Denys d'Halicarnasse

DENYS DHALICARNASSE

 

ANTIQUITÉS ROMAINES.

ΔΙΟΝΥΣΙΟΥ ΑΛΙΚΑΡΝΑΣΕΩΣ ΡΩΜΑΙΚΗΣ ΑΡΧΑΙΟΛΟΓΙΑΣ ΛΟΓΟΣ ΕΝΑΤΟΣ.

 

 LIVRE NEUVIÈME, chapitre 19

chapitre18  - chapitre 20

 

 

 

 

 

 

ANTIQUITÉS ROMAINES DE DENYS DHALICARNASSE

LIVRE NEUVIÈME.

 

 

 

ANTIQUITÉS ROMAINES DE DENYS DHALICARNASSE

LIVRE NEUVIEME.

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CHAPITRE DIX-NEUVIEME.

I. Quarante-septième consulat. Maladie pestilente, qui emporte beaucoup de monde. II Les Æques et les Volsques entrent sur les terres des Herniques et des Latins. III.  Ceux-ci envoient à Rome peur demander du secours. Le sénat leur permet de mettre des troupes sur pied. IV. Les ennemis viennent assiéger Rome. Les Romains se défendent quoique accablés de maladies. V. Quelles étaient alors les fortifications de la ville de Rome. VI. L'ennemi lève le siège.

I.  [9,67] Τῷ δὲ κατόπιν ἔτει Λευκίου Αἰβουτίου καὶ Ποπλίου Σερουιλίου Πρίσκου παρειληφότων τὴν ἀρχὴν οὐδὲν οὔτε κατὰ πολέμους ἔργον ἀπεδείξαντο Ῥωμαῖοι λόγου ἄξιον οὔτε πολιτικόν, ὑπὸ νόσου κακωθέντες ὡς οὔπω πρότερον λοιμικῆς· ἣ τὸ μὲν πρῶτον ἵππων τε φορβάδων καὶ βοῶν ἀγέλαις προσῆλθεν, ἀπὸ δὲ τούτων εἴς τ´ αἰπόλια καὶ ποίμνας κατέσκηψε, καὶ διέφθειρεν ὀλίγου δεῖν πάντα τὰ τετράποδα· ἔπειτα τῶν νομέων τε καὶ γεωργῶν ἥψατο, καὶ διελθοῦσα διὰ πάσης τῆς χώρας εἰς τὴν πόλιν ἐνέπεσε. Θεραπόντων μὲν οὖν καὶ θητῶν καὶ τοῦ πένητος ὄχλου πλῆθος ὅσον διέφθειρεν, οὐ ῥᾴδιον ἦν εὑρεῖν. Κατ´ ἀρχὰς μὲν γὰρ ἐφ´ ἁμάξαις σωρηδὸν οἱ θνήσκοντες ἀπεκομίζοντο, τελευτῶντες δ´, ὧν ἐλάχιστος ἦν ὁ λόγος, εἰς τὸ τοῦ παραρρέοντος ποταμοῦ ῥεῖθρον ὠθοῦντο. Τῶν δ´ ἐκ τοῦ βουλευτικοῦ συνεδρίου τὸ τέταρτον μέρος συνελογίσθη διεφθαρμένον, ἐν οἷς ἦσαν οἵ θ´ ὕπατοι ἀμφότεροι καὶ τῶν δημάρχων οἱ πλείους. ἤρξατο μὲν οὖν ἡ νόσος περὶ τὰς καλάνδας τοῦ Σεπτεμβρίου μηνός, διέμεινε δὲ τὸν ἐνιαυτὸν ἐκεῖνον ὅλον, ἅπασαν ὁμοίως καταλαμβάνουσα καὶ διεργαζομένη φύσιν τε καὶ ἡλικίαν.

II. Γενομένης δὲ τοῖς πλησιοχώροις γνώσεως τῶν κατεχόντων τὴν Ῥώμην κακῶν, καλὸν ἡγησάμενοι καιρὸν εἶναι Αἰκανοί τε καὶ Οὐολοῦσκοι καταλῦσαι τὴν ἀρχὴν αὐτῆς, συνθήκας τε καὶ ὅρκους ἐποιήσαντο πρὸς ἀλλήλους περὶ συμμαχίας· καὶ παρασκευασάμενοι τὰ εἰς πολιορκίαν ἐπιτήδεια, ὡς εἶχον ἀμφότεροι τάχους, ἐξῆγον τὰς δυνάμεις. ἵνα δὲ τὴν ἀπὸ τῶν συμμάχων ἀφέλοιντο τῆς Ῥώμης ἐπικουρίαν εἰς τὴν Λατίνων τε καὶ Ἑρνίκων γῆν πρῶτον ἐνέβαλον.

