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OVIDE

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les halieutiques les Métamorphoses les Fastes les Tristes les Pontiques consolation Ibis      Noyer

L'IBIS.

Déjà mon dixième lustre est accompli, et, jusqu'à présent, ma muse a toujours été inoffensive : on ne lirait pas, dans la grande quantité de mes écrits, un seul mot blessant pour qui que ce soit ; nul autre que moi n'a été victime de mes ouvrages : c'est son art qui a tué l'ouvrier. Un seul homme (et je me le reproche pourtant avec amertume) m'obligea à démentir ma bonté naturelle. Je veux bien encore taire son nom ; mais, quel que soit cet homme, il me force à saisir une arme dont j'ignorais encore l'usage ; il empêche un malheureux, relégué sur les rivages glacés d'où souffle l'Aquilon, d'y vivre en paix dans l'oubli ; le cruel irrite des blessures qui ont besoin de calme, et fait retentir de mon nom tout le forum. Il défend à celle qui fut associée à ma couche par des liens éternels de porter le deuil de son époux. Lorsque, dans mon naufrage, j'embrasse les restes fracassés de mon vaisseau, il me dispute la dernière planche de salut ; et lui qui aurait du étouffer la flamme à son premier jet me dépouille et vient, au foyer même de l'incendie, ravir sa proie ; il cherche enfin à affamer ma vieillesse errante. Oh ! qu'il mérite plus que moi les maux que je souffre ! Ils furent pour moi plus humains, les dieux, dont le plus grand (001), à mes yeux, ne voulut pas que l'indigence me suivît dans l'exil ! Toujours et partout où je le pourrai, je lui rendrai des actions de grâces pour sa rare mansuétude. Le Pont les entendra, et peut-être ce dieu fera-t-il un jour que je prenne à témoin de ma reconnaissance une contrée plus rapprochée. Mais toi, barbare, qui me foulas aux pieds quand je fus terrassé, ma juste inimitié t'atteindra jusque dans l'infortune ; l'eau cessera d'être contraire au feu, le soleil et la lune uniront leur clarté, le Zéphyr et l'Eurus souffleront des mêmes points du ciel, la tiède haleine du Notus s'exhalera du pôle glacé ; les fumées que divise l'antique haine des frères thébains (002) se rejoindront pour la première fois au-dessus du bûcher ; le printemps et l'automne, l'été et l'hiver, seront confondus ; la même contrée servira de patrie commune au couchant et à l'aurore, avant que, déposant les armes, je renoue avec toi cette amitié que tu as rompue par tes outrages ; avant que mon ressentiment s'évanouisse jamais ; avant que la suite des jours adoucisse ma haine. Tant que j'aurai un souffle de vie, notre paix à nous sera celle des loups avec les timides brebis. Je préluderai d'abord au combat par ce genre de vers, quoique le mètre de l'élégie ne soit guère propre aux attaques guerrières ; mais comme le vélite, avant d'être échauffé par le carnage, plonge sa lance dans le sol sablonneux, ainsi, je ne décocherai pas encore contre toi mes traits les plus acérés, et ma lance épargnera, quant à présent, ta tête odieuse. Ce livre ne dira ni ton nom ni tes méfaits, et, pour quelque temps encore, je souffrirai que tu restes inconnu ; mais, si tu continues, l'iambe audacieux m'armera de traits trempés dans le sang de (003) Lycambe.
Aujourd'hui, pareil au fis de Battus (004) qui maudit son ennemi Ibis, je te maudis aussi, toi et les tiens. Comme lui, et malgré mon inexpérience de cette manière d'écrire, j'envelopperai mes vers de fables obscures ; on dira qu'oubliant mes allures et mon goût habituels, j'ai imité les détours dont il use dans son Ibis ; et, puisque je ne révèle pas encore ton nom à ceux qui voudraient l'apprendre, reçois, en attendant, celui d'ibis. De même qu'une certaine obscurité voilera le sens de mes vers, puisse une obscurité plus ténébreuse envelopper aussi chaque phase de ta vie ! Et je ferai en sorte qu'au jour de ta naissance, et aux calendes de janvier, une bouche véridique te lise cet écrit.
Dieux de la terre et de la mer, et vous tous ! qui, avec Jupiter, habitez dans le ciel un séjour plus fortuné, prêtez, je vous en conjure, prêtez-moi toute votre attention, et faites que mes voeux s'accomplissent ! Toi-même, ô Terre ! et vous, flots de l'Océan ! sublime Éther, entendez ma prière ! Astres, Soleil au front radieux ; Lune, dont le disque brillant change souvent de forme, et nuit aux ténèbres majestueuses ; et vous, triples soeurs qui filez la trame de nos destinées ; fleuve aux ondes redoutées du parjure et qui roulent avec un horrible murmure, à travers les vallées de l'enfer ; vous dont la chevelure est entremêlée de serpents, et qui veillez, dit-on, aux sombres portes de l'infernale geôle ; vous aussi, dieux subalternes, faunes, satyres, lares, fleuves, nymphes, demi-dieux ; vous toutes, enfin, divinités contemporaines de l'antique chaos, et divinités plus récentes, venez à moi maintenant ; tandis que je vais appeler la malédiction sur une tête impie ; tandis que la colère et le ressentiment vont accomplir leur oeuvre vengeresse, soyez tour à tour favorables à mes voeux ! Qu'aucun de ces voeux ne soit stérile, et que mes imprécations se réalisent, afin qu'il croie qu'elles sont sorties, non pas de ma bouche, mais bien de la bouche du gendre de Pasiphaé (005) ; s'il est des peines que j'omette, qu'il les endure encore ; que ses malheurs surpassent même tout ce que je pourrais imaginer ; que ma malédiction, pour s'adresser à un nom supposé, n'en soit pas moins efficace ; qu'elle ne touche pas moins vivement les dieux !
Je maudis donc celui que ma pensée désigne sous le nom d'Ibis (006), et qui sait bien avoir mérité cette exécration. Hâtons-nous ; prêtre, je prononcerai des voeux qui seront exaucés. Vous tous, témoins de ce sacrifice, secondez-moi ; vous tous, témoins de ce sacrifice, faites entendre de lugubres paroles. Approchez-vous d'Ibis le visage arrosé de larmes ; accourez, en avançant d'abord le pied gaude, et, sous de lugubres auspices, soyez couverts de vêtements noirs. Et toi, Ibis, pourquoi hésiter à ceindre les fatales bandelettes ? Ne vois-tu pas, dressé devant toi, l'autel funèbre ? La cérémonie est prête ; l'expiation ne souffre plus de retard : victime dévouée, tends la gorge au couteau ! Que la terre te refuse ses moissons, et les fleuves leurs eaux ; que le vent te refuse son souffle, et la brise son haleine ; que le soleil soit pour toi sans lumière, et la lune sans clarté ; que les astres soient voilés à tes yeux ; que le feu, que l'air manquent à tes besoins ; que toute voie te soit fermée sur terre et sur mer ; qu'exilé, pauvre et vagabond, tu visites le seuil de l'étranger, mendiant, d'une bouche tremblante, un peu de nourriture ; que la douleur plaintive assiége sans cesse ton corps et ton âme, épuisée par la souffrance ; que la nuit te soit plus affreuse que le jour, et le jour que la nuit ! Sois toujours malheureux et toujours privé de la pitié d'autrui ; que tous, hommes et femmes, se réjouissent de ton infortune ; que leur haine ajoute à tes larmes, et que plus tu auras souffert, plus tu sembles digne de souffrir encore ; que l'aspect odieux de ta misère n'excite pas l'intérêt qu'on porte toujours au malheur ; que mille raisons te fassent désirer la mort, sans que tu puisses la rencontrer jamais ; et que cette vie, qui te sera imposée, échappe sans cesse à sa destruction ; qu'enfin le souffle n'abandonne ton corps épuisé qu'après une lente agonie, qu'après une longue et pénible lutte !
