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Euripide

 

 

ANTHOLOGIE TRAGIQUE

 

Fragments de tragédies perdues

 

 

 

 

 

 

    Outre dix-huit pièces complètes, nous possédons d'Euripide un nombre infiniment important de fragments de pièces perdues ou inconnues. Ces fragments proviennent pour la plus grande part de citations d'auteurs anciens.

 

    Une de nos sources est la comédie attique, en particulier celle d'Aristophane, auteur dont on sait qu'il fut le contemporain d'Euripide et son pourfendeur le plus virulent. De même d'autres comiques grecs, comme Diphilos, ou latins, comme Naevius, dont nous avons conservé quelques fragments,  ont cité quelquefois le poète.

 

    Malgré tout, les plus abondantes citations d'Euripide sont à trouver dans les œuvres des grammairiens, des rhéteurs ou des compilateurs, parmi lesquels il faut nommer Clément d'Alexandrie ou Favorinus d'Arles. Mais de loin, c'est le Byzantin Stobée qui  nous a conservé le plus grand nombre de fragments. Sur les 1106 extraits recensés par Nauck dans sa grande édition de 1847, 508 sont cités par Stobée. On se rendra compte de l'importance du Florilège stobéen quand on lira ci-dessous ma propre sélection de fragments.

 

    La tendance d'Euripide à être cité plus que les deux autres Tragiques s'explique aisément : jamais un auteur n'a autant usé de la formule dans ses dialogues, nul n'a autant moralisé que lui.  Au point que très tôt, des recueils de citations renfermant ses plus beaux vers, tout au moins ceux dont la portée morale était la plus évidente, circulèrent dans le monde grec, et ce, dès l'époque hellénistique. L'ouvrage de Stobée, qui date du Ve siècle de notre ère, n'est d'ailleurs que la compilation de recueils antérieurs : n'imaginons pas que cet érudit se soit épuisé à glaner ses informations au cœur même des tragédies d'Euripide. Non, il lui a suffi de recopier ce qui avait été fait avant lui.

 

    Notons que ce même « pillage » fut pratiqué sur l'œuvre de Ménandre, un poète lui aussi, dont le sens de la formule (hérité d'ailleurs d'Euripide dont il était l'ardent admirateur) facilita la constitution d'importants recueils de citations.

 

    Autres sources qui ne cessent d'augmenter notre connaissance des pièces perdues d'Euripide, les papyrus, qui nous ont permis récemment de révéler une pièce presque complète comme Hypsipyle, et des extraits substantiels d'Antiope ou de Phaéton.

 

    Dans cette page, sur le millier de fragments subsistants d'Euripide, j'en ai sélectionné environ cent cinquante qui me semblent non seulement les plus beaux - cela va de soi -, mais aussi qui répondent le mieux aux caractéristiques si particulières du drame euripidien, même les plus irritantes (la mysogynie). Certains de ces fragments constituent parfois de superbes maximes, presque dignes de la Rochefoucauld. Ainsi ces deux beaux vers tirés d'une tragédie inconnue et qui résument à eux seuls le sens de l'universel typique de l'Athènes classique du Ve  siècle :

 

                                        Un homme sage, qu'il soit loin de mon pays,

                                        Qu'il me soit inconnu, est déjà mon ami.

 

 

 

 

 

 

Alcmène

Alcméon

Alexandros

Andromède

Antigone

Antiope

Archélaos

Augé

Autolycos

Bellérophon

Danaé

Dictys

Égée

Éole

Érecthée

Eurysthée

Hippolyte voilé

Ino

Ixion

Lycynnios

Mélanippe enchaînée

Méléagre

Œdipe

Œnomaos

Pelée

Les Péliades

Phaéton

Philoctète

Phœnix

Phrixos

Pirithoüs

Pléisthénès

Polyidos

Protésilas

Télèphe

Les Téménides

Téménos

Thésée

Thyeste

Fragments non localisés

 

 

 

 

Alcmène

 

On vit s'entrelacer un lierre fort touffu,

Un sanctuaire exquis pour les doux rossignols

Et plante bienvenue.

 

Aristophane, Grenouilles, 93

 

 

Une noble naissance est de bien peu d'ampleur

Face à l'argent qui donne au fourbe la splendeur.

 

Stobée, IV, 31b

 

 

Ce sont les opulents qui gouvernent la ville.

