Aristote : Génération des animaux

ARISTOTE

 

TRAITE DE LA GÉNÉRATION DES ANIMAUX

ΑΡΙΣΤΟΤΕΛΟΥΣ ΠΕΡΙ ΖΩΙΩΝ ΓΕΝΕΣΕΩΣ V

LIVRE IV. CHAPITRE V

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TRAITE DE LA GÉNÉRATION DES ANIMAUX

LIVRE QUATRIÈME

 

 

 

 

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CHAPITRE V

De la superfétation ; ses variétés selon les espèces ; elle est presque impossible chez les grands animaux unipares; cause de la superfétation chez les unipares et les multipares ; cas particulier de la femme ; cas de la jument ; explication de la nature lascive de la jument; les femmes sont moins ardentes après avoir eu plusieurs enfants; nature lascive des oiseaux mâles ; développement des embryons de superfétation eelon les espèces; continuation des menstrues durant la grossesse; le lièvre est très sujet aux superfétations ; singularités de son poil; abondance des poils, signe de lascivité.

1 Τῶν δὲ ζῴων τὰ μὲν ὅλως οὐκ ἐπικυΐσκεται τὰ δ´ ἐπικυΐσκεται, καὶ τῶν ἐπικυϊσκομένων τὰ μὲν δύναται τὰ κυήματα ἐκτρέφειν, τὰ δὲ ποτὲ μὲν ποτὲ δ´ οὔ. Τοῦ δὲ μὴ ἐπικυΐσκεσθαι αἴτιον ὅτι μονοτόκα ἐστίν. [774] Τά τε γὰρ μώνυχα οὐκ ἐπικυΐσκεται καὶ τὰ τούτων μείζονα· διὰ γὰρ τὸ μέγεθος τὸ περίττωμα ἀναλίσκεται εἰς τὸ κύημα. 2 Πᾶσι γὰρ ὑπάρχει μέγεθος τούτοις σώματος, τῶν δὲ μεγάλων καὶ τὰ ἔμβρυα μεγάλα κατὰ λόγον ἐστίν· διὸ καὶ τὸ τῶν ἐλεφάντων ἔμβρυον ἡλίκον μόσχος ἐστίν. Τὰ δὲ πολυτόκα ἐπικυΐσκεται διὰ τὸ καὶ τῶν πλειόνων τοῦ ἑνὸς εἶναι θατέρῳ θάτερον ἐπικύημα. Τούτων δ´ ὅσα μὲν μέγεθος ἔχει, καθάπερ ἄνθρωπος, ἐὰν μὲν ἡ ἑτέρα ὀχεία τῆς ἑτέρας γένηται πάρεγγυς, ἐκτρέφει τὸ ἐπικυηθέν· ἤδη γὰρ ὦπται τὸ τοιοῦτον συμβεβηκός. 3 Αἴτιον δὲ τὸ εἰρημένον· καὶ γὰρ ἐν τῇ μιᾷ συνουσίᾳ πλεῖον τὸ ἀπιόν ἐστι σπέρμα, ὃ μερισθὲν ποιεῖ πολυτοκεῖν, ὧν ὑστερίζει θάτερον. ταν δ´ ἤδη τοῦ κυήματος ηὐξημένου συμβῇ γίγνεσθαι τὴν ὀχείαν ἐπικυΐσκεται μέν ποτε, ὀλιγάκις μέντοι διὰ τὸ τὴν ὑστέραν συμμύειν ὡς τὰ πολλὰ μέχρι τῶν κυουμένων ταῖς γυναιξίν. ν δὲ συμβῇ ποτε (καὶ γὰρ τοῦτ´ ἤδη γέγονεν), οὐ δύναται τελειοῦν, ἀλλὰ κυήματ´ ἐκπίπτει παραπλήσια τοῖς καλουμένοις ἐκτρώμασιν.  