III. LA DYNASTIE ABBASIDE (partie I - partie II - partie III - partie IV - partie V)
la dynastie abbaside partie IV - partie VI
Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer
Après Mouqtadir régna son frère Qâhir. Il se nommait Abou Mansour Muhammad, fils de Mou'tadid. Il fut proclamé kalife l’an 320.[1] Il était redouté, prompt à verser le sang,[2] d'un caractère violent. Il aimait rassembler des richesses et eut une politique déplorable. Il soumit à la torture plusieurs des esclaves affranchies, mères des enfants de Mouqtadir et tourmenta la mère de Mouqtadir.
Il la fit suspendre par un pied, la tête en bas, et lui infligea de cruelles variétés de coups et d'humiliations, et lui extorqua 130.000 dinars.[3] Elle ne vécut ensuite que peu de jours. Elle succomba au chagrin que lui causa la mort de son fils et aux tortures qu'elle avait subies.
En l'année 322 (= 933), Qâhir fut déposé. La cause de cette déposition fut que son vizir Ibn Moukla s'était caché par crainte du khalife, et lui aliénait les cœurs des soldats[4] et les mettait en défiance à son égard. Sur ses conseils, ils se précipitèrent sur Qâhir, le dépouillèrent de l'autorité suprême et lui crevèrent les yeux, de manière qu'ils lui tombèrent sur les joues.[5] Puis on l'incarcéra dans le palais royal et il demeura ainsi quelque temps en prison. On l'en fit sortir ensuite lorsque les circonstances changèrent. Et tantôt on le retenait en prison, tantôt on l'élargissait.[6] Un jour, il sortit et s'étant mis debout près de la mosquée de Mansour,[7] il demandait l’aumône aux gens. Son intention était par là de couvrir d’opprobre Moustakfî. Un des Hachémites[8] le vit, l'en empêcha et lui donna 500 dirhems.[9] Et il ne se passa pas sous son règne d'aucun d'événement fameux qui mérite d'être conté.[10]
Il prit pour vizir Ibn Mouqla, vizir de son frère. Ce fut le second vizirat d’Ibn Mouqla. Nous avons donné précédemment quelques détails curieux sur sa vie, et il n'est pas nécessaire d'y revenir.
Il investit ensuite du vizirat Muhammad, fils de Qasim, fils d'Oubeïd Allah, fils de Soulaimân, fils de Wahb. Ce vizir n'eut pas une grande autorité et ne demeura pas longtemps au pouvoir. Le khalife le fit arrêter et le révoqua. Peu après, il fut pris de coliques dont il mourut.
Ici finit l'histoire de Qâhir et de ses vizirs.
Ce fut à cette époque qu'apparut la dynastie des Bouyides[12] (descendants de Bouwaih).
Pour ce qui est de leur généalogie, elle remonte depuis Bouwaih en passant successivement par tous les rois des Perses, jusqu'à Juda, fils de Jacob, fils d'Isaac, fils d'Abraham, l'Ami d'Allah, et ainsi de suite jusqu'à Adam, père de l'humanité. Les membres de cette famille, sans être originaires du Dailam, furent surnommés Deïlémites, parce qu'ils séjournèrent dans cette région.
Pour ce qui est de son commencement, c'est une dynastie qui prit naissance d'une manière absolument inattendue et contrairement à toutes prévisions des hommes. Plus lard, elle abaissa les nations et domina le monde. Son autorité s'étendit sur le khalifat même. Elle déposa et éleva des khalifes, elle créa des vizirs qu'elle destitua ensuite. Ses princes soumirent à leurs décisions les affaires de la Perse et celles de l'Iraq, où d'un commun accord les grands du khalifat leur obéirent. Et tout cela après que cette famille avait eu à souffrir de la gêne, la pauvreté, l'humilité, la misère, les douleurs du besoin et de l'oppression, car leur grand-père Abou Choudjâ' Bouwaih ainsi que son père et son grand-père étaient des gens du commun, de pauvres habitants du Dailam. Bouwaih était pêcheur et Mouizz ad-Daula, après s'être rendu maître de tant de pays, reconnaissait de quelles faveurs Allah l'avait comblé et disait : « J'étais autrefois un bûcheron portant ses fagots sur la tête ! » Le commencement de leur grandeur fut tel que l'a rapporté Chahriâr,[13] fils de Roustoum le Deïlémite, en ces termes: Abou-Choudjâ' Bouwaih, à l'origine de sa fortune, était un de mes amis intimes. J'entrai chez lui un jour. Sa femme venait de mourir, c'était la mère de ses trois fils qui s'emparèrent de tant de pays. Ces trois fils étaient: Imad ad-Daula Aboul-Hasan Ali,[14] Roukn ad-Daula Abou 'Ali Hasan[15] et Mouizz ad-Daula Abou-l-Housain Ahmad.[16] La douleur que ressentit Abou Choudjâ Bouwaih de la perte de sa femme fut violente.
« Puis je le consolai et calmai sa peine et l'emmenai chez moi. Je lui présentai à manger et rassemblai auprès de lui ses trois fils, et tandis qu'ils étaient chez moi, voilà que passa devant la porte quelqu'un qui criait : « L'astronome ! le magicien ! Celui qui explique les songes, qui écrit les « formules magiques et les talismans ! » Abou Choudjâ' Bouwaih l'appela et lui dit : « J'ai eu hier un songe, explique-le-moi. Il m'a semblé que j'urinais et que de ma verge sortait un grand feu qui s'allongea et s'éleva si haut qu'il touchait presque le ciel. Puis, ce feu se divisa et forma trois branches ; de ces branches en naquirent un certain nombre d'autres et le monde entier resplendit de ces lumières. — C'est là un songe de grande importance, dit l'astrologue, et je ne te l'expliquerai que si tu me donnes un vêtement et un cheval. — Par Allah, répondit Bouwaih, je ne possède que les vêtements que j'ai sur le corps et, si je te les donne, je resterai nu. » L'astrologue dit : « Eh bien! 10 dinars. — Par Allah, répondit « Bouwaih, je ne possède pas deux dinars, comment t'en donnerais-je ? » Enfin il lui donna une bagatelle et l'astrologue lui dit: « Sache que tu auras trois enfants qui « posséderont la terre et ses habitants, et dont la gloire s'élèvera aussi haut que s'est élevée cette flamme. Et ils auront pour fils des rois aussi nombreux que ces rameaux de flamme que tu a vu se séparer les uns des autres. — Ne rougis-tu pas, lui dit alors Bouwaih, de te moquer de nous ? Je suis un homme réduit à la dernière misère, et mes enfants que voici sont pauvres et malheureux ; qu'y a-t-il de commun entre eux et la royauté. » L'astrologue reprit: « Apprends-moi à quelle date est né chacun de tes fils. » Bouwaih le renseigna à ce sujet.
« L'astrologue se mit à regarder son astrolabe et ses tables astronomiques, puis, se levant, il baisa la main de 'Imad ad-Daula Abou-l-Hasan 'Ali, et dit : « Par Allah ! c'est celui-ci qui régnera sur les contrées ; celui-ci régnera après lui », ajouta-t-il en saisissant la main du frère de 'Imad ad-Daula, Abou 'Ali Hasan. Alors Abou Choudjâ' Bouwaih se mit en colère contre l'astrologue et dit à ses fils : « Souffletez-le, car ses moqueries à notre égard ont dépassé la limite. » Et ils le souffletèrent, tandis que nous, nous riions de lui. « Il n'y aura pas de mal à cela dit alors « l'astrologue, si vous vous rappelez cette circonstance, « lorsque vous serez les maîtres. » Alors Abou Choudjâ' lui donna dix dirhems, et il partit.
Quant à l'élévation des fils d'Abou Choudjâ' Bouwaih, 370 ils prirent l'uni l'orme des soldats, rejoignirent les armées et ne cessèrent, au service des rois de Perse qui se succédèrent, de passer de grade en grade, jusqu'au jour où la situation de Imad ad-Daula devint prépondérante. Il fut promu au gouvernement de Karadj,[17] que lui confia Mardâwîdj.[18] Puis il passa au gouvernement d'une autre province, au point, qu'il finit par réunir sous son autorité plusieurs territoires du Fârs. Dans la suite, son pouvoir s'étendit tellement qu'il écrivit au khalife Radi, le priant de lui donner comme apanage les districts du Fârs à charge pour lui de faire porter chaque année au palais même du khalifat, outre les impôts et contributions ordinaires, une somme de huit cent millions de dirhems. Le khalife devait lui envoyer le manteau d'honneur du sultanat et le diplôme d'investiture, Radi, en effet, les lui envoya par un messager qu'il lui dépêcha et auquel il recommanda de ne remettre à Imad ad-Daula le manteau d'honneur et le diplôme qu'après avoir reçu de lui la somme entière. Le messager arrivé auprès d'Imad ad-Daula, celui-ci le trompa et lui enleva le manteau d'honneur dont il se revêtit. Il prit aussi le diplôme, dont il donna lecture aux principaux assistants. Son audace grandit. Il promit l'argent au messager et usa envers lui d'atermoiements.[19] Le messager mourut chez Imad ad-Daula, et les affaires du khalifat furent bouleversées. Imad ad-Daula suspendit tout paiement et se rendit tout à fait indépendant. Il fut le premier roi de la dynastie Bouyide. Puis ils régnèrent l'un après l'autre, jusqu'à la chute de leur dynastie. »
Pour ce qui est de la fin de cette dynastie, dans les derniers temps sa situation s'affaiblit et sa faiblesse ne cessa de croître jusqu'au moment où l’ordre de succession amena au trône 'Izz ad-Daula, fils de Djalal ad-Daula.[20] Abou Tahir. Il se produisit entre celui-ci et Abou Kâlîdjâr,[21] des guerres qui forcèrent 'Izz ad-Daula à fuir devant son rival. Il se fixa à Chiraz et mourut l'an 441. A sa mort, le pouvoir royal prit fin dans leur famille.
Après Qâhir régna son frère Radi billah. Ce khalife se nommait Abou-l-'Abbas Ahmad,[22] fils de Mou'tadid. Il reçut l’hommage d'investiture en l'année 322 (= 934). Il était poète, s'exprimait très correctement et était fort intelligent. Il fut le dernier des khalifes sous un certain nombre de points de vue. Il fut, entre autres choses, le dernier khalife dont les poésies fussent réunies en un seul recueil, le dernier qui ait gouverné seul son empire et le dernier qui ait prononcé la khotba (prêche) en chaire le vendredi. Il est le dernier aussi qui se soit assis familièrement avec des commensaux[23] et qui se soit rendu accessible aux savants; enfin, ce fut le dernier chez qui les dignités, les gratifications, les divers emplois des domestiques et des chambellans aient été réglés suivant les principes des anciens khalifes.
Ce fut sous son règne, en l'année 322 (934 de J.-C.), que l'autorité de Mardâwîdj prit une grande extension à Ispahan.[24] Ce fut un homme qui se révolta dans ces régions et on raconta qu'il voulait s'emparer de Bagdad, transporter l'empire en Perse et détruire la dynastie arabe. Mais sous le règne de Radi la nouvelle arriva que les pages de Mardâwidj avaient conspiré contre lui et l'avaient mis à mort.
Et ce fut encore sous le règne de Radi que s'éleva l’autorité d'Abou-l-Hasan Ali, fils de Bouwaih,[25] et, sous ce même règne de Radi, l'autorité du khalifat 'abbâside s’affaiblit. La Perse était aux mains d'Ali, fils de Bouwaih, tandis que Rey, Ispahan et Djabal étaient au pouvoir de son frère Hasan, fils de Bouwaih, et Mossoul, Diyâr-Bakr, Diyâr Rabi'a et Moudar aux mains des Hamdanides,[26] l’Egypte et la Syrie aux mains de Mohammed, fils de Toughdj,[27] puis aux mains des Fatimides, l'Espagne aux mains d’Abd er-Rahman,[28] fils de Mohammed l'Omeyyade, le Khorasan et les pays orientaux dans les mains de Nasr,[29] fils d'Ahmad le Samanide. — Radi mourut en l’année 329 (9A0 de J.-C).
Le premier vizir qu'il eut fut Abou 'Ali, fils de Mouqla. Ce fut là le troisième des vizirats d’Ibn Mouqla. Il dépensa, pour obtenir ce vizirat, 500.000 dinars, si bien que Radi le nomma vizir. Ensuite les troupes se mutinèrent et une sédition se produisit, qui rendit nécessaire le renvoi du vizir. Radi le destitua[30] donc et nomma à sa place 'Abd er-Rahman, fils d'Isa, fils de Dâwoud, fils de Djarrâh. Ce que nous venons de dire de l’histoire d'Ibn Mouqla peut suffire.
Radi, lorsqu’il eût fait arrêter Ibn Mouqla, fit venir 'Ali, fils d’Isa, fils de Djarrâh, et lui offrit le vizirat.
'Ali refusa et s'excusa, alléguant sa faiblesse de santé. Le khalife alors lui demanda qui il devait investir du vizirat.
'Ali lui conseilla de prendre son frère 'Abd er-Rahman, fils d'Isa.[31] Le khalife le lit venir et l’investit du vizirat, et Abd er-Rahman monta à cheval et fit la promenade solennelle, précédé par tout le cortège officiel. Les jours de son vizirat furent courts. Les affaires prenant pour lui une mauvaise tournure, il demanda à être déchargé des fonctions de vizir. Radi le fit alors arrêter.[32] La vie de ce vizir n'offre rien qui mérite d'être rapporté.
Lorsque Radi eut fait arrêter Abd er-Rahman, fils d'Isa, il nomma vizir Abou Djafar Muhammad, fils de Qasim al-Karkhi.[33] C'était un homme très court de taille, d'une petitesse si excessive qu'on fut forcé de rogner de quatre doigts les pieds du trône du khalifat pour qu'il devînt possible au vizir al-Karkhi de s'entretenir avec le khalife. Les gens tirèrent de ce fait de fâcheux augures et dirent : « C'est là l'indice de la destruction de la dynastie. » Et il en fut comme ils l'avaient dit. Ce vizir se vit accablé par le désordre et la confusion, qui se mirent dans les affaires de l'Etat. Alors il se cacha.[34] Voici ce qu'on raconte. Lorsqu'il voulut se cacher, il enleva la partie supérieure d'une grande jarre de terre et s'assit à l'intérieur. Cette jarre fut ensuite transportée au dehors comme si ce n'eût été qu'une jarre et rien de plus, mais le vizir était caché dedans. Il demeura ainsi jusqu'au jour où, s'étant montré, il fut contraint de payer de l'argent au Trésor, puis libéré.