 

Stobée, IV, 4

 

 

Lorsque vient la Fortune, il faut garder raison.

 

Stobée, IV, 4

 

 

Dans le cœur des mortels, un philtre irrésistible :

C'est l'amour paternel.

 

Stobée, IV, 4

 

 

 

Alcméon

 

À quoi bon enfanter, si nous ne pouvons pas

Ô père, soulager les maux de nos petits ?

 

Stobée, IV, 25

 

 

Hélas ! toute grandeur attire l'infortune !

 

Stobée, IV, 8

 

 

 

Alexandros

 

le Coryphée

Je sais bien que le temps met un terme au chagrin

 

Hécube

Facile à dire, mais supporter ses tourments !

 

Stobée, IV, 49

 

 

Non, je n'apprécie pas ces hommes volubiles :

Au cœur de l'action ils sont bien utiles.

 

Orion, Florilège, I, 3

 

 

Priam, ce que je dis est l'évidence pure:

L'esclave intelligent est un très grand fléau ;

Rien de plus inutile et rien de plus parjure.

 

Stobée, IV,19

 

 

Oui, nous devons mourir, mais grâce à la sagesse,

Nous calmons la douleur d'un destin qui nous blesse.

 

Stobée, IV,44

 

 

Ce n'est qu'avec le temps que je saurais vraiment

Si tu es bienveillant ou bien alors méchant.

 

Clément d'Alexandrie,

Stromates, VI, 2, 10, 8

 

 

La calomnie, ô roi, est un fléau complet !

Un homme est condamné car il ne sait parler :

Malgré un cœur sans tâche, il est souvent vaincu

Par celui dont le verbe est habile et plus dru.

 

Stobée, III,42

 

 

La richesse est injuste et nous dévoie souvent.

 

Stobée, IV,31c

 

 

Il n'y a rien de plus nocif que la richesse

Et le luxe excessif. Certes, la pauvreté

Est une affliction, mais pour tous nos enfants,

Elle éprouve à la fois courage et volonté.

 

Stobée, IV,31c

 

 

 

Andromède

 

Quand un homme est épris d'un être bienveillant,

Rien ne peut plus manquer à la joie de l'amant.

 

Stobée, IV,20

 

 

L'avenir me tourmente : un malheur qu'on attend

Est pire, selon moi, que celui du moment.

 

Stobée, IV,35

 

 

Lorsque nous retrouvons plaisir et opulence

Il est bien doux de se rappeler ses souffrances.

 

Stobée, IV, 20

 

 

Je veux avoir de l'or chez moi. Fût-on esclave,

On est aimé, du moment qu'on est fortuné.

Il a beau être libre, un pauvre est impuissant !

Toi, tu as de l'argent ! Tu peux en être heureux !

 

Stobée, IV, 31a

 

 

Pas de mortel heureux sans l'accord de nos dieux !

 

Stobée, IV, 41

 

 

Lui, il est très heureux ! L'autre, à cause d'un dieu,

A disparu soudain du lot des fortunés !

Sa vie a dérivé sous les vents furieux...

 

Stobée, IV, 41

 

 

 

Antigone

 

Œdipe était un homme au comble du bonheur,

Mais un jour, il connut les plus grands des malheurs.

 

Aristophane, Scholie

des Grenouilles, 1182

 

 

Par nature, un tyran doit contenter la foule.

 

Stobée, IV, 7

 

 

La mort vient terminer les querelles humaines :

La preuve ? Quand une lance frappe une pierre,

Eh bien, nulle douleur n'étreint cette dernière.

 

Stobée, IV, 57

 

 

Oui, quand on est marié, la liberté faillit.

Toutefois, le mariage a un grand avantage :

On a peur plus que tout de faire une folie.

 

Stobée, IV, 22, a

 

 

 

Antiope

 

Le malheur surviendra à cause de ta Muse :

Elle n'est qu'indolence et qu'amour pour le vin

Et n'a point le souci de l'argent et des biens.

 

Plutarque, Questions

conviviales, II, 1, 13

 

 

Tu me reproches d'être un homme efféminé :

Détrompe-toi car moi j'ai l'esprit vertueux

Qui me rend bien plus fort que des bras vigoureux.

