MAXIME DE TYR

 

 

DISSERTATIONS

 

 

DISSERTATION XIX.

En admettant la divination, la prudence humaine est-elle, de son côté, capable de quelque chose (26) ?

Εἰ μαντικῆς οὔσης, ἔστίν τι ἐφ´ ἡμῖν.

LES Athéniens, instruits que les Mèdes préparaient une expédition contre la Grèce, coururent à l'Oracle d'Apollon. Ils lui demandèrent ce qu'ils devaient opposer à une armée de Barbares, composée de cavalerie Médique, de chars Persiques, d'infanterie Égyptienne, de frondeurs Cariens, d'archers de Paphlagonie, de troupes légères de Thrace, de phalanges de Macédoine, et de dragons (27) de Thessalie. Les Athéniens consultèrent donc le Dieu sur ce qu'il y avait à faire, pour conjurer l'orage dont Athènes était menacée; et l'Oracle leur répondit qu'il fallait fortifier leur ville avec un rempart de bois (28). Thémistocle pensa que par un rempart de bois, l'Oracle avait voulu désigner une flotte. Tous les Athéniens pensèrent comme lui. Ils abandonnèrent leur ville, et s'entourèrent du rempart de bois qu'Apollon semblait indiquer. Si donc les Athéniens, dans cette conjoncture, n'avaient pas voulu recourir à Delphes; s'ils s'étaient bornés à s'en rapporter à l'avis d'un habile homme, capable d'apprécier leurs forces disponibles, leurs ressources militaires, la nature du danger, et les moyens probables de défense, est-il apparent que l'avis d'un pareil homme eût été moins sage que le conseil de l'Oracle ? Pour moi, je pense que les Athéniens n'auraient eu besoin ni de langage équivoque, ni de rempart énigmatique, mais que cet homme aurait pu leur dire : « O Athéniens, abandonnez aux Barbares vos murailles de pierre et vos maisons. Réfugiez-vous sur les flots, avec vos biens, vos enfants, votre liberté et vos lois ».

Ὅτε οἱ Μῆδοι ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα ἐστρατεύοντο, ἐχρῶντο οἱ Ἀθηναῖοι τῷ θεῷ, τί χρῆ δρᾶν ἐπιόντος αὐτοῖς βαρβαρικοῦ στόλου, ἵππου Μηδικῆς, ἁρμάτων Περσικῶν, ἀσπίδων Αἰγυπτίων· εἵποντο δὲ καὶ σφενδονῆται Κᾶρες, καὶ ἀκοντισταὶ Παφλαγόνες, καὶ πελτασταὶ Θρᾷκες, καὶ ὁπλῖται Μακεδόνες, καὶ Θετταλικὸν ἱππικόν· ἐχρῶντο οὖν τῷ θεῷ οἱ Ἀθηναῖοι, τί χρὴ δρᾶν, ἐπιόντος ταῖς Ἀθήναις τοσούτου κακοῦ. Ὁ δὲ αὐτοῖς χρᾷ φράττεσθαι τὸ ἄστυ ξυλίνῳ τείχει. Θεμιστοκλῆς λέγει ὅτι οἱ δοκεῖ τὸ ξύλινον τεῖχος αἱ τριήρεις εἶναι. Συνεδόκει ταῦτα τοῖς Ἀθηναίοις, καὶ ἀναστάντες ἐκ τοῦ ἄστεος ἐς τὸ τεῖχος τοῦ θεοῦ μετῳκίσθησαν. Εἰ οὖν οἱ Ἀθηναῖοι  τότε τῷ μὲν θεῷ συμβουλεύεσθαι περὶ τούτων οὐκ ἤθελον, νοῦν δὲ ἔχοντι ἀνδρὶ καὶ δυναμένῳ ἐκλογίζεσθαι καὶ τὴν παροῦσαν δύναμιν, καὶ τὴν ἐπιοῦσαν  παρασκευήν, καὶ τὸν μέλλοντα κίνδυνον, καὶ τὴν ὑποφαινομένην ἀσφάλειαν· τί εἰκὸς συμβουλεῦσαι ἂν τὸν ἄνδρα τοῦτον καταδεέστερον τῆς χρησμῳδίας τοῦ θεοῦ; Ἐγὼ μὲν οἶμαι, οὐδὲ αἰνίγματος ἂν ἐδεήθη πρὸς αὐτούς, οὐδὲ τείχους ἀμφισβητησίμου· ἀλλ´ εἶπεν ἄν, ὧδέ πως· ’Ὦ Ἀθηναῖοι, τῶν μὲν λίθων καὶ τῶν οἰκοδομημάτων ἐξίστασθαι τῷ βαρβάρῳ· αὐτοὶ δὲ πανοικησίᾳ, αὐτοῖς παισίν, καὶ ἐλευθερίᾳ, καὶ νόμοις, ἴτε ἐπὶ τὴν θάλατταν· ὑποδέξονται δὲ ὑμᾶς τριήρεις ἱκαναί, καὶ σώζειν φέρουσαι, καὶ νικᾶν μαχόμεναι.

II. Pourquoi donc les hommes s'adressent-ils aux Oracles, et négligent-ils les lumières de semblables conseillers pris parmi leurs pareils ? Est-ce parce que les conseils de l'homme sont incertains, infidèles, contrariés par la jalousie, peu sincères, variables, et sujets à manquer leur but; au lieu que les réponses des Dieux sont d'une exactitude rigoureuse, d'une vérité qui commande la confiance, d'une justesse à toute épreuve, et d'une autorité qui imprime le respect? Cependant les Oracles des Dieux, et l'intelligence des hommes (je le dirai, quoiqu'il y ait de la hardiesse à le dire) viennent de la même source ; et, s'il existe des choses qui se ressemblent, rien ne s'approche plus de la prudence des Dieux que la prudence des hommes. Ne mettez donc en question, ni comment l'homme, étant capable de se diriger lui-même, a néanmoins recours aux Oracles; ni comment, les Oracles disant toujours la vérité, la prudence humaine est capable de quelque chose. il ne s'agit que d'un seul et même point. C'est proposer, débattre, retourner la même question, tandis qu'on peut la diviser comme il convient.

