chapitre ΙΧ
livre V chapitre VΙΙI - livre VΙ chapitre Ι
TOPIQUES.
LIVRE CINQUIÈME.
LIEUX COMMUNS DU PROPRE.
CHAPITRE IX. Deux derniers lieux du propre tirés : 1° de la puissance. 2° de l'excès. |
||
1 Ἔπειτ´ ἀνασκευάζοντα μὲν εἰ, δυνάμει τὸ ἴδιον ἀποδιδούς, καὶ πρὸς μὴ ὂν ἀποδέδωκε τὸ ἴδιον τῇ δυνάμει, μὴ ἐνδεχομένης τῆς δυνάμεως ὑπάρχειν τῷ μὴ ὄντι· οὐ γὰρ ἔσται ἴδιον τὸ κείμενον εἶναι ἴδιον. Οἷον ἐπεὶ ὁ εἴπας ἀέρος ἴδιον τὸ ἀναπνευστὸν τῇ δυνάμει μὲν ἀποδέδωκε τὸ ἴδιον (τὸ γὰρ τοιοῦτον οἷον ἀναπνεῖσθαι ἀναπνευστόν ἐστιν), ἀποδέδωκε δὲ καὶ πρὸς τὸ μὴ ὂν τὸ ἴδιον (καὶ γὰρ μὴ ὄντος ζῴου οἷον ἀναπνεῖν πέφυκε τὸν ἀέρα ἐνδέχεται ἀέρα εἶναι· οὐ μέντοι μὴ ὄντος ζῴου δυνατόν ἐστιν ἀναπνεῖν· ὥστ´ οὐδ´ ἀέρος ἔσται ἴδιον τὸ τοιοῦτον οἷον ἀναπνεῖσθαι τότε ὅτε ζῷον οὐκ ἔσται τοιοῦτον οἷον ἀναπνεῖν), οὐκ ἂν οὖν εἴη ἀέρος ἴδιον τὸ ἀναπνευστόν. [139b] 2 Κατασκευάζοντα δὲ εἰ τῇ δυνάμει ἀποδιδοὺς τὸ ἴδιον ἢ πρὸς ὂν ἀποδίδωσι τὸ ἴδιον ἢ πρὸς μὴ ὄν, ἐνδεχομένης τῆς δυνάμεως τῷ μὴ ὄντι ὑπάρχειν· ἔσται γὰρ ἴδιον τὸ κείμενον μὴ εἶναι ἴδιον. Οἷον ἐπεὶ ὁ ἀποδιδοὺς ἴδιον τοῦ ὄντος τὸ δυνατὸν παθεῖν ἢ ποιῆσαι, δυνάμει ἀποδιδοὺς τὸ ἴδιον, πρὸς ὂν ἀποδέδωκε τὸ ἴδιον (ὅτε γὰρ ὄν ἐστι, καὶ δυνατὸν παθεῖν τι ἢ ποιῆσαι ἔσται)—ὥστε εἴη ἂν ἴδιον τοῦ ὄντος τὸ δυνατὸν παθεῖν ἢ ποιῆσαι. 3 Ἔπειτ´ ἀνασκευάζοντα μὲν εἰ ὑπερβολὴν τέθεικε τὸ ἴδιον· οὐ γὰρ ἔσται ἴδιον τὸ κείμενον εἶναι ἴδιον. Συμβαίνει γὰρ τοῖς οὕτως ἀποδιδοῦσι τὸ ἴδιον μή, καθ´ οὗ ὁ λόγος, τοὔνομα ἀληθεύεσθαι· φθαρέντος γὰρ τοῦ πράγματος οὐδὲν ἧττον ἔσται ὁ λόγος· τῶν γὰρ ὄντων τινὶ μάλιστα ὑπάρξει. Οἷον εἴ τις ἀποδοίη τοῦ πυρὸς ἴδιον σῶμα τὸ κουφότατον· φθαρέντος γὰρ τοῦ πυρὸς ἔσται τι τῶν σωμάτων ὃ κουφότατον ἔσται. Ὥστ´ οὐκ ἂν εἴη τοῦ πυρὸς ἴδιον σῶμα τὸ κουφότατον. 4 Κατασκευάζοντα δὲ εἰ μὴ ὑπερβολὴν τέθεικε τὸ ἴδιον· ἔσται γὰρ κατὰ τοῦτο καλῶς κείμενον τὸ ἴδιον. Οἷον ἐπεὶ ὁ θεὶς ἀνθρώπου ἴδιον ζῷον ἥμερον φύσει οὐχ ὑπερβολῇ ἀποδέδωκε τὸ ἴδιον, εἴη ἂν κατὰ τοῦτο καλῶς κείμενον τὸ ἴδιον. |
1 Ensuite on réfute, si en donnant le propre en puissance, on a donné le propre en puissance même pour le non-être, la puissance ne pouvant être à ce qui n'est pas; car ce qu'on donne pour le propre ne sera pas le propre. Si, par exemple, en disant que le propre de l'air c'est d'être respirable, on a donné le propre en puissance, car une chose qui est susceptible d'être respirée est respirable, on a donné le propre, même pour ce qui n'est pas; car, en l'absence de l'animal qui est fait naturellement pour respirer l'air, il peut y avoir de l'air encore. Mais cependant, s'il n'y a pas d'animal, l'air ne peut pas être respiré. Donc, le propre de l'air ne sera pas