Le temps des généraux : Pompée |
Guerre contre César |
Les druides |
LUCAIN
:
M.
Annaeus Lucanus est le fils de M. Annaeus Méla, le frère cadet de
Sénèque. Né à Cordoue en 39, il vint à Rome avec sa famille dès 40.
Parmi ses maîtres on trouve le philosophe stoïcien Cornutus. Parmi ses
condisciples figurait le poète Perse, un peu plus âge que lui. Son milieu social et sa précocité littéraire aidant, Lucain devint vite un protégé de Néron qui lui accorder la questure avant l'âge légal ainsi que l'augurat. Lors de sa première apparition en public, le poète obtint le premier prix aux Neronia de 60, en présentant un éloge de l'empereur. Mais la disgrâce n'allait pas tarder, provoquée par la jalousie de Néron, qui se croyait des talents littéraires, ou peut-être par des raisons politiques, puisqu'on assiste alors à la mise à l'écart de Sénèque et de tout le clan des Annaei. Impliqué dans la conjuration de Pison en 65, Lucain fut contraint au suicide : il avait 26 ans. Son oeuvre se confond pour nous avec une épopée dont il nous reste dix livres (le dixième est incomplet ou inachevé) : la Pharsale. Ce titre est incorrect et résulte d'une mauvaise interprétation du vers 9,985, où figure l'expression Pharsalia nostra ; Lucain avait intitulé son poème Bellum civile. Mais nous continuons, par habitude, à l'appeler la Pharsale. |
César rappelle ses légions de Gaule. Lucain détaille toutes les peuplades de Gaule et termine en parlant des Druides. |
Vos
quoque, qui fortes animas belloque peremptas Lucain, I, 447 - 462 |
Vous aussi poètes, vous qui avez par
vos louanges conduit à l’éternité les âmes courageuses de ceux qui
sont morts au combat, vous qui sans peur avez répandu de nombreux chants,
vous les bardes. Et vous druides qui une fois la guerre terminée vous
avez repris vos rites barbares et votre sinistre coutume des sacrifices. A
vous seuls il a été donné de connaître les dieux, les divinités du
ciel, à vous seuls il a été donné de les ignorer. Vous habitez au fond
des forêts dans des bois reculés. Pour vous les ombres ne recherchent
pas les demeures silencieuses de l'Erèbe ni le blême royaume souterrain
de Pluton. Un même souffle dirige nos membres dans un autre monde. Si
vous chantez la vérité, la mort est le milieu d'une longue vie. Ils sont
donc heureux dans leur erreur ces peuples que regarde la Grande Ourse : la
plus grande peur, celle de la mort, ne les accable pas. A cause de cela il
y a chez les hommes un esprit enclin à prendre les armes, des âmes
capables de mourir et l'idée qu'il est lâche d'épargner une vie qui
doit renaître.
Lucain, I, 447 - 462 |
Savoir-plus : les druides http://jfbradu.free.fr/celtes/les-celtes/savoir-plus-druides.htm On trouve de nombreuses allusions aux druides dans toute la littérature antique. Le texte le plus complet se trouve chez César (Guerre des Gaules, VI, 13-14) : « Partout en Gaule, il y a des classes d'hommes qui comptent et sont considérés. [...] L'une est celle des druides, l'autre celle des chevaliers. Les premiers s'occupent des choses de la religion, ils président aux sacrifices publics et privés, règlent les pratiques religieuses [...] tranchent presque tous les conflits entre États et particuliers. [...] Chaque année, à date fixe, ils tiennent leurs assises à un lieu consacré, au pays des Carnutes, qui passe pour occuper le centre de la Gaule. [...] On croit que leur doctrine est née en [Grande] Bretagne; [...] de nos jours encore ceux qui veulent en faire une étude approfondie vont s'instruire là-bas. Les druides s'abstiennent habituellement d'aller à la guerre et ne paient pas d'impôt. [...] Attirés par de si grands avantages, beaucoup viennent spontanément suivre leurs leçons. [...] On dit qu auprès d'eux ils apprennent par coeur un nombre considérable de vers. Aussi plus d'un reste-t-il vingt ans à l'école. Ils estiment que la religion ne permet pas de confier à l'écriture la matière de leur enseignement. [...] Le point essentiel de leur enseignement, c'est que les âmes ne périssent pas mais qu'après la mort elles passent d'un