LIVRE QUATRIÈME, chapitre 7
ANTIQUITÉS ROMAINES DE DENYS DHALICARNASSE
LIVRE QUATRIÈME.
ANTIQUITÉS ROMAINES DE DENYS DHALICARNASSE LIVRE QUATRIÈME. |
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CHAPITRE SEPTIEME I. Qu'il n'y a que le seuls ouvrages d'esprit, dont l'utilité dure longtemps qui soient dignes de louanges. II. Utilité dis assemblées amphictyoniques, etc. III. Tullius assemble les principaux des villes Latines. IV. Il les exhorte à entretenir l'union. V. Il fait un traité d'union avec les villes latines ; on en grave les articles sur une colonne d'airain. Temple de Diane à Rome où les Latins s'assemblaient. |
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I. Ἐπεὶ δ´ αὐτῷ τὰ ἐν τῇ πόλει πράγματα τὸν κράτιστον εἰλήφει κόσμον, εἰς ἐπιθυμίαν ἦλθεν ἐπιφανές τι διαπραξάμενος αἰώνιον ἑαυτοῦ μνήμην τοῖς ἐπιγινομένοις καταλιπεῖν. Ἐφιστὰς δὲ τὴν διάνοιαν ἐπὶ τὰ τῶν ἀρχαίων βασιλέων τε καὶ πολιτικῶν ἀνδρῶν μνημεῖα, ἐξ ὧν εἰς ὀνόματα καὶ δόξας προῆλθον, οὔτε τοῦ Βαβυλωνίου τείχους ἐμακάρισε τὴν Ἀσσυρίαν ἐκείνην γυναῖκα οὔτε τῶν ἐν Μέμφει πυραμίδων τοὺς Αἰγύπτου?, οὐκ ἀληθεῖς βίου καὶ πραγμάτων ὠφελείας, ἐξ ὧν μακαρισμοὶ τοῖς κατασκευασαμένοις ἠκολούθουν μόνον, ἐπαίνου δὲ καὶ ζήλου ἄξια τὰ τῆς γνώμης ἔργα ὑπολαβών, ἧς πλεῖστοί τ´ ἀπολαύουσι καὶ ἐπὶ μήκιστον χρόνον καρποῦνται τὰς ὠφελείας, II. Πάντων μάλιστα τῶν τοιούτων ἔργων τὴν Ἀμφικτύονος τοῦ Ἕλληνος ἐπίνοιαν ἠγάσθη, ὃς ἀσθενὲς ὁρῶν καὶ ῥᾴδιον ὑπὸ τῶν περιοικούντων βαρβάρων ἐξαναλωθῆναι τὸ Ἑλληνικὸν γένος, εἰς τὴν ἐπ´ ἐκείνου κληθεῖσαν Ἀμφικτυονικὴν σύνοδον καὶ πανήγυριν αὐτὸ συνήγαγε, νόμους καταστησάμενος ἔξω τῶν ἰδίων, ὧν ἑκάστη πόλις εἶχε, τοὺς κοινοὺς ἅπασιν, οὓς καλοῦσιν Ἀμφικτυονικούς, ἐξ ὧν φίλοι μὲν ὄντες ἀλλήλοις διετέλουν καὶ τὸ συγγενὲς φυλάττοντες μᾶλλον ἔργοις ἢ λόγοις, λυπηροὶ δὲ τοῖς βαρβάροις καὶ φοβεροί. Παρ´ οὗ τὸ παράδειγμα λαβόντες Ἴωνές θ´ οἱ μεταθέμενοι τὴν οἴκησιν ἐκ τῆς Εὐρώπης εἰς τὰ παραθαλάττια τῆς Καρίας καὶ Δωριεῖς οἱ περὶ τοὺς αὐτοὺς τόπους τὰς πόλεις ἱδρυσάμενοι ἱερὰ κατεσκεύασαν ἀπὸ κοινῶν ἀναλωμάτων· Ἴωνες μὲν ἐν Ἐφέσῳ τὸ τῆς Ἀρτέμιδος, Δωριεῖς δ´ ἐπὶ Τριοπίῳ τὸ τοῦ Ἀπόλλωνος· ἔνθα συνιόντες γυναιξὶν ὁμοῦ καὶ τέκνοις κατὰ τοὺς ἀποδειχθέντας χρόνους συνέθυόν τε καὶ συνεπανηγύριζον καὶ ἀγῶνας ἐπετέλουν ἱππικοὺς καὶ γυμνικοὺς καὶ τῶν περὶ μουσικὴν ἀκουσμάτων καὶ τοὺς θεοὺς ἀναθήμασι κοινοῖς ἐδωροῦντο. Θεωρήσαντες δὲ καὶ πανηγυρίσαντες καὶ τὰς ἄλλας φιλοφροσύνας παρ´ ἀλλήλων ἀναλαβόντες, εἴ τι πρόσκρουσμα πόλει πρὸς πόλιν ἐγεγόνει, δικασταὶ καθεζόμενοι διῄτων καὶ περὶ τοῦ πρὸς τοὺς βαρβάρους πολέμου καὶ περὶ τῆς πρὸς ἀλλήλους ὁμοφροσύνης κοινὰς ἐποιοῦντο βουλάς. III. Ταῦτα δὴ καὶ τὰ ὅμοια τούτοις παραδείγματα λαβὼν προθυμίαν ἔσχε καὶ αὐτὸς ἁπάσας τὰς μετεχούσας πόλεις τοῦ Λατίνων γένους συστῆσαι καὶ συναγαγεῖν, ἵνα μὴ στασιάζουσαι καὶ πολεμοῦσαι πρὸς ἀλλήλας ὑπὸ τῶν προσοικούντων βαρβάρων τὴν ἐλευθερίαν ἀφαιρεθῶσι. [4,26] Γνοὺς δὲ ταῦτα τοὺς κρατίστους ἄνδρας ἐξ ἑκάστης πόλεως συνεκάλει περὶ μεγάλων καὶ κοινῶν φήσας πραγμάτων συμβούλους αὐτοὺς συγκαλεῖν.
