Aristote : Physique

ARISTOTE

PHYSIQUE.

TOME DEUX : LIVRE IV : DE L'ESPACE, DU VIDE ET DU TEMPS. CHAPITRE XIII
 

Traduction française : BARTHÉLÉMY SAINT-HILAIRE.

chapitre XII - chapitre XIV

paraphrase du livre IV

 

 

 

LEÇONS DE PHYSIQUE


LIVRE IV.


DE L'ESPACE, DU VIDE ET DU TEMPS.

 

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE XIII.

Le vide n'est pas plus dans les corps qu'il n'en est séparé; le dense et le rare ne supposent pas le vide. Observations diverses de phénomènes naturels; preuves qu'on en peut tirer contre l'existence du vide, tel qu'on le conçoit ordinairement. - Fin de la théorie du vide.
 

1 Εἰσὶν δέ τινες οἳ διὰ τοῦ μανοῦ καὶ πυκνοῦ οἴονται φανερὸν εἶναι ὅτι ἔστι κενόν. εἰ μὲν γὰρ μὴ ἔστι μανὸν καὶ πυκνόν, οὐδὲ συνιέναι καὶ πιλεῖσθαι οἷόν τε· εἰ δὲ τοῦτο μὴ εἴη, ἢ ὅλως κίνησις οὐκ ἔσται, ἢ κυμανεῖ τὸ ὅλον, ὥσπερ ἔφη Ξοῦθος, ἢ εἰς ἴσον ἀεὶ <δεῖ> μεταβάλλειν ἀέρα καὶ ὕδωρ (λέγω δὲ οἷον εἰ ἐξ ὕδατος κυάθου γέγονεν ἀήρ, ἅμα ἐξ ἴσου ἀέρος ὕδωρ τοσοῦτον γεγενῆσθαι), ἢ κενὸν εἶναι ἐξ ἀνάγκης· συμπιλεῖσθαι γὰρ καὶ ἐπεκτείνεσθαι οὐκ ἐνδέχεται ἄλλως.

2 Εἰ μὲν οὖν τὸ μανὸν λέγουσι τὸ πολλὰ κενὰ κεχωρισμένα ἔχον, φανερὸν ὡς εἰ μηδὲ κενὸν ἐνδέχεται εἶναι χωριστὸν ὥσπερ μηδὲ τόπον ἔχοντα διάστημα αὑτοῦ, οὐδὲ μανὸν οὕτως· 3 εἰ δὲ μὴ χωριστόν, ἀλλ' ὅμως ἐνεῖναί τι κενόν, ἧττον μὲν ἀδύνατον, συμβαίνει δὲ πρῶτον μὲν οὐ πάσης κινήσεως αἴτιον τὸ κενόν, ἀλλὰ τῆς ἄνω (τὸ γὰρ μανὸν κοῦφον, διὸ [217a]  καὶ τὸ πῦρ μανὸν εἶναί φασιν),  4 ἔπειτα κινήσεως αἴτιον οὐχ οὕτω τὸ κενὸν ὡς ἐν ᾧ, ἀλλ' ὥσπερ οἱ ἀσκοὶ τῷ φέρεσθαι αὐτοὶ ἄνω φέρουσι τὸ συνεχές, οὕτω τὸ κενὸν ἄνω φέρει. 5 Καίτοι πῶς οἷόν τε φορὰν εἶναι κενοῦ ἢ τόπον κενοῦ; κενοῦ γὰρ γίγνεται κενόν, εἰς ὃ φέρεται. ἔτι δὲ πῶς ἐπὶ τοῦ βαρέος ἀποδώσουσιν τὸ φέρεσθαι κάτω; 6 Καὶ δῆλον ὅτι εἰ ὅσῳ ἂν μανότερον καὶ κενώτερον ᾖ ἄνω οἰσθήσεται, εἰ ὅλως εἴη κενόν, τάχιστ' ἂν φέροιτο. ἴσως δὲ καὶ τοῦτ' ἀδύνατον κινηθῆναι· λόγος δ' ὁ αὐτός, ὥσπερ ὅτι ἐν τῷ κενῷ ἀκίνητα πάντα, οὕτω καὶ τὸ κενὸν ὅτι ἀκίνητον· ἀσύμβλητα γὰρ τὰ τάχη.

