Athénée : les deipnosophistes
De l'amour
Livre XIII
Phryné
texte français seul mis en page par Philippe Renault
Sophocle et Théoris et Archippé
61.
῎Ιστε δὲ ὅτι
καὶ Δημάδης ὁ
ῥήτωρ ἐξ
αὐλητρίδος
ἑταίρας
ἐπαιδοποιήσατο
Δήμέαν · ὃν
φρυαττόμενόν
ποτε ἐπι τοῦ
βήματος
ἐπεστόμισεν
῾Υπερείδης
εἰπών· « Οὐ
σιωπήσῃ,
μεικάριον,
μεῖζον τῆς
μητρὸς ἔχων τὸ
φύσημα; » καὶ
Βίων δ' ὁ
Βορυσθενίτης
φιλόσοφος
ἑταίρας ἦν
υἱὸς
᾿Ολυμπίας
Λακαίνης, ὥς
φησι Νικίας ὁ
Νικαιεὺς ἐν
ταῖς τῶν
φιλοσόφων
Διαδοχαῖς.
Σοφοκλῆς δ' ὁ
τραγῳδιοποιὸς
ἤδη γέρων ὢν
ἠράσθη
Θεωρίδος τῆς
ἑταίρας.
᾿Ικετεύων οὖν
τὴν
᾿Αφροδίτην
φησίν·
Κλῦθί μευ
εὐχομένου,
Κουροτρόφε·
δὸς δὲ
γυναῖκα
τήνδε νέων μὲν
ἀναίνεσθαι
φιλότητα καὶ
εὐνήν,
ἣ δ'
ἐπιτερπέσθω
πολιοκροτάφοισι
γέρουσιν,
ὧν ἰσχὺς μὲν
ἀπήμβλυνται,
θυμὀς δὲ
μενοινᾷ.
Ταῦτα μέν
ἐστιν ἐκ τῶν
εἰς ῞Ομηρον
ἀναφερομένων.
Τῆς δὲ
Θεωρίδος
μνημονεύει
λέγων ἔν τινι
στασίμῳ οὕτως·
φίλη γὰρ ἡ
Θεωρίς.
᾿Επὶ δὲ
δυσμαῖς ὢν τοῦ
βίου, ὥς φησιν
῾Ηγήσανδρος,
᾿Αρχίππην
ἠγάπησεν τὴν
ἑταίραν καὶ
τοῦ βίου
κληρονόμον
κατέλιπεν.
῞Οτι δὲ γηραιῷ
ὄντι τῷ
Σοφοκλεῖ
συνῆν ἡ
᾿Αρχίππη, ὁ
πρότερος
αὐτῆς ἐραστὴς
Σμικρίνης
ἐρωτώμενος
ὑπό τινος τί
πράττει
᾿Αρχίππη
χαριέντως ἔφη·
« Ὥσπερ αἱ
γλαῦκες ἐπὶ
τάφον κάθηται.
»
61. Vous savez aussi que l’orateur Démade eut un fils, Déméas, né d'une liaison avec une prostituée et joueuse de flûte. Déméas, qui parlait avec une fougue arrogante, se fit un jour clouer le bec par Hypéride, qui lui dit :
« Silence, jeune homme ! Ton souffle est plus frénétique encore que celui de ta propre mère. »
Bion,
le philosophe de Borysthènès, était aussi le fils d'une courtisane lacédémonienne,
Olympia, si l'on en croit Nicias de Nicée dans son Catalogue des philosophes.
Devenu vieux, Sophocle lui-même, le poète tragique, s'éprit de la courtisane Théoris, ce qui explique qu'il ait ainsi supplié Aphrodite :
« Écoute
ma prière, ô nourrice des enfants ! Fais que cette femme ne trouve jamais à
se marier avec des jeunes gens ; non, laisse-la s'égayer aux côtés de
vieillards aux tempes grises, dont les forces, certes, sont émoussées, mais
dont l'esprit reste vif. »
On
trouve ces vers dans un recueil attribué à Homère.
