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De l'amour

Livre XIII

texte français seul mis en page par Philippe Renault

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 Athénée : deipnosophistes

 

 

Chroniques demi-mondaines (fin)

 

45. ῾Εξῆς δὲ καὶ ταῦτ' ἀναγράφει·
Λαίδα λέγουσι τὴν Κορινθίαν ποτὲ
Εὐριπίδην ἰδοῦσαν ἐν κήπῳ τινὶ
πινακίδα καὶ γραφεῖον ἐξηρτημένον
ἔχοντ'· « ᾿Απόκριναι, φησίν, ὦ ποιητά μοι,
τί βουλόμενος ἔγραψας ἐν τραγῳδίᾳ »
« ῎Ερρ', αἰσχροποιέ; » Καταπλαγεὶς δ' Εὐριπίδης
τὴν τόλμαν αὐτῆς « Σὺ γάρ, ἔφη, τίς εἶ , γύναι;
<οὐκ> αἰσχροποιός; »  δὲ γελάσασ' ἀπεκρίθη
« Τί δ' αἰσχρόν, εί μὴ τοῖσι χρωμένοις δοκεῖ; »
῾Η Γλυκέριον λαβοῦσα παρ' ἐραστοῦ τινος
Κορίνθιον παράπηχυ καινόν λῄδιον
ἔδωκεν εἰς γναφεῖον· εἶτ' ἐπεὶ τέλος
ἔδοξ' ἔχειν, πέμψασα τὴν θεραπαινίδα
τὸ μισθάριον ἔχουσαν ἐκέλευ' ἀποφέρειν
θοἰμάτιον. ῾Ο γναφεὺς δ' εἶπεν· « ν γ' ἐλᾳδίου
ταρτημόριά μοι, φησὶ, προσενέγκῃς τρία
κόμισαι. Τὸ κωλῦον γάρ ἐστι τοῦτο με. »
δ' ὡς ἀπήγγειλ', « <> τάλαιν', εἶπεν, κακῶν »
ἢ Γλυκέρον, « Μέλλει γὰρ ὥσπερ μαινίδας
ἀποτηγανίζειν, φησί, μου τὸ λῄδιον. »
῾Ο τοῦ Σοφοκλέους Δημοφῶν ἐρώμενος
τὴν Αἶγα Νικὼ πρεσβυτέραν οὖσαν ποτὲ
νέος ὢν ἔτ' αὐτὸς εἶχεν. ᾿Επεκαλεῖτο δ' Αἴξ,
ὅτι τὸν μέγαν κατέφαγ' ἐραστήν ποτε
Θαλλόν· παρεγενήθη γὰρ εἰς τὴν ᾿Αττικὴν
ὠνησόμενος χελιδονείους ἰσχάδας
῾Υμήττιόν τε φορτιούμενος μέλι.
Λέγεται δ' ἐκείνην τὴν γυναῖκ' ἐσχηκέναι
πυγὴν πάνυ καλήν, ἥν ποτ' ἠξίου λαβεῖν
ὁ Δημοφῶν. δ' εἶπε γελάσασ' «Εὖ <γ'>, ἵνα
Σοφοκλεῖ λαβὼν δῷς, φησί, παρ' ἐμοῦ, φίλτατε. »
Καλλιστίου δὲ τῆς ῾Υὸς καλουμένης
πρὸς τὴν ἑαυτῆς λοιδορουμένης ποτὲ
μητέρα (Κορώνη δ' ἐπεκαλεῖτο τοὔνομα),
διέλυεν ἡ Γνάθαιν'. ᾿Ερωτηθεῖσα δὲ
τί διαφέρονται « Τί γάρ, ἔφησεν, ἄλλο πλὴν
ἄλλ' ἡ Κορώνης, ἕτερ' ἐκείνη μέμφεται. »
῞Ιππην λέγουσι τὴν ἑταίραν Θεόδοτον
ἔχειν ἐραστὴν τὸν ἐπὶ τοῦ χόρτου τότε
γενόμενον. Αὕτη δ' ὀψὲ τῆς ὥρας ποτὲ
εἰσῆλθεν ἐπὶ κώθωνα πρὸς τὸν βασιλέα
Πτολεμαῖον· εἰώθει δὲ συμπίνειν αἰεὶ
αὐτῷ. Λέγει δ' οὖν ὑστεροῦσα παρὰ πολύ.
« Πτολεμαῖε, διψῶ, φησί, παππία, σφόδρα·
ἀλλ' ἐγχεάτω μοι τέτταρας κοτύλας ἔπειτα
εἰς τὴν μεγάλην. » ῎Επειτεν ὁ βασιλεὺς λέγει·
« Εἰς τὴν λεκάνην μὲν οὖν· δοκεῖς γάρ μοι πολύν,
῞Ιππη, πάνυ χόρτον, φησί, καταβεβρωκέναι. »
Φρύνην ἐπείρα Μοίριχος τὴν Θεσπικήν·
κἄπειτεν αἰτήσασαν αὐτον μνᾶν μίαν
ὁ Μοίριχος « Μέγ', εἶπεν· οὐ πρῴην δύο
χρυσοῦς λαβοῦσα παρεγένου ξένῳ τινί;  »
«Περίμενε τοίνυν καὶ σύ, φησίν, ἕως ν οὐ
βινητιάσω, καὶ τοσοῦτον λήψομαι. »
Νικὼ τὴν Αἶγα, Πύθωνός τινος
αὐτήν ποτ' ἀπολιπόντος, Εὔαδριν δὲ τὴν
παχεῖαν ἀναλαβόντος, εἶπεν ὕστερον
μεταπεμπομένου ποθ', ὡς ἔοικ', αὐτήν, λέγειν
πρὸς τὸν μετιόντα παῖδα· « Πύθων, φήσ' ἐπεὶ
ἤδη διάμεστος τῶν ὑείων ἐγένετο
ἐπ' αἴγει οἷός ἐστιν ἀνακάμπτειν πάλιν; »