4 σπερ γὰρ ἐπὶ τῶν μονοτόκων διὰ τὸ μέγεθος εἰς τὸ προϋπάρχον τὸ περίττωμα τρέπεται πᾶν, οὕτω καὶ τούτοις, πλὴν ἐκείνοις μὲν εὐθύς, τούτοις δ´ ὅταν αὐξηθῇ τὸ ἔμβρυον· τότε γὰρ ἔχουσι παραπλησίως τοῖς μονοτόκοις. μοίως δὲ διὰ τὸ τὸν ἄνθρωπον φύσει πολυτόκον εἶναι, καὶ περιεῖναί τι τῷ μεγέθει τῆς ὑστέρας καὶ τοῦ περιττώματος, μὴ μέντοι τοσοῦτον ὥστε ἕτερον ἐκτρέφειν, μόνα τῶν ζῴων ὀχείαν ἐπιδέχεται κυοῦντα γυνὴ καὶ ἵππος, 5 ἡ μὲν διὰ τὴν εἰρημένην αἰτίαν ἡ δ´ ἵππος διά τε τὴν τῆς φύσεως στερρότητα καὶ τὸ περιεῖναί τι τῆς ὑστέρας μέγεθος, πλέον μὲν ἢ τῷ ἑνί, ἔλαττον δὲ ἢ ὥστε ἄλλο ἐπικυΐσκεσθαι τέλειον. στι δὲ φύσει ἀφροδισιαστικὸν διὰ τὸ ταὐτὸ πεπονθέναι τοῖς στερροῖς· ἐκεῖνά τε γὰρ τοιαῦτ´ ἐστὶ διὰ τὸ μὴ γίγνεσθαι κάθαρσιν (τοῦτο δ´ ἐστὶν ὥσπερ τοῖς ἄρρεσι τὸ ἀφροδισιάσαι) καὶ αἱ ἵπποι αἱ θήλειαι ἥκιστα προΐενται κάθαρσιν. ν πᾶσι δὲ τοῖς ζῳοτοκοῦσι τὰ στερρὰ τῶν θηλέων ἀφροδισιαστικὰ διὰ τὸ παραπλησίως ἔχειν τοῖς ἄρρεσιν ὅταν συνειλεγμένον μὲν ᾖ τὸ σπέρμα, μὴ ἀποκρινόμενον δέ. Τοῖς  [774a] γὰρ θήλεσιν ἡ τῶν καταμηνίων κάθαρσις σπέρματος ἔξοδός ἐστιν· ἔστι γὰρ τὰ καταμήνια σπέρμα ἄπεπτον ὥσπερ εἴρηται πρότερον. Διὸ καὶ τῶν γυναικῶν ὅσαι πρὸς τὴν ὁμιλίαν ἀκρατεῖς τὴν τοιαύτην, ὅταν πολυτοκήσωσι παύονται τῆς
πτοήσεως· ἐκκεκριμένη γὰρ ἡ σπερματικὴ περίττωσις οὐκέτι ποιεῖ τῆς ὁμιλίας ταύτης ἐπιθυμίαν. 6 ν δὲ τοῖς ὄρνισιν αἱ θήλειαι τῶν ἀρρένων ἧττόν εἰσιν ἀφροδισιαστικαὶ διὰ τὸ πρὸς τῷ ὑποζώματι τὰς ὑστέρας ἔχειν, τὰ δ´ ἄρρενα τοὐναντίον· ἀνεσπασμένους γὰρ ἔχει τοὺς ὄρχεις ἐντός, ὥστ´ ἂν ᾖ τι γένος τῶν τοιούτων ὀρνίθων φύσει σπερματικὸν ἀεὶ δεῖσθαι τῆς ὁμιλίας ταύτης. Τοῖς μὲν οὖν θήλεσι τὸ κάτω καταβαίνειν τὰς ὑστέρας, τοῖς δ´ ἄρρεσι τὸ ἀνασπᾶσθαι τοὺς ὄρχεις συμβαίνει πρὸ ὁδοῦ πρὸς τὴν ὀχείαν.

7 Δι´ ἣν μὲν οὖν αἰτίαν τὰ μὲν οὐκ ἐπικυΐσκεται παντελῶς τὰ δ´ ἐπικυΐσκεται μέν, τὰ δὲ κυήματα ἐκτρέφει ὁτὲ μὲν ὁτὲ δ´ οὔ, καὶ διὰ τίν´ αἰτίαν τὰ μὲν ἀφροδισιαστικὰ τὰ δ´ οὐκ ἀφροδισιαστικὰ τῶν τοιούτων ἐστίν, εἴρηται.

