασκληπιάδης.
Une
quarantaine d'épigrammes de l'Anthologie qui portent le nom d'Asclépiade ne
sont pas toutes du même auteur.
Il y en a d'Asclépiade de Samos, le devancier ou le contemporain de Théocrite,
de celui qu'il appelle, Idylle VII, 40, τὸν
ἐσθλὸν
Σικελίδαν τὸν
ἐν Σάμῳ, l'illustre Sicilien de Samos,
probablement parce qu'il était né à Samos d'un père sicilien, dit Schoell.
Cette explication est inexacte. Il est plus probable que cet Asclépiade
s'appelait aussi Sicélidas, et qu'il était Saurien. Le scoliaste de Théocrite
se trompe également en disant qu'il était fils de Sicélidas. On ne formait
pas de patronymique d'un patronymique; quand on voulait exprimer la filiation
d'un homme dont le père portait déjà un nom de cette sorte, on se contentait
de lui donner ce nom (1). C'est sous ce
même nom de Sicélidas que cet Asclépiade se trouve dans la Couronne de Méléagre,
où il a pour emblème des anémones en fleur, ἀνέμοις
ἄνθεα φυόμενα. C'est
à ce poète qu'il convient d'attribuer la plus grande part des quarante épigrammes
et la meilleure. Un Asclépiade d'Adramytte est désigné par le manuscrit du
Vatican comme auteur de l'épigramme Νῦν
αἰτεῖς, XII, 36. Il en reste un certain
nombre qu'il faut mettre au compte des autres homonymes, τῶν
ἄλλων
ὁμωνύμων, comme dit Jacobs (2).
(1) Schol.
ad Pindarum, Pyth. VI, 4 : Εἴ τις οὖν τὸν τοῦ ῾Ηρακλείδου υἱὸν πατρωνομικῶς βούλοιτο σημῆναι, ὁμωνύμως ἃν πάλιν πατρὸς ῾Ηρακλείδην καλοίη.
(2) Anthol, graeca, t. I, p. 144.
ASCLÉPIODOTE,
᾿Ασκληπιόδοτος.
Une épigramme d'Asclépiodote,
Ζωεῖν, εἰναλίη
Θέτι, avait été gravée sur la partie antérieure de la
statue de Memnon ; elle a passé de là dans l'appendice de l'Anthologie, no 16.
"C'est une pièce remarquable par la pensée et l'expression, qui annonce
un homme pénétré de la lecture des bons modèles. On s'en étonne peu,
lorsqu'on voit qu'elle a pour auteur un poète de profession, Asclépiodote qui
a pris le soin de se nommer en tête de l'inscription, ᾿Ασκληπιοδότου
τοῦ ποιητοῦ. A la fin, après le sixième vérs, le mot ἐπιτρόπου, placé ainsi tout seul, doit s'entendre du Procurator
Caesaris, ἐπίτροπος
Καίσαρος.
" En sa qualité de poète, Asclépiodote est entré dans l'idée poétique
de l'Aurore saluée par son fils. D'ailleurs, il voulait opposer Thétis, qui
n'avait pas le pouvoir d'animer les cendres d'Achille, à l'Aurore qui, chaque
matin, réveillait la voix de Memnon : μητρώῃ
λαμπάδι
θαλπόμενονest une expression digne d'Homère (1)."
Tout ce que nous pouvons conclure de l'expression
ἐπιτρόπου et du
commentaire, c'est qu'Asclépiodote est un poète de plus parmi ceux de
l'empire, d'origine grecque et heureusement inspiré.
(1) Letronne, la Statue vocale de Memnon, p. 215.
ASINIUS
QUADRATUS, ᾿Ασίνιος
Κουάδρατος.
Sous le nom d'Asinius
Quadratus, il y a dans l'Anthologie palatine une épigramme qui, dans
l'Anthologie de Planude, est ἄδηλον, anonyme.
Elle est relative à un fait de guerre qui s'accomplit sous Sylla, Οἱ πρὸς
῾Ρωμαίους, VII, 312, et le style y a de la précision et de la force. S'agit-il
d'Athéniens tués en grand nombre après la prise d'Athènes, ou plutôt
d'ennemis étrangers qui, on ne sait où, tombèrent dans une embuscade de
Romains et périrent ? Saumaise pense qu'il s'agit du combat où périrent
Catilina et ses complices. Οὐ
γάρ τις μετὰ
νῶτα τυπεὶς
θάνεν, dit l'épigramme, et Salluste
dit de même omnes adversis volneribus conciderant. Peu importe. Ce qu'on
tiendrait plus à savoir, c'est si notre poète est le même que l'historien
Asinius Quadratus qui écrivit une histoire romaine depuis la fondation de Rome
jusqu'au règne d'Alexandre Sévère, pendant un espace de mille ans; de là le
titre de son oeuvre : ῾Η ῾Ρωμαικὴ
χιλιάς, Histoire millénaire des
Romains. Il l'avait écrite dans la langue d'Hérodote, ᾿Ιάδι
διαλέκτῳ, dit Suidas.
ASTYDAMAS,
᾿Αστυδάμας.
Il est singulier que nous
n'ayons qu'une seule épigramme d'un poète aussi fécond qu'Astydamas, d'un
auteur qui fit deus cent quarante tragédies et qui remporta quinze prix. Il était
d'Athènes, fils de Marsinus, disciple d'Isocrate, et vivait en 338 avant J. C.
Son amour de la louange, sa vanité étaient excessifs, et l'on disait
proverbialement se louer comme Astydamas, ainsi que l'atteste ce vers du poète
comique Philémon, Σαυτὴν
ἐπαινεῖς,
ὥσπερ
᾿Αστυδάμας,
γύναι. Il fut dupe et victime de son orgueil : pour honorer ses succès de théâtre,
les Athéniens lui élevèrent une statue (1) ; de lui-même il proposa
l'inscription d'usage, mais l'éloge y était si exagéré qu'on lui intenta un
procès et qu'il fut condamné à une forte amende.
Son épigramme, Εἴθ' ἐγὼ ἐν
κείνοις,
Appendix, 17, a été ainsi traduite par Grotius :
O
ego si illorum vixissem aetate, vel illi
Mecum, quos celebres lingua diserta facit :
Ut par sub vero concurrere judice possem.
Nunc aetas illos liberat invidia.
(1) Voy. Diogène Laërte, II, 5, 3, et la note de Ménage.
ATHÉNÉE,
᾿Αθήναιος.
Diogène Laërte (1)
qualifie Athénée de ὁ
ἐπιγραμματογράφος l'épigrammatiste,
et pourtant nous n'avons de lui que deux épigrammes, l'une en l'honneur des
Stoiciens, ὦ στοικῶν
μύθων, IX, 496, l'autre sur le fils de Néoclès, Épicure, ῎Ανθρωποι
μοχθεῖτε, Appendix, 2. On en peut conclure qu'il n'était ni
pour Épicure, ni pour Zénon, qu'il n'appartenait à aucune école, et qu'il
louait les philosophes et leur secté ἐπιδείξεως
ἕνεκα, uniquement pour montrer
son talent; et il en avait.
(1) Liv. VI, ch, 1.
AUTOMÉDON,
Αὐτομέδων.
On compte deux Automédon, l'un d'Étolie, l'autre de Cyzique. Philippe ayant admis leurs épigrammes dans sa Couronne, c'est dans le premier siècle de notre ère que ces poètes vécurent. Plusieurs de leurs épigrammes le prouvent d'ailleurs, notamment celle (1) où sont raillés les Athéniens au sujet du droit de cité dont ils faisaient commerce et qu'ils pratiquaient déjà sous le règne d'Auguste (2) ; celle (3) contre Nicétès, orateur illustre du règne de Nerva, et ami de Pline le Jeune. Ces Automédon étaient-ils contemporains ? on ne sacrait l'affirmer, mais ils ont dû vivre à uns époque assez rapprochée. Il serait impossible de faire la part de chacun dans les onze épigrammes publiées sous leur nom. Sur le nombre il y en a d'assez jolies, et il vaut mieux laisser la succession indivise.
(1)
᾿Ανθρακίων
δέκα μέτρα,
IX, 319.
(2) Cf. Dion Cassius, LIV, p. 736.
(3) Νικήτης
ὀλίγος μέν,
X, 22.
BACCHYLIDE,
Βακχυλίδης.
Bacchylide, né à Iulis dans l'île de Céos, était un fils de la soeur de Simonide. Contemporain de Pindare et d'Eschyle, il était plus âgé qu'eux, et comme eux il vécut à la cour d'Hiéron roi de Syracuse, 472 ans environ avant notre ère. II fut même le poète favori de ce prince qui le préférait à Pindare. Dans la Couronne de Méléagre ses poésies figurent sous l'emblème de blonds épis, ξανθοὺς στάχυας. La gerbe de ses oeuvres s'est fort amoindrie : il ne nous reste plus qu'une partie du beau Paean adressé à la Paix, un fragment de scolie ou chanson en l'honneur du vin, des débris de ses hymnes, de ses dithyrambes, et trois épigrammes (1) que rien n'autorise à contester au chantre de Céos et qui sont, par l'harmonie et la grâce, des joyaux de l'Anthologie.
(1)
VI, 53 et 313; XIII, 28.
BARBUCALLE,
voy. JEAN BARBUCALLE.
BASSUS,
Βάσσος.
Lollius
Bassus vivait sous l'empereur Tibère, ainsi que le constate l'épigramme Κλειδοῦχοι
νεκύων, VII, 391, sur la mort de
Germanicus, empoisonné à Antioche par Pison, l'an 19 de notre ère. Fabricius
a cru voir une imitation d'Horace dans l'épigramme sur la médiocrité, Μήτε
με χείματι, X, 102 ;
mais alors on pourrait faire aussi de notre Lollius un parent du Maxime Lolli
(1).