7πεὶ δὲ κενὸν μὲν οὔ φαμεν εἶναι, τὰ ἄλλα δ' ἠπόρηται ἀληθῶς, ὅτι ἢ κίνησις οὐκ ἔσται, εἰ μὴ ἔσται πύκνωσις καὶ μάνωσις, ἢ κυμανεῖ ὁ οὐρανός, ἢ αἰεὶ ἴσον ὕδωρ ἐξ ἀέρος ἔσται καὶ ἀὴρ ἐξ ὕδατος (δῆλον γὰρ ὅτι πλείων ἀὴρ ἐξ ὕδατος γίγνεται· ἀνάγκη τοίνυν, εἰ μὴ ἔστι πίλησις, ἢ ἐξωθούμενον τὸ ἐχόμενον τὸ ἔσχατον κυμαίνειν ποιεῖν, ἢ ἄλλοθί που ἴσον μεταβάλλειν ἐξ ἀέρος ὕδωρ, ἵνα ὁ πᾶς ὄγκος τοῦ ὅλου ἴσος ᾖ, ἢ μηδὲν κινεῖσθαι· 8 ἀεὶ γὰρ μεθισταμένου τοῦτο συμβήσεται, ἂν μὴ κύκλῳ περιίστηται· οὐκ ἀεὶ δ' εἰς τὸ κύκλῳ ἡ φορά, ἀλλὰ καὶ εἰς εὐθύ)·

9 οἱ μὲν δὴ διὰ ταῦτα κενόν τι φαῖεν ἂν εἶναι, 10 ἡμεῖς δὲ λέγομεν ἐκ τῶν ὑποκειμένων ὅτι ἔστιν ὕλη μία τῶν ἐναντίων, θερμοῦ καὶ ψυχροῦ καὶ τῶν ἄλλων τῶν φυσικῶν ἐναντιώσεων, καὶ ἐκ δυνάμει ὄντος ἐνεργείᾳ ὂν γίγνεται, καὶ οὐ χωριστὴ μὲν ἡ ὕλη, τὸ δ' εἶναι ἕτερον, καὶ μία τῷ ἀριθμῷ, εἰ ἔτυχε, χροιᾶς καὶ θερμοῦ καὶ ψυχροῦ. 11στι δὲ καὶ σώματος ὕλη καὶ μεγάλου καὶ μικροῦ ἡ αὐτή. Δῆλον δέ· ὅταν γὰρ ἐξ ὕδατος ἀὴρ γένηται, ἡ αὐτὴ ὕλη οὐ προσλαβοῦσά τι ἄλλο ἐγένετο, ἀλλ' ὃ ἦν δυνάμει, ἐνεργείᾳ ἐγένετο, καὶ πάλιν ὕδωρ ἐξ ἀέρος ὡσαύτως, ὁτὲ μὲν εἰς μέγεθος ἐκ μικρότητος, ὁτὲ δ' εἰς μικρότητα ἐκ μεγέθους. μοίως τοίνυν κἂν ὁ ἀὴρ πολὺς ὢν ἐν ἐλάττονι γίγνηται ὄγκῳ καὶ ἐξ ἐλάττονος μείζων, ἡ δυνάμει οὖσα ὕλη γίγνεται ἄμφω. 12σπερ γὰρ καὶ ἐκ ψυχροῦ θερμὸν καὶ ἐκ θερμοῦ ψυχρὸν ἡ αὐτή, ὅτι ἦν δυνάμει, οὕτω καὶ ἐκ θερμοῦ [217b] μᾶλλον θερμόν, οὐδενὸς γενομένου ἐν τῇ ὕλῃ θερμοῦ ὃ οὐκ ἦν θερμὸν ὅτε ἧττον ἦν θερμόν, ὥσπερ γε οὐδ' ἡ τοῦ μείζονος κύκλου περιφέρεια καὶ κυρτότης ἐὰν γίγνηται ἐλάττονος κύκλου, <ἢ> ἡ αὐτὴ οὖσα ἢ ἄλλη, ἐν οὐθενὶ ἐγγέγονε τὸ κυρτὸν ὃ ἦν οὐ κυρτὸν ἀλλ' εὐθύ (οὐ γὰρ τῷ διαλείπειν τὸ ἧττον ἢ τὸ μᾶλλον ἔστιν)· οὐδ' ἔστι τῆς φλογὸς λαβεῖν τι μέγεθος ἐν ᾧ οὐ καὶ θερμότης καὶ λευκότης ἔνεστιν. Οὕτω τοίνυν καὶ ἡ πρότερον θερμότης <πρὸς> τὴν ὕστερον. στε καὶ τὸ μέγεθος καὶ ἡ μικρότης τοῦ αἰσθητοῦ ὄγκου οὐ προσλαβούσης τι τῆς ὕλης ἐπεκτείνεται, ἀλλ' ὅτι δυνάμει ἐστὶν ὕλη ἀμφοῖν· ὥστ' ἐστὶ τὸ αὐτὸ πυκνὸν καὶ μανόν, καὶ μία ὕλη αὐτῶν. 13στι δὲ τὸ μὲν πυκνὸν βαρύ, τὸ δὲ μανὸν κοῦφον. [τι ὥσπερ ἡ τοῦ κύκλου περιφέρεια συναγομένη εἰς ἔλαττον οὐκ ἄλλο τι λαμβάνει τὸ κοῖλον, ἀλλ' ὃ ἦν συνήχθη, καὶ τοῦ πυρὸς ὅ τι ἄν τις λάβῃ πᾶν ἔσται θερμόν, οὕτω καὶ τὸ πᾶν συναγωγὴ καὶ διαστολὴ τῆς αὐτῆς ὕλης.] Δύο γὰρ ἔστιν ἐφ' ἑκατέρου, τοῦ τε πυκνοῦ καὶ τοῦ μανοῦ· τό τε γὰρ βαρὺ καὶ τὸ σκληρὸν πυκνὰ δοκεῖ εἶναι, καὶ τἀναντία μανὰ τό τε κοῦφον καὶ τὸ μαλακόν· διαφωνεῖ δὲ τὸ βαρὺ καὶ τὸ σκληρὸν ἐπὶ μολίβδου καὶ σιδήρου.

