De l'amour
Livre XIII
texte français seul mis en page par Philippe Renault
Athénée : deipnosophistes
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περιρήξας τοὺς χιτωνίσκους γυμνά τε τὰ στέρνα ποιήσας...
59.
Ἦν
δ' ἡ Φρύνη ἐκ
Θεσπιῶν.
Κρινομένη δὲ
ὑπὸ Εὐθίου
τὴν ἐπὶ
θανάτῳ
ἀπέφυγεν ·
Διόπερ
ὀργισθεὶς ὁ
Εὐθίας οὐκ
ἔτι εἶπεν
ἄλλην δίκην,
ὥς φησι
῞Επρμιππος.
῾Ο δὲ
῾Υπερείδης
συναγορεύων
τῇ Φρύνῃ, ὡς
οὐδὲν ἤνυε
λέγων
ἐπίδοξοί τε
ἦσαν οἱ
δικασταὶ
καταψηφιούμενοι,
παραγαγὼν
αὐτὴν εἰς
τοὐμφρανὲς
καὶ
περιρήξας
τοὺς
χιτωνίσκους
γυμνά τε τὰ
στέρνα
ποιήσας τοὺς
ἐπιλογικοὺς
οἴκτους ἐκ
τῆς ὄψεως
αὐτῆς
ἐπερρητόρευσεν
δεισιδαιμονῆσαί
τε ἐποίησεν
τοὺς
δικαστὰς τὴν
ὑποφῆτιν καὶ
ζάκορον
᾿Αφροδίτης
ἐλέῳ
χαρισαμένους
μὴ
ἀποκτεῖναι.
Καὶ
ἀφεσθείσης
ἐγράφη μετὰ
ταῦτα
ψήφισμα,
μηδένα
οἰκτίζεσθαι
τῶν λεγόντων
ὑπέρ τινος
μηδὲ
βλεπόμενον
τὸν
κατηγορούμενον
ἢ τὴν
κατηγορουμένην
κρίνεσθαι. Ἦν
δὲ ὄντως
μᾶλλον ἡ Φρύνη
καλὴ
ἐν τοῖς μὴ
βλεπομένοις.
Διόπερ οὐδὲ
ῥᾳδίως ἦν
αὐτὴν ἰδεῖν
γυμνήν ·
ἐχέσαρκον
γὰρ χιτώνιον
ἠμπείχετο
καὶ τοῖς
δημοσίοις
οὐκ ἐχρῆτο
βαλανείοις.
Τῇ δὲ τῶν
᾿Ελευσινίων
πανηγύρει
καὶ τῇ τῶν
Ποσειδωνίων
ἐν ὄψει τῶν
Πανελλήνων
πάντων
ἀποθεμένη
θοἰμάτιον
καὶ λύσασα
τὰς κόμας
ἐνέβαινε
θαλάττῃ · καὶ
ἀπ' αὐτῆς
᾿Απελλῆς τὴν
᾿Αναδυομένην
᾿Αφροδίτην
ἀπεγράψατο.
Καὶ
Πραξιτέλης
δὲ ὁ
ἀγαλματοποιὸς
ἐρῶν αὐτῆς
τὴν Κνιδίαν
᾿Αφροδίτην
ἀπ' αὐτῆς
ἐπλάσατο καὶ
ἐν τῇ τοῦ
῎Ερωτος
βάσει τῇ ὑπὸ
τὴν σκηνὴν
τοῦ θεάτρου
ἐπέγραψε · Πραξιτέλης ὃν ἔπασχε διηκρίβωσεν ῎Ερωτα, ἐξ ἰδίης ἕλκων ἀρχέτυπον κραδίης, Φρύνῃ μισθὸν ἐμεῖο διδοὺς ἐμέ. Φίλτρα δὲ βάλλω οὐκέτ' ὀιστεύων, ἀλλ' ἀτενιζόμενος. ᾿Εκλογὴν δὲ αὐτῇ τῶν ἀγαλμάτων ἔδωκεν, εἴτε τὸν ῎Ερωτα θέλοι λαβεῖν εἴτε τὸν ἐπὶ Τριπόδων Σάτυρον. Ἣ δὲ ἑλομένη τὸν ῎Ερωτα ἀνέθηκεν αὐτὸν ἐν Θεσπιαῖς. Αὐτῆς δὲ τῆς Φρύνης οἱ περικτίονες ἀνδριάντα ποιήσαντες ἀνέθηκαν ἐν Δελφοῖς χρύσεον ἐπὶ κίονος Πεντελικοῦ · Κατεσκεύασε δ' αὐτὸν Πραξιτέλης. Ὃν καὶ θεασάμενος Κράτης ὁ κυνικὸς ἔφη τῆς τῶν ῾Ελλήνων ἀκρασίας ἀνάθημα. Ἕστηκε δὲ καὶ ἡ εἰκὼν αὕτη μέση τῆς ᾿Αρχιδάμου τοῦ Λακεδαιμονίων βασιλέως καὶ τῆς Φιλίππου τοῦ ᾿Αμύντου, ἔχουσα ἐπιγραφὴν « Φρύνη ᾿Επικλέους Θεσπική », ὥς φησιν ᾿Αλκέτας ἐν β' περὶ τῶν ἐν Δελφοῖς ᾿Αναθημάτων. |
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59. Parlons maintenant de Phryné de Thespies. Accusée de meurtre par Euthias, elle fut finalement acquittée. D'après Hermippos, la chose irrita tellement cet homme de loi qu'il ne plaida plus après cette affaire. Hypéride, l'avocat de Phryné, n'ayant pas réussi à émouvoir les juges et se doutant qu’ils allaient la condamner, décida de la mettre bien en vue, déchira sa tunique et dévoila sa poitrine à tout le monde. À ce moment, il tint des arguments si pathétiques que les juges, pris soudain d'une frayeur superstitieuse vis-à-vis d'une servante et prêtresse d'Aphrodite, se laissèrent gagner par la pitié et s’abstinrent de la mettre à la mort. Toutefois, après son acquittement, un décret fut voté, par lequel aucun défenseur ne saurait user de sensiblerie et qui, en outre, interdisait à tout personne accusée d’être regardée par ses juges. Il faut bien avouer que la splendeur