Cicéron, de finibus

CICÉRON

 

ŒUVRES COMPLÈTES DE CICÉRON AVEC LA TRADUCTION EN FRANÇAIS PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE M. NISARD DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE; INSPECTEUR GÉNÉRAL DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR - TOME QUATRIÈME - PARIS - CHEZ FIRMIN DIDOT FRÈRES, FILS ET Cie. LIBRAIRES - IMPRIMERIE DE L'INSTITUT DE FRANCE - RUE JACOB,  - M DCCC LXIX

TOME IV.

NOTES SUR LE TRAITÉ DE LA RÉPUBLIQUE.

Oeuvre numérisée et mise en page par Patrick Hoffman

des lois III - de officiis I 

 

 

ŒUVRES

COMPLÈTES



DE CICÉRON,


AVEC LA TRADUCTION EN FRANÇAIS,

PUBLIÉES

SOUS LA DIRECTION DE M. NISARD,

DE L'ACADÉMIE

INSPECTEUR GÉNÉRAL DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
 

TOME QUATRIEME






PARIS,


CHEZ FIRMIN DIDOT FRERES, FILS ET Cie, LIBRAIRES,
IMPRIMEURS DE L'INSTITUT DE FRANCE

RUE JACOB,  .

M DCCC LXIV

 

 

349 NOTES SUR LE TRAITÉ DE LA RÉPUBLIQUE.

LIVRE PREMIER.

I. Impetu liberavissent. Angelo Mai pense que Cicéron parlait ici de l'invasion des Gaulois ou de celle de Pyrrhus. Les trente-quatre premières pages du manuscrit sont perdues.

Homini ignoto et novo. L'éditeur de Rome rappelle ce passage de Valérius chap. iii, 4, 6. «Cato nomen suum Tusculi ignobile, Romæ nobilissimum reddidit.»

Salubri et propinquo loco. Voyez Sénèque, de Benif. iv, 12: «Tusculanum aut Tiburtinum paraturus, salubritatis causa et æstivi secessus.»

Ut isti putant. Les Épicuriens, dont on connaît la maxime: Sapiens ne accedat ad rempublicam.

Et qui sunt haud procul ab œtatis hujus. Cette leçon proposée par M. Angelo Mai, et adoptée par MM. Villemain et Le Clerc, nous paraît la seule raisonnable, et nous nous y sommes conformés dans la traduction.

II. Respondisse ut id sua sponte facerent. Mot cité par Servius, ad Æn., vii, 204, et par Lactance, vi, 9. Voyez sur Xénocrate, Diogène de Laërce, iv, 2.

III. Nondum sanatis vulneribus iis. M. Villemain fait en cet endroit la remarque suivante:

«II ne s'agit point ici de Marathon. Ce n'est pas dans cette journée, mais au siège de Paros, que Miltiade reçut les blessures dont il mourut en effet dans la prison d'Athènes.»

Vel exilium Camilli, vel offensio commemoratur Ahalæ. Angelo Maï rapproche de cette indication le passage suivant: «M. Furius Camillus et M. Servilius Ahala, quum essent optime de rep. meriti, tamen populi incitati vim iracundiamque subierunt, damnatique comitiis centuriatis, quum in exilium profugissent,......» Cicéron, pro Domo, 32. — Vel invidia Nasicœ. Pour soustraire Nasica à la haine du peuple, on le relégua en Asie sous le manteau d'une ambassade.» Aurel. Victor, c. 64. Voyez aussi Valer. Max. v, 3.

IV. Abiens in concione, populo Romano idem jurante. Voyez le discours de Cicéron contre Pison, c. 3; les Lettres diverses, v, 2. Le consulat de Cicéron avait précédé de dix ans la composition de la République.

Sed, si aliter, ut dixi. Le passage auquel l'auteur fait allusion était vraisemblablement dans les premières pages de ce livre, que le manuscrit ne nous a pas rendues.

Propriis periculis parere. On connaît sur Cicéron le témoignage de Capiton: «Romulus horum mœnium conditur, et sacratus cœlo parens, non tantam urbem facit, quan- 350 tam Cicero servarit» (Capito apud Senecam, Controv., iii, 177; et celui de Juvénal, viii, 244:

Roma patrem patriæ Ciceroaem libera dixit.

V. Proinde quasi bonis et fortibus, et magno anima prœditis. Il est curieux de rapprocher de toute cette première partie ce que dit Cicéron dans le traité des Devoirs: «II faudrait peut-être accorder la liberté de s'éloigner des affaires publiques, et à ceux qui, doués d'un grand génie, se sont entièrement adonnés aux études spéculatives, et à ceux qui, par la faiblesse de leur santé, ou par toute autre cause raisonnable, ont renoncé à l'administration de l'État, et en ont laissé à d'autres l'autorité et la gloire. Quant aux hommes qui n'ont aucun de ces motifs, et qui prétendent dédaigner ce qui en éblouit tant d'autres, les commandements et les magistratures, ils me paraissent plutôt dignes de blâme que de louange Ceux qui ont reçu de la nature un esprit propre aux affaires doivent, sans hésiter, se présenter pour les magistratures et l'administration de la république.» De Offic. i, 11.

VII. Functos esse aliquo reipublicœ munere. Cicéron dit encore dans une lettre à Varron (Fam. i, 9): «Et si minus in curia atque in foro, at in literis et libris, ut doctissimi veteres fecerunt, juvare rempublicam, et de moribus ac legibus quærere.» Voyez encore le traité de la Divination, II, 2, et Sénèque le philosophe, de Tranquilit. c. 3.

VIII. Quœ mihi tibique quondam. L'ouvrage était adressé à Atticus ou à Quintus Cicéron. L'un et l'autre avaient pu se trouver à Smyrne avec l'auteur, en 675. Voyez le Brutus, c. 22.

