MAXIME DE TYR
DISSERTATIONS
DISSERTATION XIII.
Quelles sont les
plus fâcheuses maladies, celles du corps, ou celles de l'âme (26)
?
Πότερα χαλεπώτερα νοσήματα, τὰ τοῦ
σώματος, ἢ τὰ τῆς ψυχῆς.
[1]
I. Ἄιδεταί τι ἐξ ἀρχαίου ᾆσμα ἐν εὐχῆς μέρει,
ὑγεία
πρεσβίστα μακάρων,
μετὰ σοῦ ναίοιμι τὸ λειπόμενον βιοτᾶς.
Ἐρωτῶ
δὴ τὸν ποιητὴν τοῦ ᾄσματος, τίνα καὶ οὖσαν τὴν ὑγείαν ταύτην
ξύνοικον αὐτῷ ἐλθεῖν παρακαλεῖ κατὰ τὴν εὐχήν. Ἐγὼ μὲν γὰρ ὑποπτεύω
δαιμόνιόν τι εἶναι χρῆμα καὶ εὐχῆς ἄξιον· οὐ γὰρ ἂν εἰκῇ οὐδὲ ἐκ τοῦ
προστυχόντος κατηξιώθη ᾠδῆς, καὶ ἔμεινεν ᾀδόμενον. Εἰ δὲ καὶ
τοιοῦτόν ἐστιν, ὁποῖον αὐτὸ ὑποπτεύω εἶναι, ἀποκρινάσθω ἡμῖν ὑπὲρ
τοῦ ποιητοῦ ὁ λόγος αὐτός· δύο γὰρ ὄντοιν ἐν τῇ τοῦ ἀνθρώπου
ἁρμονίᾳ, ψυχῆς καὶ σώματος, εἰ μὲν οὐ πέφυκεν ψυχὴ νοσεῖν, ἦν ἂν
δήπου τὸ ᾆσμα τοῦτο εὐχὴ σώματος, τοῦ καὶ πεφυκότος νοσεῖν καὶ
ὑγείαν στέργοντος· εἰ δὲ ἀμφοῖν ὁμοίως συγκεκραμένων μὲν πρὸς τὸ
κάλλιστον ὑπὸ τῆς φύσεως, ταραττομένων δὲ ὑπὸ τῆς παροινίας τῶν
μερῶν, ἐπειδὰν πλεονεκτήσῃ τὶ ἐν αὐτοῖς, ὡς ἐν πόλει δῆμος ἢ
τύραννος, κωλύει τὰ ἄλλα καὶ λυμαίνεται αὐτῶν τῇ συμμετρίᾳ, καλοῦμεν
δὲ ἑκατέραν τὴν πλεονεξίαν, τὴν μὲν ψυχῆς, τὴν δὲ σώματος, καὶ
πρὸς μὲν αὐτὸ ἑκάτερον ὁμοίως ὑγείας ἐνδεές, πρὸς δὲ τὸ πλησίον οὐ
κατ´ ἰσηγορίαν τάττεται· τὴν ποτέρου αὐτοῖν συμμετρίαν καὶ σωτηρίαν,
πρεσβίσταν μακάρων ὀνομάζωμεν; Ἵνα δὴ καὶ τὴν ἑκατέρου νόσον
ἐκ τοῦ ἐναντίου θεασώμεθα, ποτέρᾳ τῷ ἀνθρώπῳ μεῖζον κακόν, φέρε δὴ
οὑτωσὶ τὸ πᾶν διαιτήσωμαι. |
ON
chante dans une hymne antique, en guise de prière, « O Santé! la
plus ancienne des Déesses! puissé-je passer avec toi les jours qui
me restent (27)
» ! Je voudrais bien que l'auteur de cette hymne daignât me dire
quelle est cette santé qu'il invoque, avec laquelle il puisse
habiter. J'imagine que c'est quelque Divinité, digne qu'on lui
adresse un semblable vœu. Car ce n'est, ni sans sujet, ni au hasard,
que le poète lui a consacré ces vers, et que l'on continue de les
chanter. Or, si cette Divinité est telle que je l'imagine, la saine
raison va nous répondre pour justifier le poète. II y a deux choses
dans l'harmonique organisation de l'homme, l'âme et le corps. Si
l'âme n'était point naturellement susceptible d'être malade, le vœu
en question ne concernerait que le corps, destiné à être tantôt
malade, tantôt bien portant. Mais si la nature a combiné l'âme et le
corps ensemble, de manière qu'étant l'un et l'autre dans le meilleur
état, ils puissent néanmoins éprouver réciproquement le désordre que
chacun d'eux peut éprouver par le dérèglement de son voisin; ce qui
arrive, lorsque l'un prend le dessus sur l'autre, comme le peuple
sur le chef du Gouvernement, ou le chef du Gouvernement sur le
peuple, dans une Cité, (car nous distinguons ces deux genres de
prépondérance, et nous appelons l'une, prépondérance de l'âme sur le
corps, et l'autre, prépondérance du corps sur l'âme, lesquels
considérés l'un et l'autre, en eux-mêmes, ont également besoin de
santé, égalité de condition qui n'a pas lieu lorsqu'on les envisage
dans leurs rapports respectifs) entre les puissances conservatrices
de l'harmonie et de la santé du corps et de l'âme, quelle sera celle
à laquelle nous donnerons le nom de la plus ancienne des Déesses (28)
? Afin donc que du contraste de la maladie du corps, et de la
maladie de l'âme, puisse sortir la solution de notre question,
savoir, quelle est celle des deux qui est le plus grand mal pour
l'homme, nous la discuterons sous le point de vue que voici.
