Le temps des généraux : Pompée |
Spartacus |
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Reconstitution par les fragments des histoires de Salluste |
SALLUSTE : C. Sallustius Crispus se lança dans la politique dès sa jeunesse. Sa carrière fut brisée par l’assassinat de César. Suspecté d’avoir pactisé avec le parti populaire, il se retira dans ses célèbres jardins. Il écrivit de coniuratione Catilinae, Bellum Iugurthinum et Historiae (cette dernière oeuvre est perdue). |
SALLUSTE, Histoires, traduction française de la collection Panckouke par Charles DUROSOIR.
Introduction
On sait que Salluste, outre l'Histoire de la Conquête de la Numidie, celle de la Conjuration de Catilina, et ses deux Discours adressés à César sur le gouvernement de la république, avait, dans ses derniers jours, composé l'Histoire d'une partie du septième siècle de Rome, et la Description du Pont-Euxin. Ces deux ouvrages sont perdus, mais il en reste des fragments. Le premier contenait, en cinq ou six livres, adressés à Lucullus, fils du vainqueur de Mithridate, un récit des Événements civils et militaires arrivés dans lu république romaine depuis le consulat de Lépide et de Catulus, époque de la mort de Sylla, jusqu'au moment où le pouvoir que la loi Manilia conférait à Pompée remettait de nouveau la république sous la dictature d'un seul homme : Res populi romani, M . Lepido, Q. Catulo, coss., ac deinde miilitiae et domi gestas composui, disait Salluste au début de son ouvrage (1). Cet intervalle ne comprenait pas plus de quatorze années, de l'an de Rome 675 à l'an 688. Mais, comme l'historien remontait jusqu'au commencement des démêlés de Marius et de Sylla, c'est-à-dire jusque vers l'époque où s'était terminée la guerre de Jugurtha, l'an 650, et qu'il ne s'arrêtait que vers le temps de la conjuration de Catilina, on peut dire que le corps entier de ses histoires, y compris la Guerre de Jugurtha, son Histoire générale, et celle de la Conjuration de Catilina, embrassait un espace de cinquante ans. La perte de l'Histoire de Salluste est d'autant plus à regretter, que, par une fatalité singulière, tous les auteurs qui ont écrit d'une manière complète et suivie les annales de cette époque se trouvent avoir une lacune dans cet endroit intéressant. Cependant il reste de nombreux fragments de l'Histoire de Salluste, et de sa Description du Pont-Euxin, presque tous épars dans les anciens grammairiens latins et les vieux glossateurs. Tous ces lambeaux, rapportés par des rhéteurs qui n’avaient que la grammaire en vue, sont isolés, fort courts et d'un faible intérêt historique. Des fragments plus étendus, mais en petit nombre, ont été rapportés par Sénèque, Quintilien, Aulu-Gelle, Isidore de Séville, et surtout par saint Augustin, en son livre de la Cité de Dieu. Enfin Pomponius Létus, dans un manuscrit du Vatican, qui contenait la copie d'un grand nombre de morceaux tirés des anciens historiens, trouva quatre discours et deux lettres extraites de l'ouvrage perdu de Salluste. Janus Van-der-Does (Jean Douza), Riccoboni, Paul Manuce et Louis Carrion avaient commencé avec plus ou moins de succès à rassembler ces fragments et à les annoter ; mais, quelque louables qu'aient été leurs efforts, combien leur travail n'est-il pas inférieur à celui du président de Brosses! A son exemple, jaloux de reproduire tout ce qui nous reste de Salluste, M. Du Rozoir avait recueilli et traduit de nouveau, non seulement les six fragments les plus considérables de sa Grande Histoire, déjà publiés en français, mais encore un grand nombre de passages bien moins étendus, que les traducteurs n'avaient pas jugés dignes de leur attention. On aura donc dans cette édition le recueil le plus exact et le plus complet qui ait été fait jusqu'ici des Fragments de Salluste.-
(1) Fragment tiré de Pompeius Messalinus : de Numeris et pedibus orat., et de Priscianus, Intstit. grammaticae, lib . XV, c. III.
L'Italie était alors le théâtre d'une guerre qui menaça un instant le siège de la république. Soixante-treize esclaves, détenus à Capoue dans une académie de gladiateurs, brisent leurs armes et se réfugient sur le mont Vésuve : voilà le faible commencement d'un embrasement qui, comme une lave brûlante, remplit l'Italie de sang et de ruines. Les esclaves avaient à leur tête un homme supérieur : c'était Spartacus,
CCXCVI
lngens ipse virium atque animi.
