De l'amour
Livre XIII
texte français seul mis en page par Philippe Renault
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Athénée : deipnosophistes
Chroniques demi-mondaines
43. Καὶ ἄλλων δὲ ἑταιρῶν ἀπομνημονεύματα ὁ Μάχων συνήγαγεν, ὧν οὐκ ἄκαιρόν ἐστιν κατὰ τὸ ἑξῆς μνημονεῦσαι. Γναθαίνης μὲν οὕτως·
[Παρὰ Γναθαίνῃ Δίφιλος πίνων ποτὲ
« Ψυχρόν γ' , ἔφη, τἀγγεῖον, ὦ Γνάθαιν', ἔχεις.
»
« Τῶν σῶν γάρ, εἶπεν, ἐπιμελῶς, ὦ Δίφιλε,
εἰς αὐτό γ' αἰεὶ δραμάτων ἐμβάλλομεν. »]
Πρὸς τὴν Γνάθαιναν Δίφιλος κληθείς ποτε
ἐπὶ δεῖπνον, ὡς λέγουσι, τοῖς ᾿Αφροδισίοις,
τιμώμενος μάλιστα τῶν ἐρωμένων
(ᾔδει δ' ὑπ' αὐτῆς ἐκτενῶς ἀγαπώμενος)
παρῆν ἔχων δύο Χῖα, Θάσια τέτταρα,
μύρον, στεφάνους, τραγήματ', ἔριφον, ταινίας,
ὄψον, μάγειρον, τὰ μετὰ ταῦτ' αὐλητρίδα.
Καὶ τῶν ἐραστῶν Συριακοῦ τινος ξένου
πέμψαντος αὐτῃ χιόνα σαπέδρην θ' ἕνα,
αἰσχυνομένη τὰ δῶρα μή τις καταμάθῃ
φυλαττομένη τε πόλυ μάλιστα Δίφιλον,
μὴ δῷ δίκην μετὰ ταῦτα κωμῳδουμένη,
τὀ μὲν τάριχος εἶπε ταχέως ἀποφέρειν
πρὸς τοὺς σπανίζειν ὁμολογουμένους ἁλῶν,
τὴν χιόνα δ' εἰς τὸν ἄκρατον ἐνσεῖσαι λάθρᾳ·
τῳ παιδί τ' ἐπέταξ' ἐγχέανθ' ὅσον δέκα
κυάθους προσενεγχεῖν Διφῖλῳ ποτήριον.
ὑπερηδέως δὲ τὴν κύλικ' ἐκπίων ἄφνω
καὶ τὸ παράδοξον καταπλαγεὶς ὁ Δίφιλος
« Νὴ τὴν ᾿Αθηνᾶν καὶ θεοὺς, ψυχρόν γ', ἔφη
Γνάθαιν', ἔχεις τὸν λάκκον ὁμολογουμένως.
»
Ἣ δ' εἶπε
« Τῶν σῶν δραμάτων γὰρ ἐπιμελῶς
εἰς αὐτὸν αἰεὶ τοὺς προλόγους ἐμβάλλομεν.
»
Μαστιγίας μώλωπας ὑψηλοὺς ἔχων
μετὰ τῆς Γναθαίνης ἀπὸ τύχης ἀνεπαύετο.
Περιλαμβάνουσα δ' αὐτόν, ὡς ἀνώμαλον
τὸ νῶτον εἶχε παντελῶς, « Τάλαν, τάλαν
ἄνερ, πόθεν ἔχεις ταῦτ' ἔφη, τὰ τραύματα;
»
Κἀκεῖνος αὐτῇ συντόμως ἀπεκρίνατο
ὅτι παῖς ποτ' ὢν ἀνείλετ', εἰς πυράν ὅτε
παίζων μετά τινων ἡλικιωτῶν ἐνέπεσεν.
« Νὴ τὴν φίλην Δήμητρα, δικαίως τοιγαρ,
ἄνθρωπε, φησίν, ἐξεδάρης ἀκόλαστος ὤν.
