Denys d'Halicarnasse

DENYS DHALICARNASSE

 

ANTIQUITÉS ROMAINES.

ΔΙΟΝΥΣΙΟΥ ΑΛΙΚΑΡΝΑΣΕΩΣ ΡΩΜΑΙΚΗΣ ΑΡΧΑΙΟΛΟΓΙΑΣ ΛΟΓΟΣ ΤΡΙΤΟΣ.

 LIVRE TROISIEME, chapitre 7

chapitre 6 - chapitre 8

 

 

 

 

 

 

 

DENYS DHALICARNASSE

 

ANTIQUITÉS ROMAINES.

ΔΙΟΝΥΣΙΟΥ ΑΛΙΚΑΡΝΑΣΕΩΣ ΡΩΜΑΙΚΗΣ ΑΡΧΑΙΟΛΟΓΙΑΣ ΛΟΓΟΣ ΔΕΚΑΤΟΣ.

 LIVRE TROISIEME

 

 

 

 

 

 

 

LES ANTIQUITES ROMAINES DE DENYS D'HALICARNASSE

LITRE TROISIEME.

 

 

 

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CHAPITRE SEPTIEME.

I. Joie des Romains ; tristesse des Albains. II. Tullus retourne à Rome ; on lui dénonce Horace comme criminel. III. Horace le père prend le parti de son fils , et celui-ci est absous par le peuple. IV. Le roi ordonne aux pontifes d'expier l'homicide d'Horace et ils le sont passer sous le joug. V. En quel endroit de la ville ils l'expièrent. VI. Monuments de la valeur d'Horace.

 

I. [3,22] Μετὰ δὲ τὴν μάχην τῶν τριδύμων Ῥωμαῖοι μὲν οἱ τότε ὄντες ἐπὶ στρατοπέδου ταφὰς ποιησάμενοι λαμπρὰς τῶν ἀποθανόντων ἐν οἷς ἔπεσον χωρίοις καὶ θύσαντες τἀπινίκια τοῖς θεοῖς ἐν εὐπαθείαις ἦσαν, Ἀλβανοὶ δὲ ἀχθόμενοι {ἐπὶ} τοῖς συμβεβηκόσι καὶ τὸν ἡγεμόνα δι´ αἰτίας ἔχοντες, ὡς κακῶς ἐστρατηγηκότα, ἄσιτοί τε οἱ πολλοὶ καὶ ἀθεράπευτοι τὴν ἑσπέραν ἐκείνην διετέλεσαν. τῇ δ´ ἑξῆς ἡμέρᾳ καλέσας αὐτοὺς ὁ τῶν Ῥωμαίων βασιλεὺς εἰς ἐκκλησίαν καὶ πολλὰ παραμυθησάμενος, ὡς οὔτε ἄσχημον ἐπιτάξων αὐτοῖς οὐθὲν οὔτε χαλεπὸν οὔθ´ ὃ μὴ συγγενέσι πρέπει, τῇ δὲ αὐτῇ γνώμῃ περὶ ἀμφοτέρων τῶν πόλεων τὰ κράτιστα καὶ συμφορώτατα συμβουλεύσων, καὶ τὸν ἄρχοντά τε αὐτῶν Φουφέττιον ἐπὶ τῆς αὐτῆς ἀρχῆς κατασχὼν ἄλλο τε οὐδὲν τῶν πολιτικῶν μεθαρμοσάμενος οὐδὲ κινήσας ἀπῆγεν ἐπ´ οἴκου τὴν δύναμιν.

II. καταγαγόντι δὲ αὐτῷ τὸν ψηφισθέντα ὑπὸ τῆς βουλῆς θρίαμβον καὶ τὰ πολιτικὰ πράττειν ἀρξαμένῳ προσέρχονται τῶν πολιτῶν ἄνδρες οὐκ ἀφανεῖς τὸν Ὁράτιον ἄγοντες ὑπὸ δίκην, ὡς οὐ καθαρὸν αἵματος ἐμφυλίου διὰ τὸν τῆς ἀδελφῆς φόνον· καὶ καταστάντες μακρὰν διεξῆλθον δημηγορίαν τοὺς νόμους παρεχόμενοι τοὺς οὐκ ἐῶντας ἄκριτον ἀποκτείνειν οὐθένα καὶ τὰ παρὰ τῶν θεῶν ἁπάντων μηνίματα ταῖς μὴ κολαζούσαις πόλεσι τοὺς ἐναγεῖς διεξιόντες.

