Le temps des généraux : Pompée |
Conjuration de Catilina |
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SALLUSTE : C. Sallustius Crispus se lança dans la politique dès sa jeunesse. Sa carrière fut brisée par l’assassinat de César. Suspecté d’avoir pactisé avec le parti populaire, il se retira dans ses célèbres jardins. Il écrivit de coniuratione Catilinae, Bellum Iugurthinum et Historiae (cette dernière oeuvre est perdue). |
Salluste désigne quelques conjurés à propos de cette réunion du mois de juin 690, où il nous dit que Catilina dévoila ses projets à ses amis. Il n'a pas sans doute la prétention de les nommer tous ; il prend les plus connus, les plus importants, ceux qui ont rempli les fonctions les plus élevées. Il s'y trouve deux anciens consuls, des préteurs, des questeurs et d'autres membres du Sénat. Ce qu'il y a de plus remarquable, c'est qu'ils appartiennent tous aux rangs les plus élevés de la société romaine. Ce sont des Cornelii, des Calpurnii, des Statilii, de proches parents de Sylla, un Cassius, un Gabinius, un Fulvius Nobilior, les gens les plus connus de Rome. Et en plus des femmes ! |
Sed in iis erat Sempronia, quae multa saepe virilis audaciae facinora commiserat. Haec mulier genere atque forma, praeterea viro liberis satis fortunata fuit; litteris Graecis Latinis docta, psallere et saltare elegantius quam necesse est probae, multa alia, quae instrumenta luxuriae sunt. Sed ei cariora semper omnia quam decus atque pudicitia fuit; pecuniae an famae minus parceret, haud facile discerneres; libido sic accensa, ut saepius peteret viros quam peteretur. Sed ea saepe antehac fidem prodiderat, creditum abiuraverat, caedis conscia fuerat: luxuria atque inopia praeceps abierat. Verum ingenium eius haud absurdum: posse versus facere, iocum movere, sermone uti vel modesto vel molli vel procaci; prorsus multae facetiae multusque lepos inerat. Catilina, 25 |
Parmi toutes ces femmes, je citerai
Sempronia, auteur de maints forfaits perpétrés avec une audace toute
virile. Pour la famille et la beauté, comme pour son mari et ses enfants,
la fortune l'avait bien traitée. Versée dans les lettres grecques et
latines, elle chantait et dansait trop élégamment pour une honnête
femme, et elle avait bien d'autres talents, vrais instruments de volupté.
Mais toujours elle eut à coeur tout autre chose que l'honneur et la
pudeur ; il est difficile de dire lequel pesait le moins pour elle, de son
argent ou de sa réputation ; elle brûlait d'un tel feu qu'elle cherchait
les hommes, plus qu'elle n'était recherchée par eux. Souvent, avant le
moment où nous sommes, elle avait trahi sa foi, nié les dépôts qu'on
lui avait confiés, joué son rôle dans des assassinats ; le luxe et le
manque de ressources l'avaient jetée tête baissée dans l'abîme. Au
demeurant, son esprit ne manquait pas de distinction ; elle savait faire
des vers, manier la plaisanterie ; sa conversation était tantôt modeste,
tantôt provocante et dévergondée ; enfin, c'était une femme
extrêmement spirituelle et gracieuse.
Catilina, 25, traduction François Richard, Garnier, sans date. |
texte
pris sur le site nimispauci
III Nous venons de voir ce qu'on peut
savoir -- ou soupçonner - de ces troupes que Catilina avait réunies à
Fesulae. Les conjurés de Rome étant plus en lumière et portant de
grands noms, nous avons plus de renseignements sur eux. Quand on connaît
Catilina, on n'a pas de peine à imaginer comment tant de personnages
importants s'attachèrent à lui. Pour ne pas remonter plus haut que ce
qu'on appelle la première conjuration, nous avons vu que ce complot, qui
n'était qu'un coup de main peu préparé et mal exécuté, échoua par
l'impéritie de quelques-uns et la lâcheté du plus grand nombre.
