Aristote : Premiers analytiques

ARISTOTE

 

PREMIERS ANALYTIQUES

LIVRE SECOND

SECTION TROISIÈME ANALYSE DES SYLLOGISMES EN FIGURES ET EN MODES

CHAPITRE XXVI

chapitre XXV - chapitre XXVII

 

 

 

PREMIERS ANALYTIQUES

 

 

 

précédent

CHAPITRE XXVI.

De l'Objection. — Définition de l'Objection. — Différence de l'Objection et de la proposition. — L'Objection est de deux espèces, et se forme dans deux figures. — Objection à la proposition affirmative; à la proposition négative. — L'Objection ne peut avoir lieu dans la seconde figure : motifs divers de cette exception. — Autres espèces d'Objections.

1 Ἔνστασις δ´ ἐστὶ πρότασις προτάσει ἐναντία. 2 Διαφέρει δὲ τῆς προτάσεως, ὅτι τὴν μὲν ἔνστασιν ἐνδέχεται εἶναι ἐπὶ μέρους, τὴν δὲ πρότασιν ἢ ὅλως οὐκ ἐνδέχεται ἢ οὐκ ἐν τοῖς  [70] καθόλου συλλογισμοῖς. 3 Φέρεται δὲ ἡ ἔνστασις διχῶς καὶ διὰ δύο σχημάτων, διχῶς μὲν ὅτι ἢ καθόλου ἢ ἐν μέρει πᾶσα ἔνστασις, ἐκ δύο δὲ σχημάτων ὅτι ἀντικείμεναι φέρονται τῇ προτάσει, τὰ δ´ ἀντικείμενα ἐν τῷ πρώτῳ καὶ τῷ τρίτῳ σχήματι περαίνονται μόνοις. 4 Ὅταν γὰρ ἀξιώσῃ παντὶ ὑπάρχειν, ἐνιστάμεθα ἢ ὅτι οὐδενὶ ἢ ὅτι τινὶ οὐχ ὑπάρχει· τούτων δὲ τὸ μὲν μηδενὶ ἐκ τοῦ πρώτου σχήματος, τὸ δὲ τινὶ μὴ ἐκ τοῦ ἐσχάτου. Οἷον ἔστω τὸ Α μίαν εἶναι ἐπιστήμην, ἐφ´ ᾧ τὸ Β ἐναντία. Προτείναντος δὴ μίαν εἶναι τῶν ἐναντίων ἐπιστήμην, ἢ ὅτι ὅλως οὐχ ἡ αὐτὴ τῶν ἀντικειμένων ἐνίσταται, τὰ δ´ ἐναντία ἀντικείμενα, ὥστε γίνεται τὸ πρῶτον σχῆμα, ἢ ὅτι τοῦ γνωστοῦ καὶ ἀγνώστου οὐ μία· τοῦτο δὲ τὸ τρίτον· κατὰ γὰρ τοῦ Γ, τοῦ γνωστοῦ καὶ ἀγνώστου, τὸ μὲν ἐναντία εἶναι ἀληθές, τὸ δὲ μίαν αὐτῶν ἐπιστήμην εἶναι ψεῦδος.

5 Πάλιν ἐπὶ τῆς στερητικῆς προτάσεως ὡσαύτως. Ἀξιοῦντος γὰρ μὴ εἶναι μίαν τῶν ἐναντίων, ἢ ὅτι πάντων τῶν ἀντικειμένων ἢ ὅτι τινῶν ἐναντίων ἡ αὐτὴ λέγομεν, οἷον ὑγιεινοῦ καὶ νοσώδους· τὸ μὲν οὖν πάντων ἐκ τοῦ πρώτου, τὸ δὲ τινῶν ἐκ τοῦ τρίτου σχήματος.

