JUVÉNAL

 

SATIRE XII

 

SATURA XII / SATIRE XII.

(Traduction de L. V. Raoul, 1812)

satire XI - satire XIII

 

autre traduction

 

 

 

 

SATURA XII.

SATIRE XII.

Natali, Corvine, die mihi dulcior hæc lux,
Qua festus promissa deis animalia cespes
Exspectat: niveam reginæ ducimus agnam;
Par velus dabitur pugnanti Gorgone Maura;
Sed procul extensum petulans quatit hostia funem
Tarpelo servata Jovi, frontemque coruscat:
Quippe ferox vitulus, templis maturus et aræ
Spargendusque mero, quem jam pudet ubera matris
Ducere; qui vexat nascenti robora cornu.
Si res ampla domi similisque affectibus esset,
Pinguior Hispulla traheretur taurus, et ipsa
Mole piger, nec finitima nutritus in herba;
Læta sed ostendens Clitumni pascua sanguis
(01)
Iret, et a grandi cervix ferienda ministro,
Ob reditum trepidantis adhuc, horrendaque passi
Nuper, et incolumem sese mirantis amici.
Nam præter pelagi casus, et fulguris ictum
Evasi, densæ cœlum abscondere tenebræ
Nube una; subitusque antennas impulit ignis,
Quum se quisque illo percussum crederet, et mox
Attonitus nullum conferri posse putaret
Naufragium velis ardentibus. Omnia fiunt
Talla, tam graviter, si quando pœtica surgit
(02)
Tempestas. Genus ecce aliud discriminis: audi
Et miserere iterum, quanquam sint cætera sortis
Ejusdem: pars dira quidem, sed cognita multis,
Et quam votiva testantur fana tabella
(03)
Plurima: (pictores quis nescit ab Iside pasci?)
Accidit et nostro similis fortuna Catullo.

Oui, mon cœur te préfère au jour de ma naissance,
Heureux jour, où, fêtant l’ami de mon enfance,
Je vais faire couler sur un tertre pieux
Le sang des animaux que j’ai promis aux dieux.
J’y cours, accompagné d’un modeste cortège,
Immoler deux brebis plus blanches que la neige,
L’une à Junon, et l’autre à celle dont le bras,
De la Gorgone armé, sème au loin le trépas.
Pour toi qu’au Tarpéien tout un peuple contemple,
Je te destine un don plus digne de ton temple;
C’est un jeune taureau dont le front mutiné
Cherche à briser le nœud qui le tient enchaîné.
Mûr pour la liqueur sainte et pour le sacrifice,
Il dédaigne déjà le lait de sa nourrice,
Et, secouant la tête, ardent, impétueux,
De sa corne naissante insulte un tronc noueux.
Que n’ai-je une fortune égale à ma tendresse !
J’irais, dans le transport de ma vive allégresse,
Traîner moi-même aux pieds du sacrificateur,
Un bœuf sur Hispulla l’emportant en grosseur.
Il ne sortirait point de nos prochains herbages.
Parmi des prés fleuris et de gras pâturages,
Pour les jours solennels avec soin réservé,
Sur les bords du Clitumne on l’aurait élevé.
Voilà par quels tributs j’exprimerais ma joie,
Au retour de l’ami que le ciel me renvoie,
Et qui, voyant encor les gouffres entr’ouverts,
S’étonne de survivre aux maux qu’il soufferts.
C’était peu des dangers d’une horrible tempête,
Et du bruit de la foudre éclatant sur sa tête;
Un immense nuage, aux yeux des matelots,
Avait caché le ciel, et pesait sur les flots.
Du milieu de la nuit des flammes s’échappèrent;
La vergue s’alluma; les voiles s’embrasèrent:
Et chacun sur la nef, de feux enveloppé,
Comme du même trait soudainement frappé,
Moins que de l’incendie, avait peur du naufrage.
Tel gronde en vers pompeux un poétique orage.
Ce n’est point tout encore; écoute et compatis.
Ces craintes, cet effroi, d’autres les ont sentis,
Et les tableaux votifs suspendus dans nos temples,
D’un semblable danger nous offrent cent exemples.
Qui ne sait, en effet, que les autels d’Isis
Nourrissent parmi nous des milliers de Zeuxis?
Mais ce n’en est pas moins une cruelle chance,
Et Catulle en a fait la dure expérience.

