Aristote : Génération des animaux

ARISTOTE

 

TRAITE DE LA GÉNÉRATION DES ANIMAUX

ΑΡΙΣΤΟΤΕΛΟΥΣ ΠΕΡΙ ΖΩΙΩΝ ΓΕΝΕΣΕΩΣ Α

LIVRE I CHAPITRE VII.

livre I chapitre VI - livre I chapitre VIII
 

 

 

TRAITE DE LA GÉNÉRATION DES ANIMAUX

LIVRE PREMIER

 

 

 

 

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CHAPITRE VII

Des matrices des animaux; difficultés de cette étude; variétés de position; œufs des poissons; ils sont imparfaits à leur sortie et complétés au dehors ; œufs des oiseaux et des quadrupèdes ovipares ; relation de la forme de la matrice à la position des oeufs ; matrices des vivipares; organisation spéciale des sélaciens et des vipères; cette organisation participe des deux autres dans les quadrupèdes et dans les oiseaux; citations des Descriptions Anatomiques, et de l'Histoire des Animaux; position de la matrice chez les vivipares ordinaires; causes de cette position; dangers d'avortements : distinction entre les animaux qui produisent leurs petits en une fois et ceux qui les produisent en deux fois.

1 Τοῖς δὲ θήλεσι τὰ περὶ τὰς ὑστέρας ἀπορήσειεν ἄν τις ὃν τρόπον ἔχει· πολλαὶ γὰρ ὑπεναντιώσεις ὑπάρχουσιν αὐτοῖς. Οὔτε γὰρ τὰ ζῳοτοκοῦντα ὁμοίως ἔχει πάντα, ἀλλ´ ἄνθρωποι μὲν καὶ τὰ πεζὰ πάντα κάτω πρὸς τοῖς ἄρθροις, [719a] τὰ δὲ σελάχη 〈τὰ〉 ζῳοτοκοῦντα ἄνω πρὸς τῷ ὑποζώματι, — οὔτε τὰ ᾠοτοκοῦντα, ἀλλ´ οἱ μὲν ἰχθύες κάτω καθάπερ ἄνθρωπος καὶ τὰ ζῳοτοκοῦντα τῶν τετραπόδων, οἱ δ´ ὄρνιθες ἄνω καὶ ὅσα ᾠοτοκεῖ τῶν τετραπόδων. 2 Οὐ μὴν ἀλλ´ ἔχουσι καὶ αὗται αἱ ὑπεναντιώσεις κατὰ λόγον. Πρῶτον μὲν γὰρ τὰ ᾠοτοκοῦντα ᾠοτοκεῖ διαφερόντως· τὰ μὲν γὰρ ἀτελῆ προΐεται τὰ ᾠὰ οἷον οἱ ἰχθύες· ἔξω γὰρ ἐπιτελεῖται καὶ λαμβάνει αὔξησιν τὰ τῶν ἰχθύων. Αἴτιον δ´ ὅτι πολύγονα ταῦτα καὶ τοῦτ´ ἔργον αὐτῶν ὥσπερ τῶν φυτῶν· εἰ οὖν ἐν αὑτοῖς ἐτελεσιούργουν ἀναγκαῖον ὀλίγα τῷ πλήθει εἶναι· νῦ δὲ τοσαῦτα ἴσχουσιν ὥστε δοκεῖν ᾠὸν εἶναι τὴν ὑστέραν ἑκατέραν ἔν γε τοῖς μικροῖς ἰχθυδίοις· ταῦτα γὰρ πολυγονώτατά ἐστιν ὥσπερ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων τῶν ἀνάλογον τούτοις ἐχόντων τὴν φύσιν, καὶ ἐν φυτοῖς καὶ ἐν ζῴοις· ἡ γὰρ τοῦ μεγέθους αὔξησις τρέπεται εἰς τὸ σπέρμα τούτοις.