14 κ δὴ τῶν εἰρημένων φανερὸν ὡς οὔτ' ἀποκεκριμένον κενὸν ἔστιν, οὔθ' ἁπλῶς οὔτ' ἐν τῷ μανῷ, οὔτε δυνάμει, εἰ μή τις βούλεται πάντως καλεῖν κενὸν τὸ αἴτιον τοῦ φέρεσθαι. Οὕτω δ' ἡ τοῦ βαρέος καὶ κούφου ὕλη, ᾗ τοιαύτη, εἴη ἂν τὸ κενόν· τὸ γὰρ πυκνὸν καὶ τὸ μανὸν κατὰ ταύτην τὴν ἐναντίωσιν φορᾶς ποιητικά, κατὰ δὲ τὸ σκληρὸν καὶ μαλακὸν πάθους καὶ ἀπαθείας, καὶ οὐ φορᾶς ἀλλ' ἑτεροιώσεως μᾶλλον.

15 Καὶ περὶ μὲν κενοῦ, πῶς ἔστι καὶ πῶς οὐκ ἔστι, διωρίσθω τὸν τρόπον τοῦτον.

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 § 1. Il y a des philosophes qui ont soutenu que la densité et la raréfaction des corps prouvent évidemment qu'il y a du vide : « Selon eux, sans la densité et la raréfaction, il n'est pas possible que les corps se resserrent et se compriment; et sans cette faculté, ou le mouvement ne peut plus du tout avoir lieu, ou l'univers est condamné à une fluctuation perpétuelle comme le disait Xuthus; ou l'air et l'eau se changent toujours en même quantité l'une dans l'autre; et je veux dire par là que, si l'air vient d'une simple coupe d'eau, cette même quantité d'eau devrait toujours venir d'une quantité d'air égale ; on bien le vide existe de toute nécessité, parce qu'autrement il ne serait pas possible que les corps pussent se condenser et se dilater. »

