Aristote : Morale à Eudème

ARISTOTE

 

MORALE A EUDEME

LIVRE I : DU BONHEUR.

CHAPITRE VII

chapitre VI - chapitre VΙΙI

 

 

 

Morale à Eudème

 

 

 

 MORALE A EUDÈME

LIVRE I.

DU BONHEUR.

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  CHAPITRE VII.

Du bonheur. --- On convient que c'est le plus grand des biens accessibles à l'homme. L'homme seul, en dehors de Dieu, peut être heureux. Les ares inférieurs à l'homme ne peuvent jamais être appelés heureux.

1 Πεπροοιμιασμένων δὲ [καὶ] τούτων, λέγωμεν ἀρξάμενοι πρῶτον ἀπὸ τῶν πρώτων, ὥσπερ εἴρηται, οὐ σαφῶς [20] λεγομένων, ζητοῦντες ἐπὶ τὸ σαφῶς εὑρεῖν τί ἐστιν ἡ εὐδαιμονία.

2 μολογεῖται δὴ μέγιστον εἶναι καὶ ἄριστον τοῦτο τῶν ἀγαθῶν τῶν ἀνθρωπίνων. νθρώπινον δὲ λέγομεν, ὅτι τάχ᾽ ἂν εἴη καὶ βελτίονός τινος ἄλλου τῶν ὄντων εὐδαιμονία, οἷον θεοῦ. 3 Τῶν μὲν γὰρ ἄλλων ζῴων, ὅσα χείρω τὴν [25] φύσιν τῶν ἀνθρώπων ἐστίν, οὐθὲν κοινωνεῖ ταύτης τῆς προσηγορίας· οὐ γάρ ἐστιν εὐδαίμων ἵππος οὐδ᾽ ὄρνις οὐδ᾽ ἰχθὺς οὐδ᾽ ἄλλο τῶν ὄντων οὐθέν, ὃ μὴ κατὰ τὴν ἐπωνυμίαν ἐν τῇ φύσει μετέχει θείου τινός, ἀλλὰ κατ᾽ ἄλλην τινὰ τῶν ἀγαθῶν μετοχὴν τὸ μὲν βέλτιον ζῇ τὸ δὲ χεῖρον αὐτῶν. 4 [30] λλ᾽ ὅτι τοῦτον ἔχει τὸν τρόπον, ὕστερον ἐπισκεπτέον· νῦν δὲ λέγομεν ὅτι τῶν ἀγαθῶν τὰ μέν ἐστιν ἀνθρώπῳ πρακτὰ τὰ δ᾽ οὐ πρακτά. Τοῦτο δὲ λέγομεν οὕτως, διότι ἔνια τῶν ὄντων οὐθὲν μετέχει κινήσεως, ὥστ᾽ οὐδὲ τῶν ἀγαθῶν· καὶ ταῦτ᾽ ἴσως ἄριστα τὴν φύσιν ἐστίν. νια δὲ πρακτὰ μέν, ἀλλὰ [35] πρακτὰ κρείττοσιν ἡμῶν. 5 πειδὴ δὲ διχῶς λέγεται τὸ πρακτόν (καὶ γὰρ ὧν ἕνεκα πράττομεν καὶ ἃ τούτων ἕνεκα μετέχει πράξεως, οἷον καὶ τὴν ὑγίειαν καὶ τὸν πλοῦτον τίθεμεν τῶν πρακτῶν, καὶ τὰ τούτων πραττόμενα χάριν, τά θ᾽ ὑγιεινὰ καὶ τὰ χρηματιστικά), δῆλον ὅτι καὶ τὴν [40] εὐδαιμονίαν τῶν ἀνθρώπῳ πρακτῶν ἄριστον θετέον.

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1 Tous ces préliminaires posés, commençons, comme on dit, par le commencement; c'est-à-dire, en partant d'abord de données [20] qui n'ont pas toute la clarté désirable, arrivons à savoir aussi clairement que possible ce que c'est que le bonheur.