|
[2]
Ψυχὴ καὶ σῶμα ὁ ἄνθρωπος, τὸ μὲν αὐτοῦ ἄρχον, τὸ δὲ ἀρχόμενον, ὡς ἐν
πόλει ἄρχων καὶ ἀρχόμενος· καὶ ἐστὶν καὶ ὁ ἄρχων πόλεως μέρος, καὶ
οἱ ἀρχόμενοι παραπλησίως· πότερον δὴ τῶν μερῶν τούτων πράττον κακῶς
λυμαίνεται τῇ πόλει; Νοσείτω δῆμος ἐν δημοκρατίᾳ, ἀλλὰ
Περικλῆς ὑγιαίνων, ἄρχων ἀγαθός, ἐπανορθοῖ τὴν τοῦ δήμου
νόσον· νοσείτω Συρακοσίοις Διονύσιος τυραννικὴν νόσον, ἀλλ´ ὁ δῆμος
ὑγιαίνων ἐξασθενεῖ πρὸς τὴν σωτηρίαν. Βούλει δὴ τὸ μὲν σῶμα εἶναι
σοι οἷον δῆμον, τὴν δὲ ψυχὴν ὥσπερ δυνάστην; θέασαι τοίνυν, καὶ
παράβαλε τὴν εἰκόνα. Ὁ δῆμος πλέον ἢ ὁ ἄρχων, καὶ τὸ σῶμα πλέον ἢ ἡ
ψυχή· δῆμος ἔμπληκτον, καὶ τὸ σῶμα ὅμοιον· δῆμος πολυμερὲς καὶ
πολύφωνον καὶ πολυπαθές, καὶ τὸ σῶμα πολυμερὲς καὶ πολύφωνον
καὶ πολυπαθές· δῆμος ἐξ ἀνομοίων πολλῶν καὶ παντοδαπῶν
συγκεκραμένον, καὶ τὸ σῶμα ἐξ ἀνομοίων πολλῶν καὶ παντοδαπῶν
συγκεκραμένον· δῆμος χρῆμα ὀξὺ ἐν ὀργαῖς, ἰσχυρὸν ἐν
ἐπιθυμίαις, ὑγρὸν ἐν ἡδοναῖς, δύσθυμον ἐν λύπαις, χαλεπὸν ἐν
θυμοῖς· ταὐτὰ καὶ σώματος πάθη, καὶ γὰρ ἐπιθυμητικόν, καὶ αἰτητικόν,
καὶ φιλήδονον, καὶ ὁρμητικόν. Φέρε, καὶ τὸν ἄρχοντα τῷ ἄρχοντι
εἰκάζωμεν Ἄρχων ἐν πόλει προστακτικώτατον, καὶ τιμιώτατον, καὶ
ἰσχυρότατον, ψυχὴ ἀνθρώπῳ προστακτικώτατον, καὶ τιμιώτατον, καὶ
ἰσχυρότατον· ἄρχων τῇ φύσει φροντιστικώτατον, καὶ λογιστικώτατον, τὸ
δὲ αὐτὸν καὶ ἡ ψυχή· ὁ ἄρχων αὐτεξούσιον, καὶ ἡ ψυχή. Τούτων τοίνυν
οὕτως ἐχόντων, τὴν ποτέρου νόσον χαλεπωτέραν φήσομεν, καὶ ἐν
ἀνθρώπῳ, καὶ ἐν πόλει; οὐ τὸ κρεῖττον νοσοῦν ἀνιαρότερον τῷ ὅλω;
δῆμος μὲν γὰρ κάμνων, ὑγιαίνοντος ἄρχοντος, ἐν ἐλευθέρᾳ τῇ πόλει
νοσεῖ· ἄρχοντος δὲ νοσοῦντος, δουλεία πόλεως. Συνελόντι δ´ εἰπεῖν,
ψυχὴ σώματος τιμιώτερον· τὸ δὲ τοῦ τιμιωτέρου ἀγαθόν, μεῖζον· τὸ δὲ
τῷ μείζονι ἀγαθῷ ἐναντίον, μεῖζον κακόν· ἀγαθὸν δὲ μεῖζον ὑγεία
ψυχῆς ὑγείας σώματος· μεῖζον οὖν κακὸν νόσος ψυχῆς νόσου σώματος.
Ὑγεία μὲν σώματος τέχνης ἔργον, ὑγεία δὲ ψυχῆς, ἀρετῆς ἔργον· νόσος
ψυχῆς μοχθηρία, νόσος σώματος δυστυχία· ἑκούσιον ἡ μοχθηρία,
ἀκούσιον ἡ δυστυχία· ἐλεεῖται τὰ ἀκούσια, μισεῖται τὰ ἑκούσια·
τὰ ἐλεούμενα βοηθεῖται, τὰ μισούμενα κολάζεται· τὰ βοηθούμενα
μέτρια, τὰ κολαζόμενα χείρω. |
II. L'âme et le
corps composent l'homme. L'un des deux commande, l'autre obéit. Il en est comme
dans une Cité, où les uns ont l'autorité, et les autres doivent l'obéissance.
Les uns et les autres font également partie de la Cité. Quelle est celle de ces
deux parties dont la maladie nuit à la Cité ? Que le peuple d'Athènes soit
malade de démagogie; mais que Périclès, habile dans la science de gouverner,
entreprenne de les guérir, il relèvera les Athéniens de leur maladie (29).
Qu'à Syracuse, Denis soit malade de tyrannie, quoique le peuple soit sain en ce
qui le concerne lui-même, il manquera de moyens pour rendre la santé à Denis.
Veut-on que le corps joue le rôle du peuple, et l'âme celui du chef du
Gouvernement ? Qu'on voie, qu'on compare. Les gouvernés ont plus de masse que
les gouvernails, le corps a plus de masse que l'âme. Le peuple n'a point de bon
sens. Il eu est de même du corps. Le peuple n'a aucune tenue, ni dans son
opinion, ni dans son langage, ni dans ses affections (30).
Le corps est encore à cet égard comme le peuple. Le peuple est une agrégation
d'éléments nombreux et de qualités diverses. Le corps est encore un assemblage,
un mélange du même genre. Le peuple est véhément dans ses transports, impétueux
dans ses désirs, sans retenue dans la volupté, désespéré dans la douleur,
insupportable dans son exaspération. Telles sont les passions du corps; il est
continuellement en proie à des désirs, à des appétits, aux amorces de la
volupté, à l'ardeur que les passions inspirent. D'un autre côté, comparons la
partie qui commande dans la Cité, avec la partie qui commande dans l'homme. Dans
la Cité, le chef du Gouvernement a la suprême autorité, les suprêmes honneurs,
le suprême pouvoir. Dans l'homme, la suprême autorité, les suprêmes honneurs, le
suprême pouvoir appartiennent à l'âme. Le chef du Gouvernement est celui qui,
par la nature de ses fonctions, a le plus de sollicitude, le plus à penser. Il
en est de même de l'âme. Le chef du Gouvernement, comme l'âme, est pleinement
indépendant. Cela posé, de laquelle de ces deux parties dans la Cité, comme dans
l'homme, dirons-nous que la maladie est la plus nuisible ? Lorsque la partie la
plus importante est malade, n'est-ce pas ce qui peut le plus nuire au tout? Que
le peuple soit malade, pendant que le chef du Gouvernement est en pleine santé,
la liberté de la Cité n'en souffrira point. Que le chef du Gouvernement soit
malade, la Cité tombe dans la servitude. En un mot, l'âme est plus importante
que le corps. Or, le bien de la partie la plus importante est le plus grand
bien, et ce. qui est contraire au plus grand bien, est le plus grand mal. La
santé de l'âme est donc un plus grand bien que la santé du corps; et la maladie
de l'âme un plus grand mal que la maladie du corps. La santé du corps est
l'ouvrage de l'art, la santé de l'âme est l'ouvrage de la vertu. La maladie de
l'âme est le vice (31).