Des onze épigrammes de ce poète, les plus jolies sont celles que nous avons
citées sur la mort du fils adoptif de Tibère, sur la médiocrité, et une
autre sur les inconvénients d'avoir une servante sourde. Grotius a très
heureusement traduit, ou si l'on veut, imité cette dernière épigramme.
Τὴν
δύσκωφον
γραίαν, XI, 74.
Exige, per superos obtestor, Onesime, surdam,
Quae mihi perpetui causa laboris, anum.
Caseus ad mensumsi forte petatur ab illa,
Nescio quem casum me timuisse putat.
Ruta petita caput fuerat mihi forte dolenti,
In corbi nobis attulit illa rutra.
Si succis opus est aegro , fert anxia soccos,
Et mytilum cupiam si mihi, fert matulam.
Pro
cino vannus, pro seta fertur acetum.
In vanum,
quidquid dixero, verba cadunt.
Ut mediterne foris totis ego noctibus aequum
est,
Quid loquar, et praeco nunc ero propter anum?
(1) Horace, Epist, I, 2, 2.
BÉSANTINUS, Βησαντῖνος.
De Bésantinus, nous avons deux épigrammes, toutes deux uniques (1). L'une (2) se lit parmi les sentences de Théognis où mérite de pensée et de style l'a fait entrer. Le petit poème l'Oeuf, qui passe plus généralement pour être de Simmias, a été quelquefois publié sous le nom de Bésantinus. Ces attritions font honneur au poète et constatent son talent.
(1)
IX, 118 et 119.
(2)
ὦ
μοι ἐγών inter Theognidea legitur,
v. 527, edit. Bekkeri.
BIANOR, Βιάνωρ.
Bianor
sans autre désignation, Bianor de Bithynie, Bianor le grammairien, sont un seul
et même poète qui vivait sous les règnes d'Auguste et de Tibère. Cette date
se trouve confirmée par son épigramme, Σάρδιες
αἱ τὸ πάλαι, IX, 123, sur
le tremblement de terre de Sardes de l'an 16 de notre ère, et aussi par son
admission dans la Couronne de Philippe, δρῦς
δὲ Βιάνωρ. Cet emblème
du chêne, δρῦς,
me semble faire plus allusion au nom même du poète (βία,
force, et ἀνήρ,
homme) qu'à ses poésies dont la force n'est pas le caractère dominant. Sans
doute la peinture de la catastrophe de Sardes est énergique et sombre, mais on
trouverait peut-être plus de pièces gracieuses et touchantes, comme l'épigramme
Πάντα
Χάρων, VII, 671, sur la mort du jeune
Attale.
De l'Anthologie de Philippe, une vingtaine d'épigrammes de ce poète sont passées
dans les Anthologies de Céphalas et de Planude.
BOÉTHUS,
Βόηθος.
Il n'existe de Boéthus qu'une épigramme, Εἰ τοῖος Διόνυσος, lX, 248, sur le pantomime Pylade. Cette épigramme indique suffisamment l'époque (1) où vivait ce Boéthus. Il était de Tarse en Cilicicie. Strabon le qualifie de mauvais poète et de mauvais citoyen, κακοῦ μὲν ποιητοῦ, κακοῦ δὲ πολίτου (2). Il ajoute: "A force de flatter le peuple, il s'était acquis une grande puissance. Antoine avait aussi contribué à l'élévation de ce démagogue, en faveur des vers que celui-ci avait composés pour célébrer la victoire de Philippes ; mais ce qui augmenta le plus son crédit, c'est la facilité qu'il avait d'improviser sur tous les sujets qü on lui proposait. Antoine ayant promis aux habitants de Tarses d'établir chez eux la charge de gymnasiarque (3), revêtit Boéthus de cette dignité, et lui confia l'administration des dépenses nécessaires au gymnase. Mais on découvrit qu'il y volait jusqu'à l'huile (4), et on l'en accusa devant Antoine. Boéthus, voulant s'excuser, dit à Antoine entre autres choses : "Ayant chanté vos louanges comme Homère chanta celles d'Achille, d'Agamemnon et d'Ulysse, il n'est pas juste que je sois devant vous l'objet de pareilles accusations." L'accusateur, prenant alors la parole, lui répondit : "Mais Homère n'avait volé l'huile ni d'Agamemnon, ni d'Achille, comme vous l'avez fait ; il est donc juste que vous en soyez puni." Néanmoins, par les sollicitations de quelques amis, il réussit à se soustraire au châtiment sans cesser de vexer la ville jusqu'à la mort d'Antoine. C'est dans cet état qu'Athénodore, qui avait été précepteur de César-Auguste, trouva Tarse, sa ville natale. Il essaya d'abord d'amener à la raison Boéthus et ceux de sa faction ; mais enfin, voyant qu'ils ne s'abstenaient d'aucune insolence, il se servit du pouvoir que l'empereur lui avait accordé, et les bannit de la ville et de la province."
(1)
Nec Pylades histrio nobis omittendas est qui clarus in opere suo fuit
temporibus Augusti. Macrobe,
Saturnal., II, 7.
(2) Strabon, XIV, 10, 44 (p. 575, édit.
Didot).
(3) Surintendant ou chef du gymnase.
(4) L'huile nécessaire aux exercices
du gymnase, et notamment à la lutte.
CALLIAS,
Καλλίας.
Callias
d'Argos ne nous est connu que par l'épigramme publiée sous son nom dans
l'Anthologie, Αἰεὶ
Χρυσίον, XI, 232. Il s'y trouve une
pensée dont on a fait un proverbe : le vin est la pierre de touche du caractère,
οἶνος
ἐλέγχει τὸν
τρόπον, et comme traduit Grotius :
"Pocula nudant ingenium."
CALLICTER
OU CILLACTOR, Καλλικτὴρ
ἢ Κιλλάκτωρ.
De
ce poète inconnu qui, dans un lemme, est qualifié de Mantisios, épithète
également inconnue. il reste six épigrammes de très peu de valeur, minimi
pretii, dit Jacobs ; cependant elles sont anciennes et de l'époque
Alexandrine. Toutefois, sur le nombre, il y en a une qui semble assez plaisante
et curieuse même, en ce que l'emblème des maris trompés s'y trouve mentionné,
pour la première fois peut-être. En voici la traduction par Grotius .
῞Οστις
ἔσω πυροῦς,
XI, 5.
Cui non empta domi semper sunt tritica, cornu
Illud amaltheae, quod dedit uxor, habet.
CALLIMAQUE,
Καλλίμαχος.
Callimaque
naquit à Cyrène, en Libye, vers l'année 324 avant l'ère chrétienne. Bien
qu'il descendît du fondateur de la colonie grecque de Cyrène (1),
que son père eût commandé les troupes de la Cyrénaïque et qu'il fût de
race royale, la gêne et le besoin réduisirent Callimaque à enseigner les
belles-lettres.
Son professorat fut si brillant que Ptolémée Philadelphe l'admit au musée que
sa munificence avait ouvert et consacré aux poètes et aux philosophes qui
illustraient son règne. La faveur dont Callimaque jouit sous ce prince lui fut
conservée sous son successeur, Ptolémée Evergète (247 ans avant notre ère).
Il paraît certain que le poète n'exploita pas son crédit auprès de ces rois
généreux, et que son caractère enjoué, sa philosophie et ses goûts studieux
lui firent supporter la mauvaise fortune avec dignité. C'est sans preuve et
sans autorité qu'on dit qu'il fut préposé à la bibliothèque royale
d'Alexandrie. Élève d'Hermocrate, il eut pour disciples Ératosthène et
Philostéphane, ses compatriotes, Aristophane de Byzance et Apollonius de
Rhodes, qui, de son élève devenu son ennemi, s'attira cette terrible invective
connue sous le nom d'Ibis. Suivant la mode de son siècle et la vocation
de l'école égyptienne, Callimaque s'occupa beaucoup de philologie et de
grammaire ; mais il ne nous est plus connu que comme poète, et encore le temps
a-t-il détruit ou mutilé la plus grande partie de ses oeuvre. S'il en faut
croire Suidas, il avait composé plus de huit cent ouvrages, presque tous, il
est vrai, de peu d'étendue, car il disait qu'un gros livre est un grand mal (2).
Il nous reste du poète de Cyrène six hymnes, parmi lesquels se distingue,
comme un des plus parfaits chefs-d'œuvre de la poésie antique, celui des bains
de Pallas, soixante-trois épigrammes dont plusieurs peuvent être regardées
comme les meilleures de l'Anthologie grecque, et des fragments. Ses principaux
ouvrages, dont il ne reste le plus souvent que les titres étaient : un poème
en quatre chants sur les origines des fables, des rites et des antiquités (3),
un autre sur la chevelure de Bérénice, l'épouse de Ptolémée Évergète,
dont Conon de Samos avait fait un astre ; un poème héroïque sur la vieille
femme nommée Hécalé, qui donna l'hospitalité à Thésée, etc., etc.; enfin
des élégies qui, au jugement de Quintilien (4),
placent Callimaque au premier rang dans ce genre de poésie. Le talent de ce poète
comme on le voit, était multiple ; et pourtant c'est par l'esprit et l'art
qu'il se distingue bien plus que par le génie (5).
Sa verve chaleureuse inspira chez les Latins Ovide et Properce ; mais les
ouvrages où elle brillait le plus sont perdus pour nous. Son principal mérite
consiste à nos yeux dans les notions qu'il nous donne sur les antiquités
religieuses de la Grèce, dans l'art savant qui préside à ses compositions et
dans la richesse éblouissante de son style. Admis dans la fameuse pléiade
d'Alexandrie, Callimaque est un des écrivains dont le mérite et la réputation
rayonnent du plus vif éclat dans cette constellation poétique.
(1)
Battus. Voy. Hérodote, IV, 155, et Pindare, Pythique IV.
