Apollonius de Rhodes

APOLLONIUS DE RHODES

LES ARGONAUTIQUES

PREFACE.

livre I

 

 

 

 

APOLLONIUS DE RHODES

LES ARGONAUTIQUES


 

 

 

OUVRAGES DU MÊME AUTEUR:

SAVINE, Paris:

Le poète Louis Bouilhet, étude, in-16, 1888.

HACHETTE, Paris:

Mythologie élémentaire des Grecs et des Romains, in-16,

3e édition, 1892.

Contes mythologiques, in-8°, 1891.

GOUNOUILHOU, Bordeaux :

D. M. Ausonii Mosella, la Moselle d'Ausone, édition critique et traduction française, in-4°, 1889.

(Ouvrage couronné par l'Académie française.)

 

 

APOLLONIUS DE RHODES

 

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LES

ARGONAUTIQUES

TRADUCTION FRANÇAISE

De Notes critiques, mythologiques, géographiques et historiques
et de deux Index des noms propres


PAR

H. De LA VILLE De MIRMONT

MAITRE DE CONFÉRENCES
A LA FACULTÉ DES LETTRES DE BORDEAUX

 




BORDEAUX

G. GOUNOUILHOU, ÉDITEUR
8, rue de Cheverus, 8

PARIS

J. ROUAM & Cie, ÉDITEURS

14, rue du Helder, 14i

1892


A LA MEMOIRE D'EMILE SOULE

26 avril 1857. — 18 mars 1889.

« O ma mère... les dieux distribuent des maux imprévus aux mortels. Le sort qu'ils nous envoient, quoique profondément affligée, aie la force de le supporter...»

(Argonautiques, Ch. I, v. 295-3000.)

 

PRÉFACE

'illustre philologue strasbourgeois, Brunck, condamnait sans merci les traductions des auteurs grecs; dans une note de sa savante édition des Argonautiques, il répétait, en lui donnant son entière approbation, un jugement sévère de Ruhnken : « Mieux vaut ignorer les auteurs grecs que de les connaître d'après une version (01). » Sans doute, l'éditeur des Argonautiques faisait allusion aux traductions latines d'Hoelzlin et de Shaw. Mais son arrêt semble avoir découragé surtout les traducteurs français. Depuis l'édition de Brunck, en effet, le poème d'Apollonios a été mis en latin par Beck (Leipzig, 1797) et par Lehrs (Paris, collection Didot, 1840), qui a reproduit à peu près textuellement le travail de Beck; en allemand, par Wilmann (Cologne, 1832); en italien, par Flangini viii (Rome, 1791-1794), par Rota (3e édit., Milan, 1864) et par Felice Bellotti (Florence, 1873); en anglais, par Preston (Dublin, 1803) et, tout récemment, par Coleridge (Londres, 1889) (02). D'autre part, la France ne possède encore que la vieille traduction de Caussin (03), belle infidèle, dont la beauté est assurément contestable et qui, en tous cas, ne donne qu'une idée très éloignée de l'original grec.

Cette très mauvaise traduction est à la fois le motif et l'excuse de la mienne ; si l'œuvre de Caussin eût été bonne, je me serais gardé de la refaire, ou, du moins, elle m'aurait peut-être permis de donner un travail définitif fait d'après l'édition critique d'Apol lonios qui manquait à la fin du xviiie siècle et que nous possédons aujourd'hui, grâce à R. Merkel (04).

Malheureusement, le livre de Caussin n'a pu m'être d'aucune utilité. Occupé depuis plusieurs années à la préparation d'une thèse qui paraîtra bientôt, je l'espère, sous ce titre : Les Argonautiques d'Apollonios de Rhodes, et leur influence sur l'Enéide, je me suis vu forcé de traduire moi-même pour mon propre usage le poème que je voulais étudier.

Cette première traduction a été terminée en 1885. ix M. Waltz a bien voulu demander ce travail à son maître de conférences pour les Annales de la Faculté des lettres de Bordeaux, qu'il dirigeait alors. C'est ainsi que la traduction des quatre chants des Argonautiques et les notes qui accompagnent les deux premiers ont paru dans nos Annales à partir de l'année 1886 (05). Mais ce n'est pas seulement pour les ouvrages satiriques dont parle La Bruyère que « l'impression est l'écueil ». A mesure que la traduction s'imprimait, les défauts m'en apparaissaient plus évidents et je reprenais le travail en sous-œuvre. Les notes surtout me semblaient si médiocres que je n'ai pas voulu publier celles qui avaient rapport aux deux derniers chants.

Cependant, le nouveau manuscrit, corrigé quant au texte, amélioré et considérablement augmenté quant aux notes, était à peu près terminé à la fin de 1889, lorsque M. Gounouilhou, aussi bienveillant pour Apollonios que si c'eût été un concitoyen comme notre Ausone, a eu la généreuse pensée d'offrir aux Argonantiques cette flatteuse hospitalité de sa belle Collection bordelaise qu'il avait déjà si libéralement donnée à la Moselle (06). Grâce à lui, le x poème alexandrin se présente au public érudit avec cette élégance et ce luxe typographiques qui ont valu à l'éditeur de la Moselle une des plus hautes récompenses décernées par le jury de l'Exposition universelle en 1889.

Il ne m'appartient pas de décider si mon travail méritait une pareille édition. Mais je dois expliquer comment je me suis efforcé de le rendre digne du poète que j'ai traduit et annoté, aussi bien que de cette élégance elzévirienne qui convient si parfaitement au talent alexandrin.