§ 2. Nous répondons que, si l'on entend par rare ce qui a beaucoup de vides séparés les uns des autres, il est clair que, si le vide, ne pouvant pas être séparé des choses pas plus que l'espace, ne peut avoir une étendue spéciale à lui, le rare ne peut pas davantage exister de cette façon. § 3. Mais si l'on dit que le vide, sans être séparé, n'en est pas moins dans leur intérieur, cette hypothèse est moins inacceptable; mais en voici les conséquences. D'abord le vide n'est plus la cause de toute espèce de mouvement, mais seulement la cause du mouvement qui se dirige en haut, puisqu'un corps qui est rare est léger; et c'est ainsi [217a] que ces philosophes disent que le feu est léger. § 4. Secondement, le vide ne sera pas cause du mouvement en ce sens qu'il est le lieu où le mouvement se passe. Mais de même que les outres gonflés d'air en s'élevant elles-mêmes en haut y élèvent aussi ce qui tient à elles, de même le vide aura la propriété de se porter en haut. Mais pourtant comment est-il possible que le vide ait une direction, ou que le vide ait un lieu? Car alors il y a pour le vide un vide où il peut se diriger. § 5. Autre objection. Comment les partisans de cette hypothèse pourront-ils expliquer que le poids se porte en bas? § 6. Il est évident que, si le corps monte d'autant plus vivement en haut qu'il est plus rare et plus vide, il y montera le plus vite possible s'il est absolument vide. Mais peut-être est-il impossible que le vide puisse jamais avoir de mouvement; car le même raisonnement qui prouvait que tout doit être immobile dans le vide, prouve encore que le vide lui-même est immobile aussi; et les vitesses y sont incommensurables.

§ 7. D'ailleurs, tout en niant l'existence du vide, nous n'en reconnaissons pas moins la vérité des autres explications, à savoir que, si l'on n'admet pas la condensation et la raréfaction des corps, le mouvement n'est plus concevable; ou bien que le ciel est dans une perpétuelle oscillation ; ou bien encore que toujours une même quantité d'eau viendra d'une même quantité d'air, ou réciproquement l'air de l'eau, quoiqu'il soit évident que de l'eau il vient une plus grande masse d'air. Donc s'il n'y a pas compression dans les corps, il faut nécessairement ou que le continu, poussé de proche en proche, communique la fluctuation jusqu'à l'extrémité; ou bien qu'une égale quantité d'air se change quelque part ailleurs en eau pour que le volume total de l'univers entier reste toujours égal; ou enfin il faudra que rien ne puisse être en mouvement. § 8. En effet, la compression aura toujours lieu quand un corps se déplace, à moins qu'il ne tourne toujours en cercle; niais le déplacement des corps n'est pas toujours circulaire ; et c'est aussi en ligne droite qu'il a lieu.

§ 9. Tels sont à peu près les motifs qui ont déterminé certains philosophes à reconnaître l'existence du vide. § 10. Quant à nous, nous disons, d'après les principes posés par nous, que la matière des contraires est une seule et même matière, par exemple du chaud et du froid, et de tous les autres contraires naturels; que de ce qui est eu puissance vient ce qui est en acte; que la matière n'est pas séparée des qualités, bien que son être soit différent; et enfin que numériquement elle est une ; par exemple, si l'on veut, pour la couleur, pour le chaud, le froid, etc. § 11. La matière d'un corps reste également la même, que le corps soit grand ou petit: et la preuve évidente, c'est que, quand l'eau se change en air, c'est bien la même matière qui est changée sans avoir reçu rien d'étranger; et c'est seulement que ce qui était en puissance est arrivé à l'acte, à la réalité. Il en est tout à fait de même, quand c'est l'air, au contraire, qui se change en eau ; et tantôt c'est la petitesse qui passe à la grandeur: et tantôt c'est la grandeur qui passe à la petitesse. Donc c'est le même phénomène encore quand l'air en grande masse se réduit à un moindre volume, ou lorsque de plus petit qu'il était il devient plus grand. La matière, qui est en puissance, devient également l'un et l'autre. § 12. Car de même que, quand de froid le corps devient chaud, et que de chaud il devient froid, la matière reste identique, parce qu'elle était en puissance ; de même aussi, le corps déjà chaud [217b] devient plus chaud, sans que rien dans la matière devienne chaud qui ne fût pas chaud auparavant, alors que le corps avait moins de chaleur. De même encore que, quand la circonférence et la convexité d'un cercle plus grand devient la circonférence d'un cercle plus petit, que ce soit d'ailleurs la même circonférence nu une circonférence différente, aucune partie n'acquiert de convexité qui, auparavant, aurait été non pas convexe, mais droite, puisqu'entre le plus et le moins il n'y a pas d'interruption, pas plus que dans la flamme il ne serait possible de trouver une portion qui n'eût ni blancheur ni chaleur; de même, c'est un rapport tout à fait pareil qui unit la chaleur initiale à la chaleur qui la suit. Par conséquent aussi, la grandeur et la petitesse d'un volume perceptible à nos sens se développent, non parce que la matière reçoit quelque chose d'étranger, mais seulement parce que la matière est en puissance susceptible des deux également. Ainsi enfin, c'est le même corps qui est successivement rare et dense; et la matière est identique pour ces deux propriétés. § 13. Mais le dense est lourd ; et le rare est léger; car ces deux propriétés appartiennent à l'un et à l'autre, c'est-à-dire au dense et au rare. Le lourd et le dur font l'effet d'être denses; les contraires, je veux dire le léger et le mou, font l'effet d'être rares, quoique le lourd et le dur ne se correspondent plus également dans le plomb et le fer.

