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De l'amour

Livre XIII

texte français seul mis en page par Philippe Renault

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 Athénée : deipnosophistes

 

 

Chroniques demi-mondaines (suite)

 

44. Καὶ Γναθαινίου δέ γε τῆς θυγατριδῆς αὐτῆς τάδε ἀναγράφει·
Εἰς τὰς ᾿Αθήνας παρεπιδημήσας ξένος
σατράπης πάνυ γέρων, ὡς ἐνενήκοντ' <ὢν> ἐτῶν,
Κρονίοις ἀπιοῦσαν εἶδε τὴν Γναθαίνιον
μετὰ τῆς Γναθαίνης ἐξ ᾿Αφροδισίου τινός,
τό τ' εἶδος αὐτῆς τοὺς ῥυθμούς τε καταμαθὼν
ἐπυνθάνετο μίσθωμα πράσσεται πόσον
τῆς νυκτός. ῾Η Γνάθαινα δ' εἰς τὴν πορφύραν
καὶ τὰ δόρατ' ἀποβλέψασα δραχμὰς χιλίας
ἔταξεν. δ' ἄφνω καιρίμην πληγεὶς « Παπαῖ,
ζωγρεῖς, γύναι, φήσ', ἕνεκα τοῦ στρατιωτικοῦ·
μνᾶς πραξαμένη δὲ πέντε τὰς σπονδὰς ποοῦ
καὶ στρῶσον ἡμῖν ἔνδον. » δ' ἐπιδέξιον
βουλόμενον εἶναι τὸν σατράπην ἀπεδέξατο,
εἶπεν δέ· «..... δὸς ὅσον ἐπιθυμεῖς, πάτερ·
οἶδα γὰρ ἀκριβῶς καὶ πέποιθα τοῦθ' ὅτι
εἰς νύκτ' ἀποδώσεις τῳ θυγατρίῳ μου διπλοῦν.  »
᾿Εν ταῖς ᾿Αθήναις χαλκοτύπος σφόδρ' εὐφυής,
καταλελυκυίας τῆς Γναθαινίου σχεδὸν
οὐκέτι θ' ἑταιρεῖν ὑπομενούσης διὰ τό πως
τὸν ᾿Ανδρόνικον ἡδέως αὐτῆς ἔχειν
τὸν ὑποκριτήν· τότε δ' ὄντος ἐν ἀποδημίᾳ,
ἐξ οὗ γεγονὸς ἦν ἄρρεν αὐτῷ παιδίον,
οὐχ ὑπομένουσαν τὴν Γναθαίνιον λαβεῖν
μίσθωμα, λιπαρῶν δὲ καὶ προσκείμενος
πολὺ δαπανήσας ἔσχεν αὐτὴν χρυσίον.
᾿Ανάγωγος ὢν δὲ καὶ βάναυσος παντελῶς
ἐν σκυτοτομείῳ μετά τινων καθήμενος
κατεσχόλαξε τῆς Γναθαινίου λέγων,
ἑτέρῳ τρόπῳ μὲν μὴ συγγεγενῆσθαι μηδενί,
ἑξῆς καθιππάσθαι, δ' ὑπ' αὐτῆς πεντάκις.
Μετὰ ταῦτ' ἀκούσας ᾿Ανδρόνικος τὸ γεγονὸς
ἐκ τῆς Κορίνθου προσφάτως ἀφιγμένος
... πικρῶς τε λοιδορούμενος
παρὰ τὸν πότον ταῦτ' ἔλεγε τῇ Γναθαινίῳ,
αὐτὸν μὲν ἀξιοῦντα μὴ τετευχέναι
τούτου παρ' αὐτῆς μηδέποτε τοῦ σχήματος,
ἐν τῷδε δ' ἑτέρους ἐντρυφᾶν μαστιγίας.
πειτεν εἰπεῖν φασι τὴν Γναθαίνον·
« Περιλαμβάνειν γὰρ οὐκ ἐδοκίμαζον, τάλαν,
ἄνθρωπον ἄχρι τοῦ στόματος ἠσβολωμένον·
διὰ τοῦθ' ὑπέμεινα πολὺ λαβοῦσα χρυσίον,
ἐφιλοσόφησά θ', ἵν' ἄκρον ὡς μάλιστα καὶ
ἐλάχιστον αὐτοῦ περιλάβω τοῦ σώματος.  »
῎Επειτα, φασί, τῆς Γναθαινίου ποτὲ
τὸν ᾿Ανδρόνικον οὐ θελούσης παρὰ πότον
φιλεῖν, καθάπερ ταῖς πρότερον ἡμέραις ἀεί,
ὀργιζομένης δὲ διὰ τὸ μηδὲν λαμβάνειν,
ἔπειθε πῶς « Οὐχ ὁρᾷς, Γνάθαιν', ἔφη,
ὑπερηφάνως μοι τὴν θυγατέρα χρωμένων;  »
῾Η γραῦς δ' ἀγανακτήσασα « Τάλαν, ἔφη, τέκνοι
περίλαβε, φησί, καὶ φίλησον, εἰ θέλει. »
δ' εἶπε « Μῆτερ, πῶς, ἔφη, μέλλω φιλεῖν 
τὸν μηδὲν ὠφέλημα, τὸν ὑπὸ τὰς στέγας
τὸν κοῖλον ῎Αργος δωρεὰν θέλοντ' ἔχειν. »
Πανηγύρεως οὔσης ποθ' ἡ Γναθαίνιον
εἰς Πειραιᾶ κατέβαινε πρὸς ξένον τινὰ
ἔμπορον ἐραστὴν εὐτελῶς ἐπ' ἀστράβης,
τὰ πάντ' ἔχουσ' ὀνάρια μεθ' ἑαυτῆς τρία
καὶ τρεῖς θεραπαίνας καὶ νέαν τιθὴν μίαν.
῎Επειτεν αὐταῖς ἐπί τινος στενῆς ὁδοῦ
κακὸς παλαιστὴς ἐνέτυχέν τις τῶν ἀεὶ
ἐν τοῖς ἀγῶσιν ἐπιμελῶς ἡττῶμένων·
ὃς οὐ δυνάμενος τότε παρελθεῖν ῥᾳδίως,
ἀλλὰ στενοχωρῶν εἶπεν « τρισάθλιε
ὀνηλάτ' εἰ μὴ θᾶττον ἐκατήσῃ ποτε
ἐκ τῆς ὁδου, τὰ γύναια ταυτὶ καταβαλῶ
σὺν τοῖς ὀναρίοις, φήσι, καὶ ταῖς ἀστράβαις. »
Γναθαίνον δ' εἶπ' « τάλαν, μὴ δῆτ', ἄνερ·
οὐδέποτε γὰρ τοῦτ' ἐστί σοι πεπραγμένου. »