Al-Karkhî ayant été incapable de soutenir le fardeau du vizirat et s'étant caché, Radi billah manda auprès de lui Soulaimân, fils de Hasan, fils de Makhlad, l'investit du vizirat et le revêtit des insignes du vizirat. Mais ce vizir fut bientôt impuissant à gouverner, à cause de la prépondérance absolue que les soldats avaient dans le gouvernement. Alors, le khalife Radi voyant l'impuissance de son vizir Soulaimân, fils de Hasan, fils de Makhlad, envoya chercher Ibn Râ'iq,[35] qui était le plus grand émir. Il chercha à le gagner, lui confia les affaires, le nomma émir des émirs (Emir al-Oumarâ)[36] et le chargea du gouvernement de l'empire. Les chefs de l'armée firent cause commune avec lui. Et, se réunissant en une seule bande, se présentèrent devant le khalife. Celui-ci les fit asseoir à une place plus élevée que celle du vizir. Ibn Râ'iq, émir[37] des émirs, revendiqua pour lui seul les affaires du gouvernement. Il nomma les gouverneurs et les fonctionnaires, c'est à lui que fut déférée la correspondance de l'État. La décision de toutes les affaires fut remise à son jugement et il ne resta au vizir que le titre de vizir, sans autorité et sans pouvoir.[38]
A partir de cette époque, le khalifat abbâside fut eu butte aux entreprises violentes. Le pouvoir lui échappa et les étrangers, les émirs, les hommes d’épée se rendirent maîtres du pouvoir au détriment de la dynastie. Ils firent rentrer les impôts et, écartant des affaires la main du khalife, lui assurèrent peu de chose et une petite pension alimentaire, et depuis ce temps-là l'autorité du khalifat demeura très faible.
Lorsque l'émir des émirs Ibn Râ'iq s'empara du pouvoir, il conseilla à Radi billah de conférer le vizirat à Fadl, fils de Djafar, fils d'al-Fourât.[39] Il pensait que celui-ci ferait rentrer à son profit l'argent de l'impôt. Radi le fit donc 384 appeler et l'investit du vizirat.
Abou-l-Hasan Thâbit,[40] fils de Sinan, a raconté ce fait qu'il tenait d'Abou-l-Housain 'Ali, fils de Hicham[41] : Lorsque Fadl, fils de Djafar, fils d'al-Fourât, fut investi du vizirat, je fis la rencontre d'Ibn Mouqla, qui, dépossédé de son emploi, en était réduit à se cacher. Tu as tort, lui dis-je, de tarder ainsi à aller voir ce ministre et à lui présenter tes félicitations. » Il me répondit : Je me défie de lui et je n'ai pas besoin de me rencontrer avec lui. » Je lui dis alors : Il convient que tu lui écrives un billet dans lequel tu t'excuses de n'être pas allé le voir et dans lequel tu lui présentes tes félicitations. Ce billet suppléera ainsi « ta présence auprès du vizir. » Il me répondit: a Je crains qu'il ne me fasse une réponse telle que cela nécessite ma présence. » Et il me récita ces vers de sa composition :
Combien de femmes m'ont dit : « Tu as perdu en négligeant ce nouveau vizir. »
Et moi je leur ai répondu : « Puissiez-vous vivre toujours dans la joie, et ne jamais rien dire qui ne soit juste !
« Est-ce qu'un homme tel que moi peut se résoudre à se montrer humilié, solliciteur. »
C'était un homme d’un caractère téméraire, ambitieux, plein de noblesse d'âme, plein de préoccupations élevées. Il passa successivement d'emplois en emplois et sa fortune subit de grandes vicissitudes. Après avoir été tour à tour malheureux et heureux, après avoir connu les extorsions et les destitutions, son ambition, sa force dame et son amour des grandes pensées l'amenèrent à rassembler des soldats et à affronter les dangers. Il s'empara ensuite des provinces du Khouzistan et de Basra. Ce fut alors que Radi le nomma vizir. Dans la suite il le destitua[43] et donna le vizirat à Soulaimân, fils de Hasan, fils de Makhlad. Nous en avons déjà parlé et il n'est pas besoin d'y revenir. Ce fut le dernier des vizirs de Radi.
Fin du règne de Radi billah, fils de Mouqtadir et de l'administration de ses vizirs.
Après Radi régna son frère Mouttaqî lillâh Abou Ishaq Ibrahim, fils de Mouqtadir billah. Il fut proclamé khalife en l'an 329 (940 de J.-C.).[44] Son histoire n'offre rien qui mérite d'être raconté. Les événements furent plus forts que lui, et un des émirs du Dailam s'empara du pouvoir à son détriment. Cet homme s'appelait Toûzoûn.[45] Alors Mouttaqî, avec son fils et sa famille, s'enfuit à Mossoul. Il craignait pour lui-même, au cas d'un conflit dans Bagdad. Dans ces temps se produisirent des guerres et des séditions. Le palais du khalifat fut livré au pillage et on s'empara de tout ce qu'il contenait. Puis Toûzoûn écrivit à Moultaqi pour chercher à le gagner, il lui fit de grands serments, lui jurant qu'aucun mal de sa part ne l'atteindrait. Mouttaqî se laissa prendre à ces promesses et, descendant le fleuve de Mossoul vers Bagdad, parvint à Sindiyya,[46] au confluent du Nahr Isa.[47] Toûzoûn sortit à sa rencontre avec toute la population de Bagdad. Toûzoûn, aussitôt qu'il aperçut le khalife, baisa la terre. Il avait recommandé secrètement à une troupe de ses familiers d’entourer le khalife; ils l'entourèrent donc et le firent entrer clans la tente de Toûzoûn. Ensuite, celui-ci, ayant fait arrêter le khalife, lui arracha les yeux. Puis le déclarant déchu du khalifat[48] prêta l'hommage d'investiture à Moustakfi. Mouttaqi mourut en l'année 350 (= 961 de J.-C).
Il confirma Soulaimân, fils de Hasan, fils de Makhlad,[49] dans son vizirat. Mais, quatre mois après, il appela aux fonctions de vizir Abou-l-Khair Ahmad,[50] fils de Muhammad, fils de Maïmoun,[51] qui n'eut du vizirat que le titre et dont la vie n'offre rien qu'on doive mentionner. Puis, des événements se produisirent qui amenèrent son arrestation et sa destitution.
Nous avons déjà raconté la manière dont il s'empara de l'autorité ; nous avons parlé de l'énergie de son âme et nous avons dit de quelle manière il groupa les troupes autour de lui. Dans la suite, sous le règne de Mouttaqî, il se rendit à Bagdad avec beaucoup de monde. Mouttaqî, à sa vue, fit paraître une grande joie et lui conféra le vizirat, malgré lui.[52] Un échange de messages eut lieu entre Mouttaqî et lui, qui aboutit à ce que le vizir usa de menaces envers le khalife et le terrifia. Il lui fit porter alors 500.000 dinars. Puis des conflits éclatèrent entre Al-Barîdî et les chefs de l'armée. Ils pillèrent sa maison. Il se sauva alors à Wâsit. Il avait porté le titre de vizir moins d'un mois.[53]
Le temps de son administration ne fut pas long. Il occupa le vizirat quarante jours environ.[55] La cause de son élévation au vizirat fut celle-ci : Il se présenta un jour chez l’Emir des émirs, Emir al-Oumarâ, dans un moment où celui-ci essayait, à force de mauvais traitements, de tirer quelque argent d'un certain nombre de fonctionnaires de l'administration, qui s'obstinaient à le lui refuser. Al-Qarârîtî, prenant à part un des amis de l'émir des émirs, lui dit : « Si l'émir me faisait parvenir au vizirat, je lui fournirais le double de ce qu'il demande en ce moment; je lui réunirais les fonds et il n'aurait pas besoin de se donner tant de tracas. » Deux jours plus tard, Toûzoûn le faisait parvenir au vizirat. Mais, après quelques jours, il le lit arrêter et porta au vizirat Al-Karkhî (l'homme de Karkh). Celui-ci non plus n'eut pas un long vizirat, il ne demeura en charge que cinquante jours environ.[56]
Mouttaqî lui conféra le vizirat et lui écrivit de se rendre à Bagdad. Al-Barîdî quitta donc Wâsit pour venir à Bagdad. Le khalife le nomma vizir et il demeura dans le vizirat moins d'un mois, il ne mena à bien aucune affaire, et des conflits s'élevèrent entre Mouttaqi et lui. D'ailleurs toute cette époque fut remplie de dissensions et de révoltes.
Lorsqu'Abou 'Abd Allah al-Barîdî parvint au vizirat, Abou-l-Faradj al-Isfahânî,[58] l'auteur du Kitab al-aghâni (le livre des chansons),[59] l'attaqua dans un long poème qui commence ainsi :
Tombe, ô ciel, et tremble, ô terre ! Le fils d'Al-Barîdi est parvenu au vizirat.
On trouve encore dans cette pièce les vers suivants :
Au secours, ô gens de ma tribu ! Le feu consume ma poitrine, les gémissements, la soif ardente me tourmentent, et mon cœur est dévoré par sa flamme,
Depuis qu'un jeudi l'armée[60] a défilé avec Al-Barîdî revêtu de vêtements noirs (costume officiel).
L’imâm les lui a donnés : il a fait un choix f indigne) et s'est appuyé sur un soutien qui n'en est pas un.[61]
Ce sont des manteaux d'honneurs qui retirent[62] les honneurs et un étendard qui, une fois noué, a dénoué l'aiguillette.[63]
Ce vizir demeura au pouvoir cinquante jours environ. Il n'avait ni science acquise dans les affaires, ni coup d'œil. A cette époque, l'autorité du vizirat et des vizirs s'affaiblit beaucoup.
Elevé au vizirat par Mouttaqî, il n'y demeura pas longtemps. Lorsque Mouttaqî fut déposé, Ibn Mouqla était encore son vizir.
Fin du règne de Mouttaqî et de l'administration de ses vizirs.
Après Mouttaqî régna Abou-l-Qasim 'Abd Allah Moustakfî, fils de Mouktafî, fils de Mou'tadid. Il fut proclamé en l’année 333 (Wi de J.-C).
La nouvelle lui étant parvenue de l'arrivée de Mouizz ad-Daula, fils de Bouwaih, il eut grand’ peur,[65] et tout le monde fut dans le trouble. Moustakfî envoya à Mouizz ad-Daula des présents et lui offrit des fruits. Mouizz ad-Daula se présenta devant Moustakfî, qui lui confia la dignité d'émir des émirs (Emir al-Oumarâ) et lui donna le collier et le bracelet d'investiture et tous les insignes du sultanat ; il lui noua un étendard, et c'est le premier des Bouyides qui ait exercé le pouvoir royal dans la capitale des khalifes. C'est à lui que le khalife donna le surnom honorifique de Mouizz ad-Daula, de même qu'il donna à l'un de ses frères le surnom de Roukn ad-Daula et à l'autre celui de 'Imad ad-Daula, et le khalife ordonna que leurs surnoms fussent gravés sur les monnaies d'or et d'argent. Les Deïlémites vinrent loger dans les habitations des gens de Bagdad, chose inconnue jusqu'alors. Quelque temps après, Mouizz ad-Daula monta à cheval et se rendit au palais du khalife. Il salua Moustakfî et baisa la terre en sa présence. Moustakfî donna un ordre, et aussitôt on dressa un siège pour Mouizz ad-Daula qui s'assit. Puis, deux Deïlémites s'avancèrent vers Moustakfî. Ils étaient de connivence avec Mouizz ad-Daula. Comme ils étendaient leurs mains vers Moustakfî, celui-ci crut qu’ils voulaient lui prendre la main pour la fraiser; il la leur tendit, mais eux la lui tirèrent violemment, le renversèrent de son trône et, lui ayant placé son turban autour du cou, le tramèrent. Mouizz ad-Daula se leva alors, tambours et trompettes retentirent, tout le peuple fut en tumulte. Les Deïlémites firent irruption dans le harem de Moustakfî, qu'on transporta dans la maison de Mouizz ad-Daula, où il demeura captif. Il fut dépouillé du khalifat, son palais fut mis au pillage et on lui creva les yeux.[66] Sa captivité dans la résidence du sultan se prolongea jusqu'à sa mort, qui eut lieu en l'année 338 (949).[67]
Le premier de ses vizirs fui As-Sâmarî[68] Abou-l-Faradj Muhammad, fils d’'Ali. Il n'eut ni autorité, ni pouvoir personnel, et son administration ne dura qu'un temps court[69] au bout duquel on se saisit de sa personne.[70] Un poète l'attaqua dans une satire, où il disait:
Maintenant, si l’avare cache sa nourriture, on lui dit : Tu as commis le crime d’infidélité : redoute le châtiment du feu. »
En serai-je réduit à cette honte et à cet opprobre de n'avoir pour monture que mon pied et pour chamelle que ma bottine,
Alors que cet homme de Sourra-man-Ra'â possède dans son étable deux cents bêtes de race, vives, choisies.
Un ignorant, tel un chien, un âne, dispose des meilleurs chevaux, tandis qu'un écrivain plein de talent n'a qu'à peine le moyen de se louer un âne 1
J'en suis tout stupéfait. O vous, dites-moi, est-ce là de la justice dans les destinées ?
La condition du khalifat[71] ne tarda pas à être en proie au trouble et au désordre. Il ne lui resta plus aucun prestige, et le vizirat fut réduit à rien. Les Bouyides s'emparèrent de l'autorité et le vizirat demeura entre leurs mains. Ils se rendirent maîtres aussi de toutes les fonctions publiques. On alloua aux khalifes une maigre somme pour leurs dépenses.
Fin du règne de Moustakfi et de l’administration de ses vizirs.
