APPIEN D'ALEXANDRIE
Guerres civiles livre IV
LES PROSCRPTIONS (1)
L'horreur
IV. 17. Ἠρξατο μὲν δὴ τὸ κακὸν ἐκ συντυχίας ἀπὸ τῶν ἐν ἀρχαῖς ἔτι ὄντων, καὶ πρῶτος ἀνῃρέθη δημαρχῶν Σάλουιος. Ἱερὰ δέ ἐστιν ἡ ἀρχὴ καὶ ἄσυλος ἐκ τῶν νόμων καὶ τὰ μέγιστα ἴσχυεν, ὡς καὶ τῶν ὑπάτων τινὰς ἐς τὰς φυλακὰς ἐμβαλεῖν. Καὶ ἦν ὅδε ὁ δήμαρχος ὁ τὸν Ἀντώνιον ἐν μὲν ἀρχῇ κεκωλυκὼς εἶναι πολέμιον, ὕστερον δὲ συμπεπραχὼς ἐς πάντα Κικέρωνι. Πυθόμενος δὲ τῶν τριῶν ἀνδρῶν τῆς τε συμφρονήσεως καὶ τῆς ἐς τὴν πόλιν ἐπείξεως τοὺς οἰκείους εἱστία ὡς οὐ πολλάκις αὐτοῖς ἔτι συνεσόμενος· ἐσδραμόντων δὲ ἐς τὸ συμπόσιον τῶν ὁπλιτῶν οἱ μὲν ἐξανίσταντο σὺν θορύβῳ καὶ δέει, ὁ δὲ τῶν ὁπλιτῶν λοχαγὸς ἐκέλευεν ἠρεμεῖν κατακλιθέντας, τὸν δὲ Σάλουιον, ὡς εἶχε, τῆς κόμης ἐπισπάσας ὑπὲρ τὴν τράπεζαν, ἐς ὅσον ἔχρῃζε, τὴν κεφαλὴν ἀπέτεμε καὶ τοῖς ἔνδον αὖθις ἐκέλευεν ἀτρεμεῖν, ὡς ἔχουσι, μὴ θορύβου γενομένου πάθοιεν ὅμοια. Οἱ μὲν δὴ καὶ οἰχομένου τοῦ λοχαγοῦ τεθηπότες ἄναυδοι μέχρι βαθυτάτης νυκτός, τῷ λοιπῷ τοῦ δημάρχου σώματι συγκατέκειντο. Δεύτερος δ' ἀνὴρ ἔθνῃσκε στρατηγὸς Μινούκιος, ἀρχαιρεσιάζων μὲν ἐν ἀγορᾷ· πυθόμενος δὲ ἐπιέναι τοὺς ὁπλίτας ἀνεπήδησε καὶ περιθέων ἔτι καὶ ἐννοούμενος, ὅποι διαλάθοι, τὴν ἐσθῆτα ἐνήλλασσεν ἔς τι τῶν ἐργαστηρίων ἐσδραμών, τοὺς ὑπηρέτας καὶ τὰ σημεῖα ἀποπέμψας. Οἱ δὲ αἰδοῖ καὶ ἐλέῳ παραμένοντες εὐμαρέστερον ἄκοντες ἐποίησαν τοῖς σφαγεῦσι τὸν στρατηγὸν εὑρεῖν.
18. Ἀννᾶλιν ἕτερον στρατηγόν, τῷ παιδὶ μετιόντι
ταμιείαν συμπεριθέοντα καὶ τοὺς ψηφιουμένους παρακαλοῦντα, οἵ τε συνόντες φίλοι
καὶ οἱ τὰ σημεῖα τῆς ἀρχῆς φέροντες ἀπεδίδρασκον, πυθόμενοι προσγεγράφθαι τοῖς
πίναξι τὸν Ἀννᾶλιν. Ὁ δὲ ἐς πελάτην ἑαυτοῦ τινα φυγών, ᾧ βραχὺ καὶ εὐτελὲς ἦν
τέγος ἐν προαστείῳ καὶ διὰ πάντα εὐκαταφρόνητον, ἐκρύπτετο ἀσφαλῶς, μέχρι τοὺς
σφαγέας ὁ υἱὸς αὐτοῦ, τὴν φυγὴν ἐς τὸν πελάτην ὑποτοπήσας, ὡδήγησεν ὑπὸ τὸ
τέγος, καὶ παρὰ τῶν τριῶν ἀνδρῶν τήν τε οὐσίαν ἔλαβε τοῦ πατρὸς καὶ ἐς
ἀγορανομίαν
ᾑρέθη.
Ἀναλύοντα δὲ αὐτὸν ἐκ μέθης στρατιῶταί τι προσκρούσαντες ἔκτειναν, οἳ καὶ τὸν
πατέρα ἀνῃρήκεσαν.
17. Le massacre commença par hasard par ceux qui étaient toujours en charge, et le premier massacré fut le tribun Salvius. Sa charge était, selon les lois, sacrée et inviolable, dotée des plus grandes pouvoirs : on avait même vu des tribuns faire emprisonner des consuls. Salvius, aussi, était le tribun qui avait d'abord empêché le sénat de déclarer Antoine ennemi public, mais plus tard il avait coopéré avec Cicéron en toutes choses. Quand il entendit parler de l'accord des triumvirs, et de leur précipitation vers la ville, il donna un banquet à ses amis, croyant qu'il n'aurait plus beaucoup d'occasions de le faire. Les soldats firent irruption au milieu du festin; certains des invités commencèrent à s'alarmer dans la cohue, mais le centurion qui les commandait leur ordonna de reprendre leurs places et de se taire. Puis saisissant Salvius par les cheveux, à l'endroit où il se trouvait, le centurion le tira à travers la table juste ce qu'il fallait et lui coupa la tête, et commanda aux invités rester où ils étaient et ne faire aucune bruit, à moins de souhaiter subir le même sort. Ils restèrent ainsi même après le départ des centurion, étourdis et sans voix, jusqu'au plus profond de la nuit, couchés près du corps sans tête du tribun. Le second assassiné fut le préteur Minucius, qui tenait les comices dans le forum. Apprenant que les soldats le cherchaient, il bondit, et tandis qu'il courait toujours à la recherche d'un endroit pour se cacher, il changea de vêtements, et il se précipita dans un magasin, renvoyant ses gardes et les insignes de sa charge. Les gardes, envahis de honte et de pitié, s'attardèrent près de l'endroit, et facilitèrent involontairement ainsi sa découverte par les tueurs.
18. Annalis, un autre préteur, circulait avec son
fils, qui était candidat pour la questure, et sollicitait des voix pour lui.
Quelques amis qui accompagnaient Annalis, et ceux qui portaient les insignes de
sa charge, quand ils entendirent qu'il était sur la liste des proscrits,
s'enfuirent. Annalis se réfugia chez un de ses clients, qui avait dans la
banlieues un petit appartement de peu de valeur complètement anonyme, où il
resta caché sans risque jusqu'à ce que son fils, soupçonnant qu'il se soit sauvé
chez ce client, y guida les meurtriers. Les triumvirs lui donnèrent la fortune
de son père et l'élevèrent à l'édilité. Comme il rentrait chez lui ivre il est
se querella fortuitement et fut tué par les mêmes soldats qui avaient tué son
père.
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