Denys d'Halicarnasse

DENYS DHALICARNASSE

 

ANTIQUITÉS ROMAINES.

ΔΙΟΝΥΣΙΟΥ ΑΛΙΚΑΡΝΑΣΕΩΣ ΡΩΜΑΙΚΗΣ ΑΡΧΑΙΟΛΟΓΙΑΣ ΛΟΓΟΣ ΤΡΙΤΟΣ.

 LIVRE TROISIEME, chapitre 11

chapitre 10 - chapitre 12

 

 

 

 

 

 

 

DENYS DHALICARNASSE

 

ANTIQUITÉS ROMAINES.

ΔΙΟΝΥΣΙΟΥ ΑΛΙΚΑΡΝΑΣΕΩΣ ΡΩΜΑΙΚΗΣ ΑΡΧΑΙΟΛΟΓΙΑΣ ΛΟΓΟΣ ΤΡΙΤΟΣ.

 LIVRE TROISIEME

 

 

 

 

 

 

 

LES ANTIQUITES ROMAINES DE DENYS D'HALICARNASSE

LITRE TROISIEME.

 

 

 

CHAPITRE ONZIEME

I. Prudence de Tullus.  Sa mort.  II. Les uns disent qu'il fut brûlé par le feu du ciel.  III.  D'autres prétendent qu'il fut tué par Marcius.  IV.  Que ce dernier sentiment est le moins probable.

 

[3,35] I. Ταῦτα διαπραξάμενος ἐπὶ τῆς ἰδίας ἀρχῆς βασιλεὺς Τύλλος Ὁστίλιος, ἀνὴρ ἐν ὀλίγοις ἄξιος εὐλογεῖσθαι τῆς τε εὐτολμίας ἕνεκα τῆς πρὸς τὰ πολέμια καὶ τῆς φρονήσεως τῆς περὶ τὰ δεινά, ὑπὲρ ἄμφω δὲ ταῦτα, ὅτι οὐ ταχὺς ὢν εἰς πόλεμον ἰέναι βέβαιος ἦν καταστὰς εἰς αὐτὸν ἐν ἅπασι τῶν ἀντιπάλων προέχειν, ἔτη δὲ κατασχὼν τὴν ἀρχὴν δύο καὶ τριάκοντα τελευτᾷ τὸν βίον ἐμπρησθείσης τῆς οἰκίας, καὶ σὺν αὐτῷ γυνή τε ἀπόλλυται καὶ τέκνα καὶ ὁ ἄλλος οἰκετικὸς ἅπας ὄχλος καταληφθεὶς ὑπὸ τοῦ πυρός.

II. Καταπρησθῆναι δὲ τὴν οἰκίαν οἱ μὲν ὑπὸ κεραυνοῦ λέγουσι μηνίσαντος τοῦ θεοῦ δι´ ὀλιγωρίαν ἱερῶν τινων (ἐκλιπεῖν γὰρ ἐπὶ τῆς ἀρχῆς τῆς ἐκείνου πατρίους τινὰς θυσίας, ἑτέρας δ´ οὐχ ὑπαρχούσας ἐπιχωρίους Ῥωμαίοις παραγαγεῖν),