3 Οἱ δ´ ὄρνιθες καὶ τὰ τετράποδα τῶν ᾠοτόκων τέλεια ᾠὰ τίκτουσιν, ἃ δεῖ πρὸς τὸ σώζεσθαι σκληρόδερμα εἶναι (μαλακόδερμα γὰρ ἕως ἂν αὔξησιν ἔχῃ ἐστίν), τὸ δ´ ὄστρακον γίγνεται ὑπὸ θερμότητος ἐξικμαζούσης τὸ ὑγρὸν ἐκ τοῦ γεώδους. Ἀναγκαῖον οὖν θερμὸν εἶναι τὸν τόπον ἐν ᾧ τοῦτο συμβήσεται. Τοιοῦτος δ´ ὁ περὶ τὸ ὑπόζωμα· καὶ γὰρ τὴν τροφὴν πέττει οὗτος. 4 Εἰ οὖν τὰ ᾠὰ ἀνάγκη ἐν τῇ ὑστέρᾳ εἶναι καὶ τὴν ὑστέραν ἀνάγκη πρὸς τῷ ὑποζώματι εἶναι τοῖς τέλεια τὰ ᾠὰ τίκτουσι, τοῖς δ´ ἀτελῆ κάτω· πρὸ ὁδοῦ γὰρ οὕτως ἔσται. Καὶ πέφυκε δὲ μᾶλλον ἡ ὑστέρα κάτω εἶναι ἢ ἄνω, ὅπου μή τι ἐμποδίζει ἕτερον ἔργον τῆς φύσεως· κάτω γὰρ αὐτῆς καὶ τὸ πέρας ἐστίν· ὅπου δὲ τὸ πέρας καὶ τὸ ἔργον — αὕτη δ´ οὗ τὸ ἔργον.

5 Ἔχει δὲ καὶ τὰ ζῳοτοκοῦντα πρὸς ἄλληλα διαφοράν. Τὰ μὲν γὰρ οὐ μόνον θύραζε ζῳοτοκεῖ ἀλλὰ καὶ ἐν αὑτοῖς, οἷον ἄνθρωποί τε καὶ ἵπποι καὶ κύνες καὶ πάντα τὰ τρίχας ἔχοντα, καὶ τῶν ἐνύδρων δὲ δελφῖνές τε καὶ φάλαιναι καὶ τὰ τοιαῦτα κήτη. 6 Τὰ δὲ σελάχη καὶ οἱ ἔχεις θύραζε μὲν ζῳοτοκοῦσιν, ἐν αὑτοῖς δ´ ᾠοτοκοῦσι πρῶτον. ᾨοτοκοῦσι δὲ τέλειον ᾠόν· οὕτω γὰρ γεννᾶται ἐκ τοῦ ᾠοῦ τὸ ζῷον, ἐξ ἀτελοῦς δὲ οὐθέν. Θύραζε δὲ οὐκ ᾠοτοκοῦσι διὰ τὸ ψυχρὰ τὴν φύσιν εἶναι καὶ οὐχ ὥς τινές φασι θερμά. Μαλακόδερμα γοῦν τὰ ᾠὰ γεννῶσιν· διὰ γὰρ τὸ εἶναι ὀλιγόθερμα οὐ ξηραίνει αὐτῶν ἡ φύσις τὸ ἔσχατον. Διὰ μὲν οὖν τὸ ψυχρὰ εἶναι μαλακόδερμα γεννῶσι, [719b] διὰ δὲ τὸ μαλακόδερμα οὐ θύραζε· διεφθείρετο γὰρ ἄν.