Grand par son courage et sa vigueur,
Le préteur de la province, Claudius Pulcher, vient avec trois mille hommes les investir sur cette montagne. Les gladiateurs lui échappant par un stratagème hardi, et se répandent dans la Campanie. Là ils voient leur troupe se grossir d'une foule de montagnards et de brigands du pays . Spartacus appelle tous les esclaves à la liberté . Dans les discours qu'il leur adresse, il insiste surtout sur la mollesse et la tyrannie des maîtes, qui tirent du travail et des sueurs de leurs esclaves le moyen de vivre au sein du luxe et des voluptés. De tels hommes sont faciles à vaincre :
CCXCVII
Hi sunt qui secundum pocula et alias res aureas, diis
sacrata instrumenta convivia mereantur.
Ce sont ceux qui, profanant des coupes et d'autres vases d'or, instruments
consacrés au culte des dieux, font à table toutes leurs campagnes.
De toutes parts les esclaves accoururent sous ses drapeaux. Bientôt il compte dix mille hommes sous ses ordres, et, pour les équiper convenablement, il leur prescrit
CCXCVIII
Exuant armis equisque
De dépouiller de leurs armes et de leurs chevaux
les habitants des campagnes.
CCXCIX
Repente incautos agros invasis
Tout aussitôt, sur ces contrées sans défense on vit fondre
Cette armée d'esclaves . La Campanie est le premier théâtre de leurs excès . Chacun d'eux,
CCC
Ex insolentia avidus male faciundi
D’autant plus ardent à mal faire que le pouvoir de nuire est nouveau pour lui
se livre, comme à plaisir, à tous les abus de la force. Après avoir saccagé Cora, ils se surpassent encore par les horreurs qu'ils commettent à Nucera, à Noles. A leur entrée dans cette ville, chacun d'eux courut s'attacher aux objets de sa haine ou de son ressentiment personnel. On frémit au tableau de leurs cruautés :
CCCI
Nefandum in modum perverso volnere et interdum lacerum
corpus semianumum omittentes, alii in tecta jaciebant ignes, multique ex loco
servi, quos ingenium socios dabat, abdita a dominis aut ipsos trahehant ex
occulto ; neque sanctum aut nefandum quicquam fuit irae barbarorum et servilii
ingenio. Quae Spartacus nequiens prohibere multis precibus quo moraret (quum
oraret) celeritate praevertere..... nuntios...,
Dans leurs caprices atroces, ils se plaisent à laisser à demi morts les corps
déchirés des plus cruelles blessures ; on en voyait qui jetaient des feux sur
les toits des maisons; nombre d'esclaves de l'endroit même, disposés par
caractère à s'associer aux fugitifs, arrachaient des lieux les plus secrets
les objets cachés par leurs maîtres ou leurs maîtres eux-mêmes. Rien n'est
sacré, rien ne paraît trop criminel à
la fureur de ces barbares, à leur naturel d'esclaves Spartacus, ne pouvant
empêcher ces excès, malgré des prières réitérées...,
leur fit donner, par quelques affidés, le faux avis que le préteur Varinius Glaber arrivait avec ses troupes. Ce généreux stratagème sauva Noles d'une entière destruction. Ce préteur, en effet, n'était pas loin : Spartacus voulait, à son approche, abandonner les plaines de la Campanie et se replier en Lucanie, derrière les montagnes de l'Apennin. Trois mille fugitifs gaulois, ayant pour chef Oenomaüs, voulurent au contraire attaquer Varinius : ils furent défaits, Oenomaüs resta sur la place. Ses compagnons, émules de sa valeur, vendirent chèrement cet avantage aux Romains, et, après l'action, on trouva leurs cadavres
CCCII
Locum nullum, nisi in quo armati institissent
Sur la place même où ils avaient combattu.
Alors le reste des esclaves revint à l'avis de Spartacus, et la retraite commença, inquiétée par quelques corps de cavalerie qu'avait envoyés en avant le préteur. Spartacus,
CCCIb
Priusquam cum reliquo exercitu adesset Varinius, propere
nanctus idoneos ex callibus duces, Picentinis, deinde Eburinis jugis occultus ad
Nares Lucanas, atque inde, prima luce, pervenit ad Popili forum ignaris
cultoribus. Ac statim fugitivi contra praeceptum ducis rapere ad stuprum
virgines, matres; et alii...
Avant que Varinius arrivât avec le reste de son armée, s'étant sur-le-champ
assuré de bons guides à travers les sentiers, déroba sa marche en
s'enfonçant dans les gorges des Picentins, puis des Eburinins, arriva à Narès
de Lucanie, et de là, à la pointe du jour, à Popliforme , dont les habitants
ignoraient leur marche. Aussitôt les fugitifs, au mépris des ordres de leur
chef, violent les femmes et les filles, puis d’autres ...
ne songent qu'au meurtre et au pillage. Spartacus surprend Furius, lieutenant de Varius, et lui tue deux mille hommes. Varinius n'en parvint pas moins à resserrer les fugitifs dans une position désavantageuse,
CCCIc
Deinde fugitivi consumptis iam alimentis, nec suppeditantibus ex
propinquo,...tis ... instar et solita militiae vigilias stationesque et alia
munia exsequentes, secunda vigilia cuncti egrediunlur, relicto buccinatore in
castris et ad vigiliarum speciem procul visenti, erexerant fulta palis retentia
cadavera ac signa.