(2) Μέγα
βιβλίον, μέγα
κακόν. Athénée, Deipnos.,
III, p. 79.
(3) Intitulé Αἴτια.
(4) Instit. orat., X. 58 : Tunc
et elegiam vacabit in manus sumere, cujus princeps habetur Callimachus.
(5) Ovide, Amor., 1 , 15 :
Quamvis in genio non valet, arte valet.
CAPITON,
Καπίτων.
Capiton
d'Alexandrie, ὁ
ἐπιποιός, comme l'appelle Athénée (1),
est très vraisemblablement l'auteur du seul distique publié sous le nom de
Capiton dans l'Anthologie. Ce distique, Κάλλος
ἄνευ Χαρίτων V, 67, sur
la grâce, plus belle encore que la beauté, est assez joli pour faire regretter
qu'on n'ait pas d'autres épigrammes de ce poète.
(1) Banquet des savants, X, p. 425.
CARPHYLLIDE,
Καρφυλλίδης.
Il
y a de ce poète deux épigrammes, l'une au nom de Καρφυλλίδου,l'autre au
nom Καρφυλλίδους, par quelque erreur de copiste. Ces deux épigrammes,᾿Ιχθύας
ἀγρίστῳ, IX, 52 , et Μὴ
μέμψῃ παριών, VI, 260, ne sont
pas sans intérêt, sans agrément.
CÉRÉALIUS, Κερεάλιος
Dans
les trois épigrammes que nous avons de Céréalius, il n'y a aucun indice de l'époque
ou il a vecu, car l'Antipater
dont il a fait l'épitaphe, ᾿Αντιπάτρου
ῥητῆρος ἐγὼ
τάφος, VII, 369,
était un rhéteur de Diospolis ou d' Athènes, et n'est pas un des trois
Antipater dont nous avons des épigrammes. Par Martial (1)
et par Pline (2), on connaît un Céréalis,
auteur d'une gigantomachie. Peut-être est-ce notre épigrammatiste dont le nom
se sera altéré.
(1)
Martial, Epigramm. IV , 8 et XI, 5.
(2) Pline, Epistol. 11, 19.
CHAERÉMON,
Χαιρήμων.
Chaerémon doit être un poète d'une époque ancienne, celui du moins qui a composé les deux belles épigrammes relatives au combat des Argiens et des Spartiates pour la plaine de Thyrée : Τοῖς ῎Αργει Κλεύας ὁ Τιμοκλῆος, VII, 720 et 121. Il figure d'ailleurs dans la Couronne de Méléagre, et le lotus au suave parfum est son emblème. Quant à l'épigramme Εὔβουλον τέκνωσεν ᾿Αθηναγόρης, VII, 469, elle est d'un Chaerémon moins ancien. L'Athénagore dont il est ici question est mentionné dans une épigramme d'Ammien, ᾿Αρκαδικὸν πῖλον, XI, 150, ce qui nous reporte au règne de Néron ou de Trajan. Reiske croit même que cet Athénagore est celui dont il est parlé si souvent dans les lettres de Libanius.
CHOERILE, Χοιρίλος.
L'épitaphe
du tombeau de Sardanapale, le dernier roi des Assyriens, Εὖ
εἰδὼς ὅτι
θνητός Appendix, 97, laquelle se lit dans
Diodore de Sicile (1), et dans Strabon (2), ne peut être de Choerile d'Athènes,
le poète dramatique contemporain d'Eschyle dont il reste quelques vers où il célèbre
la victoire des Grecs sur Xerxès, ni du Choerile de Samos, poète épique,
d'une date un peu postérieure, l'auteur d'une épopée sur la seconde guerre médique
dont chaque vers fut payé par les Athéniens au prix d'un statère (3), et qui
se chantait publiquement comme les poèmes d'Homère ; elle doit être du
Choerile d'Iase en Carie, qui chanta les exploits d'Alexandre, versibus
incomptis, comme dit Horace (4), et au sujet duquel le roi de Macédoine
disait qu'il aimerait mieux être le Thersite d'Homère que l'Achille
de Choerile.
Ce Choerile aura probablement trouvé cette épitaphe en Assyrie, sur les bords
de l'Euphrate, et l'aura traduite du chaldéen en grec.
(1)
Biblioth, hist., II, 23
(2) Geograpia.,
XIV, p. 672.
(3) 20 drachmes, 18 francs environ.
(4) Epist., II, 1, 233.
CHRISTODORE, Κριστόδωρος.
Christodore (1), fils de Panisque, poète grec de la Thébaïde, né à Thèbes même ou à Coptos, sur les bords du Nil, florissait sous le règne d'Anastase Dicore, comme le constate un passage de ses poésies (2), où il célèbre la victoire remportée par cet empereur sur les Isauriens (3). Le plus précieux reste de ses rouvres est une description, en quatre cent seize vers, des statues qui ornaient le Zeuxippe, thermes magnifiques de Constantinople, élevés prés de l'église de Sainte-Sophie et de l'Hippodrome, et qui furent détruits par un incendie, en 532, sous Justinien. Cette description, curieuse pour l'histoire de l'art, forme tout le cinquième livre de l'Anthologie de Planude, et la deuxième section de l'Anthologie palatine. Il reste en outre de Christodore deux épigrammes, VIII, 697 et 698, en l'honneur de Jean d'Épidamne, gendre du même Anastase, l'une et l'autre assez médiocres pour que l'historien Gibbon ait pu dire du poète, Boetotum in crasso jurares aere natum ; seulement il prenait la Thèbes d'Égypte pour la Thèbes de Béotie. Néanmoins. comme le goût a ses caprices, une scolie marginale porte ὁ θαυμαστὸς οὗτος Κριστόδωρος.
(1)
Κριστόδωρος
Πανίσκου ἀπὸ
Κοπτοῦ πόλεως
τῆς Αἰγύπτου,
Suidas, III, p, 688.
(2) Au vers 405 de son
῎Εκφρασις
τῶν ἐν τῷ
Ζευξίππῳ
ἀγαλμάτων.
(3) L'an 493 de notre ère.
CLAUDIEN, Κλαυδιανός.
Il
y a de Claudien cinq épigrammes, dont deux traitent des sujets chrétiens. Ces
épigrammes chrétiennes, assez médiocres, doivent être du poète dont parle
Evagrius dans son Histoire ecclésiastique (1) ; il vivait sous Théodore II (2).
Les trois autres sont d'une date un peu plus ancienne et d'une meilleure
facture, étant du poète latin qui illustra le règne de Théodore, et
particulièrement celui de ses fils Arcadius et Honorius.
Ce poète, Claudius Claudianus ou Claudien, qui tient peut-être dans la poésie
latine le premier rang après Virgile, longo sed proximus intervallo ;
naquit à Alexandrie, en Égypte. Le grec était sa langue maternelle, et il n'écrivit
en latin qu'après un long séjour à Rome et à Milan. L'époque de sa
naissance et celle de sa mort sont inconnues ; sa vie ne l'est guère moins. On
sait toutefois qu'il acquit de son vivant une immense réputation ; qu'à la
demande du sénat, les empereurs Arcadius et Honorius lui firent ériger une
statue sur le forum de Trajan, et qu'une inscription lui décernait une sorte
d'apothéose en l'élevant au niveau de Virgile et d'Homère.
῎Ισον
Βιργιλίοιο
νόον καὶ
μοῦσαν
῾Ομήρου
Κλαυδιανὸν
῾Ρωμὴ καὶ
βασιλεῖς
ἔθεσαν
(3)
Cet éloge est exagéré sans doute ; mais la critique la plus sévère reconnaît
dans Claudien une imagination qui a quelque chose d'Homérique, des expressions
de génie, de la force quand il peint, de la précision même quand il est sans
images, assez d'étendue dans ses tableaux, et surtout la plus grande richesse
dans ses couleurs (4). S'il avait eu plus de mesure et de goût, moins de faste,
moins de monotonie, il eût donné à ses oeuvrés le degré de perfection qui
leur manque.
Ses oeuvres principales sont des invectives contre Eutrope et Rufin, rivaux
malheureux de Stilicon, son héros ; trois livres de Laudibus Stilichonis ;
l'enlèvement de Proserpine en trois chants, épopée charmante non terminée,
et la Gigantomachie dont nous n'avons qu'un fragment. Mais la grâce et l'esprit
du poète se signalent, plus particulièrement peut-être, dans de petites pièces,
épîtres, idylles épigrammes, qui sont à la suite des grands poèmes : il y a
là des fleurs poétiques d'un parfum exquis, de petits chefs-d'œuvre, entre
autres l'idylle sur le vieillard de Vérone que M. Zevort (5) signale avec
raison comme un agréable et harmonieux écho du Virgile des
Géorgiques.
Voir dans l'Encyclopédie des gens du monde l'excellent article CLAUDIEN,
par M. Victor Le Clerc.
(1)
Liv. I, ch. XIX :
Κλαιδιανὸν καὶ Κῦρον
τοὺς
ποιητάς.
(2) 408-460 de l'ère chrétienne.
(3) "Rome et les empereurs ont érigé cette statue â Claudien, qui
rivalise avec le génie de Virgile et la muse d'Homère.
(4) Cf. Thomas, Essais sur les éloges, ch. XXIII.
(65 Histoire de la littérature romaine, p. 641.
CLÉOBULE, Κλεόβουλος.
L'inscription
du tombeau de Midas, Χαλκῆ
παρθένος εἰμί,
VII, 153, est sous le nom de Cléobule dans l'Anthologie, et aussi l'énigme Εἷς
ὁ πατήρ, XIV, 101, qu'il faut restituer à sa fille Cléobuline. L'énigme
était du goût des anciens. Cléobule avait
composé trois mille vers de chants lyriques et d'énigmes. On en attribue même
à Homère,
Cléobule n'était pas seulement un poète, c'était un philosophe, un sage.