8 Ἔνια δὲ τῶν ἐπικυϊσκομένων καὶ πολὺν χρόνον διαλειπούσης τῆς ὀχείας δύναται τὰ κυήματα ἐκτρέφειν, ὅσων σπερματικόν τε τὸ γένος ἐστὶ καὶ μὴ τὸ σῶμα μέγεθος ἔχει καὶ τῶν πολυτόκων ἐστίν· διὰ μὲν γὰρ τὸ πολυτοκεῖν εὐρυχωρίαν ἔχει τῆς ὑστέρας, διὰ δὲ τὸ σπερματικὸν εἶναι πολὺ προΐεται περίττωμα τῆς καθάρσεως· διὰ δὲ τὸ μὴ τὸ σῶμα μέγεθος ἔχειν ἀλλὰ πλείονι λόγῳ τὴν κάθαρσιν ὑπερβάλλειν τῆς εἰς τὸ κύημα τροφῆς δύναταί τε συνίστασθαι ζῷα καὶ ὕστερον καὶ ταῦτ´ ἐκτρέφειν. 9 τι δ´ αἱ ὑστέραι τῶν τοιούτων οὐ συμμεμύκασι διὰ τὸ περιεῖναι περίττωμα τῆς καθάρσεως. Τοῦτο δὲ καὶ ἐπὶ γυναικῶν ἤδη συμβέβηκεν· γίγνεται γάρ τισι κυούσαις κάθαρσις καὶ διὰ τέλους. λλὰ ταύταις μὲν παρὰ φύσιν (διὸ βλάπτει τὸ κύημα), τοῖς δὲ τοιούτοις τῶν ζῴων κατὰ φύσιν· οὕτω γὰρ τὸ σῶμα συνέστηκεν ἐξ ἀρχῆς, οἷον τὸ τῶν δασυπόδων· τοῦτο γὰρ ἐπικυΐσκεται τὸ ζῷον· οὔτε γὰρ τῶν μεγάλων ἐστὶ πολυτόκον τε (πολυσχιδὲς γάρ, τὰ δὲ πολυσχιδῆ πολυτόκα) καὶ σπερματικόν. 10 Δηλοῖ δ´ ἡ δασύτης· ὑπερβάλλει γὰρ τοῦ τριχώματος τὸ πλῆθος· καὶ γὰρ ὑπὸ τοὺς πόδας καὶ ἐντὸς τῶν γνάθων τοῦτ´ ἔχει τρίχας μόνον τῶν ζῴων. δὲ δασύτης σημεῖον  [775] πλήθους περιττώματός ἐστι, διὸ καὶ τῶν ἀνθρώπων οἱ δασεῖς  ἀφροδισιαστικοὶ καὶ πολύσπερμοι μᾶλλόν εἰσι τῶν λείων. μὲν οὖν δασύπους τὰ μὲν τῶν κυημάτων ἀτελῆ πολλάκις ἔχει, τὰ δὲ προΐεται τετελειωμένα τῶν τέκνων.
 