A P. Rutilio Rufo. M. Villemain fait sur Rutilius la remarque suivante: «Ce Rutilius, élève du philosophe Panétius, et sectateur de la philosophie stoïcienne, fut l'un des hommes les plus vertueux de l'ancienne Rome. Il avait été l'ami de Scipion, et son compagnon d'armes au siège de Numance. II composa une vie de ce grand homme, et une histoire de la république, en grec. Il écrivit également sa propre vie, ce qui de sa part, dit Tacite, était plutôt la confiance de la vertu que le faste de l'amour-propre. Banni par une intrigue des chevaliers romains, dont il avait réprimé les concussions, il vécut en exil à Smyrne et devint citoyen de cette ville. On voit assez avec quelle vraisemblance et quel goût Cicéron a pu supposer tenir d'un tel auditeur l'entretien qu'il va rapporter. Cette sorte de tradition orale, imitée de Platon, est ici bien heureusement amenée. C'est l'ami de Scipion, c'est un sage aussi incorruptible qu'éclairé, qui, dans un exil mérité par sa vertu, a raconté à Cicéron, tout jeune encore, ce qu'avait dit Scipion. Belle et simple fiction! Entre le grand homme dont les paroles sont transmises, et Cicéron qui les écrit, il n'y a que le témoignage du plus vertueux des Romains.»

IX. Feriis Latinis. Les dialogues sur la Nature des Dieux sont placés aussi par Cicéron à l'époque des Fériés Latines. Voyez de Nat. D., i, 6.

X. Se duo soles vidisse dicant. «Enfin deux soleils, comme j'ai entendu dire à mon père qu'il en parut sous le consulat de Tuditanus et d'Aquilius, la même année que s'éteignit un antre soleil, j'entends Scipion l'Africain; tout cela, dis-je, a épouvanté les hommes.» Cicéron, de Natura Deor. ii, 5. Voyez encore le de Divinat. i, 43; et sur les parhélies, Aristote, Meteor. III, 2, 6; Pline, Hist. Nat. II, 31; Sénèque, Quæst. Natur, i, 11.

Quam vellem Panœtium nostrum. Panétius avait été l'hôte et le compagnon de Scipion. Il avait compté parmi ses disciples quatre des interlocuteurs de la République, Scipion, Lélius, Rutilius et Fannius.

Pythagorœ more conjungere. Voyez la République de Platon, vii, p. 322; les Lois, v, p. 737; et l'Epinomis.

X..Philolai commentarios esse noctum. Platon acheta au prix de cent mines trois livres du pythagoricien Philolaus, qui avait été le disciple d'Architas. Voyez Diogène Laërce, iii, 11; Aulu-Gelle, iii, 17.

XI. Rutilius quidem noster etiam sub ipsis Numantiœ mœnibus. Voyez Appien, Hispan., 88, dont le témoignage est conforme à celui de Cicéron. Rutilius écrivit l'histoire de la guerre de Numance.

XII. Venire ad eum Lœlium. «Presque tous les personnages placés ici par Cicéron figurent déjà dans son traité de l'Amitié. II est inutile de citer Lélius, aussi connu que Scipion lui-même; car l'amitié d'un grand homme est presque un partage de sa gloire. Fannius avait composé des annales que Cicéron a louées ailleurs, et dont Brutus n'avait pas dédaigné de faire un abrégé. Quintus Scévola est le même qui, dans sa vieillesse, fut pour Cicéron l'objet d'une grande vénération et d'une curieuse assiduité. Sp. Mummius était frère de Mummius qui prit Corinthe. Il connaissait mieux que lui les arts de la Grèce, avait étudié la philosophie stoïque et écrit beaucoup de harangues politiques.» (Note empruntée à M. Villemain).

Calceis et vestimentis sumptis. Les Romains avaient comme nous deux espèces de chaussure, les soleœ et les calcei; les unes se conservaient dans la chambre, les autres se mettaient pour sortir. Dans des lettres de Marc-Aurèle à Fronton, iv, 5, retrouvées par Angelo Mai, on lit: «A secunda in tertiam horam soleatus libentissime inambulavi ante cubiculam meuni. Deinde calceatus, sagulo sumpto...»

Jam œtate quœstorios. On pouvait être nommé questeur à vingt-sept ans.

Quod œtate antecedebat. Voyez le dialogue de l'Amitié, c. 4.

XIII. Ut ita cœlum possideant, ut uterque possederit. Cicéron plaisante ici sur une formule du droit romain, qu'il altère un peu pour rendre sa pensée. Gaïus nous a conservé cette formule, par laquelle le préteur mettait certains biens en interdit: «Etsi nunc possidetis, quominus ita possideatis, vim fieri veto.» Gaius, Instit. Comment, iv, 160.

Sine qua scire nemo potest. Cicéron dit lui-même, dans son discours pour Cécina, c. 25: «Jure civili sublato, nihil quare exploratum cuiquam possit esse, quid suum aut quid alienum sit.»

XIV. C. Sulpicium Gallum doctissimum. Cicéron parle souvent de ce Gallus et de sa grande science astronomique. Voyez entre autres le traité de Senect., c. 14. Pline nous rapporte que ce Gallus partageait l'opinion de Pythagore, qui mettait la lune à cent vingt-six mille stades de la terre, et le soleil à une distance double.

Quum idem hoc visum diceretur. Julius Obsequens dit (c. 12) que sous le consulat de Gracchus et Juventius, trente-quatre ans avant la mort de Scipion Émilien, on vit à Formies deux soleils à la fois. C'est peut être de ce parhélie que veut ici parler Cicéron. Angelo Maï.

Cujus ego spherœ, quum persœpe. On connaît l'épigramme de Claudien sur la sphère d'Archimède:

Jupiter in parvo quum cerneret æthera vitro,
Risit, et ad Superos talia dicta dedit:
Huccine mortalis progressa potentia curœ?
Jam meus in fragili luditur orbe labor
, etc.