IV.
Ἐπεὶ δὲ συνῆλθον, συναγαγὼν τήν τε Ῥωμαίων βουλὴν καὶ V. Τοιαῦτα διεξελθὼν συνεβούλευεν αὐτοῖς ἱερὸν ἄσυλον ἀπὸ κοινῶν ἀναλωμάτων ἐν Ῥώμῃ κατασκευάσασθαι, ἐν ᾧ θύσουσί θ´ αἱ πόλεις συνερχόμεναι καθ´ ἕκαστον ἐνιαυτὸν ἰδίας τε καὶ κοινὰς θυσίας καὶ πανηγύρεις ἄξουσιν, ἐν οἷς ἂν ὁρίσωσι χρόνοις, καί, εἴ τι γένοιτο πρόσκρουσμα αὐταῖς πρὸς ἀλλήλας, ἐκ τῶν ἱερῶν τοῦτο διαλύσονται, ταῖς ἄλλαις πόλεσιν ἐπιτρέψασαι τὰ ἐγκλήματα διαγνῶναι. Διεξιὼν ταῦτα τε καὶ ὅσα ἄλλα ἕξουσιν ἀγαθὰ βουλευτήριον ἐγκαταστησάμενοι πάντας ἔπεισε τοὺς ἐν τῷ συνεδρίῳ παρόντας· καὶ μετὰ τοῦτο κατεσκεύασεν ἐξ ὧν ἅπασαι συνήνεγκαν αἱ πόλεις χρημάτων τὸν τῆς Ἀρτέμιδος νεών, τὸν ἐπὶ τοῦ μεγίστου τῶν ἐν τῇ Ῥώμῃ λόφων ἱδρυμένον Αὐεντίνου· καὶ τοὺς νόμους συνέγραψε ταῖς πόλεσι πρὸς ἀλλήλας καὶ τἆλλα τὰ περὶ τὴν ἑορτὴν καὶ πανήγυριν, ὃν ἐπιτελεσθήσεται τρόπον, ἔταξεν. Ἵνα δὲ μηδεὶς χρόνος αὐτοὺς ἀφανίσῃ, στήλην κατασκευάσας χαλκῆν ἔγραψεν ἐν ταύτῃ τά τε δόξαντα τοῖς συνέδροις καὶ τὰς μετεχούσας τῆς συνόδου πόλεις. Αὕτη διέμεινεν ἡ στήλη μέχρι τῆς ἐμῆς ἡλικίας ἐν τῷ τῆς Ἀρτέμιδος ἱερῷ κειμένη γραμμάτων ἔχουσα χαρακτῆρας {Ἑλληνικῶν}, οἷς τὸ παλαιὸν ἡ Ἑλλὰς ἐχρῆτο. Ὃ καὶ αὐτὸ ποιήσαιτ´ ἄν τις οὐ μικρὸν τεκμήριον τοῦ μὴ βαρβάρους εἶναι τοὺς οἰκίσαντας τὴν Ῥώμην. Οὐ γὰρ ἂν Ἑλληνικοῖς ἐχρῶντο γράμμασιν ὄντες βάρβαροι. Πολιτικαὶ μὲν δὴ πράξεις τοῦ βασιλέως τούτου σὺν ἄλλαις πολλαῖς ἐλάττοσί τε καὶ ἀμαυροτέραις αἱ μέγισται καὶ λαμπρόταται αὗται μνημονεύονται, πολεμικαὶ δ´ αἱ πρὸς ἓν τὸ Τυρρηνῶν ἔθνος γενόμεναι, περὶ ὧν μέλλω νῦν διεξιέναι. |
I. LORSQUE Tullius eut établi tous les règlements nécessaires pour entretenir le bon ordre dans la république, il résolut d'éterniser la mémoire par quelque entreprise d'un plus grand éclat. Dans cette vue il s'appliqua à considérer les plus beaux monuments par lesquels les anciens rois et les hommes illustres dans le gouvernement des républiques avaient immortalité leur nom et. s'étaient acquis une gloire éternelle. Mais il ne trouvait pas que la fameuse Assyrienne fût arrivée au comble de la gloire pour avoir bâti les superbes murs de Babylone, ni que les pyramides de Memphis élevées par les rois d'Egypte, et. les autres monuments où les princes les plus célèbres de l'antiquité avoient étalé toute leur magnificence, soient des ouvrages dignes d'eux. Il regardait tous ces monuments, comme de petites choses, de peu de durée et indignes de l'admiration de la postérité, qui n'avaient pour but que les faux plaisirs