de Phryné résidait dans ce qu’elle ne montrait pas. C’était impossible de la voir nue, car elle était toujours vêtue d'une tunique qui dissimulait les charmes de son corps ; de plus, elle n'allait jamais aux bains publics. Un jour, cependant, à la grande assemblée des Eleusines et aux fêtes de Poséidon, elle ôta son manteau devant tous les Grecs, laissa tomber ses longs cheveux et entra dans l'eau dans le plus simple appareil. Elle servit de modèle à Apelle quand il peignit son Aphrodite Anadyomène, mais aussi au sculpteur Praxitèle, son amant, qui sculpta l’Aphrodite de Cnide à son image ; et, sur le socle de son Éros, qui se trouve au pied de la scène du théâtre, il grava ces vers : « Praxitèle a fait cet Éros en le tirant de son propre cœur ; il m’a donné à Phryné : je suis moi-même mon propre salaire. Et si je jette des charmes, ce n'est plus avec mes flèches, mais avec mon regard de braise » Plus tard, Praxitèle demanda à Phryné de choisir une de ses statues, curieux de savoir si elle préférait, soit son Éros, soit son Satyre, celui qui se dressait dans la rue des Trépieds. Or elle prit l'Éros qu'elle offrit plus tard comme ex-voto à Thespies. Les amis de Phryné firent couler une statue d'or à son effigie qu'ils érigèrent ensuite à Delphes, au sommet d'une colonne en marbre du Pentélique, sculptée par Praxitèle. Quand le cynique Cratès découvrit l'œuvre, il s'écria que c'était un monument dressé au laisser-aller de la Grèce. Cette statue, que l'on peut encore voir entre celle d'Archidamos, roi de Lacédémone, et celle de Philippe, le fils d'Amyntas, porte la dédicace suivante : « Phryné, fille d'Épiclès de Thespies » ; c'est en tout cas ce que nous dit Alcétas dans le deuxième livre de son ouvrage consacré aux offrandes delphiques. |
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APELLE
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Mais tous les peintres précédents et suivants ont été surpassés par Apelle de Cos, dans la cent douzième olympiade (IVe siècle av. J.-C.). A lui seul presque il a plus contribué au progrès de la peinture que tous les autres ensemble ; et il a publié des livres sur les principes de cet art. II eut surtout la grâce en partage. Il y avait de son temps de très grands peintres : il admirait leurs ouvrages, il les comblait d'éloges, mais il disait qu'il leur manquait cette grâce qui était à lui [ce que les Grecs nomment charis] ; qu'ils possédaient tout le reste, mais que pour cette partie seule il n'avait point d'égal. Il s'attribua encore un autre mérite : admirant un tableau de Protogène d'un travail immense et d'un fini excessif, il dit que tout était égal entre lui et Protogène, ou même supérieur chez celui-ci ; mais qu'il avait un seul avantage, c'est que Protogène ne savait pas ôter la main de dessus un tableau : mémorable leçon, qui apprend que trop de soin est souvent nuisible. Sa candeur ne fut pas moindre que son talent : il convenait de la supériorité de Mélanthius pour l'ordonnance, et d'Asclépiodore pour les mesures, c'est-à-dire pour la distance qui doit être entre les objets.
