Aristote : Premiers analytiques

ARISTOTE

 

PREMIERS ANALYTIQUES.

LIVRE SECOND.

SECTION SECONDE.

VICES DU SYLLOGISME.

CHAPITRE XVIII.

chapitre XVII - chapitre XIX

 

 

 

PREMIERS ANALYTIQUES

 

 

 

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CHAPITRE XVIII.

Du raisonnement faux. — La fausseté de la conclusion dépend toujours d'une première fausseté dans les prémisses. — Syllogismes simples : Syllogismes composés.

1 Ἐς. Ὁ δὲ ψευδὴς λόγος γίνεται παρὰ τὸ πρῶτον ψεῦδος. γὰρ ἐκ τῶν δύο προτάσεων ἢ ἐκ πλειόνων πᾶς ἐστι συλλογισμός. Εἰ μὲν οὖν ἐκ τῶν δύο, τούτων ἀνάγκη τὴν ἑτέραν ἢ καὶ ἀμφοτέρας εἶναι ψευδεῖς· ἐξ ἀληθῶν γὰρ οὐκ ἦν ψευδὴς συλλογισμός. Εἰ δ´ ἐκ πλειόνων, οἷον τὸ μὲν Γ διὰ τῶν Α Β, ταῦτα δὲ διὰ τῶν Δ Ε Ζ Η, τούτων τι ἔσται τῶν ἐπάνω ψεῦδος, καὶ παρὰ τοῦτο ὁ λόγος· τὸ γὰρ Α καὶ Β δι´ ἐκείνων περαίνονται. στε παρ´ ἐκείνων τι συμβαίνει τὸ συμπέρασμα καὶ τὸ ψεῦδος.
 

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1 Le raisonnement faux provient toujours d'une première erreur, soit que le syllogisme résulte de deux propositions, soit qu'il résulte de plusieurs. Si c'est de deux, il faut nécessairement que l'une d'elles, ou même toutes les deux soient fausses; car, de propositions vraies, ainsi qu'on l'a vu, il ne sort pas de syllogisme faux. S'il résulte de plusieurs propositions, comme C conclu par A B, et celles-ci par D E F G, alors il y a quelque erreur dans les termes supérieurs, et c'est à cause de cette erreur que le raisonnement est faux : car A et B sont conclus par ces termes supérieurs; et, par conséquent, c'est d'eux que viennent la conclusion et l'erreur.

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§ 1. Les commentateurs, si j'en excepte Albert, n'ont point cherché ii faire voir comment ce chapitre se rattachait au précédent. Philopon, Averroës, Pacius, ne se sont pas même posé cette question. Elle n'est point cependant facile à résoudre. Cette courte observation sur le raisonnement faux est-elle, comme il me semble, un simple complément de ce qui précède ? ou bien est-ce, comme l'ont cru les commentateurs de la Renaissance, la théorie d'un troisième vice du syllogisme? Cette dernière hypothèse me paraît la moins probable. Il est vrai qu'Artstote introduit ici un mot qu'il n'a point encore employé, et qu'on peut en inférer qu'il prétend signaler un vice distinct des deux vices qu'il a déjà indiqués dans les chapitres 16 et 17. D'antre part, l'explication d'Albert ne paraît pas non plus très-satisfaisante. « Comme on vient de voir, dit-il, que de l'hypothèse pouvait sortir une conclusion fausse, et qu'on pourrait croire que du vrai on peut conclure le faux, Il faut savoir que la fausseté de la conclusion tient toujours à quelque erreur antérieure, soit dans les premisses pour les syllogismes simples, soit dans les prosyllogismes pour les syllogismes composés. » La pensée d'Aristote est sans doute ici pins générale que ne le croit Albert. Le philosophe ne veut pas seulement prévenir une erreur qu'il a déjà plusieurs fois réfutée, et notamment dans ce livre, ch. 2, 3, 4. Il complète ce qu'il vient de dire sur les rapports de la conclusion fausse à l'hypothèse, en ajoutant que la fausseté de la conclusion implique toujours et sans exception la faus-seté des éléments qui la donnent. Je proposerais donc de réunir ce chapitre , sur le raisonnement faux, au chapitre précédent, et de ne poiut faire de cette simple remarque un vice nouveau du syllogisme. Je n'ai pas cru du reste devoir me permettre ce changement; et je me suis conformé à la série ordinaire des chapitres, bien que je ne l'approuve pas.

Le raisonnement faux, en d'autres termes, la conclusion fausse ; j'ai pris ici un root nouveau afin de suivre le texte de plus près.

Résuite de deux propositions, Le syllogisme simple n'a jamais que deux propositions ; le syllogisme composé peut en avoir un nombre illimité.

Ainsi qu'on l'a vu, chapitres 2, 3,4 de ce livre.

Comme C conclu par AB, syllogisme principal; sa majeure serait prouvée par un prosyllogisme dont elle serait la conclusion, DE y étant majeure et mineure ; et sa mi-neure serait prouvée par un autre prosyllogisme dont elle serait la conclusion, FG étant majeure et mineure.

Les termes supérieurs, les prosyllogismes.

Le raisonnement est faux, c'est-à-dire, la conclusion du syllogisme principal.

AB sont conclus, c'est-à-dire que la majeure et la mineure du syllogisme principal sont elles-mêmes des conclusions de prosyllogismes.

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