Ensuite les fugitifs ayant consommé tous leurs vivres, et n’en pouvant tirer
du voisinage, . . . sortent tous à la seconde veille, laissant dans leur camp
un trompette, et, pour offrir à quiconque eût regardé de loin l'aspect de
sentinelles, ils dressèrent sur des poteaux des corps récemment morts et des
enseignes.
Spartacus, sorti de ce pas dangereux, s'achemine vers la mer Supérieure, où il espérait se ménager une place de refuge. Cossinius, détaché pour s'opposer à ce dessein, vient camper aux bains salants de l'Apulie, entre les rivières du Cerbale et de l'Aufide. Les gens du pays tombèrent à l'improviste sur son camp. En ce moment
CCCIII
Cosinius in proximo fonte lavabatur
Cosinius se baignait dans une fontaine voisine
Il se sauva nu, et fut tué dans sa fuite. Bientôt les fugitifs attaquent Varinius lui -même, non qu'ils fussent tous armés en guerre, mais toute chose devenait une arme pour leur fureur : un épieu, une fourche ou tout autre outil de bois durci au feu, auxquels ils avaient donné
CCCId
M. Or trequii praeter s r ciem (duritiem) bello necessario
(necessariam) haud multo secus quam ferro noceri poterat.
La dureté nécessaire pour combattre, portait des coups presque aussi dangereux
que le sont ceux des armes de guerre .
CCCIe
At Varinius, dum haec aguntur a fugtiivis, aegra parte
militum autumni gravitate, neque ex postrema fuga, quum severo edicto
juberentur, ullis ad signa redeuntibus, et qui reliqui erant per summa flagitia
detrectantibus militiam, quaestorem suum C. Thoranium ex quo praesente vera
facillume noscerent. Commiserant (in Urbem miserant) et tamen interim cum
volentibus numero quatuor,
Mais, tandis que les fugitifs obtenaient tous ces succès, voyant qu’une
partie de ses soldats était atteinte des maladies qu’amère l’automne ;
que, depuis leur dernière déroute, aucun ne revenait aux drapeaux, malgré
l'édit sévère qui il avait rendu, et que ceux qui restaient mettaient la plus
honteuse lâcheté à se refuser au service, Varinius envoya C. Thoranius, son
questeur, à Rome, afin que, par témoin oculaire, on sût mieux l'état des
choses. Néanmoins, en attendant son retour avec quatre cohortes de soldats de
bonne volonté,
il alla en avant contre l'ennemi ; mais, ayant reçu quelques renforts, il put être maître de la campagne, resserra les fugitifs dans leurs incursions, et leur interdit l’accès de la Lucanie. Spartacus, dans la vue de rétablir ses communications avec cette province, s'approche du camp romain ; mais il était si bien fortifié, qu'il n'osa rien entreprendre.
CCCIf
Aliquot dies contra morem fiducia augeri nostris coepit et
promi lingua. Qua Varinius contra spectatam rem incaute motus novos
incognitosque, et aliorum casibus perculsos milites, ducit tamen ad castra
fugitivorum.
Quelques jours après, nos soldats, contre leur ordinaire, commencent à sentir
croître leur confiance, et à tenir un langage plus assuré. Varinius est
entraîné lui-même par cette ardeur inattendue ; il met de cóté les
précautions, puis, des soldats novices, non encore éprouvés, et tout
préoccupés des revers de leurs camarades, il les conduit néanmoins contre le
camp des fugitifs.
Dés que les romains aperçoivent de loin ceux-ci rangés en bon ordre et poussant des cris menaçants, leur courage s'ébranle.
CCCIg
Presso gradu silentes jam, neque tam magnifice sumentes
proelium, quam postulaverant.
Déjà, ralentissant le pas et gardant le silence, ils ne se présentent pas
aussi superbement au combat qu'ils l'avaient demandé.
Ils attaquent cependant la ligne ennemie ;
CCCIV
Quod ubi frustra tentatum est, socordius ire milites
occoepere, non aptis armis, uti in principio, et laxiore agmine.
Mais cette tentative n'ayant pas réussi, les soldats commencèrent à la charge
avec plus de mollesse, en ne tenant pas leurs armes serrées comme ils l'avaient
fait d'abord, et en desserrant les rangs.
D'ailleurs, harassés de s'être tenus en haleine depuis le matin, ils étaient si accablés par la chaleur.
CCCV
ut sustinere coprora plerique nequeuntes, fessi arma sua
quique stantes incumberent.
Que la plupart, pouvant à peine se soutenir, s'appuyaient, fatigués et fixés
sur leurs armes.
