Aristote : Premiers analytiques

ARISTOTE

 

PREMIERS ANALYTIQUES

LIVRE SECOND

SECTION PREMIERE.

PROPRIÉTÉS DU SYLLOGISME.

CHAPITRE VI.

chapitre V - chapitre VII

 

 

 

PREMIERS ANALYTIQUES

 

 

 

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CHAPITRE VI.

Démonstration circulaire. — Seconde figure. — Dans les Syllogismes universels, la prémisse affirmative ne peut être démontrée circulairement; mais la négative peut l'être. — Dans les Syllogismes particuliers, la prémisse universelle ne peut être démontrée circulairement, et la particulière soit affirmative, soit négative, peut l'être, quand l'universelle est affirmative.

1 Ἐν δὲ τῷ δευτέρῳ σχήματι τὸ μὲν καταφατικὸν οὐκ ἔστι δεῖξαι διὰ τούτου τοῦ τρόπου, τὸ δὲ στερητικὸν ἔστιν. 2 Τὸ μὲν οὖν κατηγορικὸν οὐ δείκνυται διὰ τὸ μὴ ἀμφοτέρας εἶναι τὰς προτάσεις καταφατικάς· τὸ γὰρ συμπέρασμα στερητικόν ἐστι, τὸ δὲ κατηγορικὸν ἐξ ἀμφοτέρων ἐδείκνυτο καταφατικῶν. 3 Τὸ δὲ στερητικὸν ὧδε δείκνυται. παρχέτω τὸ Α παντὶ τῷ Β, τῷ δὲ Γ μηδενί· συμπέρασμα τὸ Β οὐδενὶ τῷ Γ. ὰν οὖν ληφθῇ τὸ Β παντὶ τῷ Α ὑπάρχον, [τῷ δὲ Γ μηδενί,] ἀνάγκη τὸ Α μηδενὶ τῷ Γ ὑπάρχειν· γίνεται γὰρ τὸ δεύτερον σχῆμα· μέσον τὸ Β. 4 Εἰ δὲ τὸ Α Β στερητικὸν ἐλήφθη, θάτερον δὲ κατηγορικόν, τὸ πρῶτον ἔσται σχῆμα. Τὸ μὲν γὰρ Γ παντὶ τῷ Α, τὸ δὲ Β οὐδενὶ τῷ Γ, ὥστ´ οὐδενὶ τῷ Α τὸ Β· οὐδ´ ἄρα τὸ Α τῷ Β. Διὰ μὲν οὖν τοῦ συμπεράσματος καὶ τῆς μιᾶς προτάσεως οὐ γίνεται συλλογισμός, προσληφθείσης δ´ ἑτέρας ἔσται. 5 Εἰ δὲ μὴ καθόλου ὁ συλλογισμός, ἡ μὲν ἐν ὅλῳ πρότασις οὐ δείκνυται διὰ τὴν αὐτὴν αἰτίαν ἥνπερ εἴπομεν καὶ πρότερον, 6 ἡ δ´ ἐν μέρει δείκνυται, ὅταν ᾖ τὸ καθόλου κατηγορικόν· ὑπαρχέτω γὰρ τὸ Α παντὶ τῷ Β, τῷ δὲ Γ μὴ παντί· συμπέρασμα Β Γ. ὰν οὖν ληφθῇ τὸ Β παντὶ τῷ Α, τῷ δὲ Γ οὐ παντί, τὸ Α τινὶ τῷ Γ οὐχ ὑπάρξει· μέσον Β. 7 Εἰ δ´ ἐστὶν ἡ καθόλου στερητική, οὐ δειχθήσεται ἡ Α Γ πρότασις ἀντιστραφέντος τοῦ Α Β· συμβαίνει γὰρ ἢ ἀμφοτέρας ἢ τὴν ἑτέραν πρότασιν γίνεσθαι ἀποφατικήν, ὥστ´ οὐκ ἔσται συλλογισμός. λλ´ ὁμοίως δειχθήσεται ὡς καὶ ἐπὶ τῶν καθόλου, ἐὰν ληφθῇ, ᾧ τὸ Β τινὶ μὴ ὑπάρχει, τὸ Α τινὶ ὑπάρχειν.

