Le temps des Généraux : Marius

99 - 92 : Marius simple citoyen

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95


La lex Licinia-Mucia

ASCONIUS : Quintus Asconius Pedianus (1er siècle après J.-C.)  Philologue romain.  Son oeuvre : commentaire sur les oeuvres de Cicéron

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Cette loi proposée par les consuls Crassus et Scaevola en 95 fut le point de départ de la guerre sociale.

Legem Liciniam et Muciam de civibus redigendis video constare inter omnis, quamquam duo consules omnium quos vidimus sapientissimi tulissent, non modo inutilem sed perniciosam rei publicae fuisse.

L. Licinium Crassum oratorem et Q. Mucium Scaevolam pont. max. eundemque et oratorem et iuris consultum significat. Hi enim legem eam de qua loquitur de redigendis in suas civitates sociis in consulatu tulerunt. Nam cum (68) summa cupiditate civitatis Romanae Italici populi tenerentur et ob id magna pars eorum pro civibus Romanis se gereret, necessaria lex visa est ut in suae quisque civitatis ius redigeretur. Verum ea lege ita alienati animi sunt principum Italicorum populorum ut ea vel maxima causa belli Italici quod post triennium exortum est fuerit.

Q. ASCONII PEDIANI COMMENTARII
IV. PRO CORNELIO DE MAIESTATE

 

 vocabulaire

Je vois qu'il y a un accord entre tous pour dire que la lex Licinia et Mucia de civibus redigendis (de faire rentrer chez eux les citoyens), bien que deux consuls les plus sages de tous l'aient fait voter, non seulement a été inutile mais encore dangereuse pour l'Etat.

Cicéron parle de L. Licinius Crassus l'orateur et Q. Mucius Scaevola le grand pontife et en même temps l'orateur et le juriste consulte. Ceux-ci durant leur consulat ont fait voter la loi dont il parle pour faire rentrer les alliés chez eux. Car les peuple italiens voulaient absolument devenir citoyens romains et pour cela une grande partie d'entre eux se comportaient comme des citoyens romains : c'est pour cela qu'il sembla nécessaire de faire voter une loi pour que chacun reprenne le droit de leur cité. Mais à cause de cette loi ils s'aliénèrent les chefs des peuples italiens : ce fut la cause principale de la guerre sociale qui débuta trois ans plus tard.

Q. ASCONII PEDIANI COMMENTARII
IV. PRO CORNELIO DE MAIESTATE

 


Plutarque, vie de Marius

29 - 32


33. Le décret pour le rappel de Métellus ayant été proposé, Marius parla et agit de tout son pouvoir pour en empêcher l'effet ; mais voyant tous ses efforts inutiles, il y renonça. Le peuple montra le plus grand empressement à ratifier le décret ; et Marius ne pouvant supporter de voir Métellus de retour, s'embarqua pour la Cappadoce et la Galatie, sous prétexte d'aller accomplir les sacrifices qu'il avait voués à la mère des dieux ; mais ce voyage avait un autre motif qui n'était pas connu du peuple. La nature ne l'ayant fait ni pour la paix, ni pour les affaires politiques, il ne devait qu'aux armes sa grandeur et sa fortune. Voyant donc que sa gloire et sa puissance se flétrissaient dans le repos et dans l'inaction, il travaillait à susciter aux Romains de nouvelles affaires. Il espérait qu'en irritant les rois de l'Asie, et surtout Mithridate, qui paraissait assez porté de lui-même à faire la guerre, les Romains le nommeraient sur-le-champ pour combattre contre ce prince ; que bientôt il remplirait Rome de nouveaux triomphes, et sa maison des dépouilles du Pont et des trésors de Mithridate. Aussi tous les témoignages d'honneur et d'estime que ce prince lui prodigua ne purent rien gagner sur Marius, qui, inflexible dans ses résolutions, lui dit avec dureté : « Prince, ou essayez de devenir plus puissant que les Romains, ou faites sans rien dire ce qu'ils vous commandent. » Ces paroles étonnèrent Mithridate, qui avait souvent entendu parler de la liberté du langage romain, mais qui ne l'avait pas encore éprouvée. Marius, de retour à Rome, fit bâtir une maison près de la place publique, soit, comme il le disait, afin d'épargner à ceux qui venaient lui faire leur cour la peine d'aller si loin, soit qu'il regardât l'éloignement de son ancienne demeure comme l'obstacle qui empêchait un grand nombre de gens de se présenter à sa porte. Mais ce n'était point là ce qui éloignait d'aller chez lui : la véritable cause, c'est que, peu propre aux affaires civiles, manquant de cette douceur et de cette affabilité qui caractérisaient les autres personnages de son rang, on le négligeait pendant la paix, comme un instrument qui n'était bon que pour la guerre. suivant

LES ANNÉES INTERMÉDIAIRES

1. Traversée du désert de Marius

II est important de se rappeler que la carrière de Marius ne termine pas en 100: il jouera plus tard un rôle important dans les affaires qui aboutira à un septième consulat en 88 (il accomplit par là la prophétie des sept aigles: Plutarque, Marius, 36 ). Mais à ce moment il est critiqué pour son association avec Saturninus et ses dernières lois sont invalidées par le sénat. Il y a des demandes de rappel de Métellus que Marius essaye de bloquer mais qu’il ne peut finalement empêcher. Ensuite il aprt au loin pour une mission privée en Orient (nous ne savons pas quand ni pour combien de temps, probablement en 98 ou 97: Plutarque, Marius, 36). Il reste en dehors de la politique jusque la guerre sociale.