III. Ἀφικομένης δὲ πρεσβείας ἐπὶ τὴν βουλὴν ἀφ´ ἑκατέρου τῶν πολεμουμένων ἐθνῶν ἐπὶ συμμαχίας παράκλησιν ὁ μὲν ἕτερος τῶν ὑπάτων Λεύκιος Αἰβούτιος ἐκείνην ἔτυχε τὴν ἡμέραν τεθνηκώς, Πόπλιος δὲ Σερουίλιος ἐγγὺς ὢν τοῦ θανάτου· ὃς ἔτι ὀλίγον ἐμπνέων συνεκάλει τὴν βουλήν. Τῶν δ´ οἱ πλείους ἡμιθνῆτες ἐπὶ κλινιδίων κομισθέντες καὶ συνεδρεύσαντες ἀπεκρίναντο τοῖς παροῦσιν ἀγγέλλειν τοῖς σφετέροις, ὅτι διὰ τῆς ἑαυτῶν ἀρετῆς τοὺς πολεμίους ἀμύνεσθαι ἡ βουλὴ αὐτοῖς ἐπιτρέπει, μέχρις ἂν ὁ ὕπατος ῥαίσῃ, καὶ ἡ συναγωνιουμένη δύναμις αὐτοῖς συναχθῇ. Ταῦτα Ῥωμαίων ἀποκριναμένων Λατῖνοι μὲν ὅσα ἠδυνήθησαν ἐκ τῶν ἀγρῶν εἰς τὰς πόλεις ἀνασκευασάμενοι φυλακὴν ἐποιοῦντο τῶν τειχῶν, τὰ δ´ ἄλλα περιεώρων ἀπολλύμενα. Ἕρνικες δὲ δυσανασχετοῦντες ἐπὶ τῇ λύμῃ καὶ διαρπαγῇ τῶν ἀγρῶν, ἀναλαβόντες τὰ ὅπλα ἐξῆλθον. Ἀγωνισάμενοι δὲ λαμπρῶς καὶ πολλοὺς μὲν ἀποβαλόντες τῶν σφετέρων, πολλῷ δ´ ἔτι πλείους ἀποκτείναντες τῶν πολεμίων, ἐκβιασθέντες εἰς τὰ τείχη κατέφυγον, καὶ οὐκέτι μάχης ἐπειρῶντο.

IV. [9,68] Αἰκανοὶ δὲ καὶ Οὐολοῦσκοι προνομεύσαντες αὐτῶν τὴν χώραν ἀδεῶς ἐπὶ τοὺς Τυσκλάνων ἀγροὺς ἀφίκοντο. Διαρπάσαντες δὲ καὶ τούτους οὐδενὸς ἀμυνομένου παρῆσαν εἰς τοὺς Γαβίνων ὅρους. Ἐλάσαντες δὲ καὶ διὰ ταύτης ἀδεῶς τῆς γῆς ἐπὶ τὴν Ῥώμην ἀφικνοῦντο. Ἐθορύβησαν μὲν οὖν ἱκανῶς τὴν πόλιν, οὐ μὴν κρατῆσαί γ´ αὐτῆς ἠδυνήθησαν· ἀλλὰ καίπερ ἐξασθενοῦντες οἱ Ῥωμαῖοι τὰ σώματα καὶ τοὺς ὑπάτους ἀπολωλεκότες ἀμφοτέρους - καὶ γὰρ ὁ Σερουίλιος ἐτεθνήκει νεωστί - καθοπλισάμενοι παρὰ δύναμιν τοῖς τείχεσιν ἐπέστησαν,