La défaite devient générale : Varinius donne le signal de la retraite et se replie sur la Lucanie, abandonnant aux esclaves toute la pointe de l'Italie jusqu'au détroit.
FRAGMENTS DU QUATRIÈME LIVRE
A Rome, les consuls avaient eu à pourvoir au soulagement du peuple, dans un moment où la cherté des blés, l'entretient de plusieurs armées employées à des guerres étrangères, et la révolte des fugitifs en Italie, avaient épuisé toutes les ressources du trésor et des contribuables. Gellius, l'un d'eux,
CCCXXVIII
Anxius animi atque incertus,
Plein d’anxiété et d'incertitude,
ne savait á quel parti s'arréter ;
CCCXXIX
At Cn. Lentulus patriciae gentis, collega ejus, cui
cognomen Clodiano fuit, per incertum stolidior, an vanior legem de pecunia, quam
Sulla emptoribus bonorum remiserat,.exigunda promulgavit.
Mais son collègue, Cn. Lentulus,d'une maison patricienne, et qui portait le
surnom de Clodianus, promulgua sans qu'on puisse dire s'il se montra plus
inconsidéré qu'inconséquent à ses principes une loi partant qu'on exigerait
des acheteurs des biens des proscrits toutes les sommes dont Sylla leur avait
fait la remise.
Cette proposition souleva tous les partisans de Sylla.
CCCXXX
Omnes, quibus aetas senecto corpore, animus militaris
erat,
Tous ceux qui, malgré leur âge, conservaient dans un corps vieilli l'esprit
militaire
étaient prêts à se soulever et à renouveler la guerre civile ; car, depuis les sanglantes querelles de Sylla et de Marius,
CCCXXXI
Qui quidem mos, uti tabes ; in Urbem conjectus
Dans Rome était répandue, comme un fléau contagieux, la manie
de vouloir tout décider par violence. Il fallut renoncer à cette ressource dangereuse qu'assurément,
CCCXXXII
Consilii aeger
Bien mal conseillé,
Lentulus avait cru devoir mettre en
avant.
Spartacus, loin de se laisser éblouir par ses succès, s'occupa sérieusement
de discipliner la révolte dont il était le chef. Il promulgua des lois et des
statuts tendant à maintenir l'ordre parmi cette foule de gens sans aveu qui
l'avaient choisi pour chef. Ces lois n'avaient dans le principe été faites que
pour la Lucanie, d'où les fugitifs étaient d'abord sortis en plus grand
nombre. Mais, voyant affluer à son camp les esclaves de l'Etrurie et de la
Gaule cisalpine, Spartacus étendit ces règlements à tous les fugitifs des
cités gauloises, latines ou étrusques, qui entraient dans la ligue. Ainsi
CCCXXXIII
Citra Padum omnibus lex Lucania fratra facit.
la loi Lucanienne devint commune à tous les fugitifs, même en deçà du Pô.
Pour mettre un frein à la cupidité des esclaves, il établit que, dans son camp,
CCCXXXIV
Neu quis miles, neve pro milite,
Aucun soldat, ni tout autre en faisant les fonctions,
n’introduirait aucune matière d'or
ou d'argent.
Les levées faites, Gellius et Lentulus marchent contre les fugitifs. Spartacus,
fidèle à son système de circonspection, ne songe qu'à opérer sa retraite
vers les Alpes ; mais le chef des Gaulois, Crixus,
CCCXXXV
Impotens et nimius animi est ;
Se laisse enfler par le succès, au point de ne se posséder plus ;
il ne rêve que la conquête de Rome. Ses compatriotes partageaient sa présomption. Ainsi les fugitifs
CCCXXXVI
Dissidere inter se coepere, neque in medium consultare.
Commencèrent à ne plus être d'accord entre eux, et à ne plus tenir conseil
en commun.
Mais la division devint plus marquée parmi eux au moment où la présence de deux consuls armés contre eux aurait dû les engager à l'union.
CCCIh
Atque illi certamini conscii, inter se juxta seditionem
erant. Crixo et gentis ejusdem Gallis atque Germanis obviam ire et ultro obferre
pugnam cupientibus ; contra Spartacum
Ainsi ces fugitifs. tous d'accord pour soutenir la lutte, étaient sur le point
d'en venir entre eux à une sédition. Crixus et ceux de sa nation, Gaulois et
Germains, s'obstinèrent à aller au devant de l'ennemi, et à lui offrir la
bataille ; Spartacus, au contraire,
de continuer son chemin pour exécuter son plan. Gellius cependant s'était avancé le long de l'Apennin. Crixus, à la tête de ses vingt mille Germains ou Gaulois, marcha au-devant de lui par la Lucanie et l'Apulie, et le joignit sur le territoire des Samnites. Là on en vint aux mains. Dans cette circonstance, la valeur impétueuse des Gaulois leur procura un avantage dont ils ne surent pas profiter. Ils avaient repoussé les Romains, qui abandonnèrent leur camp. Les Barbares y entrèrent, mais n'osèrent pas le piller entièrement pendant la nuit.