On sait ce qui se passa entre Protogène et lui : Protogène résidait à Rhodes ; Apelle, ayant débarqué dans cette île, fut avide de connaître les ouvrages d'un homme qu'il ne connaissait que de réputation; incontinent il se rendit à l'atelier. Protogène était absent, mais un grand tableau était disposé sur le chevalet pour être peint, et une vieille femme le gardait. Cette vieille répondit que Protogène était sorti, et elle demanda quel était le nom du visiteur :
- Le voici, répondit Apelle ; et, saisissant un pinceau, il traça avec de la couleur, sur le champ du tableau, une ligne d'une extrême ténuité.
Protogène de retour, la vieille lui raconte ce qui s'était passé. L'artiste, dit-on, ayant contemplé la délicatesse du trait, dit aussitôt qu'Apelle était venu, nul autre n'étant capable de rien faire d'aussi parfait. Lui-même alors, dans cette même ligne, en traça une encore plus déliée avec une autre couleur, et sortit en recommandant à la vieille de la faire voir à l'étranger, s'il revenait, et de lui dire :
- Voilà celui que vous cherchez.
Ce qu'il avait prévu arriva : Apelle revint, et, honteux d'avoir été surpassé, il refendit les deux lignes avec une troisième couleur, ne laissant plus possible même le trait le plus subtil. Protogène, s'avouant vaincu, vola au port chercher son hôte. On a jugé à propos de conserver à la postérité cette planche admirée de tout le monde, mais surtout des artistes. J'entends dire qu'elle a péri dans le dernier incendie qui consuma le palais de César sur le mont Palatin. Je me suis arrêté jadis devant ce tableau, ne contenant rien dans son vaste contour que des lignes qui échappaient à la vue, paraissant comme vide au milieu de plusieurs excellents ouvrages, mais attirant les regards par cela même, et plus renommé que tout autre morceau.
Apelle avait une habitude à laquelle il ne manquait jamais : c'était, quelque occupé qu'il fût, de ne pas laisser passer un seul jour sans s'exercer en traçant quelque trait; cette habitude a donné lieu à un proverbe. Quand il avait fini un tableau, il l'exposait sur un tréteau à la vue des passants, et, se tenant caché derrière, il écoutait les critiques qu'on en faisait, préférant le jugement du public, comme plus exact que le sien. On rapporte qu'il fut repris par un cordonnier, pour avoir mis à la chaussure une anse de moins en dedans. Le lendemain, le même cordonnier, tout fier de voir le succès de sa remarque de la veille et le défaut corrigé, se mit à critiquer la jambe ; Apelle, indigné, se montra, s'écriant qu'un cordonnier n'avait rien à voir au-dessus de la chaussure; ce qui a également passé en proverbe. Apelle avait de l'aménité dans les manières, ce qui le rendit particulièrement agréable à Alexandre le Grand : ce prince venait souvent dans l'atelier, et, comme nous avons dit, il avait défendu, par un décret, à tout autre artiste de le peindre. Un jour, dans l'atelier, Alexandre parlant beaucoup peinture sans s'y connaître, l'artiste l'engagea doucement au silence, disant qu'il prêtait à rire aux garçons qui broyaient les couleurs; tant ses talents l'autorisaient auprès d'un prince d'ailleurs irascible. [...]
Il existe ou il a existé un cheval de lui qu'il exposa dans un concours public. Pour ce tableau Apelle en appela du jugement des hommes à celui des bêtes ; car, s'apercevant que ses rivaux l'emportaient par leurs brigues, il montra à des chevaux amenés le tableau de chacun : les chevaux ne hennirent qu'à la vue de celui d'Apelle; et depuis on ne cesse de citer cette épreuve triomphante de la peinture. [...]