Pour ce qui est de la traduction, j'ai suivi fidèlement le texte constitué par Merkel dans sa grande édition critique de 1854. Je ne m'en écarte que pour quatre passages où j'ai essayé d'améliorer les leçons établies par le savant éditeur (07) et pour un autre où j'adopte une ingénieuse correction de M. Weil  (08). Rien n'a été ajouté pour embellir l'original grec; aucune longueur n'a été supprimée : l'exactitude précise a été la loi de cette traduction. Sans doute, les hellénistes pourront relever de nombreux contresens, mais, du moins, on ne me reprochera pas d'inexactitudes volontaires. A vrai dire, pour ce qui est des noms propres, je n'ai pas poussé à l'extrême le respect absolu du mot, comme le fait Leconte de Lisle dans ses traduc- xi tions des grands poètes grecs. Je dis bien Zeus et Héra et non. Jupiter et Junon; car Jupiter et Junon, divinités latines qui ressemblent assez peu à Zeus et à Héra, n'ont rien à faire dans la traduction d'un poème grec. Mais je n'ai pu me résoudre à écrire léson, Médéia, Polydeucès : les noms de Jason, de Médée, de Pollux, sont consacrés par l'usage. Quant aux inconnus, je les laisse tels que je les trouve dans le texte : j'écris Pélée et non Péleus, car tout le monde connaît le père d'Achille ; mais j'admets, sans le traduire, le nom de Nycteus, que tout le monde ignore. C'est évidemment une anomalie, mais qui a des précédents dans l'usage français. Ne disons-nous pas Horatius Coclès et le poète Horace, Livius Andronicus et Tite-Live, Valérius Flaccus et Valère Maxime, le tribun Tibérius Gracchus et l'empereur Tibère?

En même temps que le texte des Argonautiques, j'ai cru devoir traduire aussi, du moins dans leurs parties essentielles, les scolies qui accompagnent le poème d'Apollonios. Il ne faut pas s'exagérer le mérite de ces scolies : elles sont souvent oiseuses ou absurdes (09), mais elles nous donnent aussi de nombreux fragments d'auteurs anciens qu'on ne trouve xii pas ailleurs. Elles m'ont servi quelquefois à éclaircir le sens des passages qu'elles commentent; discutées et complétées, elles m'ont donné la plus grande partie des notes qui se trouvent à la suite de la traduction. Ces scolies ont leur histoire qu'il faut rappeler rapidement. Jean Lascaris les a publiées dans l'édition princeps des Argonautiques (Florence, 1496). Les éditeurs d'Apollonios qui ont imprimé les scolies se sont contentés, pendant trois siècles, de reproduire telle quelle la recension de Lascaris, sans se donner la peine de recourir au manuscrit. D. Ruhnken, le premier, ayant trouvé dans le Parisinus 2727 des scolies notablement différentes de celles que le premier éditeur avait publiées, jugea bien supérieur au commentaire plusieurs fois réimprimé ce commentaire nouveau qui avait à ses yeux le double mérite d'être inédit et d'avoir été découvert par lui. Schaefer a publié ces scolies parisiennes, en même temps que celles de Lascaris, dans le second tome de la nouvelle édition des Argonautiques de Brunck qu'il a donnée en 1813 (10). Wellauer, après lui, a également admis les deux séries de scolies, les Florentines et les Parisiennes : mais au lieu de les donner à la suite l'une de l'autre, comme Schaefer, « ita ut eadem pleraque bis legenda sint (11), " il a essayé de les fondre et d'en faire un tout complet.

xiii Henri Keil, qui a publié les scolies à la suite de l'édition de Merkel, n'avait pas les motifs personnels qui poussaient Ruhnken à s'enthousiasmer pour le manuscrit de Paris. Il a jugé, sans doute, qu'il était peu scientifique d'imprimer à la suite l'une de l'autre deux séries de scolies qui font souvent double emploi et peu nécessaire de tenter de les combiner. Il a préféré prendre la peine d'examiner les manuscrits. Cet examen l'a convaincu que les scolies de Paris, comme celles de Florence, procèdent du Laurentianus, XXXII, 9. L'archétype étant le même, les variantes, souvent considérables, des deux recensions sont le fait des copistes qui d'un même ouvrage en ont fait deux par les additions et les suppressions qu'ils se sont permis d'opérer sur le texte original. Keil a donc donné le texte des scolies qu'il trouvait dans le Laurentianus, en le corrigeant, en le débarrassant surtout de certaines remarques puériles qui sont évidemment des interpolations de date récente (12).

C'est la recension de Keil que j'ai traduite, en supprimant beaucoup d'inutilités qu'il avait épargnées, et que je n'avais aucune raison de conserver dans un travail qui ne prétend pas être une traduction complète des scolies.

Quels sont les érudits auxquels le compilateur a emprunté la matière de ses notes? La dernière remar- xiv que qui termine les scolies du Laurcntiamis nous l'apprend, en même temps qu'elle nous donne une preuve de la puérilité de ce compilateur (13) : au lieu d'un renseignement banal sur Tarra, il aurait mieux fait de nous indiquer ce qu'il doit à chacun des trois philologues dont il cite les noms: Lucillus de Tarra, Sophocle et Théon. Mais il ne nomme Lucillus que quatre fois, et toujours dans les scolies du Chant Ier (14) ; Sophocle, qu'une seule fois, également dans les scolies du Chant Ier (15). Quant à Théon, il n'en parle jamais.

Stender (16) a essayé de conjecturer quelle part revient à Théon et à Sophocle dans la compilation qui nous est parvenue. Je me borne à résumer ses conclusions. Stéphane de Byzance dit que Théon a commenté Lycophron et Nicandre : Stender en conclut que l'on doit à Théon celles des scolies qui ont trait aux légendes d'Étolie dont Nicandre s'est occupé et aux mythes dont il est à la fois question dans Lycophron et dans Apollonios.

Stéphane de Byzance cite souvent l'autorité d'Apollonios à propos de certains noms géographiques; plusieurs notes géographiques des scolies sont à peu près textuellement reproduites par Stéphane, qui xv dit se fonder sur Sophocle : Stender en conclut que toutes ces notes des scolies sont dues à Sophocle. Enfin, le compilateur citant Déilochos d'après Sophocle (scolie au vers 1039 du Chant Ier), les douze citations de Déilochos qu'on trouve dans le Laurentianus viendraient des scolies de Sophocle.