III. ὁ δὲ πατὴρ ἀπελογεῖτο περὶ τοῦ μειρακίου κατηγορῶν τῆς θυγατρὸς καὶ τιμωρίαν οὐ φόνον εἶναι τὸ πραχθὲν λέγων δικαστήν τε αὑτὸν ἀξιῶν εἶναι τῶν ἰδίων κακῶν ἀμφοτέρων γενόμενον πατέρα. συχνῶν δὲ λόγων ῥηθέντων ὑφ´ ἑκατέρων πολλὴ τὸν βασιλέα κατεῖχεν ἀμηχανία, τί τέλος ἐξενέγκῃ περὶ τῆς δίκης. οὔτε γὰρ ἀπολῦσαι τοῦ φόνου τὸν ὁμολογοῦντα τὴν ἀδελφὴν ἀνῃρηκέναι πρὸ δίκης καὶ ταῦτα ἐφ´ οἷς οὐ συνεχώρουν ἀποκτείνειν οἱ νόμοι καλῶς ἔχειν ὑπελάμβανεν, ἵνα μὴ τὴν ἀρὰν καὶ τὸ ἄγος ἀπὸ τοῦ δεδρακότος εἰς τὸν ἴδιον οἶκον εἰσενέγκηται, οὔτε ὡς ἀνδροφόνον ἀποκτεῖναι τὸν ὑπὲρ τῆς πατρίδος ἑλόμενον προκινδυνεῦσαι καὶ τοσαύτης αὐτῇ δυναστείας γενόμενον αἴτιον ἄλλως τε καὶ τοῦ πατρὸς ἀπολύοντος αὐτὸν τῆς αἰτίας, ᾧ τὴν περὶ τῆς θυγατρὸς ὀργὴν ἥ τε φύσις ἀπεδίδου πρώτῳ καὶ ὁ νόμος. ἀπορούμενος δὲ τί χρήσεται τοῖς πράγμασι τελευτῶν κράτιστον εἶναι διέγνω τῷ δήμῳ τὴν διάγνωσιν ἐπιτρέπειν. γενόμενος δὲ θανατηφόρου κρίσεως τότε πρῶτον ὁ Ῥωμαίων δῆμος κύριος τῇ γνώμῃ τοῦ πατρὸς προσέθετο καὶ ἀπολύει τοῦ φόνου τὸν ἄνδρα·

IV. οὐ μὴν ὅ γε βασιλεὺς ἀποχρῆν ἔλεγε τοῖς βουλομένοις τὰ πρὸς τοὺς θεοὺς ὅσια φυλάττειν τὴν ὑπ´ ἀνθρώπων συντελεσθεῖσαν ὑπὲρ αὐτοῦ κρίσιν, ἀλλὰ μεταπεμψάμενος τοὺς ἱεροφάντας ἐκέλευσεν ἐξιλάσασθαι θεούς τε καὶ δαίμονας καὶ καθῆραι τὸν ἄνδρα οἷς νόμος τοὺς ἀκουσίους φόνους ἁγνίζεσθαι καθαρμοῖς. κἀκεῖνοι βωμοὺς ἱδρυσάμενοι δύο τὸν μὲν Ἥρας, ἣ λέλογχεν ἐπισκοπεῖν ἀδελφάς, τὸν δ´ ἕτερον ἐπιχωρίου θεοῦ τινος ἢ δαίμονος Ἰανοῦ λεγομένου κατὰ τὴν ἐπιχώριον γλῶτταν, ἐπωνύμου δὲ Κορατίων τῶν ἀναιρεθέντων ἀνεψιῶν ὑπὸ τοῦ ἀνδρός, καὶ θυσίας τινὰς ἐπ´ αὐτοῖς ποιήσαντες τοῖς τε ἄλλοις καθαρμοῖς ἐχρήσαντο καὶ τελευτῶντες ὑπήγαγον τὸν Ὁράτιον ὑπὸ ζυγόν. ἔστι δὲ Ῥωμαίοις νόμιμον, ὅταν πολεμίων παραδιδόντων τὰ ὅπλα γένωνται κύριοι, δύο καταπήττειν ξύλα ὀρθὰ καὶ τρίτον ἐφαρμόττειν αὐτοῖς ἄνωθεν πλάγιον, ἔπειθ´ ὑπάγειν τοὺς αἰχμαλώτους ὑπὸ ταῦτα καὶ διελθόντας ἀπολύειν ἐλευθέρους ἐπὶ τὰ σφέτερα. τοῦτο καλεῖται παρ´ αὐτοῖς ζυγόν, ᾧ καὶ οἱ τότε καθαίροντες τὸν ἄνδρα τελευταίῳ τῶν περὶ τοὺς καθαρμοὺς νομίμων ἐχρήσαντο.