Platon, dans son Protagoras, le met au nombre des sept sages de la Grèce, et,
à ce titre, il est un des convives du Banquet des sept sages de
Plutarque. On sait que chacun d'eux avait sa devise ; celle de Cléobule était
: "Le bien, c'est la mesure, μέτρον
ἄριστον" Ce sage était de
plus magistrat suprème à Rhodes, prytane ou Aesymnète, Λινδίως
μοναρχῶν (1) τοῖς
πολίταις
ἄρχων (2).
Diogène (3) ne parle pas de ces dignités ; il se borne à nous apprendre que
Cléobule était de Linde, ou, suivant l'historien Duris, de Carie ; qu'il était
fils d'Évagoras, se disant descendant d'Hercule ; qu'il était d'une force et
d'une beauté remarquables, et avait été initié à la philosophie égyptienne
; qu'il eut une fille nommée Cléobuline, auteur d'énigmes en vers hexamètres,
et qu'il mourut vieux, à l'âge de soixante-dix ans.
(1)
Clément d'Alexandrie, Stromates, IV, p. 523.
(2) Plutarque, Sept. sapient, conv, p. 148.
(3) Cléobule, liv. I, ch. 6.
CLÉOBULINE,
Kλεοβουλίνη.
Cléobuline
ne figure pas parmi les poètes de l'Anthologie ; c'est un oubli qu'il faut réparer.
Avec Suidas, avec Eudocie (1), avec Fabricius (2)
et Schneider (3), nous
restituerons à la fille de Cléobule deus énigmes, Εἷς
ὁ πατήρ, XIV,
101, et ῎Ανδρ'
εἶδον, Appendice, 117.
Née à Linde, dans l'île de Rhodes où régnait son père Cléobule, elle
florissait vers l'an 580 avant notre ère, au temps de Solon et de Pisistrate.
Comme son père, elle excellait à composer des énigmes, des griphes ; et telle
était son habileté dans ces jeux d'esprit que le sage Thalès, qui s'y
connaissait, l'appelle σοφή, dans le Banquet des sept sages (4),
pour caractériser en elle l'union de la sagesse et de la poésie.
(1)
Dans son ᾿Ιωνία,
p. 272.
(2) Biblioth. graeca, t. IV, p. 469, édit. Harles.
(98) Μουσῶν
ἄνθη, p. 115.
(4) Plutarque, Septem sapient, conviv., VII.
COMÉTAS,
Κομητᾶς.
Cométas,
dont nous avons sept épigrammes, est qualifié de σχολιαστικός, maître
d'école ou grammairien. C'était, en effet, un professeur de grammaire, mieux
que cela, un critique qui a rendu des services par ses copies et ses révisions
des poèmes d'Homère, ainsi que le constatent ses épigrammes, ᾿Αμφοτέρας
πολύμυθε, Σεῖο
βίβλους, Εὑρὼν
Κομητᾶς, XV, 36, 37, 38, très curieuses
à ce titre pour l'histoire des poésies homériques. Villoison, dans les prolégomènes
de son édition vénitienne de l'Iliade, estime que l'auteur de ces épigrammes
est le Cométas qui fut revêtu de la fonction publique de professeur de
grammaire sous le règne de Michel III, en 856. Ce professeur, cet admirateur
d'Homère, se sera fait moine, suivant l'usage du temps, et c'est dans un
couvent, pour expier ses oeuvres païennes, ses poésies amoureuses, ῎Ομματα
Φυλλίς, V, 265, qu'il aura composé l'insipide paraphrase d'un chapitre de
saint Jean sur la mort et la résurrection de Lazare, ῾Οππότε
παμμεδέοντος
XV, 40. C'est à de telles poésies qu'ont dû s'appliquer les notes marginales
du manuscrit du Vatican, en regard de son nom, sur lequel on joue avec des épithètes
injurieuses : Κομητᾶ
ταῦτα
δυσκόμιστα
πάντ' ἔπη
ἄκοσμα ταῦτα
τοῦ Κομητᾶ
πάντ' ἔπη.
CONSTANTIN DE
RHODES, Κωσταντῖνος
ὁ ῾Ρόδιος,
OU CONSTANTIN CÉPHALAS.
Constantin
de Rhodes, le disciple et le successeur de Constantin de Sicile, est généralement
regardé comme étant le même que Constantin Céphalas. Dans l'épigramme sur
la croix qu'il érigea à Linde, Εἰς
σταυρὸν ὃν
ἀνέθετο ἐν τῇ
Λίδῳ,
XV, 15, il nous fait connaître sa filiation et sa patrie ; il nous apprend
qu'il était fils de Jean Constantin et d'Eudoxie, et qu'il naquit à Linde, une
des villes de l'île de Rhodes, sous le règne de l'empereur Léon, de son frère
Alexandre et de son fils Constantin. II vécut donc au commencement du dixième
siècle. Son nom de Céphalas lui fut sans doute donné à cause de sa grosse tête
(κεφαλή). C'est lui qui refit, après Agathias, un quatrième
remaniement de l'Anthologie. Tout en conservant une partie des pièces
recueillies par ce dernier éditeur et publiées encore après lui, il eut
l'heureuse idée de reprendre, dans les collections antérieures de Méléagre
et de Philippe, des épigrammes appartenant aux plus belles époques de
l'antiquité, et d'enrichir, de plus, son recueil des épigrammes de Straton de
Sardes, licencieuses sans doute, mais du meilleur style et non sans grâce.
C'est aussi à Céphalas que nous devons la collection des chansons anacréontiques
que nous possédons. Le précieux manuscrit de ce compilateur, longtemps enfoui
dans la bibliothèque palatine d'Heidelberg, révélé ensuite au monde savant
sous la désignation d'Anthologie inédite, a été enfin publié par Brunck et
Jacobs ; cette publication, qui devint un de leurs plus beaux titres de gloire,
est restée pour les philologues, les historiens et les poètes, une inépuisable
source de jouissances et d'instruction.
CONSTANTIN DE
SICILE, Κονσταντῖνος
ὁ Σικελός.
Constantin de Sicile, dont nous
n'avons qu'une épigramme, une seule, et encore est-elle tronquée, est un poète,
un philosophe, ou plutôt un maître ou professeur qui vivait à Constantinople
au neuvième et au dixième siècle de notre ère. Cette épigramme est relative
à sa chaire de professeur, εἰς
τὸν θρόνον
αὐτοῦ, et ne se trouve que
dans l'Anthologie palatine, XV, 13.
Reiske pense que Constantin de Sicile fut le maître de Constantin de Rhodes, et
que celui-ci fut l'héritier de sa chaire.
COSMAS, Κοσμᾶς.
Nous n'avons de Cosmas qu'une seule épigramme, Πύρρος ἐγώ, Anth. plan. 114, sur Pyrrhus au moment d'égorger Polyxène. Ce sujet semble s'accorder peu avec l'époque présumée du poète et la profession qu'on lui suppose. Cette profession est, du reste, assez douteuse. Dans les Analectes de Brunck, Cosmas est qualifié de moine, μοναχός; dans l'Anthologie planudéenne, de μηχανοκός, mécanicien. Est-ce le Cosmas auteur d'une cosmographie chrétienne, qui voyagea dans l'Inde et fut surnommé Indicopleustès, qui finit sa vie dans un couvent au sixième siècle ? Est-ce le Cosmas qui, par ses hymnes, par sa traduction des psaumes en vers ïambiques, mérita le surnom de μελῳδος? L'épigramme ne résout aucun de ces doutes et ne les motive même pas ; car on dirait l'œuvre d'un poète païen.
CRATÈS le Grammairien, Κράτης ὁ Γραμματικός.
Cratès,
fils de Timocrate, né à Malle en Cilicie, s'établit à Pergame dont les rois
avait rassemblé une bibliothèque considérable, et se livra à la culture des
lettres. Ce fut avec un tel succès, qu'on lui donna le nom de Grammairien. A
cette époque on appelait ainsi moins les maîtres de grammaire, que ceux qui
faisaient une étude particulière des écrits des anciens soit en vers, soit en
prose, qui s'occupaient à les mettre en ordre, à les interpréter, ce qui
exigeait autant de savoir que de goût. Cratès s'attacha principalement à
corriger les poèmes d'Homère , sans doute pour rivaliser avec Aristarque qui
faisait de même à Alexandrie. Comme critique et aussi comme courtisan, il
jouissait à la cour lettrée d'Attale de beaucoup de crédit, et c'est ce qui
explique la mission que lui confia ce prince auprès du sénat romain (1). S'étant
cassé la jambe peu de temps après son arrivée à Rome, et forcé de rester
dans sa maison, il y ouvrit un cours de littérature grecque qui attira une
foule d'auditeurs. Ses leçons exercèrent une grande influence sur le goût et
sur les mœurs de la jeunesse romaine.
Des ouvrages de Cratès le plus célèbre, le plus regrettable, est celui qui
contenait ses corrections sur l'Iliade et l'Odyssée, qu'on trouve quelquefois
cité dans les scolies sur l'Iliade publiées par Villoison ; il eût été à désirer
pour son honneur que le temps n'eût pas épargné davantage l'épigramme énigmatique
et obscène Χοίριλος
᾿Αντιμάχου, XI, 218,
où sous des termes de grammaire se cachent ces images de débauches si
honteuses pour l'antiquité.
(1) L'an 156 avant notre ère trois ans avant la mort du poète comique Térence.
CRATÈS DE THÈBES, Κτάτης ὁ Θηβαῖος.