45. Machon nous a rapporté une foule d’anecdotes sur d’autres courtisanes. En voici un échantillon : 

Un jour, on raconte que Laïs, la courtisane corinthienne, avait vu Euripide dans un jardin tenant une tablette et un stylet. Elle lui lança :
   « Réponds-moi, poète de mon cœur, que signifie ce vers que j’ai trouvé dans une de tes tragédies :
   « Disparais, fauteur d’infamies ! »
   Et Euripide, face à tant d’impudence, lui répliqua :
   « Et toi, femme, qui es-tu, si ce n’est une fauteuse d’infamies ? »
   Et dans un éclat de rire, elle lui riposta :
   « Mais qu’est-ce véritablement qu’une infamie pour ceux qui ne la connaissent pas ? »
   Glycérion avait reçu comme cadeau d'un de ses amants une petite robe d'été bordée de pourpre, du dernier cri, et l’avait confiée au teinturier.
   Quand elle estima que cette tunique était prête, elle l’envoya chercher par son esclave.
   Mais le teinturier lui dit :
   «M’as-tu au moins rapporté les trois-quarts d'huile nécessaire ? Si tu l’as fait, je te donne la robe, sinon, je ne peux pas ! »
   Rapportant les propos de l’artisan, Glycérion s’écria :
   « Mais il m’embête, celui-là ! Est-ce qu’il veut frire ma robe comme de vulgaires sardines ? »
   Quand il était très jeune, Démophon, le giton de Sophocle, eut une relation avec la courtisane Nico, déjà d’un âge avancé.
   Cette Nico avait été surnommée la « Chèvre » car elle avait croqué à belles dents la fortune d’un de ses riches clients, nommé Thallos, un homme venu à Athènes pour y acheter des figues sèches et pour charger à son bord une cargaison de miel de l’Hymette.
   La femme étant dotée d’une belle chute de rein, Démophon exprima le souhait de la prendre par derrière.
   Elle éclata de rire et lui dit :
   « Soit ! Prends mes fesses, mon chéri, et offre-les ensuite à ton Sophocle ! »
   Callistion, surnommée la « Truie », se disputait avec sa mère, dont le surnom était la « Corneille ». Gnathaina essaya de les réconcilier.
   Leur demandant le motif d’une telle animosité, Callistion répondit :
   « Il est tout à fait normal qu’entre corneilles, on se chamaille ! »
   On raconte que la courtisane Hippé (la jument) avait pour amant Théodotos, qui était devenu gardien du fourrage royal.
   Un jour, étant arrivé fort en retard à un dîner organisé par le roi Ptolémée, avec qui elle avait l’habitude de festoyer régulièrement, elle dit :
   « Ptolémée, mon cher papa, j'ai une soif terrible ! Vite, qu’on me verse quatre tasses dans une grande cruche. »
   À quoi le roi répliqua :
   « Plutôt dans une auge, ma chère, car tu as dû dévorer beaucoup de fourrage. »
   Mœrichos ne cessait de solliciter les faveurs de Phryné, la courtisane de Thespie. Un jour elle exigea une mine pour coucher avec lui.
   « C’est beaucoup trop, argua-t-il, l’autre jour, tu as baisé avec deux types pour seulement deux piécettes d’or. »
   - Attends, répondit-elle, que j’ai de nouveau envie de baiser : à ce moment, je ne t’en demanderai pas plus.
   On raconte que Nico dite « la Chèvre » avait été lâchée par un certain Python qui s’était amouraché d'Évardis, une femme plutôt plantureuse.
   Pourtant, quelque temps plus tard, il chercha à la récupérer. À l’esclave venu la supplier, elle dit ceci :
   « Ah ! Maintenant que Python s’est empiffré de cochon, il est en état de se délecter d’un peu de viande de chèvre. »