 

Stobée, III, 3

 

 

Il y a trois vertus qu'il te faut méditer,

Enfant : aimer les dieux, honorer tes parents

Et respecter les lois communes aux cités.

En agissant ainsi, tu ceindras fièrement

Une belle couronne éclairée par la gloire.

 

Stobée, III,13

 

 

La juste décision née dans la solitude

Triomphe de la loi qu'émet la multitude,

Car dans la foule règne une sombre ignorance :

C'est un péril immense !

 

Stobée, IV, 13

 

 

Les Dieux nous ont abandonné, moi et mes fils.

J'en ai compris la cause : il faut chez les mortels

Un lot de malheureux, un lot de gens heureux.

 

Stobée, IV,34

 

 

Quelle condition on octroie aux esclaves !

 

Stobée, IV,35

 

 

Quand un homme est comblé par le sort et détient

Un trésor, mais n'embellit pas sa maison,

Non, je ne dirai pas que c'est un homme heureux :

Il n'est que le gardien fortuné de ses biens.

 

Stobée,III, 16

 

 

 

Archélaos

 

Un conseil : toi vivant, ne te laisse jamais

Réduire en esclavage, alors que tu peux, libre,

Te résoudre à la mort.

 

Pap. Oxyrhynchos, 419

 

 

J'ai longtemps réfléchi sur le destin des hommes :

On tombe, on se relève ; on est bien, on t'assomme.

 

Stobée, IV, 41

 

 

Vois : quelques soldats par la vaillance animée

Valent mieux qu'une grande mais tremblante armée.

 

Stobée, IV, 13

 

 

Tu es un homme jeune, intelligent et pauvre :

Ces trois conditions sont à considérer.

 

Stobée, IV, 11

 

 

Mon seul devoir : lutter. Qui pourrait sans lutter

Avoir la renommée. Un poltron pourrait-il

        Parvenir au sommet ?

 

Stobée, IV, 10

 

 

Que d'hommes sont vaincus par l'irréflexion

Et par la vanité, ces deux fléaux sans nom.

 

Stobée, III, 20

 

 

Il n'existe pas de temple à la Pauvreté,

Vile divinité. Je déteste ces hommes

Intelligents qui n'usent de leur faculté

Que pour le seul argent....

 

Stobée, IV, 32b

 

 

La beauté ne s'acquiert qu'après de longs efforts.

 

Stobée, III, 29

 

 

 

Augé

 

Tu aimes regarder les dépouilles humaines

Et les corps en morceaux sans être incommodée.

Mais que je mette au monde un enfant, alors là,

        C'est un crime à tes yeux.

 

Clément d'Alexandrie,

Stromates, VII, 3, 23

 

 

C'est le sort des humains : un beau jour, le destin

Fait plonger notre vie dans un malheur sans nom ;

Nul n'est sûr de rester intact jusqu'à la fin.

 

Stobée, IV, 41

 

 

Demeurons sans pitié envers les partisans

De l'ordre tyrannique, honteux gouvernement

Régi par quelques uns ! Aimons la liberté,

Mot plein de dignité. Par lui, la pauvreté,

Nous semble une richesse !

 

Stobée, IV, 8

 

 

Quel plaisir de contempler les jeux des enfants !

 

Stobée, IV, 24d

 

 

Quiconque ne voit pas dans Éros un grand dieu

Est un esprit buté, sans notion du beau !

Il ne connaît ce dieu, le plus grand pour les hommes.

 

Stobée, III, 18

 

 

Nous les femmes, sommes terrassées par le doute.

Mais nous sommes dotées d'une terrible audace.

Stobée, IV, 22

 

 

 

Autolycos

 

Des milliers de fléaux qui ravagent la Grèce,

Le plus atterrant est l'engeance des athlètes.

Ils ne savent point vivre convenablement.

Comment le pourraient-ils ? Car soumis à leurs dents

Ils n’accroissent jamais leur fortune ; comment

Pourraient-ils supporter les aléas du sort,

Enfin la pauvreté ? Comme ils sont sans vertu,

Ils ne sauraient passer de l’aisance à la gêne.

Resplendissant tout comme de belles statues,

Les voilà dans la ville en train de parader.

Mais lorsque la vieillesse amère les abat,

Usés jusqu’à la corde, on voit leur triste état.

Ah ! je blâme les Grecs d’avoir pour habitude

De courir après eux et d’être en multitude.