2. La lex Licinia Mucia de 95

En 95 les consuls sont L. Licinius Crassus et Q. Mucius Scaevola. Ils font voter une loi qui oblige à retourner dans leurs villes les résidants italiens de Rome qui étaient installés illégalement ou qui avaient acquis la citoyenneté romaine.

On considère cette loi comme un des causes principales de la guerre sociale qui éclata quatre ans plus tard. Cela démontrait aux Italiens que les Romains ne donneraient jamais volontairement à leurs alliés les avantages de la citoyenneté ni une partie des territoires de l'empire que les alliés avaient aidé à conquérir par leurs efforts dans les armées romaines. Ils ne voyaient plus maintenant d’autre remède pour leurs réclamations que la révolte et la sécession.

3. La condamnation de P. Rutilius Rufus en 92

Rufus, consul en 105 avait servi comme légat à Q. Mucius Scaevola quand ce dernier fut envoyé comme gouverneur de l'Asie après avoir été préteur en 98 ou consul en 95. Comme gouverneur, il entreprit une campagne de "nettoyage" pour supprimer dans la province certaines activités malhonnêtes effectuées par les hommes d'affaires de l’ordre équestre. Scaevola ne resta que huit mois et revint à Rome, laissant son commandant en second Rufus, pour accomplir ses réformes. Quand Rufus revint à Rome, les chevaliers pour se venger l’accusèrent de concussion : ils commandaient le tribunal de concussion en vertu de la loi de C. Gracchus dans 122.

Bien que la direction de cette cour ait changé durant la dernière décade du siècle précédent, elle était à ce moment dans les mains des chevaliers. C’est pourquoi le jury déclara pour démontrer que les chevaliers ne permettraient pas à personne d'interférer dans leur "droit" de faire des bénéfices. C'était une décision scandaleuse puisque Rufus était manifestement innocent (indiqué par le fait qu'il partit en exil, la pénalité normale de cette cour, en Asie, au milieu même des personnes qui l’auraient accusé de concussion). Il faisait partie des membres conservateurs du sénat déterminés à agir contre le contrôle des chevaliers sur les jurys.



Loi introduite par les deux consuls
:

L’un était Lucius Licinius Crassus (mort en 91) orateur remarquable et avocat (admiré beaucoup par Cicéron). Il était partisan résolu des formes constitutionnelles. En 95 comme consuls ils présentèrent la loi Licinienne, (Lex Licinia ou Lex Licinia Mucia ou Lex Licinia Mucia de civibus in suam civitatem redigundis) pour expulser de Rome les Latins qui étaient devenus citoyens par des moyens illégaux (ou que la loi considérait comme illégaux). Cette loi aggrava considérablement le sentiment anti-romains chez les alliés et fut une des causes de la guerre sociale.

L’autre Quintus Mucius Scaevola surnommé Pontifex Maximus pour le distinguer de son cousin surnommé l’Augure Il fut consul en 95 avec L. Licinius Crassus l’orateur. Ils proposèrent la lex Licinia Mucia de civibus regundis, qui expulsait de Rome les citoyens qui étaient soupçonnés d’avoir usurpé la citoyenneté ainsi que les non-citoyens sous peine de lourdes pénalités. Elle avait comme objet d’épurer les élections et d'empêcher l'influence anormale des Italiens dans les comices. L'indignation qu’elle causa fut un des motifs de la guerre sociale. Après que son consulat Scaevola devint gouverneur de la province d’Asie. (voir Rutilius)

 