La maladie du corps est l'effet de quelque accident physique. Le vice est
volontaire ; les accidents physiques sont involontaires. Ce qui est
involontaire, excite la commisération; ce qui est volontaire, provoque la haine.
On vient au secours de ce qui excite la commisération; on s'arme du châtiment
contre ce qui provoque la haine. Il vaut mieux être dans le premier cas, que
dans le second (32).
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[3]
Πάλιν αὖ τὴν ὑγείαν ἐφ´ ἑκατέρου σκόπει. Ἡ μὲν πάντων ἀδεής, ἡ δὲ
πάντων ἐνδεής· ἡ μὲν εὐδαιμονίαν χορηγεῖ, ἡ δὲ ποθίζεται· ἡ μὲν
ἄμοιρος κακοῦ, ἡ δὲ ἐπισφαλὴς εἰς μοχθηρίαν· τῇ μὲν ἀέναος ὑγεία, τῷ
δὲ ἐφήμερος· τῇ μὲν βέβαιος, τῷ δὲ ἄστατος· τῇ μὲν ἀθάνατος, τῷ δὲ
θνητή. Σκόπει καὶ τὰς νόσους· νόσος σώματος εὐαπάλλακτος τῇ τέχνῃ,
νόσος ψυχῆς δυσμετάβλητος τῷ νόμῳ· ἡ μὲν τὸν ἔχοντα ἀνιῶσα ποιεῖ
πρὸς τὴν ἴασιν εἰκτικώτερον, ἡ δὲ ἐξαναλοῦσα τὸν ἔχοντα, ὑπερορᾶν
τῶν νόμων παρασκευάζει· τῇ μὲν βοηθοῦσιν θεοί, τὴν δὲ μισοῦσιν·
πόλεμον οὐ κινεῖς διὰ νόσον σώματος, διὰ δὲ ψυχῆς νόσον οἱ πολλοὶ
πόλεμοι· οὐδεὶς νοσῶν τὸ σῶμα συκοφαντεῖ, ἢ τυμβωρυχεῖ, ἢ ληΐζεται,
ἤ τι ἄλλο δρᾷ κακὸν μέγα· νόσος σώματος ἀνιαρὸν τῷ ἔχοντι· νόσος
ψυχῆς ἀνιαρὸν καὶ τῷ πλησίον. |
III.
Considérons la santé de l'âme et la santé du corps sous un autre
point de vue. La santé de l'âme n'a besoin de rien ; la santé du
corps a besoin de tout. La santé de l'âme produit le bonheur; la
santé du corps mène à l'infortune. La santé de l'âme ne connaît
peint les vices; la santé du corps en fraye le chemin. La santé de
l'âme n'est point périssable; la santé du corps ne dure qu'un jour.
La santé de l'âme est ferme et solide; la santé du corps n'a nulle
stabilité. La santé de l'âme est immortelle ; la santé du corps a
son terme. Considérons à présent les maladies. Les maladies du corps
sont faciles à guérir avec les secours de l'art ; les maladies de
l'âme cèdent difficilement aux remèdes de la morale. Les maladies du
corps, par la douleur qu'elles causent, rendent les malades plus
dociles à la guérison ; les maladies de l'âme, par la satisfaction
avec laquelle le malade s'y complaît, ne font que le disposer
davantage à braver les lois. Les Dieux viennent au secours des
premières. Les autres sont l'objet de leur haine. Les maladies du
corps n'allument point le feu de la guerre ; les maladies de l'âme
l'ont très-souvent allumé. Pendant qu'on est attaqué d'une maladie
corporelle, on ne fait point le métier de Sycophante, on ne fouille
point les tombeaux, on ne brigande point, on ne commet nul autre
grand attentat de cette nature (33).
Dans les maladies du corps, le malade seul souffre de son mal; dans
les maladies de l'âme, le prochain souffre aussi du mal du malade.
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[4]
Θέασαι τὸ λεγόμενον ὡδὶ σαφέστερον ἐπὶ πολιτικῆς εἰκόνος. Ἀθήνησιν
ἐν δημοκρατουμένῃ πόλει, καὶ ἀκμαζούσῃ πλήθει ἀνδρῶν καὶ μεγέθει
ἀρχῆς καὶ δυνάμει χρημάτων καὶ εὐπορίᾳ στρατηγῶν, ὑπὸ Περικλεῖ
δυναστεύοντι, λοιμὸς ἐμπεσών, ἐξ Αἰθιοπίας ἀρξάμενος, καὶ καταβὰς
διὰ τῆς βασιλέως γῆς, καὶ τελευτήσας ἐκεῖ, καὶ ἱδρυθεὶς αὐτόθι,
ἔφθειρε τὴν πόλιν. συνεπελάμβανεν δὲ τῇ τοῦ κακοῦ ἐπιδημίᾳ καὶ ἐκ
Πελοποννήσου πόλεμος. Δῃουμένης δὲ τῆς γῆς, καὶ φθειρομένης τῆς
πόλεως, καὶ ἀναλισκομένων τῶν σωμάτων, καὶ μαραινομένης τῆς
δυνάμεως, καὶ ἀπαγορεύοντος τῇ πόλει τοῦ σώματος, εἷς ἀνήρ, οἷον
ψυχὴ πόλεως, ὁ Περικλῆς ἐκεῖνος, ἄνοσος καὶ ὑγιὴς μένων, ἐξώρθου τὴν
πόλιν καὶ ἀνίστη, καὶ ἀνεζωπύρει, καὶ ἀντετάττετο τῷ λοιμῷ καὶ τῷ
πολέμῳ. Θέασαι δὴ καὶ τὴν δευτέραν εἰκόνα. Ὅτε μὲν ὁ λοιμὸς
ἐπέπαυτο, καὶ τὸ πλῆθος ἔρρωτο, καὶ ἡ δύναμις ἤκμαζεν· τότε δὴ τὸ
ἀρχικὸν μέρος τῆς πόλεως ἐνόσει νόσον δεινὴν καὶ ἐγγύτατα μανίᾳ, καὶ
κατελάμβανεν τὸ πλῆθος, καὶ τὸν δῆμον συννοσεῖν προσηνάγκαζεν. Ἦ γὰρ
οὐχ οὗτος ὁ δῆμος καὶ Κλέωνι συνεμαίνετο, καὶ Ὑπερβόλῳ συνενόσει,
καὶ Ἀλκιβιάδῃ συνεφλέγετο, καὶ τελευτῶν τοῖς δημαγωγοῖς συνετήκετο,
καὶ συνεσφάλλετο, καὶ συναπωλλύετο, ἄλλου ἄλλοσε τὴν δειλαίαν
καλοῦντος,
δεῦρ´
ἴθι, νύμφα φίλη, ἵνα θέσκελα ἔργα ἴδηαι;
Καὶ