Eudoxo Cnidio discipulo Platonis. «Eudoxe de Cnide, disciple de Platon, l'un des plus grands astronomes, au jugement de tous les hommes doctes.» De Divinat. ii, 42. Eudoxe avait passé treize ans en Égypte avec Platon, si l'on en croit Strabon, xvii, p. 1159.

In illa sphœra solida non potuisse fieri. La célèbre 351 sphère d'Archimède, dont Gallus. faisait la description, était donc une sphère creuse.

XV. Me admodum adolescentulo. Scipion avait dix-sept ans lorsqu'il accompagna son père en Macédoine. Voyez Tite-Live, xliv, 44.

Nullum esse prodigium. Pline appelle les éclipses de soleil et de lune: «rem in tota contemplatione naturæ maxime miram et ostento similem.» Hist. Nat. ii, 10. Voyez aussi Tite-Live, xliv, 37.

XVI. Populum liberavit metu. Plutarque nous rapporte qu'une éclipse de soleil ayant plongé dans la terreur toute la flotte des Athéniens, Périclès étendit son manteau devant les yeux d'un pilote, et lui demanda si l'obscurité où il était lui semblait un prodige. Le pilote répondit que non. Et bien! dit Périclès, toute la différence qu'il y a entre vous et la terre dans ce moment, c'est que le corps qui lui cache la lumière du soleil est plus grand que mon manteau. Plutarque, Vie de Péricl., 35.

ln maximis annalibus. Les Grandes Annales étaient ainsi nommées parce que le grand pontife les consacrait. Voyez sur ces Annales, Cicéron, de Or. II, 12, et Servius, ad Æn. i, 373.

XVII. Seu quis dixit alius. Vitruve, dans la préface de son sixième livre, et Galien, Protreptic., c. 5, attribuent ce mot au philosophe Aristippe. «Aristippe, dit celui ci, jeté près de Syracuse par un naufrage, se sentit ému de joie et d'espérance en voyant sur le sable une figure de géométrie; il jugea qu'il n'arrivait pas chez des barbares, mais chez des Grecs, chez un peuple éclairé.» Vitruve se rapproche davantage de Cicéron; il fait dire au philosophe: Bene speremus; hominum enim vestigia video. Montesquieu, Esprit des Lois, xvii, 15, cite le même exemple, et il l'applique à la monnaie, preuve non moins certaine d'une nation policée. (Note de M. Le Clerc.)

XVIII. Egregie cordalts homo. Vers tiré de la dixième annale d'Ennius, et cité encore par Cicéron dans les Tusculanes, i, 9, et le traité de Orat. I, 45. Voyez, sur Elius Sextus, ce dernier traité, iii, 33; les lettres ad divers. vii, 22,  et Valère-Maxime, iv, 3, 7. — Catus Ælius Sextus. Sur le mot Catus, Varron dit, dans son traité de Ling. lat. vi, 3: «Cata acuta; hoc enim verbo Sabini dicunt; quare Catus Ælius Sextus non, aiunt, sapiens, sed acutus.»

Illa de Iphigenia Achillis. Deux poètes, Ennius et Névius, avaient écrit une tragédie de ce nom. Il est très probable que les vers cités sont empruntés à la tragédie d'Ennius.

XIX. Initiis factis a P. Crasso. M. Villemain fait sur cet endroit la remarque suivante: «Cicéron, qui, dans ses ouvrages, a tantôt loué, tantôt blâmé l'entreprise des Gracques, parle ailleurs de ce P. Crassus comme ayant été, avec son frère Mucius Scévola, le conseiller de Tibérius Gracchus, et l'inspirateur des lois agraires; et il lui donne, en cet endroit même, le titre d'homme très-sage et très-illustre. Acad. iv, 5.

XXII. Patris diligentia non illiberaliter. «Après la défaite de Persée, Paul-Émile ayant demandé aux Athéniens de lui envoyer leur philosophe le plus estimé pour faire l'éducation de ses enfants, et en même temps leur meilleur peintre pour représenter son triomphe, les Athéniens choisirent Métrodore,déclarant à Paul-Émile que l'homme qu'ils lui envoyaient répondrait parfaitement à son double vœu; et Paul-Émile en jugea de même.» Pline, Hist. Nat. xxxv, II.

XXIV. A progenie et cognatione ordiar. Cicéron veut plus particulièrement désigner Aristote, Reip., 1, 2; vii, 16; et Polybe, vi, 6.

XXVI. Aut uni tribuendum est, aut delectis... aut... multitudini. Sur cette division fameuse des formes politiques, voyez Platon, Répub. viii, lois, iii, p. 680-681; Aristote, Répub. iii, 7, sqq.; Tacite, Annal, iv, 33.

XXVII. Massilienses nostri clientes. Marseille avait toujours été avec Rome dans des rapports de grande amitié. Valère-Maxime dit des Marseillais: «charitate populi romani praecipue conspicui.» Val. M., ii, 6, 7. Sur l'aristocratie de Marseille, voyez Aristole, Rép. v, 6; vi, 7; et Strabon, iv, p. 271.

XXVIII. Massiliensum paucorum et principum. Les chefs de Marseille étaient au nombre de quinze. Voyez César, (Bel. C. i, 35) qui fut nommé patron des Marseillais avec Pompée. Ang. Mai.

XXXIII. Cur enim regem appellem Jovis optimi nomine. Les poètes ajoutent ordinairement au nom de Jupiter l'épithète de Roi. Virgile dit (Æneid, x, 25):

Conciliumque vocal Divum Pater atque hominum Rex.

On en trouverait de nombreux exemples dans Homère.

XXXV. Sed si unum ac simplex probandum. Voici comment Angelo Mai restitue ce passage et le suivant, qui présentent tant de lacunes dans le manuscrit: «sit regium probem, atque in primis laudem. In primo autem, quod hoc loco..» — «et eos conservantis studiosius, quam redigentis in servitutem: ut sane utilius sit facultatibus et mente exiguos....»