Quum plenus fluctu medius foret alveus, et jam,
Alternum puppis latus evertentibus undis,
Arboris incertæ nullam prudentia cani
Rectoris conferret opem, decidere jactu
Cœpit cum ventis, imitatus castora qui se
(04)
Eunuchum ipse facit, cupiens evadere damno
Testiculorum; adeo medicatum intelligit inguen!
Fundite, quæ mea sunt, dicebat, cuncta, Catullus:
Præcipitare volens etiam pulcherrima, vestem
Purpuream, teneris quoque Mæcenatibus aptam,
Atque alias, quarum generosi graminis ipsum
Infecit natura pecus, sed et egregius fons
Viribus occultis, et ticus adjuvat ser,
Ille nec argentum dubitabat mittere, lances
Parthenio factas, urnæ cratera capacem,
Et dignum sitiente Pholo vel conjuge Fusci.
Adde et bascaudas, et mille escaria, multum
Cœlati, biberat quo callidus emptor Olynthi.

Déjà, des deux côtés par les flots assailli,
Jusqu’au milieu des flancs le navire est rempli.
En vain le vieux nocher, déployant sa science,
De la vague en fureur combat la violence.
Il voit l’onde grossir et le mât s’ébranler;
Avec les vents alors il faut capituler;
Et comme le castor, dans un péril extrême,
Pour tromper le chasseur, se mutile lui-même,
Tant du trésor qu’il porte il connaît la vertu?
Reprenant tout à coup son courage abattu,
Jetez tout, dit Catulle; et ses mains empressées,
Dans l’abîme profond des vagues courroucées,
Lancent au même instant ces manteaux fastueux,
Des Mécènes du jour ornements somptueux,
Et ces robes de pourpre, et ces laines superbes
Que le mélange heureux et des eaux et des herbes,
Et l’air pur des vallons qu’arrose le Bétis,
Colore sans travail sur le dos des brebis.
Tout périt, tout s’engouffre au vaste sein des ondes,
Vaisselle, argenterie, urnes assez profondes
Pour étancher la soif du centaure Pholus,
Ou pour désaltérer l’épouse d’Asylus;
Et jusques à la coupe, ouvrage magnifique,
Dans laquelle avait bu le rusé politique
Qui, comptant sur le fer moins que sur son trésor,
Pénétra dans Olynthe avec une clef d’or.

Sed quis nunc alius, qua mundi parte, quis audet
Argente præferre caput, rebusque salutera?
Non propter vitam faciunt patrimonia quidam,
Sed vitio cæci propter patrimonia vivunt.
Jactatur rerum utilium pars maxima; sed nec
Damna levant : tunc, adversis urgentibus, illuc
Recidit, ut malum ferro submitteret, ac se
Explicat angustum, discriminis ultima, quando
Præsidia afferimus, navem factura minorem.
I nunc, et ventis animam committe, dolato
Confisus ligno, digitis a morte remotus
Quatuor aut septem, si sit latissima tæda.
Mox, cum reticulis et pane et ventre lagenæ,
Aspice sumendas in tempestate secures.

Quel autre, de nos jours, de la mort toute prête,
Au prix de son argent, rachèterait sa tête?
L’avare que séduit le plaisir d’entasser,
N’amasse point pour vivre, il vit pour amasser.
Catulle a préféré sa vie à sa fortune
Sacrifice impuissant pour désarmer Neptune!
Chaque moment ajoute à l’horreur du danger;
La tempête redouble, et, pour se dégager,
Il coupe, abat lui-même, extrémité funeste!
Le mât de son esquif, pour en sauver le reste.
Va donc, faible mortel, sous des climats lointains,
Au caprice des vents confier tes destins,
Et consens à ne voir sur un abime immense,
Entre la mort et toi, que sept doigts de distance;
Mais aux provisions que tu prendras à bord,
Joins des haches, avant de t’éloigner du port.