Τί δήποτ´ οὖν οἱ ἄνθρωποι ἐπὶ τὰ μαντεῖα παραγίγνονται, ἀμελήσαντες τῆς παρὰ τοῦ ὁμοίου συμβουλῆς; ἢ διότι γνώμη μὲν ἀνθρώπου ἐπισφαλὲς καὶ ἄπιστον καὶ ἐπίφθονον καὶ κίβδηλον καὶ οὐκ ἀεὶ ὅμοιον, καὶ οὐκ ἐν παντὶ εὔστοχον· τὸ δὲ θεῖον κατὰ μὲν τὴν ὑπεροχὴν πιστόν· κατὰ δὲ τὴν ἀλήθειαν δόκιμον, κατὰ δὲ τὴν πεῖραν εὔστοχον, κατὰ δὲ τὴν τιμὴν ἀνεπίφθονον;  Θεοῦ δὲ μαντεῖα καὶ ἀνθρώπου νοῦς (τολμηρὸν μὲν εἰπεῖν, φράσω δὲ ὅμως) χρῆμα συγγενές, καὶ εἴπέρ τι ἄλλο ἄλλῳ ὅμοιον, οὐδὲν ἂν εἴη ἐμφερέστερον ἀρετῆς ἀνθρωπίνης γνώμῃ θεοῦ. Μὴ τοίνυν ἀπόρει, μηθ´ ὅντινα τρόπον τὸ αὐτεξούσιον τῆς ἀνθρωπίνης γνώμης χρῆται μαντικῇ, μήθ´ ὅπως, ἀληθευούσης τῆς μαντικῆς, δύναταί τι καὶ ἀνθρώπου γνώμη· περὶ γὰρ ὁμοίου πράγματος σκοπεῖς· τὸ γὰρ αὐτὸ ἐρωτᾷς, καὶ ἀπορεῖς, καὶ ἀναστρέφεις, ἐξὸν τὸ πᾶν διελέσθαι ὡς δεῖ. Οὔτε τὸ θεῖον πάντων εὔστοχον, οὔτε τὸ ἀνθρώπινον πάντων ἄστοχον.

III. Ni les Oracles des Dieux ne frappent (29) toujours au but, ni l'intelligence humaine ne le manque toujours. Je parlerai, ci-dessous, de ce qui regarde l'homme, sous ce rapport. Quant aux Dieux, pensez-vous qu'ils commissent toutes choses en détail, ce qui est beau, ce qui est honteux, ce qui est honnête, ce qui est déshonnête? Je ménage les termes, par respect pour eux. Sans doute, c'est quelque chose d'important que de savoir, et le nombre des grains de sable, et les distances maritimes, ainsi que de connaître le bizarre secret du vase qui bout en Lydie (30). Sans doute, dans leurs Oracles, les Dieux enseignent la vérité à ceux qui en ont besoin, et il importe de la connaître, quand même le méchant, qui l'apprend, devrait la tourner à son avantage. Mais c'est faire de Dieu un jongleur qui se donne de l'importance, qui montre de la fatuité; c'est le rendre semblable à ces bateleurs qui font faire cercle autour d'eux, et qui disent pour deux oboles (31) la bonne aventure au premier venu. Quant à moi, je ne pense pas qu'il convienne non seulement à Dieu, mais même à un homme de bien, de s'ingérer, avec un certain empressement, de dire la vérité. Car, à quoi bon la manifester, si ce n'est pour l'avantage de celui qui a intérêt à l'apprendre? C'est ainsi que le médecin trompe son malade, le Général ses soldats, le pilote son équipage. Et il n'y a pas de mal à cela. Car il est des circonstances, où le mensonge est utile et la vérité nuisible (32). Si donc vous pensez que la science des Oracles est autre chose que l'intelligence divine, supérieure à celle de l'homme en justesse et en solidité, c'est tout comme si vous pensiez que la raison est en conflit avec la raison. Si, au contraire, il n'y a pas plus de différence entre l'une et l'autre, qu'entre la lumière du soleil et celle du feu, qui sont chacune de la lumière ; admirez la plus brillante, à la bonne heure; mais n'avilissez point, sous prétexte de la différence, celle qui a moins d'éclat. Pensez, au contraire, que cet Univers est comme l'ensemble d'un instrument de musique : que Dieu est le facteur de cet instrument : qu'il est le premier terme de cette harmonie, dont l'échelle embrasse les airs, la terre, lamer, les animaux, les plantes; laquelle s'étend ensuite à une infinité d'êtres de diverse nature, afin de faire cesser la discordance qui existe entr'eux; semblable à l'harmonie musicale (proprement dite), qui, dans un choeur nombreux, prend la place de la polyphonie, et fait succéder l'ordre à la confusion.