§ 14. De tout ce qui précède, il résulte que le vide n'est point séparé, qu'il n'existe point absolument, qu'il n'est pas dans ce qui est rare, et qu'il n'est pas non plus en puissance, à moins qu'on ne veuille à toute force appeler vide la cause de la chute des corps. Ce serait alors la matière du léger et du lourd, en tant que telle, qui serait le vide; car le dense et le rare, opposés comme ils le sont à ce point de vue, produisent la chute des graves. En tant que dur et mou, ils sont causes de la passivité ou de l'impassibilité des corps; mais ils ne sont pas causes de leur chute, et ils le seraient plutôt de leur altération.

§ 15. Ici finit ce que nous avions à dire sur le vide pour expliquer comment il est et comment il n'est pas.

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Ch. XIII, §. 1. La raréfaction, je prends ce mot dans le second sens que lui donne le Dictionnaire de l'Académie française: « État de ce qui est raréfié. » J'aurais voulu trouver un autre mot; mais notre langue ne me l'a pas offert.

 - Selon eux, le texte n'est pas aussi formel ; mais la tournure de la phrase l’indique clairement qu'Aristote analyse ici l'opinion qu'il va combattre; et voilà pourquoi j'ai cru pouvoir mettre des guillemets.

- Que les corps se resserrent, l'expression du texte est un peu plus vague.

- A une fluctuation perpétuelle, c'est-à-dire que le moindre mouvement dans une partie quelconque de l'univers se communiquerait de proche en proche jusqu'aux extrémités les plus reculées, comme les vagues et les oscillations de l'onde.

- Comme le disait Xuthus, philosophe Pythagoricien, qui n'est pas autrement connu. - En même quantité, ce qui n'est pas, puisque l'eau en s'évaporant, c'est-à­dire en devenant air, occupe beaucoup plus de place qu'auparavant.

- Ou bien le vide existe de toute nécessité, comme le soutenaient les philosophes dont Aristote ne partage pas les opinions.

- Pussent se condenser et se dilater, conclusion du système qu'Aristote va réfuter.

§ 2. Nous répondons, l'expression du texte n'est pas tout à fait aussi précise.

- Ce qui a beaucoup de vides, dans son intérieur et comme autant de cellules où serait le vide.

 - Séparé des choses, il semble au contraire que le vide est séparé des choses, comme l'espace dans lequel elles sont un se meuvent.

 - Pas plus que l'espace, c'est ce qui a été prouvé plus haut, ch. 6, § 17.

 - Le rare ne peut pas exister, et par conséquent le vide, qu'on veut démontrer à l'aide de la raréfaction des corps, n'existe pas davantage.

§ 3. Mais si l'on dit, le texte n'est pas aussi formel,

- Sans être séparé, c'est-à-dire sans former à l'intérieur du corps des cellules séparées les unes des autres.

- N'en est pas moins dans leur intérieur, il est difficile de comprendre cette supposition, à moins qu'on ne veuille dire que l'intérieur tout entier du corps ne soit vide; et alors cette hypothèse, loin de paraître moins inacceptable, le paraît encore davantage.