XXXVI. Ab Jove incipiendum. Aratus commence ainsi son poëme des Phénomènes: «Ἐκ  Διὸς ἀρχόμεθα» Nutu, ut ait Homerus. Iliade: μέραν δ' ἐλέλεξεν ὄλυμπον.

XXXVIII. Nisi iratus essem. Cicéron rapporte encore le même trait dans les Tusculanes, iv, 36. Valère-Maxime, Lactance, Plutarque et d'autres auteurs le rapportent comme lui. On en fait aussi honneur à Platon, au roi Charillus, à Clinias et à Socrate. Angel. Mai.

XL. Dictator... quia dicitur. On lit dans Longus, p. 2234: «Oriens consul magistrum populi dicat.» Plutarque, Varron et Suétone s'accordent à donner la même étymologie du mot dictalor. Angel. Maï.

XLVII. Duobus hujus urbis terroribus depulsis. Carthage et Numance. Voyez encore pro Mur. 28; de Amic., 3; Velléius., 2, 4.

LIVRE SECOND.

I. Ut omnes igitur vidit incensos. Les premiers mois du texte sont suppléés par M. Angelo Maï.

Summum vel discendi studium, vel docendi. Caton avait composé des ouvrages sur la rhétorique, la médecine, les mœurs, l'éducation, l'art militaire, l'agriculture. Pline dit qu'il avait écrit à peu près sur tous les sujets.

Non unius esset ingenio, sed multorum. «Une des causes de la prospérité de Rome, dit Montesquieu, c'est que ses rois furent tous de grands personnages. On ne trouve point ailleurs, dans les historiens, une suite non interrompue de tels hommes d'État et de tels capitaines.»

II. Quo in loco quum esset silvestris belluœ sustentatus uberi. M. Villemain fait ici cette remarque: Cicéron, dans le traité des Lois, se moque de cette tradition sur la naissance merveilleuse du fondateur de Rome, et ici 351 même il la traite de fable. Il ne fait d'ailleurs aucune recherche critique sur ces premières antiquités de Rome que les modernes ont cru pouvoir éclaircir. Tite-Live se borne à dire, avec une fierté de style très-majestueuse, mais peu concluante pour la fidélité historique: «S'il doit être permis à quelque peuple de s'attribuer une origine sacrée, et de faire remonter sa naissance jusqu'aux dieux, telle est la gloire du peuple romain dans la guerre, que, lorsqu'il proclame de préférence le dieu Mars pour son père, pour le père de son fondateur, les nations doivent le souffrir avec la même résignation qu'elles souffrent notre empire.»

III. Incredibili opportunitate delegit. Properce dit aussi, en parlant de la position de Rome:

Natura hic posuit quidquid ubique fuit.

IV. Natant pœne ipsœ simul... Bossuet, dans l'Oraison funèbre de Henriette de France: «L'Angleterre a tant changé, qu'elle ne sait plus elle-même à quoi s'en tenir; et, plus agitée en sa terre et dans ses ports mêmes que l'Océan qui l'environne, elle se voit inondée par l'effroyable débordement de mille sectes bizarres.»

V. Posita urbs tenere potuisset. Tite-Live a imité ce passage (livre v, 54), dans le discours de Camille: «Non sine causa dii hominesque hunc urbi condendœ locum elegerunt......»

VI. Fossa cingeretur vastissima. Le fossé avait, selon Denys d'Halicarnasse, cent pieds de large et trente de profondeur. Dionys., ix, 68.

VII. Sabinos in civitatem adscivit. Selon Servius, les Sabins, d'après le traité fait avec Tatius, avaient tous les droits des citoyens romains, excepté le droit de suffrage, car ils ne pouvaient participer à l'élection des magistrats. Serv. ad Æn. viii, 709.

VIII. Tatii nomine et Lucumonis. Ceux qui composaient ces trois tribus furent appelés Rhamnenses, Titienses et Luceres. Ce sont ces noms que voulait changer Ancus Marlius On se rappelle le vers d'Horace:

Celsi prœtereunt austera poemata Rhamnes.

IX. Singulos cooptant augures. Tite-Live écrit dans son livre x, c. 6: «Inter augures constat, imparem numerum debere esse, ut tres antiquœ tribus suum quæque augurem habeant.»

X. Quam quidam nominis errore. Erreur commise par Aristote lui-même, selon Plutarque, Vie de Lycurgue, c. i.

Quod fieri non potest, respuit. M. Niebuhr essaie de restituer ainsi le passage mutilé: «Eodem nomine alius, nepos ejus, ut dixerunt quidam, ex filia, quoniam ille mortuus eodem est anno, natus Simonides olympiade sexta et quinquagesima; quo facilius intelligi possit, tum de Romani immortalitate.»

De Romulo Proculo Julio homini agresti crederetur. Nous empruntons à M. Villemain la note suivante: «Cicéron, dans le traité des Lois, raille beaucoup cette prétendue apparition de Romulus, et la range sur la même ligne que la fable de Borée et d'Orithyie. Mais ce qui est remarquable ici, c'est l'induction qu'il tire de celle même fable, et l'opinion qu'il exprime touchant la civilisation des peuples d'Italie. Les Romains, héritiers de la civilisation étrusque, ou de toute autre, étaient-ils en effet un peuple éclairé dès son origine? Cela contredit les notions ordinaires; mais cela s'accorderait mieux avec ces grands travaux achevés incontestablement avant la république, et qui semblent n'avoir pu appartenir qu'à une époque de puissance et d'industrie.»

XIV. Flamines, Salios. ll y avait trois flamines, nommés dialis, martialis et quirinalis. St. Augustin, de Civit. D. ii, 15. Les prêtres saliens de Mars étaient au nombre de douze.