des yeux sans contribuer à l'utilité publique, et qui ne tendaient qu'à faire parler du bonheur et de la magnificence de ceux qui laissaient après leur mort de semblables édifices. C'est qu'il était persuadé qu'il n'y a que les seuls ouvrages de l'esprit dont l'utilité s'étend à plusieurs et dure très longtemps, qui méritent les louanges et l'émulation des siècles futurs. II. Il admirait sur tout la sage politique d'Amphictyon fils d'Hellen qui voyant que la nation des Grecs était faible et que les barbares voisins pourraient facilement épuiser toutes ses forces, établit un conseil qu'on appelle pour cette raison l'assemblée Amphictyonique dans lequel outre les lois particulières, que chaque ville avait déjà il en fit de communes pour tous les Grecs, qu'on appelle les lois d'Amphictyon ; en sorte que cette nation toujours étroitement unie par les liens de la parenté, travaillant de concert à se maintenir contre l'ennemi commun et: à se rendre formidable aux peuples qui l'environnaient A son exemple les Ioniens qui étaient sortis de l'Europe pour habiter les cotes maritimes de la Carie, et les Doriens établis dans le même canton, avaient bâti des temples à frais communs, ceux-ci le temple d'Apollon à Triopie et ceux-là le temple de Diane à Ephèse. Tous s'y assemblaient dans un certain jour avec leurs serments et leurs enfants pour offrir des sacrifices, vaquer à leurs négoce, et faire en commun des offrandes aux dieux. En même temps ils célébraient des jeux avec beaucoup d'appareil ; les courses des chevaux, les combats des lutteurs et les concerts de la musique n'étaient pas oubliés. Les spectacles finis et la fouie étant passée, après s*être rendu mutuellement tous les témoignages de la plus étroite union, si une ville avait quelques plaintes à faire contre tes autres, les juges tenaient leur séance et terminaient le différend. Ensuite on délibérait en commun sur les moyens de faire la guerre aux barbares et de maintenir la concorde entre toutes les villes de la nation. III. Ce fut sur ces beaux modèles et autres semblables que Tullius forma la résolution de réunir toutes les villes des Latins en un même corps de république, tant pour prévenir les guerres civiles, que pour empêcher que les barbares voisins profitant des dissensions ne les dépouillassent de leur liberté. Dans ce dessein il assembla les principaux de chaque ville, et leur annonça qu'il voulait délibérer avec eux sur une affaire de la dernière importance qui regardait l'intérêt commun de toute la nation. IV. AUSSITÔT que ceux-ci furent arrivés, il convoqua le sénat Romain, et fit un discours aux députés des Latins pour les exhorter à la concorde. Il tâcha de leur faire comprendre que rien n'est plus beau qu'une