Après Moustakfî régna Moutî' lillâh Abou-l-Qasim Fadl, fils de Mouqtadir. On lui prêta l’hommage d'investiture en l'an 334 (945). Son autorité fut faible. Ce fut sous son règne que la pierre noire fut rapportée à sa place. Elle avait été prise par les Qarmates hérétiques.[73] Ils la rendirent donc en disant : « C'est sur un ordre que nous l'avons prise, c'est sur un ordre que nous la rendons. » Mais bientôt la paralysie de Moutî' s'aggrava, et sa langue n’articulait plus que difficilement. Un jour, Sébuktéguin,[74] chambellan de Mouizz ad-Daula, entra chez le khalife et l'invita à abdiquer et à faire reconnaître son fils Tâ'i' liamr Allah, ce qu'il fit. Ayant fait prêter hommage à son fils, il abdiqua. Ce khalife mourut en l'année 364 (974 de J.-C.).[75]
Après Moutî' régna son fils 'Abd al-Karim Abou Bakr Tâ'i' liamr Allah. On lui rendit l'hommage d'investiture en l'an 363 (973).[76] Tâ'i' était très fort. Il y avait chez lui, dans ses jardins, un bélier de montagne qu'on gardait comme étalon et dont personne n'osait s'approcher. Tâ'i' s'avança vers lui. Le bélier le chargea, mais Tâ'i' l'attendit de pied ferme jusqu'à ce qu'il lui eût saisi les cornes. Puis il fit appeler un menuisier à qui il commanda de scier les deux cornes du bélier, ce que fit le menuisier tandis que Tâ'i' maintenait l'animal.
Ce fut sous le règne de ce khalife que s'accrut la puissance des Bouyides. Adoud ad-Daula arriva à Bagdad et la puissance des Bouyides prit une grande extension. Ils se saisirent de la personne de Tâ'i' en l'an 381 (991)[77] et on rendit les hommages d'investiture à Qâdir.
Fin du règne de Tâ'i' liamr Allah.
Après Tâ'i' régna Qâdir Abou-l-Abbâs Ahmad, fils d'Ishaq, fils de Mouqtadir. On lui rendit l’hommage d'investiture en 381 (991). Qâdir fut un des meilleurs khalifes abbâsides.[78] Sa conduite et ses mœurs étaient bonnes, il était fort attaché à la bienfaisance et à la religion, il aimait à obliger et avait de la dévotion. Il épousa la fille de Bahâ ad-Daula, fils d’Adoud ad-Daula, en payant une dot de 100.000 dinars. Sous son règne reparut peu à peu la dignité de la dynastie 'abbâside, son éclat s'accrut et ses affaires prirent de la force. Qâdir[79] demeura longtemps khalife et mourut en 422 (= 1031).
Après lui régna son fils Abou Djafar 'Abd Allah al-Qâ'im bi-amr Allah. On lui rendit l'hommage d'investiture en l’an 422 (1031). Qâ'im fut un des meilleurs khalifes abbâsides et un des plus pieux. Il demeura longtemps khalife et grâce à lui la dignité du khalifat s'accrut et sa force augmenta. C'est sous son règne que prit fin la dynastie des Bouyides et qu'apparurent les Seldjouqides.
C'est une dynastie dont la puissance fut considérable, son empire s'étendit au loin et ses ordres s'exécutèrent à la face même du khalifat. Puis elle se rendit maîtresse du khalifat, la prière fut faite dans les chaires en son nom, et les noms de ses souverains furent frappés sur les monnaies d'or et d'argent.
Récit des commencements de la dynastie seldjouqide.
C'étaient des gens d'origine turque khazare. Ils étaient au service des rois turcs. Quand leur grand-père Saldjûq grandit, les marques de la noblesse brillaient sur lui et les indices d'une haute fortune se montraient dans toutes ses allures. Le roi des Turcs l'approcha de sa personne, en fit son ami particulier et lui donna le surnom de Chabâchî, ce qui dans leur langage signifie chef de l'armée. Alors Saldjûq apparut comme un homme doué de sentiments élevés et chercha à gagner les cœurs par sa générosité et son intelligence, et les grands s'attachèrent à lui.
On raconte que la femme du roi des Turcs dit à son époux : « Je pressens que Saldjûq s'emparera du pouvoir à ton détriment. Mon avis est que tu le fasses périr, car les gens se portent beaucoup vers lui. » Il lui répondit : « Je verrai plus tard ce que je ferai à son sujet. » Saldjûq eut quelque pressentiment de ces projets et le changement dans les dispositions du roi ne lui échappa pas. Alors il rassembla sa famille et ses clients et quiconque voulut le suivre. Il leur fit prêter un serment [d'obéissance] et, attirant ainsi tous ceux qui se trouvaient sous son obéissance, il devint un chef jouissant d'une grande autorité sur les Ghouzz. Avec tous ces gens il quitta les pays des Turcs pour les pays des musulmans.[81] Dès qu'il y fut entré, il professa extérieurement l'islamisme, afin que les Musulmans l'aidassent et lui permissent de jouir de leurs pâturages et de leurs d'habitation. Il fit donc halte à Djanad[82] armée et commença à faire des incursions dans les diverses tribus turques qui se trouvaient proches de lui. Le roi des Turcs percevait un tribut de ces pays qui lui étaient contigus. Saldjûq l'intercepta et chassa les lieutenants du roi des Turcs. — Saldjûq mourut âgé de cent ans.
Ses enfants crurent encore en force, en richesse et en puissance. Ils se rendirent maîtres de tous les pays de l'Empire persan qui leur semblèrent faibles, et leur puissance alla toujours croissant jusqu'au moment où Toghroul-beg,[83] le premier d'entre eux qui prit le titre de sultan, étendit son pouvoir sur toute une partie des pays persans, et son autorité alla toujours s'accroissant jusqu'au moment où Al-Baçâcîri[84] s'empara de Bagdad, la pilla, en massacra la population et en fit sortir le khalife Qâ'im, qu'il enferma dans la citadelle d'Al-Hadîtha. Et cette révolte, dont Al-Baçâcîri fut l'auteur, fut vraiment une grande révolte. Ce fut alors que Qâ'im écrivit à Toghroul-beg, le priant de se rendre à Bagdad pour lui prêter secours contre Al-Baçâcîri. Alors Toghroul-beg se mit en marche vers Bagdad avec son armée.
A cette nouvelle, Al-Baçâcîri voyant ses affaires complètement ruinées, quitta Bagdad. Toghroul-beg y entra et lit revivre l'éclat de l'autorité des khalifes. Son nom fut prononcé à la prière dans les chaires de Bagdad avec la mention de son titre de sultan. Et Toghroul-beg fut en effet le premier sultan seldjouqide qui ait porté ce titre en présence des khalifes.
Pour ce qui est de la manière dont finit cette dynastie seldjouqide, ses affaires ne cessèrent d'aller de mal en pis jusqu'à leur ruine complète, sous le règne de Nasir, c'est-à-dire en 590 (1193 de J.-C. — Allah soit exalté ! — Qâ'im mourut en l'an 467 (1074 de J.-C).
Il eut pour vizir Fakhr ad-Daula Abou Nasr Muhammad, fils de Muhammad, fils de Djahîr.[85]
Fakhr ad-Daula était un des hommes les plus intelligents et les plus fins. A ses débuts, il était pauvre et misérable ; mais il eut des chances nombreuses. Il lui arriva ceci entre autres choses. Un jour il était assis à Karkh[86] ; vint à passer auprès de lui un de ces lavandiers qui lavent dans les maisons en ruine, ayant de vieux chatons dont la couleur était passée. Il les lui acheta pour trois dinars et frotta quelques-unes de ces pierres, et voilà qu'une d'elles se trouva être un rubis rouge, une autre était une magnifique turquoise. Il fit faire pour chacune de ces deux pierres un anneau d'or. Puis les circonstances l’amenèrent à être envoyé en qualité d'ambassadeur auprès du roi des Grecs. Il fit hommage des deux bagues au roi qui lui donna 20.000 dinars. Ce fut là l'origine de sa richesse et de sa fortune. Puis, passant d'emplois en emplois, il finit par entrer au service d'Ibn Marvân, seigneur de Diyâr-Bakr.[87] Il y demeura quelque temps et rassembla de grandes richesses. Puis son ambition se haussa au point qu'il prétendit devenir vizir du khalife. Alors il envoya en secret un messager auprès du khalife, se proposa à lui et lui offrit 30.000 dinars. Qâ'im envoya un de ses confidents en ambassade à Ibn Marvân, et son but, en envoyant cet ambassadeur, était qu’il eût une entrevue avec Fakhr ad-Daula et qu'il traitât avec lui la question du vizirat. L'envoyé se rencontra donc secrètement avec Fakhr ad-Daula et traita avec lui sur les bases qui lui convinrent. Puis, lorsque l'ambassadeur voulut s'en retourner à Bagdad, Fakhr ad-Daula sortit aussi de la ville sous couleur de l'accompagner quelque temps et de lui faire ses adieux, puis, il descendit avec lui à Bagdad. Il avait auparavant disséminé ses richesses en différents pays et il en avait fait parvenir une partie à Bagdad. Lorsque l'envoyé arriva à Bagdad en compagnie de Fakhr ad-Daula, Qâ'im envoya vers celui-ci les membres de sa cour pour lui faire accueil, et ensuite il le revêtit des insignes du vizirat. Et Fakhr ad-Daula prit en main les affaires du vizirat de la manière la plus heureuse du monde. Or, les régions frontières de l'Iraq étaient en rébellion contre l'autorité du khalife ; comme les princes qui les gouvernaient étaient grands amis de Fakhr ad-Daula, il échangea avec eux des correspondances, leur envoya des ambassades et reçut les leurs, cherchant à les gagner. En effet, ils rentrèrent dans l'obéissance au khalife.
Dans la suite, Fakhr ad-Daula fut destitué du vizirat à cause d'une brouille qui survint entre lui et Nizâm al-Moulk,[88] vizir du sultan, puis il fut rappelé à ses fonctions. Lors de sa réintégration dans sa dignité, Ibn Fadl[89] le poète dit ces vers à sa louange :
Le droit est enfin rentré à sa place primitive, et certes tu en es plus digne que tous les hommes ensemble.
Tu as été le glaive qu'une main a tiré du fourreau mais qu'elle n'a pas tardé à y remettre.[90]
Lorsqu'il redevint vizir, le peuple en témoigna une très grande joie. On raconte qu'un porteur d'eau tua le seul bœuf qu'il possédât et en distribua la chair en aumônes. Le vizir lui fit don d'une mule avec son harnachement et lui fil remettre, en outre, une certaine quantité d'or,
A la mort de Qâ'im, le vizir Fakhr ad-Daula mena à bien son entreprise de faire reconnaître Mouqtadî. La durée de son vizirat sous les deux khalifes Qâ'im et Mouqtadî est de quinze ans et un mois. Il mourut après cela en l'an 483 (= 1090 de J.-C.).[91]
Il fut vizir de Qà'im avant Ibn Djahîr et ce fut à son sujet que se produisit la révolte d'Al-Baçâcîri. Il était, avant son élévation au vizirat, un des magistrats assesseurs[92] du qâdî de Bagdad et comptait parmi les gens savants en jurisprudence et qui ont une certaine connaissance des sciences religieuses et de la transmission des traditions. Sa situation prit de l'éclat et son rang s'éleva, mais une fâcheuse affaire se produisit entre lui et Al-Baçâcirî Abou-l-Hârith le turc, un des émirs. Les circonstances amenèrent à la fin Al-Baçâcîri à s'enfuir. Mais il rassembla des troupes el, arrivant à Bagdad il s'en empara. Use saisit alors du Raïs ar-Rou'asâ Ibn al-Mouslima, et en tira une vengeance exemplaire. Voici une partie de ce qu'il lui fit souffrir : il le jeta en prison, puis l'en fit sortir chargé de chaînes, portant une robe de laine et un haut bonnet de feutre rouge, ayant à son cou un collier avec de petits morceaux de cuir semblables aux amulettes. On le fit monter sur ne âne et on lui fit faire le tour des divers quartiers de Bagdad, tandis que derrière lui un homme le frappait dune lanière et criait qu'on le vint voir. Pendant ce temps, Raïs ar-Rou'asâ récitait ce verset du Coran : « Dis : O Allah qui possèdes l'empire, tu le donnes à qui il te plait et tu l'arraches à qui tu veux.[93] » Al-Baçâcîrî le fit donc ainsi promener dans la ville, mais lorsqu'il passa auprès de Karkh,[94] les gens de ce faubourg lui lancèrent leurs vieilles savates et lui crachèrent à la face. Puis on le fit tenir debout devant le palais du khalifat du côté de l'Occident. Enfin, on le fit revenir.[95] Un pieu avait été planté pour lui à la porte dite Porte du Khorasan.[96] On le fit descendre d'âne et on cousit sur lui la peau d'un bœuf qu'on venait d'écorcher, on lui en plaça les cornes sur la tête, et on le suspendit au moyen d'un crochet qui lui entrait dans la gorge. On le laissa vivant au poteau jusqu'à sa mort, qui survint le même jour.
Après Qâ'im bi-amr Allah régna son petit-fils Mouqtadî bi-amr Allah et dont le nom est Abou-l-Qasim 'Abd Allah, fils de Dzakhira, fils de Qâ'im. Il reçut les hommages d'investiture en l'an 467 (= 1075 de J.-C.).
Mouqtadî avait l'esprit élevé et connaissait bien les affaires. Il fut un des meilleurs khalifes 'abbâsides. Il lui arriva avec le sultan Malik-Chah[97] une aventure étrange. Le sultan Malik-Chah avait marché sur Bagdad. Il y parvint en l’an 485 (1092), mais ses intentions au sujet de Mouqtadî n'étaient déjà plus les mêmes. Il lui envoya dire de sortir de Bagdad et d'aller habiter quelque pays qu'il voudrait. Cette injonction troubla Mouqtadi, qui demanda un délai d'un mois. « Pas même une heure », répondit Malik Chah. Et ils échangèrent des messages. Puis la situation s'arrangea par l'entremise de Tadj al-Moulk Abou-l-Ghanâ'im, vizir de Malik-Chah, qui pria son maître d'accorder au khalife un délai de dix jours, u Soit », dit Malik-Chah.
Puis, le jour de la rupture du jeûne, le sultan, après avoir l'ait ses prières, partit pour la chasse. La fièvre l'y saisit, on lui fit une saignée et il mourut vers la moitié du mois de Chawwâl. Lui mort, sa femme Zoubeïda Khatoun[98] se mit résolument à la tête de l’armée et un arrangement lut conclu avec Mouqtadî, aux termes duquel le fils de la reine, Mahmoud, lut élevé au sultanat. Son âge était alors de six ans. La prière fut donc dite en son nom, Mouqtadî lui donna les insignes d'investiture, et l'armée, la reine et le fils de Malik-Chah, Mahmoud[99] fils de Malik-Chah, sortirent de Bagdad se rendant à Ispahan. Ainsi Allah garda Mouqtadî du mal que lui avait voulu faire Malâk-Chah. Mouqtadî mourut subitement en 487 (=1094 de J.-C).