Catilina n'avait rien perdu à cet échec ; au contraire, il y gagna de
s'être fait mieux connaître. Parmi tous ces gens faibles, hésitants, il
s'était montré vigilant, énergique, prêt à tout : c'étaient les
qualités d'un chef de parti. Aussi est-il probable que tous ceux qui
cherchaient fortune prirent dès lors l'habitude de se grouper autour de
lui. Pendant les deux années qui suivirent, il ne quitta pas Rome ; il
dut en profiter pour accroître le nombre de ses partisans. Salluste en
désigne quelques uns à propos de cette réunion du mois de juin 690, où
il nous dit que Catilina dévoila ses projets à ses amis. Il n'a pas sans
doute la prétention de les nommer tous ; il prend les plus connus, les
plus importants, ceux qui ont rempli les fonctions les plus élevées. Il
s'y trouve deux anciens consuls, des préteurs, des questeurs et d'autres
membres du Sénat. Ce qu'il y a de plus remarquable, c'est qu'ils
appartiennent tous aux rangs les plus élevés de la société romaine. Ce
sont des Cornelii, des Calpurnii, des Statilii, de proches parents de
Sylla, un Cassius, un Gabinius, un Fulvius Nobilior, les gens les plus
connus de Rome. On n'est pas habitué à voir tant de personnages de ce
rang figurer ensemble dans un complot révolutionnaire. C'est le
caractère particulier de la conjuration de Catilina ; elle est
véritablement, comme l'appelle un poète de ce temps, un attentat de
patriciens, patricium nefas (Sénèque le
Père, Suas. VI, 26). A ces grands noms, Catilina en ajouta
d'autres après son échec aux élections de 690. On nous dit qu'il
chercha alors à se faire des adhérents nouveaux, et ce qui prouve qu'il
n'avait rien perdu de son prestige, c'est qu'il y réussit. Nous savons
par Cicéron que, parmi ceux qui grossirent en ce moment son parti, se
trouvait Caelius. La conquête était d'importance : il n'y avait pas,
dans la jeunesse de ce temps, de nom plus connu que le sien. Au Forum, on
avait peur de sa parole mordante, et il était déjà regardé comme un
orateur redoutable. Cicéron, qui l'avait formé, lui reprochait de ne pas
savoir se contenir. "Il est plus violent que je ne voudrais",
disait-il ; mais précisément ces violences faisaient sa popularité. En
même temps, c'était un héros de la mode. On remarquait l'élégance de
sa mise, l'éclat particulier de sa tunique de pourpre, et il ne
paraissait en public qu'entouré d'un cortège d'admirateurs et d'amis. LA CONJURATION DE CATILINA PAR GASTON BOISSIER de l'Académie française, PARIS, LIBRAIRIE HACHETTE ET Cie, 79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 1905. |
abeo,
is, ire, ii, itum : s'éloigner, partir abiuro, as, are : faire un faux serment; nier une dette par serment absurdus, a, um : 1 - discordant, faux, désagréable, choquant. - 2 - dépourvu de sens, sot, absurde. - 3 - intempestif, hors de propos, étranger à. - 4 - incapable, propre à rien. accendo, is, ere, di, sum : embraser, allumer, exciter, attiser alius, a, ud : autre, un autre an, conj. : est-ce que, si (int. ind.), ou (int. double) antehac, adv. : auparavant, jusqu'à présent. atque, conj. : et, et aussi audacia, ae, f. : l'audace caedes, is, f. : le meurtre, le massacre carior, oris : comparatif de carus, a, um : cher committo, is, ere, misi, missum : confier qqch à qqn, (- proelium) : engager le combat, se risquer, s'exposer (+ut +subj.) conscius, a, um : 1 - qui sait avec d'autres, confident, témoin, complice. - 2 - qui a la conscience de, conscient de. - 3 - qui se sent coupable. credo, is, ere, didi, ditum : I. 1. confier en prêt 2. tenir pour vrai 3. croire II. avoir confiance, se fier decus, oris, n. : la gloire, l'honneur discerno, is, ere, crevi, cretum : discerner, séparer doctus, a, um : savant ea, 1. ablatif féminin singulier, nominatif ou accusatif neutres pluriels de is, ea, id (ce, cette, le, la...) 2. adv. : par cet endroit ei, datif singulier ou nominatif masculin pluriel de is, ea, id : lui, à celui-ci, ce,... eius, génitif singulier de is, ea, id : ce, cette, son, sa, de lui, d'elle elegantius, comparatif neutre ou adverbial de elegans, antis : distingué, délicat et, conj. : et. adv. aussi facetia, ae, f. : (surtout au pl.) le trait d'esprit, le bon mot, la plaisanterie facile, adv. : facilement facinus, oris, n. : 1. l'action, l'acte 2. le forfait, le crime facio, is, ere, feci, factum : faire fama, ae, f. : la nouvelle, la rumeur, la réputation fides, ei, f. : 1. la foi, la confiance 2. le crédit 3. la loyauté 