- La cause de toute espèce de mouvement, comme on semblait le dire; voir plus haut § 1. Ces philosophes disent, ou bien simplement : « On dit. »

§ 4. En second lieu, le texte dit seulement : « Ensuite. »

- Le lieu où le mouvement se passe, ce qui confondrait alors complètement le vide avec l'espace, dont on prétend cependant le distinguer.

- En s'élevant elles-mêmes en haut, ceci semble indiquer une expérience d'outres; ou de vessies gonflées d'air qu'on mettait dans l'eau, et qui du fond remontaient a la surface, quand on les lâchait, culminant avec elles des poids qu'on y avait attachés. Peut-être aussi s'agit-il de vessies dont se seraient servis les baigneurs pou nager.

- Se porter en haut, comme la légèreté spécifique des corps les fait mon-ter.

- Car alors il y a pour le vide un vide, si l'on suppose le vide à l'intérieur du corps, faisant que le corps se dirige en un sens plutôt que dans l'autre.

§ 5. Autre objection, le texte est moins précis.

- Les partisans de cette hypothèse, même remarque.

- Pourront-ils expliquer, si en effet le vide, confondu avec la raréfaction, est cause que les corps montent dans l'espace, il reste à expliquer la chute des graves, qui est un phénomène non moins certain.

§ 6. Plus rare et plus vide, ces deux qualités des corps étant prises l'une pour l'autre indifféremment.

- Mais peut-être est-il impossible, celte tournure dubitative n'implique pas la moindre hésitation dans Aristote; il nie formellement que le mouvement, pour avoir lieu, ait besoin du vide; voir plus haut, ch. 11, § 6.

- Le même raisonnement qui prouvait, voir plus haut tout le chapitre 11, et spécialement les §§ 14 et 18.

- Les vitesses y sont incommensurables, voir plus haut ch. 11, § 14. Les vitesses dans le vide ne sont pas précisément commensurables; mais elles sont égales, ce qu'Aristote ne pouvait pas savoir. Voir plus haut ch.11, § 18.

§ 7. La vérité des autres explications, données plus haut § 1. Aristote admet les considérations alléguées par les partisans du vide; mais il n'admet pas la conséquence qu'on en tire, à savoir l'existence même du vide.

- Le mouvement n'est plus concevable, le mouvement n'est possible que si les corps ont la propriété de se raréfier et de se condenser.

 - Est dans une perpétuelle oscillation, voir plus haut § 4.

 - Une même quantité d'eau, même remarque.

 - De l'eau, il vient une plus grande masse d'air, plus haut Aristote a supposé, par simple hypothèse, que l'air était deux fois plus léger que l'eau, et que par conséquent son volume était deux fois plus considérable.

 - Si n'y a pas compression, c'est la répétition du raisonnement déjà présenté au § 1 ; et il semble qu'ici la réfutation n'en est pas assez nette.

 - Le continu, l'air, par exemple, dont toutes les parties forment une continuité, depuis le corps qui est en mouvement jusqu'aux extrémités du monde.

 - Communique la fluctuation, voir plus haut, § 4.

- Quelque part ailleurs, c'est-à-dire dans un lieu autre que celui où a eu lieu le changement de la première partie d'air en une quantité d'eau égale.

 - Que rien ne puisse être en mouvement, ce qui contredit l'expérience, et par conséquent est absurde.

§ 8. La compression, celle de l'air si le corps est dans l'air.

 - Toujours en cercle, et il faut ajouter : « Sur lui-même »; car alors il n'est pas besoin de supposer la compression du milieu environnant; mais la rotation même sur place suffirait pour produire la compression par la rapidité seule du mouvement.

 - Circulaire ou rotatoire.

§ 9. Certains philosophes, voir plus haut, ch. 8.

§ 10. D'après les principes posés par nous, soit dans les premiers livres du présent ouvrage, soit ailleurs, et spécialement dans les Catégories. Voir plus haut, Livre 1, ch. 7 et 8 et ch. 9, § 15, et Catégories, ch. 11, § 5, p. 122 de ma traduction.

- Des qualités, j'ai ajouté ces mots pour compléter la pensée.

§ 11. Soit grand ou petit, c'est pour arriver à démontrer que la matière du corps ne change pas non plus, qu'il soit rare ou dense.