XV. Sequamur enim potissimum Polybium nostrum. Cet endroit de Polybe n'existe plus. Mais saint Augustin, de Civil. D. iii, 9, d'après Polybe ou Cicéron, fait aussi régner Numa trente-neuf ans, et non quarante-trois; comme nous le voyons dans Tite-Live, i, 21; Denys d'Halicarnasse, i, 75; Eutrope, i, 2. (Note de M. Le Clerc.)

XVI. Intelligesque non fortuite populum Romanum. De tous les peuples du monde le plus fier et le plus hardi, mais tout ensemble le plus réglé dans ses conseils, le plus constant dans ses maximes, le plus avisé, le plus laborieux, et enfin le plus patient, a été le peuple romain. De tout cela s'est formée la meilleure miilice et la politique la plus prévoyante, la plus ferme et la plus suivie qui fui jamais.» Bossuet, Discours sur l'histoire universelle.

XVII. Fecitque idem comitium.... et curiam. C'est ce palais du sénat, qui fut appelé dans la suite Curia Hostilia.

XIX. Dominationem Cypseli confirmari. Cypsélus régna trente ans à Corinthe, selon Aristote, Rep. v, 12; et vingt-huit ans d'après Eusèbe, Chron. lib. II.

XX. Facile in civitatem receptus esset. Cicéron parle ici de l'un des fils de Démarate.

A se adscitos minorum. C'est là un fait historique très-controversé. Tacite dit que les pères majorum gentium furent créés par Romulus, et ceux des nouvelles familles, minorum gentium, par Brutus (Ann. xi, 25). P. Victor attribue la création des derniers patriciens à Tullus Hostilius, et Servius (ad Æn. i, 426) à Servius Tullus: mais plusieurs auteurs sont d'accord avec Cicéron, et notamment Denys d'Halicarnasse, Tite-Live et Aurélius Victor. Ang. Maï.

XXI. Ex quo cum... M. Angelo Maï pense que l'on peut suppléer ce qui manque ici par le passage suivant de Denys d'Halicarnasse: «Après avoir conquis un territoire étendu sur les habitants de Cérites, de Tarquinies et de Véies, il le partagea entre les citoyens nouvellement reçus dans Rome.» Denys d'Hal. iv, 27.

XXII. Ut equitum centuriœ cum sex suffragiis. D'après M. Niebuhr, les chevaliers et la première classe formaient 99 centuries, et le reste du peuple 96 seulement: il y avait alors dans Rome 195 centuries et non 193, comme l'implique notre texte. — Montesquieu dit de cette division des ordres: «Servius Tullius suivit dans la composition de ses classes l'esprit de l'aristocratie. Nous voyons dans Tite-Live et dans Denys d'Halicarnasse comment il mit le droit de suffrage entre les mains des principaux citoyens. Il avait divisé le peuple de Rome en cent quatre-vingt-treize centuries,qui formaient six classes; et mettant les riches, mais en plus petit nombre, dans les premières centuries, les moins riches, mais en plus grand nombre, dans les suivantes, il jeta toute la foule des indigents dans la dernière; et chaque centurie n'ayant qu'une voix, c'étaient les moyens et les richesses qui donnaient le suffrage plutôt que les personnes.»

Quin etiam accensis.. proletariis. Paulus, dans Aulu-Gelle. xvi, 10, nous rapporte: «Qui in plebe Romana non amplius quam mille quingentum æris in censum deferebant, proletarii appellati sunt; qui nullo, aut perquam parvo ære censebantur, capile censi vocabantur. Proletariorum ordo honestior aliquanto et re et nomine quam capite censorum fuit.»

353 XXIV. Illi injusto domino. Cicéron en est venu à Tarquin le Superbe.

XXX.Civitatemque...quam minimam posuit. Platon, dans sa République, iv, 2, n'admet que mille guerriers, et cinq mille dans le traité des Lois.

XXXI. Lex illa tota sublata est. Il s'agit peut-être de la loi de l'ostracisme chez les Athéniens. Ang. Maï.

Nostri augurales. Scipion faisait partie du collège des augures.

XXXIII. Id quod fieri natura rerum. «La situation des choses, dit Montesquieu, demandait que Rome fût une démocratie, et cependant elle ne l'était pas; il fallut tempérer le pouvoir des principaux, et que les lois inclinassent vers la démocratie.»

Quod illi ephoros.. qui cosmoi. Voyez sur les éphores et les cosmcs, Aristote, Rep. ii, 9, 10; Strabon, liv. x, p. 728.

XLI. Concentus est quidam tenendus ex distinctis sonis. Cette comparaison nous avait été conservée par saint Augustin. Montesquieu la reproduit: «Ce que l'on appelle union dans un corps politique, dit-il, est une chose fort équivoque. La vraie est une notion d'harmonie qui fait que toutes les parties, quelque opposées qu'elles nous paraissent, concourent au bien général, comme des dissonances dans la musique, qui concourent à l'accord total.» Grandeur et Décadence des Romains, c. 10.

LIVRE TROISIÈME

III. Quid P. Scipione, quid C. Lœlio, quid L. Philo perfectius? Cicéron dit encore dans le traité de l'Orateur, ii, 37: «Rome n'a jamais porté de citoyens plus célèbres, de personnages plus graves, d'esprits plus cultivés, que P. Scipion, C. Lélius et L. Furius.» Voyez encore le pro Archia, c. 7.

Quem nemo ferro potuit. C'est sans doute un vers d'Ennius. Claudien l'a visiblement imité, Bel. get. 131:

Pectora Fabricii donis invicta vel armis.

V. Quum justitiam quæramus, rem multo omni auro carionem. C'est un passage imité de Platon, Republ. I, p. 336:  Εἰ μὲν χρυσίον ἐζητοῦμεν... δικαιοσύνην δὲ ζητοῦντας, πρᾶγμα πολλῶν χρυσίων τιμιώτερον.