Καὶ περὶ μὲν τοῦ ἀνθρωπίνου νόμου καὶ αὖθις ῥητέον· τὸ δὲ θεῖον δοκεῖ σοι γινώσκειν πάντα ἑξῆς, καὶ τὰ καλὰ καὶ τὰ αἰσχρά, καὶ τὰ τίμια καὶ τὰ ἄτιμα; φείδομαι τῶν ῥημάτων, καὶ αἰδώς με τοῦ θεοῦ ἔχει· σεμνὸν γάρ τι τὸ πάντα εἰδέναι, καὶ ἀριθμὸν ψάμμων, καὶ θαλάττης μέτρα, καὶ ξυνιέναι ἀτόπου λέβητος ἑψομένου  ἐν Λυδοῖς. Καὶ δηλαδὴ πᾶσι τοῖς δεομένοις θεσπίζει ὁ θεὸς τὸ ἀληθὲς μαθεῖν, καὶ συμφέρει, κἂν μέλλῃ ὁ μαθών, ἄδικος ὤν, πλεονεκτήσειν. Δεινῶς τινα πολυπράγμονα ἡγεῖ τὸν θεόν, καὶ περίεργον, καὶ εὐήθη, καὶ μηδὲν τῶν ἐν τοῖς κύκλοις ἀγειρόντων διαφέροντα, οἳ δυοῖν ὀβολοῖν τῷ προστυχόντι ἀποθεσπίζουσιν·  ἐγὼ δὲ μὴ ὅτι θεόν, ἀλλ´ οὐδὲ ἄνδρα ἀγαθόν, ἀξίως ἐπιπηδᾶν τῷ ἀληθεῖ· οὐδὲν γὰρ σεμνὸν τὸ τἀληθῆ λέγειν, εἰ μὴ γίγνοιτο ἐπ´ ἀγαθῷ τοῦ μαθόντος. Οὕτω καὶ ἰατρὸς νοσοῦντα ἐξαπατᾷ, καὶ στρατηγὸς στρατόπεδον, καὶ κυβερνήτης ναύτας, καὶ δεινὸν οὐδέν· ἀλλὰ ἤδη καὶ ψεῦδος ὤνησεν ἀνθρώπους, καὶ τἀληθὲς ἔβλαψεν. Εἰ μὲν οὖν ἄλλό τι ἡγεῖ εἶναι τὴν μαντικήν, ἢ νοῦν θεῖον, διαφέροντα τοῦ ἀνθρωπίνου ἀκριβείᾳ καὶ βεβαιότητι, νόμιζε πολεμεῖν λόγον λόγῳ· εἰ δέ ἐστιν οὐδὲν ἀλλοιότερον, ἢ ὅσον τὸ ἐξ ἡλίου φῶς τοῦ ἐκ πυρός, φῶς δὲ ἑκάτερον, ἀγάπα μὲν τὸ λαμπρότερον, μὴ ἀτίμαζε δὲ τῇ διαιρέσει τὸ ἀμαυρότερον. Ἀλλ´ ἡγοῦ τὸ πᾶν τοῦτο ἁρμονίαν τινὰ εἶναι ὀργάνου μουσικοῦ, καὶ τεχνίτην μὲν τὸν θεόν, τὴν δὲ ἁρμονίαν αὐτὴν ἀρξαμένην παρ´ αὐτοῦ, δι´ ἀέρος ἰοῦσαν, καὶ γῆς καὶ θαλάττης, καὶ ζῴων, καὶ φυτῶν, ἐμπεσοῦσαν μετὰ τοῦτο εἰς πολλὰς καὶ ἀνομοίους φύσεις, συντάττειν τὸν ἐν αὐταῖς πόλεμον· ὡς κορυφαία ἁρμονία, ἐμπεσοῦσα εἰς πολυφωνίαν χοροῦ, συντάττει τὸν ἐν αὐτῇ θόρυβον.

IV. Mais quel est donc le mode de cet art divin ? car je n'ai point de terme pour l'exprimer. Au moins la comparaison qui suit vous donnera-t-elle une idée de sa puissance. Considérez, lorsqu'on tire nu vaisseau à terre, lorsqu'on élève des pierres d'une grandeur démesurée, les divers instruments et le mécanisme compliqué qui servent à cette opération; comment chaque partie distribue la force à celle qui l'avoisine; comment, de cette progressive communication d'efforts, résulte l'entraînement du mobile. La machine entière est bien la cause du mouvement : mais chaque rouage, chaque mouille, y participe également. Regardez donc DIEU comme un architecte ; la Raison et la Prudence de l'homme comme son attirail mécanique, et comme son art, cette espèce de divination (33), qui nous entraîne où nous conduit le destin. Voulez-vous une comparaison plus frappante? Considérez DIEU, comme un Général; la vie, comme une armée; l'homme, comme un soldat; le destin, comme un étendard; toutes les choses qui composent le bonheur, comme des armes; toutes celles qui composent l'infortune, comme des ennemis ; le raisonnement, comme un allié; la vertu, comme la victoire; la méchanceté, comme la défaite; la divination, comme un art qui apprend à prédire les événements, sur la foi des pronostics. Le pilote, à son bord, s'il connaît sa manoeuvre, l'état de la mer, et la nature du vent, prévoit ce qui doit arriver. Le Général, à la tête de son armée, s'il connaît ses troupes; ses dispositions, et celles de son ennemi, prévoit ce qui doit arriver. Un médecin, qui voit un malade, qui étudie la maladie, et qui sait son métier, prévoit ce qui doit arriver. Vous voyez comme les devins sont nombreux ; comme ils sont clairvoyants; comme ils sont habiles ; comme ils vont au but. Eh bien, si chacune des choses qui sont en notre pouvoir ne dépendait que d'elle-même, et qu'il n'y eût point de destin, on n'aurait nul besoin de divination. Mais, s'il existe une liaison entr'elles et toutes les autres choses, et que cette liaison même soit une partie du destin, la divination aura lieu en ce qui concerne les choses nécessaires; et quant à celles que la sagacité humaine pourra, ou ne pourra pas atteindre, elles resteront soumises à la prévoyance de l'homme.