1 II y a des animaux chez lesquels il n'y a jamais de superfétation : chez d'autres au contraire, il y en a. Parmi ceux où la superfétation est possible, les uns peuvent amener à terme leurs fœtus, tandis que les autres, tantôt le peuvent, et tantôt ne le peuvent pas. Ce qui empêche la superfétation, c'est que les animaux sont unipares. Chez les solipèdes, il n'y a pas de superfétation, non plus que chez les animaux encore plus grands, où à cause de leur grosseur même, toute l'excrétion est employée à développer l'embryon. 2 Car tous les animaux de cet ordre ont des corps très grands; et les embryons des grands animaux doivent être grands comme eux, toute proportion gardée. Aussi, le petit de l'éléphant est-il de la grosseur d'un veau. Mais les animaux multipares sont capables de superfétation, parce que, du moment qu'au lieu d'un seul fœtus il y en a plusieurs, un de ces fœtus vient s'ajouter en surcroit à l'autre fœtus. Dans les animaux qui ont une certaine grosseur, comme l'homme, si une seconde copulation vient presque immédiatement après la première, l'embryon en surnombre peut se développer et se nourrir; et l'on a vu plus d'une fois ce cas se produire. 3 La cause en est celle que nous avons indiquée. Ainsi, dans la première copulation, le sperme a été plus abondant; et il rend possible en se divisant la formation de plusieurs fœtus, parmi lesquels l'un vient toujours en dernier lieu après les autres. Mais quand la copulation a lieu lorsque déjà le premier embryon a pris quelque croissance, il y a parfois superfétation ; cependant le fait est rare, parce que la matrice se referme chez la plupart des femmes jusqu'au temps de l'accouchement. Toutefois si le fait se produit, comme on l'a déjà vu, l'embryon ne peut venir à bien; et alors il est rejeté, comme il arrive dans ce qu'on appelle les fausses-couches. 4 De même que, dans les unipares qui ont une certaine grandeur, l'excrétion spermatique tourne tout entière au développement du premier embryon, de même, dans les multipares, le fait se produit également, a cette différence près que, chez les uns, c'est tout d'un coup qu'il se produit, et que, chez les autres, c'est seulement quand l'embryon a déjà pris quelque croissance. C'est ce qui a lieu chez l'homme, qui naturellement pourrait être multipare, si l'on regarde à la grandeur de la matrice et à l'abondance de la sécrétion, sans que d'ailleurs ni l'une ni l'autre ne puissent nourrir un second embryon. Il en résulte que seules, parmi les animaux, la femme et la jument, même quand elles ont déjà conçu, reçoivent encore les approches du mâle. 5 Pour la femme, c'est la raison qu'on vient de dire; mais la jument les souffre à cause de la rigidité de sa nature, et parce que sa matrice est assez grande pour recevoir plus d'un embryon, bien qu'elle ne le soit pas assez pour en recevoir encore un autre complètement. La jument est de sa nature très lascive, parce qu'elle est soumise à la même condition que tous les autres animaux dont la peau est épaisse comme du cuir. Cette disposition tient chez ces animaux à ce qu'ils n'ont point d'évacuation purifiante ; pour eux, cette évacuation est ce que le rut est pour les mâles; et les juments n'ont presque pas d'évacuation de ce genre. Dans tous les vivipares, les femelles à tissu rigide sont très portées à l'acte vénérien, parce qu'elles sont dans un état fort semblable à celui des mâles, quand leur sperme est accumulé et qu'il n'est pas encore expulsé. Dans les femelles, l'évacuation purgative des menstrues est une sortie de sperme ; car les menstrues, ainsi qu'on l'a déjà dit, ne sont que du sperme dont la coction est imparfaite. 6 Aussi, les femmes qui sont ardentes au rapprochement sexuel, perdent-elles cette excitation quand elles ont eu plusieurs enfants, parce que la sécrétion spermatique qui a été expulsée ne leur donne plus ces désirs, qu'elles ne pouvaient dominer. Chez les oiseaux, les femelles sont moins portées que les mâles à l'accouplement, parce qu'elles ont la matrice placée sous le diaphragme, tandis que les mâles sont organisés tout autrement; car leurs testicules sont suspendus à l'intérieur, de telle sorte que, quand une espèce de ces oiseaux a beaucoup de sperme, les mâles ne cessent pas d'avoir besoin d'accouplement. Chez les femelles, c'est parce que les matrices descendent, et chez les mâles parce que les testicules s'élèvent, que cette disposition facilite le rapprochement et y pousse.

7 D'après ce qui précède, on doit comprendre pourquoi certains animaux n'ont jamais de superfétation ; et pourquoi d'autres en ont, tantôt amenant leurs fœtus à terme, tantôt ne pouvant les y amener. On doit voir aussi pourquoi telles espèces sont lascives, et pourquoi telles autres ne le sont pas.