CCCXXXVII
Revorsi postero die, multa qui properantes deseruerant in
castris, nacti quum se ibi cibo, vinoque laeti invitarent,
Le retour au camp le lendemain , ils trouvèrent quantité de choses que, dans
leur précipitation, les Romains avaient abandonnées ; et, pendant que, joyeux,
ils s'excitaient à boire et à manger,
ils furent surpris par les légions aux ordres du préteur Arrius, qui les mit en complète déroute. Crixus fut tué comme il tâchait, à force de valeur, de réparer sa faute. Cependant Spartacus dirigeait sa marche par la branche des Apennins qui longe l'Étrurie. Mais il trouva le consul Lentulus disposé à lui disputer le passage. Il résolut de le forcer avant qu'il eût opéré sa jonction avec Gellius.
CCCXXXVIII
Igitur legiones pridie in monte positas arcessivit ;
Il fit donc harceler les légions, qui depuis la veille étaient postées sur la
montagne ;
mais Lentulus,
CCCXXXIX
Collegam minorem, et sui cultorem exspectans,
Attendant soi collègue, moins âgé que lui, et qui lui témoignait beaucoup
d'égards,
n'accepta point la bataille. Cependant Gellius approchait. Au moyen d'abatis et de tranchées pratiquées dans les défilés, Spartacus arrête la marche de cet adversaire comme il était déjà presque à la vue des légions de Lentulus, puis il attaqua ce dernier avec impétuosité.
CCCXL
Et eodem tempore Lentulus duplici acie locum editum multo
sanguine suorum defensus, postquam ex sarcinis paludamenta adstari et delectae
cohortes intelligi coepere,
En même temps Lentulus , qui, en présentant un double front, avait su
défendre sa position sur une élévation, non sans perdre beaucoup de monde,
dès qu'il aperçut la casaque de pourpre sur les bagages de son collègue, et
que les cohortes d'élite, commençant à se montrer à ses yeux,
débouchaient de la vallée voisine, n'hésita pas à quitter les hauteurs pour accélérer sa jonction avec son collègue ; mais il ne fit que ménager à Spartacus une victoire plus facile et plus complète, à la suite de laquelle, afin d'honorer les mânes de Crixus, il força
CCCXLI
Oppobrii gratia,
Pour les couvrir d’opprobre
quatre cents prisonniers romains de combattre comme gladiateurs autour du bûcher de ce chef. Malgré ce sucrés, Spartacus, toujours éloigné de toute présomption,
CCCXLII
Avidior modo properandi factus
N’en fut que plus empressé à hâter sa marche
vers les Alpes. Arrivé sur le Pô, un débordement subit arrêta son mouvement vers les Alpes, et le força de se replier sur Rome. Le préteur Arrius, ayant recueilli les débris des légions dans le Picénum, vient au-devant des fugitifs : il leur livre bataille, il est vaincu ; et les Romains, dans une déroute complète,
CCCXLIII
Divorsa, uti
solet rebus perditis, capessunt. Namque alii fiducia gnaritans locorum occultam
fugam, alii globis eruptionem textavere
Prennent, comme il arrive en un pareil désastre, la fuite en diverses
directions ; les uns, se fiant à la connaissance des lieux, essayent à se
dérober par la fuite ; les autres , se ralliant en petits corps, forcent les
passages.
D'autres, ayant sur leur chemin
CCCXLIV
Rursus jumenta nancti ad oppidum ire conntendunt.
Trouvé des bêtes de somme, se hâtent de se réfugier dans la ville voisine.
Ce désastre jette la consternation dans Rome. La foule des citoyens, les femmes, les enfants éperdus.
CCCXLV
Genua Patrum advolvuntur,
Se jettent aux genoux des sénateurs,
pour les conjurer de détourner le danger qui menace la ville. Crassus, alors préteur, se présente : il s'offre à marcher contre les fugitifs . Sa confiance inspire quelque résolution aux bons citoyens ; ils viennent en grand nombre et s'enrôlent sous ses ordres. Ayant pris
CCCXLVI
parmi eux tous les vétérans et centurions
Ab his omnes evocatos et centuriones
retirés du service, il en forme le noyau de ses nouvelles levées. Il eut avis aussi que les villes latines assemblaient une troupe
CCCXLVII
Qui en peu de jours se trouverait réunie sous les armes.
Quae cis paucos dies juncta in armis foret.
A peine sorti de Rome, il envoya en avant Mummius, son lieutenant, avec ordre de recueillir les débris de l'armée d'Arrius, et d'éviter surtout une action avec Spartacus. Mummius n'obéit pas : il fut vaincu ; et Crassus, après avoir recueilli les fuyards, sévit contre les troupes de Mummius, qui avaient montré de la lâcheté. Il fait décimer les cohortes,
CCCXLVIII
Sorte ductos fusti necat.