Sed postquam jacuit planum mare, tempora postquam
Prospera vectoris, fatumque valentius Euro
Et pelago, postquam Parcæ meliora benigna
Pensa manu ducunt hilares, et staminis albi
Lanificæ, modica nec multum fortior aura
Ventus adest; inopi miserabilis arte cucurrit
Vestibus extensis, et, quod superaverat unum,
Velo prora suo. Jam, deficientibus austris,
Spes vitæ cum sole redit; tum gratus Iulo,
Atque novercali sedes prælata Lavino,
Conspicitur sublimis apex, cui candida nomen
Scrofa dedit, lætis Phrygibus mirabile sumen,
Et nunquam visis triginta clara mamillis.
Tandem intrat positas inclusa per æquora moles,
Tyrrhenamque Pharon, porrectaque brachia rursus,
(05)
Quæ pelago currunt medio, longeque relinquunt
Italiam. Non sic igitur mirabere portus
Quos natura dedit sed trunca puppe magister
Interiora petit Bajanæ pervia cymbæ
Tuti stagna sinus. Gaudent ibi, vertice raso,
(06)
Garrula securi narrare pericula nautæ.

La mer plus calme enfin rassure l’équipage.
La Parque se déride, et, lâchant les ciseaux,
D’une laine plus blanche entoure ses fuseaux.
Quelques haillons tendus et la voile de proue,
Recueillent le zéphir qui les gonfle et s’y joue.
L’Auster ne gronde plus, et Phébus de retour
Ramène l’espérance avec l’éclat du jour.
Alors on voit la cime où, fuyant Lavinie,
Ascagne transplanta sa noble colonie,
Quand soudain, éclatant d’une rare blancheur,
Avec trente petits de la même couleur,
Une laie apparut aux descendants de Troie,
Qui, frappés de surprise et transportés de joie,
Du fortuné présage offert à leurs regards,
Donnèrent le nom d’Albe à leurs nouveaux remparts.
Du vaisseau mutilé la débile carène
Double péniblement le phare de Thyrrène;
Elle gagne ce port dont les môles hardis
Par d’immenses travaux à deux fois arrondis,
S’avancent sur la mer, en fuyant nos rivages.
Qui pourrait comparer à de pareils ouvrages,
Ces ports que la nature à creusés sans dessein?
Le pilote, eu ce vaste et tranquille bassin,
Met enfin à l’abri sa poupe fracassée;
Il n’a plus rien à craindre; et, la tête rasée,
Le matelot bavard, dans des récits joyeux,
Se plait à raconter ses travaux périlleux.

Ite igitur, pueri, linguis animisque faventes,
Sertaque delubris et farra imponite cultris,
Ac molles ornate focos glebamque virentem.
(07)
Jam sequar, et sacro, quod præstat, rite peracto,
Inde domum repetam, graciles ubi parva coronas
Accipiunt fragili simulacra nitentia cera.
flic nostrum placabo Jovem, Laribusque paternis
Thura dabo, atque omnes violæ jactabo colores.
Cuncta nitent : longos erexit janua ramos,
Et matutinis operitur festa lucernis.
(08)

Allons! plus de délais: que la fête commence:
Attentifs à ma voix, enfants, faites silence;
Décorez de festons et le temple et l’autel;
Saupoudrez les couteaux de farine et de sel;
Je vous suis, et sitôt qu’à mes désirs propice
Le ciel aura reçu ce premier sacrifice,
Je rentre en ma maison où, de lierre ombragés,
Mes Pénates de cire en ordre sont rangés.
Là, de mon Jupiter j’encenserai l’image;
Là, mes dieux paternels, recevront mon hommage;
Je n’épargnerai rien, et, prodigue de fleurs,
Mes mains en répandront de toutes les couleurs.
Déjà de toutes parts ma maison est ornée:
Déjà de longs rameaux ma porte est couronnée,
Et des feux allumés longtemps avant le jour,
De l’ami que je fête annoncent le retour.