En outre des trois Scoliastes originaux nommés à la fin du Laurentianus, Stender admet l'existence d'un quatrième, Eirénaios. Il est parlé de ce dernier dans la scolie au vers 1299 du Chant Ier, à propos du sens que ce philologue donnait du mot λαῖτμα dans le livre IV de son ouvrage sur Apollonios. Il est aussi question des travaux d'Eirénaios sur les Argonautiques dans les scolies aux vers 127, 992 et 1015 du Chant Il (17). Stender estime, comme Weichert (18) qu'il ne faut pas mettre Charès et Aristophane au nombre des Scoliastes primitifs d'Apollonios ; il est question dans les scolies de Charès  (19) et d'Aristophane(20) ; mais le passage qui a rapport à Charès ne donne pas à entendre qu'il ait composé des scolies sur les Argonautiques, et Aristophane est cité seulement à propos du sens qu'il attribue au mot ὀρίχαλκος. Rien ne prouve que la note sur ce mot se trouve dans un ouvrage consacré au poème xvi d'Apollonios. Enfin, comme Suidas fait mention d'un ὑπόμνημα sur Apollonius composé par Hypathia, laquelle était fille d'un certain Théon, Stender conjecture que le père d'Hypathia n'est autre que le Théon cité par le compilateur du Laurentianus parmi les Scoliastes originaux des Argonautiques ; il admet, en outre, que l'Apollonios dont Hypathia s'est occupée est Apollonios de Rhodes. Ces conjectures peuvent sembler ingénieuses, mais il est aussi difficile d'en admettre que d'en prouver la justesse.

Merkel, d'autre part, met avec assez de vraisemblance un certain Méthodios au nombre des premiers Scoliastes d'ApolIonios. Le savant éditeur des Argonautiques fait remarquer, en effet, dans les Prolegomena (21) de son édition, que les auteurs de l'Etymologicum magnum citent souvent les scolies d'Apollonios ; en général, ces citations se rapportent mal aux scolies que nous connaissons : elles doivent avoir été faites d'après une recension antérieure à celle que le Laurentianus nous a transmise. Or, le principal rédacteur de l'Etymologicum magnum semble être un érudit nommé Méthodios, dont le nom se trouve, en effet, cité à la suite des remarques les plus importantes du recueil. Merkel est donc fondé, sinon à mettre Méthodios au nombre des Scoliastes primitifs, du moins à prétendre que ce  xvii philologue reproduit, mieux que ne fait le compilateur du Laurentianus, la tradition des plus anciens Scoliastes des Argonautiques.

On le voit : pour être meilleure que la recension du Parisinus, celle du Laurentianus est encore fort sujette à caution. Si l'on admet que Lucillus, Sophocle et Théon étaient des philologues érudits et consciencieux, on doit reconnaître que le compilateur anonyme du Laurentianus a fort mal usé de leur travail original ; il l'a mutilé mal à propos, encombré d'inutiles interpolations, dénaturé par des changements de tout genre, accumulant les remarques ridicules, juxtaposant les observations contradictoires. Mais il a le mérite de nous donner des fragments d'auteurs anciens qui, sans lui, seraient restés inconnus : quelques vers d'Hésiode (22), beaucoup de fragments des historiens grecs perdus (23), une grande partie des renseignements mythologiques contenus dans ces livres de Phérécyde, qui seraient si utiles pour essayer une histoire de la science mythologique en Grèce entre l'époque d'Homère et d'Hésiode et celle d'Apollodore (24). Enfin, il ne faut pas l'oublier, c'est grâce aux scolies du Laurentianus seules qu'« une indiscrétion de Mnaséas nous a révélé les noms mystiques de trois des Cabires de Samothrace » (25).

xviii Les parties essentielles de ces scolies méritaient donc d'être traduites. Mais elles ne pouvaient me servir uniquement pour établir le sens des passages difficiles du poème et pour en annoter l'ensemble.

J'ai donc eu recours aux éditions : celle de Merkel, dont je traduis le texte, a des notes excellentes mais trop rares; son commentaire est critique et non exégétique (26). Brunck, le premier éditeur critique d'Apollonios, cite sept éditions des Argonau- tiques qui ont précédé la sienne : « Florentina, Aldina, Parisina, Brubachii, Basileensis, Stephani et Hoeltzlini (sic) (27). » Toutes ces éditions sont difficiles à trouver, dit Brunck, et généralement mauvaises; mais la pire est celle de Hoelztlin: c'est la seule que je connaisse (28).

J'emprunte à Beck (29) les indications suivantes sur les premières éditions d'Apollonios :

L'édition princeps est la Florentine de 1496, qui contient les scolies en marge du texte (30).

La seconde est l'Aldine « Venetiis, in aedibus Aldi et Andreae soceri, mense aprili MDXXI ». C'est un petit in-8° qui contient le texte, puis les scolies. La Préface est due à Franciscus Asulanus qui dit avoir eu pour collaborateur Hercules Mantuanus.

xix La troisième est l'édition parisienne de 1541, in-8°, sans scolies.

La quatrième est l'édition de Francfort, in-8° : « Francoforti (sic), ex officina Petri Brubachii. Anno Dom. MD.XLVI. » A la suite de l'exemplaire de Beck se trouvait un exemplaire de la première traduction latine des Argonautiques : « Apollonii Rhodii Argonauticorum libri quatuor nunc primum latinitate donati atque in lucem editi. loanne Hartungo interprete. Basileae M. D. L., mense Februario.»

La cinquième est l'édition de Bâle avec les scolies à la suite du texte, in-8°, 1572. Le même volume comprend une traduction en vers latins due à « Valentinus Rotmarus, Salisburgensis », et imprimée dès 1570.

La sixième est celle d'Henri Estienne, Genève, 1574, contenant, avant le texte dont la marge renferme les scolies, une préface où sont discutées plusieurs questions ayant trait aux scolies aussi bien qu'au poème, et, à la fin du volume, un certain nombre de conjectures.

Beck mentionne enfin une édition dont Brunck ne parlait pas : c'est le Corpus Poetarum Graecorum, Genève, 1606, in-folio, où Jacobus Lectius a inséré xx le texte des Argonautiques avec l'interprétation latine de Hartung.