 2 On convient généralement que le bonheur est le plus grand et le plus précieux de tous les biens qui peuvent appartenir à l'homme. Quand je dis à l'homme, j'entends que le bonheur pourrait être aussi le partage d'un être supérieur à l'humanité, c'est-à-dire de Dieu. 3 Mais quant aux autres animaux, qui sont tous inférieurs [25] à l'homme, ils ne peuvent jamais en rien participer à cette désignation ni recevoir ce nom. On ne dit pas que le cheval, l'oiseau, le poisson sont heureux ; pas plus qu'aucun de ces êtres qui n'ont point dans leur nature, comme leur nom seul l'indique, quelque chose de divin, mais qui vivent d'ailleurs plus ou moins bien, en ayant leur part en quelqu'autre manière des biens répandus dans le monde. 4 [30] Nous prouverons plus tard qu'il en est ainsi. Mais nous nous bornons maintenant à dire que pour l'homme il y a certains biens qu'il peut acquérir, et qu'il en est d'autres qui lui sont interdits. Nous entendons par là que, de même que certaines choses ne sont point sujettes au mouvement, de même il y a des biens qui ne peuvent pas non plus y être soumis ; et ce sont peut-être les plus précieux de tous par leur nature. Il est en outre quelques-uns de ces biens qui sont accessibles sans doute, mais [35] qui ne le sont que pour des êtres meilleurs que nous. 5 Quand je dis accessibles, praticables, ce mot a deux sens : il signifie tout ensemble, et les objets qui sont le but direct de nos efforts, et les choses secondaires qui sont comprises dans notre action en vue de ces objets. Ainsi, la santé, la richesse sont placées au nombre des choses accessibles à l'homme, au nombre des choses que l'homme peut faire, de même qu'y est placé aussi tout ce qu'on fait pour atteindre ces deux buts, à savoir les remèdes et les spéculations lucratives de tout genre. Donc évidemment, [40] le bonheur doit être regardé comme la chose la plus excellente qu'il soit donné à l'homme de pouvoir obtenir.

 

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Ch. VII. Morale à Nicomaque, livre I, ch. 7 ; Grande Morale, livre I, ch. 2.

§ 1. Qui n'ont pas toute la clarté désirable. Voir ci-dessus le début du chapitre précédent, § 1.

§ 2. Le plus grand... de tous les biens. En exceptant toujours la vertu.

D'un être supérieur à l'humanité. Voir la Morale à Nicomaque, livre X, ch. 8, § 7.

§ 3. Ni recevoir ce nom. C'est par un abus de mots qu'on peut dire de quelques animaux domestiques qu'ils sont heureux, par l'existence que l'homme leur assure.

En ayant leur part... des biens répandus dans le monde. Pensée délicate et vraie, autant que profonde.

§ 4. Nous prouverons plus tard. Il n'y a rien dans la Morale à Eudème qui se rapporte à ceci ; et je ne crois pas que cette question, d'ailleurs si intéressante, ait été traitée dans aucun ouvrage d'Aristote. C'est aussi l'avis de M. Spengel dans sa dissertatien sur les écrits moraux d'Aristote, Mémoires de l'académie des sciences de Bavière, tome III , p. 491. M. Fritssch dans son édition croit que ceci se rapporte au livre VI de la Morale à Eudème, ch. 14, § 7; mais ce passage évidemment n'est pas en rapport avec la discussion qu'on annonce ici. Pour l'homme il y a certains biens. Appréciation très saine des limites imposées à la nature de l'homme.

Ce sont peut-être les plus précieux. Il eût été bon de préciser quels peuvent être ces biens. Est-ce l'immortalité par exemple ?

Pour des êtres meilleurs que nous. Les Dieux sans doute.

§ 5. Donc évidemment. Conclusion peu rigoureuse de ce qui précède.