δείκνυσι μὲν Ἀλκιβιάδης Σικελίαν, δείκνυσι δὲ Κλέων Σφακτηρίαν, καὶ
ἄλλος ἄλλην γῆν ἢ θάλατταν, ὡς πυρετιῶντι πηγὰς καὶ φρέατα. Ταῦτά
ἐστιν ὑμῶν, ὦ πονηροί, τὰ θέσκελα ἔργα; φθορὰ καὶ ἀνάστασις, καὶ
κακῶν ἀκμή, καὶ φλεγμονὴ νόσου; Τοῦτο δύναται καὶ ψυχῆς νόσος πρὸς
σώματος νόσον παραβαλλομένη. Νοσεῖ σῶμα, καὶ ταράττεται, καὶ
φθείρεται· ἀλλ´ ἐὰν ἐπιστήσῃς αὐτῷ ψυχὴν ἐρρωμένην, ἀμελεῖ τῆς
νόσου, καὶ ὑπερφρονεῖ τοῦ κακοῦ· ὡς Φερεκύδης ὑπερεφρόνει ἐν Σύρῳ
κείμενος, τῶν μὲν σαρκῶν αὐτῷ φθειρομένων, τῆς δὲ ψυχῆς ἑστώσης
ὀρθῆς, καὶ παραδοκούσης τὴν ἀπαλλαγὴν τοῦ δυσχρήστου τούτου
περιβλήματος. |
IV. Ce que nous
venons de dire deviendra plus frappant dans un développement politique. À
Athènes, dans le temps que son Gouvernement avait les formes démocratiques, dans
le temps qu'elle avait une brillante population, que son empire s'étendait au
loin, qu'elle possédait beaucoup de richesses, qu'elle abondait en habiles
Généraux, et que Périclès la gouvernait, la peste survint. Née dans l'Éthiopie (34),
elle avait parcouru les états du grand Roi, elle avait fini par se jeter dans
l'Attique, où elle s'enracina. Elle fit un grand ravage à Athènes. À ce fléau
vint se joindre la guerre du Péloponnèse. Pendant que les campagnes étaient
dévastées par le fer ennemi, que la pestilence régnait dans la ville, que les
citoyens y périssaient, que le marasme attaquait l'empire extérieur de la
république, et que le corps entier de la Cité paraissait près de succomber, un
seul homme, comme s'il eût été l'âme de la Cité, ce célèbre Périclès,
inaccessible à toute maladie, conservant sa pleine santé, soutint les forces
expirantes de la République, les lui fit recouvrer par degrés, lui rendit
insensiblement sa vigueur, et fit face à la peste et à la guerre (35).
Remarquez un second exemple. Lorsque la peste eut disparu, lorsque les pertes de
la population eurent été réparées, lorsque la République eut repris son éclat au
dehors, une maladie grave attaqua la partie qui avait le gouvernement de la
Cité. Ce fut une maladie voisine de la démence. Elle se répandit dans la
multitude, et rendit nécessairement le peuple malade de la maladie de ses chefs.
En effet, le peuple
d'Athènes ne partagea-t-il point la frénésie de Cléon, la démence d'Hyperbolus,
l'exaltation d'Alcibiade ? Ne finit-il point par se dessécher, par succomber,
par périr avec ces insensés démagogues, qui entraînaient cette infortunée
République, les uns d'un côté, les autres de l'autre? « Venez, belle Nymphe, et
vous verrez des merveilles (36)
». Alcibiade lui montre la Sicile. Cléon lui montre Sphactérie (37).
Un troisième lui montre telle ou telle expédition sur mer ou sur terre, comme
qui montre des fontaines ou des bains à quelqu'un qui a la fièvre. Malheureux,
telles sont vos merveilles ! Des désastres, des renversements, le comble des
calamités, l'exaspération de la maladie. Tels sont les résultats des maladies de
l'âme, mises en parallèle avec les maladies du corps. Que le corps soit malade,
qu'on le mutile, qu'on le déchire : attachez-lui une âme vigoureuse et robuste ;
il méprise la maladie, il brave toutes les souffrances. C'est ainsi que les
brava Phérécyde de Scyros. Tandis que les chairs de son corps étaient déchirées,
son âme conserva sa fermeté, son courage, dans l'attente d'être délivrée de
cette malheureuse enveloppe (38).
|
[,5]
Φαίην δ´ ἂν ἔγωγε, οὐδὲ ἀκούσῃ εἶναι τῇ γενναίᾳ ψυχῇ φθορὰν σώματος·
οἷον εἰ καὶ δεσμώτην ἐννοήσαις ὁρῶντα σηπόμενον καὶ διαρρέον τὸ
τειχίον τοῦ δεσμωτηρίου, ἀναμένοντα τὴν ἔκδυσιν καὶ τὴν ἐλευθερίαν
τοῦ Ἑρμοῦ, ἵνα ἐκ πολλοῦ καὶ ἀφεγγοῦς ζόφου, οὗ τέως κατορώρυκτο,
ἀναβλέψῃ πρὸς τὸν αἰθέρα, καὶ ἐμπλησθῇ λαμπροῦ φωτός· ἢ οἴει ἄνδρα
ἠσκημένον καλῶς καὶ διαπεπονημένον τῷ σώματι ταραχθῆναι ἂν τῶν
χλανιδίων αὐτῷ διαρρηγνυμένων· ἀλλ´ οὐκ ἂν ἀπορρίψαι αὐτὰ ἄσμενον,
καὶ παραδοῦναι τὸ σῶμα τῷ ἀέρι, γυμνὸν γυμνῷ, φίλον φίλῳ, ἐλεύθερον
ἐλευθέρῳ; Τί οὖν ἄλλο ἡγεῖ τῇ ψυχῇ εἶναι τὸ δέρμα τοῦτο καὶ τὰ ὀστᾶ
καὶ τὰς σάρκας; χλανίδια ἐφήμερα, καὶ ῥακία ἀσθενῆ καὶ τρύχινα·
ταῦτα καὶ σίδηρος διαρρήγνυσιν, καὶ πῦρ τήκει, καὶ ἕλκη ἐπινέμεται.