Brunck est très dur pour l'éditeur de Leyde; il parle avec mépris des tenebrae Hoeltzlinianae (31) ; il est d'accord avec D. Ruhnken qui le qualifiait de futilissimus hominum, de tetricus et ineptus Apollonii commentator; il l'attaque sans cesse et ne loue de lui qu'une seule correction : « Quot culpas bona illa emendatio redemerit aliis decernendum relinquo (32) » Plus tard, Caussin, qui, semble-t-il, n'a pourtant le droit de mépriser personne, raille le fatras des notes d'Hoelzlin : « II suffit de lire la première, dans laquelle il cite successivement les Actes des Apôtres, la comédie des Grenouilles d'Aristophane, le livre Ier des Rois, l'Énéide de Virgile, Oppien et plusieurs mots hébreux (33).» Assurément, Hoelzlin explique souvent obscurum per obscurius; mais il s'est efforcé de donner une version latine meilleure que celle de ses prédécesseurs (34). L'éditeur de Leyde est un polymathe, et l'on sait ce qui advient à un homme « que l'esprit de polymathie commence à agiter » (35). Mais Caussin aurait pu lire les notes de Hoelzlin et consulter sa traduction latine ; cela lui aurait évité quelques con- xxi tresens. Quant à moi, cette vieille interprétation et ces notes encombrées d'inutilités m'ont souvent servi. J'ai également tiré quelque profit d'une édition que Brunck ne daigne pas compter au nombre de celles qui ont précédé la sienne : l'édition de Shaw (36). Voici en quels termes il la juge : « In editionum Apollonii censum referri non meretur Batavae repetitio, quae ante hos très annos Oxonii prodiit cura Joannis Shaw, Artium magistri. Qui primam tantum praefationis paginam legerit, statim arbitratus fuerit, eximiunt forte in celeris artibus Magistrum, in arte Graecos poetas edendi Shawium illum ne tironem quidem esse. De ejus in Apollonium meritis quid censeam in notis abunde declaravi  (37). » En effet, les injures à l'adresse de Shaw abondent dans les notes de Brunck : si Hoelzlin était un Allemand peu érudit qu'on avait fait venir à Leyde pour être helléniste, meliorum doctorum penuria, — tout comme on avait fait venir Petit-Jean d'Amiens, pour être Suisse — Shaw, l'ignorant magister Oxoniensis, est, à en croire Brunck, le dernier des ignorants; il a déshonoré Apollonios : « Dijudica an de literis bene meritus sit artium ille magister, quod tant putida versione Apollonium infamem fecerit (38)! »

xxii Le texte de Shaw n'est qu'une médiocre réimpression ; sa traduction n'est pas aussi nouvelle qu'il le prétend; le choix des notes des éditeurs précédents n'est pas très heureux; celles qu'il a tirées de son fonds sont assez maigres. Toutefois son travail n'est pas sans utilité; il ne mérite pas toutes les lourdes railleries de Brunck.

Il est assez curieux que les principaux éditeurs des Argonautiques semblent, parmi tant de héros bienveillants et polis qu'Apollonius nous présente, avoir voulu choisir pour modèle Idas, qui fait tache au milieu des Argonautes. Comme le fils d'Aphareus ils sont «irrités et injurieux » (39) Ils montrent à l'endroit de leurs prédécesseurs la même férocité dont les guerriers, nés des dents du serpent, sont animés les uns contre les autres : « Quant aux guerriers, semblables à des chiens impétueux qui se sautent dessus mutuellement, ils se déchiraient en hurlant (40). » Hoelzlin déchirait ses prédécesseurs qui avaient, dit-il, donné d'Apollonios une traduction latine insensée; Shaw déchirait Hoelzlin, dont il condamnait la traduction comme incompréhensible et les notes comme stupides. Brunck, plus tard, déchirait à la fois Hoelzlin et Shaw; Wellauer, qui a procuré une bonne édition d'Apollonios (41) quarante- xxiii huit ans après celle de Brunck, épargne peu l'éditeur de 1780 et traite fort mal ceux qui ont réimprimé les Argonautiques entre 1780 et 1828.

Pour ce qui est de Brunck, il lui reproche d'avoir laissé subsister beaucoup de fautes et aussi d'en avoir ajouté beaucoup, de s'être laissé aller, malgré sa sagacité, à un goût démesuré pour les corrections, et d'avoir souvent gâté le texte par suite de la trop grande confiance qu'il accordait aux manuscrits dont il avait, le premier, fait la collation (42). Les critiques de Wellauer sont justes : je n'ai pas à m'occuper du texte constitué par Brunck, puisque ma traduction est faite sur celui de Merkel ; mais je dois remarquer que l'éditeur de 1780 veut corriger à tout prix, et que, dans bien des cas, le ton tranchant de la note est impuissant à justifier l'audace de la correction, qui y est plutôt imposée qu'indiquée. Très grossier à l'endroit de ses prédécesseurs, Brunck affecte la manière de Scaliger, traitant, comme lui, d'absurdes des leçons qu'il ne se donne pas la peine de comprendre (43). D'autre part, les notes de l'édition de 1780 abondent en rapprochements précieux et en explications ingénieuses. Elles m'ont été très utiles pour comprendre et pour commenter les Argonautiques.

Wellauer insiste peu sur les sucesseurs de Brunck : « Quum enim tres post Brunckium exorti sint Apollonii editores, Flanginius, Beckius, Hoerstelius, omnes novis ad textum emendandum copiis instructi, nullus tamen eorum iis uti aut potuit, aut voluit. » De ces trois éditeurs, c'est le dernier, Hoerstel, que Wellauer traite le plus durement : «  Hoerstelium plane silentio praeterire licet quem ligna potius scindere quam Apollonium edere oportebat (44). » Boileau disait avec plus d'atticisme :

Soyez plutôt maçon, si c'est votre talent.

Je n'ai pu me procurer l'édition d'Hoerstel, qui, au dire de Weichert (45), ne serait pas sans mérite.

Quant à la publication de Flangini, c'est une monumentale édition variorum qui comprend une traduction en vers italiens en regard du texte de Brunck, avec des notes abondantes au bas des pages et des Observazioni très développées à la suite de chaque Chant  (46) . Elle m'a assez souvent servi pour la rédaction de mes notes.