Lorsque Mouqtadî fut proclamé khalife, il confirma dans son vizirat Fakhr ad-Daula Ibn Djahîr, vizir de son père, et nous en avons déjà parlé précédemment d'une manière qui nous dispense d'y revenir.
Qâ'im et Mouqtadî remployaient dans les ambassades qu'ils envoyaient aux sultans et elles réussissaient bien entre ses mains. C'était un homme de grands talents, doué d'un jugement solide. Nizâm al-Moulk, vizir du sultan, avait beaucoup de goût pour lui et, admirant ses qualités, il disait : « J'aurais aimé avoir un fils tel que lui. » Il lui fit épouser sa fille, et Mouqtadî l’éleva au vizirat et lui confia les affaires. Ensuite il le destitua. Mais Nizâm al-Moulk intercéda pour lui et il fut rétabli dans sa charge de vizir. Ce fut alors qu’Ibn al-Habbâriya[100] le poète lança contre Amid ad-Daula ce vers satirique :
Sans Safiyya[101] tu n'aurais pas été élevé une seconde fois au vizirat. Remercie donc une femme[102] grâce à laquelle tu es devenu notre seigneur le vizir.
Cette Safiyya, c'était la fille de Nizâm al-Moulk le vizir, qu'avait épousée Amid ad-Daula. Dans la suite il survint entre 'Amid ad-Daula et entre les sultans de Perse une affaire. Ils demandèrent au khalife sa destitution, que les amis du khalife lui conseillèrent aussi. Il le destitua donc. 'Amid ad-Daula, tenu captif dans l'intérieur du palais du khalifat n'en sortit que mort pour être enterré. Il aimait à réciter des vers et, parmi ces vers, ceux-ci :
Jusques à quand dans les haltes et les voyages convoiteras-tu la grandeur quand les honneurs coûtent si cher?
O toi qui poursuis la gloire, avant d'arriver à la gloire il y a un combat à subir, dont les péripéties mettent en danger la fortune et la vie.
Les nuits ont des revirements qui ne se plient que bien rarement à la volonté d'un homme dont les efforts ne sont pas secondés par l’argent.
C'était un homme excellent, parfait, très bienfaisant, qui répandait beaucoup d'aumônes. On trouva un jour, dans ses papiers, un compte de dépenses faites exclusivement pour des motifs de bienfaisance et de charité qui se montait à 120.000 dinars, et l’homme qui fournit ce compte était un des dix secrétaires qu'il employait spécialement à tenir registre de ses aumônes. Lorsque Zahîr ad-Dîn dont nous parlons arriva au vizirat, Ibn Al-Hariri, l'auteur des Séances, lui adressa ces vers :
Grand bien te fassent les honneurs ! Use des honneurs en homme de bien, toi que voilà gratifié de fonctions élevées.
Comme tes nobles parents tu t'es montré digne de cette haute charge du vizirat.
Tout jeune encore tu as assumé la charge du vizirat. Ainsi Jean-Baptiste tout jeune reçut la sagesse.[104]
Son habitude était, la prière de midi une fois faite, de tenir, jusqu'aux approches du coucher du soleil, une audience consacrée aux affaires pénales. Les huissiers appelaient les gens en criant : « Que quiconque a quelque affaire la présente. » Parmi les traits de sa vie on raconte que lorsqu'éclatèrent les troubles entre chiites et sunnites à Bagdad dans les faubourgs de Karkh et de la porte de Basra, il évita l'effusion du sang à tel point que Mouqtadî lui dit : « Les affaires ne vont pas du tout avec cette douceur dont tu uses, et tu as excité les passions des gens par ta longanimité et ton indulgence. Il faut absolument que soient détruites les maisons de dix des principaux habitants des faubourgs, pour que le gouvernement se maintienne et que ces dissensions s'apaisent. » Le vizir alors envoya chercher le mouhtasib et lui dit : « Le khalife a ordonné la destruction des maisons de dix des principaux habitants des faubourgs et je ne puis le faire revenir sur cette décision. Je ne suis pas sûr qu'il ne se trouve parmi eux quelqu'un qui ne mérite pas le châtiment ou qui ne soit pas le propriétaire. Je veux donc que tu envoies tes hommes de confiance à ces faubourgs et que tu fasses acheter ce que possèdent ces gens soupçonnés. Puis, lorsque leurs propriétés seront ainsi devenues les miennes, je les détruirai, évitant ainsi de commettre un péché et d'encourir la colère du khalife. » Et, sur-le-champ, le vizir donna au mouhtasib l'argent nécessaire à ces achats; le mouthasib exécuta les ordres du vizir, qui envoya alors des gens détruire ces maisons.
Zahîr ad-Dîn lit le pèlerinage de la Ka'ba et on ne rapporte pas qu’aucun autre vizir que lui ait fait ce pèlerinage étant vizir. En effet, avant lui, les vizirs faisaient le pèlerinage après avoir quitté le vizirat. Il faut excepter pourtant les Barmékides, qui firent le pèlerinage étant vizirs. Le sultan Malik-Chah, surnommé Djalal ad-Daula, demanda à Mouqtadî la destitution de ce vizir. Mouqtadî fit donc paraître un décret de destitution, mais conçu en termes très aimables et tels qu'on n'en employa jamais pour destituer un vizir. Zahîr ed-Din se retira dans sa maison en récitant ces vers :
Il est parvenu au vizirat et alors il n'avait pas un ennemi; il a quitté le vizirat et il ne lui restait plus un ami.[105]
Il prit donc le parti de la retraite et, embrassant la vie contemplative, s'habilla de vêtements de coton et partit pour le pèlerinage. Il fixa son séjour à Médine. Il s'occupait à balayer la mosquée du Prophète, étendait les nattes, allumait les lampes, toujours vêtu de l’étoffe de coton la plus grossière. Il se mit à apprendre par cœur le Coran et, lorsqu'il eut achevé de l'apprendre, il célébra cela par une fête. Il est l'auteur de poésies qui ne sont pas mal. En voici quelques vers :
Certes, Celui qui a dispersé tout ce qui était réuni peut bien rassembler une famille.
Je ne suis pas porté à désespérer quand même la séparation se prolongerait : combien de séparations se sont terminées par des réunions.
Et si la réunion succède à la séparation, elle n'en est que plus douce au cœur.
Il mourut en 513 (1119). Dieu l’ait en sa miséricorde! Ici finit le règne de Mouqtadi et l’administration de ses vizirs.
Après Mouqtadi régna son fils Moustazhir billah Aboul-'Abbâs Ahmad. Il reçut l’hommage d'investiture au khalifat en l'an 487 (1094). Moustazhir était généreux et aimait à donner. Il était d'un bon naturel, avait de nobles idées, était d'un caractère facile et savait être ami sincère. Il avait l'amour du bien et la haine de l'injustice i. Sous son règne, les affaires des Bathéniens prirent un caractère de grande gravité. Ils s'emparèrent des châteaux et des forteresses dans le Khorasan et le chef de leur propagande dans le Khorasan était Hasan, fils de Sabbâh.[106] C'était un homme originaire de Merw. Il fit un voyage au Caire, où il reçut des prédicateurs 'alides les principes de la secte. C'était un homme doué d'intelligence et rusé. Plus tard il revint du Caire dans le Khorasan et devint le chef de la propagande qui s'exerçait en faveur des 'Alides. Il employa toutes sortes de moyens, si bien qu'il finit par se rendre maître d'une citadelle du pays du Dailam nommée Roûdzbâr.[107] Lorsqu'il s'en fut emparé, ses affaires se trouvèrent en forte situation, il chercha à gagner des groupes d'hommes, et la secte bathénienne s'étendit et grandit et plusieurs personnages de la plus haute importance s'y affilièrent en secret et sa situation ne cessa de prendre de l’extension, jusqu'au moment où les armées mongoles s'étaient dirigées vers leurs citadelles, où elles firent ce qu'elles firent. Moustazhir mourut en l'an 512. (= 1118 de J.-C).
Sous son règne, pas un vizir ne jeta grand éclat. On compte parmi ses vizirs Za'îmar-Rou'asâ Abou-l-Qasim 'Ali,[108] fils de Fakhr ad-Daula, fils de Djahîr. Son temps fut court et son histoire n'offre rien qui mérite d’être mentionné. Après quelque temps de vizirat, il fut destitué et mis en état d'arrestation.[109]
Ce fut un homme capable parmi les serviteurs les plus capables de la dynastie abbâside. Moustazhir le nomma vizir après Za'îmar-Rou'asâ Ibn Djahîr. Avant son vizirat, il était chargé du ministère des finances. Un de ses amis a raconté cette anecdote à son sujet : J'entrai un jour chez lui avant son élévation au vizirat, alors qu'il était chargé de l'administration d'un ministère. Je le vis soucieux, l'esprit troublé. Je lui demandai la cause de ce trouble. Il dit : J'avais rendu compte l'an dernier à Moustazhir de mes efforts pour la culture du pays, la fixation de l'impôt foncier et l'augmentation du revenu. Et je lui dis : Il est résulté de ces mesures, cette année, un produit de 12.000 kourres,[110] et l'année prochaine, ce seront 20.000 kourres. « Il me répondit par des remerciements et des éloges, et il m'honora du don d'une partie de ses vêtements. Je ressentis une grande joie et dis : Voilà le fruit du zèle. » Je redoublai d'application pour l'agriculture, et je mis en œuvre tous mes efforts et tout mon pouvoir pour faire réussir les récoltes prochaines. Mais il advint qu'une digue se rompit, une grande partie du revenu périt et il se produisit encore d'autres événements qui amenèrent une telle diminution du revenu qu'il se trouva inférieur au revenu de l'année précédente. J'adressai alors un rapport au khalife pour lui apprendre la diminution du revenu. Je lui dis seulement à combien se montait le revenu et ne lui expliquai pas la cause de sa diminution et je me dis en moi-même : « S'il m'interroge au sujet de la cause, je la lui exposerai. » Mais la réponse qu'il me fit parvenir était pleine de remerciements et d'éloges pour moi et il m'honora du don de « quelques-uns de ses vêtements ainsi qu'il avait fait l'année précédente, et je me dis : « Hélas ! voilà sur quel pied « je suis avec lui aussi bien quand les affaires vont bien que quand elles vont mal. Il m'a remercié dans deux cas op« posés, et cela montre bien qu'il ne réfléchit pas à ce qu'il dit ni à ce qu'il fait. Et qui m'assure que quelqu'un de « mes ennemis qui ait accès auprès de lui ne viendra pas dire à mon sujet des choses qui causeront ma perte. Et lui n’examinera pas l'affaire mais se hâtera de donner des ordres conformes à ce que se sera proposé mon ennemi. » Celui qui a conté ce fait ajoute : « Alors je lui dis : Allah te protège et te préserve de ce que tu crains ! — et je ne cessai de lui parler ainsi que lorsque je l'eus consolé et eus fait cesser son chagrin. »
Cet Abou-l-Ma'âlî, fils de Mouttalib,[111] fut un des plus savants vizirs, un des plus éminents et un des meilleurs.[112]
C'est ici que finit l’histoire de Moustazhir billah et de ses vizirs.
Après Moustazhir régna son fils Moustarchid Abou Mansour Fadl, fils de Moustazhir billah. Il reçut les hommages d'investiture au khalifat en 512 (1118). Moustarchid était un homme de talent. Lorsqu'il fut élevé au khalifat, son frère l'émir Abou-l-Hasan prit la fuite, se cacha et se retira à Hilla, demandant asile à Doubais,[113] fils de Sadaqa, maître de Hilla. Or, Doubais, fils de Sadaqa, était l'un des hommes les plus généreux du monde. C'était un grand seigneur, patron de nombreux clients. Il savait protéger et défendre. Tous ses jours étaient des fêtes et, de son temps, Hilla fut le lieu où les hommes accouraient de toutes parts, le refuge des malheureux qui s'y rendaient remplis d'espoir, l'asile du banni et le refuge du proscrit craintif. Doubais combla d'honneurs sans limites l'émir Abou-l-Hasan, lui assigna en propre une habitation et lui donna de nombreuses marques de dignité et Abou-l-Hasan demeura chez lui un certain temps dans la plus heureuse situation. Mais lorsque son frère Moustarchid billah apprit qu'il était chez Doubais, il en fut inquiet et craignit qu'il ne lui arrivât quelque affaire de ce côté-là. Il envoya donc le grand syndic des chiites, 'Ali, fils de Tirâd le Zainabite,[114] à Hilla avec son anneau et un sauf-conduit et lui commanda d'exiger de Doubais la reconnaissance de sa qualité de khalife et de lui demander la remise entre ses mains de l'émir Abou-l-Hasan. Doubais dit : « Quanta l'hommage à rendre au khalife, je m'empresse d'obéir à l'ordre de l'Emir des Croyants — et il prononça le serment d'hommage, — mais pour ce qu'il est de vous livrer mon client, non, par Dieu ! je ne vous le livrerai pas, lui qui est mon client et mon hôte, quand je devrais périr en le défendant, à moins qu'il n'y consente lui-même. » L'émir Abou-l-Hasan refusa de se rendre auprès de son frère en compagnie du grand syndic. Celui-ci partit donc seul. Par la suite, Moustarchid s'empara de lui et lui imposa dans une de ses maisons une réclusion qui n'avait rien de dur.
Il se produisit entre le khalife Moustarchid et entre le sultan Massoud[115] une brouille. L'affaire devint sérieuse et aboutit à la guerre. Le khalife Moustarchid se mit en campagne, menant avec lui l’armée et les grands dignitaires de l'empire. Massoud de son côté, se prépara à les recevoir. Lorsqu'ils se rencontrèrent et que le combat s'engagea, l'armée du khalife Moustarchid fut rompue et la victoire se déclara pour le sultan Massoud. Ses soldats enlevèrent à l'armée du khalife de grandes richesses. On raconte que les caisses qui contenaient l'argent étaient portées par 170 mulets. La somme se montait à 4 millions de dinars. Cinq cents chameaux portaient les bagages et le khalife avait avec soi 10.000 turbans et 10.000 djoubba[116] et 10.000 robes, le tout en étoiles magnifiques. Il les avait ainsi disposés à l'avance pour en faire des dons d'honneur, au cas où il serait vainqueur.