7 Ὅταν δὲ ζῷον ἐκ τοῦ ᾠοῦ γίγνηται, τὸν αὐτὸν τρόπον τὰ πλεῖστα γίγνεται ὅνπερ ἐν τοῖς ὀρνιθίοις, καὶ καταβαίνει κάτω καὶ γίγνεται ζῷα πρὸς τοῖς ἄρθροις καθάπερ καὶ ἐν τοῖς ἐξ ἀρχῆς εὐθὺς ζῳοτοκοῦσιν. Διὸ καὶ τὴν ὑστέραν τὰ τοιαῦτα ἔχει ἀνομοίαν καὶ τοῖς ζῳοτόκοις καὶ τοῖς ᾠοτόκοις διὰ τὸ ἀμφοτέρων μετέχειν τῶν εἰδῶν· καὶ γὰρ πρὸς τῷ ὑποζώματι ἔχουσι καὶ κάτω παρήκουσαν πάντα τὰ σελαχώδη. 8 Δεῖ δὲ καὶ περὶ ταύτης καὶ περὶ τῶν ἄλλων ὑστερῶν, ὃν τρόπον ἔχουσιν, ἔκ τε τῶν ἀνατομῶν τεθεωρηκέναι καὶ τῶν ἱστοριῶν. Ὥστε διὰ μὲν τὸ ᾠοτόκα εἶναι τελείων ᾠῶν ἄνω ἔχει, διὰ δὲ τὸ ζῳοτοκεῖν κάτω, καὶ ἀμφοτέρων μετειλήφασιν. Τὰ δ´ εὐθὺς ζῳοτοκοῦντα πάντα κάτω· οὐ γὰρ ἐμποδίζει τῆς φύσεως οὐδὲν ἔργον οὐδὲ διττογονεῖ. 9 Πρὸς δὲ τούτοις ἀδύνατον ζῷα γίγνεσθαι πρὸς τῷ ὑποζώματι· τὰ μὲν γὰρ ἔμβρυα βάρος ἔχειν ἀναγκαῖον καὶ κίνησιν, ὁ δὲ τόπος ἐπίκαιρος ὢν τοῦ ζῆν οὐκ ἂν δύναιτο ταῦθ´ ὑπενεγκεῖν. Ἔτι δ´ ἀνάγκη δυστοκίαν εἶναι διὰ τὸ μῆκος τῆς φορᾶς, ἐπεὶ καὶ νῦν ἐπὶ τῶν γυναικῶν ἐὰν περὶ τὸν τόκον ἀνασπάσωσι χασμησάμεναι ἤ τι τοιοῦτον ποιήσασαι δυστοκοῦσιν. 10 Καὶ κεναὶ δ´ οὖσαι αἱ ὑστέραι ἄνω προσιστάμεναι πνίγουσιν· καὶ γὰρ ἀνάγκη τὰς μελλούσας ζῷον ἕξειν ἰσχυροτέρας εἶναι, διὸ σαρκώδεις εἰσὶν αἱ τοιαῦται πᾶσαι, αἱ δὲ πρὸς τῷ ὑποζώματι ὑμενώδεις. Καὶ ἐπ´ αὐτῶν δὲ τῶν διγονίαν ποιουμένων ζῴων φανερὸν τοῦτο συμβαῖνον· τὰ μὲν γὰρ ᾠὰ ἄνω καὶ ἐν τῷ πλαγίῳ ἴσχουσι, τὰ δὲ ζῷα ἐν τῷ κάτω μέρει τῆς ὑστέρας.

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1 Il est assez difficile de savoir ce que sont précisément les matrices chez les femelles; car elles présentent une foule de différences. Elles ne sont pas organisées de la même manière chez tous les vivipares; ainsi, l'homme et tous les animaux qui marchent sur le sol ont la matrice en bas sous les membres; mais les sélaciens, qui sont vivipares aussi, ont la matrice en haut, près du diaphragme. Elles ne sont pas non plus organisées de la même façon chez tous les ovipares. Ainsi, les poissons ont la matrice en bas, comme chez l'homme et chez les quadrupèdes vivipares ; mais les oiseaux et tous les quadrupèdes ovipares l'ont en haut. 2 Ces dispositions contraires n'en ont pas moins leur raison d'être. D'abord, les ovipares font leurs œufs de manières très différentes. Par exemple, les poissons ne font que des œufs imparfaits, qui se complètent au dehors et y prennent tout leur développement. Cela tient à ce que les poissons sont très prolifiques, et que cette fonction s'accomplit en eux comme chez les plantes. Si les poissons formaient complètement les œufs en eux-mêmes, leurs œufs seraient nécessairement en petit nombre. Mais dans leur organisation actuelle, ils en ont tant que chacune des deux parties de la matrice ne semblent former qu'un œuf unique, du moins dans les tout petits poissons. Ces petits animaux sont les plus féconds de tous, comme le sont aussi tous ceux qui ont une nature analogue à la leur, plantes ou animaux.

Chez eux, l'accroissement en grandeur se tourne en sperme.