Nec suspecta tibi sint hæc, Corvine: Catullus,
Pro cujus reditu tot pono altaria, parves.
Tres habet heredes. Libet exspectare quis ægram
Et claudentem oculos gallinam impendat amico
Tam sterili. Verum hæc nimia est impensa; coturnix
Nulla unquam pro patre cadet. Sentire calorem
Si cœpit locuples Gallita et Paccius orbi,
Legitime fixis vestitur tota tabellis
Porticus; existunt qui promittant hecatomben,
(09)
Quatenus hic non sunt, nec venales elephanti,
Nec Latio, aut usquam sub nostro sidere talis
Bellua concipitur, sed furva gente petita.
(10)
Arboribus Rutulis, et Turni pascitur agro
Cæsaris armentum, nulli servire paratum
Privato : siquidem Tyrio parere solebant
Annibali, et nostris ducibus, regique Molosso
Horum majores, ac dorso ferre cohortes,
Partem aliquam belli, et euntem in prælia turrim.
Nulla igitur more per Novium, mora nulla per Istrum
Pacuvium, quin illud ebur ducatur ad ares,
Et cadat ante Lares Gallitæ victime sucra,
Tantis digna deis et captatoribus horum.
Alter enim, si concedas mactare, vovebit
De grege servorum magna et pulcherrima quæque
Corpora; vel pueris et frontibus ancillarum
Imponet vittas; et, si qua est nubilis illi
Iphigenia domi, dabit hanc altaribus, etsi
Non speret tragicæ furtiva piacula cervæ.
Laudo meum civem nec comparo testamento
Mille rates! nam si Libitinam evaserit æger,
Delebit tabulas, inclusus carcere nassæ,
Post meritum sane mirandum! atque omnia soli
Forsan Pacuvio breviter dabit ille superbus
Incedet, victis rivalibus. Ergo vides quam
Grande operæ pretium faciat jugulata Mycenis.

Ne va point, Corvinus, d’un soupçon téméraire,
Flétrir dans ses motifs un hommage sincère.
Ce Catulle pour qui, dans mes joyeux foyers,
J’érige tant d’autels, il a trois héritiers.
Trouve m’en, Corvinus, un autre dans la ville,
Qui voulût, en faveur d’un ami si stérile,
D’un vieux coq seulement faire l’offrande aux dieux.
Un vieux coq ! ce serait un don prodigieux
Et pour sauver les jours d’une mère ou d’un père,
Une caille, à ses yeux, serait encor trop chère.
Que, dans ce même instant, Paccius ou Pison,
Vieillard sans héritier, sente un léger frisson,
Du vœu de ses clients monuments authentiques,
Soudain mille tableaux vont couvrir nos portiques.
Quelques-uns à leurs dieux promettront cent taureaux;
S’ils pouvaient immoler de plus fiers animaux,
Si l’on trouvait chez nous des éléphants à vendre,
C’est leur sang qu’aux autels vous les verriez répandre.
Mais le noble éléphant, détestant nos climats,
Aux bords du Latium ne se reproduit pas;
Et ceux que pour César nourrissent les Rutules,
Sont nés sous le soleil qui noircit les Gétules.
Destinés à porter des héros ou des rois,
Nul citoyen encor n’a soumis à ses lois,
N’a courbé sous le joug ces superbes colosses
Dont jadis les aïeux, sous le roi des Molosses,
Sous le fier Annibal, sous nos vieux généraux,
Couraient chargés de tours, de soldats, de drapeaux,
Tels que l’on croyait voir, au milieu des batailles,
Avec leurs défenseurs, s’avancer les murailles.
Si donc Pacuvius avait cent éléphants,
O privilège heureux d’un riche sans enfants!
Il viendrait, Paccius, en l’honneur de tes Lares,
Égorger de ses mains des victimes si rares:
Hécatombe bien digne et de dieux si puissants,
Et du lâche flatteur dont ils souffrent l’encens !
Il ferait plus encore, et si, pour te complaire,
Un sacrifice humain lui semblait nécessaire,
De ses esclaves même il serait le bourreau:
Il t’en destinerait le plus grand, le plus beau:
Que dis-je? sans pitié pour sa propre famille,
Au glaive de Calchas il livrerait sa fille,
N’eût-il aucun espoir qu’en cet affreux moment,
Renouvelant pour elle un heureux dénouement,
Et détournant le fer suspendu sur sa tête,
Diane, à point nommé, tint une biche prête.
Gloire à Pacuvius, gloire à son dévouement I
Que sont mille vaisseaux auprès d’un testament?
En effet, que la mort vienne à lâcher sa proie,
Pour mon concitoyen quelle source de joie!
L’imbécile vieillard, tombé dans le filet,
Pour prix d’un si beau zèle et d’un si grand bienfait,
Peut-être révoquant sa volonté première,
D’un mot, le dotera de sa fortune entière.
Comme Pacuvius alors s’applaudissant,
Aux yeux de ses rivaux marchera triomphant!
Tu vois donc qu’il est bon de savoir dans la vie,
Se défaire, à propos, de son Iphigénie!

Vivat Pacuvius, quæso, vel Nestora totum!
Possideat quantum rapuit Nero, montibus aurum
Exæquet, nec amet quemquam, nec ametur ab ullo!

