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 Athénée : les deipnosophistes 

De l'amour

Livre XIII

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Bataillon Sacré - Harmodius et Aristogiton - Chariton et Mélanippe - Cratinos et Aristodème.

 

78. ῾Ιερώνυμος δ' ὁ περιπατητικὸς περισπουδάστους φησίν γενέσθαι τοὺς τῶν παίδων ἔρωτας, ὅτι πολλάκις ἡ τῶν νέων ἀκμὴ καὶ τὸ πρὸς ἀλλήλους ἑταιρισκὸν συμφρονῆσαν πολλὰς τυραννίδας καθεῖλεν. Παιδικῶν γὰρ παρόντων ἐραστὴς πᾶν ὁτιοῦν ἕλοιτ' ἂν παθεῖν ἢ δειλοὐ δόξαν ἀπενέγκασθαι παρά τοῖς παιδικοῖς. ῎Εργῳ γοῦν τοῦτο ἔδειξεν ὁ συνταχθεὶς Θήβησιν ὑπὸ ᾿Επαμινώνδου ἱερὸς λόχος καὶ ὁ κατὰ τῶν Πεισιστρατιδῶν θάνατος ὑπὸ ῾Αρμοδίου καὶ ᾿Αριστογείτονος γενόμενος, περὶ Σικελίαν δ' ἐν ᾿Ακράγαντι ὁ Χαρίτωνος και Μελανίππου <ἔρως>. Μελὰνιππος δ' ἦν τὰ παιδικά, ὥς φησιν ῾Ηρακλείδης ὁ Ποντικὸς ἐν τῳ περὶ ᾿Ερωτικῶν. Οὗτοι φανέντες ἐπιβουλεύοντες Φαλάριδι καὶ βασανιζόμενοι ἀναγκαζόμενοί τε λέγειν τοὺς συνειδότας οὐ μόνον οὐ κατεῖπον, ἀλλὰ καὶ τὸν Φάλαριν αὐτὸν εἰς ἔλεον τῶν βασάνων ἤγαγον, ὡς ἀπολῦσαι αὐτοὺς πολλὰ ἐπαινέσαντα. Διὸ καὶ ᾿Απόλλων ἡσθεὶς ἐπὶ τούτοις ἀναβολὴν τοῦ θανάτου τῷ Φαλάριδι ἐχαρίσατο, τοῦτο ἐμφήνας τοῖς πυνθανομένοις τῆς Πυθίας ὅπως αὐτῷ ἐπιθῶνται. ῎Εχρησεν δὲ καὶ περὶ τῶν ἀμφὶ τὸν Χαρίτωνα, προτάξας τοῦ ἑξαμέτρου τὸ πεντάμετρον, καθάπερ ὕστερον καὶ Διονύσιος ὁ ᾿Αθηναῖος ἐποίησε ὁ ἐπικληθεὶς Χαλκοῦς ἐν τοῦς ᾿Ελεγείοις. ᾿Εστὶν δὲ ὁ χρησμὸς ὅδε·
Εὐδαίμων Χαρίτων καὶ Μελάνιππος ἔφυ,
θείας ἁγητῆρες ἐφαμερίοις φιλότατος.

Διαβόητα δ' ἐστὶν καὶ τὰ ἐπὶ Κρατίνῳ τῷ ᾿Αθηναίῳ γενόμενα· ὃς μεικάριον <ὢν> εὔμορφον, ᾿Επιμενίδου καθαίροντος τὴν ᾿Αττικὴν ἀνθρωπείῳ αἵματι διά τινα μύση παλαιά, ὡς ἱστορεῖ Νεάνθης ὁ Κυζικηνὸς ἐν β' περὶ Τελετῶν, ἑκὼν αὐτὸν ἐπέδωκεν [ὁ Κρατῖνος] ὑπὲρ τῆς θρεψαμένης· καὶ ἐπαπέθανεν ὁ ἐραστὴς ᾿Αριστόδημος, λύσιν τ' ἔλαβε τὸ δεινόν. Διὰ τοὺς τοιούτους οὖν ἔρωτας οἱ τύραννοι (πολέμιοι γὰρ αὐτοῖς αὗται αἱ φιλίαι) τὸ παράπαν ἐκώλυον τοὺς παιδικοὺς ἔρωτας, πανταχόθεν αὐτοὺς ἐκκόπτοντες. Εἰσὶ δὲ οἱ καὶ τὰς παλαὶστρας ὥσπερ ἀντιτειχίσαμτα ταῖς ἰδίαις ἀκροπόλεσιν ἐνεπίμπρασάν τε καὶ κατέσκαψαν· ὡς ἐποίησε Πολυκράτης ὁ Σαμίων τύραννος.

78.  Hiéronymos le Péripatéticien déclare que les unions entre garçons ont été favorisées parce que l'on constatait que la vigueur des jeunes hommes, jointe à une émulation réciproque, faisaient tomber les gouvernements tyranniques. Il est vrai que les amants acceptaient volontiers de subir les pires tourments plutôt que passer pour des lâches aux yeux de leurs mignons.