6 Ἁπλῶς γὰρ ἐν πᾶσι καθόλου μὲν ἐνιστάμενον ἀνάγκη πρὸς τὸ καθόλου τῶν προτεινομένων τὴν ἀντίφασιν εἰπεῖν, οἷον εἰ μὴ τὴν αὐτὴν ἀξιοῖ τῶν ἐναντίων, πάντων εἰπόντα τῶν ἀντικειμένων μίαν. Οὕτω δ´ ἀνάγκη τὸ πρῶτον εἶναι σχῆμα· μέσον γὰρ γίνεται τὸ καθόλου πρὸς τὸ ἐξ ἀρχῆς. Ἐν μέρει δέ, πρὸς ὅ ἐστι καθόλου καθ´ οὗ λέγεται ἡ πρότασις, οἷον γνωστοῦ καὶ ἀγνώστου μὴ τὴν αὐτήν· τὰ γὰρ ἐναντία καθόλου πρὸς ταῦτα. Καὶ γίνεται τὸ τρίτον σχῆμα· μέσον γὰρ τὸ ἐν μέρει λαμβανόμενον, οἷον τὸ γνωστὸν καὶ τὸ ἄγνωστον. 7 Ἐξ ὧν γὰρ ἔστι συλλογίσασθαι τοὐναντίον, ἐκ τούτων καὶ τὰς ἐνστάσεις ἐπιχειροῦμεν λέγειν. Διὸ καὶ ἐκ μόνων τούτων τῶν σχημάτων φέρομεν· ἐν μόνοις γὰρ οἱ ἀντικείμενοι συλλογισμοί· διὰ γὰρ τοῦ μέσου οὐκ ἦν καταφατικῶς. 8 Ἔτι δὲ κἂν λόγου δέοιτο πλείονος ἡ διὰ τοῦ μέσου σχήματος, οἷον εἰ μὴ δοίη τὸ Α τῷ Β ὑπάρχειν διὰ τὸ μὴ ἀκολουθεῖν αὐτῷ τὸ Γ. Τοῦτο γὰρ δι´ ἄλλων προτάσεων δῆλον· οὐ δεῖ δὲ εἰς ἄλλα ἐκτρέπεσθαι τὴν ἔνστασιν, ἀλλ´ εὐθὺς φανερὰν ἔχειν τὴν ἑτέραν πρότασιν.

9 [Διὸ καὶ τὸ σημεῖον ἐκ μόνου τούτου τοῦ σχήματος οὐκ ἔστιν.]

10 Ἐπισκεπτέον δὲ καὶ περὶ τῶν ἄλλων ἐνστάσεων, οἷον περὶ τῶν ἐκ τοῦ ἐναντίου καὶ τοῦ ὁμοίου καὶ τοῦ κατὰ δόξαν, καὶ  [70a] εἰ τὴν ἐν μέρει ἐκ τοῦ πρώτου ἢ τὴν στερητικὴν ἐκ τοῦ μέσου δυνατὸν λαβεῖν.  

suite  

1 L'objection est une proposition contraire à une autre proposition. 2 Elle diffère de la proposition en ce qu'elle peut être même particulière, tandis que la proposition ne le peut pas, ou du moins ne le peut dans les syllogismes universels. 3 L'objection est de deux espèces, et se forme dans deux figures. Elle est de deux espèces; car toute objection est, ou universelle, ou particulière. Elle se forme dans deux figures; car les objections sont toujours opposées à la proposition ; et les conclusions opposées ne se trouvent que dans la première et la troisième figures. 4 En effet, quand quelqu'un demande une proposition affirmative universelle, on lui fait l'objection par une négative universelle ou par une négative particulière. Et, de ces deux formes de proposition, l'une, la négative universelle, est de la première figure; et l'autre, la négative particulière, de la troisième. Par exemple, soit, A, que la notion est unique, et B, les contraires. Si quelqu'un a soutenu qu'il n'y a qu'une notion unique pour les deux contraires, on lin fait une objection en disant qu'il n'y a pas du tout une notion unique pour les opposés; or, les contraires sont des opposés. Et, dans ce cas, on a la première figure. Ou bien, on lui objecte qu'il n'y a pas une notion unique pour le connu l'inconnu ; et alors on a la troisième figure. En effet, de C, c'est-à-dire, le connu et l'inconnu, il est vrai de dire que ce sont là des contraires; mais il est faux qu'on les connaisse par une notion unique.