Pour gagner un festin, ils viennent honorer

Des gens sans intérêt. Un homme a bien lutté ;

Il a fait bonne course ; il a lancé le disque ;

Il a bien tabassé : on le couronne alors.

Mais pour la cité, quel bien a-t-il pu rendre ?

Croit-il donc défier l’ennemi par le disque

Sans même se munir au moins d’un bouclier ?

Croit-il donc les chasser par quelques coups de pied ?

Sur le champ de bataille il serait déplacé

De résister ainsi. Non, c’est l’homme sensé,

Le sage qu’il convient de ceindre de lauriers.

C’est celui qui gouverne avec force et vaillance,

Celui qui par la force de son éloquence

Détourne les projets néfastes et apaise

De la communauté les terribles humeurs.

À toutes les cités, à tous les hommes grecs

Voilà qui fait honneur.

 

Athénée, X, 413C

 

 

 

Bellérophon

 

 

On dit que dans le ciel sont les Divinités:

Ah ! quelle fausseté ! Il faut cesser de croire

Aux superstitions, c’est mon opinion.

La preuve : ces tyrans qui tuent les pauvres gens,

Qui ruinent les cités, qui renient leurs serments :

Bien qu’ils soient odieux, leur vie est bien meilleure

Que celle de ce sage humble devant les dieux !

 

Justin, de la Monarchie, 5

 

 

L'imbécile musclé ne me terrifie pas.

Par contre, le fluet calculateur et froid

Double ma méfiance, m'inspire de l'effroi.

 

Stobée, III, 8

 

 

Ces méchants, arrogants et gonflés d'insolence,

Et ces individus faussement respectables

Ont une belle vie, bien qu'elle soit instable,

Car le Temps, ce hasard, rédige la sentence !

 

Stobée, III, 2

 

 

 

Danaé

 

On trouve vertueux les paroles du riche.

Qu'un pauvre soit éloquent, et l'on se rie de lui.

Or, chez les pauvres gens je vois plus de vertu

Que chez les opulents. Et offrir à nos dieux

De modestes présents me semblent plus pieux

Que de leur immoler des centaines de bœufs.

 

Stobée, IV, 33

 

 

L'Amour n'est qu'un oisif : il aime les miroirs

Et les cheveux teintés ; le travail, il le fuit.

Ma preuve, la voici : les mortels qui s'en vont

Mendier leur vie, jamais l'Amour ne les prendra ;

Sa force ne s'abat que sur l'homme opulent.

 

Stobée, IV, 20b

 

 

Plus éprouvant que de surveiller un long mur :

Surveiller une femme, oh oui, je vous l'assure !

 

Stobée, IV ,23

 

 

On prétend que la femme est douée pour l'intrigue,

Que l'homme est plus ardent quand il use du glaive.

Si la ruse avait droit aux plus beaux des lauriers,

Tous les hommes seraient sous notre autorité.

 

Stobée, IV, 22g

 

 

Une femme sortie du logis paternel

N'est plus à ses parents, elle est à son mari.

Au contraire, les fils demeurent au foyer :

Aux dieux de la maison, ils font des sacrifices

Et ornent les tombeaux.

 

Stobée, IV, 22c

 

 

 

Dictys

 

 

Je peux te l'affirmer, la justice est puissante !

 

Stobée, III, 13

 

 

Trop souvent, l'éloquence est le fait du tyran.

 

Stobée, III, 36

 

 

Concernant la noblesse, ah ! que dire, ma foi !

Le vertueux, voilà le noble, selon moi.

L'homme injuste, serait-il même fils d'un dieu,

Plus grand que le grand Zeus, pour moi, est odieux !

 

Stobée, IV, 29a

 

 

Vieillard, ne lutte pas contre les souverains :

L'antique loi nous dit de louer les puissants.

 

Stobée, IV, 2

 

 

 

Égée

 

Un homme sans argent, mais doué d'énergie

Ne va pas se gêner : oui, il sera tenté

De s'emparer des biens des hommes les plus riches.

 

Stobée, IV, 4

 

 

 

Éole

 

La richesse ? Ah ! surtout, ne me parlez pas d'elle !

Je hais une déesse aimée par les bandits !

 

Stobée, III, 3

 

 

À Cypris, la vieillesse dit adieu. La déesse

Exècre les vieillards !

