Manou

MÂNAVA DHARMA ÇÂSTRA - LOIS DE MANOU

 

TRADUITES DU SANSKRIT PAR G. STREHLY

Oeuvre numérisée et traduite par Marc Szwajcer

LIVRE VI

LIVRE V - LIVRE VII

 

 

 

 

 

 

MÂNAVA DHARMA ÇÂSTRA

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LOIS DE MANOU

TRADUITES DU SANSKRIT

PAR

G. STREHLY

ANCIEN ÉLÈVE DE L'ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE

PROFESSEUR AU LYCÉE MONTAIGNE

ERNEST, LEROUX, ÉDITEUR

28, RUE BONAPARTE, 28

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1893

 

LOIS DE MANOU

 

TRADUITES DU SANSKRIT

PAR

G. STREHLY

 

 

 

LIVRE SIXIEME

L'Ermite; l'Ascète.

NOTES EXPLICATIVES

1. Le Dvidja sorti de noviciat, qui a ainsi vécu conformément à la règle dans l'ordre des maîtres de maison, doit (ensuite) aller habiter la forêt, ferme dans sa résolution, et bien maître de ses sens.

2. Un maître de maison qui se voit des rides et des cheveux blancs, et (qui a) un enfant de son enfant, doit se retirer dans les bois.

3. Renonçant à tout aliment produit par la culture et à tous ses biens, qu'il aille dans la forêt, après avoir confié sa femme à ses fils, ou accompagné de cette dernière.

4. Emportant avec lui le feu sacré et les ustensiles (du culte) du feu domestique et quittant le village pour la forêt, il y vivra maître de ses sens.

5. Il accomplira suivant la règle les (cinq) grands sacrifices avec toute sortes (d'aliments) purs propres aux ermites (tels que le riz sauvage), ou avec des herbes, racines et fruits.

6. Qu'il porte une peau ou un vêtement d'écorce, se baigne soir et matin, ait toujours les cheveux longs, et (laisse croître) sa barbe, ses poils, ses ongles ;

7. Qu'il fasse l'offrande bali avec les aliments qu'il a, et donne l'aumône selon ses moyens ; qu'il honore ceux qui se présentent à son ermitage d'une aumône consistant en eau, racines et fruits.

8. Qu'il soit toujours appliqué à la récitation du Véda pour son compte, endurant, bienveillant, recueilli, donnant toujours sans jamais recevoir, compatissant envers tous les êtres.

9. Qu'il offre suivant la règle (le sacrifice de) l'Agnihotra avec les trois feux consacrés, sans négliger le sacrifice de la nouvelle lune, et celui de la pleine lune, en temps voulu.

10. Qu'il accomplisse également le sacrifice aux corps célestes, l'offrande du grain nouveau, les cérémonies qui ont lieu tous les quatre mois, (les sacrifices appelés) Tourâyana et Dakchasyâyana, dans l'ordre voulu.

11. Avec du riz pur de printemps et d'automne, nourriture des ascètes, récolté de ses propres mains, il préparera séparément, suivant les prescriptions, les gâteaux et autres mets du sacrifice.

12. Ayant offert aux divinités cette oblation très pure, produit des forêts, qu'il emploie pour lui le reste (avec) du sel préparé par lui-même.

13. Qu'il mange les végétaux poussant dans l'eau ou sur la terre, les fleurs, racines et fruits, le produit des arbres purs et les huiles extraites des fruits.

14. Il doit s'abstenir de miel, de champignons poussés à terre, ainsi que des (herbes appelées) bhoûstrina et sigrouka, et des fruits du slechmâtaka.

15. Au mois d'Âsvina, il devra jeter les aliments d'ascète qu'il a récoltés précédemment, ses vêtements usés, et les herbes, racines et fruits (qu'il a en réserve).

16. Qu'il ne mange aucun produit de la culture, même s'il a été jeté par quelqu'un, ni des racines et des fruits qui ont poussé dans un village, quelque (faim) qui le presse.