Il suffit de se rappeler le bataillon sacré, créé à Thèbes par Épaminondas, ainsi que l'assassinat des Pisitratides par Harmodios et Aristogiton. N'oublions non plus ce qui se passa en Sicile, à Agrigente, en raison de l'amour qui unissait Chariton et Mélanippe, le premier étant le mignon du second, selon Héraclide du Pont dans son livre sur les Érotiques.

Les deux hommes avaient conspiré contre Phalaris. Quand on les tortura pour les faire parler, non seulement ils refusèrent de dénoncer leurs complices, mais ils réussirent à émouvoir Phalaris en personne au spectacle de leurs tourments : il les relâcha et même les félicita chaleureusement. À la suite de cet acte, Apollon, favorisa Phalaris en retardant l'heure de sa mort et fit connaître sa décision à tous ceux qui demandaient à la Pythie comment éliminer le tyran. Concernant Chariton et ses amis, il rendit l'oracle suivant, dans lequel le pentamètre précédait l'hexamètre, comme le fit plus tard, dans ses Élégies, Dionysios d'Athènes, surnommé le "Poète de Bronze" :

« Heureux Chariton et Mélanippe, guides pour les mortels dans l'amour divin. »

 Remarquable est aussi ce qu'on rapporte à propos de Cratinos d'Athènes. C'était un beau jeune homme qui vivait au temps où Épiménide pratiquait des sacrifices humains en vue de purifier l'Attique de ses souillures. Néanthès de Cyzique parle de lui dans le deuxième livre de ses Rituels d'initiation. Cratinos se proposa de purifier la terre qui l’avait nourri et s'offrit en sacrifice. Son amant Aristodème fit de même, et la souillure fut expiée.

Hostiles forcément à de telles liaisons amoureuses, les tyrans s'efforcèrent de les extirper par tous les moyens. Certains d'entre eux en vinrent même à incendier les palestres, qu'ils considéraient comme des nids de résistance à leur domination : c'est ce que fit notamment Polycrate, le tyran de Samos.  

 

Bataillon sacré.
Corps d'élite thébain formé en 387 et composé de 300 hoplites ayant subi un entraînement professionnel particulier. L'objectif était de rivaliser avec l'armée spartiate hautement entraînée et ainsi défendre Thèbes dans de bonnes conditions. Il est dit que la particularité du bataillon sacré était d'être composé de 150 couples d'amants, chaque membre étant lié à l'autre par de puissants liens émotionnels d'amour et de loyauté.
Le bataillon eut un remarquable commandant en la personne de Pélopidas qui remporta les victoires contre Sparte, à Leuctres en 371 et à Mantinée en 362. Cependant, en 338, il s'effondra contre le nombre à Chéronée contre Philippe II de Macédoine.

Harmodios et Aristogiton

Hipparque, frère du tyran, désirait le beau Harmodios et ne cessait de lui faire des avances. Toutefois Harmodios, qui était attaché à Aristogiton, n'était pas intéressé et repoussa Hipparque. Or Hipparque n'était pas habitué aux refus. Il se mit en colère contre les deux amants, et se moqua d’eux devant tout le monde un jour de fête, les traitant de poules mouillées et de femmelettes. Aristogiton jura de venger l'affront, et rassembla un groupe d'amis proches afin de comploter pour l'assassinat des deux frères, oppresseurs haïs par beaucoup d'athéniens, au cours du défilé militaire de la fête des Panathénées le lendemain.
Le matin suivant sur l’Acropole, où Hippias recevait le cortège, ils remarquèrent un des autres conspirateurs saluer le tyran d’une façon amicale. Craignant d’avoir été trahis ils ne suivirent pas le plan tracé à l’avance, et dévalèrent la colline vers la ville où ils coincèrent Hipparque pendant qu’il organisait le cortège à côté du Leocoreion et le tuèrent. Mais comme ils étaient seuls le jeune Harmodios fut tué sur-le-champ par un des gardes du corps, et Aristogiton fut capturé. On l’emmena aussitôt pour le torturer afin qu’il révèle les noms des autres conspirateurs. Hippias en personne était présent dans la salle de torture. Aristogiton, qui refusa de trahir ses amis, cracha une insulte au tyran. Hippias, dans sa fureur, se tourna et poignarda sur-le-champ Aristogiton à mort.
Après cela Hippias gouverna pendant encore quatre années, et son règne fut même plus dur qu'avant. Mais les Athéniens pardonnèrent à Aristogiton d’avoir gâché le complot, et honorèrent à tout jamais les deux amants comme sauveurs de la cité. Leur exemple était présenté en modèle à la jeunesse de la cité, et une statue les représentant fut commandée par Cleisthenes, le fondateur de la démocratie. Quand elle fut mise à sac par les envahisseurs perses vingt-cinq ans plus tard, une autre fut fondue, et une copie romaine a survécu jusqu’à ce jour au Musée National de Naples.
Cet événement, et beaucoup d’autres comme lui où des couples d’amants pédérastes assassinent d’autres tyrans, a fait dire aux grecs que seuls les tyrans et les barbares (ces derniers à cause de leur honte de la nudité) haïssaient la pédérastie.

http://www.androphile.org/preview/gay_france/library/history/harmodios.htm

 

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