Athénée : les deipnosophistes
De l'amour
Livre XIII
texte français seul mis en page par Philippe Renault
(page précédente page suivante)
Eros : dieu de l'amitié et de la concorde
12. Ποντιανὸς δὲ Ζήνωνα ἔφη τὸν Κιτιέα ὑπολαμβάνειν τὸν ῎Ερωτα θεὸν εἶναι φιλίας καὶ ἐλευθερίας, ἔτι δὲ καὶ ὁμονοίας παρασκευαστικόν, ἄλλου δὲ οὐδενός. Διὸ καὶ ἐν τῇ Πολιτείᾳ ἔφη τὸν ῎Ερωτα θεὸν εἶναι συνεργὸν ὑπάρχοντα πρὸς τὴν τῆς πόλεως σωτηρίαν. ῞Οτι δὲ καὶ οἱ τούτου πρεσβύτεροι κατὰ φιλοσοφίαν σεμνόν τινα τὸν ῎Ερωτα καὶ παντὸς αἰσχροῦ κεχωρισμένον ᾔδεσαν δῆλον ἐκ τοῦ κατὰ τὰ γυμνάσια αὐτὸν συνιδρῦσθαι ῾Ερμῇ και ῾Ηρακλεῖ, τῷ μὲν λόγου, τῷ δ' ἀλκῆς προεστῶτι· ὧν ἐνωθέντων φιλία τε καὶ ὁμόνοια γεννᾶται, δι' ὧν ἡ καλλίστη ἐλευθερία τοῖς ταῦτα μετιοῦσιν συναύξεται. ᾿Αθηναῖοι δὲ τοσοῦτον ἀπέσχον τοῦ συνουσίας τινὸς διαλαβεῖν προεστάναι τὸν ῎Ερωτα ὥστε τῆς ᾿Ακαδημίας ἐκδήλως τῇ ᾿Αθηνᾷ καθιερωμένης αὐτόθι τὸν ῎Ερωτα ἱδρυσάμενοι συνθύουσιν αὐτῷ. Θεσπιεῖς τε τὰ ᾿Ερωτίδεια τιμῶσιν καθάπερ <᾿Αθηναῖοι τὰ Παν>αθήναια καὶ τὠλύμπια ᾿Ηλεῖοι ῾Ρόδιοί τε τὰ ῾Αλίεια καὶ ἐν ταῖς δημοτελέσι δὲ σπονδαῖς ὡς ἐπίπαν ὁ ῎Ερως τιμᾶται. Λακεδαιμόνιοι δὲ πρὸ τῶν παρατάξεων ῎Ερωτι προθύονται, ὡς ἐν τῇ τῶν παραταττομένων φιλίᾳ κειμένης τῆς σωτηρίας τε καὶ νίκης. Καὶ Κρῆτες δ' ἐν ταῖς παρατάξεσι τοὺς καλλίστους τῶν πολιτῶν κοσμήσαντες διὰ τούτων θύουσι τῷ ῎Ερωτι, ὡς Σωσικράτης ἱστορεῖ. ῾Ο δὲ παρὰ Θηβαίοις ἱερὸς λόχος καλούμενος συνέστηκεν ἐξ ἐραστῶν και ἐρωμένων, τὴν τοῦ θεοῦ σεμνότητα ἐμφαίνων, ἀσπαζομένων θάνατον ἔνδοξον ἀντ' αἰσχροῦ καὶ ἐπονειδίστου βίου. Σάμιοι δέ, ὥς φησιν ᾿Ερξίας ἐν Κολοφωνιακοῖς, γυμνάσιον ἀναθέντες τῷ ῎Ερωτι τὴν διὰ τοῦτον ἀγομένην ἕορτην ᾿Ελευθέρια προσηγόρευσαν· δι' ὃν θέον καὶ ᾿Αθηναῖοι ἐλευθερίας ἔτυχον, καὶ οἱ Πεισιστρατίδαι ἐκπεσόντες ἐπεχείρησαν διαβάλλειν πρῶτον τὰς περὶ τὸν θεὸν τοῦτου πράξεις.
12.
Pontianus affirma que
Zénon
de Cition concevait Éros
comme le dieu de l'amitié, de la liberté, à la rigueur de la concorde, mais
rien de plus que cela. En conséquence, dans sa Politique, le philosophe
ne voit en lui qu’un simple auxiliaire à la sûreté de l'État.
Des
philosophes qui ont vécu avant Zénon ont proclamé qu’Éros était une entité
sacrée, exempte de toute souillure. On ne peut en douter lorsque l’on voit
des statues du dieu dressées dans les gymnases aux côtés de celles d’Hermès
et d’Héraclès : l’un est le maître de l'éloquence ; le second
de la force physique. La conjugaison de leurs puissances engendre alors l'amitié
et la concorde, mais aussi la liberté la plus belle pour ceux qui la
poursuivent assidûment.
Dans
les mentalités athéniennes, Éros est loin d’être un simple dieu présidant
aux rapports sexuels, puisque dans l'Académie, dont on sait de toute évidence
qu’il était consacré à Athéna, on avait érigé une statue de lui, et
c’est à ces deux divinités que l’on sacrifiait.
Les
gens de Thespies célèbrent les Érotidides avec autant de ferveur religieuse
que les Athéniens lors des Panathénées, les Éléens lors des Olympies, ou
les Rhodiens lors des Haliées. En règle générale, Éros est honoré dans
tous les sacrifices publics.
Ainsi,
les Lacédémoniens offrent à Éros des sacrifices préliminaires avant de se
ranger en ordre de bataille, parce qu'ils pensent que leur salut et leur
victoire ne dépendent que de l'amitié qui lie les hommes entre eux.
Avant
de se livrer au combat, les Crétois choisissent dans leurs troupes les plus
beaux des soldats pour leur faire faire un sacrifice à Éros, comme le rapporte
Sosicratès.
À
Thèbes, le bataillon dit « sacré » comprend des amants et des aimés
qui honorent la majesté du dieu en recherchant une mort glorieuse plutôt
qu’une vie de déshonneur dont on ne manquerait pas de leur faire reproche.
Quant
aux Samiens,
Erxias, dans son Histoire de Colophon, nous rappelle
qu’ils avaient édifié un gymnase à Éros et institué des fêtes en son
honneur, les Éleutheria.
Enfin,
c'est grâce à Éros que les Athéniens renouèrent avec la liberté. Et quand
ils furent exilés, les Pisistratides n’eurent de cesse que de souiller et de
blâmer tout ce qui avait trait à ce dieu.