d'être tel qu'il puisse être respiré, toutes les fois qu'il n'y aura pas d'animal tel qu'il puisse le respirer : donc, respirable ne sera pas le propre de l'air. 2 On établit la proposition, si en donnant le propre en puissance on le donne, soit pour ce qui est, soit pour ce qui n'est pas, la puissance pouvant être aussi à ce qui n'est pas; car le propre sera précisément ce qu'on donne pour n'être pas le propre. Par exemple, si on a donné pour propre de ce qui est d'être capable d'agir ou de souffrir, tout en ayant donné le propre en puissance on a donné le propre pour l'être; car du moment que l'être existe, il sera capable aussi d'agir ou de souffrir, de sorte que le propre de l'être sera d'être capable de souffrir ou d'agir. 3 Ensuite on réfute, si l'on a placé le propre dans l'excès; car ce qu'on a donné pour le propre ne le sera point: il arrive en effet que quand on donne ainsi le propre, le nom n'est pas vrai là où l'explication l'est cependant. Ainsi, la chose étant détruite, l'explication n'en subsistera pas moins ; car elle est toujours en excès à quelqu'une des choses existantes. Par exemple, si l'on a donné pour propre du feu d'être le corps le plus léger, le feu aura beau être détruit, il restera toujours quelque corps qui sera le plus léger de tous, de sorte que le corps le plus léger ne serait pas le propre du feu. 4 On établit la proposition, si l'on n'a point placé le propre dans l'excès; car le propre sera alors bien donné à cet égard. Par exemple, si ayant donné pour propre de l'homme, animal doux par nature, on n'a point donné le propre par excès, le propre sera du moins à cet égard convenablement donné.
|
§ 1. Donc respirable ne sera pat le propre de l'air, ceci peut paraître un peu subtil. L'air n'est pas respirable, ne peut pas être respiré, quand il n'y a pas d'animal pour le respirer ; mais il n'en est pas moins respirable, en ce sens qu'il pourrait être respiré s'il y avait un animal pour le respirer. Il est, du reste, assez remarquable qu'Aristote, en supposant l'air antérieur à l'animal, s'accorde en cela avec les théories modernes les plus certaines. Ces idées, d'ailleurs, sont empruntées par Aristote à l'école d'Ionie, et en particulier à Anaximène de Milet et à Diogène d'Apollonie. § 3. Le propre dans l'excès, c'estrà-dire sous forme de superlatif, comme le prouve l'exemple qui suit. § 4. Pacius proposait de supprimer ce paragraphe, qu'Alexandre d'Aphrodise n'a pas commenté, et que, peut-être, il n'a pas connu. La règle, d'ailleurs, ici donnée est juste ; de plus, il faut la règle affirmative après la négative, comme pour les lieux précédents.
|