Ἡ μὲν οὖν ἀγαθὴ ψυχὴ καὶ διαπεπονημένη καὶ ἠσκημένη ἀμελεῖ, καὶ ὡς
τάχιστα ἐφίεται γυμνωθῆναι· ὥστε κἂν ἐπιφθέγξαιτό τις τῷ γενναίῳ
ἀνδρί, νοσοῦντα τῷ σώματι θεασάμενος, τὸ τοὐ Ὀδυσσέως ἐκεῖνο, οἵην
ἐκ ῥακέων ὁ γέρων ἐπιγουνίδα φαίνει· Ἡ δὲ δειλὴ ψυχὴ κατορωρυγμένη
ἐν σώματι, ὡς ἑρπετὸν νωθὲς εἰς φωλεόν, φιλεῖ τὸν φωλεόν, καὶ
οὐδεπώποτε θέλει ἀπαλλαγῆναι αὐτοῦ, οὐδὲ ἐξερπύσαι, ἀλλὰ καιομένῳ
συγκάεται, καὶ σπαραττομένῳ συσπαράττεται, καὶ ἀλγοῦντι τῷ σώματι
συναλγεῖ, καὶ βοῶντι συμβοᾷ.
Ὦ
ποῦς, ἀφήσω σε;
ὁ
Φιλοκτήτης λέγει. Ἄνθρωπε, ἄφες, καὶ μὴ βόα, μηδὲ λοιδοροῦ τοῖς
φιλτάτοις, μηδὲ ἐνόχλει τὴν Λημνίων γῆν.
Ὦ
θάνατε παιάν·
εἰ
μὲν ταῦτα λέγεις ἀλλαττόμενος κακὸν κακοῦ, οὐκ ἀποδέχομαι τῆς εὐχῆς·
εἰ δὲ ἡγεῖ τῷ ὄντι τὸν θάνατον παιᾶνα εἶναι καὶ ἀπαλλακτὴν κακοῦ καὶ
ἀπλήστου καὶ νοσεροῦ θρέμματος, ἡγεῖ καλῶς· εὔχου, καὶ κάλει τὸν
παιᾶνα. |
V.
J'oserai même dire que c'est sans répugnance qu'une grande âme voit
la dissolution du corps. Qu'on se figure un prisonnier qui voit
crouler et tomber en ruine les murs pourris de sa prison, dans
l'impatience où il est d'être dégagé de sa gêne, de recouvrer sa
liberté, et de passer des épaisses et profondes ténèbres, où il a
été plongé jusqu'alors, au grand air, et à la brillante
contemplation de la lumière. Pensera-t- on qu'un homme qui se serait
parfaitement exercé, et dont le corps aurait acquis l'habitude des
plus pénibles fatigues, trouvât mauvais de voir tomber ses vêtements
en lambeaux; et qu'au contraire, il ne se fît pas un plaisir de les
mettre à bas, et de présenter son corps nu et libre à un air libre
aussi, au milieu duquel il n'éprouverait aucun obstacle, aucune
contrainte, dans ses mouvements (39)
? Que croira-t-on donc que soient, à l'égard de l'âme, cette peau,
ces os, ces chairs, qui la recèlent, sinon un vêtement éphémère, un
faible tissu de guenilles et de haillons? Le fer les met en pièces,
le feu les consume, les plaies les dévorent. Une grande âme qui a su
se donner de l'énergie et de la vigueur, méprise un pareil vêtement.
Elle désire d'en être au plutôt dépouillée. C'est à l'homme qui
possède une âme de cette trempe, que l'on peut appliquer, lorsqu'on
voit son corps attaqué d'une maladie, ces paroles de l'Odyssée : « O
le vigoureux genou que montre ce vieillard, au travers de ces
haillons (40)
» ! Une âme lâche, au contraire, est enterrée dans le corps, ainsi
qu'un paresseux reptile est enterré dans son trou. Elle s'y
complaît. Elle ne veut point qu'on l'en fasse sortir. Elle n'en sort
jamais d'elle-même. Qu'on applique au corps le fer et le feu, elle
supporte le fer et le feu. Qu'il soit en proie à la douleur, elle la
partage. Qu'il pousse des cris, elle en pousse avec lui. « O mon
pied, me séparerai-je de toi» ! s'écrie Philoctète (41).
Homme! sépare-toi de ton pied, et ne crie point. N'invective point
contre tes amis. Ne tourmente point l'île de Lemnos. « O mort,
médecin de nos maux (42)»
! si tu n'entends par-là que passer d'un mal à un autre, je n'admets
point le vœu que tu fais. Mais si tu penses que la mort est vraiment
notre médecin, qu'elle nous délivre de cette malheureuse
hospitalité, où nous sommes perpétuellement assaillis par les
besoins et les maladies, à la bonne heure. Invoque la mort : appelle
ton médecin.
|
[6]
Καὶ δὴ φέρων με ὁ λόγος εἰς παράδειγμα ἐμβέβληκεν σαφέστερον οὗ
πάλαι ποθῶ ἐνδείξασθαι ὑμῖν. Ἐν γὰρ τοῖς Ἀχαιοῖς τότε ἦν που σώματα
μυρία,
- - -
ὅσσα τε φύλλα καὶ ἄνθεα γίνεται ὥρῃ,
ὑγιῆ
πάντα, ἄνοσα, καὶ ἰσχυρά, καὶ ἄρτια, τῷ τῶν πολεμίων τείχει
περιχεόμενα ἐν δεκαέτει χρόνῳ ἐπέραινεν οὐδέν, οὐχ ὁ Ἀχιλλεὺς
διώκων, οὐχ ὁ Αἴας μένων, οὐχ ὁ Διομήδης ἀναιρῶν, οὐχ ὁ Τεῦκρος
τοξεύων, οὐχ ὁ Ἀγαμέμνων βουλευόμενος, οὐχ ὁ Νέστωρ λέγων, οὐχ ὁ
Κάλχας μαντευόμενος, οὐχ ὁ Ὀδυσσεὺς σοφιζόμενος. Ἀλλ´ ὁ θεὸς λέγει·
‘Ὦ καλὰ καὶ γενναῖα γῆς Ἑλλάδος θρέμματα, μάτην πονεῖτε, μάτην
διώκετε, κενὰ τοξεύετε, κενὰ βουλεύεσθε· οὐ γὰρ ἂν ἄλλως ἕλοιτε
τουτὶ τὸ τεῖχος, πρὶν ὑμῖν ἐπίκουρος ἔλθῃ ψυχὴ μὲν ἐρρωμένη, σῶμα δὲ
νοσοῦν, ὀδωδὸς καὶ χωλεῦον, καὶ διαβεβρωμένον ὑπὸ τῆς νόσου.’