 

Stobée, IV, 50b

 

 

La souffrance est dans l'ordre immuable des choses :

Supporter ces malheurs dont les dieux sont la cause

        Est signe de sagesse.

Stobée, IV, 44

 

 

Quand on commence mal, la fin aussi est vile.

 

Stobée, III, 4

 

 

Le Temps dévoilera tout  aux gens de l'avenir :

Bavard, il parlera sans qu'on le lui demande !

 

Stobée, I, 8

 

 

 

Érecthée

 

Pour que l’on te respecte, offre une part égale

Au riche, à l'indigent. S'il y a deux problèmes,

Examine l'avis de l'un comme de l'autre.

Évite d'être riche  en usant d'injustice :

Tu ne durerais point. Oui, gagne de l'argent :

Richesse offre noblesse ! Et puis, l'autre avantage,

Ce sont de beaux partis ! Même plein de sagesse,

Le pauvre est dans la nuit, n'attirant que mépris.

Fais-toi de bons amis ; évite les trompeurs.

Quant à l’homme flatteur, ferme-lui ta maison.

Vénère les vieillards. Oublie les débauchés,

Dont l'unique plaisir est de faire un bon mot.

Un divertissement pervers est toujours bref.

Une fois au pouvoir, ne contraint pas ton peuple

À suivre tes envies. On s'attire la mort

Dès que l'on humilie les fils des braves gens.

 

Stobée, III, 3

 

 

Chœur des vieillards

Araignée, tisse maintenant ta toile

        Sur mes armes !

Après avoir confié ce bouclier thrace

        À la demeure de Pallas,

J'aspire à vivre une calme vieillesse,

À chanter, tête ceinte de couronnes,

À lire les récits où la vertu rayonne.

 

Stobée, IV, 14

 

 

Il est mort. Quant à moi, j'affirme que tous ceux

Qui sont morts en héros sont plus vivants que ceux

        Dont la vie fut sans gloire.

 

Papyrus Sorbonne, 2328

 

 

Pour l'enfant rien de mieux qu'une mère : vénérez-la,

Mes petits, car nul autre amour n'a cet éclat.

 

Stobée, IV, 25

 

 

C'est par l'acharnement que l'homme s'améliore.

 

Stobée, III, 29

 

 

 

Eurysthée

 

Pourquoi donc les bâtards n'auraient-ils pas le droit

D'être acceptés en tant qu'enfants légitimés ?

Car, en effet, s'ils sont d'une bonne nature,

Ce n'est pas cet état qui les rendra mauvais.

 

Stobée, IV, 24c

 

 

Un esclave loyal ne révèle jamais

Les secrets que son maître un beau jour lui divulgue.

 

Stobée, IV, 19

 

 

 

Hippolyte voilé

 

À la place du feu, nous avons inventé,

Nous les femmes, un feu plus rude à maîtriser !

 

Stobée, IV, 22b

 

 

Quand vient nous assaillir un terrible péril

La loi est négligeable. Obéissons plutôt

À la nécessité, la chose est préférable.

 

Stobée, III, 12

 

 

Chez l'homme la richesse engendre bien des vices,

Non seulement l'orgueil, mais aussi l'avarice.

 

Stobée, IV, 41

 

 

 Le temps qui s'insinue clame la vérité.

 

Stobée, I, 8

 

 

 

Ino

 

Ne sois pas trop sévère envers les malheureux :

Après tout, toi aussi, tu es homme comme eux.

 

Stobée, IV,48a

 

 

Par nature, une femme est bien plus misérable

Q'un homme. Dans le bien, elle est inférieure

À lui. Dans l'infamie, par contre, elle le double !

 

Stobée, IV,22g

 

 

C'est être bien grossier que de ne pas pleurer

Sur les malheurs d'autrui. On a beau être riche,

Cela n'oblige pas à ne point soulager

        Les gens de leurs épreuves.

 

Stobée, III, 16

 

 

Le sage doit toujours vivre dans l'espérance

 

Stobée, IV, 46

 

 

 

Ixion

 

C'est l'audace qui donne aux mortels la victoire.

Sans effort, on n'obtient ni grandeur ni pouvoir.