IX. lllo Pacuviano invehens alitum anguium curru. C'est dans sa tragédie de Médée probablement que Pacuvius parlait d'un char traîné par des dragons. Les propres expressions du poète sont rapportées par Cicéron, de Invent., i, 19:

Angues ingenies alites juncti jugo.

Deos inclusos parietibus contineri nefas esse duceret. Voyez à ce sujet les Lois, c. 10; Arnobe, vi; Lactance,Inst. ii; Varron et Sénèque, cités par St. Augustin, de Civit. D. iv, 9; Plutarque, in Num., viii.

Documentum Persarum sceleris sempiternum. Voici, d'après l'orateur Lycurgue contre Léocrate, le serment que firent les Grecs avant de combattre les Perses: «Je ne préférerai pas la vie à la liberté; je n'abandonnerai mes chefs ni vivants ni morts; j'ensevelirai tous ceux des alliés qui auront péri les armes à la main. Vainqueur des barbares, je ne dévasterai aucune des villes qui auront combattu pour la Grèce; mais celles qui auront pris le parti de l'ennemi, je les décimerai toute». Je ne relèverai jamais aucun des temples brûlés ou renversés par les barbares; mais je laisserai à la postérité ce monument de leurs sacrilèges.» Voyez aussi Diodore, xi, 29; Hérodote, iii, I32; Muret, Var. Iect, iii, 10... (Note de M. Le Clerc.)

IX. Cretes et Æloli latrocinari. Voyez Polybe.xvii, 4; iv, 3; vi, 46. — Quos spiculo possent. Plutarque rapporte ce dicton lacédémonien dans ses Apophth. lac. vi, 819.

Suam esse terram, quœ oleam frugesve. Les éphèbes juraient entre autres choses: Ὄροις χρήσασθαι τῆς Ἀττικῆς, πυροῖς, κριυαῖς, ἀμπέλοις, ἐλαίας. Plutarque, Alcib. xv.

X. Nondum Voconia lege lata. La loi Voconia fut portée l'an de Rome 585, c'est-à-dire quarante ans avant l'époque de ce dialogue. Voyez sur cette loi la première Verrine. — Les difficultés que présente la loi Voconia ont donné lieu à de nombreuses discussions... M. Savigny pense qu'elle avait deux principaux objets: d'abord d'empêcher les femmes de succéder par testament à un homme inscrit sur les registres des cens pour une fortune de cent mille sesterces, à moins qu'elles ne lui dussent succéder même ab intestat; ensuite, de défendre qu'on laissât au légataire plus que ne devait avoir l'héritier... (Note de M. Le Clerc.)

Cur virgini vestali sit heres. Numa leur fondateur avait permis aux vestales d'instituer héritier, même du vivant de leur père. Voyez Plutarque, Vie de Numa, c. 10.

XIII. Unde enim posset Alexander. Les mots qui manquent à cette phrase, qui sont imprimés en italique, ont été suppléés par M. Angelo Mai.

XVI. Qui in hac causa eo plus auctoritatis habent. Cicéron veut parler ici des philosophes épicuriens.

Quem apertum et simplicem volumus esse. Platon, dans la République, ii, p. 361, appelle le sage ἄνδρα ἁπλοῦν καὶ γενναῖον. Voyez aussi, sur ces caractères de l'homme de bien, Lactance, vi, 12.

XVIII. Alter, vir optimus, etiam suasit rogationem. La proposition de Philus avait pour objet de livrer Mancinus aux ennemis, et de dégager Rome de la foi du traité. — Le Pompée dont il est parlé ici fut le premier consul de cette famille; après avoir été défait par les Numantins, contre lesquels il avait été envoyé, il lit avec eux une paix honteuse, dans laquelle il avait eu l'adresse de. se servir de termes ambigus, et qui fut blâmée par la république. Régnier Desmarais. C'est de ce traité de Numance qu'il est question dans ce passage de la République; Cicéron en parle encore dans le troisième livre de 0ffic., c. 30, et dans le second livre de Finibus, c. 17.

XXII. Huic legi nec obrogari fas est... Obrogare, faire une nouvelle loi directement contraire à quelque autre déjà revue. Derogare, n'avoir point d'égard à une loi dans quelqu'un de ses chefs, en abolir une partie. Abrogare, casser, annuler une loi dans tous ses chefs. D'Olivet.

XXXI. Atque hoc idem Syracusis. Montesquieu dit des révolutions de celle ville: «Syracuse, qui se trouva placée au milieu d'un grand nombre de petites oligarchies changées en tyrannies; Syracuse, qui avait un sénat, dont il n'est presque jamais fait mention dans l'histoire, essuya des malheurs que la corruption ordinaire ne donne pas. Cette ville, toujours dans la licence ou dans l'oppression, également travaillée par sa liberté et par sa servitude, recevant toujours l'une et l'autre comme une tempête, et, malgré sa puissance au dehors, toujours déterminée à une révolution par la plus petite force étrangère, avait dans son sein un peuple immense qui n'eut jamais d'autre alternative que de se donner un tyran ou de l'être lui-même.»

XXXII. Porticus, aut propylœa nobilia, aut arx. Voyez sur les monuments d'Athènes, Pausanias, i, 8, 14, 22; Plutarque, Vie de Périclès; Dion Chrysos., orat, περὶ Τυρρανίδος; et le Voyage d'Anachasis.

354 Quum furiosorum bona legibus. Voici le texte de la loi des douze Tables sur l'interdiction des furieux: «Si furiosus escit, agnatorum gentiliumque in eo pecuniaque ejus potestas eslo.» Voyez Rhetor ad Heren., i, 13; de Inventione, ii, 50.

LIVRE QUATRIÈME.

II. Quam commodo per ordines. Romulus avait divisé le peuple romain en vieillards et en jeunes gens. Servius Tullius établit dans la suite cinq divisions dans la classe des jeunes gens. Aulu-Gelle, x, 28.