Τίς δὲ ὁ τρόπος τῆς θείας τέχνης, ὀνόματι μὲν εἰπεῖν οὐκ ἔχω, εἴσῃ δὲ αὐτῆς τὴν δύναμιν ἐξ εἰκόνος ἣ οἵα δήποτε· ἐθεάσω νεῶν ἐρύσεις ἐκ θαλάττης ἄνω, καὶ λίθων ἀγωγὰς ὑπερφυῶν κατὰ μέγεθος, παντοδαποῖς ἑλιγμοῖς καὶ ἀναστροφαῖς ὀργάνων· ὧν ἕκαστον πρὸς τὸ πλησίον τὴν ῥώμην νειμάμενον, ἕτερον ἐξ ἑτέρου διαδεχόμενον τὴν ἀγωγήν, κινεῖ τὸ πᾶν· καὶ τὸ μὲν ὅλον ἔχει τὴν αἰτίαν τοῦ ἔργου· συνεπιλαμβάνει  δέ τι αὐτῷ καὶ τὰ μερικά. Κάλει τοίνυν τεχνίτην μὲν τὸν θεόν, ὄργανα δὲ τοὺς λογισμοὺς τοὺς ἀνθρωπίνους, τέχνην δὲ τὴν ἀνθρωπίνην σπῶσαν ἡμᾶς ἐπὶ τὴν ἀγωγὴν τῆς εἱμαρμένης. Εἰ δέ σοι καὶ σαφεστέρας εἰκόνος δεῖ, νόει μοι στρατηγὸν μὲν τὸν θεόν, στρατείαν δὲ τὴν ζωήν, ὁπλίτην δὲ τὸν ἄνθρωπον, σύνθεμα δὲ τὴν εἱμαρμένην, ὅπλα δὲ τὰς εὐπορίας, πολεμίους δὲ τὰς συμφοράς, σύμμαχον δὲ τὸν λογισμόν, ἀριστείαν δὲ τὴν ἀρετήν, ἧτταν δὲ τὴν μοχθηρίαν, μαντικὴν δὲ τὴν τέχνην αὐτὴν τὴν ἐκ τῆς παρασκευῆς ἐπισταμένην τὸ μέλλον. Καὶ γὰρ κυβερνήτης ναῦν ἔχων, καὶ εἰδὼς τὰ ὄργανα, καὶ τὴν θάλατταν ὁρῶν, καὶ αἰσθανόμενος τῶν πνευμάτων, οἶδεν τὸ ἀποβησόμενον. Καὶ στρατηγὸς στρατόπεδον ἔχων, καὶ τὰ ὅπλα εἰδώς, καὶ τῆς παρασκευῆς μεμνημένος, καὶ τῶν πολεμίων αἰσθανόμενος, οἶδεν τὸ ἀποβησόμενον. Καὶ ἰατρὸς τὸν κάμνοντα ἰδών, καὶ τῆς νόσου ξυνείς, καὶ τῆς τέχνης αἰσθανόμενος, οἶδεν τὸ ἀποβησόμενον. Ὁρᾷς τὸ πλῆθος τῶν μάντεων, ὡς σαφές, ὡς τεχνικόν, ὡς εὔστοχον; Εἰ μὲν οὖν τὸ ἐφ´ ἡμῖν αὐτὸ ἦν καθ´ αὑτό, ἀπήλλακτο δὲ εἱμαρμένης, οὐδὲν ἔδει μαντικῆς· εἰ δὲ ἀνακέκραται τὸ ἐφ´ ἡμῖν τοῖς ὅλοις, μέρος ὅσον καὶ τοῦτο τῆς εἱμαρμένης, κατὰ μὲν τὸ ἀναγκαῖον ἡ μαντικὴ  στήσεται· κατὰ δὲ τὸ δῆλον ἢ μή, βουλεύσεται.

V. Mais, si la prudence humaine n'est pas moins propre que la divination à faire connaître les choses nécessaires, quelle sera la marche, quel sera le procédé de l'une et de l'autre ? Les chaleurs ardentes, les grandes pluies, les tremblements de terre, les explosions des volcans, les ouragans, les tempêtes, sont susceptibles d'être prévus, non seulement de la part des Dieux, mais encore de la part des hommes qui ont des lumières. C'est ainsi que Phérécyde annonça aux Samiens un tremblement de terre ; qu'Hippocrate annonça aux Thessaliens une famine; que Timésias (34) de Clazomène annonça une éclipse de soleil à ses concitoyens, et ainsi des autres. Mais comment DIEU appliquera-t-il la divination aux choses qui sont en notre pouvoir ? Ne sème point le champ aux enfants malgré les Dieux (35), dit un oracle; car, si tu plantes un enfant, celui qui naîtra de ton oeuvre, te donnera la mort. Voilà bien sa prophétie; mais, en la faisant, l'Oracle savait qu'il s'adressait à un homme intempérant, sujet à l'ivresse, et de là vint qu'il lui annonça ce malheur. Car Laïus avait manifesté son inclination à ce vice; et les Dieux savaient quelles en étaient les conséquences. Lorsque Crésus aura passé le fleuve Halys, un grand empire sera renversé (36). L'Oracle ne dit point que Crésus doive passer le fleuve. Mais il prédit ce qui doit lui arriver, après qu'il l'aura passé. Si l'on détruit la liaison, et que l'on sépare la divination qui appartient aux Dieux, de la prudence qui appartient à l'homme, on rompt la plus concordante des harmonies.

Ἤδη δὲ καὶ τοῦ ἀναγκαίου ἡ γνώμη μαντικῇ δηλωτική. Πῶς καὶ τίνα τρόπον ἑκατέρα; Αὐχμοὺς μέν, καὶ ἀνομβρίας, καὶ σεισμοὺς γῆς, καὶ πυρὸς ἐκβολάς, καὶ πνευμάτων ἐμβολάς, καὶ ἀέρων μεταβολὰς οὐ θεὸς οἶδεν μόνος, ἀλλὰ καὶ ἀνθρώπων ὅσοι δαιμόνιοι. Οὕτω καὶ Φερεκύδης σεισμὸν Σαμίοις προεμήνυσεν,  καὶ Ἱπποκράτης Θετταλοῖς προσιόντα λοιμόν, καὶ Τιμήσιος Κλαζομενίοις ἐκλείποντα ἥλιον, καὶ ἄλλος ἄλλό τι. Πῶς δὲ δὴ καὶ θεὸς τῶν ὅσα ἐφ´ ἡμῖν καταμαντεύεται;

Μὴ σπεῖρε τέκνων ἄλοκα δαιμόνων ἄτερ,

ὁ θεὸς λέγει·

ἢν γὰρ φυτεύσῃς παῖδα, ἀποκτενεῖ σε ὁ φῦς·

ταῦτα λέγει μέν, ἀλλὰ οἶδεν ἀνδρὶ συμβουλεύων ἀκολάστῳ καὶ ἀκρατεῖ μέθης, καὶ διὰ τοῦτο προλέγει τὴν συμφοράν, ἧς παρέσχεν μὲν τὴν ἀρχὴν ὁ Λάϊος, ἐγνώρισεν δὲ τὴν αἰτίαν ὁ θεός. Κροῖσος Ἅλυν διαβὰς μεγάλην ἀρχὴν καταλύσει· ὅτι μὲν διαβήσεται οὐ λέγει, τί δὲ πείσεται διαβὰς λέγει. Εἰ δὲ ἀπαλλάξεις τῆς συμπλοκῆς καὶ διοικίσεις  μαντικὴν θεοῦ καὶ ἀνθρώπου νοῦν, καὶ διέλυσας ἁρμονιῶν τὴν μουσικωτάτην.