17. Il peut manger ou bien des (aliments sauvages) cuits sur le feu, ou seulement (des fruits) mûris par le temps ; il peut (les écraser avec) un pilon de pierre, ou (n')avoir (que) ses dents pour mortier.

18. Il peut ramasser (des aliments) pour un jour seul, ou en ramasser pour un mois, ou pour six mois, ou pour un an.

19. S'étant procuré de son mieux de la nourriture, il peut manger soit la nuit, soit le jour, soit au quatrième repas, soit au huitième.

20. Ou bien il peut vivre suivant les règles de la pénitence lunaire pendant la quinzaine brillante et pendant la quinzaine obscure, ou bien manger une fois seulement au terme de chacune des deux quinzaines de la bouillie de farine de riz cuite.

21. Ou bien il peut ne vivre absolument que de fleurs, racines et fruits, mûris par le temps et tombés d'eux-mêmes, en se conformant aux préceptes de Vikhanas.

22. Qu'il se roule à terre ou se tienne debout tout un jour sur la pointe des pieds; ou bien qu'il passe son temps (tantôt) assis, (tantôt) debout, et aux trois moments principaux de la journée qu'il aille à l'eau (pour se baigner).

23. En été qu'il supporte les cinq feux, pendant la saison des pluies qu'il n'ait d'autre abri que les nuages, en hiver qu'il porte des vêtements humides, augmentant par degré ses austérités.

24. En se baignant aux trois moments principaux de la journée, qu'il offre des libations aux Mânes et aux Dieux ; pratiquant des austérités (de plus en) plus rudes, qu'il émacie son corps.

25. Ayant déposé en lui-même, les (trois) feux sacrés, suivant la règle, il doit vivre sans feu, sans abri, silencieux, se nourrissant déracines et de fruits,

26. Indifférent aux plaisirs matériels, chaste, couchant sur la dure, dédaignant tout abri, logeant au pied des arbres.

27. Qu'il accepte les aumônes nécessaires à sa subsistance seulement des Brahmanes ascètes ou des autres Dvidjas maîtres de maison qui habitent dans la forêt.

28. Ou bien (l'anachorète) habitant la forêt peut rapporter du village (des aliments), après les avoir reçus dans un cornet fait d'une feuille, dans (le creux de) sa main, ou dans un tesson, et en manger huit bouchées.

29. Ces pratiques et d'autres devront être observées par le Brahmane retiré dans la forêt, et pour obtenir (l'union de) son âme (avec l'Être suprême, il étudiera) les divers textes sacrés contenus dans les Oupanichads,

30. Qui ont été étudiés par les Sages et les Brahmanes maîtres de maison, pour l'accroissement de leur science et de leurs austérités, et pour la purification de leur corps.

31. Ou bien qu'il se dirige vers la région du Nord-Est, marchant droit devant lui, ferme dans sa résolution, vivant d'air et d'eau, jusqu'à ce que son corps tombe en dissolution.

32. S'étant défait de son corps par l'une quelconque de ces pratiques (usitées par) les grands Sages, exempt de soucis et de crainte, le Brahmane est exalté dans le monde de Brahme.

33. Après avoir ainsi passé dans les bois la troisième période de son existence, il devra durant la quatrième errer (en ascète mendiant), détaché de toute affection.

34. Celui qui a passé d'ordre en ordre, offert les sacrifices et vaincu ses sens, et qui fatigué de (faire) des aumônes et des offrandes, se fait moine errant, obtient après sa mort la félicité suprême.

35. Ayant payé les trois dettes, il devra appliquer son esprit à la délivrance finale ; mais celui qui cherche la délivrance finale, sans avoir acquitté (les trois dettes) est précipité (clans l'enfer).

36. Ayant étudié le Véda suivant la règle, procréé des enfants conformément à la Loi, et offert des sacrifices suivant ses moyens, on peut appliquer son esprit à la délivrance finale.