Et périr sous le bâton ceux que le sort a désignés.
CCCXLIX
Dein, lenita jam ira, postero die liberalibus verbis
permulcti sunt.
Ensuite, sa colère étant apaisée, il réconforta le lendemain ses
légionnaires par des paroles encourageantes.
Fidèle au plan qu'il avait prescrit à Mummius, après s'être emparé des défilés de l'Apennin, il se contente d'observer la marche de Spartacus, le harcelant quelquefois, et ne s'arrêtant jamais
CCCL
Ex parte cohortum praecipere instructa, et stationes
locatae pro castris,
Sans tirer de chaque cohorte les soldats les mieux dressés, qu'il portait en
gardes avancées au-devant de son camp.
Spartacus reconnut qu'il avait un adversaire digne de lui, et il reprit le chemin de la Lucanie, suivi d'assez prés par l'armée romaine. Il voulait regagner son ancienne retraite dans l'Abruzze, avec l'espoir de s'y maintenir en prenant position sur l’Apennin. De ce côté,
CCCLI
Omnis Italia coacta in angustias scinditur in duo
promontoria bruttium et salentinum.
Toute l'Italie, resserrée par un dé Croit, se termine coupée par deus
promontoires, celui du Buttium et celui des Salentins.
Il se flattait, à tout événement,
CCCLII
Serum bellum in angusstiis futurum.
Que dans des défilés la guerre pourrait se prolonger.
Spartacus comptait, en outre, passer en Sicile sur les vaisseaux des pirates, et transporter le théâtre de la guerre dans cette île où deux fois les esclaves en révolte avaient osé faire tête aux Romains. Serrés de près par l'armée de Crassus, les fugitifs
CCCLIII
In silva Sila fugerunt.
Se réfugièrent dans la forêt Sila.
Alors Spartacus entra en marché avec les pirates, pour qu'ils lui fournissent des bâtiments de passage ; mais ceux-ci, après avoir reçu l'argent, repartirent. Crassus, pour enfermer Spartacus dans la pointe méridionale de l'Italie, fit creuser un fossé d’une mer à l'autre. Dès que ce
CCCLIV
Labos,
Travail,
qui employa plusieurs
CCCLV
Luces,
Journées
fut achevé, les fugitifs se virent
CCCLVI
Clausi
lateribus, altis pedem
Enfermés de tous cotés par un retranchement de [quinze] pieds
de profondeur sur autant de large ; nul moyen de s'échapper. Spartacus songe alors à passer le détroit sur des radeaux ; mais l'entreprise était impossible dans cette mer resserrée. C'est ici le lieu de parler de la situation relative de la Sicile et de l'Italie. A ce sujet, les traditions varient, et la tradition
CCCLVII
In quis longissimo aevo plura de bonis falsa in deterius
composuit.
A parmi ces récits, grâce à l'éloignement des temps, rendu encore plus
absurdes plusieurs fables tirées
d'un fond de vérité.
CCCLVIII
Otaliam conjunctam Siciliae constat fuisse; et, dum esset una tellus, medium
spatium, aut per humilitatem obrutum est aquis, aut propter angustiam scissum,
II est certain que l'Italie fut jointe à la Sicile ; et, lorsqu'elle ne formait
qui un seul continent, l'isthme qui les unissait s'est trouvé ou submergé par
les eaux, à cause de son peu d'élévation, ou coupé par elles, à cause de
son peu d'étendue,
CCCLIX
Atque hiavit humus vasta et profunda
Et le sol s'entr’ouvrit à une grande profondeur,
qui fut aussitôt comblée par les flots de la mer.
CCCLX
Inde Rhegium nominatum.
De là ce lieu a été nommé Rhegium.
CCCLXI
Ut autem curvum sit, facit natura mollioris Italiae, in
quam asperitas et altitudo Siciliae aestum relidit ;
Ce qui arrondit ce détroit, c'est le gisement du sol de l'Italie, qui est plus
bas, et la hauteur du sol de la Sicile, qui rejette sur cette contrée l'action
des vagues,
car, à vrai dire, le terrain
CCCLXII
Italia plana et mollis,
De l'Italie est peu élevé, et doux à gravir,
à l'exception des dépendances de la chaîne de l'Apennin. On prétend que, pour garantir la Sicile des débordements auxquels elle se trouvait exposée, ses habitants construisirent, à force de bras, une digue très-élevée. C'est aujourd'hui
CCCLXIII
Pelorum , promontorium Siciliae, respiciens Aquélonem,
dictum a gubernatore Annibalis illic sepulto, qui fuerat occisus per regis
ignorantiam, quum se ejus dolo crederet esse dereptum, veniens de Petilia
Le cap Pélore, situé dans la partie septentrionale de la Sicile, ainsi appelé
du nom d'un pilote d'Annibal, qui y fut inhumé. Il fut victime de l'ignorance
de son chef, qui, à son retour de Petilia, croyait avoir été égaré par la
trahison de ce pilote
dans ces parages qui lui étaient inconnus,
CCCLXIV
Ad Siciliam vergens faucibus non amplius patet millibus V
et XXX.