III. Οἱ δὲ πλείους ἐξ ἀνθρωπίνης φασὶν ἐπιβουλῆς τὸ πάθος γενέσθαι ἀνατιθέντες τὸ ἔργον Μαρκίῳ τῷ μετ´ ἐκεῖνον ἄρξαντι τῆς πόλεως. Τοῦτον γὰρ ἐκ τῆς Νόμα Πομπιλίου θυγατρὸς γενόμενον ἄχθεσθαί τε, ὅτι ἐκ βασιλείου γένους πεφυκὼς αὐτὸς ἰδιώτης ἦν, καὶ γένος ἐπιτρεφόμενον ὁρῶντα τῷ Τύλλῳ παντὸς μάλιστα ὑποπτεύειν, εἴ τι πάθοι Τύλλος εἰς τοὺς ἐκείνου παῖδας ἥξειν τὴν ἀρχήν. Ταῦτα δὴ διανοούμενον ἐκ πολλοῦ στήσασθαι κατὰ τοῦ βασιλέως ἐπιβουλὴν πολλοὺς ἔχοντα Ῥωμαίων τοὺς συγκατασκευάζοντας αὐτῷ τὴν δυναστείαν, φίλον δὲ ὄντα τοῦ Τύλλου καὶ ἐν τοῖς μάλιστα πιστευόμενον φυλάττειν ὅτε καιρὸς ἐπιτήδειος φανείη τῆς ἐπιθέσεως. Μέλλοντος δὲ τοῦ Τύλλου θυσίαν τινὰ κατ´ οἶκον ἐπιτελεῖν, ἣν αὐτοὺς μόνον ἐβούλετο τοὺς ἀναγκαίους εἰδέναι, καὶ κατὰ δαίμονα τῆς ἡμέρας ἐκείνης χειμερίου σφόδρα γενομένης κατά τε ὄμβρον καὶ ζάλην καὶ σκότος, ὥστ´ ἔρημον ἀπολειφθῆναι τὸν πρὸ τῆς οἰκίας τόπον τῶν φυλαττόντων, ἐπιτήδειον ὑπολαμβάνοντα τὸν καιρὸν ἅμα τοῖς ἑταίροις ἔχουσιν ὑπὸ ταῖς περιβολαῖς τὰ ξίφη παρελθεῖν εἴσω τῶν θυρῶν, ἀποκτείναντα δὲ τὸν βασιλέα καὶ τοὺς παῖδας αὐτοῦ καὶ τῶν ἄλλων ὅσοις ἐνέτυχεν ἐνεῖναι πῦρ εἰς τὴν οἰκίαν κατὰ πολλοὺς τόπους, ταῦτα δὲ πράξαντα τὸν ὑπὲρ τῆς κεραυνώσεως διασπεῖραι λόγον.

IV. γὼ δὲ τοῦτον μὲν οὐ δέχομαι τὸν λόγον οὔτ´ ἀληθῆ νομίζων οὔτε πιθανόν, τῷ δὲ προτέρῳ μᾶλλον προστιθέμενος κατὰ δαίμονα νομίζω τὸν ἄνδρα ταύτης τῆς τελευτῆς τυχεῖν. Οὔτε γὰρ ἀπόρρητον φυλαχθῆναι τὴν πρᾶξιν ὑπὸ πολλῶν συσκευαζομένην εἰκὸς ἦν, οὔτε τῷ συστήσαντι αὐτὴν βέβαιον ἦν ὅτι μετὰ τὴν Ὁστιλίου τελευτὴν ἐκεῖνον ἀποδείξουσι Ῥωμαῖοι βασιλέα τῆς πόλεως, οὔτ´ εἰ τὰ παρ´ ἀνθρώπων αὐτῷ πιστὰ καὶ βέβαια ἦν, τά γέ τοι παρὰ τῶν θεῶν ὅμοια ἔμελλε ταῖς ἀνθρωπίναις ἀγνοίαις ἔσεσθαι. Μετὰ γὰρ τὴν ὑπὸ τῶν φυλῶν γενησομένην ψηφηφορίαν τοὺς θεοὺς ἔδει τὴν βασιλείαν αὐτῷ δι´ οἰωνῶν αἰσίων ἐπιθεσπίσαι· ἄνδρα δὲ μιαρὸν καὶ τοσούτοις ᾑμαγμένον φόνοις ἀδίκοις τίς ἔμελλε θεῶν ἢ δαιμόνων παρήσειν βωμοῖς τε προσιόντα καὶ θυμάτων καταρχόμενον καὶ τὰς ἄλλας ἐπιτελοῦντα θεραπείας; ἐγὼ μὲν δὴ διὰ ταῦτα οὐκ εἰς ἀνθρωπίνην ἐπιβουλὴν ἀλλ´ εἰς θεοῦ βούλησιν τὸ ἔργον ἀναφέρω, κρινέτω δ´ ἕκαστος ὡς βούλεται.