alieno, as, are : aliéner; éloigner, rendre étranger (alienatus,a, um : hostile, ennemi)
animus, i
, m. : le coeur, la sympathie, le courage, l'esprit
bellum, i
, n. : la guerre
causa, ae
, f. : la cause, le motif; l'affaire judiciaire, le procès; + Gén. : pour
civis, is
, m. : le citoyen
civitas, atis
, f. : la cité, l'état
consto, as, are
: 1. se tenir d'aplomb, exister, se maintenir, être d'accord, coûter ; impers. constat+prop. inf. : il est établi
consul, is
, m. : le consul
consulatus, us
, m. : le consulat
consultum, i
, n. : le décret (iuris consultum = jurisconsulte)
Crassus, i,
m. : Crassus
cum
, inv. :1. Préposition + abl. = avec 2. conjonction + ind. = quand, lorsque, comme, ainsi que 3. conjonction + subj. : alors que
cupiditas, atis
, f. : le désir
de
, prép. + abl. : au sujet de, du haut de, de
duo, ae, o
: deux
ea
, 1. ABL. FEM. SING - NOM-ACC. N. PL. de is, ea, id (ce, cette, le, la...) 2. adv. : par cet endroit
eam
, 1. Acc. fem. sig. de IS-EA-ID = la (pronom), ce, cette 2. 1ère pers. sing. du Subj. Présent de IRE : aller
enim
, conj. : car, en effet
eorum
, G. M et N. PL. de is,ea,id = d'eux, leur, leurs
et
, conj. : et. adv. aussi
exorior, iris, iri, exortus sum
: se lever, sortir, se montrer, commencer
fero, fers, ferre, tuli, latum
: porter, supporter, rapporter
gero, is, ere, gessi, gestum
: 1. porter 2. exécuter, faire
hic, haec, hoc
: adj. : ce, cette, ces, pronom : celui-ci, celle-ci
id
, NOM-ACC N. SING. de is, ea, is : il, elle, le, la, ....
idem, eadem, idem
: le (la) même
in
, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
inter
, prép. : + Acc. : parmi, entre
inutilis, e
: inutile
ita
, adv. : ainsi, de cette manière ; ita... ut, ainsi que
Italicus, a, um
: italien
ius, iuris
, n. : le droit, la justice
L
, abrév. : Lucius
lex, legis
, f. : la loi, la (les) condition(s) d'un traité
Licinius, a, um
: de Licinius (lex Licinia)
loquor, eris, i, locutus sum
: parler
magnus, a, um
: grand
max
, inv. : = maximus
maximus, a, um : superlatif de magnus, a, um : grand
modo
, adv. : seulement ; naguère, il y a peu (modo... modo... tantôt... tantôt...)
Mucius, a, um
: de Mucius (lex Mucia)
nam
, conj. : de fait, voyons, car
necessarius, a, um
: inévitable, indispensable, intime
non
, neg. : ne...pas
ob
, prép. : + Acc : à cause de
omnis, e
: tout
orator, oris
, m. : l'orateur
pars, partis
, f. : la partie, le côté
perniciosus, a, um
: pernicieux, funeste, dangereux
pont.
= pontifex
populus, i, m. : le peuple
post
, adv. : en arrière, derrière; après, ensuite; prép. : + Acc. : après
princeps, ipis
, n. m. et adj. : premier, chef, empereur
pro
, prép. : + Abl. : devant, pour, à la place de, en considération de
publicus, a, um
: public
Q
, abr. pour Quintus
qua
, 1. ABL. FEM. SING. du relatif. 2. Idem de l'interrogatif. 3. après si, nisi, ne, num = aliqua. 4. faux relatif = et ea 5. adv. = par où?, comment?
quamquam, quanquam
+ ind. : bien que
quisque, quaeque, quidque
: chaque, chacun, chaque chose
quod
, 1. pronom relatif nom. ou acc. neutre singulier : qui, que 2. faux relatif = et id 3. conjonction : parce que, le fait que 4. après si, nisi, ne, num = aliquod = quelque chose 5. pronom interrogatif nom. ou acc. neutre sing. = quel?
quos
, 1. ACC. MASC. PL. du relatif. 2. Idem de l'interrogatif. 3. après si, nisi, ne, num = aliquos. 4. faux relatif = et eos
redigo, is, ere, egi, actum : faire rentrer, retirer, réduire à
res, rei
, f. : la chose, l'événement, la circonstance, l'affaire judiciaire; les biens
Romanus, a, um
: Romain (Romanus, i, m. : le Romain)
sapientissimus, a, um
: superlatif de sapiens, entis : sage
Scaevola, ae
, m. : Scaevola
se
, pron. réfl. : se, soi
sed
, conj. : mais
significo, as, are
: faire entendre, indiquer, montrer
socius, a, um
: associé, en commun, allié (socius, ii : l'associé, l'allié)
sum, es, esse, fui
: être
summus, a, um
: superlatif de magnus. très grand, extrême
suus, a, um
: adj. : son; pronom : le sien, le leur
teneo, es, ere, ui, tentum
: 1. tenir, diriger, atteindre 2. tenir, occuper 3. tenir, garder 4. maintenir, soutenir, retenir 5. lier 6. retenir, retarder, empêcher
triennium, i
, n. : la période de trois ans
ut
, conj. : + ind. : quand, depuis que; + subj; : pour que, que, de (but ou verbe de volonté), de sorte que (conséquence) adv. : comme, ainsi que
vel
, adv. : ou, ou bien, même, notamment (vel... vel... : soit... soit...)
verum
, conj. : vraiment, en vérité, mais
video, es, ere, vidi, visum
: voir (videor, eris, eri, visus sum : paraître, sembler)
texte
texte
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