37. Un Brahmane qui cherche la délivrance finale, sans avoir étudié le Véda, procréé des enfants et offert des sacrifices, est précipité (en enfer).

38. Après avoir accompli le sacrifice au Seigneur des créatures, dans lequel (il abandonne) tous ses biens en guise d'honoraires, et déposé en lui-même le feu (sacré), un Brahmane peut quitter sa maison (pour se faire ascète).

39. Des mondes radieux deviennent (le partage) de celui qui, prédicateur du Véda et assurant la sécurité à tous les êtres animés, quitte sa maison (pour se faire ascète).

40. Le Dvidja qui ne cause pas la moindre crainte aux êtres animés n'aura rien à redouter d'aucune part, une fois délivré de son corps.

41. Quittant sa maison, pourvu de moyens de purification, silencieux, insensible aux jouissances qui (lui) sont offertes, il mènera la vie errante (des ascètes).

42. Qu'il aille toujours seul, sans compagnon, en vue d'obtenir (la félicité suprême), considérant (que l'homme) solitaire atteint son but, (lui qui) ne délaisse point et n'est point délaissé.

43. Qu'il n'ait ni feu, ni abri, et qu'il aille au village (demander) des aliments, indifférent (à tout), ferme dans sa résolution, silencieux, concentrant sa pensée sur l'Être suprême.

44. Un tesson, les racines d'un arbre (pour gîte), des haillons, la solitude et l'indifférence à tout, sont les marques de celui qui est près de la délivrance finale.

45. Il ne doit pas désirer la mort, il ne doit pas désirer la vie, il doit attendre son heure, comme un serviteur (attend) ses gages.

46. Qu'il (ne) pose son pied (sur un lieu qu'après s'être assuré par) la vue (qu'il est) pur; qu'il boive de l'eau purifiée (en la filtrant) avec un linge, qu'il dise des paroles purifiées par la vérité, qu'il conserve son cœur (toujours) pur.

47. Qu'il supporte les injures, ne méprise personne, n'ait d'inimitié avec personne, au sujet de ce corps.

48. Il ne doit pas rendre colère pour colère ; à une injure il doit répondre par une bonne parole ; il ne doit proférer aucune parole fausse répandue par les sept portes.

49. Mettant ses délices dans l'Âme suprême, assis, indifférent (à tout), inaccessible aux désirs de la chair, n'ayant d'autre compagnon que lui-même, il doit vivre ici-bas dans l'attente du bonheur (éternel).

50. Qu'en aucun cas il ne cherche à obtenir l'aumône par (l'interprétation) des prodiges et des présages, ni par l'astrologie et la chiromancie, ni (en donnant) des avis ou en expliquant (le sens des traités).

51. Qu'il n'entre jamais (pour mendier) dans une maison remplie d'ermites, de Brahmanes, d'oiseaux, de chiens, ou d'autres mendiants.

52. Les cheveux, les ongles, la barbe coupés, muni d'une sébile, d'un bâton, d'un pot à eau, qu'il erre continuellement, recueilli, et ne faisant de mal à aucune créature.

53. Ses ustensiles ne doivent pas être en métal, ni avoir aucune fêlure; il est recommandé de les laver à l'eau, comme les coupes du sacrifice.

54. Une gourde, une écuelle de bois, un (pot) de terre ou un (panier) en éclats de bambou, tels sont les ustensiles que Manou fils de l'Être existant par lui-même, a déclaré ceux d'un ascète.

55. Il doit recueillir l'aumône une fois (par jour), et ne pas tenir à la quantité ; car un ascète trop avide d'aumônes s'attache aux objets des sens.

56. Quand la fumée (de la cuisine) cesse de s'élever, quand le pilon est en repos, quand les charbons sont éteints, quand les gens ont mangé et que la vaisselle est rangée, (c'est alors que) l'ascète doit toujours aller demander l'aumône.