Dans une ode chorale, le poète parle ainsi de Théoris : « Théoris est vraiment charmante. » Au soir de sa vie, nous rapporte Hégésandros, Sophocle tomba amoureux de la courtisane Archippé et il fit d'elle son héritière. Le fait que Sophocle était déjà très vieux quand Archippé vécut avec lui, est attesté par l'ancien amant de la femme, à qui on demandait, non sans esprit, ce qu'elle pouvait bien faire avec le vieux Sophocle :
« Elle se repose sur lui comme une chouette sur un tombeau. »
DÉMADE
(380 - 319)
Orateur et politicien sans scrupules qui comprit qu'il était nécessaire qu'Athènes
s'allie avec Philippe II de Macédoine et s'opposa en cela à Démosthène qu'il
fait condamner à mort. Après la défaite de Chéronée en 338 il réussit à
obtenir une paix honorable pour la cité mais, accusé de trahison, il est
assassiné.
http://logos.muthos.free.fr/personnages/D.htm
L’orateur Démade haranguait un jour le peuple athénien. Comme l’assemblée
ne l’écoutait guère, il demanda qu'on lui permît de raconter une fable d'Ésope. La demande accordée, il commença en ces termes : « Déméter,
l'hirondelle et l'anguille cheminaient de conserve. Arrivées devant un fleuve,
l'hirondelle le franchit à tire-d'aile, et l'anguille y plongea.» La-dessus,
il garda le silence. « Et Déméter, alors », s'écria l'auditoire, « que lui
est-il arrivé ? » - « Elle a laissé éclater sa colère contre vous, rétorqua
Démade, qui négligez les affaires de la cité pour vous attacher à une fable
d'Ésope ! »
De même, parmi les hommes, ceux-là ont perdu la raison qui dédaignent le nécessaire
pour s'attacher plutôt à leurs plaisirs.
Ésope
HYPÉRIDE
(389 - 322)
Orateur athénien contemporain de Démosthène et élève d'Isocrate, dont il évite
pourtant le style artificiel. D'abord logographe, rédacteur de plaidoyers, il
s'impliqua ensuite dans la politique et se rendit célèbre en attaquant des
personnages importants. Ses oeuvres furent perdues et ce n'est qu'au XIXème S.
qu'on retrouva un papyrus comprenant 6 discours fragmentaires dont son "Contre
Démosthène". Les anciens le plaçait au deuxième rang des orateurs
après Démosthène.
http://logos.muthos.free.fr/personnages/H.htm
Biographie
Fils
de Glaucippe, un Athénien de bonne famille, Hypéride suit l'enseignement de
Platon et d'Isocrate, puis se spécialise dans la rhétorique. En -360, pendant
la guerre sociale, il commence par attaquer en justice Autoclès, un général
athénien ayant un commandement en Thrace, pour trahison. À partir de -346, il
se range aux côtés de Démosthène, contre Philippe II de Macédoine. En -324,
il figure pourtant parmi les dix accusateurs publics de Démosthène dans
l'affaire d'Harpale, mais après l'exil du grand orateur, il prend la tête du
parti anti-macédonien.
Après
la mort d'Alexandre le Grand en -323, il est le promoteur de la Guerre lamiaque
contre Antipater. Après la défaite décisive de Crannon, en -322, il est
torturé (on lui arrache la langue) puis exécuté par le parti pro-macédonien,
avec ses partisans.
Œuvres
Dans
l'Antiquité, 77 discours étaient attribuées à Hypéride, la plupart
d'authenticité douteuse. Nous n'en avons que quelques fragments, dont les plus
importants proviennent d'une tombe thébaine, en Égypte, découverte en 1849,
et d'une autre découverte en 1856 : ce sont les Contre Démosthène
(pendant l'affaire d'Harpale), l'Oraison funèbre des morts de la guerre
lamiaque, un Pour Lycophron et un Pour Euxénippe.
Hypéride
était renommé pour l'adresse de ses discours, pleins d'élégance et
d'aisance, et souvent d'ironie, ainsi que pour la solidité de leur composition.
On lui reprochait néanmoins de manquer d'ampleur.