Plebiscito reddendorum equorum. Par un décret de Servius, chaque chevalier recevait du trésor public un cheval, et deux mille as chaque année pour le nourrir. Il paraît que du temps de Gracchus le nombre des chevaliers s'était démesurément accru.

III. De qua Grœci mullum frustra laborarunt. M. Villemain fait à ce propos la remarque suivante: «Dans cette juste et vive censure, Cicéron s'est abstenu de rappeler la république de Platon. Polybe, en comparant les institutions des divers États, ne parle pas non plus des institutions idéales proposées par Platon. Il donne une raison ingénieuse de ce silence: Je ne puis, dit-il, admettre cette constitution toute chimérique à entrer en concurrence avec les républiques réelles et effectives; de même que l'on ne permet pas l'entrée de la lice à ceux qui n'ont pas fait les exercices ordonnés, et qui ne sont pas inscrits sur le rôle des athlètes.»

IV. Amores soluti et liberi. On peut voir sur ce sujet Athénée, liv. xii, xiii; Plutarque, in Lyc. et Apoph. lac.; Xénophon, de Rep. Lac.; Properce iii, 14.

V. Eodem, quo ille Homerum. Platon, Répub., iii, 9: «Et si jamais un homme, habile à se métamorphoser lui-même pour imiter toutes choses, venait dans notre république, et voulait nous faire entendre ses poèmes, nous rendrions hommage à son génie sacre, admirable, enchanteur; mais notre ville, lui dirions-nous, ne produit pas de si grands hommes, et nos lois les en excluent: partez, d'autres peuples vous attendent. Alors nous répandrions des parfums sur sa tête, et il s'en irait avec, sa couronne. Mais nous garderions le poète austère et grave qui, plus utile pour les impurs, n'imiterait que le langage de la vertu, et, dans les exemples qu'il offrirait aux jeunes guerriers, ne contredirait pas ses institutions et nos lois.» Lucien, au livre ii de l'Histoire véritable, ne venge le poëte qu'en exilant à son tour le philosophe de l'île des Bienheureux:: «Il habite, dit-il, sa république, où il vit suivant ses lois.» Note empruntée à M. V. Le Clerc.

VIII. Quod insepultos reliquissent eos. Après le cornbat des Arginuses, les généraux athéniens n'avaient pu recueillir les cadavres submergés de leurs soldats. Ils furent punis de mort. Voyez Xénophon, Hist. i. 1.

X. Nostrœ contra duodecim Tabulœ. «La loi des douze Tables est pleine de dispositions très-cruelles. Celle qui découvre le mieux le dessein des décemvirs est la peine capitale prononcée contre les mœurs des auteurs de libelles et les poètes. Cela n'est guère du génie de la république, où le peuple aime à voir les grands humiliés. Mais des gens qui voulaient renverser la liberté craignaient des écrits qui pouvaient rappeler l'esprit de la liberté.» Esprit des lois, vi, 15.

Aristide Quintilien, p. 69-71, nous apprend que dans ce quatrième livre Cicéron blâmait les abus de la musique, à l'exemple de Platon. Mais Aristide ajoute qu'il ne peut imputer cette opinion à Cicéron lui-même, admirateur du comédien Roscius, et si passionné pour tout ce qui tenait au rhvthme oratoire.

LIVRE CINQUIÈME.

I. Mos iste patrius prœstantes viros adhibebat. Montesquieu, dit M. Villemain, avait été frappé de cette belle pensée, et il l'a reproduite, en la généralisant, au commencement de la grandeur et de la décadence des Romains: «Dans la naissance des sociétés, dit-il, ce sont les chefs des républiques qui font l'institution; et c'est ensuite l'institution qui forme les chefs des républiques.»

II. Omnia conficiebantur judiciis regiis. Avant Servius Tullius les rois jugeaient eux-mêmes; mais ce grand législateur, se réservant de prononcer sur les crimes de lèse-majesté, commit le soin de rendre la justice à des tribunaux inférieurs.

III. Et in ea quodammodo villicare possit. Cicéron avait dit dans le plaidoyer pro Plancio: «Populus romanus deligit magistratus quasi reipublicœ villicos

IX. Ut Menelao Laconi quœdam fuit suaviloquens. Cicéron parle encore de l'éloquence de Ménélas dans le Brutus, c. 13. Homère avait dit de Ménélas:

Ἦτοι μὲν Μενέλαος ἐπιτροχάδην ἀγόρεθε,
Παῦρα μὲν, ἀλλὰ μάλα λιγέως· ἐπεὶ πὐ πολύμυθος,
Οὐδ' ἀφαμαρτοεπής.

(Iliade, iii, 213).