»
Παρὰ Δεξιθέᾳ δειπνοῦσα θῄταίρᾳ ποτε
Γνάθαινα, τοὔψον ἀποτιθείσης πᾶν σχεδὸν
τῆς Δεξιθέας τῇ μητρί, « Νὴ τὴν ῎Αρτεμιν,
εἰ, φησίν, ᾔδει, ἡ Γνάθαινα, τοῦτ' ἐγώ,
τῇ μητρὶ συνεδείπνουν ἄν, οὐχὶ σοί, γύναι.
»
᾿Επεὶ προέβη τοῖς ἔτεσιν ἡ Γνάθαινα καὶ
ἤδη τελέως ἦν ὁμολογουμένη σοφός,
εἰς τὴν ἀγορὰν λέγουσιν αὐτὴν ἐξίναι
καὶ τοὔψον ἐφορᾶν καὶ πολυπραγμονεῖν πόσου
πωλεῖθ' ἕκαστον. Εἴτ' ἰδοῦσα κατὰ τύχην
ἱστῶντα κρεοπῶλην τιν' ἀστεῖον πάνυ
τῇ θ' ἡλικίᾳ σφόδρα νέον « Ὦ πρὸς τῶν θεῶν,
μειράκιον, ὁ καλός, φησί, πῶς ἵστης; φράσον.
»
ὃ δὲ μειδιάσας 'Κύβδ', ἔφη, τριωβόλου.'
« Τίς δ' οὑπιτρέψων ἐστί σοι, φησίν, τάλαν,
ὄντα γ' ἐν ᾿Αθήναις Καρικοῖς χρῆσθαι σταθμοῖς;
»
Στρατοκλῆς δύ' ἐρίφους προῖκ' ἐδίδου τοῖς γνωρίμοις
λοπάδας συνάλμους τε συναρτύειν δοκῶν
καὶ διψᾶν ὑπολειπόμενοι εἰς τὴν αὔριον
τοῖς ἐπισυνάπτειν βουλομένοις τὸν ἑωθινόν,
μακρὰς δὲ πράττειν εἰς τὰ λοιπὰ ξυμβολὰς.
Γνάθαινα δ' αὑτῆς εἶπε πρὸς ἐραστήν τινα
στραγγευόμενον ὁρῶσα περὶ τὰς συμβολάς·
« Στρατοκλῆς ἐπ' ἐρίφοις, φησί, χειμῶνας ποιεῖ.
»
᾿Ιδοῦσ' ἔφηβον ἡ Γνάθαιν' ἰσχνὸν πάνυ
καὶ μέλανα λεπτὸν θ', ὡς ἔοιχ', ὑπερβολῇ
καὶ λιπαρόν, ἔτι δὲ τῶν ἐφήβων βραχύτερον,
ἔσκωπτεν εἰς ῎Αδωνιν. ᾿Αναγώγως δέ πως
τοῦ μειρακίσκου καὶ τυραννικώτερον
αὐτῇ συναντήσαντος ἐμβλέψασα τῇ
θυγατρὶ μετ' αὐτῆς συνπρορευομένῃ λέγει·
« Δικαιότερον ἦν, ὦ τέκνον, νὴ τὼ θεώ...
»
Λέγουσι Ποντικόν τι μειρακύλλιον
ἀναπαυόμενον μετὰ Γναθαίνης ἀξιοῦν
πρῷον γενόμενον, ὥστε τὴν πυγὴν ἅπαξ
αὐτῷ παρασχεῖν· τὴν δὲ τοῦτ' εἰπεῖν « Τάλαν,
ἔπειτα τὴν πυγήν με νῦν αἰτεῖς, ὅτε
τἀς ὗς ἐπὶ νομὴν καιρός ἐστιν ἐξάγειν;
»
43.
C’est Machon qui a rassemblé toutes ces anecdotes
mémorables. Il avait aussi recueilli les bons mots d’autres courtisanes. Je
pense qu’il n’est pas hors de propos de vous en révéler quelques-uns.
