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 Athénée : les deipnosophistes 

De l'amour

Livre XIII

texte français seul mis en page par Philippe Renault

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Je hais les femmes mariées.

 

 

7. Τοιαῦτα πολλὰ τοῦ Λαρηνσίον λέγοντος ὁ Λεωνίδης ψέγων τὸ τῆς γαμετῆς ὄνομα τὰ ἐκ τών Μάντεων ᾿Αλέξιδος προηνέγκατο ταυτί [τῶν ἐπῶν] ·
ὦ δυστυχεῖς ἡμεῖς <... οἱ> πεπρακότες
τὴν τοῦ βίου παρρησίαν καὶ τὴν τρυφήν ·
γυναιξὶ δοῦλοι ζῶμεν ἀντ' ἐλευθέρων.
῎Επειτ' ἔχειν προῖκ' , οὐχὶ τιμὴν πάσχομεν ;
Πικράν γε καὶ μεστὴν γυναικείας χολῆς.
῾Η τῶν γὰρ ἀνδρῶν ἐστι πρὸς ἐκείνην μέλι ·
ο μέν γε συγγνώμην ἔχουσ' ἀδικούμενοι,
αὗται δ' ἀδικοῦσαι καὶ προσεγκαλοῦσ' ἔτι ·
ὧν οὐκ ἐχρῆν ἄρχουσιν, ὧν δ' ἄρχειν ἐχρῆν
ἀμελοῦσιν, ἐπιορκοῦσιν, οὐδὲ ν κακὸν
ἔχουσι καὶ κάμνειν λέγουσ' ἑκάστοτε.

Ξέναρχος δ' ἐν ῞Υπνῳ φησίν ·
εἶτ' εἰσὶν οἱ τέττιγες οὐκ εὐδαίμονες,
ὧν ταῖς γυναιξὶν οὐδ' ὁτιοῦν φωνῆς ἔνι ;

Φιλέταιρος Κορινθιαστῇ ·
ὡς τακερόν, ὦ Ζεῦ, καὶ μαλακὸν τὸ βλέμμ' ἔχει.
Οὐκ ἐτὸς ῾Εταίρας ἱερόν ἐστι πανταχοῦ,
ἀλ' οὐχὶ γαμετῆς οὐδαμοῦ τῆς ῾Ελλάδος.

῎Αμφις δ' ἐν ᾿Αθάμαντι ·
εἶτ' οὐ γυναικός ἐστιν εὐνοικώτερον
γαμετῆς ἑταίρα ; πολύ γε καὶ μάλ' εἰκότως.
μὲν νόμῳ γὰρ καταφρονοῦσ' ἔνδον μένει,
δ' οἶδεν ὅτι ἢ τοῖς τρόποις ὠνητέος
ἄνθρωπός ἐστιν ἢ πρὸς ἄλλον ἀπιτέον.

7. Après que Larensis eut récité de nombreux vers du même tonneau, Léonidès, méprisant jusqu’au nom même du mariage, cita ces quelques tirés du Devin d'Alexis

 

 

 

« Ô malchanceux que nous sommes, nous les hommes mariés ! Nous avons tellement vendu notre indépendance et nos plaisirs que nous vivons pareils à des esclaves, soumis à nos femmes, nous qui étions libres. On dit que c’est pour la dot que nous devons payer un prix si élevé : en fait, quelle est amère cette dot et remplie de bile féminine ! Car la bile de l’époux est un miel exquis quand on la compare à celle de sa femme : les hommes, eux, savent pardonner, alors que ces dames en rajoutent dans l’injure et, par dessus le marché, elle rejettent leurs propres torts sur le dos de leur mari. En outre, elles font la loi sur ce qui ne les regarde pas, tandis qu’elles négligent les choses qui sont de leurs compétences ; elles parjurent, et, bien qu'elles se portent à merveille, elle se plaignent toujours d’être malades. »

 

 

Et Xénarque dit dans son Sommeil :

« Les cigales ne sont-elles pas heureuses ? Leurs femelles n'ont pas de voix. »

 

Philetairos dans son Corinthien :

 

« Ô Zeus, comme son regard est doux et harmonieux ! Il n'est pas étonnant qu'à travers la Grèce, on trouve partout des sanctuaires dédiés à l'Aphrodite Courtisane et aucun à l'Aphrodite conjugale.»