LIVRE SIXIÈME.
II. Quum causa pari collegœ essent. L'auteur parlait ici de Tib. Sempronius Gracchus, père des Gracques, et de C. Claudius Pulchcr, censeur en 584. Il semble rappeler le même fait, de Invent, i, 30. Les deux censeurs, qui avaient déplu par leur extrême sévérité, furent accusés devant le peuple, irrité surtout contre Claudius. Mais ils furent tous deux absous, Gracchus, dont le nom était déjà populaire, n'ayant point voulu séparer sa destinée de celle de son collègue. Voici les propres paroles de Tite-Live, xliii, 167, presque toujours d'accord avec Cicéron: «Maxime tamen sententiam vertisse dicitur Tib. Gracchus, quod quum clamor undique plebis esset, periculum Graccho non esse, conceptis verbis juravit, si collega damnatus esset, non exspectato de se judicio, comitem exsilii ejus fulurum.» Note; empruntée à M. V. Le Clerc.
Oratio exstat Lœlii. Le discours de Lélius est souvent cité avec éloge par Cicéron. Brutus, c. 2l; de Natur. Deor., iii, 2, 17; de Amicit., 25.
IV. Regem familiœ nostrœ justis de cousis amicissimum. C'est Scipion qui parle. Masinissa, roi de Numidie, au commencement de la seconde guerre punique, avait suivi le parti de Carthage; mais un de ses neveux ayant été fait prisonnier, et renvoyé sans rançon par le premier Scipion, Masinissa, touché de cette générosité, se déclara entièrement pour les Romains. Il ne leur fut pas inutile, et pour récompense de ses services, non-seulement ils l'affermirent sur son trône, mais ils lui donnèrent quelques unes des terres qu'ils avaient prises aux Carthaginois. D'Olivet.
V. Quale de Homero scribit Ennius. Voyez sur le songe d'Ennius les Académiques, ii, 16, 27; Lucrèce, i, 125; Horace, Ep., ii, 1,50; Perse, vi, 10.
VII. Quum œtas tua septenos octies. Scipion Emilien mourut à cinquante-six ans. — Le nombre huit était réputé parfait comme nombre pair, le nombre sept à cause d'une certaine vertu surnaturelle et mystique qu'on lui attribuait.
355 Si impias propinquorum manus effugeris. On croit que Scipion fut empoisonné par sa femme, sœur de Tibérius Gracchus. Voyez à ce sujet une note sur le neuvième chapitre du livre de Fato.
XI. Et eœ magnitudines omnium. On ne saurait dire précisément de quelle grandeur est une étoile. Pour en juger par les règles de l'optique, il faudrait savoir juste à quelle distance est de la terre l'étoile que l'on veut mesurer. Huygens dans son Cosmothéoros, prétend qu'un boulet de canon emploierait près de 70,000 ans pour parvenir jusqu'aux étoiles fixes; et il suppose que ce boulet, allant toujours de la même vitesse, parcourt environ cent toises en une seconde. Ainsi c'est trois cent soixante mille toises par heure. L'imagination se perd dans le calcul.
XIII. Quam ob causam summus ille cœli stellifer cursus. Cicéron, d'après le système de Pythagore, compare ici les mouvements des planètes et de l'orbe des étoiles fixes, aux vibrations ou ébranlements des huit cordes qui composaient l'ancien instrument appelé octacorde, formé de deux tétracordes disjoints, ou de huit cordes en tout, qui, dans le genre diatonique, rendaient ces huit sons de notre musique, mi, la, sol, la, si, ut, re, mi: en sorte que la lune, la plus basse des planètes, répond au mi, le plus grave des huit sons; Mercure au fa; Venus au sol; le Soleil, au la; Mars au si; Jupiter à l'ut; Saturne au re; et l'orbe des étoiles, qui est le plus élevé de tous, au mi, le son le plus aigu, et faisant l'octave avec le plus grave. Ces huit sons, comme l'on voit, sont séparés de huit intervalles, suivant certaines proportions: de manière que du mi au fa se trouve la distance d'un demi-ton; du mi au sol, celle d'une tierce mineure; du mi au la, celle dune quarte; du mi au si, celle d'une quinte; du mi à l'ut, celle d'une sixte mineure, et du mi au re, celle d'une septième mineure, lesquels, avec l'octave, font en tout sept accords. Burette.
In quibus eadem vis est duorum. Ces deux, mots, eadem vis, pourraient à la rigueur se prendre en deux sens différents: ou pour les révolutions de deux astres si peu inégales entre elles, qu'elles pussent répondre aux vibrations de deux cordes de l'octacorde. montées à l'unisson, ou pour les révolutions de deux astres, dont l'une fût une fois plus rapide que l'autre, et qui, par là, répondissent aux vibrations des deux cordes extrêmes de l'octacorde, c'est-à-dire des deux mi qui sont à l'octave l'un de l'autre. C'est dans ce dernier sens qu'on doit prendra eadem vis est duorum; alors tous les accords principaux se trouvent employés dans la comparaison. Si l'on ajoute Mercurii et Veneris, comme l'ont fait quelques éditeurs, il faudra y donner le premier sens, et faire disparaître l'octave pour y substituer l'unisson, qui n'est point un accord. En effet, l'orbe des étoiles ne sera plus alors à l'octave de la lune; il n'en sera qu'à la septième, puisque Mercure et Vénus étant presque à l'unisson, ils ne seront l'un l'autre qu'environ à un demi-ton de la lune; et par conséquent le système des astres répondra, non à l'octacorde, mais seulement à l'heptacorde, composé de six accords ou intervalles, et destitué totalement de l'octave, qui est pourtant une des consonnances principales, et comme le complément du système harmonique. C'est ce qui porte à croire que ces mots de quelques manuscrits, Mercurii et Veneris, pourraient bien n'être qu'une glose qui aura passé de la marge dans le texte. Burette.
XV. Omnis enim terra quœ colilur a vobis. La largeur, qui se prend de la zone torride à l'une des glaciales, relativement aux pôles, verticibus, n'est que de 43 degrés; au lieu que sa longueur, qui se prend d'occident en orient, est de 180. D'Olivet.
XVII. Hujus quidem anni nondum vigesimam partem. Cette grande année renferme quinze mille années vulgaires, selon le calcul des astronomes, rapporté par Macrobe, ii, 11. Depuis la mort de Romulus jusqu'à l'époque du songe de Scipion, il y avait 573 ans d'écoulés; par conséquent la vingtième partie de l'année du monde n'était pas encore accomplie. Ang. Mai. — Platon dit dans le Timée: «Les autres globes, leurs noms, leurs élémenls, sont connus de quelques mortels; mais la plupart ne soupçonnent pas que le temps se mesure aussi sur la carrière de ces astres, dont nous ne saurons jamais ni le nombre ni les merveilles. Seulement on peut croire que la succession complète des âges ramènera la grande année périodique, lorsque toutes les sphères, après les innombrables combinaisons de leur double mouvement, par la force de l'âme divine seront revenues au point où leur course errante a commencé.»
XX. Nam quod semper movetur. Cette démonstration de l'immortalité de l'âme est littéralement reproduite dans les Tusculanes. Cicéron la traduit du Phèdre de Platon.