VI. Les Dieux et les hommes ont pour domicile commun le ciel (37) et la terre. Voilà leurs foyers, leurs demeures éternelles. L'une est habitée par les Dieux, et par les enfants des Dieux : l'autre, par les hommes, leurs interprètes, « non pas ceux», comme dit Homère, « qui couchent à terre, et qui ne lavent » point leurs pieds (38) », mais ceux qui portent leurs regards vers les cieux, qui y dirigent leur âme; ceux dont l'intelligence est comme un chaînon attaché à l'intelligence de Jupiter. Les Dieux du second ordre sont chargés de veiller sur leur existence. Ils donnent à la terre sa fécondité, et conservent les fruits qu'elle produit. Ils sont invisibles (39). Ils ne lancent point de flèches; ils ne peuvent être blessés, « car ils ne mangent point de pain, et ne boivent point de vin (40) ». Les hommes, de leur côté, tournent les yeux vers le ciel, et contemplent, à leur aise, la resplendissante demeure de Jupiter, laquelle ne reçoit point son éclat, comme dit Homère, « d'ornements dorés, et de flambeaux portés par des mains d'enfants (41) », mais du soleil, de la lune, et du feu brillant des astres, qui peuplent le firmament avec eux. Vous voyez une année fournie d'excellents chefs, et des goujats nécessaires. Gardez-vous de détruire cette agrégation; et vous connaîtrez ce que c'est que la divination, ce que c'est que la prudence humaine (42), et en quoi consistent l'efficacité et l'union de l'une et de l'autre.

Οἶκος οὗτος εἷς θεῶν καὶ ἀνθρώπων, οὐρανὸς καὶ γῆ, δυοῖν ἑστία ἢ ὀχήματα, τὰ ἀθάνατα. Ὧν τὸν μὲν νέμονται θεοὶ καὶ θεῶν παῖδες, τὴν δὲ ὑποφῆται θεῶν, ἄνθρωποι, οὐ ’χαμαιεῦναι,‘ καθ´ Ὅμηρον, οὐδὲ ’ἀνιπτόποδες,‘ ἀλλὰ ἄνω εἰς τὸν οὐρανὸν ὁρῶντες ὀρθῇ τῇ ψυχῇ, καὶ ἀνηρτημένοι τῇ γνώμῃ πρὸς τὸν Δία. Διέλαχον δὲ αὐτῶν τοὺς βίους ἐπιστάται θεοί· γῆν τε γὰρ θεοὶ ἐπιβόσκονται, σώζοντες τὰ τῆς γῆς ἔγγονα, οὐχ ὁρώμενοι, οὐδὲ τοξεύοντες, ἢ τιτρωσκόμενοι, οὐ γὰρ σῖτον ἔδους´, οὐ πίνους´ αἴθοπα οἶνον. Ἄνθρωποι δὲ εἰς τὸν οὐρανὸν ἀφορῶντες, ᾗ θέμις ὁρᾶν τὸν τοῦ Διὸς περιλαμπῆ οἶκον, οὐ χρυσοῖς, καθ´ Ὅμηρον, κόσμοις καὶ κόραις δᾷδας μετὰ χεῖρας φέρουσιν λαμπόμενον, ἀλλὰ ἡλίῳ καὶ σελήνῃ καὶ τῶν τούτοις συντεταγμένων ἀκμαίῳ πυρὶ καταφεγγόμενον. Στρατὸν ὁρᾷς ἡγεμόνων ἀγαθῶν καὶ θεραπόντων ἀναγκαίων·  τοῦτό μοι φύλαττε τὸ σύνθημα, καὶ ὄψει μὲν τὴν μαντικήν, συνήσεις δὲ τὴν ἀρετήν, γνωριεῖς δὲ τὴν ἑκατέρου ἐπιμέλειαν καὶ κοινωνίαν.

VII. Vous voyez qu'il en est de la vie de l'homme comme d'une République, qui n'a aucune solidité, et qui est livrée à de continuelles vicissitudes. Vous diriez d'un vaisseau de transport, qui navigue sans cesse, et qui est perpétuellement le jouet des vagues. Il a besoin, pour se conserver, non seulement du talent du pilote, mais encore de la faveur des vents, de l'habileté de la manoeuvre de la part de l'équipage, de la souplesse des agrès, et de la facilité de la mer. Considérez donc les facultés intellectuelles de l'âme, comme les agrès et la manoeuvre ; les choses cachées aux regards de l'homme, comme les vents et les flots; et les justes prédictions de la divination, comme les pronostics du pilote. Si le mélange de cet ordre de choses embarrasse votre raisonnement, écoutez Platon, qui dit que « Dieu gouverne l'univers; qu'après lui, l'occasion et la fortune gouvernent les choses humaines (43), en y joignant l'adresse, troisième puissance, plus bénigne que les deux autres ». Car, au fort d'un orage, je regarde comme un plus grand bien d'avoir le secours d'un pilote, que d'en être privé.

Πολιτείαν ὁρᾷς τὸν ἀνθρώπινον βίον, οὐχ ἑδραῖον οὐδὲ ἠπειρωτικόν, ἀλλὰ νεὼς ὁλκάδος, ἐν πελάγει πλατεῖ  περαιούμενος· σώζει δὲ αὐτὴν οὐ μόνον κυβερνήτου τέχνη, ἀλλὰ καὶ πνευμάτων καιροί, καὶ ὑπηρεσία ναυτῶν, καὶ εὐκολία ὀργάνων, καὶ θαλάττης φύσις. Τάττε δέ μοι κατὰ μὲν τὰ ὄργανα καὶ τὰς ὑπηρεσίας τοὺς λογισμοὺς τῆς ψυχῆς, κατὰ δὲ θάλατταν καὶ τὰ πνεύματα τὸ ἄδηλον τῶν ἀνθρωπίνων, κατὰ δὲ τὸ προορατικὸν τῆς κυβερνητικῆς τέχνης τὸ εὔστοχον τῆς μαντικῆς. Εἰ δέ σου ἀντε〈τίθει〉 τύχη τῷ λογισμῷ τῆς πολιτείας κράσεις, ἀκούσῃ Πλάτωνος ὡδὶ λέγοντος,

ὡς θεὸς μὲν πάντα, καὶ μετὰ θεοῦ τύχη καὶ καιρὸς τὰ ἀνθρώπινα κυβερνῶσιν τὰ ξύμπαντα· ἡμερώτερόν γε μὴν τρίτον ἐπὶ τούτοις προσθεῖναι  δεῖν ἕπεσθαι, τὴν τέχνην.