 

44. Toujours de Machon, je vous livre maintenant quelques anecdotes relatives à la petite-fille de Gnathaina :

  « Un étranger était venu s’installer à Athènes. C’était un très vieux satrape, ayant quatre-vingt-dix ans bien sonnés. Aux Fêtes de Chronos, il vit Gnathainion sortir avec Gnathaina du temple d'Aphrodite.
   Après avoir consciencieusement regardé, et le visage, et les formes élégantes de la courtisane, il s’enquit auprès d’elle du montant pour une nuit d’amour.
   Gnathaina n’eut d’œil que pour la pourpre de son manteau de satrape, des lances qui le protégeaient, puis finit par évaluer sa nuit à mille drachmes.
   Touché au plus profond de lui-même par cette estimation, il s’écria :
   «  Mais voyons, femme, tu me traites comme un prisonnier de guerre en raison de l’escorte militaire qui me suit. Faisons une trêve : prends cinq mines et prépare la couche sans attendre ! »
   Comprenant que l’homme était d’une belle prodigalité, elle accepta la proposition de bonne grâce et lui répondit :
   « Donne-moi tout ce que tu veux, mon cher : je suis totalement en confiance, et je sais que, dès que la nuit tombera, tu offriras le double à ma petite fille. »
   À Athènes il y avait un chaudronnier fort bien monté... Or, à l’époque, Gnathainion avait quitté la profession et avait renoncé à être une femme publique, désormais satisfaite de sa relation avec le comédien Andronicos, à qui elle avait donné un fils.
   Un jour, Andronicos partit en voyage à l’étranger. Bien que Gnathainion se refusait violemment à gagner de l’argent par la prostitution, le chaudronnier, ne cessant de la harceler, réussit à parvenir à ses fins en lui proposant pour sa coucherie une somme d’or considérable.
   Mais cet artisan était un homme rustre et d’une indélicatesse notoire. Un jour, dans la boutique d’un cordonnier, alors qu’il discutait avec ses camarades, il passa le plus clair de son temps à plaisanter grossièrement sur Gnathainion. Entre autres, il déclara l’avoir prise dans une position que lui seul avait eu l’insigne privilège de tester, prétendant l’avoir baisé cinq fois de suite en la chevauchant...
   Andronicos, ayant eu connaissance de l’aventure à son retour de Corinthe, se mit dans une colère terrible. En plein banquet, il reprocha à sa maîtresse de ne pas lui avoir jamais permis, malgré ses nombreuses prières, de goûter aux joies de cette volupté inédite, alors que d'autres, pourtant des gens sans intérêt, graines d’esclaves, en avaient eu les faveurs.
   À quoi Gnathainion répondit :
   « Ecoute un peu, abruti ! Sache que je ne pouvais pas prendre dans mes bras un homme couvert de suie jusqu'à la bouche. Quand j’ai consenti à son or, je pense avoir été assez habile en acceptant de ne subir qu'un petit bout de son corps.
   Une autre fois, au cours d’une beuverie, Gnathainion refusa d’embrasser Andronicos, comme elle le faisait habituellement, fâchée de n’avoir reçu de lui aucun cadeau depuis fort longtemps.
   Voici ce que dit alors l’acteur à Gnathaina, sa mère :
 
« Tu as vu avec quelle insolence ta fille ose me traiter ! » 
   La vieille femme, indignée, s’emporta :
   « Tu es une petite idiote, ma fille ! Dépêche-toi de l’embrasser, puisque tel est son désir.
   Mais sa fille de riposter :
   « Ma mère, comment puis-je embrasser un type qui ne vaut plus rien et qui, par-dessus le marché, veut posséder sous son toit une « Argos vide de substance » ?
   Lors d’une grande fête, Gnathainion descendit jusqu’au Pirée, afin de rencontrer un marchand étranger, l’un de ses clients. Elle fit son voyage sur une litière des plus simples, n’ayant pour elle que trois malheureux ânes, trois servantes et une jeune nourrice.
   À un endroit où la route se resserrait, le cortège rencontra un de ces lutteurs miteux qui s'arrangent toujours pour se laisser battre dans les compétitions.
   Comme il lui était impossible de se mouvoir dans ce passage étroit, il cria ceci :
   « Triple ânier à la noix ! Si tu ne me laisses pas le passage dans l’instant, je promets de faire un malheur et je vous fiche tous à terre ! »
   Mais Gnathainion lui répondit :
   « Pauvre crétin, tu sais fort bien que c’est au-dessus de tes forces ! »
 

avec les ânes et les litières.' Mais Gnathaenion répliqua, 'Pauvre imbécile, tu n'es pas l'homme pour cela ! Jamais tu n'y es arrivé.'