J'ai déjà cité l'édition de Beck (47): je lui dois les renseignements que j'ai donnés sur les premières éditions. La Préface de l'éditeur de 1797 est surtout xxv consacrée à des renseignements bibliographiques : plus de six pages (pp.. xviii-xxiv) sont employées à une minutieuse description de l'édition de Flangini. Beck expose aussi le plan de l'ouvrage qu'il publie lui-même : son texte est à peu près celui de Brunck, son interprétation latine, une refonte de celle de Shaw ; son Index verborum est celui du même Shaw corrigé, complété et disposé dans un meilleur. ordre. Enfin, un second volume devait contenir les scolies et un double commentaire critique et explicatif : ce second volume n'a jamais été publié. La traduction latine de Beck m'a souvent servi.

Wellauer ne cite pas l'édition de Schaefer, dont j'ai déjà parlé à propos des scolies  (48)et qui ne pouvait m'être d'aucune utilité, puisqu'elle ne donne qu'une simple réimpression du texte et des notes de Brunck. L'édition même de Wellauer (49), qui corrige avec raison et dans bien des endroits le texte de Brunck, m'a été utile, surtout par ses notes abondantes qui fixent avec précision le sens de beaucoup de passages difficiles. Elles donnent aussi de nombreux extraits de la dissertation de Ruhnken sur Apollonios, que je n'ai pu me procurer (50).

On trouvera assez fréquemment dans mes notes xxvi des citations de F. Dübner qui n'a publié cependant ni édition d'Apollonios ni dissertation sur les Argonautiques. Ce sont des remarques inédites dont je dois communication à l'obligeance de M. Dezeimeris. Dübner devait donner dans la collection Didot une recension des scolies qui n'a jamais paru : M. Dezeimeris possède la mise en pages des scolies parisiennes sur les vers 1-224 du Chant Ier corrigées de la main de Dûbner. Le savant philologue avait sans doute commencé par revoir le texte avant de s'occuper des scolies; car M. Dezeimeris m'a confié un exemplaire interfolié de l'édition Tauchnitz d'Apollonios (Lipsiae, 1819) dont les feuilles blanches, aussi bien que les marges du texte imprimé, sont couvertes de notes critiques et explicatives rédigées par Dübner tantôt en latin, tantôt en allemand. J'ai usé de ces notes avec la plus grande réserve ; d'abord, elles sont très souvent illisibles; ensuite, il y a, semble-t-il, quelque inutilité et même quelque indélicatesse à publier des notes qui ont été rédigées pour un usage personnel et qui n'étaient pas destinées à la publicité. Ici Dübner copie ou résume les remarques de ses prédécesseurs; là, il écrit des observations sans utilité ou sans valeur qu'il aurait évidemment fait disparaître s'il avait imprimé son travail. Il est à regretter que le xxvii commentaire ébauché et la recension des scolies, dont l'impression était commencée, n'aient pas paru. Il est encore plus regrettable que l'édition d'Apollonios dans la collection Didot n'ait pas été confiée à Dubner, plutôt que d'être abandonnée à Lehrs, dont le travail est absolument sans valeur (51). L'éditeur de l'Apollonios-Didot reconnaît qu'il a presque toujours suivi le texte de Wellauer (52); mais il ne dit pas qu'il a reproduit à peu près textuellement la version latine de Beck, et il surfait singulièrement le mérite de son Index nominum et rerum (53). Plusieurs noms propres sont omis (54); quelques confusions géographiques sont étranges (55). Enfin, dans le texte, comme dans la traduction et dans l'Index, les fautes d'impression abondent : cette édition, on le voit, n'a pu m'être d'aucune utilité.

Depuis Merkel, le texte d'Apollonios n'a fourni la matière d'aucune édition ni d'aucun travail d'ensemble. Le seul ouvrage magistral qui ait été consacré à la poésie alexandrine, le beau livre de M. Couat (56), indispensable pour quiconque essaie une étude sur quelque poète du Musée, ne pouvait me donner grand secours pour le détail des notes. Quant aux morceaux des Argonautiques traduits dans le chapitre de la Poésie Alexandrine qui est xxviii consacré à l'étude d'Apollonios, j'ai évité de reproduire le travail de M. Couat : le lecteur y perdra, mais je crois que l'unité de la traduction y gagne.

J'ai usé assez souvent des remarques sur Apollonios rédigées par H. van Herwerden  (57). Je dois une des rares corrections que j'ai apportées au texte de Merkel à un article de mon ancien maître de conférences à l'Ecole Normale, M. H. Weil (58).

Quant aux notes qui forment plus de la moitié de ce volume, le lecteur reconnaîtra que je ne les ai pas seulement empruntées aux scolies, aux éditions et aux travaux critiques qui viennent d'être énumérés. Pour la mythologie, on verra cités à chaque page, à côté de la Bibliothèque d'Apollodore, les ouvrages contemporains de Preller et de Decharme. Pour l'histoire, qui, dans un commentaire des Argonautiques, se confond généralement avec la mythologie, les Fragmenta Historicorum Graecorum de la collection Didot ont été mis le plus souvent à contribution.

L'œuvre célèbre de Strabon a été la base de mes notes géographiques; j'ai aussi beaucoup emprunté pour le commentaire de la navigation des Argonautes sur le Pont-Euxin aux divers Périples de la Mer Noire insérés dans les Geographici Minores de la collection Didot.

Je dois enfin une mention toute spéciale à l'excellente étude de M. Cartault, la Trière Athénienne, qui xxix m'a servi aussi bien à expliquer les termes nautiques, si fréquents dans le poème d'Apollonios, qu'à compléter les renseignements et à corriger les erreurs du Scoliaste. Le travail de M. Vars, l'Art nautique dans i'Antiquité, m'a été beaucoup moins utile. M. Vars cite souvent Apollonios, d'ailleurs sans exactitude, et ses explications sont en général inadmissibles (59).