Καιρῷ γὰρ χειμῶνι συλλαβέσθαι κυβερνητικήν, ἢ μή, μέγα πλεονέκτημα ἔγωγ´ ἂν θείην.

VIII. Cette matière de la divination jette mon âme dans l'embarras. Je ne peux me décider, ni à la mépriser entièrement, ni à prendre dans la raison humaine une pleine confiance. Mais, semblable à ces animaux amphibies, qui partagent avec les oiseaux la faculté de s'élever et de planer dans les airs, le train de la vie de l'homme me paraît être soumis à une double influence, et se partager entre le libre arbitre et la nécessité. Tel serait le libre arbitre d'un homme chargé de chaînes, et qui suivrait néanmoins, de lui-même, ses conducteurs. Cela me donne bien la notion de la nécessité; mais je n'ai point de terme pour l'exprimer proprement. Car, si je l'appelle fatalité, j'emploie un mot sur lequel les opinions des hommes ne sont point d'accord. Qu'est-ce, en effet, que la fatalité? Quelle est sa nature, quelle est son essence? « Est-elle un des Dieux qui habitent l'immensité des » cieux (44) » ? Le mal n'est point son ouvrage. Les calamités humaines ne tiennent point au destin. (Car il n'est pas permis d'imputer le mal aux Dieux (45) ). « Si elle est un des hommes mortels qui habitent la terre (46)», c'est un mensonge de la part d'Elpénor, de dire, « Un funeste destin est la cause de ma blessure (47) » : C'est un mensonge, de la part d'Agamemnon, de dire, « Ce n'est pas moi qui suis le coupable, c'est Jupiter, c'est le Destin, ce sont les Furies (48) ».

Ταῦτά μου τὰ μαντεύματα τὴν ψυχὴν ταράττει, καὶ οὔτε καθαρῶς εἰς ὑπεροψίαν ἄγει τῆς μαντικῆς, οὔτε καθαρῶς τοῖς λογισμοῖς διαπιστεύει· ἀλλ´ ὥσπερ τῶν ἀμφιβίων ζῴων οἱ ὄρνιθες κοινωνοῦσιν τοῦ ἐν ἀέρι δρόμου τοῖς μεταρσίοις, τοιαύτην ὁρῷ καὶ τῷ ἀνθρώπῳ τὴν διαγωγὴν τοῦ βίου, ἀμφίβιον καὶ κεκραμένην ὁμοῦ ἐξουσίᾳ καὶ ἀνάγκῃ· οἵα γένοιτ´ ἂν καὶ δεσμώτῃ ἀνδρὶ ἐξουσία ἑπομένῳ αὐθαιρέτως τοῖς ἄγουσιν· ὥστε ἐγὼ ὑποπτεύω μὲν τὴν ἀνάγκην, ὀνομάσαι δὲ αὐτὴν εὐπόρως οὐκ ἔχω. Κἂν γὰρ πεπρωμένην φῶ, ὄνομα λέγω πλανώμενον ἐν ἀνθρώπων δόξαις· τίς γὰρ ἡ πεπρωμένη; ποίας φύσεως; τίνος οὐσίας; Εἰ μέν τοι θεός ἐσσι, τοὶ οὐρανὸν εὐρὺν ἔχουσιν, οὐδὲν τῶν δεινῶν σὸν ἔργον, οὐδὲ καθ´ εἱμαρμένην αἱ ἀνθρώπιναι συμφοραί· οὐ γὰρ θέμις ἀνάπτειν θεῶν αἰτίαν κακοῦ·

εἰ δέ τις ἐστὶ βροτῶν, τοὶ ἐπὶ χθονὶ ναιετάουσιν,

ψεύδεται μὲν ὁ Ἐλπήνωρ λέγων,

ἆσέ με δαίμονος αἶσα κακή·

ψεύδεται δὲ ὁ Ἀγαμέμνων λέγων,

ἐγὼ δ´ οὐκ αἴτιός εἰμι,
ἀλλὰ Ζεύς, καὶ Μοῖρα, καὶ ἠεροφοῖτις Ἐρινύς.

IX. Ces mots ne me paraissent être que de spécieux détours de la méchanceté humaine, pour attribuer à un mauvais génie, aux parques, ou aux furies, ses propres forfaits. Que de pareilles excuses soient employées dans les tragédies, nous ne chicanerons pas les poètes sur leurs expressions. Mais le drame de la vie n'admet point ces futilités. Les Furies, les Parques, les Dieux du second ordre, et les autres puissances qui désignent la fatalité, sous une dénomination quelconque, renfermées dans le sein d'Agamemnon, le déchirent, « parce qu'il n'a point montré les égards convenables au premier des héros des Grecs (49) ». Ce sont ces puissances qui plongent Elpénor dans l'ivresse, qui conduisent Thyeste aux noces de son frère, qui arment Œdipe d'un fer parricide. Ce sont elles qui poussent les calomniateurs devant les Tribunaux, les pirates sur les ondes, l'assassin contre sa victime, et l'intempérant aux voluptés. Elles sont la source des malheurs des hommes. La foule des maux émane d'elles, comme la lave s'élance des gouffres de l'Etna, et la peste des sables brûlants de l'Éthiopie. À la vérité, la lave de l'Etna ne va point au-delà des régions qui l'environnent, et la peste s'arrête, lorsqu'elle est arrivée à Athènes (50). Au lieu que les canaux de la méchanceté sont sans nombre, et vont continuellement leur train. De là, le besoin perpétuel de prédictions et d'oracles. Qui donc se tromperait à prédire le sort de la méchanceté, de la déloyauté, de l'intempérance ? Apollon n'est pas le seul qui ait pronostiqué juste. Socrate en a fait autant. De là vient qu'Apollon loue Socrate de faire le même métier que lui (51).