57. S'il ne reçoit rien, qu'il n'en soit pas attristé ; s'il reçoit, qu'il n'en soit pas réjoui; qu'il se contente de ce qui est nécessaire â la vie, et évite d'attacher de l'importance à ses ustensiles.

58. Il doit dédaigner absolument d'obtenir l'aumône à force de salutations : (car) un ascète même (sur le point) d'obtenir la délivrance finale, est enchaîné par (les aumônes) obtenues à force de salutations.

59. Qu'il réfrène ses organes attirés par les objets des sens, en prenant peu d'aliments, et en se tenant debout et assis dans la solitude.

60. En domptant ses sens, en détruisant (en lui) l'amour et la haine, en s'abstenant de faire du mal aux créatures, il devient propre à l'immortalité.

61. Qu'il réfléchisse aux métempsycoses des hommes, conséquence de leurs péchés, à leur chute en enfer, à leurs tourments dans le monde de Yama,

62. A la séparation d'avec ceux qu'on aime, à la réunion avec ceux qu'on hait, à la vieillesse qui triomphe (de vous), â la maladie qui (vous) accable,

63. A ce corps que l'on quitte, à la renaissance dans un (autre) sein, à la transmigration de cette âme individuelle dans dix mille millions de matrices,

64. Aux peines qui affligent les êtres corporels, conséquence de leurs péchés, à la félicité éternelle dont ils jouissent en récompense de leur vertu.

65. Qu'il considère par une méditation concentrée l'essence subtile de l'Ame suprême, et sa présence dans tous les corps (des êtres) les plus élevés comme les plus infimes.

66. A quelque ordre qu'il appartienne, bien qu'il ait été calomnié (et privé des insignes de son ordre),qu'il accomplisse ses devoirs, égal envers toutes les créatures : car ce ne sont pas les insignes qui constituent la vertu.

67. Bien que le fruit de la strychnine clarifie l'eau, l'eau ne devient pas claire par le seul fait de mentionner son nom.

68. Pour épargner les êtres animés, il doit jour et nuit, même au détriment de son corps, marcher toujours en examinant le sol.

69. Pour expier (la destruction) des êtres qu'il a tués involontairement le jour ou la nuit, l'ascète devra se baigner et faire six suspensions d'haleine.

70. Rien que trois suspensions d'haleine accomplies suivant la règle, et accompagnées des trois paroles sacramentelles et de la syllabe OM, doivent être considérées comme (l'acte) le plus parfait d'austérité pour un Brahmane.

71. De même que les scories du minerai sont consumées par la fusion, ainsi les souillures des organes sont détruites par la suspension de l'haleine.

72. Qu'il détruise les souillures par la suspension d'haleine, le péché par la concentration mentale, les désirs sensuels par la répression (des organes), et les qualités qui ne sont pas propres à l'Être suprême par la méditation.

73. Par le moyen de la méditation, qu'il observe le passage de l'âme individuelle à travers les (divers) êtres, les plus élevés et les plus infimes, (passage) inintelligible pour ceux dont l'âme n'a pas été régénérée (par l'étude du Véda).

74. Celui qui possède la claire vue n'est pas lié par les actes ; celui qui en est dépourvu est soumis à une série de transmigrations.

75. Par le respect de la vie (des créatures), par le détachement des (plaisirs) sensuels, par les devoirs pieux prescrits dans le Véda, par les pratiques rigoureuses de l'ascétisme, on atteint ici-bas cet état.

76. On doit quitter ce (corps) séjour des (cinq) éléments, qui a pour piliers les os, pour attaches les tendons, pour ciment la chair et le sang, pour couverture la peau, qui exhale une mauvaise odeur, qui est plein d'urine et d'excréments,

77. Qui est assailli par la vieillesse et les chagrins, siège des maladies, infirme, plein de passion, caduc.

78. Comme'un arbre se détache du bord de la rivière, ou comme un oiseau (quitte) un arbre, ainsi celui qui abandonne ce corps est délivré d'un monstre dangereux.