Mon livre se termine par deux Index qui occupent plus de soixante-six pages à deux colonnes. Le premier contient près de huit cent cinquante noms propres qui se trouvent à la fois dans le texte et dans les notes; le second, plus d'un millier de noms mythologiques, historiques et géographiques qui ne sont cités que dans les notes. La confection de ces deux Index a été très laborieuse; je n'ose affirmer qu'ils soient complets: ils pourront servir du moins à contrôler les contresens de ma traduction et les erreurs de mes notes (60).

Je n'ai pas jugé utile de faire un Index des auteurs cités, qui aurait demandé un grand nombre de pages et offert peu d'utilité. Il m'aurait d'ailleurs fallu mentionner Alfred de Musset (dont il est question incidemment dans la note au vers 65 du Chant Ier) à côté de Phérécyde ou de Mnaséas : cette disparate entre des noms si divers donnerait, semble-t-il, un caractère peu scientifique à un catalogue qui les rapprocherait.

xxx Tels sont le plan et le contenu de ce volume qui m'a coûté beaucoup de temps et de travail. J'espère que ce temps n'a pas été tout à fait perdu et que ce travail ne sera pas absolument inutile. Je ne me suis pas laissé décourager par l'assertion pessimiste de Brunck : non, il vaut mieux connaître les auteurs grecs par une traduction consciencieuse que de les ignorer tout à fait. Les poètes alexandrins surtout méritent l'intérêt des lecteurs français. M. Couat a écrit sa Poésie Alexandrine pour répondre à l'appel déjà lointain de Sainte-Beuve, qui, en 1843, dans un article fameux de la Revue des Deux-Mondes, signalait à l'attention des travailleurs et du public français cette poésie si intéressante et si peu connue (61). Je publie cette traduction, à mon tour, dans l'espoir de faire relire à ceux qui savent le grec le texte que j'ai essayé de traduire et de faire connaître à la partie du grand public qui se soucie de littérature un poème ancien digne de prendre place à côté des œuvres de notre siècle et capable d'être compris par les hommes de notre temps (62).

M. Couat a parfaitement démontré que les Alexandrins sont les précurseurs de notre Art moderne. Je renvoie le lecteur à la Conclusion de la Poésie Alexandrine en me bornant à en citer les dernières lignes : « Nous ne pouvons lire les Alexandrins sans faire un retour sur nous-mêmes, et, peut-être, par l'effet de certaines sympathies intellectuelles, sommes-nous xxxi plus capables qu'on ne l'était autrefois de les comprendre. ». Apollonius, en particulier, nous fait souvent penser aux meilleurs de nos poètes et de nos romanciers. L'analyse psychologique des passions, inconnue à l'épopée homérique et entrevue par la tragédie d'Euripide, est chez Apollonios aussi subtile parfois que chez Paul Bourget. Notre poète aime, comme François Coppée, à s'intéresser aux humbles et aux petits; il se complaît aux intimités, aux tableaux d'intérieurs modestes; et, en même temps, quelques-unes de ses descriptions épiques ont la largeur des tableaux de Leconte de l'Isle. Il a su, dans ses Argonautiques, « mettre la grande monotonie de la me (63),» dont l'auteur de Mon frère Yves et de Pêcheur d'Islande nous laisse une impression inoubliable. Enfin et surtout, Apollonios est pénétré de cette mélancolie, parfois pessimiste, qui fait de lui un précurseur et un inspirateur de la poésie virgilienne et de celle de notre temps.

Le poète des Argonautiques s'intéresse à tous ces jeunes héros morts avant le temps, Canthos, Cyzicos, Idmon, Tiphys. Des circonstances particulières m'ont fait apprécier d'une manière toute spéciale cette sympathie d'Apollonios pour ceux qui meurent jeunes. C'est au moment de la mort de mon fraternel ami d'enfance, Emile Soûlé, à la chère mémoire de qui ce livre est dédié, que j'ai commencé à revoir ma traduction; et je termine cette



préface le lendemain du jour où nous avons conduit à sa dernière demeure notre bien-aimé collègue de la Faculté des lettres, Charles Cucuel, enlevé, comme Soûlé, par une de ces atteintes subites et inattendues qui déconcertent la science et désolent l'affection, f O père Zeus, un grand étonnement trouble mon âme : ce n'est donc pas seulement par des maladies ou des blessures que la mort vient vers nous; un ennemi peut aussi nous atteindre de loin! » (Argon., Ch. IV, v. 1673-1675.)

H. De La Ville De Mirmont.

Bokdeaux, 27 novembre


 

(01) Verissimum est quod nuper Ruhnkenius professus est, melius esse Graecos postas ignorare, quam ex versione cognoscere. (APOLLONII RHODII ARGONAUTICA. E scriptis octo veteribus libris quorum plerique nondum collati fuerant nunc primum emendate edidit Rich. Fr. Phil. Brunck, regiae Inscriptionum et Humaniorum Literarum Academiae socius. Argentorati, apud socios bibliopolas Bauer et Treuttel. MDCCLXXX.) — In librum IV Notae, v. 1196.

(02)  Les Argonautiques avaient déjà été traduites eu allemand par Bodmer (Zurich, 1779), et en anglais par Burnaby Green (Londres, 1780), et par Francis Fawkes (Londres, 1780).

(03). L'EXPÉDITION DES ARGONAUTES ou la Conquête de la Toison d'or, poème en quatre chants par Apollonius de Rhodes, traduit pour la première fois du grec en françois par J.-J.-A.Caussin, professeur au collège de France. A Paris, l'an V de la République française. — Les catalogues de librairie indiquent, en outre, la traduction d'un fragment des Argonautiques publiée chez Quantin, à Paris, en 1882, sous ce titre : « Apollonius de Rhodes, Jason et Médée. Traduction et notices d'A. Pons. » Je ne connais pas ce volume.

(04) Apollonii Arqonautica emendavit, apparatum criticum et pro. legomena adiecit R. Merkel. Scholia vetera e codice Laurentiano edidit Henricus Kell, Lipsiae, sumptibus et typis B. G. Teubneri, 1854, i vol. in-8° de CXC-562 pages. — Deux ans avant cette editio maior, Merkel avait publié une editio minor, réimprimée en 1872, qui ne contient que le texte, lequel a, d'ailleurs, été souvent et heureusement amendé dans le volume de 1854.