3 Les oiseaux et les quadrupèdes ovipares font des œufs complets, qui doivent être durs, afin de pouvoir subsister sans danger; mais la coquille en est molle, jusqu'à ce qu'ils aient pris tout leur développement. La coquille se forme par Faction de la chaleur, qui dessèche l'humidité de la partie terreuse. Il faut nécessairement que le lieu où se passe cette élaboration soit chaud ; c'est le lieu placé vers le diaphragme ; et ce lieu cuit la nourriture. 4 Si les œufs doivent être nécessairement dans la matrice, il y a nécessité aussi que la matrice soit près du diaphragme, dans les animaux qui font des œufs complets; et qu'elle soit en bas, pour ceux qui en font d'incomplets. De cette façon, tout se passe comme il faut; et naturellement, la matrice est placée en bas plutôt qu'en haut, quand quelque autre fonction imposée par la nature ne s'y oppose pas. C'est aussi en bas que se trouve la fin de la matrice, et là où est la fin, là aussi est l'acte : et c'est la matrice qui accomplit l'acte.

5 Les vivipares n'ont pas moins de différences entre eux. Ainsi, les uns n'enfantent pas seulement au dehors des êtres vivants ; mais ils les enfantent aussi en eux-mêmes, comme les hommes, les chevaux, les chiens et tous les animaux qui ont des poils, et, en outre, parmi les animaux aquatiques, les dauphins, les baleines et autres cétacés. 6 Les sélaciens et les vipères sont bien vivipares au dehors; mais d'abord ils sont ovipares en eux-mêmes. L'œuf qu'ils font est complet ; car c'est à cette condition que l'animal peut sortir de l'œuf, tandis qu'aucun d'eux ne vient d'un œuf incomplet. S'ils ne produisent pas d'œuf au dehors, c'est qu'ils sont naturellement froids, et non pas chauds, comme on le prétend quelquefois. Les œufs qu'ils produisent sont mous, parce que ces animaux ayant peu de chaleur, leur nature ne peut dessécher l'œuf jusqu'au bout. Si donc c'est parce qu'ils sont froids qu'ils font des œufs mous, [719b] c'est aussi parce que ces œufs sont mous qu'ils ne les font pas dehors; car, dans ce cas, les œufs seraient détruits.

7 Lorsqu'un animal vient d'un œuf, sa naissance a lieu le plus ordinairement comme celle des oiseaux. L'œuf descend en bas, et il devient animal dans les membres inférieurs, comme chez les vivipares qui produisent immédiatement leur fruit. Aussi, les animaux de ce genre ont-ils la matrice dissemblable, et à celle des vivipares et à celle des ovipares, parce qu'ils participent des deux organisations. Ainsi, tous les sélaciens ont la matrice sous le diaphragme, et elle s'étend en bas. 8 Du reste, si l'on veut se rendre compte de la disposition de cette matrice et de toutes les autres, il faut consulter les Descriptions anatomiques et l'Histoire des Animaux; et l'on verra que comme ils font des œufs complets, ils les ont en haut, et qu'ils les ont en bas, parce qu'ils sont vivipares et qu'ils participent ainsi des deux organisations. Tous les animaux qui font immédiatement des petits vivants ont la matrice en bas, parce qu'aucune fonction de la nature n'empêche cette position, et que ces animaux ne font pas leurs petits en deux fois. 9 Il serait, en outre, bien impossible que des animaux se produisissent sous les diaphragmes ; car les embryons ont nécessairement du poids et du mouvement; et ce lieu qui est si important pour la vie ne saurait les porter. Il y aurait, en outre, nécessairement des difficultés d'enfantement, à cause de la longueur du trajet, puisque, si les femmes, pendant leur grossesse et près de l'accouchement, élèvent trop ces parties, en ouvrant les jambes ou en faisant tel autre mouvement trop fort, elles provoquent l'avortement. 10 Même quand les matrices sont vides, elles causent des étouffements si elles remontent en haut; car celles qui doivent contenir un animal doivent nécessairement être plus fortes. Aussi toutes celles-là sont-elles charnues, tandis (pic celles qui sont sous le diaphragme sont membraneuses. C'est ce qu'on peut voir très bien sur les animaux qui font leurs petits en deux fois; ceux-là ont leurs œufs en haut et de coté, tandis que les animaux sont dans la partie inférieure de la matrice.