Oui, ces voeux seront exaucés ; Apollon lui-même vient de me dévoiler l'avenir : un oiseau de sinistre présage a volé à ma gauche. Oui, je croirai toujours que mes imprécations seront entendues des dieux, et toujours je me nourrirai, perfide, de l'espoir de ta mort. Il finira, ce jour qui te dérobera à ma vengeance ; il finira ce jour, pour moi si lent à venir, et ce jour si lent à venir terminera ma vie, trop souvent en butte à tes outrages, avant que le temps fasse disparaître mon ressentiment, ou qu'il calme ma haine. Tant que les Thraces combattront avec le javelot, que l'arc sera l'arme des Jazyges ; tant que les eaux du Gange seront tièdes, et celles du Danube glacées ; tant qu'il y aura des chênes sur les montagnes, et dans les plaines de gras pâturages ; tant que le Tibre roulera ses ondes dorées, je te ferai la guerre ; et, loin de mettre un terme à ma colère, la mort elle-même armera mes mânes contre tes mânes ! Oui, alors même qu'elle se sera évanouie dans les airs, mon ombre conservera le ressentiment de sa haine contre ta perfidie ; alors aussi je viendrai, spectre menaçant, te rappeler le souvenir de ces méfaits, et, squelette décharné, attacher sur toi mon regard. Soit que je meure (ce dont me préserve le ciel !) épuisé par de longues années ; soit que je sorte de la vie volontairement ; soit que, ballotté après le naufrage sur l'immensité des flots, mon corps serve de pâture aux poissons d'une mer lointaine ; soit que des oiseaux étrangers se repaissent de mes membres ; soit que des loups rougissent leur gueule de mon sang ; soit qu'une main amie daigne confier mon cadavre à la terre ou jeter ces restes insensibles sur le bûcher public ; quelle que soit ma fin, je tâcherai de m'échapper des bords du Styx, et, altéré de vengeance, je promènerai sur ton visage mes mains glacées ; je t'apparaîtrai dans tes veilles, et, au milieu des ombres silencieuses de la nuit, je serai là pour troubler ton sommeil. Enfin, quoi que tu fasses, je volerai devant tes yeux, devant ta bouche ; je me plaindrai sans cesse, et nulle part tu ne trouveras de repos. Des fouets noueux siffleront à tes oreilles, et des torches entrelacées de serpents brûleront toujours devant tes coupables regards ; vivant, ces furies te poursuivront ; mort, elles te poursuivront encore, car ta vie serait trop courte pour ton châtiment. Tu n'obtiendras des tiens ni larmes, ni honneurs funèbres, et ton corps sera jeté là sans regret ; tu seras, aux applaudissements du peuple, traîné par la main du bourreau lequel enfoncera un croc dans ta chair. Des flammes, qui dévoreront tout, te fuiront, et la terre repoussera justement ton cadavre odieux. Un vautour déchirera lentement tes entrailles, et des ongles et du bec ; des chiens avides dévoreront ton coeur perfide, et des loups affamés, bien que tu doives en être fier, se disputeront les lambeaux de ton corps. Tu seras chassé loin des champs Élysées, dans ces lieux occupés par la foule des ombres coupables, et que tu habiteras avec elles. C'est là qu'on voit Sisyphe roulant son rocher, et le ressaisissant pour le rouler encore ; et cet autre (007) attaché à la roue qui l'entraîne dans son rapide mouvement circulaire ; et ces Danaïdes, troupe sanglante, brus du proscrit Egyptus, qui portent sur leurs épaules une eau éternellement fugitive. Là, le père de Pélops (008) s'efforce en vain de cueillir les fruits qui sont à sa portée ; toujours, autour de lui, abonde une eau limpide, et toujours il est dévoré par la soif. Là est ce géant dont le corps étendu couvre neuf arpents (009), et dont les entrailles servent à jamais d'aliment à l'oiseau qui les déchire. Là, pour t'arracher l'aveu de tes crimes, une furie te sillonnera les flancs de coups de fouet ; une autre livrera tes membres en lambeaux aux serpents du Tartare ; la troisième fera rôtir sur le feu tes joues fumantes ; ton ombre criminelle sera tourmentée de mille manières. Éaque (010) s'ingéniera à trouver pour toi de nouveaux supplices ; il t'infligera ceux des anciens coupables, lesquels, grâces à toi, pourront jouir de quelque repos. Tu trouveras, ô Sisyphe (011) ! sur qui te décharger de ton fardeau roulant ; et de nouveaux membres tourneront sur la roue rapide (012) ; c'est lui qui essaiera vainement d'atteindre à cette eau, à ces fruits trompeurs (013) ; c'est lui qui nourrira le vautour de ses entrailles sans cesse renaissantes (014).
Une seconde mort ne viendra point mettre un terme aux tourments de la première, et le dernier jour n'arrivera jamais pour tant de souffrances. Mais je ne dirai qu'une partie de tes maux, comme celui qui dérobe quelques branches aux forêts de l'Ida, ou quelques gouttes à la mer de Libye. Je ne pourrais en effet compter toutes les fleurs qui naissent sur l'herbe en Sicile ; tout le safran que produit la terre de Cilicie (015); tous les grêlons qui blanchissent le mont Athos, lorsque le triste hiver frissonne sur l'aile de l'Aquilon. Quand tu me donnerais cent bouches, elles ne suffiraient pas au récit de tous tes supplices. Malheur à toi ! telles et si nombreuses seront tes infortunes qu'elles m'arracheront, je crois, des larmes à moi-même ! Ces larmes seront pour moi une source éternelle de bonheur ; elles me seront plus douces que le rire. Tu es né malheureux ; ainsi l'ont ordonné les dieux; nulle étoile propice ou bienfaisante n'a présidé à ta naissance. Alors ne brillaient ni Vénus ni Jupiter ; ni la lune ni le soleil n'avaient un aspect de bon augure, ni le dieu que la belle Maïa (016) conçut du grand Jupiter ne t'éclaira d'une lumière favorable ; Mars et le vieillard qui porte la faux ont fait peser sur toi leur influence funeste ; et, pour que tu ne visses rien que de sinistre, le jour où tu naquis, comme s'il eût été honteux de lui-même, se voila de sombres nuages. C'est celui qui, dans nos fastes (017), tire son nom du fatal combat d'Allia ; ce fut le même qui fut témoin de la naissance d'Ibis, cette calamité publique. A peine tombé du sein impur de sa mère, il pressa de son corps hideux la terre de Ciniphye (018) ; l'oiseau des nuits, le hibou, se plaça sur une hauteur, vis-à-vis de lui, et sa voix lugubre fit entendre des sons funestes. Aussitôt les Euménides le plongèrent dans les herbes des marais fangeux formés par les débordements du Styx ; elles frottèrent sa poitrine du fiel d'une couleuvre de l'Érèbe ; puis, trois fois elles frappèrent dans leurs mains ensanglantées ; elles humectèrent le gosier de l'enfant avec le lait d'une chienne, et ce fut là le premier repas de leur nourrisson. Avec ce lait il suça la rage de sa nourrice, et c'est pourquoi le Forum retentit aujourd'hui de ses aboiements. Elles enveloppèrent ses membres de haillons couverts de rouille, qu'elles enlevèrent d'un bûcher mal éteint, et, pour qu'il ne reposât point sans appui sur le sol nu, elles placeront des cailloux sous sa tête délicate. Avant de s'éloigner, elles approchèrent de ses yeux, et tout près de son visage, des torches de bois vert : l'enfant pleura dès qu'il sentit cette fumée amère. Alors une des trois soeurs prononça ces paroles : "C'est pour un temps infini que nous le vouons aux larmes, et tu ne manqueras jamais de motifs suffisants pour les répandre." Elle dit ; Clotho ratifia ces promesses, et, de sa main ennemie, ourdit une trame sinistre ; puis, pressée d'apprendre à la terre ton avenir : "Un poète, dit-elle, naîtra pour dévoiler ta destinée." Ce poète, c'est moi ; par moi tu apprendras tes malheurs. Puissent seulement les dieux donner à mes vers quelque chose de leur puissance ; puissent les événements confirmer mes prédictions, et toi-même en reconnaître la vérité à l'étendue de ces infortunes ! Qu'on ne trouve des exemples de ta mort qu'en remontant jusqu'aux premiers âges ; que tes maux ne le cèdent en rien à ceux de Troie ; que ta jambe, comme celle du fils de Péan (019), l'héritier d'Hercule à la lourde massue, soit frappée d'un trait empoisonné ; que tes souffrances égalent les souffrances de celui qui suça (020) le lait d'une biche, et qui, blessé par l'arme d'un ennemi, fut guéri, lui désarmé, par cette arme même ; ou de celui qui, jeté à bas de son cheval, tomba dans les champs aléiens (021), et fut presque la victime de sa beauté ! Que tes yeux n'y voient pas plus que les yeux du fils d'Amyntor (022), et que, privé de la lumière, et appuyé sur un bâton, tu interroges ta route en hésitant ; que tes yeux n'y voient pas plus que les yeux de celui (023) dont sa fille guidait les pas, et qui tua son père et sa mère Tel était