8 Quelques-unes de celles où la superfétation est possible peuvent amener leurs germes à bien, si la seconde copulation a eu lieu longtemps après la première; ce sont les espèces qui, ayant du sperme, n'ont pas le corps trop gros et qui peuvent avoir plusieurs petits. Précisément, parce qu'elles peuvent en avoir plusieurs à la fois, la matrice a de grandes dimensions; et comme ces espèces ont du sperme, l'évacuation purgative sort en grande abondance. Mais comme leur corps n'est pas très gros, et que l'évacuation est plus considérable qu'il ne faut pour nourrir l'embryon, ces espèces peuvent concevoir de nouveaux embryons et les amener à terme régulièrement. 9 Les matrices, dans ces animaux, ne se ferment pas, parce que la sécrétion purifiante surabonde toujours en elles. Ce curieux phénomène a été observé même sur des femmes. On en a vu qui étaient enceintes avoir leur évacuation et la conserver jusqu'à la fin de la grossesse. Mais chez les femmes, c'est là un accident contre nature, et le fœtus en souffre, tandis que, dans les espèces dont on vient de parler, le fait est tout naturel. C'est que leur corps est originairement ainsi organisé, comme on le voit chez les lièvres, qui présentent toujours des superfétations. Cet animal ne compte pas parmi les plus grands animaux; mais il fait beaucoup de petits; il est fissipède, et les fissipèdes sont en général très féconds. 10 En outre, il a beaucoup de sperme. Ce qui le prouve bien, c'est l'abondance de son poil, qui est vraiment extraordinaire. Il est le seul animal qui ait des poils sous les pieds et même en dedans des mâchoires. Cette abondance des poils indique toujours une sécrétion abondante; c'est si vrai que, parmi les hommes, ceux qui sont velus sont portés aux plaisirs du sexe ; et ils ont beaucoup plus de sperme que les hommes dépourvus de poils. Le lièvre a bien souvent des fœtus incomplets, en même temps qu'il a des petits très bien conformés.

§ 1. Il n'y a jamais de superfétation. Cette assertion est peut-être trop générale; mais quoi qu'il en soit, cette nouvelle étude prouve qu'Aristote n'a négligé aucune partie de son sujet, traitant de la superfétation après la monstruosité. La science moderne s'est peu occupée de la superfétation, bien que quelques observateurs se soient consacrés à l'étude spéciale de ces phénomènes. MM. Aubert et Wimmer citent avec grand éloge l'ouvrage de M. Kussmaul (1859) ; ils citent aussi celui de M  Cassan, Paris, 1826. La superfétation tient peu de place dans les traités ordinaires de physiologie comparée.

Sont unipares. C'est là en effet la cause la plus générale, parce que l'animal étant organisé pour n'avoir habituellement qu'un seul petit, la superfétation devient fort difficile.

Chez les solipèdes. Les chevaux et les ânes, par exemple.

Toute l'excrétion est employée. Cette explication est toute logique. Sur la superfétation dans l'espèce humaine, voir l'Histoire des Animaux, liv. VII, ch. v, §§ 4 et suiv.

§ 2. De la grosseur d'un veau. L'observation est très vraie; mais il faut sous-entendre, comparativement au veau, qu'il ne s'agit pas d'un veau qui vient de naître, mais d'un veau parvenu à toute sa croissance spéciale; car autrement le petit de l'éléphant est beaucoup plus gros que le veau, au moment où le veau sort de la vache.

Parce que du moment. Cette explication n'en est pas une à proprement parler; et ici Aristote résout la question par la question.

Comme l'homme. Voir l'Histoire des Animaux, loc. cit.

Une seconde copulation. Il parait bien que les causes de la superfétation sont encore différentes de celle-là, et elles tiennent surtout à la disposition des ovules. En général, la superfétation s'explique par une copulation multiple; mais il est des cas où cette explication n'est pas admissible, par exemple le cas où, après avoir accouché régulièrement, une femme accouche encore à trois, quatre ou cinq mois, d'un enfant à terme comme le premier. On suppose alors que la femme avait un double utérus, ou qu'il y a eu dans un des fœtus un arrêt de développement; voir M. Béclard, Traité élémentaire de physiologie humaine, 6e édition, p. 1159.

Plus d'une fois. Ces cas sont toujours très rares.

§ 3. Est celle que nous avons indiquée. C'est-à-dire, une seconde copulation.