Οἱ δὲ ἐπείσθησαν τῷ θεῷ, καὶ ἤγαγον ἐκ Λήμνου σύμμαχον, ψυχὴν μὲν
ὑγιᾶ, σῶμα δὲ νοσοῦν. |
VI. Mon
sujet me conduit à un exemple encore plus sensible, dont je désire
depuis longtemps avoir occasion de faire usage. Les Grecs avaient
autrefois une armée nombreuse. Elle était composée d'autant de
guerriers, «que le printemps produit de fleurs et de feuilles (43)
». Tous étaient bien portails, en pleine santé, vigoureux, intacts.
Ils campaient autour des murailles de leurs ennemis. Pendant le
cours de dix années, il ne résulta rien, ni des prouesses d'Achille,
ni des exploits d'Ajax, ni du carnage fait par Diomède, ni du sang
versé par les flèches de Teucer, ni des ordres d'Agamemnon, ni des
discours de Nestor, ni des prophéties de Calchas, ni des sages
conseils d'Ulysse. Jupiter leur dit : « O magnanimes et illustres
nourrissons de la Grèce, vous vous tourmentez en vain, vous livrez
en vain des batailles. Vous lancez en vain des flèches. En vain vous
tenez des conseils. Vous ne vous rendrez jamais maîtres de ces
remparts, avant que vous n'ayez pour auxiliaire un homme dont l'âme
est pleine de vigueur et d'énergie, mais dont le corps malade répand
une mauvaise odeur, ne se traîne qu'en boitant, et s'épuise chaque
jour par ses souffrances (44)
». Les Grecs entendirent le langage de Jupiter, et ils allèrent
chercher à Lemnos le compagnon d'armes qui leur était désigné (45).
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[7] Εἰ δὲ
βούλει, σκέψαι μεταλαβὼν τῆς ψυχῆς νόσον ἐν σώματι ὑγιεινῷ. Νοσεῖ
ψυχὴ τὴν ἡδονῆς νόσον, τήκεται, καὶ μαραίνεται· τί χρήσῃ τῷ
νοσοῦντι; τίς ὄνησις σώματος τοιαύτῃ ψυχῇ; Σαρδανάπαλλος νοσεῖ· οὐχ
ὁρᾷς ὡς καὶ ἐπὶ τὸ σῶμα αὐτῷ τὸ κακὸν ἔρχεται; ἐντρίβεται ὁ
δύστηνος, καὶ λεαίνεται, καὶ τὼ ὀφθαλμὼ συντήκεται, καὶ οὐκ
ἀνεχόμενος τὴν νόσον, ἐπὶ πῦρ ἦλθεν. Νοσεῖ Ἀλκιβιάδης· πῦρ αὐτὸν
ἐπινέμεται πολὺ καὶ ἄγριον, καὶ τοὺς λογισμοὺς ἐπιταράττει
ἐγγύτατα μανίας, καὶ περιφέρει πανταχοῦ, ἀπὸ μὲν Λυκείου ἐπὶ τὴν
ἐκκλησίαν, ἀπὸ δὲ τῆς ἐκκλησίας ἐπὶ τὴν θάλατταν, ἀπὸ δὲ τῆς
θαλάττης ἐπὶ Σικελίαν, κἀκεῖθεν εἰς Λακεδαίμονα, εἶτα παρὰ τοὺς
Πέρσας, καὶ ἀπὸ Περσῶν ἐπὶ Σάμον, καὶ ἀπὸ Σάμου ἐπὶ τὰς Ἀθήνας, καὶ
ἐπὶ τὸν Ἑλλήσποντον αὖθις, καὶ πανταχοῦ. Νοσεῖ Κριτίας νόσον
πικρὰν καὶ παντοδαπήν, καὶ οὐκ ἰάσιμον, οὐδὲ ἀνασχετὴν τῇ πάσῃ
πόλει. Καίτοι τούτοις τὰ σώματα ὑγιῆ καὶ ἄρτια· ἁβρὸς μὲν γὰρ ὁ
Σαρδανάπαλλος, καλὸς δὲ ὁ Ἀλκιβιάδης, ἰσχυρὸς δὲ ὁ Κριτίας·
ἀλλὰ τὴν ὑγείαν ἐπὶ τούτων μισῶ. Νοσείτω Κριτίας, ἵνα μὴ τυραννῇ·
νοσείτω Ἀλκιβιάδης, ἵνα μὴ ἐπὶ Σικελίαν Ἀθηναίους ἄγῃ· νοσείτω
Σαρδανάπαλλος (βέλτιον γὰρ αὐτῷ διὰ νόσον κεῖσθαι μᾶλλον ἢ διὰ
ἡδονήν), μᾶλλον δὲ φθειρέσθω πᾶς, ὅτῳ ἐπιρρεῖ ἀέναος πονηρία.
Ὥσπερ γὰρ τὰ ἑρπηστικὰ τῶν ἑλκῶν τοῖς σώμασιν ἐμπεσόντα πρόσω
νέμεται, καὶ τοῦ ὑγιαίνοντός τι ἀεὶ προαπόλλυσιν, καὶ πρὸς τὰς
ἰάσεις ἀγριαίνει, ἕως ἂν ἡ τέχνη τὴν κρηπῖδα καὶ τὴν ἕδραν τοῦ
νοσήματος ἐκτέμῃ· ὡς δὲ καὶ ὅτῳ ὕπουλος καὶ διαβεβρωμένη καὶ σαθρὰ
οὖσα ἡ ψυχὴ ἐπινέμεται πρόσω τὲ καὶ τὰ πλησίον ἀεὶ καταλαμβάνει,
ἐκτμητέον δὴ αὐτῆς καὶ ἀφαιρετέον τὰς δυνάμεις τῶν σωμάτων, ὡς
λῃστοῦ χεῖρας, ὡς ἀκολάστου ὀφθαλμούς, ὡς λίχνου γαστέρα. Κἂν
γὰρ ἐπιστήσῃς τῇ νόσῳ δικαστὰς καὶ δεσμωτήρια καὶ δημίους, τὸ κακὸν
φθάνει, καὶ ἕρπει, καὶ προλαμβάνει· ἀμήχανος γὴρ ἡ πονηρίας ὀξύτης,
ἐπειδὰν ἅπαξ ἤθει ψυχῆς ἐμπεσοῦσα ἐπιλάβηται ὕλης πονηρᾶς, καὶ
ἐξουσίας ἀδεοῦς, καὶ ἀνεπιτιμήτου τόλμης. |
VII. Veut-on à
présent contempler les maladies de l'âme dans un corps sain? L'âme est malade de
la maladie de la volupté. Elle en est consumée. Elle en est dans le marasme.