 

Stobée, IV, 10

 

 

 

Lycynnios

 

Il est peu raffiné mais il est énergique ;

Il croit que la vertu réside dans les actes :

Il n'est jamais allé fréquenter les portiques.

 

Diogène Laërce, III, 63

 

 

 

Mélanippe enchaînée

 

Avec l'aide de Zeus, le sage doit toujours

Infléchir des idées dans le sens du concret.

 

Orion, Florilège, 5, 3

 

 

Oui, ma mère exceptée, les femmes me dégouttent !

 

Stobée, IV, 22g

 

 

Un mariage simple, une calme union,

Voilà le vrai bonheur auquel nous aspirons.

 

Stobée, IV, 22f

 

 

C'est vrai, l'action appartient aux plus jeunes ;

Mais les plans des plus vieux sont de loin les meilleurs.

 

Stobée, IV, 50a

 

 

Rien ne fera tomber l'esclave de valeur :

Parfois, au citoyen il est supérieur.

 

Stobée, IV, 19

 

 

Il faut laisser les morts à leur condition

Car pourquoi réveiller les souffrances passées ?

 

Stobée, IV, 56

 

 

 

Méléagre

 

On ne peut acheter la vertu, le courage :

Le pauvre peut ainsi engendrer de grands sages.

 

Stobée, IV, 29b

 

 

Les lâches, en effet, sont absents du combat :

Même s'ils sont présents, ils sont absents, pourtant !

 

Stobée, III, 8

 

 

La lumière d'ici est douce ; aussi l'éclat

Sinistre des Enfers me  semble-t-il affreux !

Et à l'âge où je suis, il me fait tressaillir.

Je ne veux pas mourir !

 

Stobée, IV, 52a

 

 

La femme en son logis est toujours vertueuse,

Et celle qui en sort est une sacrée gueuse !

 

Stobée, IV, 23

 

 

Avant tout, il nous secourir les vivants :

L'homme n'est que fumée et boue ! Le néant

S'en retourne au néant.

 

Stobée, IV, 34

 

 

 

Œdipe

 

L'or et l'argent ne sont pas les seuls à briller :

Dans nos cœurs, la vertu peut aussi rutiler,

Mais il faut en user.

 

Stobée, III, 1

 

 

Un bonheur surprenant est toujours plus suave

Q'une bonheur qui survient, mais que l'on attendait.

 

Stobée, IV, 47

 

 

Toute femme a moins de valeur que son époux,

Fût-il un rien du tout, fût-elle la meilleure !

 

Clément d'Alexandrie,

Stromates. IV, 8, 63, 2

 

 

Quel est le plus intéressant ? L'intelligence

Sans la témérité, ou alors la hardiesse

Sans la lucidité ? C'est vrai, l'une est aveugle

Mais se défend. L'autre est placide et peu utile.

Ils sont insuffisants !

 

Stobée, III, 7

 

 

Une femme honorable est toujours dévouée

À l'époux ; et si la virago le domine,

        C'est toujours bêtement !

 

Stobée, IV, 22c

 

 

Un seul jour nous apporte un lot de changements.

 

Stobée, IV, 41

 

 

L'ennui ronge mon cœur, la misère mon corps.

 

Nonius, 199

 

 

 

Œnomaos

 

Il nous faut supporter les affres du destin :

C'est là qu'est la sagesse : et qui le peut est grand

Et souffre moins ! Mais si l'affirmer est aisé,

Appliquer ce principe est chose difficile.

Stobée, IV, 35

 

 

Quand je vois succomber tant de méchanceté,

Je recommence à croire à la divinité !

 

Orion, Florilège, 5, 5

 

 

Plus un mortel agit, plus ses fautes sont lourdes.

 

Stobée, IV, 16

 

 

Tout mortel qui aspire à vivre très longtemps

Se trompe lourdement : une vie prolongée

        Multiplie les souffrances.

 

Stobée, IV, 50b

 

 

 

Pelée

 

La richesse ? Foutaise absolue chez les hommes !

D'un trait, un dieu l'efface autant qu'un signe écrit.

 

 Stobée, IV, 30

 

 

 

Les Péliades

 

Les dieux ne connaissent pas l'injustice :

C'est dans l'homme seulement qu'est le vice.

 

Stobée, II, 8

 

 

Ma fille, je t'approuve et te donne un conseil.

Ne raisonne pas plus qu'une enfant de ton âge.