79. Abandonnant à ses amis ses bonnes actions, à ses ennemis ses mauvaises actions, il s'élève par le moyen de la méditation jusqu'à Brahme l'éternel.

80. Quand par la condition (de son esprit) il devient indifférent à tous les objets, alors il atteint la félicité ici-bas et après la mort.

81. S'étant ainsi défait peu à peu de tous les attachements, et délivré de toutes les (affections qui vont) deux par deux, il repose en Brahme seul.

82. Tout ce qui vient d'être déclaré dépend de la méditation; car celui qui ne connaît pas l'Âme suprême n'obtient pas le fruit de ses oeuvres.

83. Qu'il récite constamment (les parties du) Véda relatives au sacrifice, et (celles) qui se rapportent aux divinités, et (celles) qui traitent de l'Âme suprême, et tout ce qui est exposé dans le Védânta.

84. (Le Véda) est le refuge (même) de ceux qui (en) ignorent (le véritable sens) et de ceux qui le comprennent, et de ceux qui désirent le ciel, et de ceux qui aspirent à l'éternité.

85. Le Brahmane qui mène la vie ascétique en se conformant aux règles (qui viennent d'être énoncées) dans l'ordre, ayant secoué ici-bas le péché, s'élève jusqu'au Brahme suprême.

86. On vous a ainsi exposé la loi relative aux ascètes maîtres d'eux-mêmes ; écoutez maintenant la règle de conduite des (ascètes) qui renoncent (aux pratiques prescrites par) le Véda.

87. L'étudiant, le maître de maison, l'anachorète, l'ascète, ces quatre ordres distincts proviennent (tous) du maître de maison.

88. Et tous ces (ordres) successivement embrassés conformément au traité (des lois) conduisent à la condition suprême le Brahmane qui fait ce qui a été prescrit.

89. Et d'après les préceptes du texte sacré du Véda, le maître de maison est déclaré supérieur (aux trois autres ordres), car il les supporte tous les trois.

90. De même que toutes les rivières et tous les fleuves aboutissent à leur lieu de repos dans l'Océan, ainsi les hommes des divers ordres vont (se réfugier) sous la protection du maître de maison.

91. Les Dvidjas appartenant à ces quatre ordres doivent toujours soigneusement observer la décuple loi.

92. Contentement, patience, empire sur soi-même, probité, pureté, répression des sens, science, connaissance (du Véda) vérité, douceur, tels sont les dix préceptes de (cette) loi.

93. Les Brahmanes qui étudient les dix préceptes de la loi, et qui après les avoir étudiés, les suivent, atteignent la condition suprême.

94. Un Dvidja qui, recueilli, pratique la décuple loi, qui a écouté suivant la règle (l'interprétation) du Vedânta, et qui a payé ses (trois) dettes, peut embrasser la vie ascétique.

95. Ayant renoncé à toutes les pratiques religieuses, s'étant déchargé de (tous) les péchés de ses actions, maître de ses organes, ayant étudié le Véda, il peut vivre à son aise sous la protection de ses fils.

96. Ayant ainsi renoncé aux pratiques religieuses, uniquement occupé de son objet, exempt de désirs, ayant tué le péché par la renonciation, il parvient à la félicité suprême.

97. Ainsi vous a été exposée la quadruple loi des Brahmanes, (loi) sainte, produisant après la mort des fruits impérissables; écoutez maintenant les devoirs des rois.

1. Niyata « ferme dans sa résolution », peut signifier aussi « voué à des pratiques pieuses. »

2. Kull. restreint le sens de apatya au sexe masculin : « le fils d'un fils ».

3. Littéralement « aux aliments des villes (ou des villages) ». — « Ses biens » peut-être plus exactement « ses meubles ».