V. ἐν ᾧ δὲ τῆς πόλεως χωρίῳ τὸν ἁγνισμὸν ἐποιήσαντο πάντες Ῥωμαῖοι νομίζουσιν ἱερόν· ἔστι δ´ ἐν τῷ στενωπῷ τῷ φέροντι ἀπὸ Καρίνης κάτω τοῖς ἐπὶ τὸν Κύπριον ἐρχομένοις στενωπόν, ἔνθα οἵ τε βωμοὶ μένουσιν οἱ τότε ἱδρυθέντες καὶ ξύλον ὑπὲρ αὐτῶν τέταται δυσὶ τοῖς ἄντικρυς ἀλλήλων τοίχοις ἐνηρμοσμένον, ὃ γίνεται τοῖς ἐξιοῦσιν ὑπὲρ κεφαλῆς καλούμενον τῇ Ῥωμαϊκῇ διαλέκτῳ ξύλον ἀδελφῆς. τοῦτο μὲν δὴ τὸ χωρίον τῆς συμφορᾶς τοῦ ἀνδρὸς μνημεῖον ἐν τῇ πόλει φυλάττεται θυσίαις γεραιρόμενον ὑπὸ Ῥωμαίων καθ´ ἕκαστον ἐνιαυτόν,

VI. ἕτερον δὲ τῆς ἀρετῆς ἣν ἐπεδείξατο κατὰ τὴν μάχην μαρτύριον ἡ γωνιαία στυλὶς ἡ τῆς ἑτέρας παστάδος ἄρχουσα ἐν ἀγορᾷ, ἐφ´ ἧς ἔκειτο τὰ σκῦλα τῶν Ἀλβανῶν τριδύμων. τὰ μὲν οὖν ὅπλα ἠφάνισται διὰ μῆκος χρόνου, τὴν δ´ ἐπίκλησιν ἡ στυλὶς ἔτι φυλάττει τὴν αὐτὴν Ὁρατία καλουμένη πίλα. ἔστι δὲ καὶ νόμος παρ´ αὐτοῖς δι´ ἐκεῖνο κυρωθεὶς τὸ πάθος, ᾧ καὶ εἰς ἐμὲ χρῶνται, τιμὴν καὶ δόξαν ἀθάνατον τοῖς ἀνδράσιν ἐκείνοις περιτιθεὶς ὁ κελεύων, οἷς ἂν γένωνται τρίδυμοι παῖδες ἐκ τοῦ δημοσίου τὰς τροφὰς τῶν παίδων χορηγεῖσθαι μέχρις ἥβης. τὰ μὲν δὴ περὶ τὴν Ὁρατίων οἰκίαν γενόμενα θαυμαστὰς καὶ παραδόξους περιπετείας λαβόντα τοιούτου τέλους ἔτυχεν.

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I. APRES le combat des trois jumeaux, les Romains qui étaient au camp , firent de superbes funérailles aux deux Horaces et les enterrèrent dans l'endroit même où ils avaient été tués. Ensuite ils offrirent des sacrifices aux dieux en action de grâces pour la victoire qu'ils avaient remportée , et ils soupèrent avec de grandes réjouissances. Mais d'un autre côté les Albains accablés de chagrin , accusaient leur général d'avoir mal conduit les affaires ; la plupart ne mangèrent point ce soir là et ne prirent aucun soin de leurs corps. Le lendemain le roi Tullus les assembla tous, et leur fit un discours pour les consoler. Il leur promit qu'il ne leur commanderait rien de trop difficile , rien de bas , ni contre les droits de la parenté ; qu'il prendrait également les intérêts des deux villes ; qu'il conserverait à Fufétius leur général la dignité dont il était revêtu , et qu'il ne changerait rien au gouvernement.

II. Ensuite Tullus s'en retourna à Rome avec les troupes et y reçut les honneurs du triomphe qui lui furent décernés par le sénat. Il ne faisait que de commencer à s'appliquer aux affaires du gouvernement, lorsque quelques-uns des premiers de la ville lui dénoncèrent Horace comme souillé du sang  de ses parents par le meurtre qu'il avait commis en la personne de sa sœur. Le roi leur donna audience ; ils firent un long discours dans lequel ils citèrent les lois qui défendaient expressément de tuer qui que ce put être avant qu'il eût été condamné ; en même temps ils rapportèrent l'exemple de quelques villes sur lesquelles la colère des dieux était tombée pour n'avoir pas puni sévèrement les criminels.