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§ 1. Il est assez difficile... Voir Olivier, Anatomie comparée, 1ere édition, tome V, pp. 120 et 124. Cuvier remarque que, par une anomalie assez, singulière, les organes de l'accouplement existent moins généralement dans les femelles que dans les mâles. Cela tient à ce que dans beaucoup d'espèces, chez tous les oiseaux, chez, la plupart des reptiles, le cloaque tient lieu de ces organes: on conçoit que ces différences de conformation rendent l'observation des faits plus difficile, connue le dit Aristote.

Qui marchent sur le sol. C'est l'expression même du texte; elle est peut-être un peu générale, à moins qu'elle ne se rapporte uniquement qu'aux vivipares, comme la suite semble le prouver.

Sous les membres. Ou peut-être : «  Sous les parties honteuses. »

Les sélaciens. Voir l'Histoire des Animaux, liv. 1. ch. iv et ch. v; et pour la matrice des sélaciens, ibid., liv. III, ch. i, § 21, de ma traduction. Voir aussi Cuvier, Règne animal, p. 384, édition de 1829.

En bas... en haut. On ne voit pas assez nettement ce que l'auteur entend par le bas et le haut; il veut sans doute indiquer par là une distance plus ou moins grande au diaphragme.

§ 2. D'abord, les ovipares... Les ovipares comprennent les poissons et les oiseaux ; il sera question de ces derniers au § suivant.

Des œufs imparfaits. En ce qu'il faut la laite du mâle pour qu'ils deviennent féconds. — Comme chez les plantes. Cette assimilation n'est pas très exacte; et il aurait été nécessaire de la justifier.

Ne semblent former qu'un œuf unique. Cette observation est ingénieuse ; et l'on ne voit pas que la zoologie moderne l'ait reproduite.

Plantes ou animaux. Ceci répète ce qui vient d'être dit un peu plus haut.

§ 3. Subsister sans danger. Au dehors, après la ponte.

Pris tout leur développement. A l'intérieur de l'animal.

La coquille se forme. C'est encore une question fort obscure aujourd'hui que de savoir comment se forme dans l'oiseau la partie dure de la coquille. L'action de la chaleur que signale Aristote n'est pas sans doute étrangère au phénomène ; mais elle ne suffit pas pour l'expliquer.

§ 4. Il y a nécessité. Selon les théories d'Aristote, la Nature, pour atteindre le but qu'elle poursuit, doit nécessairement employer certains procédés; le but n'est pas nécessaire; mais une fois le but donné, les moyens le sont; et sans eux, le but ne pourrait être atteint.

Ne s'y oppose pas. C'est là un principe qu'admet la science contemporaine, aussi bien que le naturaliste grec.

Là ou est la fin... accomplit l'acte. Tout ce passage semble dénué de sens à MM. Aubert et Wimmer; et ils proposent une correction que je n'ose adopter, parce qu'aucun manuscrit ne lautorise.il vaut encore mieux suivre le texte tel qu'il est, tout en avouant qu'il est peu satisfaisant.

§ 5. Les vivipares... Tout ce qui est dit ici des vivipares est très exact : et Ton ne saurait aujourd'hui même y rien ajouter ; seulement, au lieu de vivipares, nous parlerions de mammifères.

Les dauphins, les baleines et autres cétacés. Voir Cuvier, Règne animal, tome I, pp. 281, 285 et 295. Le naturaliste grec est en parfait accord avec le naturaliste français.

§ 6. Les sélaciens et les vipères. Ce rapprochement n'est peut-être pas très juste, et la science moderne ne l'admettrait pas. Parmi les sélaciens, les uns font éclore leurs petits a l'intérieur ; les autres font des œufs revêtus d'une coque dure et cornée. Quant aux vipères elles font des petits vivants, parce que leurs œufs éclosent avant d avoir été pondus ;  C'est ce qui leur a valu, dit Cuvier, le nom général de vipères, contracté de vivipares. Règne animal, tome II, pp. 383 et 87, édition de 1829. Voir aussi l'Histoire des Animaux, liv. I, ch. vi, §6; liv. III, ch. i, § 23, et liv. V, ch. XXVIII, de ma traduction.