5 De même pour la proposition privative; si quelqu'un demande qu'on lui accorde qu'il n'y a pas une notion unique des contraires, nous soutenons qu'il y a notion unique pour tous les opposés; ou du moins pour certains contraires, comme, par exemple, pour le sain et le morbide. Quand on dit qu'il y a notion unique pour tous, c'est la première figure ; et, pour quelques-uns, c'est la troisième.

6 En général, dans tous les cas où l'on fait une objection universelle, il faut nécessairement joindre la contradiction à celui des termes donnés qui est universel. Par exemple, si quelqu'un demande qu'on lui accorde qu'il n'y a pas une notion unique pour tous les contraires, il faut objecter qu'il n'y en a qu'une pour les opposés ; il faut alors, nécessairement, que ce soit la première figure ; car le moyen est ici l'universel relatif à la donnée primitive. Si l'objection est particulière, la contradiction doit se joindre à l'universel qui est sujet de la proposition. Par exemple, quand l'on dit qu'il n'y a pas une seule notion du connu et de l'inconnu, les contraires sont universels relativement à ces deux termes, et c'est alors la troisième figure; car le moyen est, dans ce cas, le terme pris particulièrement, c'est-à-dire, connu et inconnu. 7 En effet, c'est des figures par lesquelles on peut conclure le contraire, que nous cherchons aussi à tirer les objections. C'est donc uniquement dans ces deux figures que nous les faisons, parce que ce sont ces figures seules qui offrent des conclusions opposées; et que, dans la figure moyenne, il n'y avait pas de conclusion affirmative.  8 Si l'objection se faisait dans la figure moyenne, on serait forcé de rendre le raisonne» ment beaucoup plus long. Par exemple, si l'on niait que A est à B parce que C n'est pas conséquent de B. En effet, ceci ne devient évident qu'au moyen de propositions différentes ; mais il ne faut pas que l'objection ait recours à des termes différents; l'autre proposition qu'elle prend doit être sur-le-champ parfaitement claire.

9 C'est là aussi ce qui fait que cette figure est la seule dont le Signe ne puisse être tiré.

10 Il faut étudier encore les autres espèces d'objection; par exemple, celle que l'on tire du contraire ou du semblable, ou des opinions reçues. On doit voir enfin, s'il est possible de former l'objection particulière dans la première figure, ou l'objection négative dans la figure moyenne.

suite

L'Objection a quelque analogie avec l'Exemple. Il n'y a point pour l'Objection quatre termes; mais il y a quatre propositions. D'abord, la proposition initiale à laquelle l'Objection s'adresse : puis, les trois propositions du syllogisme dans lequel se forme l'Objection et dont la conclusion doit être opposée à la proposition initiale. L'Objection ne parait point former une espèce particulière de raisonnement. Elle n'apporte point de nuance nouvelle dans la composition du syllogisme ; mais il est important toutefois de savoir quels sont les rapports syllogistiques de la proposition qui nie à celle qui affirme, de la thèse à l'Objection. Une proposition absolue étant donnée avec son sujet et son attribut, pour nier l'attribut du sujet, s'il a été affirmé, pour l'affirmer s'il a été nié, quels termes emploiera-t-on? Les termes auxquels on a recours peuvent être de deux espèces : ou ils sont supérieurs au sujet, ou ils lui sont inférieurs; supérieurs, ils le  comprennent; inférieurs, ils sont compris en lui. Dans le premier cas, l'Objection est universelle, dans le second elle est particulière. La proposition initiale et l'Objection doivent se trouver dans la même figure; car pour l'une comme pour l'autre, la forme des propositions qui composent le syllogisme ne change pas ; il n'y a que leur qualité qui passe de l'affirmation à la négation, ou réciproquement. Ainsi, la figure du syllogisme reste la même; et comme la première figure et la troisième sont les seules qui offrent des conclusions opposées, il s'ensuit que l'Objection ne peut avoir lieu que dans ces figures, et qu'elle ne saurait se produire dans la seconde.

§ 1. L'objection est une proposition contraire, la définition peut paraître un peu vague; mais la suite la fait bien comprendre. Contraire, doit s'entendre ici, et de la proposition réellement contraire, et de la proposition contradictoire.