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1 Dans la seconde figure, on ne peut démontrer de cette manière l'affirmatif; mais on peut démontrer le privatif.  2 L*affirmatif ne se prouve pas, parce que les deux propositions ne sont pas affirmatives, puisque la conclusion est privative , et que l'affirmative ne s'obtient que par deux affirmatives.  3 Quant au privatif, il peut être démontré circulairement. Soit A à tout Β et à aucun C, la conclusion est que Β n'est à aucun C. Si donc l'on a supposé que Β est à tout A et n'est à aucun C, il est nécessaire que A ne soit à aucun C; car c'est la seconde figure ; et Β est moyen. 4 Si A Β est privatif et l'autre proposition affirmative, ce sera la première figure; car C est à tout A, et Β à aucun C : de sorte que Β n'est à aucun A. De là, A non plus n'est à aucun B, et le moyen est C. Ainsi, la conclusion et une seule proposition ne suffisent pas pour faire le syllogisme; et il faut, pour le faire, ajouter une autre proposition.  5 Mais, si le syllogisme n'est pas universel, la proposition universelle n'est pas démontrée, par la même raison que nous avons dite plus haut.  6 Mais la particulière est démontrée, lorsque la proposition universelle est affirmative. Soit, en effet, A à tout B, et non à tout C, la conclusion est : B n'est pas à quelque C. Si donc l'on suppose que B soit à tout A, et non à tout C, A ne sera pas à quelque C, et le moyen est Β. 7 Si l'universelle est privative, la proposition A C ne sera pas démontrée en renversant A B ; car il arrive que les deux, ou l'une des deux propositions, devient négative ; et alors il n'y a pas de syllogisme possible. Mais on démontrera ici de même que pour les universelles, en supposant que A est à quelqu'une des choses à toutes lesquelles B n'est pas.

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§1. Règle générale des syllogismes universels : La proposition affirmative, c'est-à-dire, la mineure de Cesare et la majeure de Camestres, ne peut être démontrée circulairement. La proposition négative, c'est-à-dire, la majeure de Cesare et la mineure de Camestres, peut être démontrée.

De cette manière, c'est-à-dire, circnlairement.

 — L'affîrmatif, c'est-à-dire, la proposition universelle affirmative; le privatif, la proposition universelle négative.

§ 2. Ceci est évident pour l'universelle affirmative ; car les propositions sont alors toutes deux négatives; et il n'y a pas de syllogisme possible.

Puisque la conclusion est privative, La conclusion du premier syllogisme qui devient majeure pour Camestres et mineure pour Cesare, dans les seconds syllogismes.

§ 3. Quant au privatif, c'est-à-dire , la mineure de Camestres et la majeure de Cesare. Voici d'abord pour Camestres. Premier syllogisme : A est à tout Β : A n'est à aucun C : Donc Β n'est à aucun C; second syllogisme prouvant la mineure : Β est à tout A : Β n'est a aucun C : Donc A n'est à aucun C; la majeure a été renversée en ses propres termes.

§ 4. Si AB est privatif, voici pour Cesare, AB étant la majeure.

Ce sera la première figure, c'est-à-dire qu'on démontrera circulairement en ramenant Cesare à Celarent. Premier syllogisme : A n'est à aucun Β : A est à tout C : Donc Β n'est à aucun C; second syllogisme pour prouver la majeure, Ε, universelle négative : Β n'est à aucun C : G est à tout A : Donc Β n'est à aucun A ; ou en convertissant selon les règles ordinaires, A n'est à aucun B; mineure qu'il s'agissait de prouver, mais qu'on ne prouve ici que par l'intermédiaire d'une autre proposition équivalente, et dans une autre figure, c'est-à-dire, de la seconde dans la première.

§ 5. Si le syllogisme n'est pas universel, syllogisme pour conclusion : il s'agit des deux modes Festino, Baroco.

La proposition universelle, La majeure de Baroco n'est pas démontrée par la raison dite plus haut, § 2, non plus que celle de Festino, c'est-à-dire, à cause des deux particulières.

§ 6. La particulière est démontrée, c'est-à-dire, la mineure non des deux modes, mais de Baroco seulement. Premier syllogisme : A est à tout B : A n'est pas à quelque C : Donc B n'est pas à quelque C; second syllogisme pour prouver la mineure : B est à tout A : B n'est pas à quelque C : Donc A n'est pas à quelque C; la majeure a été renversée en ses propres termes.

§ 7. Cette règle ne peut s'appliquer à Festino, où la majeure universelle est négative; la mineure du second syllogisme, qui est la conclusion du premier, étant négative, de deux négatives on ne peut tirer de syllogisme.

Ou l'une des deux, II ne semble pas qu'ici, il puisse y avoir lieu*à l'alternative. Les deux propositions sont négatives, puisque d'une part la majeures demeure,et que la conclusion Ο devient mineure. Le texte paraît ici altéré, bien que les manuscrits ne donnent pas de variante.

De même que pour les universelles, c'est-à-dire, par l'assumption. Premier syllogisme en Festino : A n'est à aucun B : A est à quelque C : Donc B n'est pas à quelque C; second syllogisme prouvant la mineure : A est à quelqu'une des choses à toutes lesquelles B n'est pas : B est non à tout C : Donc A est à quelque C. Voir au ch. précédent, dernier paragraphe.

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