Cratès
de Thèbes, philosophe cynique, florissait vers la cent treizième olympiade,
328 ans avant l'ère chrétienne. Plutarque avait écrit sa vie (1), et comme
cette vie n'existe plus, nous sommes réduits à la notice de Diogène Laërte,
VI, 5, et à quelques citations d'Athénée. A l'exemple du chef de son école,
Cratès ne croyait pas déroger en plaisantant. Nous ne pouvons pas apprécier
son éloge facétieux de la lentille, φακῆς
ἐγνώμιον, dont il ne reste
qu'un vers ou deux ; mais il y a un tour ingénieux et comique dans son éloge
de la besace :
"Au milieu d'une sombre vapeur est une ville appelée Besace (2), belle,
fertile, entourée de crasse et dépourvue de tout. On n'y voit jamais aborder
un insipide parasite, ni un débauché qui convoite les caresses d'une
courtisane. Elle produit de l'ail, de l'oignon, des figues et du pain, autant de
biens qui ne sont pas une source de guerre pour les habitants. On n'y prend pas
les armes pour l'argent et la gloire."
Sa prière aux Muses, Μνημοσύνης
καὶ Ζηνός, Appendice, 47, est
vraiment digne d'un poète et d'un philosophe ; et ses trois autres épigrammes,
VII, 326, IX, 497, X, 104, n'en sont pas indignes.
(1)
Julien, Disc., II, p. 374.
(2) Ce début est une parodie d'un passage d'Homère, Odyssée, XIX, I72.
CRINAGORAS, Κριναγόρας.
Les
poésies de Crinagoras avaient été recueillies par Philippe et figuraient dans
sa Couronne, ὥς
τε κόριμβος
Κριναγόρας. C'est un
indice que ce poète n'est pas postérieur à la première moitié du premier siècle
de notre ère, et cet indice est confirmé par plusieurs des cinquante épigrammes
qui nous restent sous son nom. Ainsi dans l'épigramme ῾Εσπείριου
Μάρκελλος, VI, 161, il célèbre
Marcellus, le fils d'Octavie, de retour dans sa patrie après la campagne contre
les Cantabres, l'an de Rome 729 ; dans l'épigramme Καλλιμάχου
τὸ τορευτὸν
ἔπος, IX, 545, il offre le poème d'Hécalé de
Callimaque au même Marcellus dont il compare la force à celle de Thésée ;
dans l'épigramme ῞Ηρη
ἐλειθυιῶν
μῆτηρ, il invoque Lucine pour qu'elle vienne en
aide à Antonia, la fille d'Antoine et d'Octavie ; dans l'épigramme Βύβλων
ἡ γκυκερή, IX, 239, il offre à
cette même Antonia un exemplaire des poésies d'Anacréon ; dans l'épigramme ᾿Αντολίαι,
δύσιες, Anth. plan., 61, il glorifie Tibérius
Néron, comme vainqueur de l'Arménie et de la Germanie; dans l'épigramme ὦ
δύστην’
ὄλβοιο
Φιλόστρατε, VII, 645,
il fait des réflexions sur la mort du sophiste Philostrate qui avait suivi
Antoine et Cléopâtre ; dans l'épigramme Αἰετοῦ
ἀγκυλόχειλος,
VI, 229, il s'adresse à Lucius, le fils d'Agrippa et de Julie ; dans l'épigramme
Εἰ
καί σοι
ἑδραῖος, XI, 42, il fait l'éloge
des initiés aux mystères d'Éleusis, et Auguste était un de ces initiés,
etc. Enfin, à ces témoignages se joint celui du géographe Strabon qui cite
Crinagoras comme un de ses contemporains, comme un des écrivains qui, de son
temps, illustraient le plus Mitylène, καθ'
ἡμᾶς δὲ
Ποτάμων, καὶ
Λεσβοκλῆς καὶ
Κριναγόρας (1). Son
voyage de l'île de Lesbos à Rome a donné lieu peut-être à l'épigramme Πλοῦς
ἐπ' ᾿Ιταλίαν
Le nombre et le mérite de ses épigrammes, leur tour gracieux, leur honnêteté,
tout concourt à leur donner une valeur inappréciable et à en faire un des
plus agréables ornements de l'Anthologie.
(1)
Geograph. XIII, p. 918.
CYLLÉNIUS, Κυλλήνιος
Il y a
deux épigrammes de Cyllénius, toutes deux fort jolies. On ne sait rien de ce
poète, on n'est pas même sûr de son nom : le manuscrit du Vatican potte, en
effet, Κυλλήνιου, et dans l'Anthologie de Planude on lit
Καλλήνιου
et Κυλλήνιου. Ce qui est plus regrettable, c'est qu'il nous reste si peu
de chose de l'auteur des épigrammes sur un poirier sauvage greffé et sur un
vaisseau détruit dans sa cale de construction.
Ces petits poèmes, dans la traduction de Grotius, ont conservé tout leur agrément.
῾Η
πάρος ἐν
δρομοῖσι, IX, 4.
Quae prius in saltu media inter lustra ferarum
Sponte tuli nulla prosata lege pira,
Arte nova genitrix, alienis insita ramis,
Munus adoptivum, mitia poma fero.
Rustice, magna tibi sit gratia: filia silvae (1),
Hortorum posthac incola dives ero.
Οὔπω
ναῦς, καὶ ὄλωλα, IX, 33.
Jam perii, neque navis eram. Quid passa fuissem
In pelago ? Ratibus fluctus ubique nocet.
(1)
Ce vers est ainsi défiguré dans la belle édition de Bosch : Rustice magna
tibi sit gratia ; folia silvae; - Hortorum,..
CYRILLE,
Κὐριλλος.
Nous
n'avons de Cyrille qu'un distique, où il recommande la brièveté comme le
caractère dominant, comme la règle obligée de l'épigramme, Πάγκαλόν
ἐστ' ἐπίγραμμα
τὸ δίστιχον, IX, 369.
Versibus ex geminis bona sunt epigrammata ; quod si
Tres excedis, epos, non epigramma facis. GROTIUS.
Boileau a
fait la même recommandation de brièveté ; il a dit dans son Art poétique :
L'épigramme moins libre, en son tour plus borné,
N'est souvent qu'un bon mot de deux rimes orné.
C'est très
bien pour l'épigramme moderne, dont la malignité est le trait essentiel et qui
n'est qu'une satire très abrégée; mais l'épigramme ancienne est quelque
chose de plus qu'un bon mot, c'est tour à tour une inscription, une dédicace,
une idée gracieuse, une sentence morale, une description ingénieuse, où la
brièveté n'est pas le seul mérite ; il faut y joindre, suivant le sujet, la
force, la grâce, l'enjouement, la passion, et toujours la mesure et la
simplicité.
Dans le précepte de Cyrille il y a de l'exagération ; il eût été curieux de
voir comment il l'appliquait. Mais le maître n a pas laissé d'exemples. Nous
ne savons rien non plus de sa vie.
CYRUS,
Κῦρος.
Nous
avons sept épigrammes de Cyrus de Panopolis, en Égypte, qui, de son temps,
passait pour un grand poète et était ainsi qualifié ὁ
μέγας ποιητής
; mais il doit sa renommée, moins à ses poésies, qui ne sont pas d'ailleurs
sans mérite, qu'aux singulières vicissitudes de sa fortune politique. Cyrus
avait réuni sur sa tête les plus grandes dignités de l'empire : en 439, il
fut nommé préfet de Constantinople, et, à la fin de la même année, préfet
du prétoire ; il fut consul sans collègue en 441. Son goût pour les lettres
et ses talents poétiques le recommandèrent à la princesse Eudocie qui aimait
les vers ; elle lui concilia la faveur de Théodore le jeune, et quoique ses
ennemis l'accusassent d'être secrètement attaché au paganisme, ce prince lui
donna toute sa confiance. Sans se laisser éblouir par une fortune si brillante,
Cyrus en jouit avec modestie pendant quatre ans, et sa réputation de probité
ne souffrit pas d'atteinte. Sous son administration, la police de Constantinople
fut perfectionnée ; il rebâtit une partie de cette ville, ou du moins ses
murailles. Il jouissait à un tel point de la faveur populaire, qu'un jour les
spectateurs réunis au Cirque lui adressèrent en présence de l'empereur cette
acclamation : "Constantin a fondé la ville, Cyrus l'a renouvelée. Gloire
à Cyrus" On est tenté de croire que ce sont ses envieux qui avaient préparé
cette scène. Les cris de la multitude qu'en tout pays et en tout temps on a pu
acheter avec un peu d'argent, excitèrent la jalousie de Théodore. Ce mouvement
n'échappa pas à l'oeil curieux des courtisans : ils profitèrent de l'absence
d'Eudocie, qui était alors à Jérusalem, pour ourdir une intrigue contre le
ministre. Cyrus fut accusé d'être l'ennemi du christianisme, et d'aspirer à
la domination. Le faible Théodore le dépouilla de sa préfecture et confisqua
ses biens. Pour sauver sa vie, Cyrus se fit ordonner prêtre ; par la suite, il
fut évêque de Cotyaeum (1)
en Phrygie, et gouverna son Église avec le zèle qu'il avait mis à gouverner
l'empire.
Au moment où il se vit obligé de quitter Constantinople, l'homme d'État
n'exhala pas d'autre plainte que cette épigramme touchante et résignée, Αἴθε πατήρ μ' ἐδίδαξε, IX.
136.
Ajoutons, comme un titre de plus à notre estime, qu'il eut très probablement
pour fils, car c'est l'opinion de du Cange, le poète le plus éminemment
remarquable du cinquième siècle, Paul le Silentiaire.
(1)
Aujourd'hui Xutavah.
DAMAGÈTE,
Δαμάγητος.