On dit que le total de ce qui fut pillé se monta à 50 millions de dinars. Massoud défendit l'effusion du sang. Il fit arrêter les partisans du khalife et les transporta dans la citadelle de Hilla. Pour ce qui est du khalife, il lui assigna une tente pour habitation et lui donna tout un personnel de domestiques et de gardes. Puis Massoud, et le khalife avec lui, se mit en marche pour Marâgha. Une lettre du sultan Sandjar parvint à Massoud, lui ordonnant de bien traiter le khalife et de le faire retourner à Bagdad, chargé de dignités et d'honneurs, et de remettre sa situation dans son état primitif et de lui rendre ses richesses, et de lui constituer une suite, un train et des richesses plus grandes et plus belles que celles qu'il avait perdues, et de le ramener à Bagdad avec la plus grande pompe possible, Massoud se conforma à tout cela et lui donna en fait d'équipages, de richesses, de tentes et d'argent produit des impôts, de belles choses. Puis il résolut de s'en retourner à Bagdad. Mais Massoud et ses soldats ayant eu un moment d'inattention, une troupe de Bathéniens se jeta sur Moustarchid. Ils le frappèrent de leurs couteaux alors qu'il était dans sa tente. Ce fait se produisit dans un village distant de Marâgha d'un parasange. Ils tuèrent avec lui un certain nombre de ses compagnons. Massoud, dès qu'il apprit cela, monta à cheval tout ému et laissant paraître un grand trouble. Il s'empara des auteurs de ce meurtre et les fit périr. Moustarchid fut ensuite transporté à Marâgha sur la tête des émirs et des oulémas. C'est à Marâgha qu'il fut enterré. Son tombeau s'y trouve encore aujourd'hui. Il y est bien connu. Il se trouve sous une belle coupole, que j'ai vue lorsque je vins à Marâgha en 697 (= 1297 de J.-C.).[117]
On fut divisé d'opinion, lors du meurtre de Moustarchid, au sujet de la cause de ce meurtre. Des gens dirent que Massoud n'en avait rien su et n'y avait pas donné son consentement, d'autres dirent que bien au contraire c'était lui qui avait conclu l'affaire avec les Bathéniens pour l'assassinat du khalife et qu'il le leur avait commandé parce qu'il craignait le khalife qui a eu assez de courage pour rassembler des troupes et traîner après soi des armées. Or, il ne pouvait pas le tuer publiquement. Les bons traitements dont il le combla, il les fit donc aux yeux de tous, puis, d'une manière cachée, il le fit périr. Il fit sortir ensuite des prisons une certaine quantité de criminels qu'il fit mettre à mort en donnant à croire aux gens que c'étaient là les meurtriers du khalife. Mais ces meurtriers, il les fit secrètement échapper. Cela se passait en l’an 529 (= 1134 de J.-C).
Parmi ses meilleurs vizirs on compte Abou 'Ali Hasan, fils d’Ali, fils de Sadaqa.[118] Il avait des talents, était habile à trouver des expédients, connaissait les règles du gouvernement et était honnête homme. Moustarchid l'éleva au vizirat en l'an 513 (=1119) et lui donna les surnoms de Djalal ad-Din, chef des vizirs (Sayyid al-ouzarâ), maître de l'Orient et de l'Occident, auxiliaire de l'Émir des Croyants. Il connaissait la comptabilité et savait surveiller la gestion de la province, mais on ne lui peut imputer rien qui marque de la générosité. Dans la suite, Moustarchid le fit arrêter et le dépouilla du vizirat. Ce ne fut pas par un effet de la volonté du khalife, ce fut la nécessité qui exigea qu'on s'assurât de sa personne.[119] En effet, le vizir du sultan s'acharnait contre lui. Mais, peu de temps après, cet obstacle cessa. Moustarchid le rappela[120] donc au vizirat et le fit revêtir des insignes de cette qualité, et il ordonna aux plus grands personnages de l'empire de le précéder à pied en courant lorsqu'il se rendait au diwan. Et c'est le premier vizir devant lequel les grands personnages de l'empire aient marché à pied. Ibn Sadaqa, le vizir, était un jour assis sur le siège du vizirat, lorsque Sadid ad-Daula, fils d'al-Anbâri,[121] rédacteur du protocole, se présenta à lui. Il avait dans sa manche des vers où il attaquait le vizir. Le papier étant tombé de sa manche, le vizir, étendant vite la main, s'en empara. Parmi les vers qui s'y trouvaient, on rencontre ceux-ci :
Tu es celui dont l'existence est une perversité dans ce monde de perversité.
Lorsque Sadîd ad-Daula vit ce papier entre les mains du vizir, sa crainte et sa confusion furent telles que ses forces l’abandonnèrent. Le vizir, ayant lu les vers, comprit la chose et détourna la satire de lui-même sur Sadîd ad-Daula, à qui il dit: « Je connais ces vers, parmi lesquels on trouve celui-ci :
« C'est par ignorance qu'on l'a surnommé Sadîd (droit) car il manque complètement de droiture (sadâd). »
Le vizir fit ce vers sur-le-champ. Sadid ad-Daula, fils d'Al-Anbâri, demeura tout honteux et ne répondit rien. Lorsque le sultan Sandjâr résolut de marcher sur Bagdad, il prodigua au khalife les menaces pour l'effrayer. Le vizir Ibn Sadaqa lui écrivit : « Par Allah, si tu te mets en mouvement, je te couperai entièrement les communications derrière toi. Si tu t'avances d'un parasange, j'avancerai vers toi de deux parasanges. » Dans les derniers temps de son administration, le vizir Ibn Sadaqa tomba malade. Moustarchid le vint visiter et lui dit ce vers :
Grâce à toi nous avons repoussé les malheurs, si bien que lorsqu'ils l'ont assailli, toi nous manquant, nous n'avons plus de moyen de les repousser de toi.
Et son état ne cessa d'empirer jusqu'à ce qu'il mourût en 522 (= 1128 de J.-C.).[122]
Ce vizir se nommait Abou l-Qasim 'Ali, fils de Tirâd, fils de Muhammad, administrateur principal de la grande mosquée, fils d'Abou-l-Kasim 'Ali, grand syndic des 'Alides, fils de Hasan, fils de Muhammad, fils d’Abd alWahhâb, fils de Soulaimân, fils d’Abd Allah, fils de Mohammed, fils d’Ibrahim l'imâm, fils de Mohammed, fils d’'Ali, fils d’Abd Allah, fils d’'Abbâs, mais ils sont connus sous le nom de Zainabites parce que leur mère fut Zainab, fille de Soulaimân, fils d’'Ali, fils d'Abd Allah, fils d'Abbas. Elle leur a donné son nom.
Le vizir Abou-l-Qasim était très versé dans les règles du vizirat et les principes du gouvernement; c'est lui qui ameuta la population pour la déposition du khalife Rachid, il fut l'agent le plus actif de cette déposition et s'employa énergiquement pour faire rendre à Mouttaqî l'hommage d’investiture au khalifat. Il s'était entendu pour cela avec le sultan Massoud et fut vizir de deux khalifes, Moustarchid et Mouktafî, et lorsque Moustarchid lui eût confié le vizirat et l'eût proclamé solennellement ministre, il lui dit : « Tous ceux qu'on a élevés au vizirat s'en sont trouvés honorés, mais toi, au contraire, tu honores le vizirat en en remplissant les fonctions. » On lui porta du palais du khalife un trône fort richement orné. Le khalife ordonna aux grands dignitaires de l'empire de marcher à pied devant le vizir lorsqu'il se rendrait au diwan. Les choses demeurèrent en cet état pendant peu de temps, puis Moustarchid le fit arrêter et le destitua du vizirat. Ensuite, il le rappela et lui fît une situation plus brillante que jamais.
Lorsque Moustarchid partit pour aller combattre Massoud, ainsi que nous l'avons exposé plus haut, le vizir Abou-l-Qasim partit avec lui.[123] Et lorsqu'il advint à Moustarchid ce qui lui advint, Abou-l-Qâsim fut en grande considération auprès du sultan Massoud. Celui-ci l'approcha de sa personne, augmenta son rang et ses dignités et l'emmena avec lui lorsqu'il marcha sur Bagdad. Ce vizir servit le sultan Massoud en procédant à la destitution de Rachid et à l'intronisation de Mouktafî avec un zèle dont le sultan Massoud lui fut reconnaissant et lui sut le plus grand gré. Le reste de l'histoire d’'Abou-l-Qasim viendra lorsque nous parlerons de son vizirat sous le règne de Mouktafî.
Ce vizir était généreux, beau de physique. Il fut vizir de Moustarchid billah, et sa conduite fut louée. Lorsque Moustarchid résolut de construire la muraille d'enceinte de Bagdad, il répartit sur la population une contribution de 25.000 dinars. Alors le vizir Abou Nasr s'en chargea et la p aya de ses deniers, à la place de la population. Son vizirat ne l'ut pas long, et il mourut en l’année 544 (1149).
C’était un des hommes supérieurs les plus distingués et les meilleurs de la population. Il fut investi du vizirat au service des sultans et des khalifes. Il demandait toujours à être dispensé du vizirat; on lui répondait favorablement, puis on le sollicitait pour cela, et il acceptait à contrecœur. C'est en son honneur qu'Ibn Al-Hariri[124] composa les Séances (maqâmâts) haririennes, et c'est à lui qu'il fit allusion au début de ses Séances, en disant : « Une personne dont le conseil est un ordre, et à la laquelle obéir est un bonheur inattendu, m'engagea à[125]... »
Al-Arradjâni,[126] le poète, demanda au vizir Anoûcharwân une tente, ayant résolu de faire un voyage. Anoûcharwân n'ayant pas de tente, lui lit tenir une grosse somme d'argent, en lui disant : « Achète une tente avec cet argent. » Al-Arradjâni dit alors à ce sujet :
Quel excellent homme qu'Ibn Khalid ! Il a ressuscité pour nous la générosité après sa disparition, je lui ai demandé une tente pour m'y abriter, et il m'a donné généreusement de quoi remplir une tente d'or.
Anoûcharwân, fils de Khalid, était très modeste, connu comme tel, se levant pour toute personne qui entrait chez lui. Aussi Ibn al-Habbâriyya, le poète, lança-t-il contre lui l’épigramme suivante :
Cette fameuse modestie dont tu te pares est une modestie d'ostentation, et c'est à cause d'elle qu'on t'accuse d'orgueil.
Tu ne bouges pas quand il s'agit de donner le cadeau à celui qui l'espérait, et tu te lèves pour lui : c'est là se lever contre les solliciteurs et non pour eux.
C'est à son sujet aussi que ce poète a dit, faisant allusion à son habitude de se lever fréquemment :
Je vis sa boisson eu train d'être mise dans de petites outres, entre les mains du domestique,
Et je me dis : « Il n'absorberait pas des drogues s'il n'était pas malade. »
Mais lui, cependant, n'en a guère besoin : il est tout le temps debout.
Il y avait, entre Anoûcharwân fils de Khalid et le vizir Az-Zainabî, une inimitié, une haine réciproque et une rivalité au sujet du vizirat. Le vizir Az-Zainabî ayant été destitué et Anoûcharwân étant arrivé au pouvoir,[127] les gens cherchèrent à se concilier ses bonnes grâces en dénigrant Az-Zainabi. Al-Hais Bais,[128] le poète, se présenta alors chez le vizir, et lui récita une qasîda, dont voici le commencement :
Je remercie mon sort dans mon cœur et par ma bouche, puisqu'il a remplacé un bienfaiteur par un bienfaiteur.
... faisant ainsi allusion à Anoûcharwân et à Az-Zainabî. Les gens admirèrent son procédé et y reconnurent la preuve de sa fidélité et de son indépendance.
Puis, Anoûcharwân, fils de Khalid, mourut, et Az-Zainabî fut rappelé au vizirat. Les gens cherchèrent alors à se concilier ses bonnes grâces en injuriant Anoûcharwân. Mais Al-Hais-Bais se présenta chez lui et lui récita :
Que ta vie soit conservée, et que ta sandale ne te fasse pas glisser ! Car j’ai perdu mon courage le jour de la perte d’Ibn Khalid.
Anoûcharwân mourut en l’année 532 (1137).[129]
[1] Le jeudi 28 chawwâl (= 3 novembre 932 de J.-C). Cf. les Prairies d'or, VIII, 287 et Dzahabî, Tarikh al-Islâm, ms. cité, f° 59 r°, qui donne le portrait de ce prince. Voyez aussi sa biographie dans Khalil ibn Aibak as-Safadî, Al-Wâfi bil-Wafayât, manuscrit de Paris, n°5860, f° 130 r° et v°. Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 180.
[2] Les historiens racontent même qu'il se promenait dans son palais une pique à la main ; il en frappait tous ceux qui le mécontentaient. Voy. par ex. les Prairies d'or, VIII, 289 ; Ibn al-Athir, op. cit., VIII, 208 et suiv.
[3] Dzahabî (loc. cit.) dit seulement cinquante mille, et ajoute (f° 102 r°) qu'on ne trouva, à la mort de cette princesse, que cent trente mille dinars.
[4] Dzahabî, loc. cit. : Ibn al-Athir, Chronicon. VIII, 208, d'où ce récit a été certainement extrait.
[5] Voy. notamment les Prairies d’or, VIII, 287, et Dzahabî, ms. cité, f° 103 r°".
[6] Tout ce passage se trouve presque mot pour mot chez Dzahabî, Tarikh al-Islâm, ms. cité, f° 104 r°. Cet auteur cite Massoudi à ce sujet, et comme le passage ne se trouve pas dans les Prairies d’or, il faut croire que Dzahabî l'a copié dans l'Histoire moyenne (al-asat) de Massoudi, où Ibn at-Tiqtaqâ aurait également puisé.