4. Le feu sacré : littéralement l'Agnihotra.

6. Cheveux longs : la coiffure appelée jatà consistant en tresses ou nattes de cheveux.

7. L'offrande bali est l'offrande aux êtres, aux bhûtas.

8. Dânta « endurant » signifie littéralement « dompté » : il vaudrait peut-être mieux le traduire par « ayant ses sens domptés » ; le commentaire de Kull. dit : « Qui endure les choses allant par paire, telles que le froid et le chaud, etc. »

10. Le rksheshti, l'âgrayana, les câturmâsyas, le turâyana et le dakshasyâyana. Les deux derniers sont des modifications du sacrifice à la nouvelle lune. Kull. lit uttarâyana au lieu de turâyana « le sacrifice du solstice d'hiver ».

14. Bhùstrna, Andropogon schoenanlhus — çigruka,Moringapterygosperma — çleshmâtaka ou çleshmântaka, Cordia myxa.

15. Açvina ou àçvayuja = septembre-octobre.

18. La traduction de B. pour la première partie du vers est la suivante : « Il peut aussitôt (après son repas quotidien) laver son vase pour recueillir les aliments. » En effet tel est le sens littéral de sadyahprakshâlaka.

19. Soit la nuit, soit le jour, c'est-à-dire « le soir ou le matin. » Comme il y a deux repas réguliers par jour, le quatrième repas signifie celui qui se fait à la fin du deuxième jour, le huitième celui qui se fait à la fin du quatrième.

20. La pénitence lunaire Cândrâyana (Cf. XI, 217) consistant à diminuer chaque jour sa ration d'une bouchée pendant la quinzaine brillante. — Une fois seulement, c'est-à-dire « le matin ou le soir ». (Kull.)

21. Vikhanas un Richi auteur supposé de Sùtras contenant des règles relatives à la vie des anachorètes.

22. Les trois moments, savanas, sont le matin, midi et le soir. — Savaneshu forme un jeu de mots en séparant sa-vaneshu (dans les forêts).

23. Les cinq feux : « Qu'il se fasse brûler par des feux placés aux quatre points cardinaux, et par l'ardeur du soleil au-dessus de lui. » (Kull.) — Toutes ces austérités exagérées sont encore pratiquées par certains fakirs de l'Inde moderne.

24. Se baignant : je traduis ainsi d'après le commentaire : le texte porte upasprçan qui signifie exactement « se rinçant la bouche ».

25. Ayant déposé en lui-même « en avalant des cendres, etc. ». (Kull.)

27. Ou des autres Dvidjas : le texte porte « et » et non « ou » ; mais le commentaire de Kull. indique qu'il doit s'adresser d'abord aux premiers, et « à leur défaut, aux autres Dvidjas ».

29. Les Upanishads ou doctrine ésotérique sont des traités qui se proposent de découvrir le sens caché du Véda. — Les textes sacrés, littéralement les Çrutis.

31. Ou bien « s'il lui survient une maladie incurable, etc. ». (Kull.) — La région Nord-est, littéralement « la région invincible ». — Yukta, ferme dans sa résolution, signifie d'après Kull. « appliqué aux pratiques du Yoga. » Le Yoga est une des écoles philosophiques de l'Inde, dont on attribue la fondation à Patafljali.

32. Une de ces pratiques « énoncées plus haut » (Kull.), ou suivant Medh. « l'immersion, l'action de se précipiter d'une montagne, la crémation volontaire, ou la mort par le jeûne. »

35. Les trois dettes (Cf. IV, 257) « aux grands Sages, aux Mânes et aux Dieux. » Ou bien encore par « les trois dettes » on peut entendre « les trois premiers degrés de la vie brahmanique, étudiant, maître de maison et anachorète ». C'est seulement après avoir passé par tous ces ordres qu'on peut songer à la délivrance finale.