Damagète
est un des poètes dont Méléagre avait recueilli les oeuvres comme des fleurs
assez belles pour sa Couronne, Δαμάγητον,
ἴον μέλαν. Il en reste douze
épigrammes dont quelques-unes nous servent à préciser l'époque de sa vie. L'épigramme
ὤλεο
δὴ πατέρων, VII, 438, en l'honneur de l'Achéen Machatas, qui périt
dans la guerre entre les Achéens et les Étoliens, nous reporte au règne de
Philippe, fils de Démétrius, aux années 210-200 avant l'ère chrétienne. L'épigramme
ὧδ'
ὑπὲρ
᾿Αμβρακίας, VII, 231, sur Aristagoras tué en défendant
Ambracie, appartient ana mêmes années, ainsi que l'épigramme ῎Αρτεμι
τόξα,
VI, 277, sur Arsinoé, fille de Ptolémée Évergète, épouse et sœur de Ptolémée
Philopator, mère de Ptolémée Épiphane.
Nous ne saisissons plus aujourd'hui toute la portée du symbole de la sombre
violette, μέλαν
ἴον, parce que les oeuvres du poète ont été en grande
partie perdues ; mais il y a encore dans ce qui nous est resté de ses vers un
très agréable parfum qui nous fait comprendre en partie le poétique emblème.
DAMASCIUS,
Δαμάσκιος.
Damascius,
dont nous avons dans l'Anthologie une épigramme sur l'esclave Zosimé, Ζωσίμη
ἡ πρίν, VII, 553, est ce Damascius de Damas, philosophe alexandrin du sixième
siècle, successeur d'Isidore de Gaza, et le dernier professeur du néoplatonisme
à Athènes. II avait commencé ses études à Alexandrie sous Théon et
Ammonius ; il les termina à Athènes sous Marins, Isidore et Zénodote. C'était
un maître d'un très bon jugement, qui se préserva des écarts de ses
devanciers, s'efforçant de rendre aux sciences, aux mathématiques, à la
philosophie, la considération dont le fanatisme de l'école d'Alexandrie les
avait quelque peu dépouillées. Mais malgré la modération et la réserve que
Damascius apportait dans son enseignement, l'empereur Justinien crut devoir détruire
l'école néoplatonicienne d'Athènes, la regardant, non sans quelque raison,
comme un foyer de doctrines antichrétiennes. Notre philosophe se réfugia à la
cour de Chosroês avec Simplicius et les derniers débris de l'école de Plotin
; mais il n'y trouva qu'un esclavage plus dur encore. Rentré dans le monde
romain avec ses amis découragés, on croit qu'il se retira à Alexandrie et
qu'il y mourut obscurément. La philosophie de Platon s'éteignit de même,
disparut pendant sept siècles, et de nouveau se montra au monde étonné avec Gémistus
Pléthon, le cardinal Bessarion, Marsile Ficin, les néoplatoniciens modernes.
Les principaux ouvrages de Damascius (1)
sont des Commentaires sur divers dialogues de Platon, une Biographie
des philosophes dont il nous reste des fragments, et enfin des Problèmes
et solutions sur les principes des choses, dont on a également retrouvé
quelques lambeaux ; et aussi l'épigramme précitée qui, tout simplement et
sans emphase, proclame l'existence de l'âme et sa liberté.
(1)
Voy. le philosophe Damascius ; étude sur sa vie et ses
discours, par M. Ruelle, Paris, 1861.
DAMOCHARIS,
Δαμόχαρις.
Céphalas
et Planude ont conservé quatre épigrammes d'un grammairien nommé Damocharis
ou Démocharis, qui a dû vivre à la fin du cinquième siècle et dans la première
moitié du sixième. Il était de Cos, et disciple d'Agathias.
Dans une épigramme (1) où
Paul le Silentiaire, son contemporain, pleure sa mort ; il appelle Damocharis la
Colonne sacrée de la grammaire (2), γραμματικῆς
ἱερὴ βᾶσις, et il nous montre l'île de Cos plongée dans
la douleur, comme à la mort d'Hippocrate (3).
Agathias, Paul le Silentiaire, Damocharis ont concouru à donner de l'éclat au
règne de Justinien.
(1)
Δαμόχαρις
μοίρης,
VII, 688.
(2)
Dans cette période, on nommait grammaire tout ce qui aujourd'hui est compris
sous la dénomination d'érudition philologique : l'étude de la langue, ainsi
que celle de la mythologie et des antiquités. Les savants qui s'y livraient étaient
désignés par le titre honorable de
(3)
Ce prince de la médecine, comme l'appelle Pline, Hist. nat., VII, 52, princeps
medicinae, était de l'île de Cos ; οὗτός
τε δή ἐστι τῶν
ἐνδόξων Κῷος
ἀνηρ,
Strabon, XIV. De là, un de ses traités est intitulé Κῳακαὶ
προγνώσεις,
Pronostics de Cos.
DAMOSTRATE,
Δαμὸστρατος
ἢ Δημόστρατος.
Damostrate
est-il l'auteur de l'épigramme, Νύμφαι
Νηιάδες IX, 238, où il se
nomme lui-même et se dit fils d'Antilas, en consacrant deux hures de sanglier ?
Il est assez peu probable qu'il y ait là un poète. Cependant Reiske n'est pas
éloigné d'y reconnaître le poète Damostrate d'Apamée, sénateur romain,
dont les Halieutiques sont souvent cités par Elien dans son Histoire
des animaux (1), par
Pline le naturaliste (2),
par Plutarque περὶ
Ποτάμων (3).
Il aurait alors vécu dans le premier siècle de notre ère.
(1)
XIII, 21 ; XV, 4 et 9.
(2)
Hist. nat., XXVII, 11 et 23.
(3)
XIII, 2.
DAPHITAS,
Δαφίτας.
Daphitas
était de Magnésie sur le Méandre, ville éolienne près du mont Thorax.
"C'est là que fut crucifié, dit Strabon, le grammairien Daphitas, pour
avoir fait ces vers satiriques contre les rois de Pergame : "Esclaves qui
cachez sous la a pourpre les marques des coups de fouet, raclures des trésors
de Lysimaque, vous voilà maîtres de la Lydie et de la Phrygie (1)
!" On assure que cette mort avait été prédite à Daphitas par un oracle
qui lui conseillait de se garder du Thorax (2)."
Selon Suidas (3), Hésychius
de Milet (4) et Valère
Maxime (5), Daphitas était
un esprit fort, qui se moquait des oracles. Pour prouver que ces oracles n'étaient
que des jeux de prêtres, il alla consulter celui d'Apollon, et lui fit cette
question : "Trouverai-je mon cheval ?" La réponse du dieu fut qu'il
ne tarderait pas à le trouver. Daphitas raconta cette espièglerie à tout le
monde, en répétant qu'il n'avait jamais possédé un cheval. Quelque temps après,
Attale, roi de Pergame, qu'il avait attaqué dans des écrits satiriques, le fit
prendre et précipiter (6)
du haut d'un rocher qui s'appelait le Cheval. C'était expier bien cruellement
le manque de respect envers les devins ou un mauvais distique contre des rois.
(1)
C'est le distique πορφύρεσι
μώλωπες,
recueilli dans l'Anthologie, Appendix, 18.
(2)
Strabon, Geograph.. XIV, p. 646.
(3)
Suidas, au mot Δαφίδας (sic).
(4)
P. 10, édit, de Meursius, 1613.
(5)
Liv. I, ch. VIII.
Cf. Cicéron, de Fato, 111.
(6)
Vers l'an 150 avant notre ère.
DÉMÉTRIUS DE BITHYNIE,
Δημήτριος
Βιθυνός.
Parmi les
vingt Démétrios célèbres, ἀξιόλογοι, qu'énumère Diogène Laërte (1),
il y a un Démétrius de Bithynie, fils du stoïcien Diphile et disciple de Panétius
de Rhodes, qui peut-être est celui de l'Anthologie, l'auteur de deux distiques,
IX, 730 et 731, sur la vache de Myron (2).
C'était, il est vrai, un philosophe, mais on peut être philosophe et poète ;
et après tout fallait-il être un poète pour faire les deux distiques attribués
à notre Démétrius ? Un philosophe, un rhéteur, aimant les arts, a pu céder
à l'envie d'entrer en lice et de concourir (3)
pour louer l'oeuvre de Myron.
Des deux distiques l'un a été ainsi traduit par Ausone :
Me vitulus cernens immugiet; irruet in me
Taurus amans ; pastor cum grege mittet agens.
L'autre
distique a été ainsi traduit par Grotius :
Sto quia sic jussit Myro ; sed tamen ecce lapillis
Pastorum, tanquam vacca relicta, petor.
(1)
Vies des philos. , V, 5, 11.
(2)
Célèbre sculpteur qui florissait vers 432 avant J.C., et dont la Génisse, son
chef-d’œuvre, existait encore l'an 560 après J. C., à Rome, devant le
temple de la Paix.
(3)
Il y a trente épigrammes et, εἰς τὴν
Μύρωνος βοῦν.
C'était comme un thème sur lequel, dans les écoles des grammairiens, on
faisait des variations.
DÉMIURGE,
Δημιουργός.
De ce Démiurge
il n'existe qu'une épigramme ῾Ελλάδος
εὐρυχόρου, VII, 57, qui, dans
Planude, est même parmi les anonymes, ἀδέσποτα. Elle est en l'honneur
d'Hésiode.
Aucun indice ne nous permet de figer une date à ce poète, qui nous parait très
ancien.
DÉMOCRITE,
Δημόκριτος.
Parmi les
Démocrite qu'énumère Diogène Laërte (1),
se trouve cité avec éloge un poète d'épigrammes au style net et fleuri, ποιητὴς
ἐπιγραμμάτων
σαφὴς καὶ
ἀνθηρός. C'est évidemment l'auteur de
la jolie épigramme sur Vénus Anadyomène, Κύπρις
ὅτε, Anthol. plan.,
180.