En tant que jeune fille, agis comme une vierge.

Mais une fois glissée au plus profond du lit

De ton noble mari, laisse-le se livrer

À maintes fantaisies.

 

Stobée, IV, 23

 

 

Si l'on vient vous aider, c'est dans un but d'argent.

 

Stobée, IV, 31b

 

 

 

Phaéton

 

... L'épouse de Mérops, le maître d'un royaume

Où Hélios matinal jette ses feux superbes

Du haut de son quadrige, et que l'on interpelle

        Du noble nom d'Aurore.

 

 Strabon, I, 2, 37

 

 

 

Philoctète

 

À quoi bon la vertu, puisque sans m'épuiser,

Mêlé aux gens communs, je gagne  tout autant

Que le plus grand tyran.

 

Plutarque,

De se Laudando, 14, 544C

 

 

Puisque notre corps est mortel, si la sagesse

Est notre guide ardent, alors pourquoi garder

Cette haine immortelle ?

 

 Stobée, III, 20

 

 

 

Phœnix

 

Autrefois je blâmais ces vieillards attachés

À la vie : selon moi, ils n'étaient que des lâches.

Mais aujourd'hui, j'aurais une pensée contraire.

Je m'accroche à la vie malgré tant de misères,

Car, pour nous les mortels, l'amour de l'existence

Prédomine : la mort et sa lourde ignorance,

Voilà ce qui soucie car nous craignons de perdre

          Hélios et sa brillance.

 

 Stobée, IV, 53

 

 

 

Phrixos

 

        Nourris-toi d'espérance.

 

 Etym. Magn. p. 410, 32

 

 

Plutôt qu'une richesse acquise sombrement,

Il vaut mieux posséder une bourse modeste,

Mais gagnée sans que l'autre en subisse tourment.

 

 Stobée, IV, 31d

 

 

Si le malheur venait pour la première fois

Me visiter, si je n'avais pas navigué

Depuis longtemps sur les flots amers des tourments,

Tel le jeune cheval que l'on vient d'atteler.

J’affronterai le mal. Résister aujourd'hui,

Non, je ne le veux plus, car devant les épreuves,

Je me suis résigné.

 

 Pap. Oxyrhynchos, 2455, fr. 14

 

 

Le nom seul humilie l'asservi ; mais son âme,

Elle, n'est point ravie : elle est même plus libre

Que celle d'un mortel de condition libre.

 

 Stobée, IV, 19

 

 

Un homme affublé du titre infâme de lâche

        N'est pas un homme vrai.

 

 Stobée, III, 8

 

 

Je suis pieux, mais pareil à un homme impie,

Mon sort est odieux ; Zeus, notre meilleur dieu,

N'aurait-il point alors le sens de l'équité ?

 

 Justin Martyr, De Monarchis, 5

 

 

La vie et la mort, même définition !

Mais il faut nuancer car ceux qui voient le jour

Ne connaissent que maux ; et les morts sont en paix.

 

 Stobée, IV, 52b

 

 

 

Pirithoüs

 

Oui, l'honnêteté peut surpasser la loi :

L'une est inébranlable, et l'autre, un rhéteur

La détourne pour soi, la rendant contestable.

 

 Stobée, IV, 57

 

 

 

Pléisthénès

 

Que ton pouvoir ne soit pas dépendant du peuple !

Ne le méprise pas au point de lui donner

De l'or à seule fin de te rallier.

Sois généreux envers celui qu'on apprécie :

Évite cependant de l'élever trop haut

Car il pourrait un jour devenir un tyran.

Enfin, prends garde au malhonnête habile

Car sa gloire, vois-tu, menacerait la ville.

 

Stobée, IV, 7

 

 

Aux hommes la richesse est cause de malheurs.

 

Stobée, IV, 31c

 

 

 

Polyidos

 

Folie humaine que de vouloir consacrer

Aux morts tant de dépenses !

 

Stobée, IV, 55

 

 

 

Protésilas

 

Quand parlent deux quidams, et que l'un d'eux s'énerve,

Celui qui ne réplique pas est le plus sage.

 

Stobée, III, 19

 

 

Je ne suis pas surpris car en tant que mortel,

        Il ne peut que souffrir !

 

Stobée, IV, 34

 

 

Quoique mort, je ne puis trahir celui que j'aime.