V. τοῦ περιβόλου τῆς πόλεως ὄντος ἐν τῷ τότε χρόνῳ, ὅσος Ἀθηναίων τοῦ ἄστεος ὁ κύκλος· καὶ τὰ μὲν ἐπὶ λόφοις κείμενα καὶ πέτραις ἀποτόμοις ὑπ´ αὐτῆς ἐστιν ὠχυρωμένα τῆς φύσεως καὶ ὀλίγης δεόμενα φυλακῆς· τὰ δ´ ὑπὸ τοῦ Τεβέριος τετειχισμένα ποταμοῦ, οὗ τὸ μὲν εὖρός ἐστι τεττάρων πλέθρων μάλιστα, βάθος δ´ οἷόν τε ναυσὶ πλεῖσθαι μεγάλαις, τὸ δὲ ῥεῦμα ὥσπερ τι καὶ ἄλλο ὀξὺ καὶ δίνας ἐργαζόμενον μεγάλας· ὃν οὐκ ἔνεστι πεζοῖς διελθεῖν εἰ μὴ κατὰ γέφυραν, ἣ ἦν ἐν τῷ τότε χρόνῳ μία ξυλόφρακτος, ἣν ἔλυον ἐν τοῖς πολέμοις. ἓν δὲ χωρίον, ὃ τῆς πόλεως ἐπιμαχώτατόν ἐστιν, ἀπὸ τῶν Αἰσκυλίνων καλουμένων πυλῶν μέχρι τῶν Κολλίνων, χειροποιήτως ἐστὶν ὀχυρόν. Τάφρος τε γὰρ ὀρώρυκται πρὸ αὐτοῦ πλάτος ᾗ βραχυτάτη μείζων ἑκατὸν ποδῶν, καὶ βάθος ἐστὶν αὐτῆς τριακοντάπουν· τεῖχος δ´ ὑπερανέστηκε τῆς τάφρου χώματι προσεχόμενον ἔνδοθεν ὑψηλῷ καὶ πλατεῖ, οἷον μήτε κριοῖς κατασεισθῆναι μήτε ὑπορυττομένων τῶν θεμελίων ἀνατραπῆναι.

VI. Τοῦτο τὸ χωρίον ἑπτὰ μέν ἐστι μάλιστ´ ἐπὶ μῆκος σταδίων, πεντήκοντα δὲ ποδῶν ἐπὶ πλάτος· ἐν ᾧ τότε οἱ Ῥωμαῖοι τεταγμένοι κατὰ πλῆθος ἀνεῖρξαν τῶν πολεμίων τὴν ἔφοδον οὔτε χελώνας χωστρίδας εἰδότων κατασκευάζειν τῶν τότ´ ἀνθρώπων, οὔτε τὰς καλουμένας ἑλεπόλεις μηχανάς. Οἱ μὲν δὴ πολέμιοι ἀπογνόντες τῆς πόλεως τὴν ἅλωσιν ἀπῄεσαν ἀπὸ τοῦ τείχους, καὶ δῃώσαντες τὴν χώραν, ὅσην διεξῆλθον, ἀπῆγον ἐπ´ οἴκου τὰς δυνάμεις.

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I. L'année suivante, sous le consulat de Lucius Æbutius et de Publius Servilius Priscus, les Romains ne firent aucune action mémorable, ni dans la guerre, ni dans les affaires civiles. Ils furent affligés d'une maladie pestilentielle, plus terrible que toutes celles qu'on avait vues jusqu'alors.Elle se jeta d'abord sur les haras et sur les troupeaux de bœufs. De là elle passa aux chèvres et aux moutons, elle emporta presque toutes les bêtes à quatre pieds. Ensuite elle attaqua les bergers et les laboureurs ; et après avoir parcouru tout le pays, elle se communiqua dans la ville. Il est inconcevable combien elle enleva d'esclaves, de gens de journée et de petit peuple, c'est ce qu'on ne peut ni dire ni savoir. Dans les commencements on emportait les corps morts entassées sur des charrettes : mais à la fin le nombre en devint si prodigieux, qu'on fut obligé de jeter dans le Tibre ceux dont on faisait le moins de cas. On trouva par les supputations, qu'il était mort de cette peste la quatrième partie des sénateurs, parmi lesquels on comte les deux consuls et. la plupart des tribuns. La contagion commença vers les calendes de Septembre, et dura tout le reste de l'année, sans épargner ni âge ni sexe.

II.. La nouvelle de ce désastre répandue chez les nations voisines, les Æques et les Volsques jurèrent une alliance entre eux, se persuadant que l'occasion était des plus favorables pour détruire l'empire Romain. Après avoir fait les préparatifs nécessaires pour un siège, ils se mirent promptement en campagne : et afin d'ôter à la ville de Rome tous les secours qu'elle pouvait attendre de ses alliés, ils firent leur première irruption dans le pays des Herniques et des Latins.