(05) Annales de la Faculté des lettres de Bordeaux, année 1886, 2e fascicule; année 1887, 3e fascicule; année 1889, pp. 234-282.

(06)  La Moselle d'Ausone, édition critique et traduction française, précédées d'une introduction, suivies de commentaires explicatifs et ornées d'une carte de la Moselle et de fac-similés d'éditions anciennes. Bordeaux, Gounouilhou, 1889. (Ouvrage couronné par l'Académie française, prix Jules Janin, 1890.) — Ce livre complète ma thèse latine, De Ausonii Mosella, comme le présent ouvrage est le complément nécessaire de ma thèse française.

(07) Chant Ier, v. 566 ; III, 847 ; IV, 289 et 308. — Voir celles de mes notes qui concernent ces vers. On trouvera les corrections que j'ai tentées à propos de ces divers passages des Argonautiques exposées avec plus de développements dans la Revue des Etudes grecques (1891, fascicule de juillet-septembre, pp. 301-313).

(08) Chant III, v. 745.

(09) Voir, par exemple, une étymologie citée dans la note au vers 292 du Chant Ier.— J'ai laissé de côté beaucoup d'autres puérilités de même ordre : car je ne prétends pas donner une traduction complète des scolies; je me contente d'en extraire les renseignements utiles pour l'intelligence et le commentaire du texte d'Apollonios.

(10)  APOLLONII RHODII ARGONAUTICA; ex recensione et cum notis Rich. Fr. Phil. Brunckii. Editio nova, auctior et correctior. Accedunt Scholia graeca ex codice Biblioth. Impérial. Paris., nunc primum evulgata. Lipsiae, apud Gerh. Fleischer Jun. Toraus I, 1810; Tomus II [celui qui contient les scolies], 1813.

(11)  APOLLONII RHODII ARGONAUTICA. Ad fidem librorum manuscriptorum et editionum antiquarum recensuit, integram lectionis varietatem et annotationes adiecit, scholia aucta et emendata indicesque locupletissimos addidit Augustus Wellauer. Lipsiae, sumtibus et typis B. G. Teubneri, MDCCCXXVIII. [Deux volumes in-8°; le second contient les scolies.] — Vol. I, Praefatio, p. ix.

(12) H. Keil, Praefatio, pp. 299-301 de l'édition Merkel.

(13)  Voir ma note au vers 1781 du Chant IV.

(14) Voir mes notes aux vers 186, 1040, 1165 du Chant Ier. Le compilateur reproduit aussi l'explication que Lucillua donnait du vers 1083 de ce Chant.

(15) « Au dire de Sophocle, Déilochos fait mention de ceux qui ont été tués. " (Scolie au vers 1039 du Chant Ier.)

(16) Stender, de Argonautarum ad Colchos usque expeditione fabulat historia critica, Kiliae, 1874; 68 p. in-8°. — C'est dans les pages 13-18 que Stender traite la question des Scoliastes originaux des Argonautiques. Sa dissertation ne me semble pas définitive. Je compte revenir ailleurs sur cette question dont l'étude serait hors de propos dans la préface de ma traduction.

(17) Voir mes notes au vers 992 et 1015 du Chant II. — Weichert s'occupe d'Eirénaios ainsi que des autres Scoliastes des Argonautiques dans le Chapitre III, p. 390-399, de son ouvrage sur Apollonios : Ueber das Leben und Gedicht des Apollonius von Rhodus. Eine historisch-kritische Abhandlung von M. August Weichert... Meissen, bei Friedrich Wilhelm Goedsche, 1821.

(18) Weichert, ouvr. cité, p. 391-393.

(19) Voir ma note au vers 105 du Chant II.

(20) Voir ma note au vers 973 du Chant IV.

(21)  Pages LX et suivantes.

(22) Scolies aux vers 156, 824 du Chant l ; 296 du Chant II. — Voir mes notes aux vers 156 du Ch. Ier et 296 du Ch. II.

(23) Voir les Fragmenta Historicorum Graecorum (édit. Didot).

(24) Voir Pherecydis Fragmenta e variis scriptoribus collegit, emendavit, illustravit...Fridericus Guilielmus Sturz.Editio altera, aucta et emendata Lipsiae, sumtu Cnoblochii, CCCXXIV. — Sur les 81 fragments de Phérécyde que Sturz a publiés, 33, et parmi eux quelques-uns des plus importants (voir, par exemple, mes notes aux vers 1091, 1390 et 1515 du Chant IV), lui ont été fournis par les scolies des Argonautiques.

(25Decharme, Mythologie de la Grèce antique, 2e édition revue et corrigée, Paris, 1836, p. 270. — Voir ma note au vers 917 du Chant Ier.

(26)  Merkel a le mérite, peu commun dans l'Allemagne contemporaine, de ne pas injurier l'érudition française ; il ne l'attaque qu'une seule fois et, d'ailleurs, cette unique accusation tombe à faux. — Voir ma note au vers 945 du Chant IV.

(27). Brunck, fait, citée, Avis au Lecteur, p. III.

(28). APOLLONII RHODII ARGONAUTICORUM LIBRI IV ab Jeremia Hoelzlino in Latinum conversi ; commentario et notis, illustrati, emaculati ; scholiis ad carmina numerato additis concinnati. Commentarius in verborum et rerum Indicem contractas. Lugd.Batavorum ex Officina Elzeviriana. Anno XLI. — II faut remarquer que Brunck travestit en Hoeltzlinus le nom de l'éditeur qui signe lui-même son Epistola dedicatoria « Jeremias Hoelslin ».

(29). APPOLONII RHODII ARGONAUTICORUM LIBRI QUATUOR. Graece cum versione lat.,scholiis grr., commentario, indicibus edidit Christianua Daniel Beckius. Volumen primum. Lipsiae, apuJdE. B. Schwickertum, Praefatio, p. xi et suiv. .