§ 2. Elle diffère de la proposition , à laquelle elle est opposée.

Elle peut être même particulière, en effet l'Objection, quand elle est universelle négative, est contraire à la proposition initiale qui est uni-verseile affirmative ; quand eue est particulière négative, elle est contradictoire à la proposition initiale : dans les deux cas, elle lui est opposée et la détruit.

Ou du moins ne le peut pas dans les syllogismes universels, en effet, pour obtenir une conclusion universelle, il tout que les deux prémisses soient elles-mêmes universelles.

— Aristote semble, Derniers Analytiques, liv. 1, ch. 12,  § 11, contredire la règle qu'il pose ici ; il y affirme que l'Objection est toujours universelle. Mais c'est qu'il s'agit, en cet endroit, de l'Objection propre à la démonstration où toutes les propositions doivent être universelles ; et l'Objection doit l'être aussi pour être démonstrative.

§ 3. Toute objection est ou universelle, Voir plus bas, le premier exemple du § 4.

Ou particulière, Voir le second exemple du même §.

Et les conclusions opposées ne se trouvent que dans la première et la troisième figures, En effet la seconde n'a que des conclusions négatives; la première et la troisième sont les seules qui aient, à la foie, des conclusions affirmatives et des conclusions négatives; et ce sont l'affirmation et la négation mêmes qui forment l'opposition toujours nécessaire pour l'Objection,

§ 4. Voici les deux espèces d'Objection. — Objection universelle, en prenant un terme supérieur à l'attribut, c'est-à-dire, plus étendu que lui. Soit la proposition initiale : AB, la notion des contraires est unique. Pour faire l'Objection on prendra le terme de : opposé, qui est plus large que celui de : contraire, et l'on aura le syllogisme de l'Objection en Celarent de la première figure, comme on aurait en Barbara celui de la proposition initiale : La notion des opposés n'est pas unique; or, les contraires sont des opposés : Donc la notion des contraires n'est pas unique.

— Objection particulière, en prenant un terme contenu dans l'extension du sujet, au lieu de prendre un terme qui le contienne. Soit le connu et l'inconnu qui sont des contraires, et forment par conséquent un terme moins large, puisqu'ils ne sont qu'une espèce par rapport à un genre. Le syllogisme de l'Objection se forme alors en Felapton de la troisième figure : La notion du connu et de l'inconnu n'est pas unique : er, le connu et l'inconnu sont des contraires : Donc la notion de tous les contraires n'est pas unique. Et dans ce cas on a la première figure. Celorent.

Et alors, on a la troisième figure, Felapton, Conclusions universelle et particulière négatives.

§ 5. De même pour la proposition privative, la méthode reste tout à lait pareille, si la proposition primitive nie au lieu d'affirmer. Si, par exemple, on pose d'abord que la notion des contraires n'est pas unique, l'Objection universelle doit prouver que la notion de tous les contraires est unique ; l'Objection particulière, que la notion de quelques contraires est unique. Dans le premier cas, le syllogisme est en Barbara de la première figure ; et dans le second, en Darapti de la troisième.

— Syllogisme de l'Objection universelle : La notion des opposés est unique : les contraires sont des opposés; Donc la notion des contraires est unique.

— Syllogisme de l'objection particulière : La notion du sain et du morbide est unique : le sain et le morbide sont des contraires ; Donc la notion de quelques contraires est unique.

§ 6. L'Objection ne peut jamais avoir lieu dans la seconde figure ; car, pour l'Objection universelle, il faut joindre la contradiction qu'on laite par le nouveau terme à celui des termes donnés qui est universel, c'est-à-dire qu'il faut conserver l'attribut de la proposition initiale. Par exemple, si la thèse est que la notion des contraires n'est pas unique, notion unique étant l'attribut, et contraires le sujet, l'Objection conserve l'attribut et dit : La notion des opposés est unique; et il faut nécessairement alors que ce soit la première figure, parce que le terme universel, par rapport au sujet, devient son attribut dans la mineure: Les contraires sont des opposés. Ainsi l'universel : opposés, est sujet dans la majeure, et attribut dans la mineure : il est moyen, et c'est la première figure.