 

Et Amphis dans Athamas :

 

« Une courtisane n'est-elle pas plus douce qu'une femme mariée ? Je dirai plus encore, et pour de bonnes raisons. L'épouse, protégée par la loi, reste à la maison, ce qui la rend arrogante, tandis que la courtisane sait qu'un homme ne peut être conquis qu’à la faveur de ses charmes, ou sinon, elle doit aller chercher ailleurs. »

 

Alexis.

Alexis est quelquefois un moraliste à la façon d'Antiphane : « Il n'est pas de rempart, il n'est pas de trésor, il n'est rien au monde qui soit malaisé à garder comme une femme. » Mais souvent il l'est à la sienne, c'est-à-dire avec une verve cynique et une sorte de débraillé qui remettent en mémoire les joyeusetés de Rabelais et les propos des beuveurs : « Quels contes est-ce que tu nous débites-là ? Et le Lycée, et l'Académie, et l'Odéon, niaiseries de sophistes, où je ne vois rien qui vaille ! Buvons, Sicon, mon cher Sicon ; buvons à outrance, et menons joyeuse vie tant qu'il y a moyen d'y fournir. Vive le tapage, Manès ! Rien de plus aimable que le ventre. Le ventre, c'est ton père; le ventre, c'est ta mère. Vertus, ambassades, commandements, vaine gloire que tout cela, et vain bruit du pays des songes ! La mort mettra sur toi sa main de glace au jour marqué par les dieux. Que te demeurera-t-il alors ? ce que tu auras bu et mangé, et rien de plus. Le reste est poussière : poussière de Périclès, de Codrus ou de Cimon ! »
Les derniers vers de ce morceau semblent imités de la fameuse épitaphe qu'on lisait, dit-on, sur le tombeau de Philippe, père d'Alexandre : « J'emporte avec moi tout ce que j'ai mangé, le souvenir de mes débauches et des plaisirs que me donna l'amour. »
Alexis n'aimait ni Platon ni les pythagoriciens, et semble avoir été lui-même, jusqu'à un certain point, l'apôtre de ce sensualisme grossier qu'enseignait dans la comédie son professeur de débauche. Il y a une scène fort spirituelle où il nous peint Platon, Speusippe, Ménédème et les disciples de l'Académie discutant sur la nature, distinguant le règne animal des arbres et des légumes, et cherchant à quel genre appartient la citrouille. Sur les pythagoriciens, Alexis ne tarit pas. Il se moque de ces gens qui vivent, comme il dit, de pythagorismes, de raisonnements bien limés et de pensées bien fines. Il ne veut pas qu'on mette le ventre au régime. Il ne croit même pas qu'on l'y mette en effet. Pour lui les pythagoriciens ne sont que des hypocrites, fidèles à la lettre de la doctrine, non à son esprit. N'est-ce pas là le sens de ce passage, qui vient à la suite d'une énumération des règles de l'institut pythagorique : « Epicharidès pourtant, qui est de la secte, mange du chien. - Oui, mais du chien mort : ce n'est plus un être animé. » 
Pierron Alexis, Histoire de la littérature grecque, Hachette, 1875

 Ἄλεξις, Θούριος, ὅστις πρότερον Σύβαρις ἐκαλεῖτο, κωμικός. ἐδίδαξε δράματα σμε#: γέγονε δὲ πάτρως Μενάνδρου τοῦ κωμικοῦ. ἔσχε δὲ υἱὸν Στέφανον, καὶ αὐτὸν κωμικόν. (SUIDAS)

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