corps dans un autre; ils pensent que cette croyance est le meilleur stimulant du courage. [...] En outre, ils se livrent à de nombreuses spéculations sur les astres, [...] sur les dimensions du monde, [...] sur la nature des choses, [...] sur la puissance des dieux et sur leurs attributions. » César s'intéresse surtout au rôle social et politique des druides : membres de l'aristocratie, ils détiennent le monopole de l'enseignement et d'importants pouvoirs en matière de justice, dans une Gaule divisée par les rivalités entre cités et factions, où le clergé apparaît comme la seule institution unitaire. Le message de César paraît clair : s'apprêtant à quitter la Gaule, fin 52 ou courant 51 av JC, époque de la rédaction finale de son ouvrage, il met en garde la future administration romaine sur les dangers que peut représenter cette force d'opposition. Effectivement, le druidisme va bientôt être persécuté par Auguste, Tibère, et enfin Claude. Notre principale source sur ce sujet est Suétone, dans ses Vies des douze Césars : « Il [Claude] abolit complètement en Gaule la religion atroce et barbare des druides, qui, sous Auguste, avait été interdite aux seuls citoyens. » Claude, à partir
de 43, se lance dans la conquête de la Grande-Bretagne, terre
d'origine et foyer du druidisme : il entend assurer ses arrières
en Gaule. « Les druides - c'est le nom qu'ils donnent à leurs mages - n'ont rien de plus sacré que le gui et l'arbre qui le porte [...] et [...] ils n'accomplissent aucune cérémonie religieuse sans son feuillage. [...] C'est un fait qu'ils regardent tout ce qui pousse sur cet arbre comme envoyé du ciel. [...] On trouve très rarement du gui et, quand on en a découvert, on le cueille en grande pompe religieuse. [...] Ils l'appellent dans leur langue "celui qui guérit tout". Ils préparent au pied de l'arbre un sacrifice et un festin religieux et amènent deux taureaux blancs dont les cornes sont liées pour la première fois. Un prêtre, vêtu de blanc, monte dans l'arbre, coupe le gui avec une serpe d'or et le reçoit sur un sayon blanc. Ils immolent ensuite les victimes. [...] Ils croient que le gui, pris en boisson, donne la fécondité à tout animal stérile, qu'il est un remède contre tous les poisons. Tant les peuples mettent d'ordinaire de religion dans des objets frivoles!» Il est inutile d'insister sur le caractère exceptionnel de la cérémonie. L'image, pourtant restée bien vivace, du druide vêtu d'une robe blanche comme d'un uniforme, ne repose sur rien d'autre que ce texte. Tout laisse penser qu'en temps normal, les druides étaient habillés comme tout le monde, et montaient à cheval comme tous les aristocrates gaulois. L'importance du chêne, ou des feuilles de chêne, dans leurs cérémonies, est peut-être exagérée par Pline, influencé par la fausse étymologie qui rattache leur nom à drus, le « chêne », en grec ; or on estime aujourd'hui que le mot signifie les « très savants », en rapport avec une racine « wid » qu'on retrouve dans le latin « video » (je vois, je sais). En fait, la cueillette du gui à usage médicinal a surtout une finalité pratique, et Pline lui-même (XXIV, 12) nous apprend que les Romains aussi cueillaient le gui, le récoltaient sur une toile tendue, et croyaient qu'il guérissait la stérilité des femmes ; mais eux qui n'étaient pas des Barbares n'y mettaient pas de « religion »... D’après l’Histoire n° 176. J-L Cadoux. |
ab,
prép. : + Abl. : à partir de, après un verbe passif = par aevum, i, n. : l'époque, la durée, l'âge alius, a, ud : autre, un autre altus, a, um : haut, profond, grand (métaph.) anima, ae, f. : le coeur, l'âme Arctus, i, m. : l'Ourse (au pl. la grande et la petite Ourse) arma, orum, n. : les armes artus, us, m. : l’articulation auctor, oris, m. : 1. le garant 2. la source 3. le modèle 4. l'auteur, l'instigateur aut, conj. : ou, ou bien barbaricus, a, um : barbare bardus, i, m. : le barde, le chanteur et poète chez les Gaulois bellum, i, n. : la guerre caelum, i, n. : le ciel cano, is, ere, cecini, cantum : 1. chanter, résonner, retentir 