— Pour la contradiction particulière, on doit prendre un terme renfermé dans l'extension du sujet; et le sujet de la proposition initiale devient alors attribut dans la majeure : le nouveau terme y est sujet, comme il l'est aussi dans la mineure. Par conséquent, c'est la troisième figure où le moyen est deux fois sujet. Voir, du reste, plusieurs des exemples du § 4.

Les contraires sont universels relativement à ces deux termes, c'est-à-dire, attribut.

Le terme pris particulièrement , c'est-à-dire, contenu sous le sujet.

§ 7. Second motif pour que l'Objection ne se forme pas dans la seconde figure. Cette figure n'a pas de conclusions opposées, puisqu'elle n'a que des négatives. Or, l'Objection exige l'opposition ; ce n'est donc que dans la première et la troisième figures qu'elle pourra se former.

Il n'y avait pas de conclusion affirmative, Voir dans ce chapitre, § 3, et liv. 1, ch. 5, § 29.

§ 8. Si l'on faisait l'Objection dans la seconde figure, il faudrait trouver un moyen qui serait au sujet de la proposition initiale, dans des rapports tout différents de ceux qu'on a indiqués plus haut. Le moyen sortant du genre du sujet, l'Objection serait beaucoup moins évidente. Par exemple, si l'on niait la proposition initiale AB, en objectant qu'un nouveau terme C n'est pas conséquent, c'est-à-dire, est nié comme attribut du mineur. Soit la proposition initiale affirmative AB, on fait une Objection pour prouver que A n'est pas à B. Le syllogisme de la seconde figure se fait alors en Caméstres : A est à C : B n'est pas à C ; Donc A n'est pas à B. Il faut remarquer ici que dans la majeure, on a dû admettre un attribut différent de celui de la thèse ; et par conséquent cette majeure est obscure ; ou du moins elle est plus obscure que si son attribut était l'attribut déjà connu de la proposition initiale.

Au moyen de propositions différentes , à des termes différents..., le texte dit littéralement : autres, c'est-à-dire, d'un genre autre que le sujet de la proposition initiale.

— L'autre proposition qu'elle prend, c'est-à-dire, la majeure qui doit être claire par son opposition même à la proposition initiale. Dans l'exemple cité plus haut, la majeure de l'Objection : A est à C, n'est pas évidemment opposée à la proposition initiale : A est à B.

§ 9. L'obscurité de la seconde figure fait qu'on ne peut en tirer le Signe, comme on le tire des autres figures. Voir au chapitre suivant §§ 7 et 9.

§ 10. L'Objection, dont il s'agit dans tout ce chapitre, est, à proprement parler, l'Objection logique. Il y a encore des Objections d'un autre genre, mais elles appartiennent plutôt à la Rhétorique. Voir la Rhétorique liv. 2, ch. 25. Ainsi, à une thèse quelconque, on peut opposer une Objection tirée du contraire. Par exemple, si l'on dit que toute joie est bonne, on peut le nier en prouvant que par suite, il faudrait aussi que le contraire fui vrai, à savoir que toute tristesse est mauvaise : ce qui est manifestement faux. On peut faire une Objection tirée du semblable. Par exemple, si l'on dit que le point est une partie de la ligne, on peut faire une Objection en démontrant, par le semblable, que, s'il en était ainsi, il faudrait que la ligne fût à la surface, comme le point est à la ligne, c'est-à-dire, une partie de la surface; ce qui est manifestement feux. Enfin, Ton peut faire une Objection tirée des opinions reçues, ou accréditées par quelque grand personnage. Si l'on dit, par exemple, que l'âme est mortelle, on pourra faire une Objection, en montrant que Socrate et Platon ont dit qu'elle était immortelle.  J'emprunte ces trois exemples d'Objections à Albert-le-Grand.

Former l'Objection particulière dans la première figure, on a vu plus haut, § 4, que l'Objection particulière se formait dans la troisième figure. Elle peut se former aussi dans la seconde ; et, par exemple, il suffirait alors de convertir la mineure universelle de Felapton, ou de Dorapti, en particulière.

Ou l'Objection négative dans la figure moyenne. Voir le § 6 et suivant.