communauté de plusieurs villes qui n'ont toutes que les mêmes sentiments et les mêmes vues, qu'au contraire il n'y a rien de plus honteux que de voir régner la dissension parmi des peuples que les liens de la parenté devraient unir étroitement ; que la concorde est l'appui inébranlable des états les plus faibles, au lieu que la discorde affaiblit les républiques les plus puissantes. Après [ce discours] il leur prouva que les Latins avaient droit de commander aux peuples voisins ; qu'étant originairement Grecs c'était à eux à donner la loi aux barbares ; mais qu'il appartenait aux Romains de commander à toute la nation des Latins, comme étant au-dessus des autres non seulement par la grandeur de leur ville et par l'éclat de leurs belles actions, mais encore par les marques de la faveur des dieux qui ne les avaient élevés au comble de la gloire que parce qu'ils les en jugeaient plus dignes que les autres. V. AYANT apporté toutes ces raisons, Tullius leur conseilla de faire bâtir à Rome à frais communs, un asile sacré où les Latins s'assembleraient tous les ans dans le temps dont on conviendrait, pour y tenir une foire, exercer le commerce et offrir des sacrifices tant publics que particuliers, afin que si une ville avait quelque contestation avec les autres, on pût la terminer à l'amiable au tribunal de toute la nation. Enfin par toutes ces remontrances et autres semblables il leur fit bien comprendre l'avantage qu'ils trouveraient à établir à Rome un tribunal commun, que tous les députés se rangèrent de son avis. Ensuite on ramassa de l'argent dans toutes les villes, et Tullius fit bâtir le temple de Diane qui est sur le mont Aventin, dans l'endroit de Rome le plus élevé. Il dressa lui-même les articles de l'alliance que tous les Latins venaient de conclure. Il fit des lois pour régler le commerce de la foire et les cérémonies de la solennité. Et afin que le temps ne les effaçât jamais, il érigea une colonne, sur laquelle il fit graver les conventions faites dans l'assemblée et. les noms des villes qui y avaient eu part. Cette colonne a subsisté jusqu'à notre siècle ; elle est dans le temple de Diane. On y voit les décrets de l'assemblée écrits en caractères anciens dont la Grèce se servait autrefois, ce qui prouve assez que les fondateurs de Rome n'étaient pas des barbares ; car s'ils l'avaient été, ils ne se seraient pas servis de caractères Grecs. Voila ce que l'histoire nous apprend des actions les plus mémorables de Tullius dans le gouvernement de la république,, sans parler de plusieurs autres choses moins importantes qu'on n'est pas curieux de savoir. Passons maintenant aux exploits qu'il fit dans la guerre contre les Tyrrhéniens, les seuls avec lesquels il se brouilla. |