Cette belle épigramme peut rivaliser avec celle d'Antipater de Sidon, Τὰν
ἀναδυομέναν, Anthol. plan., 178, sur le même sujet. Or cet Antipater est
antérieur d'un siècle à notre ère. Démocrite l'a-t-il imité, ou est-ce lui
qui a imité Démocrite ? Question difficile à résoudre et qui ne nous permet
pas de fixer une date à la vie de notre poète.
(1)
Vies des philos., IX, 7, 14.
DÉMODOCUS,
Δημόδοκος.
Démodocus
de Léros (1) est
l'auteur de quatre épigrammes, pleines d'esprit et de fiel, contre les
habitants de l'île de Chios, de la Cappadoce et de la Cilicie. Il n'épargna
pas non plus les habitants de Milet. : "Les Milésiens, dit-il ne sont pas
fous, mais ils agissent comme des fous, Μιλήσιοι
ἀξύνετοι μὲν
οὐκ εἰσὶ, δρῶσι
δὲ οἷά περ οἱ
ἀξύνετοι." C'est Aristote qui nous a conservé ce mot (2),
et il en résulte que Démodocus lui est antérieur.
L'une de ses épigrammes, Καππαδόκην
ποτ' ἔχεδνα, XI, 237, a été
traduite par Voltaire, qui en a dirigé le trait contre un de ses ennemis :
Un jour, dans le sacré vallon,
Un serpent mordit Jean Fréron.
Que croyez-vous qu'il arriva ?
Ce fut le serpent qui creva.
(1)
Léros ou Léria, île de l''Archipel, près de la côte d'Anatolie.
(2)
Morale à Nicomaque, VII 8, 3. Aristote vivait de 384 à 325 avant l'ère
chrétienne.
DENYS,
Διονύσιος.
Les neuf
épigrammes qu'on lit sous le nom de Denys n'appartiennent pas à un seul poète.
L'épigramme Καὶ
Διὶ καὶ Βρομίῳ, VII, 533, est de Denys d'Andros ;
celle ῎Η
τὰ ῥόδα, V, 81, est de Denys le sophiste ; celle
Πρώιος,
ἀλλὰ ποθεινός, VII, 716, est de Denys de Rhodes ; celle
Πρηύτερος
γῆρας,
VII, 78, est de Denys de Cyzique. Cette dernière épigramme sur la mort
d'Eratosthène, le philosophe de Cyrène, nous indique un poète de l'école
alexandrine vivant sous les Ptolémées, deux siècles avant notre ère. Mais
comme dans les huit autres petits poèmes rien ne se rapporte à un fait
historique qui donne une date, on ne peut rien statuer de certain sur ces poètes.
Seulement Denys de Rhodes est peut-être celui que mentionne Suidas (1)
qui était fils de Musonius et prêtre du soleil, Διονύσιος
Μουσιωνίου
῾Ρόδιος
ἱστορικός · ἦν
δὲ καὶ ἱερεὺς
τοῦ ἐκεῖσε
ἱεροῦ τοῦ
῾Ηλίου. Le
Denys qualifié de σοφιστής, s'il était celui que désigne de même
Suidas (2), Διονύσος
῾Αλικαρνασσεὺς,
γεγονὼς ἐπὶ
῾Αδριανοῦ
Καίσαρος,
σοφιστής, aurait vécu
sous le règne d'Hadrien, au deuxième siècle de notre ère, et serait peut être
l'auteur du Traité du Sublime (3), περὶ
῞Υψους. Mais une telle attribution ferait d'un géant un pygmée.
En général, ces épigrammes des Denys ne sont dénuées ni d'originalité ni
de grâces ; elles portent l'empreinte des beaux temps, sinon d'Athènes, au
moins d'Alexandrie.
(1)
Tome I, p. 602.
(2)
Tome I, p. 597.
(3)
On sait que le manuscrit de ce traité porte en tête Διονυσίου
ἢ Λογγίου.
DIOCLÈS, Διοκλῆς.
Il y a
quatre épigrammes sous le nom de ce poète, appelé tantôt Dioclès, tantôt
Julius Dioclès, tantôt Dioclès de Carystos. Le prénom Julius indique un Grec
gratifié du titre de citoyen romain. Est-ce Dioclès de Carystos, le rhéteur
que loue Sénèque, dans ses Suasoria et ses Controverses ? Est-ce
cet autre Dioclès, également de l'île d'Eubée et de Carystos, qui adressa à
Antigone Gonatas une lettre célèbre sur les moyens de conserver la santé, et
que cite souvent Athénée dans son Banquet des savants (1)? On ne saurait
le dire; on ne saurait dire non plus si les quatre épigrammes sont du même
auteur.
(1)
I, p. 32 ; II, p.46 ; III, p.74, etc.
DIODORE,
Διόδωρος.
Sous ce
nom seul de Diodore, il se trouve dans l'Anthologie palatine seize épigrammes,
sans attributions bien certaines. Sur le nombre il y en a d'assez belles pour
expliquer l'emblème sous lequel Diodore figurait dans la Couronne de Philippe, καὶ
Διόδωρος ἴον. Il est fort probable que ces épigrammes appartiennent en
partie soit aux deux Diodore de Sardes, soit à celui de Tarse, à peu près
comme l'établissement des Analecta de Brunck ; et toutefois il n'est pas
impossible qu'il y ait eu un poète, inconnu d'ailleurs, qui ait honoré le nom
poétique et inspiré de Diodore.
DIODORE DE
TARSE, Διόδωρος
Ταρσεύς.
Ce
Diodore est mentionné par Strabon (1),
comme grammairien et poète, parmi les célébrités de la ville de Tarse en
Cilicie. "Ses poésies existent encore de notre temps," ajoute le géographe,
et il faut en conclure que c'était pour lui presque un ancien. L'épigramme que
lui attribue l'Anthologie, εἰς
Θεμιστοκλεὰ
τὸν ᾿Αθηναῖον
ἐν Μαγνησίᾳ
τελευτήσαντα, VII, 235, est en effet d'une facture des plus beaux temps de
la Grèce, et de plus elle confirme un grand fait de l'histoire ancienne, la
mort de Thémistocle chez les Magnètes.
(1)
Geograph., XIV, 15, p. 675.
DIODORE
ZONAS, Διόδωρος
Ζωνᾶς, et DIODORE DE SARDES, Διόδωρος
Σαρδιανός.
Dans
Strabon (1), il est fait
de nos deux poètes cette mention "Les hommes illustres sortis de Sardes
sont les deux Diodore, orateurs, l'un et l'autre de la même famille. Le plus
ancien, surnommé Zonas, plaida plus d'une fois en faveur de l'Asie. Lors de
l'invasion de Mithridate, il se justifia pleinement, devant ce prince, de
l'accusation d'avoir sollicité les villes à la révolte. De l'autre Diodore,
qui a été notre ami ; nous avons des histoires, des vers lyriques, et d'autres
espèces de poèmes qui sentent assez le style et la manière des anciens."
Le plus ancien, Diodore Zonas, florissait quatre-vingts ans environ avant notre
ère ; nous avons de lui neuf épigrammes. Le plus jeune, le contemporain et
l'ami de Strabon, a vécu sous Auguste et Tibère. Dans l'Anthologie palatine il
ne lui est attribué qu'une épigramme, Αἰγιβότου
Σκύροιο, IX, 219, que
Planude donne sous le nom de Διοδώρου
τοῦ Διοπήθους, d'où il résulte
un renseignement de plus, à savoir que ce Diodore avait pour père Diopèthe.
Cette épigramme est en l'honneur de Néron, fils de Germanicus, frère du
Drusus qu'il recommande à la divine Adrastée dans l'épigramme ᾿Αδρήστειά
σε δῖα, IX, 405, et voilà pourquoi je donnerais volontiers au même Diodore
de Sardes les deux épigrammes qui glorifient les deus fils de Germanicus.
(1)
Geograph., XIII, 12, p. 628.
DIOGÈNE D'HÉRACLEE,
Διογένης
῾Ηρακλεώτης.
Diogène
d'Héraclée a vécu sous le règne d'Hadrien, 117-138 de l'ère chrétienne. C'était
un grammairien fort instruit. Il publia divers traités relatifs à sa
profession, un recueil de proverbes dont parle André Schott dans sa préface
des Adagio, et une Anthologie, ᾿Ανθολόγιον
ἐπιγραμμάτων, comme dit
Suidas (1). Quel plan
avait-il adopté dans cette Anthologie, de quels poètes avait-il fait choix,
dans quel ordre les avait-il disposés ? On l'ignore absolument.
(1)
T. I, p. 591, au mot Διογενιανός.
DIOGÈNE
LAERTE, Διογένης
Λαέρτιος.
Diogène
Laërte est ainsi dénommé parce qu'il était sans doute de Laërte (1),
petite ville de Cilicie. On ne sait rien de sa vie, on ne saurait préciser la
date de sa naissance ni celle de sa mort ; mais comme des écrivains qu'il cite
le plus moderne est Athénée, qui existait encore en 222 de l'ère chrétienne,
il y a lieu de croire qu'il vivait au commencement du troisième siècle, sous
Septime Sévère et Caracalla, et jusque sous Alexandre Sévère. Sous le titre
de Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, il a publié le seul
traité qui existe de l'histoire de la philosophie ancienne, ou pour mieux dire
les biographies des philosophes honorés du nom de sages, que déclina la
modestie de leurs successeurs, des philosophes de l'école italique et ionienne,
de Socrate et de ses disciples jusqu'à Épicure. Il n'y a pas dans ces
biographies la critique qui sait distinguer le vrai du faux ; il n'y a pas assez
d'ordre dans l'ensemble, assez de liaison entre les parties ; on y trouve des
contes puérils, des anecdotes invraisemblables ; et cependant c'est un livre
des plus utiles, des plus précieux, parce qu'on y voit indiqués les écrits
des philosophes et des historiens que le temps a détruits, parce qu'il y a de
très importants passages cités textuellement de leurs oeuvres depuis longtemps
perdues, parce qu'enfin on y puise une foule de renseignements sur la vie et les
doctrines des hommes qui ont le mieux honoré l'humanité. Suivant toute
vraisemblance, ce Diogène était moins un philosophe qu'un philologue prenant
des notes et faisant des extraits, un érudit exerçant dans quelques villes de
la Grèce la modeste profession de grammairien ; c'était de plus un poète,
un poète assez médiocre, comme le constate une quarantaine d'épigrammes, que
toutefois Jacobs juge peut-être trop sévèrement en les qualifiant de jejuna,
nullius pretii, vehementer inepta. Il les avait composées pour glorifier
les philosophes dont il s'était fait l'historien, et les avait placées aussi
dans un recueil intitulé Πάμμετρον
(2).