Le détroit qui forme courbure le long de la Sicile n’a pas plus de
trente-cinq milles de long.
CCCLXV
Est autem arctissimum trium millium spatio Siciliam ab
Italia dividens, fabulosis infame monstris , quibus hinc et inde Scylla et
Charybdis ostenditur. Scyllam accolae saxum in mari imminens appellant, simile
celebratae formae procul visentibus. Unde et monstruosam speciem fabulaa illi
dederunt, quasi formam hominis capitibus succinctam caninis, qui collisi ibi
fluctus latratus videntur exprimere.
Dans sa moindre largeur, il sépare la Sicile de l'Italie sur un espace de trois
mille pas. II est fameux par ces monstres fabuleux, Charybde d'un côté, Scylla
de l'autre, qui se montrent au navigateur. Les habitants appellent Scylla un
rocher qui s'élève au-dessus de la mer, et qui, de loin, offre à l'oeil
quelque apparence de la forme qu'on lui a tant attribuée : voilà pourquoi la
Fable lui a donné l'aspect d'un monstre à forme humaine, entouré de têtes de
chiens, parce que les flots, qui se brisent contre cet écueil, font un bruit
qui ressemble à des aboiements.
CCCLXVI
Charybdis , mare vorticosum,
autour de Charybde la mer forme un gouffre,
car elle engloutit tout ce qui s'en approche ; ce qui a donné lieu à la fable d'une femme vorace qui, pour avoir enlevé les boeufs d'Hercule, fut d'un coup de foudre précipitée dans la mer. Les courants que forment Charybde,
CCCLXVII
Quod forte illata naufragia sorbens gurgitibus occultis,
millia sexaginta tauromenitana ad litora trahit,
Absorbant par des gouffres cachés les objets naufragés que des accidents y
amènent, vont les poster à soixante milles de là, aux ravages de Tauromenium,
CCCLXVIII
Ubi se laniata navigia fundo emergunt.
Où les vaisseaux, mis en pièces, ressortent du fond des eaux.
Traverser un pareil détroit sur des radeaux et de faibles embarcations était impossible. Les fugitifs revinrent donc dans la forêt Sila, résolus de forcer, les armes à la main, le fossé creusé par Crassus ;
CCCLXIX
Sin vis obsistat, fer o quam fame aequius perituros.
Car, si les efforts de l'ennemi y mettaient obstacle, encore valait-il mieux
périr par le fer que par la faim.
Ce coup désespéré réussit ; les fugitifs franchirent la barrière. Le dessein de Spartacus était de gagner Brindes et de faire une nouvelle tentative pour sortir d'Italie par mer ; mais les Gaulois, toujours disposés à la révolte, firent de nouveau bande à part, et allèrent camper sur les marais salans de Lucanie. Crassus marche aussitôt au-devant d'eux, les attaque, les bat ; et il en aurait fait un grand carnage, si Spartacus, qui survint, n'eut donné à ses ingrats compagnons le temps de se rallier et de se retrancher sur le mont Calamarque. Dans une seconde journée, un détachement romain, aux ordres de Pontinius et de Marcius Rufus, lieutenants de Crassus, était au moment de s"emparer, à la faveur de l'obscurité, d'une éminence qui dominait le camp gaulois :
CCCLXX
Quum interim, lumine etiam tum incerto, duae Galliae
mulieres conventuum vitantis, ad menstrua solvenda,montem ascendunt
Lorsque, sur l'entrefaite, le jour commençant à peine à poindre, deux femmes
gauloises, qui, pour passer leur époque, étaient au moment de se séquestrer
de la société, gravirent la hauteur
d'un autre côté. Elles découvrirent la marche du détachement, et donnèrent l'alarme au camp. Les Gaulois, avertis, reçurent si bien ceux qui comptaient les surprendre, qu'ils auraient remporté à leur tour la victoire, si Crassus n'était survenu avec le gros de l'armée. Il choisit, pour les attaquer, un bas-fond humide où l'avantage du terrain était pour lui
CCCLXXI
Simul eos et cunctos jam
inclinatos laxitate loci, plures cohortes, atque omnes, ut in secunda re,
pariter acre invadunt.
Alors, comme ils étaient tous et chacun en désordre, à cause de la
difficulté de se tenir sur leurs pieds dans ce terrain glissant, ils virent
tomber sur eux les premières cohortes, puis le reste de l'armée de Crassus,
avec cette ardeur qui ne manque jamais au soldat quand il est sûr de
l'avantage.