A été plus abondant. Ce ne peut être là qu' une simple conjecture.

En se divisant. Même remarque; mais ces erreurs sont bien excusables, quand on songe aux obscurités du sujet.

En dernier lieu après les autres. Le fait est exact; mais ce n'est pas une explication du phénomène.

Le premier embryon a pris quelque croissance. C'est le cas supposé dans la note du paragraphe qui précède.

La matrice se referme. L'expression dont Aristote se sert ici n'est peut-être pas fort exacte. Mais le fait est exactement indiqué; la matrice subit des changements considérables après la copulation. Cependant ces changements de l'utérus et de la matrice ne constituent pas une fermeture, surtout «  jusqu'au temps de l'accouchement  ». La matrice s'élève et refoule les organes contenus dans le ventre et la masse intestinale; voir M. Béclard, loc. cit., p. 1197.

Si le fait se produit. L'expression est bien vague, et l'auteur veut sans doute parler d'une seconde copulation.

Les fausses-couches. Il est difficile de comprendre ce passage, qui aurait dû être plus développé; on ne voit pas quelle est la différence entre ι fausse-couche et le phénomène qu'indique Aristote.

§ 4. Tourne tout entière au développement du premier embryon. Ceci n'est pas exact, à ce qu'il semble ; et dans les unipares, les deux jumeaux peuvent être également forts; le second est tout aussi bien nourri que le premier.

Le fait se produit également. C'est-à-dire, sans doute, que l'excrétion spermatique tourne tout entière au développement du premier embryon ; du moins, c'est là le seul sens que présente le texte; mais la pensée reste obscure, et Ton ne se rend pas compte assez nettement de la différence que l'auteur prétend établir entre les unipares et les multipares.

A déjà pris quelque croissance. Ceci est encore plus obscur que ce qui précède.

Qui naturellement pourrait être multipare. Ceci ne paraît pas du tout exact, et l'homme est au contraire essentiellement unipare. La génération gémellaire, sans être contre nature, est tou« jours très rare.

Ne puissent nourrir un second embryon. Ceci contredit la supposition de la multiparité humaine, dont l'auteur vient de parler.

Il en résulte... La conséquence n'a rien d'évident. Voir dans l'Histoire des Animaux. Ην. IX, ch. i, §7, le portrait peu flatteur qu'Aristote fait de la femme.

§ 5. C'est la raison qu'on vient de dire. L'auteur n'a pas donné la raison de la prétendue lascivité de la femme ; peut-être veut-il seulement faire allusion à l'uniparité dans l'espèce humaine; mais la jument est également unipare. — La rigidité de sa nature. Ceci aurait eu besoin de plus d'explication. Le mot dont se sert Aristote est assez obscur, et le commentaire qu'en donne Philopon ne l'éclaircit pas beaucoup; il comprend que la matrice des juments est tellement épaisse que le flux menstruel a de la peine à passer.

Plus d'un embryon... un autre complètement. Ces théories sur la matrice de la jument supposent des observations anatomiques fort attentives. Aristote paraît en avoir tiré cette conséquence que la matrice de la jument, tout en pouvant contenir plus d'un embryon, ne peut pas cependant en contenir deux.

Très lascive. Voir l'Histoire des Animaux, liv. VI, ch. xxii, §§ 2 et suiv.

Parce qu'elle est soumise... Il n'est pas probable que ce soit là la vraie cause des ardeurs de la jument; l'ânesse, qui a un cuir tout à fait analogue à celui de la jument, n'a pas les mêmes excitations sexuelles.

N'ont point d'évacuation purifiante. Le fait n'est pas aux; mais il n'est pas non plus parfaitement exact, comme l'auteur lui-même le fait entendre, quelques lignes plus loin.

Ce que le rut est pour les mâles. Je ne crois pas que la science moderne puisse accepter cette assimilation.

A tissu rigide. Ceci s'explique par ce qui a été dit un peu plus haut.

Dans un état fort semblable à celui des mâles. Ceci est exagéré.

Une sortie de sperme. Même remarque.

Ainsi qu'on l'a déjà dit. Voir plus haut, liv. I, ch. x, § 3, et ch. xiii, § 9; liv. II, ch. v, § 6.