[7] Cette mosquée a été construite par le khalife Mansour dans la ville qu'il fonda, adînat Mal-Mansour, et à côté de son propre palais. Qasr adz-dzahab (le Palais de l'or). Elle aurait eu, au début. 200 coudées de chaque côté. Haroun er-Rachid la fit démolir puis reconstruire avec des briques cuites au feu, en l'an 192 ou 193. Devenue étroite pour contenir tous les fidèles, elle fut de nouveau démolie et agrandie en 280, sous le règne de Mou'tadid. Cf. Al-Khâtib al-Baghdadi, Introduction topographique à l'histoire de Bagdad, éd. Salmon. p. 145 et suiv. M. Guy Le Strange (Baghdâd during the abasid Caliphate, Oxford, 1900, in-8°) pense que des fouilles effectuées à l'emplacement de cette mosquée mettraient à jour tout ou partie de cet édifice. Au quatorzième siècle. Ibn Batouta, Voyages, trad. Defrémery et Sanguinetti, II. pp. 107, 109 et 111) a vu cette mosquée encore debout ainsi que sept autres, réparties sur les deux rives du Tigre. Al-Khâtib al-Baghdadi (op. cit.. p. 146) fait mention d’une inscription placée à l'extérieur, au-dessus de la porte de la mosquée, dite porte du Khorasan et portant le nom du khalife Haroun er-Rachid, l'ordre qu'il avait donné relativement à la construction de cette mosquée, le nom de l'architecte, du charpentier et la date.
[8] Il s'appelait Abou 'Abd Allah, fils d'Abou Moussa al-Hâchimî. Cf. Dzahabî, ms. cit., f° 104 r°.
[9] Ou mille. Dzahabî, loc. cit.
[10] C'est un des règnes qu'Ibn al-Tiqtaqâ a, pour ainsi dire escamotés. Il y a eu assez d'événements méritant d'être relatés, mais il méprise ces petits khalifes 'Abbasides et n'en fait mention que pour ne pas sauter un chaînon de cette dynastie. Voy. d'intéressants détails sur ce règne dans Dzahabî, ms. cité, f° 101 v° à 104 r° et Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 180 et suiv.
[11] Qâhir mourut en Djoumada I 339 (= 949 de J.-C), âgé de 58 ans. Cf. Dzahabî, manuscrit cité, f° 104 r°, l. 9 et 185 r° et v°.
[12] Voy. aussi, sur les débuts de cette dynastie, un passage de Dzahabî, Tarikh al-Islâm, manuscrit cité, f° 102 r° et v°.
[13] Je ne trouve pas de renseignements sur ce personnage. Ibn al-Athir (Chronicon, VIII, p. 197) le nomme seulement une fois et lui fait tenir le même récit qu'ici. Il est probable qu’Ibn at-Tiqtaqâ lui a emprunté tout ce passage.
[14] C'est l'aîné des trois fils de Bouwaih. Il est regardé comme le véritable fondateur de cette dynastie. Il mourut, âgé de 57 ou 58 ans, en 338 ou 339, à Chiraz, après un règne de 10 ans environ. Cf. Ibn Khallikan, op. cit., notice 491, et Dzahabî, Tarikh al-Islâm, ms. cité, f° 182 verso et aussi 163 recto, l. 1. Cet auteur le fait mourir en 338 (= 949). Cf. Stanley Lane-Poole, The Mohammadan Dynasties, p. 141.
[15] La biographie de ce prince est donnée par Ibn Khallikan, Wafayât, éd. Wüstenfeld, notice 175. Il mourut en 366, à Rey, âgé de 82 ans environ et après un règne de 44 ans. Cf. Dzahabî, Tarikh al-Islâm, ms. cité, f° 311 r°. Cf. Stanley Lane-Poole, Ibid.
[16] Il était surnommé Al-Aqta' le Manchot), ayant perdu sa main gauche et une partie des doigts de la main droite dans une bataille contre les Kurdes de la province de Kerman. Il mourut, âgé d'environ 53 ans, en l'année 356 (= 966). Il était le plus jeune des trois fières. Cf. Ibn Khallikan, Wafayât, notice 71. Dzahabî, Tarikh al-Islâm, manuscrit cité, f° 272 v°-273 r° ; Stanley Lane-Poole, Ibid.
[17] Quatre localités portent ce nom. Celle dont il s'agit ici est une ville située à moitié chemin d'Hamadhan et d'Ispahan. Elle comprenait plusieurs quartiers et ses campagnes étaient riches en blé et en troupeaux. Elle s'étendait sur une longueur de près d'un parasange. Cf. Barbier de Meynard, Dictionnaire géographique de la Perse, pp. 478-479.
[18] Prince de Djourdjân de la dynastie des Ziârides, qui régna de 316; (= 928) à 323 (= 935). Cf. Stanley Lane-Poole, The Mohammadan Dynasties, 137 ; les Prairies d’or, IX, 15-29 et 85 ; Ibn Khallikan, Wafayât, notice 550, p. 49; Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, p. 199.
[19] Cf. Ibn, Tarikh al-Islâm, manuscrit cité, f° 104 r°, l. 20 et suiv.
[20] Ce prince régna de 416 (= 1025) à 430 (= 1043). Cf. Stanley Lane-Poole, The Mohammadan Dynasties, p. 141 ; Ibn al-Athir. Chronicon. IX, p. 353 et suiv.
[21] C'est le sultan bomvaihide du Fars, connu sous le nom d’Al-Marzoubân. Monté sur le trône vers 415 (= 1024), il réunit à son empire celui de 'Izz ad-Daula, fils de Djalal ad-Daula susnommé, en l'année 435 (= 1043), ainsi que cela est raconté en détails par Ibn al-Athir, Chronicon. IX. 352 et suiv.
[22] On n'est pas d'accord sur le nom de ce khalife. Les uns l'appellent Ahmad, les autres Muhammad. Je crois qu'il y a plus de présomption en faveur du premier, parce que le surnom patronymique (kounya). Abou-l' Abbâs accompagne généralement le nom Ahmad. Toutefois cela n’est pas une régie absolue. Voy. la biographie de ce khalife dans Dzahabî, manuscrit cité, f° 147, r°-v°, et dans Khalil ibn Aibak as Safadî, Al-Wâfi bil-Wafayât, ms. de Paris, n° 5860, f° 216 v°.
[23] Cf. Dzahabî, manuscrit cité, f° 110 r°.
[24] Ceci est raconté aussi p ar Dzahabî, Tarikh al-Islâm, manuscrit cité, f. 102 r° in fine et Ibn al-Athir, Chronicon, VIII. p. 213.
[25] Voy. ci-dessus, et Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, p. 204.
[26] Cette dynastie occupa le pouvoir de l'année 317 (=929 de J.-C), jusqu'à l’année 394 (= 1003 de J.-C.). Cf. Stanley Lane-Poole, The Mohammadan Dynasties, pp. 111-113. Voy. aussi les Prairies d’or, VIII, 346-350 et passim.
[27] Ce prince est plus connu sous le nom d'Abou Bakr Muhammad al-Ikhchîdz, le fondateur de la dynastie Ikhchidzite. Il demeura au pouvoir de 323 (= 935 de J.-C.) à 334 (= 946 de J.-C.). Voy. sa biographie dans Ibn Khallikan, Wafayât, notice 700; Dzahabî, Tarikh al-Islâm, manuscrit cité, f° 174 r°. Cet auteur fait commencer son règne en Egypte depuis 321 selon une version que rapporte également Ibn Khallikan, loc. laud. — Voy. aussi Dzahabî, ms. cité, f° 161 r°. Cf. 21 et suiv. — Dans le texte arabe, lis Toughdj.
[28] Il s'agit ici d'Abd er-Rahman III, surnommé al-Khalifa an-Nasir et qui régna de 300 (= 912) à 350 (= 961). Cf. Stanley Lane-Poole, The Mohammadan Dynasties. p. 398.
[29] C'est Nasr II, fils d'Ahmad, fils d’Ismâ’îl, qui régna de 301 (= 913) à 331 (= 942). Cf. Stanley Lane-Poole, op. cit., p. 132; Ibn al-Athir, op. cit., VIII, 154-156, 291-294.
[30] C'est à la suite d’une intrigue des chefs de l’armée qu’Ibn Mouqla tomba du pouvoir. Voy. Dzahabî, Tarikh al-Islâm, ms. cité, f° 106 v° in fine et 107r° ; Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, p. 258 et sq.
[31] Voy. Dzahabî, Tarikh al-Islâm, loc. laud., où les diverses phases de cette intrigue sont racontées avec quelques détails. Sur le vizir lui-même, voyez une notice intéressante dans Khalil ibn Aibak as Safadî, Al-Wâfi bil-Wafayât, manuscrit de Paris, n° 2066, f° 157, r° et v°; Ibn al-Athir. op. cit., VIII. pp. 211, 231.
[32] L'arrestation de ce vizir eut lieu en Radjab 324 (= 935). Il avait eu une administration financière déplorable. Cf. Dzahabî, Tarikh al-Islâm ms. cité. 1°, 107 r° in fine. Ibn Al-Athir, Chronicon, VIII, 235.
[33] Ce vizir, en prenant possession du pouvoir, mit à la torture son prédécesseur, 'Abd er-Rahman, et son frère 'Ali, qui ne recouvrèrent la liberté qu’après avoir payé chacun 70.000 dinars Cf. Dzahabî, ms. cité. f° 107 r° ; Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 235.
[34] En Chawwâl 324 (= 935 de J.-C.). Cf. Dzahabî, ms. cité, f° 107 v°, l. 5 ; Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 240.
[35] Ce grand émir. Emir al-Oumarâ, dont le nom est Abou Bakr Muhammad, était devenu tout-puissant à Bagdad, où l'autorité des khalifes était tout illusoire. Sous le khalifat de Radi. Il fut le véritable maître de l'empire. Voy. notamment l'excellente notice d’Ibn Khallikan, Wafayât, éd. Wüstenfeld, notice 498 (et aussi 708 ; trad. de Slane, III, 267-271 ; Ibn al-Athir, Chronicon, VIII. Index, pp. 545-546 ; Massoudi, Prairies d’or, VIII, 207-208 ; IX, 26-27 ; 31-33; Defrémery, Mémoire sur les émirs al-oméra, dans les Mémoires présentés par divers savants à l'Acad. des Inscript. et B. L., II, 114, 115; 124, 131, 163: G. Weil, Gesch. der Chalifen, II, 663-665 et passim.
[36] Voy. le mémoire de Defrémery cité à la note précédente.
[37] Il faut lire le mot émir au nominatif, comme apposition. Le fatha donné par l'édition se trouve dans le manuscrit, mais il est injustifiable.
[38] Le même récit est donné par Dzahabî, manuscrit cité, f° 107 v°.
[39] Ce vizirat d’Ibn al-Fourât date de 325 (= 936). Cf. Dzahabî, manuscrit cité, f° 108 r°, in fine. Ibn al-Fourât mourut en 327 (= 938). Dzahabî, op. laud., f° 136 verso.
[40] L’édition et le manuscrit portent Abou-l-Hasan fils de Thâbit, mais il faut supprimer le mot fils de. Thâbit est en effet le nom même du fameux médecin et annaliste, comme son grand-père Thâbit, fils de Qourra, et mourut en 365 =973. Cf. Brockelmann, Geschichte der arabischen Litteratur. I, 324; Ibn al-Qitti, Tarikh al-houkamâ, éd. Lippert, pp. 109-111; Ibn Khallikan, Wafayât, éd. Wüstenfeld, notice 128; trad. de Slane, I, 289-290; Docteur L. Leclerc, Histoire de la médecine arabe, I. p. 368; Hammer-Purgstall, Litteraturgeschichte der Araber, IV, p. 352 ; V. pp. 513-514 ; Massoudi. Prairies d’or, III, 443; IV, 55 ; Ibn al-Athir, Chronicon. V'III, p. 476; Hartwig Derenbourg, Un passage tronqué du Fakhrî, dans Orientalische Studien Theodor Nöldeke zuni siebzigsten Geburslag, I, p. 195 p. 2 du tirage à part, note 2. Il faut corriger dans celle dernière note 363 date supposée de la mort de Thâbit, fils de Sinan, en 365, conformément au texte d'Ibn al-Athir, loc. laud.
[41] La biographie de ce traditionniste est donnée par le manuscrit de Paris, n° 2134, f° 69 v°, Tarikh Bagdad, Histoire de Bagdad., par Mouhibb ad-Dîn ibn an-Naddjâr. Ce manuscrit a été attribué à tort à Al-Khatib al-Baghdâdi, ainsi que je crois lavoir démontré dans le Journal asiatique de Paris, numéro de mars-avril 1908, pp. 287-242. Cf. Brockelmann, Gesch. der arab. Litt., I, 829 et 860. Voy. aussi l'Introduction topographique à l'Histoire de Baghdâd, par G. Salmon, Paris, 1901.
[42] Cet intitulé ne se trouve pas dans l'édition, ni dans le manuscrit. Il doit être ajouté, car le récit qui suit ne se rapporte pas à Ibn al-Fourât, mais à son successeur, Al-Baridî. Cf. Massoudi, les Prairies d’or, VIII, 309 ; le Livre de l'Avertissement, 494 ; voy. aussi Dzahabî, manuscrit cité, f. 110 recto, l. 16. D'après ce passage, le nom du vizir serait Abou 'Abd Allah Ahmad fils de Muhammad al-Baridi, contrairement aux Prairies d’or, où il est nommé Abou 'Abd er-Rahman, fils de Muhammad. Le texte de Dzahabî est confirmé par 'Arîb, Tabari continuatus, éd. M. J. de Goeje, p. 138. Cf. Ibn Taghri-Bardi, Annales, II, pp. 285 ; Ch. Defrémery, Mémoire sur les émirs el-oméra, p. 147-149; Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, p. 266 ; H. Derenbourg, Un passage tronqué, etc., p. 196.
[43] Plus exactement, c'est Badjkam qui destitua ce vizir. Cf. Dzahabî, manuscrit cité, f° 110 recto, ligne 26 et suiv. La destitution de l'ancien ministre et la nomination de son successeur eurent lieu en l'année 328 (= 989 de J.-C). Dzahabî, loc. laud. ; Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, p. 271.
[44] Il avait en ce moment 31 ans. Cf. Dzahabî, manuscrit cité, f° 110 v° et suiv., où l'on trouve d'intéressants détails sur le règne de ce prince.
[45] Voy. les Prairies d’or, VIII, 346 et suiv., Toûzoûn mourut en 334 (= 945) à Hit. Cf. Dzahabî, ms. cité, 160 v° ; Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 296-299 et index, p. 196.