ce vieillard (024) célèbre dans l'art d'Apollon, après qu'il eut été pris pour juge d'une contestation ridicule ; tel était celui (025) qui fit donner, par ses conseils, une colombe pour guide au vaisseau des Argonautes ; tel était celui (026) qui fut privé de ses yeux, coupables d'avoir été tentés par l'appât de l'or, et, à cause de cela, offert en holocauste par une mère en deuil aux mânes de son fils. Sois encore semblable au berger (027) de l'Etna, à qui Télémus (028), fils d'Euryme, avait présagé ses malheurs futurs ; aux deux fils de Phinée (029), qui furent privés de la lumière du jour par celui-là même qui la leur avait donnée ; à Thamyre (030) et à Démodocus (031) ! Qu'on te mutile comme Saturne mutila celui (031 bis) dont les parties l'avaient engendré ; que les flots irrités de Neptune ne t'épargnent pas plus qu'ils n'épargnèrent celui (032) dont le frère et l'épouse furent subitement métamorphosés en oiseaux ; et ce guerrier industrieux (033) que la soeur de Sémélé (034) ne put voir sans pitié s'attacher aux débris de son vaisseau fracassé ; que tes entrailles, pour que ce genre de supplice n'ait pas été connu d'un seul coupable (035),soient déchirées par des chevaux lancés en sens contraire, et que ton corps subisse les tourments infligés par le général carthaginois à celui (036) qui regardait comme honteux pour un Romain d'être racheté ; que nulle divinité ne vienne à ton aide, comme à celui (037) qui se réfugia en vain près de l'autel de Jupiter hercéen ; sois, comme le fut Thessalus des hauteurs de l'Ossa (038), précipité du sommet d'un rocher ; ou que tes membres, comme ceux d'Euryale (039), son successeur au trône, servent de pâture aux serpents affamés. Que des flots d'eau bouillante, versés sur ta tête, renouvelant sur toi le supplice de Minos (040), hâtent l'instant de ta mort ; que, nouveau Prométhée, et comme lui justement enchaîné, tu abreuves les habitants de l'air de ton sang criminel ; et que, massacré comme les fils d'Etracus (041), le cinquième qui porta le nom d'Hercule trois fois grand, tu sois précipité dans la vaste mer; qu'un enfant, objet d'un honteux amour, te haïsse, ainsi qu'il advint au fils (042) d'Amyntas, et te perce d'un glaive homicide.
Que jamais ton breuvage ne soit moins perfide que celui qui fut versé au fils (043) de Jupiter Ammon. Puisses-tu mourir pendu comme Achéus captif (044), lequel expirait ainsi misérablement près du fleuve aux flots d'or, témoin de son supplice, ou par une tuile lancée par une main féminine, comme ce descendant d'Achille (045) qui portait avec gloire un si grand nom ! Que tes os ne reposent pas plus tranquilles que les os de Pyrrhus (046) jetés et gisants dans les rues d'Ambracie. Puisses-tu mourir percé de flèches comme la fille du descendant d'Éaque (047) ; c'est un crime que Cérès ne peut ignorer. Comme le petit-fils de celui que je viens de nommer (048), puisses-tu, des mains de ta mère, boire les sucs de la cantharide ! Qu'une femme adultère soit dite vertueuse après t'avoir donné la mort, comme on appela vertueuse celle (049) dont la main vengeresse immola Leucon. Qu'avec toi sur le bûcher montent les objets les plus chers à ta tendresse ; c'est ainsi que finit Sardanapale. Que les sables poussés par le Notus t'engloutissent, comme ils engloutirent autrefois ceux qui se préparaient à piller le temple de Jupiter libyen (050) ; qu'une cendre brûlante te dévore le visage, comme ces victimes de la perfidie du second Daréus (051); ou, comme l'exilé (052) de Sicyone, fertile en oliviers, puisses-tu mourir et de froid et de faim ; puisses-tu, comme le roi d'Atarna (053), cousu dans une peau de taureau, devenir la proie ignominieuse de quelque ennemi ton vainqueur ! Que, semblable au roi de Phères (054) immolé par le fer de son épouse, tu sois égorgé dans ta couche ; et, comme Alébas de Larisse (055), puisses-tu connaître à leurs coups quelle était la perfidie de ceux que tu nommais tes fidèles amis. Ainsi que Milon, qui fit gémir les Pisans sous son sceptre tyrannique, sois précipité vivant dans un gouffre d'eau souterraine ; que les traits lancés par Jupiter contre Adimantus, roi de Phliasie, te percent aussi toi-même ; ou, comme Lénéus, chassé d'Amastris (056), sois délaissé nu sur la terre qui porte le nom d'Achille ; ou, comme Eurydamas, traîné trois fois par son ennemi, sur un char de Larisse, autour du bûcher de Thrasyllus ; ou comme ce guerrier (057) dont le corps fut promené autour des murs qu'il avait défendus si longtemps, et qui bientôt devaient s'écrouler ; ou comme la fille d'Hippomène (058), qui subit un nouveau genre de supplice tandis que son amant adultère était traîné, dit-on, dans les champs de l'Attique : qu'ainsi, lorsque ta vie odieuse aura quitté ton corps, des coursiers vengeurs traînent ton hideux cadavre. Que tes entrailles soient clouées sur quelques récifs, comme le furent celles des Grecs dans le golfe d'Eubée (059) ; que la foudre qui s'unit à l'eau pour faire périr un farouche ravisseur s'unisse encore à elle pour t'y engloutir ; que ton esprit pervers soit le jouet des Furies et poursuivi par elles, comme celui (060) dont le corps entier n'était plus qu'une plaie, comme le fils de Dryas (061), roi de Rhodope aux pieds inégaux; comme autrefois l'habitant de l'OEta (062), et le gendre des deux serpents (063), et le père de Tisamène (064), et l'époux (065) de Callirhoé. Puisses-tu n'avoir pas une femme plus chaste que celle (066) dont rougissait Tydée, son beau-père, que cette Locrienne (067) qui se livra aux caresses incestueuses du frère de son mari, et qui, pour cacher son crime, donna la mort à six esclaves. Que les dieux t'accordent une compagne fidèle comme l'étaient celles des sept gendres de Talaüs et de Tyndare (068), comme le furent les filles de Bélus, qui, pour avoir voulu attenter aux jours des enfants de leur oncle, sont aujourd'hui courbées sous le poids d'une eau sans cesse fugitive ; qu'elle brûle comme aujourd'hui des mêmes feux que Byblis et Canacé (069) ; que ta soeur ne te soit connue que par un crime ; si tu as une fille, qu'elle suit pour toi ce que Pélopée fut pour Thyeste, Myrrha pour son père et Nyctimène, pour le sien (070) ; qu'elle soit pieuse et fidèle envers son père comme le fut la tienne (071), ô Ptérélaüs, ou la tienne, ô Nisus ; comme celle qui flétrit d'un nom odieux le lieu théâtre de son crime, et qui, sous les roues de son char (072), écrasa le corps de son père. Puisses-tu périr comme ces jeunes gens (073) dont les têtes furent jadis plantées au-dessus des portes de Pise ; comme ce roi (074) qui, après avoir arrosé si souvent l'arène du sang de malheureux prétendants, finit plus justement par la rougir du sien ; comme, après sa trahison, ce cocher (075) d'un tyran barbare, qui donna un nouveau nom aux eaux du Myrto ; comme ceux qui essayaient vainement d'atteindre cette jeune fille (076), laquelle, retardée un jour dans sa course par trois pommes, devint le prix de celui qui l'avait vaincue ; comme ceux qui pénétrèrent, pour n'en sortir jamais, dans le labyrinthe obscur qui recelait un monstre étrange (077) ; comme ceux (078) dont Achille furieux livra les douze cadavres aux flammes du bûcher ; comme ceux que le Sphinx, faisait périr, dit-on, d'une mort cruelle, trompés qu'ils étaient par ses énigmes insidieuses ; comme ceux qui furent immolés dans le temple de Minerve de Bistonie (079) ; et, c'est pour cela que la statue de la déesse reste encore voilée ; comme ceux (080) qui ensanglantèrent jadis de leurs débris les étables du tyran de Thrace ; comme ceux que dévorèrent les lions de Thérodamas (081), et ceux que Thoas offrait en sacrifice à la déesse de la Tauride ;et ceux que la vorace Scylla et sa voisine Charybde enlevèrent tremblants sur les vaisseaux du roi d'Ithaque ; comme ceux que Polyphème engloutit dans l'abîme de ses flancs ; comme ceux qui payèrent la terrible hospitalité des Lestrigons (082) ; comme ceux que le chef (083) carthaginois noya dans un