Ce recueil qu'on lui attribue ne se composait que de petits poèmes en l'honneur
d'hommes illustres, et la variété de mètres dont les auteurs s'étaient
servis explique le titre. Il est fort regrettable que ce recueil ne se soit pas
plus conservé que les collections de Méléagre de Gadara et de Philippe de
Thessalonique.
(1)
Λαέρτης
Κιλικίας
χωρίον. Τὸ
ἐθνικὸν
Λαερτῖνος,
ἄμεινον
Λαέρτιος .
Étienne de Byzance.
(2)
Aussi est-il qualifié de έπιγραμματογράφος
par Tzetzés, Chiliad.
III, 61.
DIOGÈNE L’ÉVÊQUE, Διογένης
ὁ ἐπίσκοπος.
De Diogène,
évêque d'Amisus,ville du Pont sur l'Euxin,il y a une épigramme sur la mort
d'un neveu qu'il avait élevé et qui lui fut enlevé avant l'âge, Σοὶ
τόδε Διόγενης, VII, 613. Elle est poétique et touchante, et par des expressions
empruntées aux poètes païens, elle révèle. un évêque qui n'avait pas
abjuré le culte des Muses.
DIOPHANE DE MYRINE, Διοφάνης
Μυρηναῖος.
Diophane,
de Myrine, dans l'île de Lesbos, n'a fourni à l'Anthologie qu'une épigramme, Φιλητὴς
ὅ γ' ῎Ερως. Jacobs la qualifie de satis ineptum. On ne saurait dès
lors l'imputer à ce Diophane, à ce maître éloquent, disertissimus (1),
qui forma l'éloquent Tibérius Gracchus. Il est vrai qu'il était de Mitylène,
mais c'était aussi une ville de Lesbos, et cela ne suffirait pas pour
l'affranchir du soupçon d'être l'auteur de l'épigramme, s'il n'était pas évident
que ce n'est pas parmi les anciens qu'il faut chercher ce Diophane de Myrine.
(1)
Cicéron, Brutus, 27 : Fuit Gracchus diligentia Corneliae matre a puero
doctus et graecis litteris eruditus ; nam semper habuit exquisitos e Gracia
magistros, in eis jam adolescens Diophanem Mitylenaeum, Graeciae, temporibus
illis, dissertissimum.
DIOPHANTE D'ALEXANDRIE, Διόφαντος
᾿Ακεξανδρεύς.
Diophante,
un des plus célèbres mathématiciens grecs, naquit à Alexandrie, en Égypte,
vers le milieu du troisième siècle de l'ère chrétienne. Il est l'auteur
d'une Arithmétique où se trouve le plus ancien système de méthodes
algébriques qui existe. Des treize livres dont elle se composait, les six
premiers sont venus jusqu'à nous, mais les autres sont perdus. Il nous reste,
de plus, une épigramme, ᾿Οκτοδράχμους
καὶ
πενταδράχμους
Appendice, 19,
problème d'arithmétique duquel Brunck, a la franchise de dire : Praeter
grammaticalem verborum sensum in his me nihil intelligere fateor ; nam
geometricarum scientiarum plane sum rudis. Il y a sur Diophante une épigramme
funéraire et mathématique, Οὗτός
τοι Διόφαντον
ἔχει τάφος, XIV,
126, où nous apprenons qu'il mourut à quatre-vingt-quatre ans.
DIOSCORIDE,
Διοσκουρίδης.
Il ne
faut pas confondre l'épigrammatiste Dioscoride avec le médecin, né en
Cilicie, et qui est surtout connu comme botaniste; celui-ci a vécu du temps de
Néron ou même plus tard. Notre Discoride lui est de beaucoup antérieur,
puisqu'il vivait avant Méléagre, qui lui-mème précède d'un siècle l'ère
chrétienne. C'est ce que constate la mention de l'éditeur de la première
Anthologie, en le plaçant avec honneur dans sa Couronne : ᾿Ιδ'
ἐν Μούσαισιν
ἄμωμον ῞Ος
Δίος ἐκ κούρων
εἶχεν
ἐπωνυμίην, Hic vero inter Musas eximius, qui
Jovis ex pueris (les Dioscures) nomen habuit. L'époque où a vécu ce poète
peut se fixer entre les années 250 et 150 avant l'ère chrétienne, alors que
les royaumes de Syrie et d'Égypte étaient florissants, et il y a lieu de
croire qu'il résidait à Alexandrie, si prospère sous les Lapides. Ces
inductions résultent naturellement des épigrammes où il est question des mystères
de la Grande Déesse introduits en Grèce par les Galles, des fêtes d'Adonis célébrées
avec tant de pompe en Syrie, des éloges prodigués à Arsinoé, etc. Dans les
trente-sept épigrammes qui lui sont attribuées, et qui pour la plupart
glorifient des hommes illustres, surtout des poètes, on remarque un singulier
cachet d'élégance. L'épigramme Τᾷ
Πιθάνᾳ
Θρασύβουλος VII, 229 ,
est notamment belle. Peut-être notre poète est-il le même que le Dioscoride
de Chypre (1), disciple de Timon, qui vécut sous Ptolémée Philadelphe.
(1)
Voy. Diogène Laërte IX, 42.
DIOTIME,
Δίοτιμος.
Diotime
est une fleur de la couronne de Méléagre, ou plutôt un des beaux fruits
qu'elle mêle à ses fleurs, γλυκὺ
μῆλον. Un autre titre d'ancienneté
et d'honneur lui est décerné, avec moins d'autorité, par le savant Reiske,
qui croit voir dans le Diotime de l'Anthologie l'orateur qu'Antipater (1), roi
de Macédoine, réclama avec neuf autres de ses collègues pour les punir de
leur patriotique hostilité. Ce qui est moins douteux, c'est qu'il y a plusieurs
Diotime, Diotime de Milet, Diotime d'Athènes, Diotime d'Adramytte (2), et
qu'il serait bien difficile de faire la part de chacun d'eux. De ces poètes il
nous reste onze épigrammes à peu près également dignes d'être comparées au
rameau de Méléagre chargé de pommes douces et colorées, γλυκὺ
μῆλον ἀπ'
ἀκρεμόνων. Une des plus belles,
Τὰν
ἧβαν, sur la lutte
d'Hercule et d'Antée,a été ainsi traduite par Grotius.
In lucta vires exploravere juventae
Neptuno satus hic et satus fille Jove.
Non ex a re lebes pretium certaminis hujus,
Sed superaret uter, sed moreretur uter.
Occidit Antaeus, par est Jove vincere natum;
Lucia quoque Argivum gloria, non Libyum.
(1)
Voy. Suidas, au mot ᾿Αντίπατρος.
DIPHILE,
Δίφιλος.
Il n'y a
de Diphile qu'un seul vers dans l'Anthologie, un iambe dirigé contre les
Argiens et leur goût passionné pour las chevaux, Τὸν
μὲν ῎Αργος, XI, 489. Il i
avait certes un meilleur choix à faire dans les oeuvres du poète comique,
contemporain de Ménandre, l'un des meilleurs auteurs de la Nouvelle comédie.
DORIÉE,
Δωριεύς.
Nous
avons da Dorée une épigramme Sur Milon de Crotone, Τοῖος
ἔν Μίλων,
qui est passée du Banquet d'Athénée dans l'Appendice de
l'Anthologie, 20. Elle n'a rien de remarquable ; mais comme Athénée appelle
Doriée le poète, Δωριεύς
ὁ ποιητής, il faut présumer que c'était
un homme de mérite, et l'on regrette de ne connaître rien de sa vie et si peu
de ses oeuvres.
DOSIADE DE RHODES,
Δωσιάδης
῾Ρόδιος.
Dosiade
de Rhodes est l'auteur de deux petits poèmes énigmatiques, intitulés Autels,
Βωμοί, à cause de la disposition figurative des vers. Nous ne savons
rien de ce poète, sinon que Lucien, dans son Lexiphane ou le Beau diseur,
XXIV, le mentionne avec Lycophron en ajoutant : "Nous n'avons aucun goût
pour les poètes dont les oeuvres ont besoin d'un glossaire."
DURIS D'ÉLÉE, Δοῦρις
᾿Ελαίτης.
Il ne
faut pas confondre Duris le poète avec Duris l'historien. Celui-ci vivait sous
Ptolémée Philadelphe ; il était de Samos, et il en a écrit les annales,
ainsi que beaucoup d'autres histoires concernant la Macédoine, Alexandre, sa
famille et ses successeurs. Quant au poète, il était d'Élée en Eolide, et
vivait plus d'un siècle avant l'historien, à l'époque des plus grands succès
de Lysimaque, vers 320 avant notre ère. C'est en effet lorsque ce général
d'Alexandre était maître d'une partie de l'Asie Mineure, qu'arriva
l'inondation d'Éphèse, sujet de l'épigramme ᾿Ηερίαι
νεφέλαι, IX, 414
; c'est sous l'émotion de cette catastrophe que cette petite pièce fut composée.
Nous ne savon rien de plus sur le poète Duris.