Complet... incomplet. Voir plus haut, § 2. L'œuf des poissons est incomplet, en ce que le mâle doit leur donner la vie par sa laite, après que la femelle les a pondus.

C'est qu'ils sont naturellement froids. La raison ici donnée n'est pas très bonne.

Dessécher l'œuf. Voir plus haut, § 3.

Dans ce cas, les œufs seraient détruits. Cette explication est plus acceptable que la précédente. Il est certain que ce n'est pas sans motif que la coquille des œufs d'oiseaux est dure, comme elle l'est.

§ 7. L'œuf descend en bas. MM. Aubert et Wimnier trouvent avec raison que tout ce passade est corrompu ; et ils proposent une rédaction nouvelle qui donne un sens plus satisfaisant. Mais il me paraît qu'il vaut encore mieux s'en tenir au texte reçu que de (enter une correction arbitraire. La pensée générale est assez claire, si quelques détails ne le sont pas. Les vivipares, dans le genre de la vipère, produisent à l'intérieur un œuf, qui se comporte comme celui des oiseaux: mais c'est seulement quand le petit est éclos intérieurement, qu'il se produit au dehors.

Dans les membres inférieurs. J'ai ajouté ce dernier mot. MM. Aubert et Winimer semblent croire qu'il s'agit ici, comme plus haut, des membres honteux ou organes de la génération ; voir plus haut  § 1.

Les animaux de ce genre. Sélaciens et vipères.

La matrice dissemblable. Ce détail, qui ne peut être connu que par la dissection, est fort exact : « Les femelles des sélaciens ont des oviductes très bien organisés, qui tiennent lieu de matrice à ceux dont les petits éclosent dans le corps;  » Cuvier, Règne animal, tome II, p. 384, édition de 1829.

§ 8. Descriptions anatomiques... Histoire des animaux. Les Descriptions anatomiques, qu'Aristote cite très souvent, ne sont pas parvenues jusqu'à nous. Pour l'Histoire des Animaux, voir liv. III, ch. i, §§ 17 et suiv., et liv. VI, ch. x, xi et xii.

Participent... des deux organisations. Répétition de ce qui vient d'être dit, au § 7.

La matrice en bas. Au lieu de l'avoir près du diaphragme. Voir dans l'A natomie comparée de Cuvier la xxixe leçon, tome V, pp. 120 et  suiv-, 1ere édition.

§ 9. Sous les diaphragmes. Les raisons données ici par  Aristote peuvent être acceptables même à la science moderne.

 — Qui est si important pour la vie. L'expression grecque n'est  guère plus précise ; mais il faut  se rappeler que, pour Aristote, le centre phrénique, voisin du diaphragme, est le centre prin cipal de la vie.

A cause de la longueur du trajet. L'embryon aurait un trop long espace à parcourir pour naître, s'il était formé trop haut dans l'intérieur de la mère.

Elles provoquent l'avortement. Ces observations se vérifient très fréquemment.

§ 10. Sont vides. C'est la traduction exacte du texte. L'auteur entend évidemment par là les cas où il n'y a pas de conception, et où la matrice ne contient encore aucun embryon destiné à se développer.

Si elles remontent. MM. Aubert et Wimmer pensent qu'il s'agit ici de désordres hystériques. Il faut remarquer que, dans ce passage comme dans tant d'autres, Aristote prend le mot de matrice dans un sens beaucoup plus large que la science moderne ne peul le prendre. L'appareil générateur chez les femelles se compose de plusieurs parties. qu'Aristote semble avoir confondues sous une seule dénomination.

Celles qui doivent contenir. Ce n'est plus la matrice en général, mais bien l'utérus.

Charnues... membraneuses. La distinction paraît assez exacte.

En deux fois. D'abord, un œuf à l'intérieur ; puis, un petit sortant vivant , après l'éclosion, qui se faite au dedans.

En haut... de côté., .partie inférieure. Tous ces détails attestent bien, après tant d'autres, qu'Aristote disséquait avec le plus grand soin les animaux dont il parlait.

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