puits dont il blanchit les eaux par une grêle de pierres ; comme périrent les douze suivantes de Pénélope (084) et ses prétendants, et le traître qui leur fournissait des armes contre la vie de son maître ; comme expira, broyé entre les bras vigoureux de son hôte d'Aonie, le merveilleux athlète (085) qui, terrassé, se relevait vainqueur ; comme ceux qu'étreignirent les bras vigoureux d'Antée ; comme ceux que tuèrent sans pitié les femmes de Lemnos (086) ; comme cet inventeur d'un abominable sacrifice (087), qui enfin victime lui-même de son invention, obtint du ciel une pluie bienfaisante ; comme le frère d'Antée (088), qui teignit  les autels de son sang, juste expiation des exemples barbares qu'il avait donnés ; comme cet impie (089) qui nourrissait ses redoutables coursiers d'entrailles humaines au lieu d'herbe ; comme Nessus et le gendre de Dexaménus (090),qui tous deux, à des époques différentes, tombèrent sous le même bras vengeur ; comme ton arrière petit-fils (091), ô Saturne, lorsque, du haut de ses murailles, le fils de Coronus (092) le regardait expirer ; comme Sinis, et Sciron (093) et Polypémon (094), et son fils ; et le monstre (095) moitié homme et moitié taureau ; comme celui dont la vue planait sur les deux mers et qui laissait se redresser soudain des arbres qu'il avait courbés jusqu'à terre (096); comme Cercyon que Cérès vit avec joie périr de la main de Thésée. Voilà les maux qu'appelle sur toi ma juste colère ; puisses-tu en éprouver de plus terribles encore ! Sois comme Achéménide (097) abandonné sur l'Etna en Sicile, quand il vit arriver les vaisseaux troyens ; sois pauvre comme Irus (098) au double nom, et plus pauvre encore que ceux qui mendient sur les ponts ; qu'en vain le fils de Cérès (099) soit l'objet assidu de ton culte ; qu'il réponde à tes prières par la privation de ses faveurs ; comme on voit, après de nombreuses averses, le sable amolli se dérober sous le pied qui le foule, qu'ainsi on voie ta fortune je ne sais comment se fondre sans cesse, et que sans cesse tu la sentes s'écouler et s'échapper de tes mains. Comme le père de cette fille (100) habituée à changer de formes, puisses-tu, gorgé de nourriture, être dévoré par la faim ; un festin de chair humaine ne t'inspirera nul dégoût, et, sous ce rapport du moins, tu seras le Tydée (101) de notre époque. Puisses-tu commettre des crimes qui épouvantent de nouveau les coursiers du soleil, et les fassent reculer (102) du couchant à l'aurore. Tu renouvelleras le festin impie de Lycaon (103), et tu chercheras à tromper Jupiter par des mets perfides. Puisse quelqu'un aussi tenter la puissance d'une divinité en te servant toi-même sur sa table ! puisses-tu être et le fils de Tantale, et le fils de Térée (104) ; que tes membres épars soient dispersés au loin dans les champs (105), comme ceux qui retardèrent la course d'un père ; qu'enfermé dans l'airain de Pérille, tu ressembles à un véritable taureau, et que tes cris justifient ta nouvelle forme ; ou bien, qu'enfermé dans l'airain de Paphos, comme le féroce Phalaris, et la langue tranchée par le fer, tu pousses des gémissements semblables à ceux d'un boeuf ; et tandis que tu voudras revenir aux belles années de ta jeunesse, puisses-tu être trompé dans tes désirs, comme le vieux père de la femme d'Admète (106); et, malencontreux cavalier, puisses- tu être englouti dans quelque gouffre fangeux, pourvu toutefois que ta gloire ne soit pas le prix de ta mort (107) ; puisses-tu périr, comme ces géants (108) nés des dents semées dans les plaines de la Grèce par la main de Cadmus ! Que sur ta tête retombent les terribles imprécations du fils de Penthée (109) et du frère de Méduse, ainsi que celles contenues dans un petit poème contre l'oiseau qui lance lui-même l'eau dont il se purge les entrailles (110) ; reçois autant de blessures qu'en reçut, dit-on, ce guerrier (110bis) dont les sacrifices à ses mânes ne sont jamais ensanglantés par le couteau ; et qu'atteint de folie, tu te mutiles comme ces prêtres dont Cybèle façonne les membres déshonorés à la danse phrygienne.
Quitte ton sexe, comme Attys (111) ; ne sois plus ni homme ni femme, et frappe de tes doigts efféminés le rauque tambour ; sois changé tout à coup en cet animal consacré à la mère des dieux (112), comme le furent et le vainqueur et celle qui avait vaincu à la course. Mais, afin que Limoné n'ait pas connu seule ce supplice (113), que, sous sa dent meurtrière, un cheval broie tes entrailles, ou que, non moins cruel que le tyran de Cassandrie (114), tu sois enseveli blessé sous la terre amoncelée ; ou que, pareil au petit-fils d'Abas (115), au héros rejeton de Cyence (116), tu sois enfermé dans une prison flottante et jeté dans la mer; ou que, victime offerte à Phébus, tu sois immolé sur ses autels ; genre de mort qu'un ennemi barbare fit subir à Theudotus (117) ; ou qu'Abdère (118) voue à jour fixe ta tête aux dieux, et qu'une grêle de pierres l'écrase, ainsi dévouée.
Que Jupiter irrité lance sur toi ses triples carreaux, comme il les lança sur le fils (119) d'Hipponoüs, sur le père de Dosithoé (120), sur la sueur d'Autonoé (121), sur le neveu de Mais (122), sur le guide imprudent (123) du char paternel, objet de tous ses voeux, sur le farouche fils d'Éole (124), et sur celui qui naquit (125) du même sang que l'Arctos aux ondes glacées. Comme la Macédonienne (126) et son époux qui furent frappés de la foudre, puisses-tu tomber toi-même sous ses feux vengeurs ; puisses-tu être la proie de ces animaux (127) qui, après la mort prématurée de Thrasus, ne durent plus revoir Delos, chère à Latone ; qui déchirèrent le chasseur dont les regards avaient surpris la chaste Diane (128), et Linos, petit-fils de Crotope. Que le venin d'un serpent ne te blesse pas moins grièvement que la belle-fille d'OEagne et de Calliope (129), que le nourrisson d'Hypsipyle (130), que celui (131) qui le premier perça d'une flèche acérée les flancs caverneux du cheval suspect. Ne monte point d'un pas plus assuré qu'Elpénor (132) les degrés d'un palais, et supporte de la même manière que lui la force du vin. Puisses-tu tomber vaincu comme Dryope (133), qui répondit à l'appel du cruel Théodamas en lui portant secours ; comme le sauvage Cacus, égorgé dans son antre après avoir été trahi par les mugissements d'une génisse qu'il y tenait captive ; comme celui qui remit à Hercule la robe trempée dans le poison de l'hydre de Lerne, et dont le sang rougit les eaux de l'Eubée. Jette-toi du haut d'un rocher dans le Tartare, comme celui qui venait de lire l'ouvrage d'un disciple de Socrate sur la mort (134) ; comme celui qui aperçut la voile trompeuse du vaisseau de Thésée (135) ; comme cet enfant précipité des tours d'Ilion (136) ; comme celle qui fut à la fois tante et nourrice du jeune (136bis) Bacchus ; comme celui (137) qui mourut pour avoir inventé la scie ; comme cette vierge de Lydie (138) qui se précipita d'un rocher élevé après avoir blasphémé contre le dieu objet de sa haine. Que dans les champs de ta patrie, une lionne n'ayant pas encore mis bas vienne à ta rencontre et te fasse périr de la même mort que Phaylle. Qu'un sanglier te déchire et te tue comme le fils de Lycurgue (139), comme celui qui naquit d'un arbre (140), et comme l'audacieux Idmon (141) ; qu'il te blesse même après sa mort, comme celui qu'une hure suspendue tua en tombant. Semblable au chasseur de Bérécynthe (142), meurs, comme lui  frappé par une pomme de pin. Si ton vaisseau touche aux rivages de Minos, que le peuple de Crète te regarde comme un habitant de Corcyre (143) ; puisses-tu entrer dans une maison prête à s'écrouler, comme le descendant d'Aléva (144), quand une constellation amie sauva le fils de Léoprépis (145) ; ou, noyé comme Evenus (146), ou Tibérinus (147) dans quel que fleuve rapide, donner ton nom à ce fleuve. Que, détachée du tronc, comme celle du fils d'Astacus (148), ta tête, digne d'ailleurs d'être la pâture des bêtes, soit mangée par un homme ; qu'à l'exemple de Brotée (149) vivement désireux, dit-on, de mourir, tu te livres toi-même aux flammes d'un bûcher ; ou qu'enfermé dans une cage (150), comme cet historien que ne sauvèrent point ses écrits, tu y meures de faim. Sois victime de ta langue effrénée, comme le fut de la sienne l'inventeur de l'ïambe belliqueux (151) ; comme celui qui, dans ses vers au pied boiteux, insultait Athènes (152) ; que ta vie s'éteigne faute de nourriture ; et que ta foi violée te pousse à ta ruine, comme jadis ce poète aux sévères accords (153) ; qu'une morsure envenimée te donne la mort, comme un serpent la donna à Oreste, fils d'Agamemnon ; que la première nuit de tes noces soit la dernière de ta vie : ainsi périrent Eupolis et sa jeune épouse ; qu'une flèche pénètre dans tes entrailles, comme il advint à Lycophron le tragique, et qu'elle y reste fixée ; que la main des tiens sème parmi les bois les lambeaux de ta chair ; c'est ainsi que dans les champs thébains fut trahi celui (154) dont le père naquit d'un serpent ; qu'à travers les montagnes un taureau te traîne après lui dans sa course, comme fut traînée l'orgueilleuse (155) épouse de Lycus ; ou que ta langue arrachée tombe sanglante à tes pieds, comme celle de cette femme (156) que la violence força d'être la rivale de sa soeur ; comme le roi surnommé Blésus (157), qui fut le fondateur de la tardive Myrrha, puisses-tu être rencontré en mille régions diverses ; que l'industrieuse abeille te perce les yeux de son dard malfaisant, comme elle fit au poète Achéus ; que ton corps, comme celui de l'oncle de Pyrrha (158), soit attaché à un rocher aigu, et que tes entrailles soient déchirées de même ; puisses-tu, comme le fils d'Harpagus, avoir la destinée de Thyeste, et, après ta mort, servir de nourriture à ton père ; que ton corps mutilé par le glaive ne soit plus, comme celui de Mimnerme (159), qu'un tronc informe ; et qu'un lacet, comprimant les voies de ta respiration, t'étrangle comme le poète de Syracuse (160) ; que ta peau déchirée laisse à nu tes entrailles, comme celui dont un fleuve de Phrygie conserve le nom (161) ; puisses-tu, malheureux, voir la tête pétrifiante de Méduse, qui causa seule la mort d'un grand nombre de Céphènes (162) ; sentir, comme Glaucus, la dent des cavales de Potnie (163) ; ou comme un autre Glaucus (164), t'élancer dans les îlots de la mer ; ou, comme un troisième (165) du même nom, être étouffé par du miel de Crète. Poisses-tu boire en tremblant le breuvage que but jadis sans s'émouvoir le sage accusé par Anitus (166) ; puisses-tu, si tu aimes jamais, être aussi malheureux qu'Hémon (167) ; et, comme Macarée (168), jouir de ta soeur ; ou voir ce que vit le jeune fils d'Hector du haut des remparts de sa patrie, quand déjà elle était tout entière la proie des flammes ; que, pareil à cet enfant (169) dont l'aïeul fut le père, et qui, par un horrible inceste, fut le fils de sa soeur, tu laves dans ton sang ton opprobre ; que dans tes os pénètre un trait semblable à celui qui, dit-on, donna la mort au gendre d'Icare (170) ; qu'une main ennemie intercepte le chemin de ta parole comme il arriva jadis à ce bavard (171) étranglé dans le cheval de bois ; puisses-tu, comme Anaxarchus (172), être pilé dans un mortier ; puissent tes os, battus comme le grain, être moulus de même ; que Phébus te précipite au fond du Tartare, comme le père de Psamathe (173) : c'est ainsi que lui-même y avait précipité sa fille. Que tout les tiens soient dévorés par ce monstre que vainquit Choroebus (174) lorsqu'il vint au secours des malheureux habitants de l'Argolide ; sois exilé comme le petit-fils d'Éthra (175), victime réservée au courroux de Vénus, et sois, comme lui, renversé de ton char par tes chevaux épouvantés. Que, semblable à l'hôte qui fit périr, pour s'emparer de ses richesses (176), l'enfant confié à ses soins, ton hôte, pour te ravir ta chétive fortune, soit ton assassin. Que tu meures avec toute ta race, comme Damosichthon (177), qui fut, dit-on, égorgé avec ses six frères. Puisses-tu comme ce joueur de lyre (178) qui, privé de ses enfants, n'eut pas la force de leur survivre, succomber au dégoût de la vie ! Que ton corps, comme celui de la soeur de Pélops (179) et celui de Battus (180), que perdit l'indiscrétion de sa langue, se durcisse et se change en rocher. Que le disque lancé par toi dans le vide des airs retombe sur ta tête, et te frappe comme le fils d'OEbalus (181) ; si, amenant tes bras tour à tour, tu fends les eaux d'un fleuve, qu'elles soient pour toi plus funestes que les eaux d'Abydos (182). Puisses-tu, comme ce poète comique qui périt un jour en traversant la mer à la nage (183), être étouffé dans les eaux du Styx ; puisses-tu, lorsque après un naufrage tu auras triomphé de la mer orageuse, mourir, comme Palinure (184), en touchant la terre ; ou, comme le poète tragique (185), être mis en pièces par les chiens qui veillent autour de Diane, ou te lancer toi-même dans la bouche du géant sicilien, d'où l'Etna vomit des tourbillons enflammés ! Que les femmesu Strymon (186), te prenant pour Orphée, te déchirent les membres de leurs ongles furieux. Comme le fils d'Althée (187), consumé par le feu invisible d'un tison, sois consumé toi-même par le feu d'un pareil tison. Comme cette nouvelle épouse (188) qui périt après avoir reçu de Médée, sa rivale, une couronne ; comme le père de cette épouse, et sa maison avec lui ; comme Hercule, dont les membres furent infectés tout à coup par un sang impur, qu'ainsi ton corps soit dévoré par un venin mortel. Que les armes d'un nouveau genre qui servirent au petit-fils de Penthée (189) pour venger Lycurgue, son père, soient aussi destinées à te frapper ; que, pareil à Milon, tu cherches à fendre un chêne entr'ouvert, sans que tu puisses en dégager tes 
mains captives ; que tes propres présents te perdent, comme Icare (190), sur qui une multitude ivre et furieuse porta ses mains armées pour l'immoler ; que le noeud d'un lacet te serre la gorge, comme à cette tendre fille (191) désolée de la mort de son père. Puisses-tu, emprisonné dans ta demeure, souffrir la faim, comme celui (192) auquel sa mère elle-même imposa cet affreux supplice ; puisses-tu, comme celui (193) qui, sur ses voiles légères, quitta le port de l'Aulide, profaner la statue de Diane ; ou comme le fils de Nauplius (194), expier par la mort un crime supposé, et implorer en vain le secours de ton innocence ! Comme Éthalion (195) fut mis à mort par un prêtre d'Isis, qu'Io, en punition d'un tel forfait, repousse encore aujourd'hui de ses sacrifices ; comme Mélanthée (196), cherchant dans les ténèbres un refuge contre le meurtre, fut trahi par l'éclat de la lampe de sa propre mère ; qu'ainsi ton coeur soit percé de traits ; qu'ainsi tu rencontres ta perte là où tu espérais ton salut. Puisses-tu passer une nuit pareille à celle que passa le lâche Phrygien (197) qui prétendit à la possession des chevaux du vaillant Achille. Puisses-tu ne pas dormir d'un meilleur sommeil que Rhésus (198), ou que les gens qui, ayant été les compagnons de son expédition, le furent aussi de sa mort, ou que ceux qui, avec le Rutule Rhamnès, furent égorgés par l'audacieux fils d'Hyrtacus et par son ami (199). Puisses-tu, entouré de flammes épaisses, porter comme le fils de Clinias (200), dans la barque du Styx, tes membres à demi-consumés ; ou comme Rémus, qui osa franchir les remparts à peine élevés de son frère, recevoir la mort d'un instrument champêtre ; puis enfin, vivre et mourir dans les lieux où je suis, au milieu des flèches des Sarmates et des Gètes ! Tels sont les voeux que je me contente, quant à présent, de former dans ce libelle, afin que tu n'aies pas à te plaindre de mon oubli ; c'est bien peu, je l'avoue : mais puissent les dieux t'accorder au delà de mes demandes ! puisse leur bienveillance ajouter quelque chose à mes souhaits ! 
Bientôt tu en liras davantage, et ton nom n'y sera pas dissimulé ; alors aussi je choisirai le mètre qui convient aux combats sanglants (201).