III. Le même jour que Lucius Æbutius l'un des consuls était mort, il arriva une ambassade de la part de ces deux nations pour demander du secours au sénat. Publius Servilius son collègue, était à l'extrémité, et. n'avait plus qu'un souffle de vie: il ranima néanmoins toutes ses forces, et convoqua une assemblée du sénat. La plupart des sénateurs qui étaient plus morts que vifs, s'y firent porter sur des litières. Ils répondirent aux ambassadeurs, qu'ils pouvaient dire à leurs citoyens que le sénat leur permettait de se défendre par eux-mêmes, en attendant que le consul se portât mieux, et qu'on eût levé une armée pour les soutenir. Sur cette réponse du sénat, les Latins portèrent dans leurs villes tous les effets de la campagne qu'ils purent enlever ; et se bornant à la défense de leurs murailles, ils laissèrent ravager tout le reste. Les Herniques au contraire, ne pouvant voir piller et ravager leurs terres fans s'y opposer, prirent les armes en diligence, et marchèrent aux ennemis. Ils combattirent vaillamment, mais avec perte de plusieurs soldats : ils tuèrent néanmoins plus de monde qu'ils n'en avaient perdu de leur côté. Apres cet effort, ils furent contraints de se retirer sous leurs murailles, d'où ils n'osèrent plus sortir pour tenter la fortune d'un second combat.

IV. Les Æques et les Volsques ayant désolé leur plat pays, s'avancèrent jusque sur les terres des Tusculans sans trouver de résistance. Ils les ravagèrent avec la même facilité : de là ils poussèrent jusqu'aux frontières des Sabins, qu'ils parcoururent tout à leur aise, sans que personne osât se présenter pour leur livrer bataille. Enfin ils vinrent jusqu'à Rome, où ils jetèrent l'épouvante et le trouble dans tous les quartiers. Mais quelques efforts qu'ils fifssnt, ils ne leur fut pas possible d'emporter cette importante place. Les Romains tout malades qu'ils étaient, se mirent en défense. Quoiqu'ils eussent perdu leurs consuls, ( car Servilius était mort depuis peu ), ils coururent aussitôt aux armes ; et faisant plus qu'ils ne pouvaient, ils se portèrent sur les murailles.

V. L'enceinte de la ville de Rome était en ce temps-là environ aussi grande que celle d'Athènes. Une partie de cette place n'avait point d'autres fortifications que celles de la nature, parce quelle était située sur des montagnes et sur des rochers escarpés, de sorte qu'il ne fallait qu'une médiocre garnison pour la garder de ce côté-là. Un autre côté était défendu par le Tibre qui lui servait de rempart. Ce fleuve a environ quatre plethres ou arpents de largeur. Il est si profond qu'il peut porter de grands vaisseaux. Son cours aussi rapide que celui d'aucun autre fleuve, forme de grands tournants d'eau, de sorte qu'il n'est pas possible de le passer à pied, si ce n'est sur des ponts. Or il n'y en avait alors qu'un seul: il était de bois, et on le rompait dans les temps de guerre. La seule partie de la ville par où on pouvait l'attaquer, était depuis la porte Esquiline jusqu'à la porte Colline. Mais les fortifications faites de main d'homme, la garantissaient de l'insulte. Car elle est munie d'un fossé profond de trente pieds, et large de cent et davantage à l'endroit où il l'est le moins. Au dessus de ce fossé, s'élève un mur soutenu en dedans de la ville d'une haute et large terrasse ; de sorte qu'il ne peut être ébranlé par les béliers, ni renversé par la sape.

VI. Les Romains postés par bandes en cet endroit, qui a environ sept stades de longueur et cinquante pieds de largeur repoussèrent d'autant plus facilement les attaques de l'ennemi, qu'on n'avait pas en ce temps-là l'usage des madriers et des tortues pour combler les fossés, ni des machines qu'on a inventées depuis pour emporter les villes. Ainsi les assiégeants qui désespéraient de prendre Rome d'assaut, furent obligés de décamper. Après avoir ravagé tout le pays par où ils passaient, ils se retirèrent chez eux.

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