III. Horace le père prit en cette occasion le parti de l'accusé ; il rejeta toute la faute sur sa fille, et tâcha de prouver que l'action de  son fils devait plutôt passer pour une juste punition que pour un véritable meurtre. En même temps  il demanda qu'on le laissa juge de cette cause, puisque le malheur ne regardait que lui seul et qu'il était le père du jeune homme aussi bien que de la fille. On fit là dessus plusieurs discours, et l'on apporta ses raisons de part et d'autre : mais le roi y trouva tant de difficultés qu'il ne savait comment s'y prendre pour juger ce procès criminel. D'un côté il ne croyait pas pouvoir absoudre Horace, qui confessait avoir tué sa sœur, avant que  son procès fut instruit, et cela sur un sujet pour lequel les lois ne permettent point de punir de mort qui que ce soit : il craignait que s'il le renvoyait absous, le crime et la malédiction ne retombassent sur la maison royale. Mais d'un autre côté il n'osait condamner à mort comme homicide celui qui s'était exposé au péril pour sa patrie et qui l'avait élevée à un si haut degré de puissance, vu principalement qu'il était absous par  son père auquel il appartenait par le droit de la nature et par les lois de venger la mort de sa fille. Dans cet embarras, après une mûre délibération il crut qu'il n'y avait point de meilleur parti que de remettre l'affaire au jugement de la multitude. Ce fut alors pour la première fois que le peuple Romain se vit le maître d'un procès criminel ; il se rangea du côté du père, et déclara Horace absous de tout crime d'homicide.

IV. CEPENDANT le roi était persuadé que ce jugement des hommes ne suffisait pas pour calmer les esprits inviolablement attachés aux maximes et aux principes de la religion. Il fit venir les pontifes ; il leur ordonna d'apaiser la. colère des dieux et. des génies, en expiant l'homicide d'Horace par les purifications que prescrit la loi pour les homicides involontaires. Les pontifes érigèrent deux autels ; l'un à Junon qui a inspection sur les sœurs, l'autre à un certain dieu ou génie du pays, appelé en Latin Janus, et surnommé Curace du nom des cousins d'Horace qui avaient été tués dans le combat. Après y avoir offert des sacrifices, ils expièrent le crime de l'accusé par les purifications ordinaires, et le firent passer sous le joug. C'est une cérémonie qui se pratique chez les Romains quand les ennemis rendent les armes et se soumettent à la puissance du vainqueur. On plante deux morceaux de bois tout droits, et traversés d'un troisième appuyé. sur leurs bouts d'en haut ; on fait passer les prisonniers de guerre par dessous ce morceau de bois transversal, et après cette cérémonie on les renvoie  libres dans leur pays. Chez les Romains ces trois morceaux.de bois s'appellent Joug, Ce fut là la dernière des cérémonies expiatoires que firent alors les pontifes pour purifier Horace.

V. L'ENDROIT de la ville où se fit l'expiation, est regardé par tous les Romains comme un lieu sacré. Il est dans la petite rue par laquelle on descend du quartier des Carines à la rue Cyprienne. On y voit encore aujourd'hui les autels qu'on érigea alors , au dessus desquels il y a un soliveau de travers fiché par les deux bouts dans les murailles qui sont à l'opposite l'une de l'autre. Ce soliveau est sur la tête des passants, les Romains. l'appellent en leur langue le soliveau de la sœur. C'est là que la ville de Rome conserve un monument du malheur d'Horace ; les Romains y font tous les ans des sacrifices pour l'honorer par un culte particulier.

VI. IL y a encore un autre monument de la valeur héroïque dont Horace donna de si éclatantes preuves dans le combat. C'est une petite colonne angulaire qui fait le commencement de l'un des deux portiques de la place publique , et sur laquelle on avait mis les dépouilles des trois frères Albains. Ces armes ont été détruites par la longueur du temps ; mais la colonne conserve encore aujourd'hui  son ancien nom ; on l'appelle la colonne Horatienne. Il y a aussi une loi chez les Romains qui fut faite à l'occasion de l'aventure des Horaces pour immortaliser leur gloire. Elle est encore aujourd'hui en vigueur ; elle porte que toutes les fois qu'il naîtra trois enfants jumeaux, on les nourrira des deniers publics jusqu'à l'âge de puberté. Telle fut la fin des aventures surprenantes de la famille des Horaces.

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