Quel avantage le malade en retire-t-il ? Quel bien peut faire au corps une âme
pareille? Sardanapale est atteint de cette maladie. Voyez-vous comme le mal
attaque toutes les parties de son corps? Le malheureux ! Il se laisse épuiser,
exténuer; ses yeux en deviennent creux et livides. Il ne peut plus résister à
l'excès de sa maladie. Il se précipite dans les flammes. Alcibiade est malade
aussi. Un feu ardent et cruel le dévore. Il trouble sa raison au point de le
rendre fou. Cette aliénation le jette tantôt d'un côté, tantôt d'un autre; du
Lycée dans les comices d'Athènes, des comices sur les flots, des flots en
Sicile, de la Sicile à Lacédémone, de Lacédémone chez les Perses, de chez les
Perses à Samos, de Samos à Athènes, d'Athènes il retourne sur l'Hellespont et
ailleurs. Critias (46)
aussi est attaqué d'une maladie funeste sous plusieurs rapports, maladie
incurable et qu'on ne saurait supporter dans une Cité quelconque (47).
Cependant Sardanapale, Alcibiade et Critias, avaient un corps sain, et
jouissaient d'une santé parfaite. Sardanapale avait un tempérament robuste (48),
Alcibiade était un très beau garçon, et Critias était d'une force
extraordinaire. Mais malheur à la santé de Sardanapale, d' Alcibiade et de
Critias. Que Critias soit malade, et qu'Athènes respire de sa tyrannie.
Qu'Alcibiade soit malade, et que les Athéniens n'entreprennent point leur
expédition de Sicile. Que Sardanapale soit malade : il lui vaut mieux mourir par
la maladie que par la volupté. Périsse plutôt quiconque reçoit les continuelles
influences d'une méchanceté incurable. Car, de même que les ulcères qui rampent,
font chaque jour des progrès dans les corps auxquels ils s'attachent, en
corrodant continuellement les parties saines, et résistent à. tous les remèdes,
jusqu'à ce que les gens de l'art aient porté le scalpel à l'endroit même, dans
le siège même de la maladie; de même, chez ceux qui ont une âme virulente,
putride, gangrenée, l'ulcère moral s'enracine toujours davantage, et ronge par
degrés les parties voisines. Il faut donc leur amputer, leur arracher les
parties du corps qui en sont les puissances physiques, savoir, les mains à celui
qui vole, les yeux à celui qui croupit dans le libertinage, le ventre à celui
qui se vautre dans la crapule. On aurait beau, d'ailleurs, employer contre la
maladie, des juges, des prisons; des bourreaux, elle irait son train, elle
cheminerait, elle gagnerait sans cesse. Car il n'y a point de remède contre les
progrès de la méchanceté, lorsqu'une fois imprégnée dans l'âme, elle trouve pour
se nourrir un aliment homogène, avec une puissance sans bornes, et une impudeur
qui n'a point de frein (49).
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NOTES.
(26) Reiske remarque que cette Dissertation
est dirigée contre les Cyrénaïques, qui prétendaient que les maladies de
l'âme étaient moins graves que les maladies du corps.
(27) C'est le début d'une Hymne ancienne en
l'honneur de la Santé, composée par Ariphron de Sicyone. Cette Hymne est en
entier dans les Dipnosophistes d'Athénée, liv. 15. Lucien cite le même
fragment de cette Hymne, dans son Traité, pro lapso inter salut. Tom I,
p. 493.
(28) Cette phrase est vraiment d'une longueur à
faire perdre haleine à l'esprit, si je peux m'exprimer ainsi; mais les idées y
sont enchâssées de manière, qu'il m'a paru impossible de la couper sans
altérer le sens du texte.
(29) N'est-ce pas le cas d'appliquer ici
au peuple François ce mot d'Horace :
... Mutato nomine, de te
Fabula narratur.
Que serait il, en effet, devenu, au milieu de son marasme démagogique, sans le
secours de son Périclès ?
(30) Le lecteur curieux de voir le portrait du
Peuple, sons le rapport politique, dessiné en miniature de main de maître, le
trouvera dans le livre de la Sagesse de Charron, chapitre intitulé, du Peuple.
(31) Il faut entendre ici ce mot dans un sens
générique, et le prendre pour l'humeur peccante de l'âme, si l'on peut
s'exprimer ainsi, qui provoque et détermine toutes les actions réprouvées par
les règles de la morale.
(32) Le texte porte littéralement, « La
chose au secours de laquelle on vient est la meilleure, celle qu'on punit est la
pire ».
(33) Le texte offre ici une lacune évidente.
C'est celle d'une phrase où notre Auteur avait placé l'antithèse de la phrase
précédente. Cette remarque n'a point échappé à la sagacité de Markland. Post
hæc quoque, dit-il, clare deest integra
=°siw,
in qua homo animae morbo laborans describebatur σικοφαντῶν vel τιμβοριχῶν,
etc. prout in pracedenti et subsequenti commate factum, sensus facile
perspicitur. Verba non nisi ex manuscriptis expectanda. Sed defectus est
manifestissimus.
(34) On voit qu'anciennement, comme aujourd'hui,
cette contrée de l'Afrique qui tient à l'Égypte, a été sujette à la peste.
(35) Voyez ci-dessus la note 4.
(36) C'est dans le 3e chant de l'Iliade, vers 130,
un mot d'Iris à Hélène, qu'elle invite à venir voir le coup-d'oeil des deux
camps des Troyens et des Grecs, pendant que les deux armées se reposent.
(37) Sphactérie était une île, dont Pausanias
fait mention à la fin du quatrième livre de sa Description de la Grèce.