I. VOILA ce qui se passa sous le règne de Tullus Hostilius.  Il mérita de grandes louanges par sa faveur, par son courage vraiment guerrier, par sa hardiesse dans les dangers et par sa prudence dans les conjonctures difficiles. Cette dernière vertu de Tullus éclatait particulièrement en deux choses ; en ce qu'il n'entreprenait jamais aucune guerre trop précipitamment : et en ce que l'ayant une fois entreprise il était actif et ne négligeait rien pour vaincre ses ennemis. Après avoir régné trente-deux ans, il fut brûlé dans  son palais avec sa femme, [ ses enfants ] et tous ses domestiques.

II. QUELQUES auteurs ont dit que ce fut par le feu du ciel, les dieux étant irrités contre lui parce qu'il négligeait certaines cérémonies sacrées. Car ils prétendent que sous  son règne on interrompit des sacrifices du pays, et qu'on en introduisit d'autres qui n'avaient jamais été en usage chez les Romains.

III. D'AUTRES, et en plus grand nombre, attribuent cet accident aux embûches des hommes, et en rejettent tout le crime sur Marcius qui fut  son successeur à la couronne. Fils de la fille de Numa Pompilius et par conséquent du sang royal, il ne put, disent-ils, se résoudre à mener plus longtemps une vie privée , surtout voyant que Tullus avait des enfants qu'il destinait pour lui succéder, et que s'il venait à mourir, ils s'empareraient immanquablement de la couronne. C'est pour cela que depuis longtemps il dressait des pièges au roi, étant sur d'ailleurs de la bonne volonté de plusieurs Romains qui faisaient tous leurs efforts pour lui frayer un chemin à la royauté. Ils ajoutent qu'étant ami de Tullus, et même de ses plus intimes, il ne faisait qu'épier l'occasion favorable pour exécuter  son dessein ; qu'un jour le roi se disposant à offrir dans  son palais certains sacrifices, dont il ne voulait avoir pour témoins que ses plus fidèles amis, il survint par hasard une grande tempête avec un orage affreux , qui couvrit l'air de ténèbres si épaisses que les gardes, qui étaient en sentinelle devant le vestibule, abandonnèrent leur poste. Que Marcius trouvant les portes ouvertes profita de l'occasion et entra avec ses complices qui portaient des poignards cachés sous leurs habits. Qu'après avoir tué le roi, ses enfants, et tous ceux qu'ils trouvèrent , ils mirent le feu en plusieurs endroits de la maison, et qu'ensuite ils firent courir le bruit que  son palais avait été embrasé par les foudres du ciel.

IV.  Pour moi je n'ajoute point de foi à cette histoire qui ne me paraît pas vraie , ni même probable. J'aime mieux m'en tenir au sentiment de ceux qui disent qu'il finit ses jours d'une manière si tragique par la volonté des dieux. En effet est-il probable que s'il avait été tué par quelqu'un de ses sujets, un pareil attentat , dont il y aurait eu plusieurs complices , fût demeuré caché ? Et Marcius qu'on en suppose l'auteur pouvait-il être certain qu'après la mort de Tullus Hostilius les Romains le feraient roi de leur ville ? Mais quand même il aurait été sur de la faveur des hommes , savait-il si la volonté des dieux y serait conforme ? Car après les suffrages des tribus, il aurait fallu que les dieux eussent confirmé  son élection par des augures favorables. Or quel est le dieu ou le génie qui aurait souffert qu'un homme impur et souillé de tant de meurtres commis contre toute justice, se fût approché de ses autels pour y immoler des victimes et faire les autres cérémonies du culte divin. Voila les raisons pour lesquelles j'attribue plutôt la mort de Tullus à la volonté des dieux qu'aux embûches des hommes. Je laisse néanmoins la liberté à un chacun d'en juger comme il lui plaira.