NOTES DE L'IBIS.

Le triste héros de ce poème est inconnu ; quelques-uns disent qu'il se nommait Hygin. Il était l'ami d'Ovide, qu'en dépit de cette amitié il déchirait par ses calomnies, et dont il convoitait les dépouilles et insultait la femme. Quant au nom que lui donne le poète, il est pris d'un poème du même genre écrit par Callimaque, poète élégiaque grec, contre Apollonios de Rhodes. Quoi qu'il en soit, il parait que ce nom d'Ibis désigne le pays de celui qu'Ovide maudit dans ce libelle. Denys de Salvaing, auteur du meilleur commentaire sur l'Ibis, prétend que l'ennemi d'Ovide était d'Alexandrie, en Égypte, où l'on sait que l'ibis était un oiseau très vénéré. Cet oiseau passait d'ailleurs pour se donner des remèdes par le moyen de son long bec. Ovide le croit, et Georges Pisidas, auteur d'un poème en vers grecs sur l'Oeuvre des six jours, dit que l'ibis sait plus de médecine que Gallien. Alicat (emblème 87) lui attribue aussi l'invention du clystère.

(001) Auguste.

(002) Les flammes du bûcher d'Étéocle et de Polynice.

(003) L'ïambe fut inventé par Archiloque, qui eu usa tellement contre Lycambe, son beau-père, qu'il le réduisit à se pendre.

(004) Callimaque, fils de Battus.

(005) Suivant Denys de Salvaing, il ne s'agirait pas ici de Thésée, gendre de Pasiphaé, dont il avait épousé la fille Ariane, et célèbre par ses imprécations contre Hippolyte, mais de Glaucus, devin fameux et véridique, lequel aurait été l'amant d'Ariane. Cette explication de Salvaing s'accorde en effet beaucoup mieux avec le passage d'Ovide.

(006) Le nom faisait beaucoup dans les imprécations, et pour que celles-ci fussent efficaces, il fallait que la personne fût nommée.

(007) Ixion. La plupart des faits cités dans ce poème, et qui ont rapport à la mythologie élémentaire  étant connus suffisamment, nous ne leur consacrerons que des notes très sommaires.  On trouvera d'ailleurs dans les oeuvres de notre poète, et particulièrement dans ses Métamorphoses, tous les éclaircissements dont nous nous dispenserons ici, de peur d'en donner de trop imparfaite.

(008) Tantale, célèbre par son supplice.

(009) Tityus, fils de la Terre, géant dont le corps couvrait neuf arpents.

(010) Éaque, frère de Minos et de Rhadamante, et, comme eux, juge aux enfers.

(011) Il était fils d'Éole, et désolait l'Attique par ses brigandages. Il fut tué par Thésée.

(012) Ixion, roi des Lapithes, que les Euménides attachèrent à une roue qui tournait sans cesses pour le punir de son amour pour Junon.

(013) Le supplice de Tantale.

(014) Le supplice de Tityus.

(015) Le meilleur safran se récoltait sur le mont Corycius en Cilicie.

(016) Maïa, fille d'Atlas, et mère de Mercure.

(017) Les Romains avaient été battus par les Gaulois, sur les bords de l'Allia ; ils regardèrent, depuis, ce jour comme néfaste.

(018) La terre de Ciniphye en Afrique était le pays des monstres.

(019) Philoctète, fils de Péan, l'héritier des flèches d'Hercule.

(020) Télèphe, fils d'Hercule et d'Augé, fille d'Aléas : une biche fut sa nourrice. Au siège de Troie, il fut blessé par Achille qui le guérit lui-même de sa blessure.

(021) Bellérophon, qui, monté sur Pégase, triomphe de la Chimère et tombe ensuite de son cheval dans les champs aléiens.

(022) Phénix, fils d'Amyntor ; son père lui lit crever les yeux pour avoir voulu violer une de ses concubines. Chiron le guérit, et lui confia la conduite d'Achille. On lui attribue l'invention des lettres grecques.

(023) Oedipe, fils de Laïus et de Jocaste, devenu aveugle après avoir tué son père sans le connaître, et commis innocemment un inceste avec sa mère.

(024) Tirésias, privé de la vue par Junon, pour s'être prononcé contre celle-ci dans une discussion entre elle et Jupiter sur la question de savoir lequel était le plus amoureux de l'homme ou de la femme.

(025) Phinée, roi d'Arcadie, fut privé de la vue pour avoir fait crever les yeux à ses deus fils.

(026) Polymneslor, roi de Thrace, à qui Hécube arracha les yeux pour le punir du meurtre de son fils Polydore.

(027) Polyphème, le cyclope auquel Ulysse creva l'oeil.