Cet Auteur dit à cet endroit-là, que dans cette île était un monument en
mémoire des succès que les Athéniens y avaient obtenus contre les
Lacédémoniens. Suidas rapporte que les Athéniens, impatients de la longueur
d'un siège formé par leurs troupes dans Pile de Sphactérie, y envoyèrent
Cléon. Il est donc probable que Maxime de Tyr a pris ici un nom pour un autre,
et qu'au lien de Sphactérie, où Cléon eut des succès, il a eu en vue
Amphipolis, ville de Macédoine, sur les frontières de la Thrace, où Cléon
périt en combattant contre Brasidas, Général de Lacédémone. Voyez
Thucydide, au commencement du cinquième livre.
(38) Diogène-Laërce rapporte plusieurs versions
sur le genre de mort de Phérécyde. Il raconte, sur la foi d'Hermippus, que la
guerre ayant été déclarée entre les Éphésiens et les Magnésiens, notre
philosophe prit parti pour les premiers. Il rencontra quelqu'un sur son chemin,
et lui demanda d'où il était. Le passant lui répondit qu'il était
d'Éphèse. « Eh bien, lui dit-il, prends-moi par les jambes, traîner moi
jusque sur le territoire des Messéniens, et tu diras à tes concitoyens, de
m'enterrer à l'endroit où tu m'auras laissé, après qu'ils auront remporté
la victoire sur leurs ennemis.» Ce qui eut lieu. D'autres prétendent qu'il
mourut de la maladie pédiculaire, maladie affreuse, et qui produit d'horribles
souffrances. C'est probablement au dernier de ces deux genres de mort que Maxime
de Tyr fait allusion. Car le premier, n'en déplaise à Hermippus, me paraît un
peu apocryphe. Ménage doit en avoir eu la même opinion, puisqu'il ne s'y est
point arrêté dans ses savantes observations sur le Biographe Grec.
(39) La fin de cette phrase est très
difficile à rendre. Le grec porte littéralement, nu à nu, ami à ami, libre
à libre. Les interprètes Latins ont traduit, nudum nudo, amicum amico, liberum
libero. Le français ne comportait point cette tournure. Si je ne me trompe, ii
y a ici une faute de copiste, dont je ne vois pas qu'aucun annotateur se soit
douté. Si, au lieu de φίλον
φίλῳ,
on lisait ψίλον
ψίλῳ,
le sens en vaudrait mieux, d'autant que l'adjectif ψίλον a une acception de synonymie avec γυμνός qui le précède.
(40) Pacci a traduit, quale femur; Heinsius
a traduit, quantos genuum orbes, ce qui est correct; et Formey, je ne
sais pourquoi, a laissé-là le fémur et le genou, pour parler des reins. J'ai
cru devoir rendre la lettre du grec, principalement parce que Camérarius a
observé sur ce vers d'Homère, sunt intelligendi tori qui circa genu in
robustis corporibus apparent, bonae constitutionis indices. Au surplus,
Davies remarque avec raison, qu'Homère n'a point mis ce vers dans la bouche
d'Ulysse, comme Maxime de Tyr semble l'insinuer. C'est un des amants de
Pénélope qui parle ainsi d'Ulysse lui-même, en le voyant se préparer à
combattre Irus.
(41) Cette exclamation est empruntée du
Philoctète d'Eschyle.
(42) Suivant Heinsius, cette apostrophe appartient,
comme la précédente, au Philoctète d'Eschyle. Cette idée d'envisager la mort
comme le suprême remède des maux de l'humanité, a fourni de très beaux lieux
communs aux poètes de l'ancienne Grèce. Stobée nous en a conservé une
précieuse collection, à la tête du 119e de ses Discours.
(43) C'est une comparaison dont se sert Homère, au
468e vers du second chant de l'Iliade, en parlant de l'armée des Grecs.
(44) N'en déplaise à Maxime de Tyr, l'exemple me
paraît assez mal choisi. Ce n'était à rien qui fût propre et personnel à
Philoctète, que le destin avait attaché la prise de Troie. C'était, comme on
le verra dans la note suivante, aux flèches d'Hercule, dont ce Prince Grec
était possesseur. Comment concilier d'ailleurs ce que notre Auteur dit ici de
la vigueur, de l'énergie de l'âme de Philoctète, avec le reproche qu'il lui a
fait, dans la section précédente, de pousser des«ris, de maudire sen pied, et
d'appeler la mort à son secours.
(45) Hercule, en reconnaissance de ce que
Philoctète avait construit le bûcher qui devait consumer son corps, lui fit
présent de ses flèches. Il était dans les Décrets du destin que la ville de
Troie ne pourrait être prise, si les flèches d'Hercule n'étaient employées
à combattre les Troyens. Hélénus fit connaître cet arrêt du destin; et
alors ces mêmes Grecs qui avaient abandonné Philoctète dans l’île de
Lemnos, furent forcés de lui envoyer une ambassade, pour l'inviter à venir les
joindre. Ulysse et Diomède furent chargés de la commission, et ils enlevèrent
Philoctète, qui refusait de les suivre. Le Scholiaste de Pindare nous apprend
de quelle manière fut guérie cette morsure de couleuvre qui lit souffrir ce
Prince pendant si longtemps. « Denis, » dit-il, sans spécifier lequel, «
raconte qu'Apollon, consulté sur le compte de Philoctète, répondit qu'il
devait prendre un bain. Le bain pris, il s'endormit. Machaon profita de ce
moment pour couper toutes les chairs que l'ulcère avait rongées. Il bassina la
plaie avec du vin. Il y appliqua une plante, dont Chiron avait fait connaître
la propriété à Esculape; et le héros fut guéri. » Voy. le Scholiaste de
Pindare, sur la première des Pythiques, au 109e vers. Voy. aussi Hyginus, fable
102.
(46) Critias, c'est celui des trente Tyrans
établis à Athènes, qui se rendit le plus odieux par son despotisme et ses
cruautés.
(47) J'ai suivi la correction de Markland, qui lit
tout court
πάσῃ
πόλει
,
au lieu de τῇ
πάσῃ πόλει ll est évident que l'article a été mal à propos inséré paries copistes.
(48) Markland
aime mieux lire ἀδρός,
validus, que ἀβρός,
mollis. Cette conjecture m'a paru judicieuse, et je l'ai adoptée.
(49) C'est à
la lettre l'hidropisie dont parle Horace :
Crescit, indulgens sibi, dirus hydrops,
Paris, le 14 floréal an IX. (4 mai 1801.)
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