Commençons par ceux de Gnathaina :
Un
jour, Diphilos fut convié à dîner par Gnathaina, le jour de la fête des
Aphrodisies. Il se croyait l’amant préféré de la courtisane et il était
venu chez elle avec deux jarres de Chios, quatre de Thasos, des parfums, des
couronnes, des raisins secs, un chevreau, de la viande, un cuisinier, et même
avec une joueuse flûte.
Pour ce même banquet, un étranger
originaire de Syrie, lui avait envoyé de la neige et des harengs-saurs. Très
déçue par ces piteux présents, redoutant surtout que Diphilos apprît la
chose et n’en fît allusion dans une de ses comédies, elle ordonna
d’emporter sur-le-champ les poissons et de les distribuer aux nécessiteux.
Quant à la neige, elle fut jetée dans un large cratère où un esclave fut
chargé de la mélanger avec une pinte de vin. Peu après, le vin en question
fut offert à Diphilos. Ce dernier apprécia et il but la coupe en un éclair.
L’air réjoui, il dit alors :
« Ma chère, tu disposes d’un
cellier qui garde bien le froid ! »
Alors elle de lui répondre :
« C’est que nous avons
l’habitude d’y entreposer le prologue de tes pièces ! »
Un homme dont le corps portait encre
les marques des coups de fouet qu’il avait subis, coucha avec Gnathaina.
Alors qu’elle l’enlaçait, elle s’aperçut combien son dos était abîmé
et elle lui dit :
« Mon pauvre garçon, d’où
te viennent de telles contusions ? »
Et il lui raconta comment jadis,
enfant, il avait sauté par-dessus un brasier en jouant avec ses camarades et
qu’il était tombé dedans.
Et elle de répliquer :
« Au nom de la vénérable Déméter,
il est tout à fait normal que l’on t’ait raboté le dos pour avoir fait
l’idiot pareillement ! »
Participant à un festin donné par
la courtisane Dexithéa, Gnathaina remarqua que son hôtesse mettait de côté
tous les morceaux de choix à l’intention de sa vieille mère.
« Par Artémis, s’écria-t-elle,
si j'avais su, je serais venue manger chez ta mère ! »
Un jour, alors qu’elle était
parvenue à un âge très avancé, digne, de l’avis général, de faire une
morte exemplaire, Gnathaina, au marché, regardait avec soin les denrées
qu’on lui proposait et en demandait leur prix. Par hasard, elle s’arrêta
devant l’étalage d’un boucher jeune et joli et elle lui dit :
« Eh là ! mon beau garçon,
par les dieux, combien pour ta viande ? »
Tout souriant, il lui répondit :
« Oh ! pour toi, trois oboles, pas plus ! »
Elle eut alors cette répartie :
« Comment peux-tu t’estimer
à si peu de valeur ? Ne sais-tu pas que les mesures cariennes n’ont pas
cours à Athènes ?
À un festin, Stratoclès avait
offert à ses convives deux chevreaux. Il avait fait en sorte de les saler
plus que de raison avec la secrète intention d’assoiffer ses invités, de
les faire boire et de garder ainsi à disposition jusqu’au repas du
lendemain matin : il pourrait alors exiger d’eux le paiement de la dépense
supplémentaire.
Un des amants de Gnathaina se faisant
tirer l’oreille pour payer son écot, la courtisane dit :
« Stratoclès va provoquer un
orage avec ses chevreaux ! »
Voyant un jeune homme très mince, la
peau brune, parfumé plus qu’il ne fallait, ayant en outre une taille assez
médiocre comparativement à celle des gens de son âge, Gnathaina, par dérision,
le traita « d’Adonis ». Mais quand notre éphèbe lui répliqua
par une volée d’insultes, elle dit en jetant un regard à sa fille qui
l’accompagnait :
« Par les deux déesses, mon
enfant, j’aurais mieux fait de me taire ! »
On rapporte qu’un jeune Pontin qui
avait couché avec elle, avait exigé, au petit matin, de la prendre par derrière.
Voici ce qu’elle lui répondit :
« Pauvre fou ! Tu veux mes
fesses alors qu’il est grand temps de mener les cochons au pâturage? »