38. Sarvavedasadakshinâm : je prends veda au sens de « biens ». Au surplus, il y a peut-être une équivoque voulue, et ce mot peut s'entendre ainsi : « Où l'on donne tout comme honoraires (suivant l'injonction du Yajur-) Veda. » — Honoraires du sacrifice donnés au prêtre. — La fin de ce vers signifie suivant Kull. « qu'il peut entrer dans le quatrième ordre, sans avoir passé par celui des habitants de la forêt (ou anachorètes) ». (Kull.)

39. On peut traduire plus littéralement « les mondes deviennent resplendissants lorsque, etc. ». — Assurant la sécurité signifie « ne faisant de mal à aucune créature. »

41. Les moyens de purification, pavitras, sont « le bâton, le pot-à-eau, etc. ». (Kull.)

43. Bhâvasarnâhita signifie littéralement « concentré dans sa pensée. » Mais Kull. explique bhâva par brahman.

45. Ses gages nirveça ; il y a une autre leçon, nirdeça un ordre.

46. Littéralement « qu'il pose un pied purifié par la vue ». « Pour éviter (de marcher) sur un cheveu, un os, etc. ». (Kull.) — Avec un linge « pour éviter (de détruire) les petits insectes, etc. ». (Kull.)

47. De ce corps : Kull. ajoute « faible et sujet aux maladies ».

48. Cette expression « les sept portes » est bizarre, et les commentaires ne sont pas d'accord sur son véritable sens. Suivant Kull. elle désignerait « l'esprit, l'intelligence et les cinq sens »; l'idée est qu'il ne faut proférer aucun mensonge ayant rapport à des objets soumis aux perceptions des sens et de l'esprit.

49. N'ayant d'autre compagnon que lui-même : Atman peut signifier aussi « le moi, ou l'âme ». Kull. entend ainsi « ayant son corps pour seul compagnon ».

53. Les coupes, camasas, dont il a été question antérieurement.

57. Ses ustensiles, « son bâton, son pot-â-eau, etc. ». (Kull.) — Attacher de l'importance « en disant : Celui-ci est vilain, je n'en veux pas; celui-là est beau, je le prends ». (Kull.)

58. Sur le point : le texte dit simplement « délivré » ; on peut être considéré comme délivré même avant d'être mort, lorsqu'on est dans les conditions requises pour la délivrance finale.

61. Yama, le dieu des Enfers, le Pluton hindou.

65. La méditation concentrée dont il est question ici s'appelle Yoga ; ce nom désigne aussi un système philosophique (Cf. supra note du vers 31). L'Ame suprême paramâtman est opposée à l'âme individuelle.

66. Jolly lit bhûshita « orné (de guirlandes, etc.) », au lieu de dûshita (Kull.) « calomnié ». — Au lieu de vasan « séjournant dans n'importe quel ordre », il y a une autre leçon ratah « satisfait. » — La fin de ce vers rappelle notre proverbe : « L'habit ne fait pas le moine. »

67. Le Kataka, Strychnos potatorum : lorsqu'on frotte avec les fruits de cette plante le fond d'un vase d'eau trouble, cela fait précipiter les impuretés du liquide. Cette image est le développement de l'idée précédemment exprimée, que les insignes extérieurs ne constituent pas la vertu.

68. Dans certaines sectes de l'Inde, notamment chez les Jaïnistes, le respect des êtres animés va si loin « qu'ils ne boivent que de l'eau filtrée, ne respirent qu'à travers un voile, et s'en vont balayant le sol devant eux, de peur d'avaler ou d'écraser à leur insu quelque animalcule invisible ». — Barth., Les Religions de l'Inde, p. 87.

70. Cf. II, 76. Les Vyàhrtis c'est-à-dire les mots Bhùh, Bhuvah, Svah. Kull. ajoute après OM « la Sâvitrî et le Ciras » : ciras littéralement « tête » désigne le début, la strophe initiale d'un hymne; mais je ne sais à quel hymne il est fait allusion. La Sâvitrî aussi appelée Gâyatri, est un hymne du Rig Véda que tout Brahmane doit répéter mentalement dans ses dévotions du matin et du soir.