4. la promesse, la parole donnée 5. la protection (in fide : sous la protection) forma, ae, f. : la forme, la beauté, le plan fortunatus, a, um : heureux, favorisé par la chance genus, eris, n. : la race, l'origine, l'espèce Graecus, a, um : Grec haud, inv. : vraiment pas, pas du tout hic, haec, hoc : adj. : ce, cette, ces, pronom : celui-ci, celle-ci iis, datif ou ablatif pluriels de is, ea, id : le, la, les, lui... ce,.. in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre ingenium, ii, n. : les qualités innées, le caractère, le talent, l'esprit, l'intelligence inopia, ae, f. : la pauvreté, le manque instrumentum, i, n. : 1 - l'ameublement, le mobilier. - 2 - l'attirail, le bagage, l'équipage, l'outillage, les outils, les ustensiles, le mobilier, le matériel, l'équipement. - 3 - les ornements, les vêtements. - au fig. 1. les matériaux, les ressources, l'instrument, le moyen, le procédé, les secours. - 4 - les actes, les documents, les pièces écrites, l'acte, le contrat. - 5 - les archives. insum, es, esse : être dans iocus, i, m. : la plaisanterie Latinus, a, um : Latin lepos, oris, m. : la grâce, le charme, l'humour liberi, orum, m. pl. : les enfants (fils et filles) libido, dinis, f. : le désir, l'envie, la débauche littera, ae, f. : la lettre luxuria, ae, f. : l'abondance, la profusion, l'intempérance, l'arbitraire minus, adv. : moins modestus, a, um : modéré, mesuré, calme, vertueux, modeste (Modestus, i, m. : Modestus) mollis, e : mou, fluide, souple, flexible moveo, es, ere, movi, motum : déplacer, émouvoir mulier, is, f. : la femme multus, a, um : en grand nombre (surtout au pl. : nombreux) necesse, adj. inv. : inévitable, inéluctable, nécessaire omnis, e : tout parco, is, ere, peperci, parsum : 1.épargner 2. préserver 3. cesser, s'abstenir de pecunia, ae, f. : 1 - l'avoir en bétail. - 2 - la fortune, les richesses, les biens. - 3 - la monnaie, l'argent, la somme d'argent. peto, is, ere, i(v)i, itum : 1. chercher à atteindre, attaquer, 2. chercher à obtenir, rechercher, briguer, demander possum, potes, posse, potui : pouvoir praeceps, cipitis : la tête en avant, précipité, penché, en déclivité, emporté (praeceps, ipitis, n. : l'abîme, le précipice - praeceps adv. au fond, dans l'abîme) praeterea, inv. : 1 - en outre, de plus, encore. - 2 - ensuite, dès lors, désormais, après cela. - 3 - d'autre part. - primum... praeterea : d’abord... ensuite. probus, a, um : 1 - bon, de bonne qualité. - 2 - habile à, propre à. - 3 - vertueux, honnête, intègre, probe, loyal, droit. - 4 - chaste, pudique. procax, acis : 1 - qui demande effrontément. - 2 - effronté, insolent, impudent, provocant, audacieux, hardi. - 3 - libertin, impudique, lascif. prodo, is, ere, didi, ditum : publier, trahir, transmettre prorsus, adv. : en avant, directement, tout à fait, absolument psallo, is, ere, pasalli, - : jouer de la cithare pudicitia, ae, f. : la chasteté, la pudeur, la moralité quae, 4 possibilités : 1. nominatif féminin singulier, nominatif féminin pluriel, nominatif ou accusatif neutres pluriels du relatif = qui, que (ce que, ce qui) 2. idem de l'interrogatif : quel? qui? que? 3. faux relatif = et ea - et eae 4. après si, nisi, ne, num = aliquae quam, 1. accusatif féminin du pronom relatif = que 2. accusatif féminin sing de l'interrogatif = quel? qui? 3. après si, nisi, ne, num = aliquam 4. faux relatif = et eam 5. introduit le second terme de la comparaison = que 6. adv. = combien saepe, inv. : souvent saepius, comp. de saepe : plus souvent salto, as, are : danser, jouer la pantomime; exécuter (une danse), jouer (une pièce). satis, adv. : assez, suffisamment sed, conj. : mais semper, adv. : toujours Sempronius, a, um : de Sempronius (lex Sempronia) - Sempronius, i, m. : Sempronius - Sempronia, ae, f. : Sempronia sermo, onis, m. : 1. l'entretien, la conversation 2. le dialogue, la discussion 4. le discours 5. la langue sic, adv. : ainsi ; sic... ut : ainsi... que sum, es, esse, fui : être ut, conj. : + ind. : quand, depuis que; + subj; : pour que, que, de (but ou verbe de volonté), de sorte que (conséquence) adv. : comme, ainsi que utor, eris, i, usus sum : utiliser vel, adv. : ou, ou bien, même, notamment (vel... vel... : soit... soit...) versus, us, m., : 1. le sillon 2. la ligne, le vers verum, conj. : vraiment, en vérité, mais vir, viri, m. : l'homme, le mari virilis, e : viril, d'homme, mâle, masculin |
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