Les Gaulois furent repoussés et perdirent dix mille hommes. Dans une seconde action, qui eut lieu le soir même, Crassus remporta une seconde victoire sur les fugitifs ; six mille des leurs restèrent encore sur le champ de bataille. Les Romains firent neuf cents prisonniers, et recouvrèrent cinq aigles romaines, vingt-six drapeaux et cinq faisceaux armés. de haches. Toutefois, à Rome, la consternation était extrême, et le peuple demandait à grands cris le rappel de Pompée. Cet heureux général, après avoir détruit ou rallié à ses drapeaux les armées ennemies, n'avait plus qu'à faire rentrer dans l'obéissance les villes jusqu'alors demeurées fidèles au parti de Sertorius. Calagurris seule opposa une résistance invincible. Les habitants, plutôt que de se rendre, eurent le courage de manger les corps de leurs femmes et de leurs enfants morts de faim ;
CCCLXXII
Parte consumta, reliqua cadaverum ad diuturnitatem usus
sallerent.
Et, après avoir consommé une partie des cadavres, ils salèrent le reste, afin
de le conserver pour cet usage.
La ville finit par être prise d'assaut, détruite, et les habitants passés au fil de l'épée. Les romains, en entrant dans la place, trouvèrent
CCCLXXIII
Reliqua cadavera salita.
Le reste des cadavres en salaison.
La ruine de Calagurris entraîna la fin de la guerre en Espagne. Metellus alors sortit de la Péninsule et
CCCLXXIV
Exercitum dimisit, ut primum Alpes digressus est.
Licencia son armée, dés qu'il eût passé les Alpes.
Toujours épris de son importance,
CCCLXXV
Pompeius, devictis Hispanis, tropaea in Pyrenaeis jugis
constituit.
Pompée éleva sur les monts Pyrénées des trophées, monument de ses victoires
sur les Espagnols.
C'est à cela qu'il employa ses troupes ; accoutumé qu'il était à braver les lois, il n'eut garde de les licencier. Spartacus cependant s'était réfugié sur le mont Cliban, près de Pétélie. Crassus détache contre lui Tremellius Scrofa, son questeur, et Quinctius, son lieutenant ; ils sont défaits, et, cette victoire inspirant aux fugitifs une confiance funeste, ils forcent leur capitaine à les conduire en Lucanie. C'était aller au-devant des désirs de Crassus, qui voulait vaincre avant l'arrivée de Pompée. Le résultat d'une dernière bataille, que Spartacus aurait voulu éviter, fut décisif : il y perd la vie, et sa mort devient la fin de la guerre ; mais dans cette action les fugitifs ont bien fait leur devoir, et aucun d'eux
CCCLXXVI
Haud impigre neque multas occiditur
Ne périt lâchement et sans vengeance
Après le combat, Crassus poursuvit les fugitifs jusqu'à ce qu'ils fussent détruits . On leur donna la chasse comme à des bêtes fauves. De retour à Rome, il reçut l'honneur de l'ovation : on ne crut pas devoir récompenser par le grand triomphe le vainqueur dans une guerre servile. Cependant
CCCLXXVII
Unus constitit in agro lucano, gnarus loci, nomine
Publipor.
Un seul chef des révoltés se maintint dans la Lucanie, grâce à la
connaissance des lieux ; il se nommait Publipor.
Près de cinq mille esclaves se
rallièrent autour de lui. Déjà il avait fait quelques progrès, lorsqu'un
malheureux hasard le fit tomber dans l'armée de Pompée, qui revenait
d'Espagne. En une seule action, la troupe de Publipor fut détruite, et Pompée
ne craignit pas de mettre ce facile avantage au-dessus des succès bien
autrement réels de Crassus.
Ainsi se termina cette guerre honteuse pour Rome, bien qu'en cette occasion elle
fût parvenue à vaincre des ennemis dont la valeur personnelle est au-dessus de
toute comparaison.
Dans d'autres circonstances, elle avait vaincu facilement de grandes nations
pourvues de tous les moyens d'attaque et de défense : ici ce sont des ennemis
qui d'esclaves se sont faits hommes, et à qui la plus indomptable fureur
fournit des armes.
CCCLXXVIII
Hi locorum pergnari, etsoliti nectere ea viminibus vasa
agrestia, ibi, tum quum inopia scutorum fuerat, ad eam artem se quisque in
formam parmae equestris armabat.
Parfaitement au fait des localités, et habitués à recouvrir d'osier des vases
agrestes, grâce à cette industrie, chacun d'eux put s'armer d' un bouclier de
forme semblable à ceux de la cavalerie.
Ils recouvrirent l'osier avec le cuir des bestiaux qu'ils avaient enlevés dans la campagne,
CCCLXXIX
De pecore coria recens detracta quasi glutino
adolescebant.
Et ces cuirs, récemment écorchés, s’y appliquaient sur-le-champ, comme si
on les eût collés.