2. prédire, prophétiser 3. jouer d'un instrument de musique capax, acis : capable, qui peut contenir, spacieux carmen, minis, n. : le poème, l'incantation, le chant certe, adv. : certainement, sûrement cognosco, is, ere, novi, nitum : 1. apprendre à connaître, étudier ; pf. : savoir 2. reconnaître 3. instruire (une affaire) despicio, is, ere, spexi, spectum : regarder d'en haut, mépriser deus, i, m. : le dieu dimitto, is, ere, misi, missum : 1. envoyer dans tous les sens 2. disperser 3. renvoyer, laisser partir 4. renoncer à, abandonner Dis, Ditis, m. : Dis, ou Pluton (dieu des enfers) do, das, dare, dedi, datum : donner druida, ae, m. : le druide Erebus, i, m. : l'Erèbe, les enfers error, oris, m. : l'erreur, la tromperie et, conj. : et. adv. aussi felix, icis, heureux ferrum, i, n. : le fer (outil ou arme de fer) fortis, e : fort, vigoureux, courageux, fundo, is, ere, fusi, fusum : étendre, répandre, disperser haud, inv. : vraiment pas, pas du tout idem, eadem, idem : le (la) même ignavuus, a, um : sans activité, indolent, paresseux, mou ille, illa, illud : adjectif : ce, cette (là), pronom : celui-là, ... in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre incolo, is, ere, ui, cultum : habiter inde, adv. : de là, donc laus, laudis, f. : la louange, la gloire, l'honneur letum, i, n. : la mort, la ruine, la destruction longus, a, um : long lucus, i, m. : le bois sacré maximus, a, um : superlatif de magnus, a, um : grand medius, a, um : qui est au milieu, en son milieu mens, mentis, f. : l'esprit metus, us, m. : la peur, la crainte mors, mortis, f. : la mort mos, moris, m. : sing. : la coutume ; pl. : les moeurs nemus, oris, n. : la forêt, le bois nescio, is, ire, ivi, itum : ignorer non, neg. : ne...pas nosse, infinitif parfait de nosco, is, ere : connaître numen, inis, n. : l' assentiment, la volonté ; la volonté des dieux, la puissance divine; un dieu, une divinité orbis, is, m. : le cercle, le globe. - terrarum : le monde pallidus, a, um : pâle, blême parco, is, ere, peperci, parsum : épargner perimo, is, ere, emi, emptum : détruire, anéantir, tuer peto, is, ere, ivi, itum : 1. chercher à atteindre, attaquer, 2. chercher à obtenir, rechercher, briguer, demander plurimi, ae, a : pl. superlatif de multi - très nombreux pono, is, ere, posui, situm : 1. poser 2. déposer 3. placer, disposer 4. installer 5. présenter, établir populus, i, m. : le peuple profundo, is, ere, fudi, fusum : répandre, épancher, verser profundus, a, um : profond; dense, épais; élevé pronus, a, um : penché, en pente, incliné, enclin (prona, orum, n. : les pentes) qui, 1. n N.M.S ou N.M.PL. du relatif 2. idem de l'interrogatif 3. après si, nisi, ne, num = aliqui 4. Faux relatif = et ei 5. interrogatif = en quoi, par quoi quoque, adv. : aussi quos, 1. ACC. MASC. PL. du relatif. 2. Idem de l'interrogatif. 3. après si, nisi, ne, num = aliquos. 4. faux relatif = et eos redeo, is, ire, ii, itum : revenir regnum, i, n. : le pouvoir royal, le trône, le royaume rego, is, ere, rexi, rectum : commander, diriger remotus, a, um : éloigné de (ab et abl.); étranger à (ab et abl.) repeto, is, ere, ivi/ii, titum : 1. chercher de nouveau, chercher à récupérer 2. ramener 3. reprendre par la pensée, évoquer 4. revendiquer, réclamer ritus, us, m. : le rite, l'usage, la cérémonie ruo, is, ere, rui, rutum : se précipiter, se ruer; tomber, s'écrouler sacrum, i, n. : la cérémonie, le sacrifice, le temple securus, a, um : tranquille, sûr sedes, is, f. : le siège, la place si, conj. : si sinister, tra, trum : gauche, sinistre solus, a, um : seul spiritus, us, m. : 1. l'air 2. le souffle 3. la vie 4. l'inspiration 5. la suffisance, l'arrogance, l'orgueil sum, es, esse, fui : être suus, a, um : adj. : son; pronom : le sien, le leur tacitus, a, um : tacite, muet timor, oris, m. : la peur, la crainte umbra, ae, f. : l'ombre urgueo, es, ere, ursi, - : presser, accabler vates, is, m. : prophète, poète vir, viri, m. : l'homme, le mari vita, ae, f. : la vie vos, vestrum : vous |
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