[46] C’est une petite bourgade située près de Nahr 'Isa ; voy. la note ci-après, vis-à-vis de Tibq. dans le district de Bâdoûrya. Cf. Massoudi. Prairies d’or, VIII, 377; Dzahabî, Tarikh al-Islâm. ms. cité, f° 159 v°, l. 19; Yakout, Mou’djam, s. v.
[47] Le canal qui porte ce nom limitait la vieille Bagdad Madinat al-Mansour, au sud. Il formait l'extrême limite du quartier de Karkh. Cf. G. Salmon, l'Introduction topographique à l'Histoire de Bagdad, p. 48, et figure 1, p. 37. Guy Le Strange, Bagdad during the abbasid Caliphate, apud Salmon.
[48] Le samedi 3 Safar 333 (= 944 de J.-C). Cf. les Prairies d’or, VIII, 344; Dzahabî, ms. cité, f° 159 verso.
[49] Cf. Massoudi, Prairies d’or, VIII, 345 ; Dzahabî, manuscrit cité, f° 114, r°, l. 1. Cet auteur ajoute qu'Ibn Makhlad n’avait du vizir que le titre, car toutes les prérogatives en étaient exercées par Al-Koûfî, le secrétaire de Badjkam. Cf. Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, p. 275 et suiv.
[50] D'après Ibn al-Athir, Chronicon (passages cités à la note suivante) donne Abou-l-Housain, comme surnom patronymique (kounya) du vizir Ahmad, fils de Muhammad, fils de Maïmoun. Massoudi, au contraire, lui donne, comme kounya. Abou-l-Hasan, qui n’est peut-être qu'une forme fautive, pour Abou-l-Housain, d’Ibn al-Athir.
[51] Il était secrétaire particulier de Mouttaqi, avant son avènement au trône. Cf. Massoudi, Prairies d’or, loc. laud., et Dzahabî, manuscrit cité, ibid. La destitution de l'ancien vizir et la nomination de son successeur eurent lieu en l'année 329 (= 940 de J.-C). Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 278-279.
[52] Dzahabî, manuscrit cité. f. 111 r° l. 11. D'après cet auteur, c’est Al-Baridî qui sollicita le vizirat, que le khalife, vu sa popularité, n'osa pas lui refuser.
[53] Dzahabî, manuscrit cité, f. 111 recto l. 12-13: Ibn al-Athir, op. cit., VIII. p. 279.
[54] Dzahabî, manuscrit cité, f° 111 r°, l. 14) et Massoudi (Prairies d’or, VIII, 345) donnent fils « d’Ahmad » au lieu d’« Ibrahim ». De même Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 282 et passim.
[55] Quarante-trois jours exactement. Cf. Dzahabî, manuscrit cité, loc. laud. ; Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 282.
[56] Cinquante-trois jours. Voy. Dzahabî, manuscrit cité, loc. laud. Ce vizir se nommait Abou Djafar Muhammad, fils de Qasim al-Karkhi. Cf. Ibn al-Athir, Chronicon. VIII, p. 282.
[57] L'édition porte deuxième, contrairement au manuscrit, dont la leçon a été adoptée, avec raison, par M. Ahhvardt. Cf. d'ailleurs Hartwig Derenbourg, Un passage tronqué du Fakhrî, dans Mélanges Noldeke, I, p. 195.
[58] Sur ce fameux auteur, dont le nom entier est : Abou-l-Faradj 'Ali, fils de Housain, fils de Muhammad, fils d'Ahmad al-Qourachi al-Isfahânî né en 284 = 897 ; mort en 356 = 967, voy. Brockelmann, Geschichte der arab. Litt., I, 146 ; Cl. Huart, Histoire de la Litt. arabe, p. 184 ; de Hammer Purgstall, Litt. Gesch. der Araber, V, 549.
[59] On connaît l’importance de cet ouvrage, capital pour l'histoire des Arabes païens et des trois premiers siècles de l'Hégire. L'auteur, sous prétexte de donner des fragments des cent chants dont Haroun er-Rachid confia le choix à trois de ses meilleurs musiciens, a réuni une foule de renseignements sur les poètes, leurs œuvres, avec des fragments de celles-ci et l'indication des circonstances où ces poésies ont été dites. Le récit est, d'autre part, animé par des anecdotes, des traits de caractères, des vers cités à propos. On sait tout le parti que Caussin de Perceval a tiré de cet ouvrage pour son Essai sur l'histoire des Arabes avant l’Islam à une époque où le Kitab al-aghâni était encore en manuscrit. Aujourd'hui, grâce aux excellentes tables dressées par M. I. Guidi en collaboration avec d'autres savants orientalistes, l'ouvrage est facilement utilisable. Voy. Hartwig Derenbourg, Revue critique, 14 octobre 1895, p. 222.
[60] Entre les mots : armée et jeudi, il y a un calembour intraduisible en français.
[61] Autre calembour entre s'appuyer et soutien.
[62] Calembour entre manteau et retirent.
[63] Le calembour entre les trois mots de ce dernier hémistiche est intraduisible. L'auteur veut dire que l'arrivée d'Al-Baridi au vizirat est un événement extraordinaire, capable de dénouer l'aiguillette.
L'arrivée d'Al-Baridi au vizirat est indiquée ici par les mots « l'action de nouer l'étendard ». On sait, en effet, que l'investiture de fonctions publiques, surtout militaires, avait lieu, dès les débuts de l'islamisme, au moyen d'une bande d'étoffe que le chef suprême nouait lui-même au bout de la lance du nouvel émir. Les exemples de ce genre sont très nombreux dans les textes arabes historiques, surtout ceux qui se rapportent au temps de Mahomet et des premiers khalifes. J'ajoute un dernier mot sur « dénouer l'aiguillette » : c'est une croyance très répandue chez les Musulmans. Les jurisconsultes, les praticiens ont même envisagé, pour le défendre, le salariat appliqué à celui qui se charge de dénouer l'aiguillette » Cf. Muhammad al-Bachir at-Touâtî, Madjmou' al-ifâda fi 'ilm ach-chahâda, Tunis, 1293, p. 70, ligne 2.
[64] Dzahabî, Tarikh al-Islâm, manuscrit cité, f° 157 v° in fine, dit que pendant toute cette période (331 et suiv.), Mouttaqî prit comme vizir dix hommes sans aucune valeur, qui ne jouissaient d’ailleurs d'aucune espèce d'autorité. Tel cet Abou-l-'Abbas (dont il est question au texte, qui avait comme escorte d'honneur deux hommes en tout. Voy. aussi une simple mention dans Massoudi (Prairies d’or, VIII, 345), qui donne Abdallah comme nom du père de ce vizir. De même, Ibn al-Athir. Chronicon, VIII, 297, 302.
[65] Il se cacha même avec son vizir Ibn Chîrzâd, et ne sortit de sa retraite que dans la suite. Cf. Dzahabî, Tarikh al-Islâm, ms. cité, f° 160 recto ; Ibn al-Athir, (Chronicon, VIII, p. 337 et suiv.) auquel notre auteur semble avoir emprunté son récit.
[66] En l'année 334 (= 916), après un règne d'un an, quatre mois et deux jours. Cf. Dzahabî, Tarikh al-Islâm, ms. cité, f° 160 verso.
[67] Cf. Dzahabî, ms. cité, f° 182 v. Il avait alors 46 ans. Ibid. Le récit ci-dessus paraît emprunté textuellement à Ibn al-Athir, Chronicon, VIII p. 237 et suiv.
[68] C'est ce vizir que l'édition d'Ibn al-Athir, VIII, p. 315 nomme, as-Sâri, qui est une faute évidente, pour as-Sâmarri. Mais voy. Massoudi, Prairies d’or, VIII, p. 378.
[69] Même pendant son court vizirat, l'autorité appartenait en réalité à Ibn Chirzâd. Cf. Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, p. 315.
[70] Par ordre de Toûzoûn, qui lui extorqua trois cent mille dinars. Ce vizir demeura quarante jours au pouvoir. Cf. Dzahabî, ms. cité, f° 159 v°.
[71] L'auteur, après avoir rappelé plus haut qu'As-Sâmarri fut le premier vizir de Moustakfi, n'indique pas quels furent les autres. Il est probable qu’Ibn at-Tiqtaqâ qui suivait pas à pas l'ouvrage de Souli, sur les vizirs, s'était trouvé sans ressources bibliographiques à partir du règne de Moustakfi, Souli étant mort en 335 (946). C'est seulement à partir du règne de Qâ’im biamr Allah qu’il a repris son récit détaillé sur les vizirs, ayant ressaisi d'autres documents. Cf. H. Derenbourg, Introd. à l'édit. arabe, p. 24. — D'après Dzahabî, manuscrit cité, f° 159 verso, in fine, Moustakfi eut pour vizir, après As-Sâmarrî, Abou Djafar ibn Chirzâd, qui lui fut désigné par Toûzoûn, dont il était le secrétaire. Massoudi (Prairies d’or), qui suivait également le récit de Souli sur les vizirs, est muet sur cette période.
[72] C'est un des règnes qu’Ibn at-Tiqtaqâ a, pour ainsi dire, escamotés. Six lignes de texte arabe pour un souverain qui a régné environ trente ans, c'est vraiment trop peu. Quant aux vizirs que l'auteur se plaisait à présenter longuement au lecteur, il n'en parle pas du tout. Nous en avons dit la raison plus haut.
[73] Dzahabî (ms. cité, f° 158 verso-159 verso) donne une intéressante notice sur Djannâbi et sur les chefs Qarmates en général.
[74] Ceci est raconté textuellement par Dzahabî, ms. cité, f° 242 recto et verso. La biographie de Sébuktéguin est donnée au folio 305. Ce chambellan mourut en 364 (974 de J.-C.), la même année que le khalife. Sa biographie est aussi donnée par Khalil ibn Aibak as-Safadî, Al-Wâfi bil-Wafayât, manuscrit de Paris, n° 2064, f° 145 recto.
[75] En dehors des événements qui se passèrent sous le règne de ce prince, et qui occupent environ 150 folios du ms., Dzahabî donne la biographie de ce prince au folio 306 recto du ms. cité. Le khalife mourut à Wâsit, au mois de Mouharram de l’année 364. Cf. Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 333 ; Massoudi, Prairies d’or. IX, p. 1 et suiv.
[76] Ces événements sont racontés par Dzahabî, manuscrit cité, dans les folios 245 verso et suiv.
[77] Le 19 Chaban de cette année (= 1er novembre 991). Dzahabî, manuscrit cité, f° 248 r°.
[78] Littéralement: « un des meilleurs parmi leurs khalifes ». Le chi'itisme de l'auteur se montre toujours intransigeant.
[79] Al-Khâtib Al-Baghdadi, Le Prédicateur de Bagdad dans son Histoire de cette ville, manuscrit de Paris, n° 2129, f° 85 r°, donne une intéressante notice sur ce khalife, dont il était le contemporain.
[80] L'histoire des Seldjouqides de Perse (en langue persane) vient d'être publiée, avec une introduction allemande, par M. Karl Süssheim, Das Geschenk aus der Saldschukengeschichte, Leide, 1909 et Le Caire, 1326. Voy. dans le J. A. P., septembre-octobre 1909, p. 343, une appréciation de cet ouvrage par M. Cl. Huart. On peut consulter toujours avec fruit le travail, déjà ancien, de Ch. Defrémery (Histoire des Seldjoukides), paru dans le Journal asiatique de Paris, 1847-1848.
[81] Tout ce récit est presque textuellement emprunté à Ibn al-Athir, Chronicon. VIII, p. 321 et sq.
[82] L'édition n'a pas relevé ce mot dans l'index des noms des lieux. Il faut dire qu'à la vérité la confusion avec le nom commun djound (armée) est facile, je n'aurais pas soupçonné qu'il s'agissait ici d'un nom de lieu sans le texte d'Ibn al-Athir (Chronicon, IX, p. 322), auquel notre auteur a presque textuellement emprunté son récit.
[83] Le premier grand sultan Seldjouqide, qui régna de 429 (= 1037) à 455 (= 1063). Cf. Stanley Lane-Poole, The Mohammadan Dynasties, p. 153; Ibn al-Athir, Chronicon, IX, p. 322 et suiv. Voy. aussi la notice substantielle d'Ibn Khallikan, Wafayât, éd. Wüstenfeld, notice n° 701.
[84] Sur le rôle joué par ce grand feudataire, voy. Ibn al-Athir, Chronicon, IX, 380 et suiv. et Index, p. 175. Nombreuses références dans Sacy, Chrestomathie arabe, I. pp. 234, note 13, et 326.
[85] La biographie de ce vizir est donnée par Khalil ibn Aibak as-Safadî, Al-Wâfi bil-Wafayât, manuscrit de Paris, n° 5860, f° 39 recto, et par Ibn Khallikan, Wafayât, éd. Wüstenfeld, notice 711. Ibn al-Athir, Chronicon, X. pp. 11, 39-41 et Index, p. 479.
[86] Sur ce quartier de Bagdad, où habitaient surtout les chi’ites, voy. ci-dessus.
[87] Cet Ibn Marvân est celui qui est plus connu sous le nom de Nasr ad-Daula ibn Marvân et dont le nom est Ahmad, le troisième prince de cette petite dynastie des Marvânides, qui régna sur le Diyâr-Bakr pendant le onzième siècle. Ahmad régna de 402 (= 1011) à 453 (= 1061). Cf. Stanley Lane-Poole, The Mohammadan Dynasties, p. 118 ; Ibn al-Athir, Chronicon, IX, p. 244 et suiv.
[88] Ce vizir est trop connu pour qu'il soit besoin de donner ici sa biographie. C'est lui qui fonda à Bagdad la fameuse université qui porte son nom, la Nizâmiyija. Cf. Wüstenfeld, Die Academien der Araber, pp. 29 et sq. ; Ibn Khallikan, Wafayât, éd. Wüstenfeld, notice 178; Hammer-Purgstall, VI, 121.
[89] Il s'agit ici du poète qui est beaucoup plus connu par son sobriquet Sourr-Dourr (groupe de perles) et dont le nom véritable est Abou Mansour 'Ali, fils de Hasan, fils de Fadl, mort dans le Khorasan, en 465 (= 1073). Cf. Ibn Khallikan, Wafayât, éd. Wüstenfeld, notices 485 et 672; Brockelmann, Geschichte der arabischen Litteratur, I, pp. 251-252 ; Hammer-Purgstall, Litteraturgeschichte der Araber, VI, 797. Sur l'origine de son sobriquet, voy. Ibn Khallikan, loc. cit.