(028) Devin qui avait prédit à Polyphème sa tragique aventure avec Ulysse.

(029) Crambis et Orynthus, tous deux fils de Phinée. (Voyez note 25.)

(030) Chantre célèbre, disciple de Linus, qui perdit la vue pour avoir défié les Muses.

(031) Chantre célèbre et aveugle, qu'Homère place à table dans les festins d'Alcinoüs, roi de Phéacie.

(031 bis) Coelus, père de Saturne.

(032) Céyx, époux d'Alcyone, et frère de Dédalion. Il périt dans un naufrage. (Voyez Métamorphoses, liv. XI.)

(033) Ulysse.

(034) Ino, fille de Cadmus, et nymphe de la mer.

(035) Supplice de Métius Suffétius, général des Albains, condamné par Tullus Hostilius à être tiré à quatre chevaux pour sa trahison.

(036) Attilius Regulus. (Voyez Horace, liv. III, ode 5.)

(037) Priam, tué par Pyrrhus, sur l'autel de Jupiter, qu'il embrassait en suppliant.

(038) Thessalus, roi de Thessalie, fils d'Hémon. Euryale et Corcyre, le précipitèrent du haut de l'Ossa.

(039) L'un des meurtriers de Thessalus, dont nous venons de parler, et qui fut, dit-on, dévoré par des serpents.

(040) Minos, roi de Crète, étouffé dans un bain par Cocalus, roi de Sicile.

(041) Le fils d'Étracus fut mis à mort par Clébas, fils de Dorus, jeune homme qu'il aimait tendrement. Il était, à cause de sa valeur, surnommé le cinquième Hercule.

(042) Philippe, roi de Macédoine, et père d'Alexandre. Pausanias le tua pour un déni de justice.

(043) Alexandre, qui prétendait descendre de Jupiter Ammon, et qui passe pour avoir été empoisonné à Babylone par ses officiers.

(044) Achéus, fils d'Andromaque et roi d'Asie, fut trahi par Bolide et Cambylus, et mis à mort par Antiochus. ( Voyez Polybe, liv. VIII. )

(045) Pyrrhus, roi d'Épire, tué à Argos par une tuile qu'une vieille femme lui jeta sur la tête. (Voyez Plutarque, vie de Pyrrhus.)

(046) Pyrrhus Néoptolème, fils d'Achille. Ses os furent semés, dit-on, par les chemins d'Ambracie.

(047) Héraclée, fille d'Hiéron, de la race d'Achille tuée à coups de flèches par les Syracusains, dans le temple de Cérès.

(048) Pyrrhus, petit-fils de celui qui fit la guerre aux Romains. Sa mère Olympias l'empoisonna.

(049) Leucon, après avoir assassiné son frère Spartacus, roi de Perse, fut mis à mort par sa belle-sœur,  qui avait été complice de son assassinat.

(050) Cambyse, fils du grand Cyrus ; il fut englouti dans les sables d'Afrique lorsqu'il allait piller le temple d'Ammon.

(051) Darius Ochus, qui se défit des mages en les faisant tomber dans un lieu rempli de cendres. (Voyez Valère Maxime, liv. IX, chap. 11. )

(052) Néoclès ou Nicoclès, tyran de Sicyone.

(053) Herinius, tyran d'Atarna.

(054) Alexandre, tyran de Phères. (Voyez Plutarque, vie de Pélopidas.)

(055) Alébas, tyran de Larisse, en Thessalie, assassiné par ses gardes.

(056) Amastris, cille de la Péninsule italique, fondée par Amastris, femme de Diyonisius Lénéus, tyran d'Héraclée, qui, poursuivi par Milhridate, fut tué dans un lieu appelé la Course d'Achille Achilleôs dromos.

(057) Hector.

(058) La fille d'Hippomène, prince des Athéniens, surprise en adultère, fut enfermée avec un cheval affamé qui la dévora ; son complice fut traîné par des chevaux à travers l'Attique.

(059) Dans ce vers et les trois qui suivent il s'agit d'Ajax, fils d'Oïlée, et de ses compagnons, les Locriens.

(060) Le satyre Marsyas, écorché par Apollon, qu'il avait défié.

(061) Lycurgue, fils de Dryas, et ennemi de Bacchus. En coupant un cep de vigne, il se coupa la jambe.

(062) Hercule, appelé Oetéen à cause de sa mort sur le mont OEta.

(063) Athamas, fils de Cadmus et d'Harmona, qui furent changés en serpents.

(064) Oreste, père de Tisamène, qu'il eut d'Hermione.

(065) Alcméon, qui devint furieux, après avoir tué sa mère Ériphyle.

(066) Égyalée , femme de Diomède. Vénus, pour se venger de ce prince, inspira à Égyalée une passion furieuse.

(067) Hypermnestre de Locres.

(068) Agamemnon.

(069) Biblis, file de Milétus et de Cyanée, fut l'amante de son frère Caunus. - Canacé, fille d'Eolus et d'Énaréte, épousa secrètement son frère Macarée.

(070) Il s'agit ici de trois femmes qui eurent un commerce incestueux avec leur père : Pélopée avec Thyeste, Myrrha avec Cynirus, Pons avec Nyctimène. (Voyez Métamorphoses, liv. II. )

(071) L'auteur rappelle ici la trahison de Polydice, fille de Ptérétas, roi de Thèbes, envers son père ; ou celle de Cométho, fille du roi des Taphiens, qui livra son pays à Céphale, qu'elle aimait, et la perfidie de Sylla, fille de Nisus, roi de Mégare.

(072) Tullia, femme de Tarquin Le Superbe.

(073) Les amants d'Hippodamie, fille d'OEnomatie, roi d'Élide et de Pise.

(074) OEnomaüs.

(075) Myrtile, cocher d'OEnomaüs, qu'il trahit en faveur de Pélops. Lorsqu'il réclama le prix de sa trahison, Pélops le jeta dans la mer, depuis appelée Myrtoum Mare.

(076) Les amants d'Atalante, fille de Schénée.

(077) Les jeunes gens qu'Athènes envoyait chaque année pour être dévorés par le Minotaure.

(078) Les douze jeunes Troyens qu'Achille immola sur le bûcher de Patrocle.

(079) Les Lemniens égorgés par les Spartiates dans le temple de Minerve, dont la statue avait été apportée de Thrace.

(080) Ceux que Diomède, roi de Thrace, faisait dévorer par ses chevaux.

(081) Ceux qui furent déchirés par les lions vue Thérodamas, roi de Scythie, nourrissait pour sa garde.

(082) Voyez les Métamorphoses, livre XIV.

(083) Les sénateurs d'Acerra, mis à mort par les Carthaginois. (Voyez Appien, sur l'Afrique.)

(084) Pénélope. (Voyez Homère, Odyssée, liv. XXII)

(085) Antée, terrassé par Hercule, et, dans le vers suivant, ceux qui ont péri par la main d'Antée.

(086) Les femmes de Lemnos, qui tuèrent toutes leurs maris.

(087) Thrasyllus, qui apprit a Busiris à obtenir de la pluie par ses sacrifices humains, et qui fut à la fin la victime de son propre conseil.

(088) Pygmalion, qui immolait ses hôtes.

(089) Diomède, roi de Thrace, puni par Hercule.

(090) Curytion, frère de Nessus, tué par Hercule.

(091) Péripbétès, mis à mort par Thésée, près du temple d'Epidaure.

(092) Esculape, fils d'Apollon et de la nymphe Coronis.

(093) Brigands mis à mort par Thésée.

(094) Polypémon et son fils Procuste.

(095) Le Minotaure, fils de Pasiphaé.

(096) Pityocampte, le courbeur de pins, tué aussi par Thésée.

(097) Voyez Énéide, liv. III.

(098) II s'appelait Irus et Arnée. (Voyez Odyssée,, liv. XVIII.)

(099) Plutus, fils de Cérès et de Jasius.