 - Quand l'eau se change en air, par l'évaporation.

- C'est bien la même matière, observation exacte, qui pouvait passer pour curieuse et neuve au temps d'Aristote.

- Que ce qui était en puissance, l'air était en puissance dans l'eau, puisque l'eau pouvait se changer en air; l'air est devenu réel de possible qu'il était d'abord.

- A la réalité, j'ai ajouté ces mots, paraphrase de ceux qui précèdent.

- Se réduit à un moindre volume, c'est-à-dire qu'il se condense et se comprime, pour tenir moins d'espace tout en étant en égale quantité.

- Également l'un et l'autre, des contraires, soit grande, soit petite indifféremment.

§ 12. La matière reste identique, recevant successivement les contraires.

- Parce qu'elle était en puissance, et qu'elle pouvait tout aussi bien devenir chaude que froide, et réciproquement. - Sans que rien dans la matière, la matière tout entière est devenue chaude, et ce n'est pas seulement une partie qui n acquis de la chaleur, quand tout le reste demeurait froid.

- La même circonférence, si le cercle est plus petit, la convexité est nécessairement différente; mais ce peut être une partie de la circonférence plus grande qui aura servi à faire la circonférence d'un cercle moindre.

 - Entre le plus et le moins, il n'y a qu'une différence d'intensité, mais non pas d'espèce.

- La chaleur initiale, c'est-à-dire celle qu'a d'abord le corps avant de devenir plus chaud. - La grandeur et la petitesse, voir plus haut, § 11.

- Susceptible des deux, de la grandeur et de la petitesse, c'est-à-dire qu'elle peut ou se développer ou s'amoindrir, sous l'action de diverses causes extérieures.

- C'est ce même corps, voilà la conclusion à laquelle tend tout le raisonnement qui précède, et qui est assez embarrassé, bien qu'il soit clair.

- Et la matière est identique, c'est-à-dire qu'elle reste substantiellement la même, tout en changeant de formes et de propriétés.

§ 13. Le rare est léger, après cette phrase ou trouve dans quelques manuscrits une autre phrase qui ne fuit que répéter ce qui a été dit plus haut sur la circonférence et sur le feu, § 12. Elle est d'ailleurs connue de Simplicius qui remarque qu'elle fait double emploi. J'ai cru devoir la supprimer dans ma traduction parce qu'elle interrompt le cours de la pensée; et Simplicius autorise cette suppression, en nous apprenant que quelques manuscrits n'avaient pas cette répétition.

- Ces deux propriétés, le dense est en général plus pesant, et le rare est plus léger.

- Ne se correspondent point, le plomb étant plus lourd que le fer, quoique le fer soit plus dur; et, à l'inverse, le fer étant moins lourd que le plomb, quoique plus dur que lui.

§ 14. De tout ce qui précède, non seulement dans ce chapitre, mais encore dans les chapitres antérieurs depuis le huitième.

 - Que le vide n'est point séparé, voir plus haut, ch. 11.

- Il n'existe point absolument, c'est le résultat de toute la théorie d'Aristote sur le vide.

- Il n'est pas dans ce qui est rare, voir plus haut, § 2.

- Il n'est pas non plus en puissance, voir plus haut, § 3.

- En tant que telle, c'est-à-dire en tant qu'elle est dense ou rare, et qu'elle s'approche ou s'éloigne du vide.

- A ce point de vue, l'un étant lourd et l'autre étant léger.

- En tant que dur et mou, le dense est en général dur et le rare est mou; c'est-à-dire que l'un est facile à diviser et que l'autre est difficilement divisible, comme le prouve l'exemple donné plus haut du plomb et du fer.

- De la passivité ou de l'impassibilité des corps, selon que les corps sont plus ou moins denses et durs, ils souffrent plus ou moins de l'action des corps environnants.

- De leur altération, ou changement dans la qualité, une des six espèces de mouvement reconnues par Aristote; voir plus loin, Livre,V, ch. 1, § 2, et les Catégories, ch. 14, p. 128 de ma traduction.

§ 15. Ce que nous avions à dire sur le vide, la seconde des trois grandes théories exposées dans ce quatrième livre; il va passer à la dernière, qui est celle du temps, avant celle du mouvement.

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