livre III chapitre XII - livre IV chapitre II
LEÇONS DE PHYSIQUE
LIVRE IV.
DE L'ESPACE, DU VIDE ET DU TEMPS.
CHAPITRE PREMIER. Théorie de l'espace ou du lieu; nécessité de cette théorie; ses difficultés; insuffisance des recherches antérieures. |
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1 Ὁμοίως δ' ἀνάγκη καὶ περὶ τόπου τὸν φυσικὸν ὥσπερ καὶ περὶ ἀπείρου γνωρίζειν, εἰ ἔστιν ἢ μή, καὶ πῶς ἔστι, καὶ τί ἐστιν. 2 Τά τε γὰρ ὄντα πάντες ὑπολαμβάνουσιν εἶναί που (τὸ γὰρ μὴ ὂν οὐδαμοῦ εἶναι· ποῦ γάρ ἐστι τραγέλαφος ἢ σφίγξ;) 3 Καὶ τῆς κινήσεως ἡ κοινὴ μάλιστα καὶ κυριωτάτη κατὰ τόπον ἐστίν, ἣν καλοῦμεν φοράν. 4 Ἔχει δὲ πολλὰς ἀπορίας τί ποτ' ἐστὶν ὁ τόπος· οὐ γὰρ ταὐτὸν φαίνεται θεωροῦσιν ἐξ ἁπάντων τῶν ὑπαρχόντων. 5 Ἔτι δ' οὐδ' ἔχομεν οὐδὲν παρὰ τῶν ἄλλων οὔτε προηπορημένον οὔτε προηυπορημένον [208b] περὶ αὐτοῦ. |
§ 1. Le physicien doit nécessairement savoir aussi de l'espace, tout comme de l'infini, s'il existe ou n'existe pas, et déterminer comment l'espace existe et ce qu'il est. § 2. Ainsi tout le monde admet que ce qui est, est en quelque lieu de l'espace, et que ce qui n'est pas n'est nulle part; car où sont, par exemple, le bouc-cerf et le sphinx? § 3. Puis, parmi les mouvements, le plus commun de tous et celui qui mérite le plus spécialement ce nom, c'est le mouvement qui se fait dans l'espace et que nous appelons la translation. § 4. Mais il y a plus d'une difficulté à savoir précisément ce qu'est l'espace; car il ne se présente pas de la même manière sous toutes les faces où on le considère. § 5. Ajoutons enfin que les autres philosophes, ou ne nous ont rien donné sur ce sujet, ou n'en ont pas donné [208b] des explications satisfaisantes. |
Ch. I, § 1. Tout comme de l'infini, voir plus haut, Livre III, ch. 4, § 1, les questions que l'auteur se pose sur l'infini, et qui sont tout à fait analogues à celles qu'il se pose ici sur l'espace. Plus haut aussi, Livre III, ch. 1, § 1, Aristote a indiqué à l'avance qu'il traiterait de l'espace, du vide et du temps. § 2. Tout le monde, tous les philosophes. - En quelque lieu de l'espace, quelque part. - Le bouc-cerf et le sphinx, ce sont des exemples, surtout le premier, dont se sert fréquemment Aristote pour indiquer des choses purement imaginaires et sans aucune réalité. § 3. Le plus commun de tous, c'est celui qui frappe le plus ordinairement et le plus vivement nos sens. - Qui mérite le plus spécialement ce nom, dans le langage vulgaire, c'est eu ce sens presqu'exclusivement que l'on parle du mouvement. Voir les Catégories, ch. 14, p. 128 de ma traduction, et la Métaphysique, Livre XI. ch, 12, p. 1068, a, 8e édit. de Berlin, - Et que nous appelons la translation, ou le déplacement. § 4. Mais il y a plus d'une difficulté, Aristote a remarqué aussi pour la théorie de l'infini qu'elle présentait de grandes difficultés, livre III, ch. 5, § 7. § 5. Ajoutons enfin, le texte n'est pas tout à fait aussi formel. - Les autres philosophes ne nous ont rien donné, au contraire pour l'infini, Aristote a remarqué que tous les philosophes antérieurs avaient cru devoir s'en occuper; voir plus haut, Livre III, ch. 4, § 2. Il sera question plus loin des théories de Platon et de Zénon sur l'espace, ch. 4 et 5. |