(30) Voir plus haut, p. XII.

(31). Brunck, édit. citée, note au vers 1057 du Chant IV.

(32) Brunck, édit. citée, note au vers 1500 du Chant IV.— Tout en jugeant cette correction de Hoelzlin admissible, Merkel ne l'adopte pas : « [IV,] 1501, μυρόμενοι· τὰ δὲ μῆλα.: Hoelslinus, fort, recte. ».

(33) Caussin, ouvr. cité, Préface, p. 27.

(34) Hoelzlin, édit citée, Epistola dedicatoria, p. XII : « Latinam interpretationem, qua vix insulsius quid editant putem, mea substituenda abolevi, ».

(35) Malebranche, Recherche de la vérité, IV, 7.

(36). APPOLONII RHODII ARGONAUTICORUM LIBRI QUATUOR. Edidit, nova fere interpretatione illustravit, priorum editorum notas praecipuas selegit, Sanctamandi nunquam prius editis nonnullas suas adjecit, née non indices très addidit Johannes Shaw, A. M., Coll. Beatae Marine Magdalenae apud Oxonienses socius. Oxonii, e typographeo Clarendoniano, MDCCLXXVII. — 2 vol. gr. in-4°

(37) Brunck, édit. citée, Avis au lecteur, p. IV.

(38) Brunck, édit. citée, note au vers 1403 du Chant IV. — Jugé très sévèrement par un des collaborateurs de la Bibliotheca Critlca Amstelodomensis (vol. I, p. III, p. 113) qui lui reprochait de ne pas avoir consulté les travaux de Pierson, de Ruhnken, etc., Shaw donna, en 1779, en deux volumes in-8°, une nouvelle édition de ses Argonautiques, augmentée des remarques de ces érudits. Je ne connais pas ce dernier ouvrage qui, au dire de Flangini (voir plus loin, p. xxiv, note 3), ne constituait pas un progrès sérieux sur la première édition.

(39) Argonautiques, Ch. Ier, v. 492.

(40) Argonautiques, Ch. III, v. 1373-1374.

(41) . Voir p. xii, note 2.

(42) Wellauer, édit. citée, Praefatio, pp. iii-iv: « Mendosa multa relicta, multa illata... Sagacissimus ceteroquiit poetarutn emendator saepe tamen emendavit pruritu se ultra quam par erat, abripi passus est, saepe ex legibus metricis et grammaticis, a se ipso perperam scriptis, locos sanissimos corrupit, saepe codicibus suis propterea, quod a se primum collati erant, nimiam fidem habuit. »

(43). Voir, par exemple, ma note au vera 1521 du Chant IV.

(44)  Wellauer, édit. citée, Praefatio, p. III et IV.

(45) Weichert, ouvr. cité, p. 422  « Nicht ohne Verdienst ist die Ausgabe von Hörstel, Braunschweig, 1807, in-8°. »,

(46) L'ARGONAUTICA DI APOLLONIO RODIO, tradotta, ed illustrata.Tomo. primo. In Roma MDCCXCI. — Tomo secondo. In Roma MDCCXCIV. [Deux vol. in-4° de XL-434 et XXVIII-532 pages.] C'est aux pages xx-xxi de la Préface du premier volume que se trouve l'opinion de Flangini sur la deuxième édition de Shaw, opinion que j'ai citée, note 8 de la page xxi.

(47). Voir la note 4 de la page XIX.

(48) Voir p. XII, note 1.

(49) Voir p. XII, note 2.

(50). Dav. Ruhnken, Epistola critica in Callimachum et Apollonium Rhodium, Leidae, 1752. — Je ne connais que de nom les dissertations suivantes : J. F. Facius, Epistola critica in aliquot Orphei et Apollonii Rhodii loca, Erlangae, 1772 ; Spitzner, Observationes criticae in Apollonii Rhodii Argonautica, Wittembergae, 1810. — J'ai pu, du moins, consulter le précieux travail de Gerhard : Lectiones Apollonianae, scripsit Eduardus Gerhardus. Lipsiae apud Gerhardum Fleischerum Iun., 1816.

(51)  Hesiodi Carmina, Apollonii Argonautica... Graece et latine cum indicibua nominum et rerum edidit F. S. Lehrs... Parisiis, Editore Ambrosio Finnin Didot... MDCCCXL.

(52) Lehrs, édit. citée, Praefatio, pp. vi-vii.

(53) Lehrs, édit. citée, Praefatio, p. xv : « Indicibus nominum et rerum, quos singulis auctoribus subiunximus Iocupletissimos,lectorum commodo nos optime consultuisse eorumque approbationem meruisst confidimus.»

(54). Il suffit de citer l'omission des noms suivants : PΓεραιστός, III, 1240 ; 'Ἐρυθώτης, I, 71 ; Θέμις, IV, 800; Κάλπης;, II, 659; Ὀτρηρή, II, 387, etc.

(55) Voir, par exemple, ma note au v. 131 du Ch. IV.

(56) La Poésie Alexandrine sous les trois premiers Ptolémées, Paris, 1881.

(57)  H. van Herwerden, ad Apollonii Argonautica (Mnemosyne, 1883).

(58). H. Weil, Revue de Philologie, année et tome XI, 1887, p. 5 et suiv. — Voir ma note au vers 745 du Chant III.

(59). Voir mes notes aux vers 368-370, 393, 566, 723 du Chant Ier, etc.

(60) . Dans le second Index, je cite bien les personnages de l'épopée et de la tragédie qui ont une existence historique ou mythologique : mais j'ai laissé de côté les noms de fantaisie : par exemple, le Thrason de Térence, dont il est question dans la note au vers 188 du Chant III.

(61). Couat, Ouvr. cité. Préface, p. xiii.

(62) En même temps que cette édition, il en paraît une autre qui ne contient, avec une Préface différente, que la traduction, sans les notes et les Index. Celle-là est plus spécialement destinée aux élèves de nos Lycées et de nos Collèges et aux gens du monde.

(63) Pierre Loti, Préface de Mon frère Yves.