(100) Érisichton, qui, pour satisfaire sa faim insatiable, vendait sa fille Dryopis ou Mestra, sous toutes sortes de formes.

(101) A l'exemple de Tydée, qui, blessé à mort par Ménalippe, se fit apporter sa tête, et lui rongea la cervelle. (Voyez Stace, Thébaide, liv. IX.)

(102) Allusion au festin de Thyeste.

(103) Lycaon, qui servit aux dieux les membres de son fils Pélops.

(104) Pélops et Itys ; ce dernier fut servi par sa mère à son père Térée.

(105) Absyrte, frère de Médée, qui le mit en pièces, et sema ses membres par les chemins pour arrêter les poursuites de son père.

(106) Pélias, roi de Thessalie et oncle de Jason.

(107) Comme Curtius, qui se jeta avec son cheval au milieu d'un gouffre qui s'était ouvert au milieu de Rome.

(108) Les soldats de Cadmus.

(109) On ne sait pas de qui Ovide veut parler ici.

(110) Il s'agit de l'ibis de Callimaque.

(110 bis) On croit qu'il est ici question d'Osiris, coupé, dit-on, en morceaux par son frère Typhon, qui voulait s'emparer de sa couronne. (Voyez, sur cet Osiris, Suidas, Appien et Plutarque.)

( 111) Jeune Phrygien qui se fit eunuque pour devenir prêtre de Cybèle.

(112) Hippomène et Atalante, changés en lions.

(113) Limoné, fille d'Hippomène et d'Atalante.

(114) Apollodore, tyran de Cassandrie. (Voyez Pontiques, liv. II, lettre IX.)

(115) Persée, descendant d'Abas.

(116) Télèphe, à ce qu'on croit.

(117) On ne sait quel est ce Theudotus.

(118) La ville d'Addère dévouait un homme au commencement de chaque année, et le tuait à coups de pierres, pour le salut commun.

(119) Capanée, un des sept chefs devant Thèbes.

(120) Atrax, foudroyé pour avoir divulgué les amours de sa fille avec Jupiter.

(121) Sémélé, brûlée par le feu de Jupiter.

(122) Jasius, fils d'électre et de Jupiter.

(123) Phaéton.

(124) Salmonée, fils d'Éole.

(125) Isménée, fils de Lycaon.

(126) On ignore quelle est cette Macédonienne.

(127) C'est-à-dire des chiens.

(128) Actéon.

(129) Eurydice, femme d'Orphée.

(130) Opheltes, fils de Lycurgue, roi de Mémée, appelé aussi Archémore.

(131) Laocoon. (Voyez Virgile, Enéide, liv.II.)

(132) Compagnon d'Ulysse, qui se tua en tombant du haut du palais de Circé.

(133) Lychas, tué par Hercule.

(134) Cléombrote d'Ambracie, qui se précipita du haut d'une tour, après avoir lu le Phédon.

(135) Égée, père de Thésée.

(136) Astyanax ou Scamandrius, fils d'Hector.

(136 bis) Ino, fille d'Athamas et soeur de Sémélé. Elle se jeta dans la mer pour éviter la rage de son époux.

(137) Perdix, neveu de Dédale, qui le fit précipiter d'une tour.

(138) llice, fille d'Ibycus le Lydien.

(139) Ancée, tué par le sanglier de Calydon.

(140) Adonis, fils de Myrrha, changée en arbre.

(141) ldmon, fils d'Apollon et d'Astérie.

(142) Atys et Nauclus de Bérécynthe.

(143) Les Crétois haïssaient les Corcyréens à cause de la mort de leur roi Minos.

(144) Scopas le Thessalien, qui refusa de payer les vers de Simonide, et périt écrasé par sa maison.

(145) Simonide, fils de Léoprépès. - Stella est ici l'étoile de Castor et Pollux.

(146) Étolien qui donna son nom au fleuve Lycormas.

(147) Tibérinus, huitième roi d'Albe, suivant Ovide, Fastes, liv. II. - Il donna son nom au fleuve Albula, en s'y noyant.

(148) On ne sait pas quel est ce fils d'Astacus.

(149) Brotie ou Érichthonius, fils de Minerve et de Vulcain.

(150) Callisthène, qui mourut de faim dans une cage où Alexandre l'avait fait enfermer.

(151) Archiloque, le poète.

(152) Hipponax, auteur d'une satire contre Bupale et Athènes, en vers scazons.

(153) Stésichore ou Alcée.

(154) Penthée, petit-fils de Cadmus, déchiré par Agavé, sa mère, et les autres bacchantes.

(155) Dircé, femme de Lycus, roi de Thèbes, fut attachée à la queue d'un taureau sauvage.

(156) Philomèle.

(157) Cinyras, roi de Crète, et père d'Adonis.

(158) Prométhée.

(159) Mimnerme, poète élégiaque.

(160) Empédocle, philosophe et poète.

(161) Le satyre Marsyas. 

(162) Voyez Métamorphoses, liv. V.

(163) Les cavales de Glaucus de Potnie, qui le dévorèrent.

(164) Voyez Métamorphoses, liv. XIV.

(165) Glaucus de Crète. (Voyez Hygin, fable CXXXVI.)

(166) Socrate.

(167) Hémon, fils de Créon, se tua sur le tombeau d'Antigone, fille d'Oedipe.

(168) Voyez la note 69.

(169) Adonis, fils de Cinyras et de Myrrha, ou bien aussi Égisthe, fils de Thyeste et de sa fille Pélopée.

(170) Ulysse, tué par Télégonus, qu'il avait eu de Circé.

(171) Anticlus. Ulysse l'étrangla dans le cheval de Troie, pour l'empêcher de parler.

(172) Il fut pilé dans un mortier par Nicocréon, tyran de Chypre.

(173) Crotopus, roi d'Argos.

(174) Voyez Stace, Thébaïde, liv. I.

(175) Hippolyte, petit-fils d'Éthra.

(176) Polymnestor, roi de Thrace. (Voyez Virgile, Enéide, liv. III.)

(177) C'était un des enfants de Niobé.

(178) Amphion, époux de Niobé.

(179) Niobé, soeur de Pélops, et fille de Tantale.

(180) Il avait vu Mercure commettre un vol, et il l'avait trahi.

(181) Hyacinthe, fils d'OEbalus, tué par Apollon d'un coup de disque.

(182) Le détroit d'Abydos, où se noya Léandre.

(183) Il s'agit ici de Térence, ou plutôt d'Eupolis, poète grec qui, au rapport de Suidas, se noya dans l'Hellespont.

(184) Voyez Enéide, liv. VI.

(185) Euripide, dévoré par des chiens.

(186 ) Les ménades ou bacchantes.

(187) Méléagre, que sa mère fit mourir en jetant au feu le tison auquel les Parques avaient attaché sa vie.

(188) La couronne que Médée envoya à Créuse, sa rivale, qui épousa Jason.

(189) Butès, fils de Lycurgue, qui fit mettre a mort tous les prêtres de Bacchus.

(190) Icare, père d'Érigone, tué par des paysans de l'Attique auxquels il avait appris à boire du vin.

(191 ) C'est cette Érigone, fille d'Icare, dont il est question dans la note précédente.

(192) Pausanias, roi de Lacédémone.

(193) Il s'agit d'Ajax, fils d'Oilée.

(194) Palamède, fils de Nauplius.

(195) On ignore quel est cet Éthalion.

(196) Même ignorance sur ce Mélanthée.

(197) Il s'agit de Dolon, fils d'Eumède, qui vint comme espion dans le camp des Grecs. Il fut tué par Ulysse et Diomède. (Voyez Iliade, liv. X.)

(198) Rhésus, roi de Thrace, qu'Ulysse et Diomède tuèrent pendant son sommeil, lui et tous ses compagnons.

(199) Nisus et Euryale. (Voyez Virgile, Énéide, liv. IX.)

(200) Alcibiade. (Voyez sa vie dans Plutarque.)

(201) C'est-à-dire les vers iambiques