Que Pacuvius vive aussi vieux que Tithon;
Qu’il possède autant d’or qu’en extorqua Néron;
Mais, au sein de cet or que le crime lui donne,
Que personne ne l’aime, et qu’il n’aime personne.


 

NOTES DE LA SATIRE XII.

 

(01) Le Clitumne, aujourd’hui il Clitonno, est une rivière de l’Ombrie. Les taureaux et les génisses élevées sur les bords de cette rivière, étaient célébrés par les poètes, à cause de leur blancheur que l’on attribuait communément à la qualité des eaux et des pâturages.

(02) Homère dans l’Iliade et dans l’Odyssée, Virgile dans l’Énéide, Lucain dans la Pharsale, Stase dans la Thébaïde, Ovide dans ses Métamorphoses et dans les Tristes, Valérius Flaccus dans ses Argonautes, tous ont décrit des tempêtes, et les modernes ont suivi l’exemple des anciens.

(03) Ceux qui s’étalent sauvés d’un naufrage, faisaient représenter leur aventure sur un tableau qu’ils consacraient dans le temple du dieu auquel ils croyaient devoir leur salut; ou bien ils le portaient à leur col, pour s’attirer la compassion et les secours du public.

Le temple d’Isis, comme déesse de la navigation, devait être beaucoup plus rempli que tout autre, de ces tableaux votifs.

(04) Ce ne sont pas, comme on le croyait du temps de Juvénal, les testicules du castor qui contiennent ce qu’on appelle castoreum. Il est renfermé dans une espèce de sachet que cet animal porte sous le ventre,

(05) Suétone, dans la vie de Claude, dit que le port d’Ostie fut entrepris et achevé sous le règne de Claude: que l’on forma deux jetées qui s’étendaient à droite et à gauche; et qu’à l’entrée de ce port, on établit un môle dont en assura les fondations en y faisant couler bas un vaisseau, sur lequel on avait transporté d’Egypte à Rome un obélisque considérable. Sur les piles de ce môle, ajoute le même auteur, on construisit une tour élevée à l’imitation du Phare d’Alexandrie, et qui devait servir à diriger pendant la nuit la course des navigateurs.

Quelques-uns croient que porrecta brachia rursus marque que les ouvrages du port d’Ostie avaient été augmentés par Trajan: ils se trompent. Rursus signifie que ces ouvrages avaient été prolongés après coup, mais du temps de Claude, par delà la tour du phare qui d’abord les terminait. Dusaulx.

(06) Les matelots et les navigateurs, dans le moment du danger, se coupaient les cheveux pour conjurer la tempête ou bien en faisaient le sacrifice à leurs dieux, lorsqu’échappés du naufrage, ils étaient de retour dans leur patrie.

(07) L’épithète molles dans l’expression molles focos, se rapporte ou à l’encens que l’on brûlait sur l’autel, et qui pouvait être ainsi appelé, parce qu’il venait de l’Arabie, ou au gazon nouveau dont cet autel était formé, ou bien enfin aux bandelettes qui l’entouraient.

(08) On voit dans Perse que c’était un usage des Romains d’allumer des feux sur leurs fenêtres.

....................................... unctaque fenestra

Dispositæ pinguem nebulam oomuere lucerna.

(09) Hécatombe, sacrifice de cent bœufs, et par extension, de cent bêtes de même espèce, comme cent chèvres, cent moutons, cent agneaux; et si c’était un sacrifice impérial, cent lions, cent aigles. Ce sacrifice de cent bêtes se faisait en même temps sur cent autels de gazon, par cent sacrificateurs.

Théodoret, dit le savant Larcher, reprochait aux Grecs leurs hécatombes et leurs kiliombes, c’est-à-dire, leurs sacrifices de cent bœufs et de mille bœufs. Il ne se rappelait pas sans doute qu’à la fête de la dédicace du temple de Jérusalem, Salomon immola vingt mille bœufs et cent vingt mille brebis; nombre qui paraîtrait incroyable s’il n’était pas consigné dans nu livre que nous devons respecter

(10) Les Romains, avant l’expédition de Pyrrhus, ne connaissaient pas les éléphants; et ce fut dans la guerre contre Philippe qu’ils s’en servirent pour la première fois; dans la suite on les dressa pour les jeux du cirque, et on leur apprit même à marcher sur la corde tendue.