Ἔοικεν δὲ καὶ ταυτὶ τὰ ὀνόματα εἶναι μοχθηρίας ἀνθρωπίνης εὔφημοι ἀποστροφαί, ἀναθέντων αὐτῆς τὴν αἰτίαν τῷ δαιμονίῳ, καὶ ταῖς Μοίραις, καὶ ταῖς Ἐρινύσιν· οἱ δὲ ἐν μὲν ταῖς τραγῳδίαις ἐχέτωσαν χώραν, οὐ νεμεσῶ τοῖς ποιηταῖς τῶν ὀνομάτων· ἐν δὲ τῷ βίου ὁράματι μήποτε ταῦτα κενά. Ἡ δὲ Ἐρινὺς καὶ ἡ Αἶσα καὶ οἱ δαίμονες καὶ ὅσα ἄλλα διανοίας εἱμαρμένης ὀνόματα, ἔνδον ἐν τῇ ψυχῇ καθειργμένα, καὶ τὸν Ἀγαμέμνονα ἐνοχλεῖ,

ὅτ´ ἄριστον Ἀχαιῶν οὐδὲν ἔτισεν·

ταῦτα καὶ τὸν Ἐλπήνορα εἰς μέθην ἄγει, ταῦτα καὶ τὸν Θυέστην ὠθεῖ ἐπὶ τὸν τοῦ ἀδελφοῦ γάμον, ταῦτα καὶ τὸν Οἰδίποδα ἐπὶ τὸν τοῦ πατρὸς φόνον, ταῦτα καὶ τὸν συκοφάντην ἐπὶ τὰ δικαστήρια, καὶ τὸν λῃστὴν ἐπὶ τὴν θάλατταν, καὶ τὸν ἀνδροφόνον ἐπὶ τὸ ξίφος, καὶ τὸν ἀκόλαστον ἐφ´ ἡδονάς. Αὗται πηγαὶ συμφορῶν ἀνθρωπίνων· ἐντεῦθεν ῥεῖ τὸ τῶν κακῶν πλῆθος, ὡς ἀπὸ τῆς Αἴτνης τὸ πῦρ ῥεῖ, ὡς ἐξ Αἰθιοπίας ὁ λοιμὸς ῥεῖ; καὶ τὸ μὲν πῦρ ἐπὶ γῆν ῥεῖ, καὶ ὁ λοιμὸς μέχρι τῶν Ἀθηνῶν προελθὼν ἔστη· οἱ δὲ ὀχετοὶ τῆς μοχθηρίας πολλοὶ καὶ ἀέναοι, καὶ δεόμενοι μαντείων πολλῶν καὶ χρησμῶν μυρίων. Τίς ἂν οὖν ἁμάρτοι μαντευόμενος τί τέλος μοχθηρίας; τί τέλος ἀπιστίας; τί τέλος ἀκολασίας; Ταῦτα καὶ Σωκράτης προὔλεγεν, οὐχ ὁ Ἀπόλλων μόνον· διὰ τοῦτο ὁ Ἀπόλλων ἐπῄνει Σωκράτην, ὅτι ἦν ὁμότεχνος αὐτῷ.

 

N O T E S.

(26)  Cette Dissertation a été traduite en latin, par le célèbre Grotius, dans celui de ses ouvrages, où il a traité de l'Opinion des philosophes touchant le Destin, p. 63 et suivantes.

(27) Sans doute, dans l'organisation militaire des peuples de l'antiquité, le mot de Dragon n'était pas connu. Mais ceux qui savent qu'une des règles fondamentales de notre langue est écrite dans ce vers de Boileau, « Sans cesse, en écrivant, variez vos discours,» sentiront que je ne pouvais pas mettre dans la même phrase, les mots de cavalerie Médique et de cavalerie de Thessalie.

(28) Hérodote, au 7e livre de son histoire, n° 141, nous a conservé les propres termes de l'Oracle. Entre'autres Auteurs de l'antiquité qui font mention de ce trait historique, on peut consulter Pisilostrate, Vie des Sophistes, in praæmio; Cornélius-Népos et Plutarque, Vie de Thémistocle; Justin, liv. II. 12; Dion-Chrysostôme, oraison 25, et Synèse, de insomniis.

(29)  À l'exception d'Épicure, les philosophes, et principalement les Platoniciens, ont reconnu la toute-science du Dieu suprême. Platon pensait, d'ailleurs, que Dieu ne communiquait jamais immédiatement avec les hommes, mais qu'il se servait pour cela, de l'intermédiaire des Dieux du second ordre. Voyez Apulée, du Dieu de Socrate. « C'est, dit Platon, dans son Symposiaque c'est par le moyen de ces Dieux que s'opère tout ce qui constitue la Divination. D'ailleurs, Dieu ne se met peint en commerce direct avec les hommes». Alcinoüs s'en explique bien disertement, au 15e chapitre de son Introduction à la philosophie de Platon, p. 99. On peut consulter là-dessus Martianus Capella, liv. II, p. 38 ; Porphyre, de l'Abstinence des viandes, liv. II, p.38; Plutarque, dans son Traité de la Défaillance des Oracles, et Théodoret, dans ses Thérapeutiques, liv. X, pag. 135 et 137.

(30) Voyez ci-dessus, Dissert. XVII, sect. VI, ainsi que la note relative à Crésus.