 

Dion Chrysostome, XX, 46

 

 

 

Télèphe

 

Il faut un peu souffrir si l'on veut réussir.

 

Stobée, III, 29

 

 

De l'audace, bien que les dieux ne te ménagent.

 

Stobée, IV, 10

 

 

 

Les Téménides

 

La guerre n'a pas pour seul dessein la victoire :

Elle aime à voir tomber le héros et le lâche.

Elle est pour la cité une honte notoire ;

Ce n'est que pour les morts qu'elle donne la gloire.

 

 Stobée, IV, 95

 

 

Beauté d'une parole honnête, franche, ferme.

 

Stobée, III, 13

 

 

Avec la mort ne disparaît pas la vertu,

Malgré la fin du corps, la vertu continue.

Mais chez les scélérats tout disparaît d'un coup :

Le corps comme le reste...

 

Stobée, IV, 56

 

 

La force sans l'esprit enfante les périls.

 

Stobée, IV, 13

 

 

On aime sa patrie, on s'y dévoue sans cesse.

 

 Stobée, IV, 10

 

 

Des gens, dès qu'ils sont nés, sont des esprits brillants,

Bien que leurs qualités soient souvent étouffés

        À cause des méchants.

 

Stobée, IV, 42

 

 

 

Téménos

 

La stratégie, c'est bien connaître l'ennemi,

De même que le point sur lequel il faiblit.

 

 Stobée, IV, 13

 

 

Pour diriger l'armée, ces mots : tout chef se doit

De traiter justement ses soldats, comme un pâtre.

 

Stobée, IV, 13

 

 

 

Thésée

 

Je vais broyer ton crâne avec ta chevelure,

Puis je déverserai ta cervelle par terre.

Pour finir, de tes yeux des flots sanguinolents

Maculeront le sol.

 

Aristophane, Scholie

des Grenouilles, 473

 

 

 

Thyeste

 

Rien n'existe pour nous puisque règnent les dieux.

Mais pourtant nous souffrons, portés par l'espérance.

À quoi bon ! Tout est vain, nous en savons si peu !

 

Orion, Florilège, 5, 6

 

 

Le courage n'est rien sans la lucidité.

 

Orion, Florilège, 7, 4

 

 

Tu penses que jamais tu n'auras à souffrir !

Folie ! Ne sais-tu pas que tu n'es qu'un mortel ?

 

Stobée, IV, 34

 

 

 

Fragments non localisés

 

Chez les mortels, l'ami est l'unique remède

Pour calmer leur angoisse. Après avoir souffert,

Ils connaissent alors un moment de lumière.

Après cet intermède, hélas ! tout recommence

Et double de puissance.

 

 Stobée, IV, 48

 

 

Non, nul être ici-bas n'est pire que la femme !

 

Aristophane, Lysistrata, 368

 

 

Nos vieux dictons sont vrais : quelques paroles dignes

        Et nos craintes se brisent !

 

Stobée, II, 4

 

 

- Tu amasses de l'or, tandis qu'eux ne le peuvent !

- S'enrichir est idiot quand on ne voit rien d'autre.

 

Stobée, IV, 31c

 

 

Malgré l'afflux de l'or, l'homme sage se plaît

À servir sa patrie. Car la vie collective

Trouve chez le mortel d'indéniables attraits.

 

Stobée, III, 39

 

 

S'immoler est affreux mais nous rend glorieux ;

Rester en vie est bien et rend parfois heureux.

 

Stobée, II, 7

 

 

À mes ennemis, je souhaite une mégère

        En guise de compagne !

 

Stobée, IV, 22g

 

 

Le ventre, les instincts, d'où naissent les malheurs !

 

Clément d'Alexandrie,

Stromates, VI, 2, 8, 3

 

 

Ah ! nous jugeons autrui sans voir nos propres fautes !

 

Stobée, III, 23

 

 

Mourir est notre lot : aussi est-il bien doux

        De mourir sagement.

 

Plutarque, Compar.

Pelop. et Marcelli, , 3, 4

 

 

Un homme sage, qu'il soit loin de mon pays,

Qu'il me soit inconnu, est déjà mon ami.

 

Basile, Lettres, 63

 

 

Pour l'homme, la patrie véritable est le monde.

 

Stobée, IV, 29b