§ 6. Aussi les femmes... L'observation consignée dans ce paragraphe est très juste.

La sécrétion spermatique. Peut-être cette expression appliquée à la femme n'est-elle pas exacte.

Ces désirs .qu'elles ne pouvaient dominer. La physiologie actuelle ne pourrait que confirmer ces théories.

Parce qu'elles ont la matrice placée sous le diaphragme. Cette explication ne semble guère admissible. Voir sur la position des matrices l'Histoire des Animaux, liv. III, ch. i, § 18.

Leurs testicules. Sur les testicules des oiseaux et des ovipares, voir l'Histoire des Animaux, liv. III, ch. i, § 8, et liv. VI, ch. viii, § 5.

Les matrices descendent... les testicules s'élèvent. Sur l'accouplement des oiseaux, voir l'Histoire des Animaux, liv. V, ch. ii, § 3, et liv. VI, ch. i, § 5.

§ 7. On doit comprendre. . on doit voir. Le résumé est exact; mais les questions qu'agite l'auteur ne sont pas résolues aussi complètement qu'il semble le croire. Il n'y a pas d'ailleurs à s'en étonner, quand on se rappelle combien ces questions sont encore obscures.

§ 8. La superfétation est possible. Voir l'Histoire des Animaux, liv. VII, ch. v, § 4.

La seconde copulation... Ce cas se présente quelquefois dans l'espèce humaine. Après un premier accouchement régulier, il peut y en avoir un second non moins régulier, à trois, quatre ou cinq mois de distance. 11 est évident que c'est le résultat d'un second rapprochement.

Et qui peuvent avoir plusieurs petits. Ceci est applicable aussi à notre espèce, bien que ce soit par exception.

Elles peuvent en avoir plusieurs à la fois. Bien <que d'ordinaire elles n'en aient qu' un seul.

Leur corps n'est pas très gros. C'est encore le cas de l'espèce humaine.

Pour nourrir l'embryon. Il serait plus exact de dire ? «  Un seul embryon ».

Peuvent concevoir de nouveaux embryons. Sans d'ailleurs les concevoir nécessairement.

§ 9. Ne se ferment pas. II n'est pas facile de voir à quel fait réel ceci peut faire allusion. Aristote veut sans doute parler de la continuation des menstrues, même après la cohabitation.

Ce curieux phénomène. J'ai ajouté l'épithète, dont l'idée est implicitement comprise dans les mots du texte.

On en a vu... Le fait n'est pas très rare; mais il se produit toujours aux dépens du fœtus, comme Aristote le dit,

Les espèces dont on vient de parler. C'est-à-dire, dans celles qui sont multipares; voirie paragraphe précédent.

Chez les lièvres. Voir l'Histoire des Animaux, liv. V, ch. ii, § 2.

Qui présentent toujours des superfétations. Le fait n'est pas toujours constant ; mais il est très fréquent.

Il fait beaucoup de petits. Buffon, t. XIV, p. 427, édition de 1830, insiste aussi sur cette fécondité extraordinaire du lièvre.

Les fissipèdes sont en général très féconds. La science moderne n'est peut-être pas d'accord sur ce point avec le naturaliste grec.

§ 10. Il a beaucoup de sperme. C'est pour cela qu'il est si fécond.

Qui est vraiment extraordinaire. Il est très exact que l'organisation du lièvre a des singularités très remarquables.

Il est le seul animal... Voir Cuvier, Règne animal, tome I, p. 217, édition de 1829, qui fait la même remarque : « L'intérieur de leur bouche et  le dessous de leurs pieds sont garnis de poils, comme le reste de leur corps. » Buffon dit la même chose, loc. cit., p. 429; mais Aristote a la priorité sur Buffon et Cuvier.

Une sécrétion abondante. Je ne sais si physiologiquement ceci est bien exact.

Parmi les hommes... C'est une opinion assez répandue ; mais elle n'en est pas peut-être plus exacte.

Bien souvent des fœtus incomplets. Ceci tient sans doute à la lascivité des femelles et des mâles. Buffon, loc. cit, y a beaucoup insisté, en décrivant l'étrange organisation de cet animal.