72. Qu'il détruise: littéralement « qu'il brûle ». — Anîçvarân gunân « les qualités qui ne sont pas propres à l'Etre suprême (ïçvara) » sont suivant Kull. « la colère, la cupidité, l'envie, etc. ». — B. H. entend ce mot tout différemment » sur lesquelles on n'exerce pas de contrôle ».

73. On peut prendre dhyànayoga comme composé copulatif « par la méditation et la concentration ».

74. Qui a la claire vue, c'est-à-dire, suivant Kull., « brahmasâkshâtkâravant, qui possède la claire vue de l'Etre suprême ». — N'est pas lié par les actes, c'est-à-dire n'est pas condamné à repasser par d'autres existences, comme conséquence de ses actes en cette vie.

75. Cet état, tatpadam, « qui consiste dans l'union étroite avec Brahme ». (Kull.)

76-77. Séjour des éléments, c'est-à-dire « composé des éléments tels que la terre, etc. ». (Kull.) — Plein de passion, « uni à la qualité de passion (rajas) ». (Kull.) En philosophie on reconnaît trois qualités : bonté, passion, obscurité (sattva, rajas et tamas). — Cf. XII, 24 sqq.

78. Le commentaire de Kull. établit ici une distinction entre ces deux comparaisons : « L'arbre quitte le bord par nécessité, emporté par le courant ; l'oiseau quitte l'arbre volontairement » ; de même l'homme quitte le corps par nécessité ou de sa propre volonté.

80. Les objets « des sens. »

81. Deux par deux, telles que faim et satiété, plaisir et peine.

82. Ce qui vient d'être déclaré, « ce qui a été dit dans le vers précédent » (Kull.) relativement au détachement de toutes choses, etc. — Ses œuvres, c'est-à-dire l'accomplissement des rites prescrits.

83. Le Vedânta (fin du Véda), ou les Upanishads et le système théologico-philosophique qui repose sur eux. B. réunit les deux derniers termes « celles qui traitent de l'Âme et sont contenues dans le Vedânta. »

85. Ici comme dans les passages précédents, brahman est au neutre, et désigne la divinité impersonnelle, l'Absolu, tandis que Brahmâ, masculin, est un Dieu personnel, le créateur du monde, la plus haute des divinités du Panthéon indien. J'ai traduit anena kramayogena (littéralement « d'après cette règle successive ») en me conformant à l'interprétation de Kull. B. traduit : « Après l'accomplissement successif des actes mentionnés plus haut. »

86. Les ascètes, yatis. Kull. en reconnaît quatre variétés : « les Kutîcaras, les Bahûdakas, les Hamsas et les Paramahamsas : les premiers parmi ces yatis. les Kutîcaras négligent les rites prescrits par le Véda, tels que l'Agnihotra, etc. », et se bornent à la prière et à la méditation.

88. La condition suprême n'est autre chose que « la délivrance finale ». (Kull.)

89. Une variante porte « le Véda et la Smrti » au lieu de « la Çruti du Véda ». — L. entend différemment : « le maître de maison qui observe les préceptes de la Çruti et de la Smrti. »

92. La science dhï, est suivant Kull. « la connaissance des Castras et autres ». — La connaissance du Véda ou suivant Kull. « connaissance de l'Âme suprême ».

94. Les trois dettes, cf. la note du vers 35.

95. Ayant renoncé : le nom de Sannyâsin signifie « celui qui a renoncé ». — Abhyasyan, leçon adoptée par Jolly au lieu de abhyasya, signifie « étudiant », plus exactement que « ayant étudié ».

96. Son objet « la contemplation de l'Etre suprême » (Kull.), ou tout simplement la délivrance finale. — La renonciation au monde, le fait d'avoir embrassé la vie ascétique, pravrajya.

97. Quadruple, c'est-à-dire concernant le novice, le maître de maison, l'anachorète et l'ascète.

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