(31)  Isaac-Casaubon a cité ce passage de Maxime de Tyr, dans une de ces savantes notes, dont il a composé son Commentaire sur les Caractères de Théophraste. Voyez cet ouvrage du moraliste Grec, ch. VI,  περὶ ἀπονοίας, et la note de Casaubon sur les mots  καὶ ἐν θαύμασι διὰ τοὺς χαλκοῦς ἐλέγειν 

(32) À la fin du second livre de la République, Platon pose d'abord en principe, que le vrai mensonge est également détesté des hommes et des Dieux. Mais bientôt après, il établit une distinction entre ce qu'il appelle le mensonge proprement dit, ou l'ignorance dans l'âme, et entre le mensonge dans les paroles; et c'est de ce dernier qu'il enseigne ce que dit ici Maxime de Tyr, qu'il « est des circonstances où le mensonge dans les paroles, perd ce qu'il a d'odieux, parce qu'il devient utile ». Il justifie cette doctrine par deux exemples. « Le mensonge, dit-il, n'a-t-il pas son utilité, lorsqu'on s'en sert pour tremper un ennemi, ou même un ami, que la fureur ou la démence porte à quelque action mauvaise en soi; le mensonge devenant alors un remède que l'on emploie pour le détourner de son dessein » ? Je me suis servi de la traduction de Grou, tom. I, p. 123 et suivante.

(33)  Davies et Markland sont les seuls qui se soient aperçus que le texte était corrompu eu cet endroit. J'ai suivi la correction de ce dernier.
(34) Les critiques ne sont pas d'accord sur le nom propre du personnage cité ici par Maxime de Tyr. Au milieu de ces variantes, le plus sûr est de s'en tenir à la leçon des deux manuscrits, dont Davies et Markland ont reconnu la supériorité, lesquels portent
Τιμήσιος, Timésias; et alors ce Timésias sera le même que celui dont parle Hérodote, dans son livre premier, n° 168. Néanmoins Heinsius a mieux aimé lire, Τιμήσιας , que Τιμήσιος , sur la foi de Plutarque, dans son Traité des Préceptes d'administration publique, n° 49, (édition de Cussac, t. XV), et sur celle d'Élien, dans ses Histoires diverses, l. XII, ch. 9.

(35)  Ce passage est emprunté de la tragédie d'Euripide, intitulée, les Phéniciennes, 18e vers. Ce fut la réponse que lit à Laïus, Roi de Thèbes, l'Oracle qu'il consulta, peu de temps après son mariage.

(36) Aristote, au troisième livre de sa Rhétorique, chap. 5, cite ce vers pour exemple, de l'artificieuse ambiguïté que les Oracles mettaient dans leurs réponses. Voyez Hérodote, lib. I, n°. 53.

(37)  Le grec porte littéralement, οὐρανός , le Ciel. Il faut néanmoins prendre ici ce mot peur la région éthérée, dont les Platoniciens faisaient la demeure des Dieux du second ordre, au lieu que le Ciel, proprement dit, était la demeure de Jupiter, ou du DIEU suprême, ainsi que notre Auteur l'insinue plus bas.

(38) Maxime de Tyr emprunte ici le langage d'Homère, au seizième chant de l'Iliade, 234e vers, et, selon Camérarius, on doit entendre ce passage comme désignant ces peuples barbares et nomades, qui mènent une vie errante et vagabonde, et qui sont étrangers à tous les usages de la civilisation. Voyez Dissert. XIV, sect. I. In fin.

(39) Markland admet le sens qui résulte du mot ὁρώμενος ; mais cela ne l'empêche pas de conjecturer, avec quelque probabilité, que Maxime de Tyr a écrit ὀδυρόμενος, inaccessibles aux lamentations et aux chagrins.

(40) Maxime de Tyr dit ici que les Dieux du second ordre ne peuvent point être blessés; et il en donne pour raison un vers d'Homère, emprunté d'un passage, où ce poète dit tout le contraire des Dieux, même du premier ordre, puisqu'il y parle de la blessure que Vénus reçut, à la main, de la part de Diomède. Et d'ailleurs, dire que ces Dieux ne peuvent point être blessés, parce qu'ils ne mangent point de pain, et qu'ils ne boivent point de vin ! Ils mangeaient du moins l'ambroisie, et buvaient le nectar; et, selon la judicieuse observation de Camérarius, il y a beaucoup d'animaux qui ne mangent point de pain, et ne boivent point de vin, et ne laissent pas d'être sujets aux maux physiques et à la mort.

(41) Voyez l'Odyssée, 7e, chant, 100e vers; et Lucrèce, de rerum natura, lib. II, vers 24 et 25.

(42)  Dans une note précédente, Markland a prouvé que le mot ἀρετήν devait s'entendre, ici, de la prudence humaine.

(43)  Maxime de Tyr emprunte, ici, le langage de Platon, au quatrième livre des Lois. Voyez Hiéroclès, dans son Traité de la Providence, p. 254, et Stobée, Discours LVIII, p. 380.

(44) Voyez l'Odyssée, sixième chant, 150e vers.

(45) Platon s'explique d'une manière bien précise, en effet, sur ce point fondamental de sa doctrine, dans le second livre de sa République, pag. 117, de la traduction que j'ai déjà eu occasion de citer. « DIEU, étant essentiellement bon, n'est pas cause de toutes choses, comme on le dit communément; et parce que les biens et les maux sont tellement partagés entre les hommes, que le mal y domine, DIEU n'est cause que d'une partie de ce qui arrive aux hommes, et il ne l'est point de tout le reste. On ne doit attribuer les biens qu'à lui. Quant aux maux, il en faut chercher une autre cause que DIEU. Il ne faut donc pas ajouter foi à Homère, ni à aucun autre poète assez insensé pour blasphémer contre les Dieux, et pour dire, que dans le palais de Jupiter, il y a deux tonneaux pleins, l'un de destinées heureuses, l'autre de destinées malheureuses, etc. » Voyez la note du traducteur sur ce passage.

(46) Ibidem, 153e vers.

(47) Ibidem, onzième chant, 6e vers.

(48) Voyez l'Iliade, dix-neuvième chant, 86e vers.

(49) Voyez l'Iliade, onzième chant, 412e vers.

(50)  Notre Auteur fait allusion, ici, à la peste, qui passa de l'Égypte dans l'Attique, à l'époque de la guerre du Péloponnèse. Voyez ci-dessus Dissert. XIII. 4, et Thucydide, lib. II, p. 129.

(51) Voyez Diogène-Laërce, livre second, Vie de Socrate; le Scholiaste d'Aristophane, sur le 144e vers des Nuées; Tertullien, dans son Apologétique, chap. 46. Voyez encore ci-dessus, Dissert. IX, sect. I, et XXXIX, sect. V.