[90] La poésie, dont ces deux vers sont extraits, est donnée par Ibn Khallikan, loc. cit.
[91] Cf. Ibn Khallikan, loc. cit. ; Ibn al-Athir, Chronicon, X. p. 161. Il mourut à Mossoul, ibidem.
[92] Son grand-père, Abou-l-Faradj Ahmad était également notaire. Il mourut en l'année 315 de l'Hégire (=927 de J.-C.). Cf. Ibn al-Athir, Chronicon, IX. p. 240.
[93] Coran, III, 25.
[94] C'est le quartier chi’ite de Bagdad, dont il a été plusieurs fois question dans ce livre. Sous le vizirat de Raïs ar-Rou'asâ, il y eut une émeute dans ce quartier, où la populace se laissa aller aux plus graves excès contre les chi’ites. Voy. l'intéressant récit que donne de ces événements Ibn al-Athir, Chronicon IX, p. 394 et suiv.
[95] Au camp d'al-Baçâciri. Ibn al-Athir, op. cit., IX, p. 443.
[96] Cette porte est une des trois qui donnent entrée aux quartiers de la rive gauche de Bagdad. Les autres portes étaient : Bâb ach-Chammâsiyya et Bâb-Barâdân. Cf. Al-Khatib al-Baghdadi, Introduction topographique à l'histoire de Bagdad, éd. et trad. Salmon. Index.
[97] Sur ce grand sultan seldjouqide, le troisième de cette dynastie, et qui régna de 465 (= 1072) à 485 (= 1092), cf. Stanley Lane-Poole, The Mohammadan Dynasties, p. 153. Contrairement au Fakhrî, Lane-Poole donne à ce souverain le surnom honorifique de Djalal ad-Din, au lieu de Djalal ad-Daula. La leçon du Fakhrî est confirmée par Ibn Khallikan, Wafayât, éd. Wüstenfeld, notice 750, où l'on trouve une intéressante biographie de ce prince. Ibn al-Athir, t. X, passim.
[98] Sur cette princesse et les événements auxquels elle a été mêlée, voyez notamment Ibn al-Athir, Chronicon, X, pp. 145 et suiv. ; 152, etc. C'est la même qui est appelée dans d'autres passages Tourkân Khatoun.
[99] Il succéda à son père comme grand sultan Seldjouqide, et régna de 485 (= 1092) à 487 (1094). Cf. Stanley Lane Poole, The Mohammadan Dynasties, p. 153. Ne pas confondre ce sultan avec celui du même nom, qui était son neveu (Mahmoud fils de Muhammad, fils de Malak-Chah et qui occupa aussi le sultanat à Bagdad, de l'année 512 (= 1118) à l’année 525 (= 1131), sous le règne de Moustazhir billah. Ibn at-Tiqtaqâ ne parle pas de ce sultan, mais voy. Stanley Lane-Poole, op. cit., p. 151, et Ibn Khallikan, op. cit., notice 724.
[100] Le chérif Abou Ya' là Muhammad, connu sous le nom d'Ibn al-Habbâriyya, était un hachémite, descendant d'Ibn 'Abbas. Il vivait avec d'autres poètes à la cour du grand vizir des Seldjouqides, le très célèbre Nizam al-Moulk, qui avait pour lui une estime toute particulière. Il excellait dans la poésie légère, humoristique et dans la satire. Il mourut vers 504 (=1100) à Kirmân. Voy. la bibliographie dans Brockelmann, Gesch. der arab. Litt., I, 252-253 ; Cl. Huart, Hist. de la Litt. arabe, 107-109 ; de Hammer-Purgstall, Litteraturgesch. der Araber, VI, 832. Voy. aussi une intéressante notice sur ce poète dans le manuscrit arabe de Paris, n° 5860, n° 42 r° 43 r° (Al-Wâfi bil-Wafayât, par Khalil ibn Aibak as-Safadî.
[101] Safiyya est le nom de sa femme, la fille de Nizâm al-Moulk. Toutefois, Ibn Khallikan (Wafayât. éd. Wüstenfeld, notice 711, p. 56), qui rapporte ce vers avec un autre, dit que la fille de Nizâm al-Moulk se nommait Zoubeïda. Voyez encore sur ce vizir les nombreux passages d'Ibn al-Athir, Chronicon, index, p. 462, et le manuscrit arabe de Paris, n° 586, folio 39 verso (Al-Wâfi bil-Wafayât, par Khallil ibn Aibak as-Safadî).
[102] Le terme arabe est beaucoup moins discret.
[103] La biographie de ce vizir est donnée par Ibn Khallikan, Wafayât al-a'yân, éd. Wüstenfeld, notice 712. D'après cet auteur, le vizir Zahir ad-Dîn était originaire de Roûdzawar (canton voisin de Nehawend, dans la province du Djabal. Cf. Barbier de Meynard, Diction. géogr. etc., de la Perse, 267. Voyez aussi une intéressante notice sur ce vizir dans Khalil ibn Aibak as-Safadî, Al-Wâfi bil-Wafayât, manuscrit arabe de Paris, n° 5860, f° 245 v. Ibn al-Athir, Chronicon, V, 74, 75 et passim.
[104] Voy. Coran XIX, 13. « Nous avons donné la sagesse à Jean quand il n'était qu'un enfant. »
[105] Ce vers est donné dans la biographie de ce vizir par Ibn Khallikan, Wafayât, éd. Wüstenfeld, notice 715.
[106] Sur ce chef des Bathéniens, voyez notamment Ibn al-Athir, Chronicon, X, pp. 213 et suiv., 299 et suiv., et aussi l'Index, p. 238 : Hammer-Purgstall, VI, 56 et, d'une façon générale, les mémoires écrits sur les Ismaélites. Voy. ci-dessus. Cf. aussi le Mémoire sur les Nabatéens de Quatremère (1835, in-8°); Defrémery, Histoire des Ismaéliens et Nouvelles Recherches sur les Ismaéliens, 1855, in-8° ; Sacy, Recherches sur l'initiation à la secte des Ismaéliens, 1824, in-8°. S. Guyard, Fragm. relatifs à la doctrine des Ism., 1874, in-40 ; Goldziher, Casanova, etc.
[107] Le canton de ce nom est situé à 6 parasanges au nord de Qazvin. Il tire son nom de la rivière de Chah-Roûdz qui le traverse. Une des forteresses principales de ce canton est la forteresse d'Alah Amoût (qui signifie le nid de l'aigle) devenu par l'usage Alamout et qui fut bâtie en 246. Elle fut détruite en 654, par ordre de Houlagou-Khan. Cf. Hamdallah Moustaufi, Nouzhat al-qouloub, apud Barbier de Meynard, Dictionn. géogr., p. 266, note 1.
[108] C'est le fils du grand vizir d'Al-Qâ'im bi-amr Allah, Muhammad, fils de Muhammad, fils de Djahîr, sur lequel on peut voir l'intéressante notice d'Ibn Khallikan, Wafayât, éd. Wüstenfeld, n° 711, et ci-dessus, p. 511.
[109] Ce vizir fut arrêté en l'année 500 (= 1106). Cf. Ibn Al-Arnîn, Chronicon, X, 305). L'intérim fut rempli par le grand qâdî Abou-l-Hasan ibn ad-Dâmaghâni, et c'est seulement un mois plus tard que fut nommé le vizir titulaire Ibn al-Mouttalib, dont il est question ci-dessus
[110] Mesure de capacité pour les grains équivalente à six charges d'âne.
[111] Ce vizir fut destitué en l'année 502 (= 1108 de J.-C.) et remplacé par un de ses prédécesseurs Aboul-nâsim 'Ali, fils d'Abou Nasr ibn Djahir (voy. ci-dessus, p. 517. Cf. Ibn al-Athir, Chronicon, X, 330. Il revint ensuite au vizirat et en fut de nouveau destitué dans le courant de l'année 503 (1109). C'est encore Ibn Djahir qui le remplaça. Ibn al-Athir, loc. cit., pp. 335-336.
[112] Ibn al-Athir (Chronicon, X, p. 375) cite encore comme ayant occupé le vizirat sous ce prince : 1° Sadîd al-Moulk Abou-l-Ma'âlî al-Moufaddal, fils d’Abd ar-Razzâq Al-Isfahânî; 2° Nizâm ad-Din Abou Mansour Housain, fils de Muhammad, et comme intérimaires; 1° Amin ad-Daula Abou Sa'd b. al-Mausilâyâ ; 2° le grand qâdî Abou-l-Hasan 'Ali, fils d'ad-Dâmaghânî.
[113] Nour ad-Daula Abou-l-A'azz Doubais fils de Saïf ad-Daula Abou’l Hasan Sadaqa, fils d'Ali, fils de Mazyad al-Asadî, est le cinquième prince de cette petite dynastie et le deuxième du nom. Il régna sur les Arabes de la vallée du Tigre de 501 (= 1107) à 529 (= 1134), époque à laquelle il fut assassiné par ordre du sultan Massoud le Seldjouqide. Cf. Ibn Khallikan, Wafayât, notice 225 ; Stanley Lane-Poole, The Mohammadan Dynasties, pp. 119-120; Ibn al-Athir, Chronicon, X, 373 et suiv. La biographie de ce principicule est donnée par Khalil ibn Aibak as-Safadî, Al-Wâfi bil-Wafayât, manuscrit arabe de Paris, n° 2064, f° 50 r° et v°.
[114] L'ambassade d'Ibn Tirâd est racontée par Ibn al-Athir, Chronicon, X, 376-378. Précédemment le même Doubais avait eu maille à partir avec le Sultan seldjouqide Massoud, au sujet d'un homme que Doubais avait également protégé contre le châtiment du sultan. Voy. Ibn al-Athir, op. cit., X, p. 307.
[115] Ghiyâth ad-Din Massoud, sultan seldjouqide, qui régna sur l’Iraq et le Kurdistan de 527 (= 1133) à 547 (= 1152). Cf. Stanley Lane-Poole, The Mohammadan Dynasties, p. 154; Ibn Khallikan, Wafayât al-a'yân, éd. Wüstenfeld, notice 730; Defrémery, Histoire des Sultans Seldjouqides, passim.
[116] Robe ample et sans manches. Sur sa description, voy. Dozy, Dictionnaire détaillé des noms de vêtements, pp. 107 à 117.
[117] Tous ces événements sont racontés en détails par Ibn al-Athir, Chronicon, X, p. 14 et suiv.
[118] Ce vizir fut appelé au pouvoir en l'année 513 (= 1119), après le fils de Rabib ad-Daula, qui était lui-même vizir du sultan Massoud. Ibn al-Athir, Chronicon, X, p. 394.
[119] Cette première disgrâce du vizir Ibn Sadaqa eut lieu en l'année 516, sur l'instigation du vizir du sultan Massoud. Cf. Ibn Al-Amin. ibidem p. 423. Le khalife appela alors, pour l'intérim du vizirat, le syndic des 'Alides. Ibn Tirâd az-Zainabi : mais bientôt le sultan seldjouqide imposa au khalife un vizir de son choix, le fils du grand Nizâm al-Moulk, ainsi qu'on le verra plus loin.
[120] Ce retour d'Ibn Sadaqa au vizirat eut lieu l'année suivante, en 517. Voy. les détails dans Ibn al-Athir, Chronicon, X, pp. 433-444.
[121] Sur ce personnage, voyez Ibn al-Athir, op. cit., X. 399 et suiv. et Index, p. 303.
[122] Le premier Radjab (= 1er juillet 1128). Cf. Ibn al-Athir, Chronicon, X. p. 459.
[123] Cf. Ibn al-Athir (Chronicon. XI. p. 15), qui donne la liste des grands personnages qui accompagnèrent Moustarchid dans son expédition contre le sultan Massoud.
[124] Comme on le voit, l’auteur des maqâmâts est appelé ici Ibn Al-Hariri, contrairement à tous ses biographes qui l'appellent Al-Hariri tout court.
[125] En dehors de la préface de Hariri, où l'on trouve raconté son entretien avec le vizir Anoûcharwân, cela est rapporté par Ibn Khallikan. Voyez le n° 546. Cf. S. de Sacy, Chrestomathie, III, p. 174.
[126] Nâsih ad-Din Abou Bakr Ahmad, fils de Mohammad, fils de Housain al-Qâdi al-Arradjâni, célèbre poète, né en 460 (= 1068), mort en 544 (= 1149). Sa biographie est donnée par Ibn Khallikan, Wafayât, éd. Wüstenfeld, notice 62. Cf. Brockelmann, Gesch.der arab. Litt., I. 254; Cl. Huart, Hist. de la Litt. arabe, p. lit; de Hammer, Litt. Gesch. der Araber, VII, 988. Il était qâdî de la ville de Toustar. Cf. Ibn al-Athir. Chronicon, VI, 96-97, qui cite de lui cinq vers.
[127] Ce vizirat d’Anoûcharwân eut lieu en l’année 526 de l'Hégire. Précédemment. Anoûcharwân occupa à diverses reprises le vizirat pour le sultan Massoud. Cf. Ibn al-Athir, Chronicon, X. pp. 452 et 480.
[128] Ce poète se nommait en réalité Chihâb ad-Din Sa'd, fils de Muhammad. Il était aussi jurisconsulte chafiite estimé de la ville de Rey. Il mourut en 547 (= 1119 de J.-C). Ses contemporains lui reprochaient d'être trop fier. Sa biographie est donnée par Ibn Khallikan, Wafayât, éd. Wüstenfeld, notice 257; traduction de Slane. I, 559. Voy. aussi Abou Châma, Kitab ar-raudalain, éd. du Caire, I, 135; Khalil ibn Aibak as-Safadî, Al-Wâfi bil-Wafayât, manuscrit arabe de Paris, n° 2064, f° 122 r° ; Ibn al-Athir, Chronicon, XI, p. 300.
[129] Précédemment Anoûcharwân avait été destitué par le khalife en 529 et par le sultan en 530. Il occupait, en effet, le vizirat alternativement tantôt pour le khalife, tantôt pour le sultan seldjouqide Massoud. Cf. Ibn al-Athir, Chronicon, XI, pp. 9, 11, 29.